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Aber-Ildut

L’Aber-Ildut (Aber Ildud en breton) est un des trois abers du Léon, dans le Finistère, en Bretagne. Formé de l'Ildut, un petit fleuve côtier et de sa basse vallée inondée par la mer, cet aber, le plus petit du Léon, est connu pour ses anciennes productions de granite et de cassitérite.

l'Aber-Ildut
Illustration
L'Aber-Ildut Ă  Lanildut.
Carte.
Cours de l'Aber-Ildut.
Caractéristiques
Longueur 23,9 km [1]
Bassin 139 km2
Bassin collecteur l'Aber-Ildut
DĂ©bit moyen 1,5 m3/s (BrĂ©lès (exutoire)) [2]
Régime pluvial océanique
Cours
Source source
· Localisation Plouzane
· CoordonnĂ©es 48° 22′ 50″ N, 4° 35′ 32″ O
Embouchure la mer Celtique
· Localisation entre Lanildut et Lampaul-Plouarzel
· Altitude m
· CoordonnĂ©es 48° 28′ 13″ N, 4° 45′ 47″ O
GĂ©ographie
Pays traversés Drapeau de la France France
Département Finistère
Régions traversées Bretagne

Sources : SANDRE:J33-0300, GĂ©oportail, Banque Hydro

Étymologie

L’Aber-Ildut porte le nom d’un saint gallois, Ildut de Llantwit qui eut de nombreux disciples en Bretagne armoricaine. Il n’est pas certain que cet homme soit lui-même venu en Bretagne et qu’il débarqua dans l’aber qui porte son nom. Il est possible que l’aber soit le lieu de débarquement d’une équipe de ses disciples arrivés d’outre-Manche[3].

GĂ©ographie

Cours du fleuve

Vue de l'estuaire de l'Idut dans l'aber.

L’Aber-Ildut est le plus mĂ©ridional des abers qui dĂ©bouche dans la mer Celtique face Ă  l'Ă®le d'Ouessant, c'est Ă©galement le plus court (3,5 km) et le plus Ă©troit. Cette ria correspond Ă  la vallĂ©e infĂ©rieure de l'Ildut, petit fleuve cĂ´tier, long de 23,9 kilomètres[1]. Autrefois, avant que le Goulet de Brest ne se soit creusĂ©, l'Aulne et l'Élorn se dĂ©versaient vers le nord-ouest Ă  travers la basse vallĂ©e de la Penfeld (en sens inverse du courant actuel) et la vallĂ©e de l'Aber-Ildut. C'Ă©tait il y a 35 millions d’annĂ©es. Les vallĂ©es de l'Aber-Ildut et de ses affluents de rive gauche, notamment l'AllĂ©gouet, s'abaissent progressivement vers le nord jusqu'Ă  37 mètres Ă  la sortie de l'Aber-Ildut du territoire communal de PlouzanĂ© : des Ă©tangs liĂ©s Ă  l'exploitation de l'Ă©tain contenue dans les sables fluviatiles (exploitĂ©s principalement Ă  Saint-Renan) parsèment son cours[4].

Ce cours d'eau prend sa source au sud de la ferme de Kerverrien Ă  PlouzanĂ©, Ă  une altitude de 70 mètres - toutefois sa vĂ©ritable source se localisait un peu plus Ă  l’est jusqu'Ă  la fin du XIXe siècle avant d'ĂŞtre dĂ©tournĂ©e vers la Penfeld, en 1886 ; un canal fut creusĂ© pour envoyer les eaux de l'Ildut vers l'arsenal de Brest par l'intermĂ©diaire du seuil de Castel-an-Daol et de l'Ă©tang de Villeneuve[5]. Le fleuve cĂ´tier s’écoule ensuite selon une direction gĂ©nĂ©rale sud-est/nord-ouest, baigne les territoires communaux de Guilers et de Saint-Renan avant de rejoindre la mer Ă  Lanildut.

La rĂ©gion des sources actuelles de l'Aber Ildut, aux confins des communes de PlouzanĂ©, Guilers et Brest, est surnommĂ©e "Petite Russie" en raison de sa platitude, de ses marĂ©cages et de ses brouillards frĂ©quents. La carrière de Bodonou, vaste de 140 hectares, exploite les sables et graviers pliocènes, avec une obligation de restauration en zone naturelle au fur et Ă  mesure de l'exploitation[6].

Malgré sa faible longueur, on peut diviser le cours du fleuve en quatre parties distinctes (ces dernières sont déterminées par des ruptures dans la pente d'écoulement qui est en moyenne assez forte, de l'ordre de 0,3 %)[7] - [8] :

  • près de sa source, le cours de l'Ildut prĂ©sente une pente forte et un Ă©coulement rapide.
  • abordant la plaine renanaise, le fleuve voit sa pente s'adoucir et traverser les principaux Ă©tangs de son cours creusĂ©s, dans un premier temps, pour l'exploitation de l'Ă©tain, puis pour celle du sable et des graviers.
  • la pente devient Ă  nouveau forte en aval du lac de LanĂ©on jusqu'au lieu dĂ©nommĂ© Pont Reun.
  • au-delĂ  de Pont Reun, l'Ă©coulement redevient faible jusqu'Ă  l'aber et la limite de la salinitĂ© des eaux qui correspond Ă  l'entrĂ©e dans ce dernier[7].

Il est possible de longer la rive droite de l'aber à partir de Lanildut, dominé par le rocher du Crapaud, jusqu'à Brélès par la D 27, puis de franchir le fond de cette vallée ennoyée qui a tendance à s'envaser rapidement. En revanche, aucune route ne vient longer la rive gauche et il faut passer par Lampaul-Plouarzel pour atteindre le sud de l'embouchure; de là, on peut rejoindre Pors-Cave, sorte de presqu'île née d'une digitation du cours d'eau. Une ligne imaginaire partant de l'estuaire de l'Aber-Ildut et traversant l'île d'Ouessant en son centre constituerait la limite entre la Manche et l'océan Atlantique[9].

Cadre géologique

Carte géologique du Massif armoricain.
L'Ildut.

L'Aber-Ildut est Ă  l'extrĂ©mitĂ© occidentale du domaine structural de la zone de LĂ©on qui constitue un vaste antiforme mĂ©tamorphique de 70 km sur 30 km orientĂ© NE-SW. PostĂ©rieurement au mĂ©tamorphisme hercynien, se dĂ©veloppe un important plutonisme : le chapelet nord de granites rouges tardifs (ceinture batholitique de granites individualisĂ©e pour la première fois par le gĂ©ologue Charles Barrois en 1909[10], formant de Ouessant Ă  Barfleur (Aber-Ildut, Carantec, Ploumanac'h, puis Flamanville et Barfleur) un alignement de plutons de direction cadomienne, contrĂ´lĂ© par les grands accidents directionnels WSW-ENE), datĂ©s aux alentours de 300 Ma, correspond Ă  un magmatisme permien[11]. Le complexe granitique de l'Aber-Ildut est un des Ă©lĂ©ments majeurs de la traĂ®nĂ©e de ces massifs granitiques Ă  biotite et feldspaths roses Ă  rouges[12]. La formation de ce complexe est liĂ©e Ă  une grande zone de faiblesse dans l'Ă©corce terrestre, le cisaillement senestre de Porspoder-GuissĂ©ny (CPG). C'est vraisemblablement Ă  la faveur de cette faille que le magma granitique a commencĂ© Ă  monter et, en s'Ă©loignant de la faille, s'est dĂ©versĂ© progressivement vers le sud en prenant la forme d'un laccolite. « Ă€ la faveur de cette progression, des modifications importantes se sont produites : le granite Ă  gros feldspaths roses — ou granite de l'Aber-Ildut au sens strict, constituant la masse principale du pluton — passe vers le sud Ă  un granite Ă  gros feldspaths blancs, toutefois de dimension infĂ©rieure; Ă  son tour, cette roche fait place Ă  un granite Ă  grain grossier, blanc gris, Ă  deux micas, bien exposĂ©s Ă  l'Ă®le SĂ©gal ; enfin, Ă  l'extrĂŞme sud du pluton apparaĂ®t un granite Ă  grain fin, très clair, Ă  mica blanc seul, constellĂ© de baguettes noirâtres de tourmaline (ou leucogranite de Plouarzel). Le long de sa bordure nord, dans la zone de faille, le granite rose est plus ou moins intensĂ©ment Ă©crasĂ© (les gĂ©ologues parlent alors de mylonites). Ă€ la faveur de cette mĂŞme zone de faiblesse s'est mis en place, encore plus tard, vers 290 millions d'annĂ©es, un autre granite de teinte claire, Ă  deux micas, dit leucogranite de PloudalmĂ©zeau, Ă©galement dĂ©versĂ© vers le sud, comme le granite rose qu'il recoupe. D'assez nombreux filons de granite Ă  grains fin, souvent riches en tourmaline, traversent le granite rose en divers points[13] ». Sa paragenèse comprend 65 % de feldspaths blancs et roses (ces derniers pluricentimĂ©triques atteignent cm et sont responsables de la couleur dominante du granite, 20 % de quartz gris Ă  Ă©clat gras (aspect de gros sel) de forme quelconque, des paillettes de biotite Ă  vif Ă©clat noirâtre, et absence de muscovite[14].

Connu sous le nom de « granite de Brest », le granite porphyroïde rose de l'Aber-Ildut a été autrefois très exploité dans la région[15], en particulier pour les mégalithes (selon des degrés de façonnement divers)[16], les stèles de l'âge du fer à l'époque gauloise[17], les constructions à la mer. Économiquement, son exploitation a donné lieu à l'existence de nombreuses carrières qui extraient le granite. L'espacement des diaclases qui isole de grands éléments parallélépipédiques, sa couleur rose, sa grande résistance à l'érosion et l'excellence du poli ont participé à sa renommée nationale (Lanildut est dominé par des rochers dans lesquels a été taillé le piédestal de l'obélisque de Louxor) et internationale (quais de la Tamise à Londres)[18].

Le sous-sol de l'Aber-Ildut est formé d'autres types de granit. En amont du cours d'eau, près de Saint-Renan, on trouve du granit stannifère dont les filons de quartz sont riches en cassitérite et en tourmaline ; une partie de ce granit a été altéré par le climat tropical qui régnait sur la région durant l'ère tertaire et entrainé vers l'aval où il rencontra, près du seuil de Lannéon, le granit de Plouarzel, plus résistant. En aval, l'Ildut pénètre dans la zone du granit porphyroïde de l'Aber-Ildut, composé de feldspaths roses, de quartz gris et de mica noir[19]. Cette intrusion magmatique complexe présente ainsi, « du nord au sud, quatre principaux faciès : une superbe roche à gros feldspaths roses et enclaves oblongues gris-noir, ou Aber-Ildut sensu stricto[20], susceptible de fournir d’énormes blocs, offrant une résistance exceptionnelle aux travaux à la mer, exploitée sur le littoral entre l’île Melon et l’embouchure de L’Aber, ainsi que sur les rives de cette ria ; une variété à gros feldspaths blancs et enclaves, moins ornementale, mais livrant aussi une très bonne pierre de taille extraite entre le sud de l’Aber et les abords de Porz Paol ; un faciès grossier à deux micas, de façonnement plus aisé que les deux précédents, affleurant entre autres à l’île Ségal ; enfin, à l’extrémité méridionale du pluton, un granite à grain plus fin, blanchâtre, constellé d’aiguilles de tourmaline, nettement moins résistant[21] ».

L'étude de ces granits a démontré que la vallée actuelle de l'Ildut avait été occupée pendant plusieurs millions d'années par un puissant fleuve drainant les Monts d'Arrée, les Montagnes noires, la presqu'île de Crozon et qui, après avoir traversé l'actuelle rade de Brest, rejoignait l'océan à l'emplacement de l'Aber-Ildut. Cet important cours d'eau drainait ainsi les eaux de l'Aulne, de l'Elorn et de la Penfeld, réduits au rôle d'affluents. À l'ère quaternaire, des mouvements tectoniques ont modifié la disposition des lieux, ouvert la rade de Brest et bouleversé l'hydrographie des lieux, le fleuve de première importance se divisant en cours d'eau de taille modeste dont l'Ildut actuel[22].

Hydrographie

Le bassin versant de l'Ildut - entièrement sis dans le dĂ©partement du Finistère - couvre une superficie de 139 km2[23] et compte 48 345 habitants lors du dernier dĂ©compte de 2010 (soit une densitĂ© Ă©levĂ©e de 348). Cette population est en forte augmentation depuis 1990 (+ 15 %) ; cette croissance correspondant essentiellement au phĂ©nomène de la pĂ©riurbanisation affectant l'agglomĂ©ration brestoise[24]. Le fleuve cĂ´tier draine les territoires des communes de BrĂ©lès, Guilers, Lampaul-Plouarzel, LanrivoarĂ©, Locmaria-PlouzanĂ©, Milizac, Plouarzel, Ploumoguer, Plourin, PlouzanĂ©, Porspoder, Saint-Renan qui sont intĂ©grĂ©es Ă  la CommunautĂ© urbaine Brest mĂ©tropole ocĂ©ane ou Ă  CommunautĂ© de communes du Pays d'Iroise[25].

MĂŞme si le cours de l'Ildut apparaĂ®t modeste, le fleuve cĂ´tier est alimentĂ© par de nombreux affluents et sous-affluents, au total 69, ce qui aboutit Ă  un linĂ©aire de plus de 150 km. Ses principaux affluents se situent en rive gauche avec le PlouazanĂ© (12 km), le Plouarzel (km), en rive droite avec le Langonery (km), le Vizac (km), le Kergroadès (km). Le cours du fleuve est Ă©galement marquĂ© par l'omniprĂ©sence des Ă©tangs qui se succèdent sur le cours supĂ©rieur : Pontavennec, Ty-Colo, Comiren, La Laverie, Poulinoc, LannĂ©on[23].

Hydrologie

Le climat qui baigne le bassin-versant de l'Ildut est typiquement ocĂ©anique avec des prĂ©cipitations de l'ordre de 1 000 mm par an, caractĂ©risĂ©es par un maximum d'octobre Ă  mars et un minimum d'Ă©tĂ© (le mois de juillet Ă©tant le plus sec). Les tempĂ©ratures sont caractĂ©risĂ©es par une faible amplitude thermique avec des hivers doux de 2 Ă  5 °C et des Ă©tĂ©s frais de 18 Ă  20 °C. La proximitĂ© de la mer et la frĂ©quence des vents d'ouest expliquent la modĂ©ration des indicateurs climatiques[22].

Ă€ l’exutoire de l'Ildut, le dĂ©bit, enregistrĂ© Ă  la station hydrologique de BrĂ©lès, atteint en moyenne 1,44 m3/s, pour la totalitĂ© de son bassin versant, soit 90 km2, dans le cadre d’un rĂ©gime pluvial ocĂ©anique[2]. ObservĂ© depuis 31 ans (entre 1977 et 2014), le fleuve cĂ´tier prĂ©sente de variations importantes de son module, la pĂ©riode des hautes eaux est enregistrĂ©e durant la pĂ©riode hivernale (de janvier Ă  mars) avec une moyenne mensuelle comprise entre 2,26 m3/s et 3,13 m3/s atteint en fĂ©vrier, les basses eaux interviennent durant l'Ă©tĂ© avec des dĂ©bits compris entre 0,419 m3/s et 0,560 m3/s de juillet Ă  septembre (ce dernier mois voyant le plus bas module de l'annĂ©e)[2]. Les pĂ©riodes d'Ă©tiage, tout comme les crues (le dĂ©bit de l'Ildut est montĂ© jusqu'Ă  19,6 m3/s le , soit 13,6 fois le module moyen), sont fortement prononcĂ©es en raison de la nature des sols impermĂ©ables qui favorise un Ă©coulement brutal des prĂ©cipitations (absence d'aquifère notable permettant le soutien des dĂ©bits d'Ă©tiage).

Lame d'eau et débit spécifique

En Ă©tablissant une comparaison entre le dĂ©bit et le bassin versant, l’Ildut prĂ©sente un module Ă©levĂ© ainsi que l'atteste une lame d'eau de 508 mm/an (bien supĂ©rieure Ă  la moyenne nationale qui est de 300 mm, mais globalement semblable Ă  celle du bassin voisin de l'Aulne de l'ordre de 564 mm) et un dĂ©bit spĂ©cifique (ou Qsp) de 16 litres par seconde et par kilomètre carrĂ© de bassin (9,5 l/s/km2 pour l'ensemble des cours d'eau français, 17,4 l/s/km2 dans le cas du bassin de l'Aulne[26]).

Histoire

Le viaduc ferroviaire de Daoulas construit en granite de l'Aber-Ildut.

Ă€ proximitĂ© immĂ©diate de l’Aber-Ildut, de nombreuses carrières de granite (Ă®le de Melon, KlĂ©guer) ont Ă©tĂ© intensivement exploitĂ©es jusqu’au XXe siècle. Le granite de l’Aber-Ildut bĂ©nĂ©ficiait d’une grande renommĂ©e en raison de sa rĂ©sistance Ă  l’érosion, de ses propriĂ©tĂ©s Ă  reflĂ©ter les rayons du soleil, mais Ă©galement de sa facilitĂ© de transport par la voie maritime. Durant des millĂ©naires, ce matĂ©riau servit Ă  l’édification de multiples constructions humaines, des menhirs et dolmens aux phares (celui de la pointe Saint-Matthieu, en particulier), forts et ouvrages d’art (viaduc de Daoulas, sur la voie ferrĂ©e reliant Brest et Quimper) de la rĂ©gion de Brest[27]. C’est toutefois la fourniture du matĂ©riau du socle de l’obĂ©lisque de Louxor, un Ă©norme bloc de 100 tonnes, qui donna, en 1835, une reconnaissance nationale au granite de l’Aber-Ildut[27].

Les alluvions formant le fond de la vallĂ©e de l’Aber-Ildut, autour de Saint-Renan, sont riches en cassitĂ©rite, un matĂ©riau exploitĂ© pour l’étain qu’il contient. La COMIREN a exploitĂ© ce filon entre 1960 et 1975, Ă©grenant la vallĂ©e de l’Aber-Ildut de six Ă©tangs[28]. La COMIREN exploita le cours de l'Ildut sur un linĂ©aire de sept kilomètres, employant une drague amĂ©ricaine qui creusait dans les sĂ©diments sur une grande largeur et Ă  une profondeur de huit Ă  dix mètres. Une centaine de personnes (jusqu'Ă  130) travaillait pour le compte de la compagnie qui lavait, traitait les vases pour sĂ©parer l'Ă©tain des sables et graviers ; jusqu'Ă  700 000 m3 de vase Ă©taient ainsi extraites par an et 500 tonnes d'Ă©tain (d'une teneur remarquable) produites[24]. Cette activitĂ© valut Ă  Saint-Renan le surnom de capitale europĂ©enne de l'Ă©tain. Après l'abandon de ce site, la COMIREN continua son exploitation durant quelques annĂ©es en d'autres lieux comme Ă  Bourg-Blanc. Aujourd'hui, toute activitĂ© liĂ©e Ă  ce minerai a cessĂ©, seule la sociĂ©tĂ© Lafarge poursuit l'extraction des alluvions de l'Ildut sur le site de Bodonou pour extraire du sable et du gravier[29].

Malgré la longueur réduite de l'Ildut et de ses affluents, leur débit faible et irrégulier, de nombreux moulins furent implantés sur leurs rives. Pas moins de 102 ont été recensés sur le cours du fleuve et de ses tributaires[30] - [31] même s'il s'agit d'installations assez primitives fonctionnant à l'aide d'une roue horizontale alimentée par une goulotte pentue. Les derniers moulins ont cessé leur activité dans la seconde moitié du XXe siècle.

Activités

Le ponton de Kerglonou Ă  Plouarzel sur l'Aber-Ildut.

MalgrĂ© une forte densitĂ© de population et le dĂ©veloppement de la pĂ©riurbanisation dans la vallĂ©e de l'Idut, l'agriculture reste active avec 540 exploitations recensĂ©es dans cet espace (mais 1190 en 1979) qui occupent près de 19 000 hectares de SAU (donc une taille moyenne de 35 hectares par exploitation, ce qui est infĂ©rieur Ă  la moyenne nationale). La proportion des terres labourables se rĂ©vèle largement supĂ©rieure (90 %) Ă  celles mises en pâture (10 %); ces statistiques sont toutefois en trompe-l'Ĺ“il car l'Ă©levage est omniprĂ©sent dans la vallĂ©e mais, prenant un aspect industriel, il occupe une faible superficie. Seule la diminution des systèmes de pâtures permanentes vers un système fourrager permet de mettre en exergue cette Ă©volution orientĂ©e vers l'Ă©levage laitier (30 000 animaux), des volailles et des porcins. Cette Ă©volution vers une agriculture productiviste est toutefois plus sensible vers l'amont du cours d'eau - proche de la mĂ©tropole brestoise - que vers l'aval[32].

Environnement

Malgré la progression de l'urbanisation et des rejets domestiques, l'Ildut et ses affluents sont classés en première catégorie piscicole en raison de ses eaux bien oxygénées et d'une granulométrie favorable. L'ichtyofaune est largement représentée par la présence du saumon atlantique, de la truite fario et de la lamproie marine, mais les autres espèces de poissons sont inégalement présentes dans la rivière comme le chabot, la loche franche ou l'anguille ; seul, le goujon voit ses effectifs en nette augmentation. Certaines caractéristiques du fleuve empêchent des migrateurs de fréquenter son cours tels que le busage de ruisseaux, les seuils d'anciens moulins ou le colmatage de certaines sections[33]. L'AAPPMA de Saint-Renan, qui assure la gestion halieutique de l'Ildut, essaye de résoudre ces problèmes et d'améliorer la richesse de la faune du fleuve[34].

La vallée de l'Ildut (et de ses affluents) est marquée par la présence de nombreuses zones humides qui jouent un rôle essentiel dans la préservation de la richesse biologique, la régulation des débits (dont l'écrêtage des crues) et l'épuration des eaux. Ces espaces sont représentées par la présence de nombreux étangs, de prairies et saulnaies, mais sont en régression face à la progression de l'habitat et soumises à diverses dégradations : mise en culture, remblais[35]. Trois zones remarquables ont été définies comme ZNIEFF[36] dont celle de l'Aber-Ildut (93 ha) qui voit hiverner de nombreuses espèces d'oiseaux limicoles et présente un grand intérêt botanique dans ses prés salés[37].

Parmi les animaux emblématiques de la vallée, la loutre, disparue depuis 1975, refait des apparitions épisodiques laissant espérer une recolonisation des lieux à court ou moyen terme. En revanche, des espèces invasives se sont largement développées au cours des dernières décennies, mettant en péril l'écosystème. On peut ainsi noter la présence de ragondins et de rats musqués menaçant autant les berges que les cultures environnantes, de tortues de Floride, mais également, sur le plan floristique, de l'envahissante jussie[36].

Bibliographie

  • Eaux et rivières de Bretagne, « L'Ildut »
  • Maison du Patrimoine - MusĂ©e d'Histoire Locale de Saint-Renan, L'Aber-Ildut de terre en aber, JouĂ©-lès-Tours, Alan Sutton, coll. « MĂ©moire en images », (ISBN 978-2842535087)

Voir aussi

Notes et références

  1. Sandre, « Fiche cours d'eau - L'Aber Ildut (J33-0300) » (consulté le )
  2. Banque Hydro - MEDDE, « Synthèse de la Banque Hydro - l'Aber-Ildut à Brelès (Keringar) (J3323020) » (consulté le )
  3. Nini Le Goff, Saint Ildut : du Pays de Galles à la Bretagne, Cercle d’histoire locale de Lanildut Lire en ligne.
  4. André Guilcher, Évolution morphologique de vallées bretonnes, "Bulletin de la Section de géographie", 1961, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6246312w/f52.image.r=Plouzan%C3%A9
  5. L'Ildut, eaux et rivières de Bretagne, p. 1 et 4.
  6. http://www.lanildut.fr/histoire/LanSource003.html et http://www.echodestpierre.infini.fr/msp/msp177.htm
  7. L'Ildut, eaux et rivières de Bretagne, p. 5.
  8. L'ildut sur Locmaria.patrimoine.
  9. Guide Bleu Bretagne, Hachette, Ă©dition de 1991, p. 152.
  10. C. Barrois, Carte géologique à 1/80000, feuille Lannion (1re édit.), 1909.
  11. Louis Chauris, « Le granite porphyroïde de Porzpaul dans l'île d'Ouessant: un nouvel élément dans la ceinture des « granites rouges » du Massif armoricain (France) », Comptes Rendus de l'Académie des Sciences, Paris, iI, t. 313,‎ , p. 245-250.
  12. Eric Marcoux, Alain Cocherie, Gilles Ruffet, Jean-René Darboux, Catherine Guerrot, « Géochronologie revisitée du dôme du Léon (Massif armoricain, France) », Géologie de la France, no 1,‎ , p. 19-20 (lire en ligne).
  13. Louis Chauris, « La saga des granites de l'Aber-Ildut I - Un étrange pluton granitique », 8 juillet 1995, série de 13 articles parus dans Le Courrier du Léon/Le Progrès de Comouaille (8 juillet 1995 - 6 janvier 1996
  14. Louis Chauris, « Les carrières et les quais de chargement du granité rose de l'Aber-lldut (Finistère) », Les Cahiers de l'lroise, no 150,‎ , p. 69-78.
  15. Les carrières abandonnées sont nombreuses dans les environs.
  16. Louis Chauris, « III - Les mégalithes en granite rose », 5 août 1995, série de 13 articles parus dans Le Courrier du Léon/Le Progrès de Comouaille (8 juillet 1995 - 6 janvier 1996
  17. Louis Chauris, « IV - Les stèles de l'Âge du fer », 19 août 1995, série de 13 articles parus dans Le Courrier du Léon/Le Progrès de Comouaille (8 juillet 1995 - 6 janvier 1996
  18. Hubert Lardeux, Claude Audren, Bretagne, Masson, , p. 62.
  19. L'Ildut, eaux et rivières de Bretagne, p. 3 et 4.
  20. Souvent dénommé dans les archives « granit de Laber ».
  21. Louis Chauris, « Brest : vieilles pierres et pierres neuves dans une cité reconstruite », Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Bretagne, t. XC=,‎ , p. 6 (lire en ligne).
  22. L'Ildut, eaux et rivières de Bretagne, p. 3.
  23. L'Idut, eaux et rivières de Bretagne, p. 2
  24. L'Ildut, eaux et rivières de Bretagne, p. 7
  25. L'Ildut, eaux et rivières de Bretagne, p. 6.
  26. Les chiffres délivrés pour le bassin versant de l'Aulne correspondent aux données enregistrées à la station hydrologique de Châteauneuf-du-Faou (Pont Pol).
  27. Le granite de l’Aber-Ildut sur le site de l’académie de Rennes.
  28. L'exploitation de la cassitérite dans la vallée de l'Ildut.
  29. L'Ildut, eaux et rivières de Bretagne, p. 8.
  30. Jean Lescop, L'Aber-Iidut : Sa vallée, son bassin, ses moulins, 1991 Lire en ligne.
  31. Carte des moulins
  32. L'Ildut, eaux et rivières de Bretagne, p. 12.
  33. L'Ildut, eaux et rivières de Bretagne, p. 10.
  34. Site de l'AAPPMA de Saint-Renan.
  35. L'Ildut, eaux et rivières de Bretagne, p. 9.
  36. L'Ildut, eaux et rivières de Bretagne, p. 11
  37. La ZNIEFF de l'Aber-Ildut.
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