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Aulne (fleuve)

L’Aulne (Aon en breton) est un fleuve cĂ´tier français de 144 km de long[1], qui prend sa source sur la commune de Lohuec dans les CĂ´tes-d'Armor et se jette dans la rade de Brest au niveau des communes de LandĂ©vennec et de RosnoĂ«n. Sa partie aval est aussi dĂ©nommĂ©e « Rivière de Châteaulin ».

l'Aulne
Le Ster Aon, canal de Nantes Ă  Brest
Illustration
L'Aulne vue des hauteurs de Landévennec.
Carte.
Cours de l'Aulne (carte interactive)
Loupe sur carte verte l'Aulne sur OpenStreetMap.
Caractéristiques
Longueur 144 km [1]
Bassin 1 875 km2 [1]
Bassin collecteur l'Aulne
DĂ©bit moyen 30 m3/s (son embouchure)
Régime pluvial océanique
Cours
Source source
· Localisation Lohuec
· CoordonnĂ©es 48° 28′ 27″ N, 3° 29′ 46″ O
Embouchure la rade de Brest
· Localisation entre Landévennec et de Rosnoën
· Altitude m
· CoordonnĂ©es 48° 18′ 14″ N, 4° 17′ 23″ O
GĂ©ographie
Principaux affluents
· Rive gauche Hyères
· Rive droite Ellez, Douffine, Rivière d'Argent
Pays traversés Drapeau de la France France
Départements Côtes-d'Armor, Finistère
Régions traversées Bretagne

Sources : SANDRE:« J3--0180 », Géoportail, Banque Hydro, OpenStreetMap

GĂ©ographie

L'Aulne Ă  Poullaouen juste en aval de sa confluence avec le Squiriou.
Vieux pont sur l'Aulne au nord de Poullaouen.
L'Aulne Ă  Locmaria-Berrien.

Fleuve cĂ´tier long de 144 km, l'Aulne prend sa source Ă  Lohuec, Ă  cĂ´tĂ© du lieu-dit Penn Aoun,Ă  une altitude de 307 m, Ă  l'est des monts d'ArrĂ©e. Ce fleuve cĂ´tier coule dans sa partie amont du nord au sud, dans la faille produite entre LannĂ©anou et Landeleau par l'Ă©ruption du massif granitique du Huelgoat. Plus en aval, Ă  partir de la confluence de l'Hyères, il coule parallèlement Ă  la direction armoricaine des plis, c'est-Ă -dire est-ouest. Mais il dessine des mĂ©andres très accentuĂ©s et très encaissĂ©s : entre la confluence avec l'Hyères Ă  Pont Triffen, commune de Landeleau, et Châteaulin, son cours est de 60 km alors qu'Ă  vol d'oiseau la distance n'est que de 30 km[2].

En aval, entre Pont Triffen et Port-Launay, l'Aulne est canalisĂ©e et constitue une partie du Canal de Nantes Ă  Brest. L'Aulne se termine par une ria sur ses 18 derniers km entre Châteaulin et RosnoĂ«n qui est soumise Ă  l'influence des marĂ©es. Cette partie du fleuve, de Port-Launay Ă  la mer, est appelĂ©e couramment l'Aulne maritime et se jette dans la rade de Brest Ă  hauteur de LandĂ©vennec.

Un méandre de l'Aulne maritime abrite le cimetière des navires de Landévennec.

Carte de l'embouchure de l'Aulne et de la presqu'île de Landévennec par Choquet de Lindu, datant de 1779.

Adolphe Joanne et Élisée Reclus décrivent ainsi l'Aulne au début du XXe siècle :

« L'« Aune » [Aulne] s'appelle aussi la « Rivière de Châteaulin ». Venue du dĂ©partement des CĂ´tes-du-Nord, d'un massif forestier [Ă  l'altitude] de 326 mètres, elle passe peu après dans le Finistère pour y descendre très sinueusement vers le sud-ouest, puis le sud, puis encore le sud-ouest, ensuite l'ouest et finalement l'ouest-nord-ouest ; longtemps elle ne serpente que devant des hameaux (...). Le Pont-Pierre, issu du versant sud de la montagne d'ArrĂ©e et long de 20 km lui apporte les eaux de l'Ă©tang du Huelgoat, dans un pays oĂą on exploitait, oĂą l'on n'exploite plus, les mines de plomb argentifère ; l'« Éllez » ou « Ellez » ou « EllĂ© », descendue du mont Saint-Michel de Brasparts, lui amène, au bout d'un cours de 36 km en un bassin d'environ 16 000 hectares, les eaux sombres qu'a brisĂ©e la cĂ©lèbre « cascade de Saint-Herbot » (70 mètres); l'« Hière » ou « Aven », venant Ă©galement du dĂ©partement des CĂ´tes-du-Nord, lui arrive pour lui confier le canal de Nantes Ă  Brest, ou plutĂ´t Ă  cette rencontre d'eaux, par 55 mètres d'altitude, Aven rĂ©gularisĂ©e et canal de Nantes Ă  Brest, c'est une seule et mĂŞme chose, comme Ă  partir de ce confluent Aulne et canal se confondent aussi entièrement. Ici, Ă  Ponttrifen, commence l'Aulne infĂ©rieure, qui est l'une des rivières les plus ondoyantes et serpentantes qui se puisse voir, en un val d'une très grande beautĂ© que contemplent, au sud, les cimes des montagnes Noires; il n'y a pas 30 kilomètres en ligne droite, de Ponttriffen Ă  Châteaulin, et l'Aulne parcourt 62 km. Elle coule devant le bel amphithéâtre central de Châteauneuf-du-Faou (...), boit le Ster-Goanez, dont le voyage est d'une vingtaine de kilomètres pour une distance de moins de 5 km Ă  vol d'oiseau. Ă€ Châteaulin s'achève le canal de Nantes Ă  Brest, en mĂŞme temps que grâce Ă  la marĂ©e comme sur le fleuve la circulation dite maritime, qui comporte 33 km jusqu'Ă  l'entrĂ©e de l'Aulne dans la rade de Brest. Sur ce dernier trajet, on remarque le bourg de Port-Launay, qui est en rĂ©alitĂ© le port de la ville de Châteaulin (distante de près de 3 km). Le viaduc de 12 arches, haut de 50 mètres, jetĂ© sur l'Aulne pour le passage du chemin de fer de Nantes Ă  Brest ; le confluent de la « Doufine » ou « Dourduff », riviĂ©rette de 32 km en un bassin de 13 825 hectares, partie, comme l'Elez, du point culminant de toute la Bretagne; ce n'est plus une modeste rivière, c'est en apparence un puissant fleuve de 300 Ă  500 m de large et de 2 500 mètres d'ampleur Ă  l'entrĂ©e dans la rade de Brest oĂą l'Aulne arrive après avoir mĂŞlĂ© son estuaire aux sous-estuaires de la « Rivière du Faou » et de la « Rivière de l'HĂ´pital-Camfrout » ; la presqu'Ă®le de Logonna sĂ©pare au nord son embouchure de celle de la « Rivière de Daoulas », Ă©galement semblable Ă  celle d'un très considĂ©rable cours d'eau. Comme on l'a dit plus haut, le Finistère a presque tout son cours de 140 km et les CĂ´tes-du-Nord ne possèdent que 46 270 hectares sur les 187 500 ha de son bassin[3]. »

  • Le moulin de la Roche (en ruine), en ClĂ©den-Poher, sur les bords de l'Aulne, en amont de Pont-Triffen.
    Le moulin de la Roche (en ruine), en Cléden-Poher, sur les bords de l'Aulne, en amont de Pont-Triffen.
  • L'Aulne (Canal de Nantes Ă  Brest) Ă  Pont-Triffen (juste en aval de la confluence avec l'Hyères).
    L'Aulne (Canal de Nantes à Brest) à Pont-Triffen (juste en aval de la confluence avec l'Hyères).
  • La confluence entre l'Aulne et l'Hyères Ă  Pont-Triffen (canal de Nantes Ă  Brest).
    La confluence entre l'Aulne et l'Hyères à Pont-Triffen (canal de Nantes à Brest).
  • Le pont de Pont-Coblant sur l'Aulne (canal de Nantes Ă  Brest), Ă  la limite des communes de Pleyben et GouĂ©zec.
    Le pont de Pont-Coblant sur l'Aulne (canal de Nantes à Brest), à la limite des communes de Pleyben et Gouézec.

Affluents

Carte du cours médian et aval de l'Aulne.
Carte des affluents de l'Aulne.
Le Quilliou, affluent de rive droite, juste avant sa confluence avec l'Aulne, à Penn-ar-Pont en Châteauneuf-du-Faou.

D'amont vers l'aval (la longueur exprimée en km des cours d'eau correspond aux chiffres du SANDRE) :

  • Le ruisseau de GuĂ©richard (rg[note 1]), 5,3 km sur la commune de Plourac'h ;
  • Le Roudouhir ou Rudalveget (rd), 12 km ;
  • Le Beurc'hoat ou Squiriou (rd), 16,7 km (la confluence est vers 100 mètres d'altitude) et son affluent le Mendy, 9,3 km ;
  • La rivière d'Argent ou Fao ou Pont-Pierre ou ruisseau de la Mine (rd), 18 km ;
  • L'Ellez (rd), 28,1 km ;
  • L'Hyères (rg), 48,4 km (cet affluent pourrait ĂŞtre considĂ©rĂ© comme le cours d'eau principal car, Ă  dĂ©bit Ă©quivalent, il est plus long de quelques kilomètres que l'Aulne lors de leur confluence qui est vers 55 mètres d'altitude et Ă  partir de cette confluence, le cours de l'Aulne se confond avec le tracĂ© du canal de Nantes Ă  Brest) ;
  • Le ruisseau du Crann (rg), 10,5 km ;
  • Le Ster Pont Mine (rg), 5,8 km ;
  • Le Quilliou (rd) : il conflue avec l'Aulne Ă  Penn ar Pont en Châteauneuf-du-Faou ;
  • Le Ster Goanez (rd), 23,6 km ;
  • Le RozvĂ©guen (rg), km ;
  • Les Trois Fontaines (rg), 10,7 km ;
  • Le Vernic ou ruisseau de Pleyben, 9,2 km.

Au niveau de l'estuaire :

Hydrologie

L'Aulne est un fleuve abondant, comme tous les cours d'eau coulant dans la partie occidentale de la Bretagne. Son régime hydrologique est dit pluvial océanique.

L'Aulne à Châteauneuf-du-Faou

Son dĂ©bit a Ă©tĂ© observĂ© sur une pĂ©riode de 38 ans (1970-2007), Ă  Châteauneuf-du-Faou, localitĂ© du dĂ©partement du Finistère situĂ©e malheureusement assez loin de l'embouchure du fleuve dans la rade de Brest. Le bassin versant du fleuve y est de 1 224 km2 (soit plus ou moins 65 % de sa totalitĂ© qui fait 1 875 km2)[4]. Les chiffres observĂ©s n'en sont pas moins parfaitement significatifs et extrapolables Ă  l'ensemble du bassin de l'Aulne.

DĂ©bit moyen mensuel (en m3/s)
Station hydrologique : J3811810 - L'Aulne Ă  Châteauneuf-du-Faou pour un bassin versant de 1 224 km2[4]
(données calculées sur 39 ans)
Source : Banque Hydro - MEDDE

Le module du fleuve Ă  Châteauneuf-du-Faou est de 21,6 m3/s[4].

L'Aulne prĂ©sente des fluctuations saisonnières de dĂ©bit très marquĂ©es, comme presque tous les fleuves cĂ´tiers bretons, avec des hautes eaux d'hiver portant le dĂ©bit mensuel moyen Ă  un niveau situĂ© entre 34 et 51,3 m3/s, de dĂ©cembre Ă  mars inclus (avec un maximum en janvier), et des basses eaux d'Ă©tĂ©, de juillet Ă  septembre, avec une baisse du dĂ©bit moyen mensuel jusqu'Ă  2,4 m3/s au mois d'aoĂ»t. Mais les fluctuations sont bien plus prononcĂ©es sur de plus courtes pĂ©riodes.

Étiage ou basses eaux

Ă€ l'Ă©tiage, le VCN3 peut chuter jusque 0,26 m3/s, en cas de pĂ©riode quinquennale sèche, ce qui est vraiment très bas, mais assez normal en Bretagne. Le dĂ©bit minimum connu sur 3 jours consĂ©cutifs est de 0,050 m3/s et a Ă©tĂ© mesurĂ© sur l'intervalle de temps du 22 au .

Crues

Les crues peuvent ĂŞtre très importantes. Ainsi le dĂ©bit instantanĂ© maximal enregistrĂ© a Ă©tĂ© de 440 m3/s le , tandis que la valeur journalière maximale Ă©tait de 426 m3/s le mĂŞme jour. Le QIX 10 est de 290 m3/s, le QIX 20 de 330 m3/s et le QIX 50 de 390 m3/s. Les QIX 2 et QIX 5 valent quant Ă  eux respectivement 170 et 240 m3/s. D'oĂą il ressort que les crues de Ă©taient d'un niveau supĂ©rieur Ă  celui de crues cinquantennales, et exceptionnelles.

On peut comparer ces dĂ©bits Ă  ceux de l'un des affluents de la Seine au sud-est de Paris qui a un dĂ©bit moyen Ă  peu près Ă©quivalent, le Loing, rĂ©putĂ© jadis pour ses dĂ©bordements, et quelque peu rĂ©gularisĂ© depuis. Le QIX 10 du Loing en fin de parcours vaut seulement 190 m3/s (contre 290 pour la portion de l'Aulne en question) et son QIX 50 se monte Ă  270 m3/s (contre 390 pour l'Aulne). Ainsi, bien que la partie Ă©tudiĂ©e de l'Aulne soit quatre fois moins Ă©tendue, le volume des crues de l'Aulne l'emporte largement sur celles du Loing.

  • L'Aulne en crue Ă  Châteauneuf-du-Faou au niveau du « Pont du Roy » (7 fĂ©vrier 2014).
    L'Aulne en crue à Châteauneuf-du-Faou au niveau du « Pont du Roy » ().
  • L'Aulne en crue Ă  Châteauneuf-du-Faou juste en aval du « Pont du Roy » (7 fĂ©vrier 2014).
    L'Aulne en crue à Châteauneuf-du-Faou juste en aval du « Pont du Roy » ().
  • L'Aulne en crue au pont de Ti-men (7 fĂ©vrier 2014).
    L'Aulne en crue au pont de Ti-men ().
  • L'Aulne en crue : inondation du 7 fĂ©vrier 2014 Ă  Pont-Coblant 1.
    L'Aulne en crue : inondation du 7 février 2014 à Pont-Coblant 1.
  • L'Aulne en crue : inondation du 7 fĂ©vrier 2014 Ă  Pont-Coblant 2.
    L'Aulne en crue : inondation du 7 février 2014 à Pont-Coblant 2.
  • L'Aulne en crue Ă  Châteaulin (7 fĂ©vrier 2014).
    L'Aulne en crue à Châteaulin ().

Lame d'eau et débit spécifique

L'Aulne est un fleuve cĂ´tier très abondant, alimentĂ© par des prĂ©cipitations elles aussi abondantes, dans la rĂ©gion du massif armoricain notamment. La lame d'eau Ă©coulĂ©e dans son bassin versant est de 560 millimètres annuellement, ce qui est très Ă©levĂ©, largement supĂ©rieur Ă  la moyenne d'ensemble de la France, ainsi qu'Ă  l'ensemble des bassins de la Bretagne. Le dĂ©bit spĂ©cifique (ou Qsp) de la rivière atteint 17,7 litres par seconde et par kilomètre carrĂ© de bassin.

La pollution des eaux dès les Temps modernes

Traditionnellement les saumons étaient surabondants dans le bassin de l'Aulne, de même que les moules d'eau douce dans plusieurs de ses affluents, notamment l'Ellez. Des pêcheries liées à des barrages existaient, notamment à Châteaulin ; un témoignage de 1648 dit qu'on y prend quelquefois à chaque marée jusqu'à 30 saumons[5].

La pollution des eaux engendrée par le rouissage du lin et du chanvre est évoquée dès 1736 par Boureau-Deslandes : « Les saumons disparaissent tous au mois de juillet, que la récolte des chanvres se trouvant finie, on les met à rouir dans les eaux courantes ». Jacques Cambry en 1794 accuse aussi les mines de plomb argentifère de Poullaouen et du Huelgoat ; il écrit : « Les rivières (...) étaient très poissonneuses, mais les écoulements des mines ont détruit les brochets, les dards , les brèmes et les perches qui les peuplaient[6].

Les ardoisières de la vallée de l'Aulne

Selon Louis Charpentier, dans une monographie intitulée "De Funnay à Ty Mur. Mémorable aventure d'Escailleurs ardennais qui s'en furent au pays d'Armor, exploiter les pierres d'ardoises", vers 1777 des Ardennais, venant principalement de la région de Fumay, vinrent trouver du travail dans les ardoisières de la vallée de l'Aulne, apportant avec eux l'art de mieux tailler l'ardoise. Dans l'impossibilité de trouver leur lieu réel d'origine, P.-A. Limon les surnomment "Parisiens" dans son livre "Usages et règlements locaux en vigueur dans le Finistère" publié en 1857, et les ardoises bretonnes furent surnommées "parisiennes". Cette immigration concerna principalement les communes de Port-Launay, Châteaulin, Lopérec, Saint-Coulitz, Pleyben, Lothey, Gouézec, Lennon, Spézet, Motreff, Châteauneuf-du-Faou et Saint-Goazec. Les noms de famille se sont transformés au fil du temps : les Waslet sont devenus Voachelet, Les Lefèvre sont devenus Lefeuvre, les Bouchy Bouché, etc.[7].

Le terril de l'ardoisière du Rick (en Saint-Goazec) en bordure du Canal de Nantes à Brest.

En 1893 les ardoisières de la vallée de l'Aulne sont en pleine décadence, même si 28 carrières à ciel ouvert et 7 exploitées souterrainenemt sont alors encore recensées :

« On les exploite encore presque partout le long du canal Ă  Port-Launay, Ă  Saint-Coulitz, Ă  Lothey, Ă  Châteauneuf et jusqu'Ă  SpĂ©zet, mais le travail s'est bien ralenti. 1 000 ou 1 200 ouvriers s'y employaient autrefois; les ardoises, amenĂ©es par le canal Ă  Port-Launay, s'exportaient non seulement en Bretagne, mais sur toutes les cĂ´tes de la Manche et jusqu'Ă  Dunkerque. Par malheur le mode d'extraction Ă©tait primitif ; on manquait mĂŞme de treuils pour monter du fond de la mine les blocs de schiste qu'il fallait aller chercher Ă  dos d'homme. Les ouvriers, Ă©tant payĂ©s au mille, s'ingĂ©nièrent alors Ă  tirer le plus d'ardoises possible de chaque bloc ; ils fabriquèrent des ardoises très minces qui, malgrĂ© l'excellence du schiste, s'usaient vite ; dès lors la marque fut perdue ; les ardoises d'Angers supplantèrent celles de Châteaulin. Aujourd'hui on n'exporte plus guère ces dernières que sur les cĂ´tes de l'Atlantique et de la Manche jusque vers Lorient d'une part, vers Paimpol de l'autre. Au lieu des 1 200 ouvriers qu'elles occupaient jadis, les ardoisières de Châteaulin en comptent aujourd'hui 500 Ă  peine[8]. »

L'Aulne canalisée, tronçon du canal de Nantes à Brest

De la confluence avec l'Hyères jusqu'à Châteaulin et même Port-Launay, le cours médian de l'Aulne coïncide avec un tronçon du canal de Nantes à Brest, désormais déclassé pour la navigation commerciale, attractif pour les pêcheurs à la ligne et les randonneurs sur le chemin de halage. Une navigation touristique existe aux environs de Châteauneuf-du-Faou.

  • L'Aulne canalisĂ©e près de Châteauneuf-du-Faou 1 (canal de Nantes Ă  Brest).
    L'Aulne canalisée près de Châteauneuf-du-Faou 1 (canal de Nantes à Brest).
  • L'Aulne canalisĂ©e près de Châteauneuf-du-Faou 2.
    L'Aulne canalisée près de Châteauneuf-du-Faou 2.
  • L'Aulne canalisĂ©e près de Châteauneuf-du-Faou 3.
    L'Aulne canalisée près de Châteauneuf-du-Faou 3.
  • Brumes matinales sur l'Aulne Ă  Châteaulin.
    Brumes matinales sur l'Aulne à Châteaulin.
  • Le pont sur l'Aulne Ă  Châteaulin.
    Le pont sur l'Aulne à Châteaulin.

Description du pays de l'Aulne datant de 1893

L'Aulne à Châteaulin

« Si vous venez de traverser le Léonais [= le Léon], il vous semblera que le pays de l'Aulne est par endroits un peu désert, que trop de fermes ont encore le toit de chaume sur des murs de pierre cimentés uniquement de boue. Si vous y passez vers la fin du mois d'août, vous y verrez avec étonnement battre le blé au fléau, un instrument que vus croyiez banni du monde civilisé depuis la découverte des machines à battre. C'est surtout en tirant sur la montagne, vers Plounévez-du-Faou, Saint-Herbot, Plouyé, Scrignac, que vous serez frappé de ces traces d'ignorance et de misère.

Au contraire vers le canal, par lequel arrivent les engrais calcaires ainsi que les instruments aratoires de l'industrie moderne, l'aspect est très florissant. La terre végétale est partout assez profonde pour qu'en fumant et en variant convenablement l'assolement, on transforme en terrais de rapport des landes jusque-là improductives. L'avoine, le sarrasin et le seigle occupent encore plus de place que le froment; mais celui-ci est déjà cultivé suffisamment pour que le pain blanc ait presque partout remplacé le pain noir dans l'alimentation quotidienne. Les prés, améliorés par des drainages, nourrissent vers Carhaix des bœufs gras qui alimentent (...) un commerce considérable.(...).

Et ici les maisons ont bonne apparence. Les murs sont enduits d'une couche riante de chaux blanche ; les toits sont d'ardoises, les fenêtres s'ouvrent largement. (...) De même les bourgs sont élégants ou riants »

— Louis Gallouédec, Études sur la Basse-Bretagne[9].

Les franchissements de l'Aulne

Traditionnellement, le dernier pont avant l'embouchure se trouvait, comme pour la plupart des fleuves, à la limite de la zone de remontée de la marée, provoquant l'essor d'une « ville-pont », en l'occurrence Châteaulin. Plus en aval, seuls des bacs permettaient de franchir l'estuaire.

Le lieu-dit Le Passage entre Rosnoën et Dinéault se nommait en breton Treiz Guenhel, le nom provenait du breton Treiz (« passage ») et de saint Guinal, dont la chapelle éponyme se trouvait en haut de la côte menant à Dinéault[10]. Ce fut longtemps un axe de passage important reliant Sainte-Marie-du-Ménez-Hom au Léon, emprunté entre autres par les marchands se rendant aux foires. Une cale fut construite en 1858 pour faciliter le passage[11].

D'autres bacs permettaient de franchir l'estuaire à hauteur de Trégarvan et à Térénez, ce dernier sur le chemin de grande communication allant du Faou à Crozon.

Ces bacs ont disparu à la suite de la construction du premier pont de Térénez en 1925 (démoli par les Allemands en 1944), reconstruit en 1951, lui-même remplacé par un nouveau pont à haubans mis en service en 2011.

L'Aulne maritime, un tronçon du canal de Nantes à Brest

Félix Marant-Boissavant : Rivière de Châteaulin près de Landévennec et dans le fond la Rivière du Faou (dessin de 1843).

Cette description date de 1909 (l'auteur décrit un voyage partant de Brest et le voyageur a donc déjà traversé la rade de Brest) :

« Au-delĂ  de LandĂ©vennec, le bateau, dĂ©crivant un grand cercle, laiss Ă  gauche la pointe et l'Ă®le de Tibidy et double la pointe de Penforn. Ă€ mi-hauteur de la falaise,Ă  droite, dans le parc de l'abbaye, on voit se dresser un rocher de 12 mètres de haut environ ayant la forme d'un moine encapuchonnĂ© ; ce serait, dit la lĂ©gende, un moine dissolu condamnĂ© Ă  rester pĂ©trifiĂ© ainsi jusqu'au Jugement dernier. On passe près de l'Ă®le de TĂ©rĂ©nez et de la station navale rĂ©serve de Brest [cimetière des navires de LandĂ©vennec]. Escale du passage de TĂ©rĂ©nez, oĂą un bac mène Ă  terre ; escale de TrĂ©garvan; escale de DinĂ©ault, d'oĂą l'on peut faire l'ascension du MĂ©nez-Hom. L'Aulne continue Ă  couler en longs mĂ©andres, dans de beaux paysages ; son lit canalisĂ© se rĂ©trĂ©cit peu Ă  peu ; Ă©cluse de Guily-Glas, au pied du viaduc monumental de Port-Launay (chemin de fer de Quimper Ă  Landerneau). De Port-Launay, on gagne Châteaulin Ă  pied ou en voiture de louage, ou par le chemin de fer Carhaix-Châteaulin[12]. »

L'Aulne maritime était fréquenté par de nombreuses gabares qui remontaient de Brest jusqu'à Port-Launay, voire Châteaulin. Les dernières gabares furent La Fée de l'Aulne et la Notre-Dame de Rumengol, chargées de sable. Une navette régulière, le vapeur brestois, existait deux fois par semaine entre Brest et Port-Launay jusqu'à la décennie 1930[13]. « Quant au voyage de Châteaulin [depuis Brest], par les rives pittoresques de l'Aulne, il se fait rarement et au prix de longues heures de traversée » écrit Victor-Eugène Ardouin-Dumazet en 1895[14].

Les bateaux empruntaient l'Aulne maritime pour livrer du maërl aux agriculteurs, le seul engrais dont ils disposaient à l'époque. Les anciens se rappellent les bateaux échoués sur le bord des champs, et les manœuvres qu'il fallait faire pour décharger le sable à la pelle[15].

L'estuaire de l'Aulne et la rade de Brest

Carte géologique de la rade de Brest
Les anciens méandres de l'Aulne sous la rade de Brest

Lors des glaciations quaternaires, en particulier les deux dernières glaciations de Riss et de WĂĽrm, l'Aulne poursuivait son cours Ă  l'emplacement actuel de la rade de Brest pour rejoindre l'ocĂ©an Atlantique, le niveau de la mer Ă©tant Ă  l'Ă©poque de 80 Ă  120 mètres en dessous du niveau actuel. Sous les eaux de la rade de Brest existent donc des mĂ©andres très accentuĂ©s de l'ancien cours de l'Aulne, Ă  demi immergĂ© (la presqu'Ă®le de LandĂ©vennec est le lobe d'un ancien mĂ©andre) ou totalement immergĂ©. Les petits fleuves cĂ´tiers se jetant dans la rade de Brest, y compris l'Élorn, Ă©taient Ă  l'Ă©poque des affluents de l'Aulne.

En littérature

Voir aussi

Notes et références

Notes

  1. rd pour rive droite et rg pour rive gauche

Références

  1. Sandre, « Fiche cours d'eau - L'Aulne (J3--0180) » (consulté le )
  2. L. Gallouedec, revue « Annales de géographie », année 1893, no 10, lire en ligne
  3. Adolphe Joanne et Élisée Reclus, Dictionnaire géographique et administratif de la France et de ses colonies, 1890-1905, lire en ligne
  4. Banque Hydro - MEDDE, « Synthèse de la Banque Hydro - L'Aulne à Châteauneuf-du-Faou (J3811810) » (consulté le )
  5. Dom Noël, "Histoire de l'abbaye de Landévennec"
  6. Jacques Cambry, "Voyage dans le Finistère où État de ce département en 1794 et 1795".
  7. « Les escailleurs ardennais au pays d'Arvor », Journal L'Ouest-Éclair,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  8. Louis Gallouédec, « Études sur la Basse Bretagne. La Cornouailles intérieure. », Annales de géographie,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  9. Louis Gallouédec, Études sur la Basse-Bretagne, Revue « Annales de géographie », année 1893, no 10, p. 58-59 lire en ligne
  10. http://www.antreizh.fr/crbst_15.html
  11. http://www.menezhom.com/IMG/pdf/DossierPresse_MHJ_D.pdf
  12. Paul Joanne, « Bretagne, les routes les plus fréquentées », Hachette, 1909, lire en ligne
  13. Article du journal Le Télégramme, no du
  14. Victor-Eugène Ardouin-Dumazet, « Voyage en France.... », tome 4, 2e partie, Berger-Levrault, Paris, 1895, lire en ligne
  15. Témoignage de Claude Guévarrec dans Le Télégramme du
Ressource relative à la géographie :
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