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Akira Miyawaki

Le docteur Akira Miyawaki (ćźźè„‡æ˜­) nĂ© le (an 3 de l’ùre Shƍwa) Ă  Takahashi et mort le [1], est un botaniste japonais expert en Ă©cologie vĂ©gĂ©tale, spĂ©cialiste des graines et de l’étude de la naturalitĂ© des forĂȘts.

Akira Miyawaki
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
(Ă  93 ans)
Nom dans la langue maternelle
ćźźè„‡æ˜­
Nationalité
Formation
Activités
Fratrie
Toshio Miyawaki (d)

AprĂšs avoir Ă©tudiĂ© dans trois universitĂ©s japonaises et en Allemagne, il a Ă©tĂ© pionnier en Asie en matiĂšre d’écologie rĂ©trospective appliquĂ©e Ă  la restauration des forĂȘts. Il est un spĂ©cialiste mondial rĂ©putĂ© de la restauration d’une vĂ©gĂ©tation naturelle sur sols dĂ©gradĂ©s, industriels, urbains ou pĂ©ri-urbains.

Biographie

  • 1928 : Miyawaki naĂźt le Ă  Okayama (Japon)
  • 1952 : DiplĂŽmĂ© en biologie, universitĂ© d’Hiroshima.
  • 1958-1960 : Chercheur invitĂ© de l’institut allemand pour la cartographie de la vĂ©gĂ©tation.
  • 1961 : Doctorat de Science, UniversitĂ© d’Hiroshima.
  • 1961-1962 : Chercheur Ă  l’UniversitĂ© nationale de Yokohama.
  • 1962-1973 : Professeur associĂ©, Ă  l’UniversitĂ© nationale de Yokohama.
  • 1973-1993 : Professeur, institut des sciences et techniques de l’environnement de l’universitĂ© nationale de Yokohama.
  • 1985-1993 : Directeur de l’institut des sciences et techniques de l’environnement de Yokohama.
  • 1993-... : Professeur Ă©mĂ©rite de l’UniversitĂ© nationale de Yokohama.
  • 1993-2016 : Directeur du centre japonais d’études internationales en Ă©cologie (Japanese Center for International Studies in Ecology ou JISE).
  • 2016-... : Directeur honoraire du JISE.

Les thĂšses de Miyawaki

La culture japonaise et certains tabous ont permis la conservation d'essences originelles dans les cimetiĂšres, temples, lieux de culte.
Les jardins des temples ont permis la conservation gĂ©nĂ©tique d'essences de la forĂȘt primaire japonaise.
Machilus thunbergii est une des essences ainsi préservées de génération en génération.
Ukishima-no-mori (Préfecture de Wakayama.
Ukishima-no-mori, vue intérieure.
Tombe de Koya Toyotomi Ke.
Temple bouddhiste de Joanji Ă  Hirosecho, Ysugi, Shimane, Japon.
ChĂȘne Quercus mongolica abondamment replantĂ© pour restaurer la forĂȘt aux abords de la Grande Muraille de Chine.
Reforestation des abords de la Grande Muraille de Chine, dans le cadre du "projet Miyawaki"

Il considĂšre que le Sommet de la Terre de Rio (1992) a Ă©chouĂ©[Note 1] Ă  protĂ©ger les forĂȘts et que (hormis trĂšs localement) elles continuent Ă  rĂ©gresser ou Ă  se dĂ©grader.

ConsidĂ©rant que les forĂȘts sont essentielles Ă  la survie de l’humanitĂ©, par de nombreux ouvrages, expĂ©rimentations et par ses interventions dans des colloques et instances internationales, Akira Miyawaki dĂ©fend depuis les annĂ©es 1970 la valeur des forĂȘts indigĂšnes et l’urgente nĂ©cessitĂ© et la possibilitĂ© de les restaurer.

On trouve au Japon autour des temples et des cimetiĂšres traditionnels des arbres tels que Castanopsis cuspidata, des chĂȘnes dont le Quercus glauca et Quercus myrsinifolia, des chĂątaigniers, le Machilus thunbergii (en) (arbre de la famille des lauracĂ©es incluant des avocatiers). Miyawaki a montrĂ© qu'il s'agissait d'essences autochtones, reliques de la forĂȘt prĂ©historique. Dans le mĂȘme temps, il a constatĂ© qu'au contraire, des arbres tels que le cĂšdre dit japonais (Cryptomeria japonica), les cyprĂšs, le mĂ©lĂšze, et les pins que tous les Japonais pensaient autochtones sont en rĂ©alitĂ© des arbres progressivement introduits au Japon par les forestiers depuis des siĂšcles pour produire du bois d'Ɠuvre.

Miyawaki a Ă©tĂ© amenĂ© Ă  rĂ©flĂ©chir aux consĂ©quences du changement de composition et parfois de structure de la plus grande partie des forĂȘts japonaises, qui sont en fait maintenant trĂšs Ă©loignĂ©es de la « vĂ©gĂ©tation naturelle potentielle ».

Il a calculĂ© que seulement 0,06 % des forĂȘts contemporaines du Japon sont indigĂšnes.

Ces forĂȘts contemporaines, issues de principes sylvicoles, ne sont pas selon lui les plus rĂ©silientes ni les mieux adaptĂ©es aux conditions Ă©cologiques et gĂ©obioclimatiques du Japon ou aux changements climatiques.

Se rĂ©fĂ©rant Ă  la « vĂ©gĂ©tation potentielle naturelle » (concept qu’il a Ă©tudiĂ© en Allemagne), il a dĂ©veloppĂ©, testĂ© et affinĂ© une mĂ©thode de gĂ©nie Ă©cologique aujourd'hui connue sous le nom de « mĂ©thode Miyawaki » permettant de restaurer des forĂȘts indigĂšnes Ă  partir d’arbres natifs sur des sols sans humus, trĂšs dĂ©gradĂ©s ou dĂ©forestĂ©s. Utilisant les thĂ©ories de l’écologie et les rĂ©sultats de ses expĂ©riences, il a ainsi restaurĂ© avec succĂšs, rapidement et parfois sur de grandes surfaces des boisements protecteurs (disaster-prevention, environment-conservation and Water-source-protection forest) sur plus de 1 300 sites au Japon et dans divers pays tropicaux, de la zone Pacifique[2] notamment, sous forme de nombreux types de bandes boisĂ©es, boisements ou forĂȘts y compris en ville ou en zone industrielle ou portuaire[3].

Cursus

Miyawaki est d’abord un botaniste spĂ©cialisĂ© en Ă©cologie vĂ©gĂ©tale et spĂ©cialiste des graines. Il a fait une thĂšse sur ce sujet au dĂ©partement de biologie de l’UniversitĂ© de Hiroshima.

Il a ensuite conduit des recherches de terrain dans diverses rĂ©gions du Japon, tout en travaillant comme assistant chercheur Ă  l’universitĂ© nationale de Yokohama, en poursuivant sa formation Ă  l’universitĂ© de Tokyo.

Le Pr Reinhold Tuexen (1899-1980) qui dirigeait alors l’Institut fĂ©dĂ©ral pour la cartographie de la vĂ©gĂ©tation, l’a invitĂ© en Allemagne. Miyawaki a alors travaillĂ© avec lui sur le concept de vĂ©gĂ©tation naturelle potentielle (celle qui s’exprimerait naturellement en absence d’intervention humaine), de 1956 Ă  1958.

Revenu au Japon en 1960, il y a appliquĂ© ses connaissances sur les mĂ©thodes de cartographie de la vĂ©gĂ©tation naturelle potentielle ; vĂ©gĂ©tation qu’il a trouvĂ© encore prĂ©sente dans les reliques de forĂȘts anciennes entourant les temples et tombeaux (dits « Chinju-no-mori »). Il a pu comparer cette flore potentielle Ă  la vĂ©gĂ©tation inventoriĂ©e sur plus de 10 000 sites de l’ensemble du Japon, affectĂ©s par diffĂ©rents types d'activitĂ© humaine, y compris en zone de relief, sur les berges, dans les villages ruraux ou de montagne, et dans les zones mĂ©tropolitaines[4].

À partir de ces donnĂ©es, il a produit des cartes de vĂ©gĂ©tation existante[5] et des cartes de vĂ©gĂ©tation naturelle potentielle. Ses cartes sont encore utilisĂ©es comme base pour la recherche scientifique et pour les Ă©tudes d’impact ou comme outil de diagnostic efficace pour analyser l’occupation du sol et la vĂ©gĂ©tation terrestre ou pour la cartographie des corridors biologiques.

Ces cartes de la végétation naturelle potentielle servent de modÚle pour reconstituer les habitats naturels dégradés, et l'environnement végétal indigÚne.

Durant 10 ans, de 1980 Ă  1990, en coopĂ©ration avec des laboratoires de phytoĂ©cologie des universitĂ©s du pays, le Dr. Miyawaki a fait des inventaires botaniques et phytosociologiques pour dresser des cartes de vĂ©gĂ©tation dans tout le Japon, rĂ©unies dans un ouvrage[6] en dix volumes et plus de 6 000 pages de commentaires. Ce travail a aussi Ă©tĂ© apprĂ©ciĂ© pour sa contribution Ă  l’approche phytosociologique et la possibilitĂ© qu’il a offert de comparer l’architecture et les caractĂ©ristiques de la vĂ©gĂ©tation de diffĂ©rentes zones du monde.

Origine de la méthode dite « Miyawaki »

A. Miyawaki a dĂ©montrĂ© que la forĂȘt primaire naturelle japonaise tempĂ©rĂ©e devrait ĂȘtre essentiellement constituĂ©e de feuillus alors que les rĂ©sineux dominent souvent. Ces premiers sont nĂ©anmoins encore prĂ©sents autour des tombeaux et des temples dans des boisements protĂ©gĂ©s de l’exploitation pour des raisons religieuses et culturelles. Plus ses recherches avançaient, plus il constatait que la vĂ©gĂ©tation forestiĂšre actuelle du Japon (24,1 millions d’hectares, soit 3,5 milliards de mĂštres cubes de bois sur pied sur plus de 64 % du pays) s’était Ă©loignĂ©e de la vĂ©gĂ©tation naturelle potentielle, Ă  la suite des introductions d’essences exogĂšnes par l’homme. Sans qu'on puisse parler d’invasion biologique, il constate que des rĂ©sineux encore considĂ©rĂ©s dans les annĂ©es 1970 comme autochtones par de nombreux Japonais, y compris botanistes, devenus dominants dans nombre de forĂȘts, sont en fait introduits, ou n’étaient naturellement prĂ©sents qu’à haute altitude et dans des environnements extrĂȘmes (arĂȘtes montagneuses, pentes raides). Ils ont Ă©tĂ© depuis des siĂšcles plantĂ©s lĂ  pour produire plus rapidement des bois d’Ɠuvre, oĂč ils se sont acclimatĂ©s.

Ceci a conduit Miyawaki Ă  penser la forĂȘt autrement que comme source de verdure, de loisirs ou de bois et Ă  s’intĂ©resser Ă  l’importance de la naturalitĂ© des zones boisĂ©es et aux fonctions de la diversitĂ© et de la complĂ©mentaritĂ© des essences.

PremiÚres expériences

Ses premiers essais de terrain ont montrĂ© que les plantations dont la composition et la structure Ă©taient les plus proches de ce qu’elles seraient en forĂȘt en l’absence d’activitĂ©s humaines poussaient rapidement et surtout faisaient preuve d’une trĂšs bonne rĂ©silience Ă©cologique.

A. Miyawaki a peu Ă  peu constituĂ© une importante « banque de graines » permanente (plus de dix millions de graines identifiĂ©es et classĂ©es en fonction de leur origine gĂ©ographique et Ă©daphique). Elles proviennent pour la plupart des restes de forĂȘts naturelles conservĂ©es durant des gĂ©nĂ©rations autour des temples et des cimetiĂšres traditionnels japonais grĂące Ă  la croyance traditionnelle du « Chinju-no-mori ». Ces lieux ont permis la conservation de milliers de petites rĂ©serves d’essences autochtones et de gĂšnes d'arbres descendants de la forĂȘt prĂ©historique.

Poursuivant d’une certaine maniĂšre cette tradition de perpĂ©tuation, mais avec une logique plus Ă©cologique et Ă©conomique, en se basant sur des Ă©tudes de terrain et d’écologie vĂ©gĂ©tale, il a proposĂ© un plan de restauration des forĂȘts indigĂšnes, pour la restauration de ForĂȘt de protection environnementale, de la ressource en eau et contre les risques naturels (Environmental protection, disaster prevention, and water source protection forests).

Ses propositions n’ont d’abord pas rencontrĂ© d’échos favorables. Puis, au dĂ©but des annĂ©es 1970, la Nippon Steel Corporation (en), qui voulait planter des forĂȘts sur des remblais autour de son aciĂ©rie d’ƌita, s’est intĂ©ressĂ©e aux travaux du Dr. Miyawaki et lui a confiĂ© une premiĂšre opĂ©ration aprĂšs la mort des premiĂšres plantations classiques.

Ce dernier a identifiĂ© la vĂ©gĂ©tation potentielle naturelle de la zone, en Ă©tudiant les forĂȘts jouxtant deux tombeaux proches (d’Usa et de Yusuhara). Il a ensuite choisi diverses essences d’arbres qu’il a testĂ©es sur le substrat Ă  boiser. Puis il a constituĂ© une pĂ©piniĂšre dont les plants ont Ă©tĂ© mĂ©langĂ©s et plantĂ©s sur le site aujourd’hui boisĂ© d’une forĂȘt exclusivement composĂ©e d’essences indigĂšnes.

La Steel Corporation a Ă©tĂ© si satisfaite qu’elle a dans les 18 ans qui ont suivi plantĂ© des forĂȘts avec cette mĂ©thode sur tous ses sites d’aciĂ©ries, Ă  Nagoya, Sakai, Kamaishi, Futtsu, Hikari, Muroran, et Ă  Yawata.

Depuis, le Dr. Miyawaki et ses collaborateurs ou partenaires ont couvert avec succĂšs plus de 1 300 sites des forĂȘts multistrates de protection contre les risques, entiĂšrement composĂ©es d’essences indigĂšnes. La mĂ©thode a Ă©tĂ© testĂ©e avec succĂšs dans presque tout le Japon, sur des substrats parfois difficiles (plantations destinĂ©es Ă  attĂ©nuer les effets de tsunamis sur le littoral, ou de cyclones tropicaux sur le port de Yokohama, fixation de remblais et dĂ©charges sur le littoral[7], d’ Ăźles artificielles, fixation de pentes Ă©boulĂ©es Ă  la suite de la construction de routes (le Japon est situĂ© sur une zone sismique active), crĂ©ation d’une forĂȘt escaladant la falaise fraĂźchement taillĂ©e Ă  la dynamite pour installer le surgĂ©nĂ©rateur Monju (Ă©quivalent de superphĂ©nix), etc.[8]

Ses actions ont Ă©tĂ© largement appuyĂ©es par des sociĂ©tĂ©s d’assurances, des industriels, collectivitĂ©s et de nombreux amĂ©nageurs (mesures conservatoires ou compensatoires) et l’État (MinistĂšre des transports en particulier).

En zone tropicale : DÚs 1978, le Dr. Miyawaki a aussi contribué à des inventaires de végétation en Thaïlande, en Indonésie, et en Malaisie.

La plupart des experts estiment que, sur un sol latĂ©risĂ© et dĂ©sertifiĂ© Ă  la suite de la destruction d’une forĂȘt tropicale humide, la restauration rapide d’une forĂȘt est impossible ou trĂšs difficile. A. Miyawaki a montrĂ© - rĂ©ussites spectaculaires Ă  l’appui - qu’en utilisant un choix judicieux d’essences pionniĂšres et secondaires autochtones, mycorhizĂ©es, trĂšs densĂ©ment plantĂ©es, la restauration rapide d’un couvert forestier protĂ©geant et restaurant le sol Ă©tait possible. À partir de l’étude de l’écologie vĂ©gĂ©tale naturelle locale, il utilise les essences qui ont des rĂŽles-clĂ© et complĂ©mentaires dans la communautĂ© vĂ©gĂ©tale arborĂ©e normale. Ces essences sont accompagnĂ©es d’une grande diversitĂ© d’essences d’accompagnement (quarante Ă  soixante types de plantes, voire plus en zone tropicale) pour les « soutenir ».

Depuis 1990, le Dr Miyawaki se consacre Ă  la restauration des forĂȘts tropicales humides trĂšs dĂ©gradĂ©es, notamment celle de Bintulu (Sarawak, Malaisie). GrĂące Ă  des sponsors (ex Mitsubishi), une banque de graines de 201 essences d’arbres (Dipterocarpaceae principalement) issus de la vĂ©gĂ©tation naturelle primaire et potentielle a produit en pĂ©piniĂšre six-cent-mille plants en godets, annuellement plantĂ©s sur site, dans diverses conditions. En 2005, les plants de 1991 ayant survĂ©cu (une importante sĂ©lection naturelle a lieu, et est souhaitĂ©e par la mĂ©thode) mesuraient plus de vingt mĂštres (croissance de plus de un mĂštre de hauteur par an) et un faciĂšs de jeune forĂȘt tropicale se reconstitue, protĂ©geant le sol alors que la faune rĂ©apparaĂźt peu Ă  peu. Dans les annĂ©es 2000, il a commencĂ© Ă  travailler aussi avec le Cambodge.

Méthode et conditions de réussite

La mĂ©thode Miyawaki, de reconstitution « de forĂȘts indigĂšnes par des arbres indigĂšnes »[9] produit un faciĂšs pionnier forestier riche, dense et efficacement protecteur en 20 Ă  30 ans, lĂ  oĂč la succession naturelle aurait nĂ©cessitĂ© 200 ans au Japon tempĂ©rĂ© et 300 Ă  500 ans en zone tropicale. Sa rĂ©ussite nĂ©cessite le respect des phases suivantes :

  • Ă©tude initiale rigoureuse du site et de la vĂ©gĂ©tation naturelle potentielle lui correspondant ;
  • repĂ©rage et collecte localement ou Ă  proximitĂ© et dans un contexte gĂ©oclimatique comparable d’un grand nombre de graines d’essences natives diversifiĂ©es et adaptĂ©es au contexte Ă©daphique (sol/climat) ;
  • germination en pĂ©piniĂšre (ce qui demande une technicitĂ© adaptĂ©e pour certaines essences, qui par exemple ne germent dans la nature qu’aprĂšs ĂȘtre passĂ©es dans le tractus digestif d’un certain animal, ou qui ont besoin de tel ou tel champignon symbiote, ou d’une phase de dormance au froid, etc.) ;
  • prĂ©paration du substrat s'il est trĂšs dĂ©gradĂ© (apport de matiĂšre organique/paillage (avec par exemple 3 Ă  4 kg de paille de riz par mĂštre carrĂ© pour remplacer la protection offerte par l'humus superficiel et le tapis de feuilles mortes) et (dans les rĂ©gions oĂč il pleut beaucoup et fort) plantation sur des buttes pour les espĂšces Ă  racines pivot qui nĂ©cessitent un sol de surface bien drainĂ©, les flancs de la butte et les creux pouvant ĂȘtre plantĂ©s avec des espĂšces plus ubiquistes ou Ă  racines superficielles (cĂšdre, cyprĂšs japonais, pin..) ou apprĂ©ciant les sols engorgĂ©s ;
  • plantation respectant une biodiversitĂ© initiale inspirĂ©e de celle du modĂšle de la forĂȘt naturelle. Miyawaki met en Ɠuvre et recommande des plantations inhabituellement denses, de plants trĂšs jeunes mais dont le systĂšme racinaire est dĂ©jĂ  Ă  maturitĂ© (avec bactĂ©ries et champignons symbiotes prĂ©sents) ; par exemple des chĂȘnes de 30 cm issus de glands, et ayant grandi en pĂ©piniĂšre durant deux ans. La densitĂ© vise Ă  favoriser la compĂ©tition entre espĂšces et l'Ă©tablissement de relations phytosociologiques proches de ce qu'elles seraient dans la Nature (30 Ă  50 plants par mĂštre carrĂ© en zone tempĂ©rĂ©e, jusqu'Ă  500 voire 1 000 plantules par mĂštre carrĂ© Ă  BornĂ©o) ;
  • plantations rĂ©parties dans l’espace en cherchant Ă  copier la maniĂšre dont les plants seraient rĂ©partis dans une clairiĂšre ou en lisiĂšre de forĂȘt naturelle (surtout pas en alignements ni en quinconce). En cela et pour partie, il se rapproche des mĂ©thodes de type Prosilva en Europe.

Les rĂ©sultats obtenus montrent que cette mĂ©thode, si elle est bien appliquĂ©e, produit rapidement une forĂȘt multistrate et selon lui, un sol dont la composition microbienne et en acariens est rapidement proche de celle de la forĂȘt primaire normale. Il a publiĂ© plusieurs dizaines de livres, traitĂ©s, et articles sur ses thĂšmes de recherche et ses rĂ©sultats.

RĂ©sultats

Selon la thĂ©orie classique de la succession, initiĂ©e par Clements aux États-Unis, il faut 150 Ă  200 ans pour qu’une jeune forĂȘt indigĂšne avec une communautĂ© multistrate se restaure d’elle-mĂȘme sur un sol nu au Japon, et il faut de 300 Ă  500 ans voire plus en zone tropicale du Sud-Est asiatique. Miyawaki cherche Ă  accĂ©lĂ©rer le processus de cicatrisation Ă©cologique en imitant le plus possible la composition normale de la forĂȘt primaire dans chaque contexte. Il estime pouvoir obtenir en zone tempĂ©rĂ©e une forĂȘt restaurĂ©e, dont le faciĂšs et la structure (si ce n’est la diversitĂ© gĂ©nĂ©tique, l’humus, ou la part du stade sĂ©nescent et de bois mort) ressemblent fortement Ă  la forĂȘt indigĂšne, en 20 Ă  30 ans.

Cette mĂ©thode a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©e comme exemplaire dans un rapport[10] de 1992 prĂ©parant le Sommet de la Terre 1992, puis en 1994 dans le colloque « BiodiversitĂ© » de l’Unesco Ă  Paris.

La mĂ©thode a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©e en 1991 au Colloque de l'UniversitĂ© de Bonn, « restauration des Ă©cosystĂšmes forestiers tropicaux », puis aux congrĂšs de l’International Association for Ecology, de l’International Society for Vegetation Science, et de l’International Botanical Congress, y compris sur de nouveaux aspects incluant les liens entre croissance, habitat naturel et fixation estimĂ©e du carbone.

Curieusement, malgrĂ© plus de 1000 expĂ©riences rĂ©ussies et parfois spectaculaires, le monde occidental de la sylviculture ou des paysagistes n’a que rarement tentĂ© d’appliquer ou mĂȘme tester la « mĂ©thode Miyawaki ».

A. Miyawaki a largement testé sa méthode :

Dans tous les cas, il a rĂ©ussi Ă  rapidement restaurer un couvert vĂ©gĂ©tal dense rappelant celui de la forĂȘt indigĂšne.

À partir de 1998, A. Miyawaki a pilotĂ© un projet de reconstitution de la chĂȘnaie dominĂ©e par le chĂȘne de Mongolie (Quercus mongolica), le long de la grande muraille de Chine, visant Ă  rassembler 4 000 personnes pour planter 400 000 arbres, avec le soutien de la fondation Aeon Environment et de la ville de PĂ©kin.

Les premiers arbres plantĂ©s par des groupes de Chinois et Japonais sur des zones d’oĂč la forĂȘt a depuis longtemps disparu dĂ©passaient 3 m de hauteur en 2004 et - sauf pour une partie - ont continuĂ© Ă  bien se dĂ©velopper jusqu'en 2007.

A. Miyawaki contribue aussi aux efforts du Gouvernement et de citoyens chinois de reboisements massifs en Chine, mais non plus en cherchant Ă  planter des essences commerciales dans un but uniquement technique, lucratif ou de verdissement, mais pour reconstituer la vĂ©gĂ©tation potentielle naturelle, notamment Ă  Pudon (district littoral ouest dans la zone Ă©conomique spĂ©ciale de Shanghai), ainsi qu’à Tsingtao (Qingdao), Ningbo, et Ma'anshan.

A. Miyawaki a été honoré d'une dizaine de prix, dont le prix 2006 « Blue Planet » pour son implication en matiÚre de protection de la nature.

Critiques

Une des critiques portĂ©es Ă  la mĂ©thode Miyawaki (par exemple lors du colloque de 1994 sur la BiodiversitĂ© Ă  l’Unesco Ă  Paris) est l’aspect visuel un peu monotone dĂ» au caractĂšre Ă©quienne (mĂȘme classe d’ñge) de sa premiĂšre gĂ©nĂ©ration d’arbres. Cette critique est gĂ©nĂ©ralement Ă©mise au vu des photographies prises aprĂšs dix ou vingt ans. Mais Miyawaki a Ă©tĂ© parmi les premiers Ă  insister sur l’importance de ne pas planter les arbres en ligne ni Ă  distances Ă©gales (Il fait souvent disposer les arbres Ă  planter par le public ou par de jeunes enfants pour favoriser ce caractĂšre alĂ©atoire). Il veut au contraire imiter la complexitĂ© et le caractĂšre semi-alĂ©atoire de la communautĂ© vĂ©gĂ©tale de l'habitat indigĂšne. Il veut qu'il y ait une forte concurrence entre les plants, une sĂ©lection naturelle et des associations vĂ©gĂ©tales. Il estime que les arbres plus rapidement Ă  maturitĂ©, ou des arbres cassĂ©s ou mangĂ©s par des herbivores produiront rapidement des plants et rejets entraĂźnant une strate basse et intermĂ©diaire.

Une autre critique est le coĂ»t Ă©levĂ© de la premiĂšre phase (pĂ©piniĂšre, prĂ©paration du sol, plantations trĂšs denses), mais les taux d'enforestation sont exceptionnellement bons lĂ  oĂč les mĂ©thodes habituelles Ă©chouent. Et ses boisements semblent ensuite nĂ©cessiter beaucoup moins d'entretien et d'attention. Certains ont perdu la plupart de leurs feuilles au passage de cyclones, mais ils ont rĂ©sistĂ© et ont contribuĂ© Ă  protĂ©ger les bĂątiments devant lesquels ils avaient Ă©tĂ© plantĂ©s.

Suite Ă  l'importation de la mĂ©thode Miyawaki dans les pays europĂ©ens et notamment en France, une nouvelle critique Ă©merge face Ă  la popularitĂ© de cette mĂ©thode. De telles plantations ne seraient pas forcĂ©ment adaptĂ©es aux espĂšces vĂ©gĂ©tales locales des rĂ©gions tempĂ©rĂ©es, moins Ă  mĂȘme de vivre durablement dans de fortes densitĂ©s de boisement. De plus la mortalitĂ© peut ĂȘtre assez forte au dĂ©part (la mĂ©thode Ă©tant dĂ©jĂ  onĂ©reuse), avec les canicules de plus en plus frĂ©quentes ou la prĂ©sence de plantes indĂ©sirables. Un vĂ©ritable retour d'expĂ©rience sur les expĂ©rimentations en France sera nĂ©cessaire dans les annĂ©es Ă  venir[11].

En France, depuis 2018, plusieurs entreprises et collectifs ont commencĂ© Ă  expĂ©rimenter la mĂ©thode dans des contextes variĂ©s, urbains ou non, de maniĂšre participative. Plus rĂ©cemment, des entreprises vendent leurs prestations dans le cadre de RSE, et font financer par des levĂ©es de fonds ces plantations, elles s'appuient sur la mĂ©thode Miyawaki, mettant en avant des chiffres issus d'un TED Talk[12] de l'entrepreneur Shubendhu Sharma et dont le fondement scientifique est parfois questionnĂ©. Certaines voix[13] - [14] se sont Ă©galement Ă©levĂ©es contre l'usage jugĂ© abusif du terme "forĂȘt" parfois utilisĂ© pour communiquer sur ces projets de plantation et vĂ©hiculĂ© par les mĂ©dias et campagnes marketing des entreprises. Il n'y a pour l'heure aucune Ă©tude objective Ă  propos des impacts sur la biodiversitĂ© et le bilan Carbone en Europe. Le puits de carbone supposĂ©, Ă©tant souvent le mĂȘme pour une simple prairie sur laquelle, la plupart de ces projets de plantation sont rĂ©alisĂ©s, et la diversitĂ© biologique initiale Ă©tant souvent aussi remarquable que pour ces plantations jeunes.

Notes et références

Notes

  1. La convention sur les forĂȘts proposĂ©e Ă  Rio par l'ONU n'a pas pu ĂȘtre signĂ©e faute de consensus, et elle s’est transformĂ©e en une charte non opposable.

Références

  1. (ja) « ç†±ćžŻæž—ć†ç”ŸăȘă©æŒ‡ć°Ž ćźźè„‡æ˜­ă•ă‚“æ­»ćŽ» 93æ­ł æšȘæ”œć›œç«‹ć€§ćèȘ‰æ•™æŽˆ », sur æŻŽæ—„æ–°èž (consultĂ© le )
  2. A. Miyawaki, 1992. Restoration of Evergreen Broad-leaved Forests in the Pacific Region. In: M.K. Wali (ed.). Ecosystem Rehabilitaiton. 2. Ecosystem Analysis and synthesis 233-245. SPB Academic Publishing, The Hague
  3. A. Miyawaki, K. Fujiwara & E.O. Box, 1987. Toward harmonious green urban environments in Japan and other countries. Bull. Inst. Environ. Sci. technl. Yokohama Natl. Univ. 14: 67-82. Yokohama.
  4. A. Miyawaki & S. Okuda, 1991. Vegetation of Japan Illustrated. 800 p. Shibundo, Tokyo (Japanese)
  5. ex : A. Miyawaki et al. 1983. Handbook of Japanese Vegetation, 872 p. (noms en japonais et en latin), avec carte de distribution des communautés végétales au Japon (168 p). Shibundo, Tokyo
  6. A. Miyawaki, 1980-1989. Vegetation of Japan. vol. 1-10 (Principale référence au Japon sur la végétation existante et naturelle potentielle du Japon)
  7. Voir aussi : A. Miyawaki, 1985. Vegetation-Ecological Studies on Mangrove Forests in Thailand, 152 p. Inst. Environ. Sci. Technl. Yokohama Natl. Univ., Yokohama
  8. A. Miyawaki, A. Bogenrider, S. Okuda & I. White, 1987. Vegetation Ecology and Creation of New Environments. Proceedings of International Symp. in Tokyo and Phytogeographical Excursion through Central Japan. 473 p. Tokai Univ. Press, Tokyo
  9. A. Miyawaki & E. O. Box, 1996. The Healing Power of Forests -The Philosophy behind Restoring Earth's Balance with Native Trees. 286 p. Kosei Publishing Co. Tokyo
  10. ("Changing Course," rapport du Business Council for Sustainable Development préparant le Sommet de la Terre de Rio, 1992)
  11. Reporterre, « Des forĂȘts en ville ? La mĂ©thode Miyawaki n'est pas la solution miracle », sur Reporterre, le quotidien de l'Ă©cologie (consultĂ© le )
  12. (en) Shubhendu Sharma, « An engineer's vision for tiny forests, everywhere » (consulté le )
  13. Jean-Claude Genot, « Les plantations Miyawaki ou l’illusion d’une Nature maitrisĂ©e », sur canopee-asso.org, (consultĂ© le )
  14. Bastien Castagneyrol, Annabel PortĂ© et Christophe Plomion, « MĂ©thode Miyawaki : pourquoi les « microforĂȘts » ne sont pas vraiment des forĂȘts », sur theconversation.com, (consultĂ© le )

Bibliographie

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  • Sylia Ramos, « De la pĂ©piniĂšre Ă  la forĂȘt » [PDF], sur Budget Participatif - Paris, (consultĂ© le ). Avec une bibliographie et des rĂ©fĂ©rences de l'Internet.
  • (en) Akira Miyawaki (Japan) & Emin Salim (Indonesia), « Blue Planet Prize 2006 », sur af-info.or.jp, (consultĂ© le ). Avec une bibliographie limitĂ©e jusqu'en 2006.

En anglais

  • (en) Miyawaki A et Elgene Owen Box, The Healing Power of Forests: The Philosophy Behind Restoring Earth's Balance With Native Trees, Kosei Publishing Company, , 286 p., 13.34 x 1.52 x 20.96 cm (ISBN 978-4-333-02073-7)
  • (en) Miyawaki A, Kunio Iwatsuki et Miroslav M. Grandtner (dir.), Vegetation in Eastern North America: Vegetation System and Dynamics Under Human Activity in the Eastern North American Cultural Region in Comparison, Univ of Tokyo Press, , 515 p., 19.05 x 3.18 x 26.67 cm (ISBN 978-0-86008-494-5)
  • (en) Miyawaki A, « Restoration of Evergreen Broad-leaved Forests in the Pacific Region », dans M.K. Wali (ed.), Ecosystem Rehabilitation. Tome 2. Ecosystem Analysis and synthesis, The Hague, SPB Academic Publishing, (lire en ligne).
  • (en) Miyawaki A, K. Fujiwara et Elgene Box, « Toward harmonious green urban environments in Japan and other countries », Department of Vegetation Science, Institute of Environmental Science & Technology, Yokohama National University, no 194,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  • Miyawaki A (1985). Vegetation-Ecological Studies on Mangrove Forests in Thailand, Inst. Environ. Sci. Technl. Yokohama Natl. Univ., Yokohama
  • Miyawaki A, Bogenrider, S. Okuda & I. White (1987). « Vegetation Ecology and Creation of New Environments ». 387pp. Proceedings of International Symp. in Tokyo and Phytogeographical Excursion through Central Japan. 576pp. Tokai Univ. Press, Tokyo. En ligne sur google.books
  • Miyawaki A & S. Okuda (1991). Vegetation of Japan Illustrated. 800pp. (Shibundo, Tokyo)

En japonais

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  • æ—„æœŹæ€ç”ŸäŸżèŠ§ Miyawaki A et al. (1978). Handbook of Japanese Vegetation, Shibundo, Tokyo. Ă©d. 1994, 910pp. (ISBN 978-4784301478)
  • æ—„æœŹăźæ€ç”Ÿ (1980-1989). Vegetation of Japan. vol. 1-10
  • ç·‘ăźèšŒèš€â€•æ»…ăłă‚†ăă‚‚ăźăšç”Ÿăăźăłă‚‹ă‚‚ăź (1983). Testimony by Green Plants-The Perishing and the Surviving, 241pp. (Tokyo Shoseki)
  • ç·‘ć›žćŸ©ăźć‡Šæ–č缋 (1991) (litt. Prescription pour une relance verte) 289pp. (ISBN 978-4022595270)
  • ç·‘ć›žćŸ©ăźć‡Šæ–čçź‹â€•äž–ç•Œăźæ€ç”Ÿă‹ă‚‰ăżăŸæ—„æœŹ (1991). Prescription for Restoration of Green Environments, 289pp. (Asahi Shinbun-sha) (ISBN 978-4022595270)
  • æ—„æœŹæ€ç”ŸèȘŒ (2000) (litt. Journal japonais de la vĂ©gĂ©tation), Ă©dition è‡łæ–‡ć ‚, (ISBN 978-4-7843-0040-2).
  • いぼちを漈るドングăƒȘăźæŁź (2005) (litt. ForĂȘt de Donguri pour protĂ©ger la vie) 192pp. (ISBN 978-4087202779)
  • éŽźćźˆăźæŁź (2007). Chinju-no-mori (Native Forests of Native Trees) 183pp. (ISBN 978-4101317519) (Shincho-sha) revue Shinshio (æ–°æœź).
  • äșșéĄžæœ€ćŸŒăźæ—„ ă€”ç”Ÿăć»¶ăłă‚‹ăŸă‚ă«ă€è‡Șç„¶ăźć†ç”Ÿă‚’ă€•, (2015). (The Last Day for Man), 272pp. (Chikuma Shobo) (ISBN 978-4865780079)

Voir aussi

Articles connexes

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