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Mont Saint-Michel de Brasparts

Le mont Saint-Michel de Brasparts (menez Mikael-an-Are ou localement menez Sant-Mikael ou Tuchenn Mikael) est l'un des sommets de la chaßne des monts d'Arrée située en Bretagne sur la commune de Saint-Rivoal (FinistÚre)[1]. Il fait partie du parc naturel régional d'Armorique et domine la cuvette des tourbiÚres du Yeun Elez. Il culmine à 381 mÚtres d'altitude[1] et sur son sommet se trouve la chapelle Saint-Michel datant du XVIIe siÚcle.

Mont Saint-Michel de Brasparts
Vue du mont Saint-Michel et de sa forme caractéristique immédiatement visible dans la chaßne des monts d'Arrée.
Vue du mont Saint-Michel et de sa forme caractéristique immédiatement visible dans la chaßne des monts d'Arrée.
GĂ©ographie
Altitude 381 m[1]
Massif Monts d'Arrée
(Massif armoricain)
CoordonnĂ©es 48° 21â€Č 01″ nord, 3° 56â€Č 44″ ouest[1]
Administration
Pays Drapeau de la France France
RĂ©gion Bretagne
DĂ©partement FinistĂšre
Ascension
Voie la plus facile route D785
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Mont Saint-Michel de Brasparts
GĂ©olocalisation sur la carte : FinistĂšre
(Voir situation sur carte : FinistĂšre)
Mont Saint-Michel de Brasparts

Toponymie

Le mont Saint-Michel de Brasparts est attesté sous les formes suivantes : Motte de Cronon en 1672, puis Motte de Cronnon en 1673, Saint Michel de Croinon en 1674, Saint Michel de Coronnon en 1676, montagne de Cronnon en 1676, Saint Michel Cronnon en 1691[2].

Selon l'écrivain Gwenc'hlan Le Scouëzec, le long plateau couvert de landes qui prolonge la hauteur vers le nord-ouest se nommerait encore Gwaremm Kronan (« la garenne de Kronan »)[3].

Le nom du sommet est dû au fait que pendant longtemps il a fait partie de la trÚve de Saint-Rivoal qui était incluse dans la paroisse de Brasparts, puis de la commune de Brasparts, avant de faire partie de la commune de Saint-Rivoal à partir de la création de cette derniÚre en 1925.

GĂ©ographie

Carte topographique du mont Saint-Michel de Brasparts.
Le lac-réservoir de Saint-Michel (lac de Brennilis) et le mont Saint-Michel-de-Brasparts vus depuis la route du Libist à Botmeur.

Son sommet offre un beau panorama : au nord, sur la crĂȘte quartzitique rectiligne du Roc'h TrĂ©vĂ©zel ; Ă  l'est, sur les tourbiĂšres du Yeun Elez et le lac de Brennilis, et au-delĂ , sur le massif granitique de Huelgoat ; au sud, enfin, par-delĂ  le bassin dinantien de ChĂąteaulin, sur la ligne de hauteurs des montagnes Noires dont les crĂȘtes dĂ©chiquetĂ©es en schistes et quartzites se profilent Ă  l'horizon. Lorsque le temps le permet, on peut mĂȘme apercevoir le pont de l'Iroise et la baie de Morlaix[4].

Jacques Cambry en 1794 ou 1795 fait de la montagne la description suivante :

« En approchant de cette chapelle, la terre se dĂ©pouille d’arbres et de buissons (...) : elle n’est plus couverte que de bruyĂšres et de rochers, brisĂ©s par les orages, ou dĂ©composĂ©s par les tems. Tout prend un caractĂšre sauvage, un air de mort ; c’est l’aspect d’un vaste dĂ©sert, dont rien n’égaie ou ne varie la longue et fatigante uniformitĂ©. Les derniers villages, les derniers champs, forment des Ăźles sĂ©parĂ©es, entourĂ©es de rochers, d’une espĂšce de tourbe, d’une terre noirĂątre et marĂ©cageuse, rĂ©sultat de bruyĂšres corrompues, accumulĂ©es pendant des siĂšcles[5]. »

Le paysage n'a guĂšre changĂ© depuis mĂȘme si l'expansion agricole de la fin du XIXe au dĂ©but du XXe siĂšcle a entraĂźnĂ© un recul des landes[6].

L'Ellez, affluent de l'Aulne, fleuve cĂŽtier du FinistĂšre, prend sa source Ă  un kilomĂštre au nord-ouest, Ă  300 mĂštres d'altitude.

Histoire

Un temple celte voué au culte solaire

La chapelle sommitale du mont Saint-Michel de Brasparts a succédé, croyait-on à la fin du XVIIIe siÚcle, à un ancien temple celte voué au culte du soleil. Jacques Cambry écrit, en 1798 :

« Sur le point le plus Ă©levĂ© des montagnes d’ArĂšs, Ă  prĂšs de deux lieues de la FeuillĂ©e, est une chapelle antique, consacrĂ©e sans doute au Soleil, dans les temps les plus reculĂ©s, comme le rocher de TombelĂšne en Normandie, comme le mont Penninus, comme tous les hauts-lieux : c’est Ă  prĂ©sent saint Michel qu’on y rĂ©vĂšre. Dans les belles nuits, on le voit quelquefois dĂ©ployer ses ailes d’or et d’azur, et disparoĂźtre dans les airs[5]. »

La chapelle du sommet de la Motte-Cronon

C'est à la fin du XVIIe siÚcle, en 1672, que la décision est prise de construire une chapelle au sommet de la Motte Cronon à Brasparts. Le sieur de Kermabon, seigneur de Roudoumeur en Plonévez-du-Faou, propriétaire du lieu, l'autorise. Le lieu était honoré de longue date, et procÚs avait été instruit devant notaire pour valider des miracles attribués au saint. Le pape Innocent XI avait signé une bulle portant indulgence aux futurs pÚlerins. Malgré la volonté du seigneur de Kermabon, possesseur du Menez, les terres qui enserrent la chapelle restÚrent pour partie à l'abbaye du Relec, pour partie aux paysans qui venaient y travailler, et aux pùtres qui y gardaient leurs troupeaux, et ce jusque vers les années 1870.

Un oratoire provisoire est construit avant pendant le mandat des deux premiers fabricques (fabriciens), Louis Sizun et Michel Le Baraer. « C'est sans doute une simple cabane à la structure constituée de perches et aux parois faites de panneaux de branchages entrelacés, avec clayonnage, dont seule la taille diffÚre de celles utilisées par les familles de charbonniers et de sabotiers jusqu'au début du XXe siÚcle[7]. » Des bancs y sont ensuite installés.

Le registre des comptes des « fabricques et marguilliers Ă  l'honneur de mons Sct Michel Archange sur la motte de Cronon en Brasparts[8] », ouvert dĂšs 1672 et qui a Ă©tĂ© conservĂ©, permet de suivre les Ă©tapes de la construction de la chapelle en pierres : les pierres des murs sont extraites sur place ou Ă  proximitĂ©, les ardoises du toit proviennent de la « feriĂšre de Hengoat » en Saint-Cadou, la charpente en « bois de chaisnes » du bois de Bodriec. Trois « bestes » (des bƓufs probablement) servent Ă  charrier les matĂ©riaux, et la chapelle, consacrĂ©e le , jour de la Saint-Michel, est totalement achevĂ©e en 1679 probablement[7]. Cette chapelle, connue parfois sous le nom de « chapelle des Bergers », fut trĂšs frĂ©quentĂ©e les premiĂšres dĂ©cennies si l'on en juge par le produit financier des troncs placĂ©s dans la chapelle. Sa frĂ©quentation baissa dans le courant du XVIIIe siĂšcle, mais la chapelle resta frĂ©quentĂ©e jusque vers 1860 en particulier par les bergers tant que l'Ă©levage des moutons domina dans les monts d'ArrĂ©e[9].

Une lĂ©gende prĂ©tend que les premiĂšres pierres destinĂ©es Ă  la construction de la chapelle auraient Ă©tĂ© transportĂ©es Ă  dos d'hommes et que, fatiguĂ©s, ceux-ci abandonnant le chantier, commencĂšrent Ă  redescendre la montagne lorsqu'ils rencontrĂšrent un paysan du village voisin de Roquinarc'h qui charroyait du foin ; celui-ci, Fanch Favennec, leur demanda pourquoi ils abandonnaient la construction de la maison du saint et, entendant leur rĂ©ponse, il leur dit qu'ils pouvaient remonter et qu'ils auraient toutes les pierres dont ils avaient besoin. Chargeant sa charrette de pierres et fouettant ses chevaux, il transporta avec facilitĂ© les pierres jusqu'au sommet oĂč jamais encore des chevaux n'Ă©taient parvenus avec une telle charge. Nul doute que saint Michel leur Ă©tait venu en aide.

La nouvelle chapelle

Le clocher porte la date de 1820.

Mais la chapelle est vers 1795, si l'on en croit Jacques Cambry, dans un Ă©tat pitoyable : « LĂ , vous trouvez une chapelle abandonnĂ©e : la façade, formĂ©e d’assises irrĂ©guliĂšres, est ornĂ©e d’un portique dĂ©corĂ© de deux pilastres d’ordre toscan, et d’une assez jolie corniche : un petit dĂŽme couronne l’édifice ; la chapelle est dĂ©truite ; l’intĂ©rieur est dĂ©pouillĂ©, l’autel est renversĂ©. Le bois de cette charpente s’emporte par petits morceaux ; il prĂ©serve du mauvais vent, des incendies et du tonnerre[5] ». Le lieu est, toujours selon le mĂȘme auteur, frĂ©quentĂ© par les marchands les jours de pardon. Des superstitions sont attachĂ©es au lieu : outre la lĂ©gende du chien noir du Lenn ar Youdig, transcrite par Anatole Le Braz en 1893[10], Jacques Cambry Ă©voque : « On dit Ă  Braspars que les dĂ©mons, chassĂ©s du corps de l’homme, sont enchaĂźnĂ©s dans un cercle magique, sur le haut du mont Saint-Michel : ceux qui mettent pied dans ce cercle, courent toute la nuit sans pouvoir s’arrĂȘter. Aussi la nuit on n’ose traverser ces montagnes[5]. »

L’architecture de la chapelle est trĂšs simple, un plan rectangulaire avec chevet Ă  pans coupĂ©s. La chapelle actuelle a Ă©tĂ© Ă©levĂ©e pour remercier saint Michel d’avoir fait cesser une Ă©pidĂ©mie qui avait sĂ©vi longtemps dans la contrĂ©e. AbandonnĂ©e sous la RĂ©volution, la chapelle tombait en ruine : selon le tĂ©moignage en 1806 du recteur de Brasparts, il n'y avait plus que des pierres que l'on songeait Ă  utiliser pour rĂ©parer d'autres chapelles, mais la piĂ©tĂ© gĂ©nĂ©reuse des paroissiens permit en 1820 sa restauration et elle fut Ă  nouveau consacrĂ©e en . Lorsque Saint-Rivoal, jusque-lĂ  simple trĂšve de Brasparts, fut Ă©rigĂ©e en paroisse en 1836, le mont et la chapelle se retrouvĂšrent inclus dans le territoire de la nouvelle paroisse (devenue par la suite commune en 1925), mais il fut alors spĂ©cifiĂ© que la chapelle continuerait Ă  ĂȘtre desservie par le clergĂ© de Brasparts, ce qui explique que le mont a continuĂ© Ă  ĂȘtre dĂ©nommĂ© « de Brasparts » alors qu'il est pourtant sur le territoire de Saint-Rivoal. Jean-François Brousmiche en 1830 Ă©voque « l'Ă©difice religieux longtemps abandonnĂ© et que l'on a depuis peu reconstruit[11] ». À partir de 1835, des pierres furent amoncelĂ©es autour de la chapelle pour la protĂ©ger du vent ; elles Ă©taient encore en place en 1903. Une petite maison servant d'abri pour les pĂšlerins fut construite Ă  cĂŽtĂ© de la chapelle en 1842[12]. En 1892, sous le rectorat de M. l’abbĂ© Duclos et, depuis, par les soins de M. Bourvon, recteur actuel de Brasparts, l’édifice a subi de nouvelles rĂ©parations[13].

AndrĂ© Mori Ă©crit en 1885 : « On ne voit plus un arbre, pas mĂȘme un arbuste. (...) Sur la lande quelques moutons maigres ; sur la route un chemineau qui marche pieds nus, tenant ses souliers dans une main et de l'autre le petit paquet de ses hardes[14] ».

  • Chapelle Saint-Michel au sommet du Mont Saint-Michel de Brasparts, au second plan, on distingue le lac Saint-Michel.
    Chapelle Saint-Michel au sommet du Mont Saint-Michel de Brasparts, au second plan, on distingue le lac Saint-Michel.
  • Chapelle Saint-Michel.
    Chapelle Saint-Michel.
  • Restes de la croix Ă  l'intĂ©rieur.
    Restes de la croix à l'intérieur.

Les bergers et les moutons

Le sommet et ses environs ont longtemps Ă©tĂ© un espace de pacage pour les moutons pendant la belle saison, les bergers s'abritant Ă  l'occasion dans la chapelle, comme l'illustre cet « acte de palmage » (un contrat entre un propriĂ©taire d'animaux et un berger dans le cadre de la transhumance) oĂč Jan Alain, de Bodenna en Saint-Rivoal, se voit confier des brebis par Christophe Le Menez, du Beniel en Brasparts :

« Le a comparu en personne Jan Alain, demeurant au lieu de Bodenna, trĂšve de Saint-Rivoal, paroisse de Braspartz, lequel connait et confesse avoir en sa possession et tenue, Ă  titre de palmage, suivant usement du pays, de Christophe Le Menez, demeurant au lieu de Beniel en la paroisse de Braspartz (
) le nombre de 18 brebis et moutons estimĂ©s Ă  31 livres tournois, qu'il promet soigner, nourrir et garder en bon pĂšre de famille et se prĂ©senter au dit Menez lorsque requis sera pour ĂȘtre pris ou vendus et les profits partagĂ©s de moitiĂ©, le principal prĂ©alablement tirĂ©, Ă  quoi ledit Alain s'oblige sous obligation, gage et hypothĂšque, exĂ©cution et vente de tous ses biens meubles et immeubles prĂ©sents et futurs, et par serment fait (
) maĂźtre Cozic, notaire royal Ă  Braspartz[15]. »

L'auberge Saint-Michel (Ti Sant-Mikael)

Celle-ci fut construite en 1838 malgrĂ© l'opposition de certains habitants de Saint-Rivoal (du hameau de Roquinarc'h surtout) sur un terrain vendu par la municipalitĂ© de Brasparts par FĂ©lix Caron afin de sĂ©curiser la route de Quimper Ă  Morlaix alors peu sĂ»re en raison du brigandage qui y sĂ©vissait et d'offrir un refuge pour les voyageurs lors des intempĂ©ries et particuliĂšrement l'hiver, alors rude. Jacques Cambry en 1795 Ă©crit : « Sous vos pieds, sont des marais trĂšs-dangereux, oĂč s'Ă©garent dans la nuit les hommes et leurs chevaux ; des voitures et leur Ă©quipage, s'y sont engloutis[5] ». Cette auberge fut la premiĂšre d'une sĂ©rie d'auberges crĂ©Ă©es pendant le reste du XIXe siĂšcle le long de cet itinĂ©raire et qui Ă©taient presque toutes tenues par des membres de la famille Duigou. Cette auberge est dĂ©sormais dĂ©saffectĂ©e.

Au XXe siĂšcle

Un témoignage de 1902 indique : « Saint-Michel est particuliÚrement invoqué pour obtenir du beau temps pendant la récolte ; on le prie aussi pour les malades ; on voit assez souvent les pÚlerins faire le tour de la chapelle à l'intérieur, nu-pieds[12] ». Saint Michel était aussi invoqué pour les enfants et les infirmes : des béquilles en guise d'ex-votos étaient accrochées sur les murs ; il était aussi prié pour obtenir du beau temps lors des récoltes.

SystÚme allemand de radionavigation Bernarht analogue à celui qui était installé au sommet du mont Saint-Michel de Brasparts.

DĂšs le dĂ©but, deux pardons sont organisĂ©s dans l'annĂ©e : le premier Ă  la « Saint Michel en septembre », le second le jour de « Saint Michel du mois de may », c'est-Ă -dire le et le . DĂšs 1915, et pendant toute la durĂ©e de la PremiĂšre Guerre mondiale, des pĂšlerinages supplĂ©mentaires furent organisĂ©s pour invoquer l'archange saint Michel, les pĂšlerins priant pour le retour de la paix et des soldats. Voici des extraits du rĂ©cit d'un pardon organisĂ© en : « La procession partit de Brasparts Ă  8 h 30 (
). En route le pieux cortĂšge alla toujours grossissant. Vers 10 h on arrivait au pied de la montagne. Pendant le trajet on rĂ©cita le rosaire, on chanta les litanies des saints et le cantique Ă  Saint Michel : « Euz ho trĂŽn saret huet, var lein Menez Are
 » (« De votre trĂŽne Ă©levĂ© sur le faĂźte des Monts d’ArrĂ©e, veillez sur nous, ĂŽ saint Michel, veillez sur nous Ă  chaque instant »). À 10 h 30, la procession de Brasparts arrivait Ă  la chapelle oĂč se trouvaient dĂ©jĂ  de nombreux pĂšlerins venus avec leurs pasteurs, de toutes les paroisses des environs : de Saint-Rivoal et de Saint-Cadou, de LannĂ©dern, de Botmeur, de Brennilis, de La FeuillĂ©e, de Commana, de Saint-Sauveur, etc.[13] ». Repas, cafĂ© en plein air et colporteurs attendaient les pĂšlerins aprĂšs les cĂ©rĂ©monies. Plusieurs cartes postales de François Joncour illustrent ces pardons et plerinages[16]. En 1919, la construction de la route d'accĂšs au mont facilite les dĂ©placements des pĂšlerins, puis des touristes. Elle fut goudronnĂ©e par les Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale pour des raisons stratĂ©giques.

En 1920, Camille Vallaux écrit un article « Plaidoyer pour la "chapelle des bergers" », qui présente tout l'historique de la chapelle et des bergers dont les troupeaux ont longtemps fréquenté les environs[17].

Un monument du souvenir faillit ĂȘtre construit sur le sommet aprĂšs la PremiĂšre Guerre mondiale, le projet architectural Ă©tant trĂšs avancĂ©, les plans Ă©tant rĂ©alisĂ©s en par Charles Chaussepied, mais le sommet du mont Ă©tant un site classĂ© depuis 1910, on y renonça finalement et le projet fut repris Ă  Sainte-Anne-d'Auray. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Allemands installĂšrent un systĂšme de guidage de radionavigation pour leurs bombardiers au sommet du mont. Ils se servirent des pierres de l'abri des pĂšlerins et du muret construits au XIXe siĂšcle pour la construction du socle du systĂšme de radionavigation, ce qui explique que ces constructions ont disparu. L'Ă©metteur Ă©tait une immense antenne de 25 Ă— 25 m en acier. Les vestiges de la raie circulaire du systĂšme Bernhart 724/ 725 qui pesait 120 tonnes pour 28 mĂštres de haut et 35 mĂštres de large sont encore visibles ; le systĂšme Ă©tait montĂ© sur un rail circulaire en bĂ©ton de 22 mĂštres de diamĂštre, nom de code B8, et Ă©tait couplĂ© Ă  des tĂ©lĂ©scripteurs se trouvant Ă  bord des avions de la Luftwaffe[18]. Les restes de ce systĂšme de guidage sont bien visibles Ă  cĂŽtĂ© de la chapelle, un bunker carrĂ© s'aperçoit encore sur la droite de la chapelle, un peu plus en haut, et un deuxiĂšme bunker est sur la gauche de la raie[19].

XXIe siĂšcle

Incendie du 18 juillet 2022 vu depuis les berges du lac du Drennec.

De nos jours encore, des cĂ©rĂ©monies druidiques sont parfois organisĂ©es Ă  son sommet . Sur les cinquante druides de Bretagne, un certain nombre habitent les monts d’ArrĂ©e. « Cette terre attire. Depuis trĂšs longtemps. Le mont Saint-Michel est l’ancien mont Kronan, du nom du dieu de la vie des cycles cĂ©lĂ©brĂ© par les populations locales prĂ©chrĂ©tiennes[20] », dĂ©clare un druide.

Incendies de l'été 2022

Le mont Saint-Michel de Brasparts aprÚs l'incendie de l'été 2022.

La canicule de juillet 2022 entraĂźne des tempĂ©ratures allant jusqu'Ă  40 °C dans le Nord FinistĂšre[21]. CouplĂ©e Ă  la sĂ©cheresse, cette situation exceptionnelle engendre un premier incendie dans l'aprĂšs-midi du 18 au niveau de la ferme des artisans puis un deuxiĂšme, dans la soirĂ©e Ă  Brennilis[22] - [23] - [24] avant d'ĂȘtre circonscrits le 20[25] et maĂźtrisĂ©s le 21[26]. Au premier jour, ce premier incendie menace la chapelle mais, le lendemain, elle est considĂ©rĂ©e comme sauvĂ©e des flammes[27]. Les deux incendies s'Ă©tant rejoints, une surface de 1 725 hectares est dĂ©truite, soit l’équivalent de la ville de Lorient[28]. Cet embrasement donne lieu Ă  l'Ă©vacuation d'environ 500 personnes dans les communes environnantes[29]. L'incendie, plus important que celui qui avait dĂ©jĂ  sĂ©vi entre Botmeur et Commana en 2010, est considĂ©rĂ© comme l'un des plus importants en Bretagne depuis plusieurs dĂ©cennies[30]. La lutte contre cet incendie majeur mobilise jusqu'Ă  278 pompiers et 60 vĂ©hicules, dont trois sont dĂ©truits par les flammes[31] - [32], ainsi qu'une quinzaine d'agriculteurs venus des environs pour prĂȘter main-forte en arrosant les champs[33] et les cendres encore chaudes en bord de route[34]. Deux enquĂȘtes sont ouvertes pour dĂ©terminer les responsabilitĂ©s avec une attention particuliĂšre pour le dĂ©part de feu Ă  Brennilis qui semble ĂȘtre d'origine criminelle[24]. En raison de nombreuses reprises lors des semaines suivantes, dont certaines ont dĂ©truit plusieurs centaines d'hectares[35], la surface totale dĂ©truite par les flammes se monte Ă  2 858 hectares au 14 aoĂ»t[36]. La surface brĂ»lĂ©e est revue Ă  la baisse le 19 aoĂ»t pour se porter Ă  2 208 hectares[37].

Un plan de restauration des monts d'ArrĂ©e, qui concerne notamment le mont Saint-Michel de Brasparts, a Ă©tĂ© lancĂ© par le dĂ©partement du FinistĂšre aprĂšs les incendies de l'Ă©tĂ© 2022[38]. L’homme d’affaires breton François Pinault finance la restauration de la chapelle (dont l'Ă©tat, dĂ©gradĂ© depuis des annĂ©es, inquiĂ©tait) et du mont (70 ha d'espaces naturels sensibles), via une convention avec le conseil dĂ©partemental du FinistĂšre, Ă  hauteur de 550 000 euros[39] - [40].

ActivitĂ©s sportives et fĂȘtes

Outre les sentiers de randonnĂ©e, une route depuis la D785 permet aux personnes Ă  mobilitĂ© rĂ©duite d'accĂ©der au sommet. À partir du parking, des escaliers mĂšnent ensuite directement Ă  la chapelle.

Les Foulées du mont Saint-Michel de Brasparts sont organisées chaque année depuis 1985. La 25e édition a eu lieu en , organisée par l'association « Les Marsupilamis[41] ».

La Trans'Monts d'Arrée réunissait chaque année depuis 1990 jusqu'au début de la décennie 2000 jusqu'à 900 participants (vététistes, cavaliers, coureurs, randonneurs, cyclotouristes
). Elle a été relancée en 2009 sous une forme plus simple (la randonnée seule)[42].

Le premier vol libre effectué en Bretagne l'a été au mont Saint-Michel de Brasparts en 1974[43]. Depuis, parapentes et autres deltaplanes sont fréquents sur les pentes du mont, lorsque la météo est favorable.

Lors de la Transhum'Are, depuis 2004, un troupeau de moutons estive à nouveau sur les flancs de la montagne Saint-Michel. La transhumance, chaque printemps (montée) et chaque automne (descente), attire un public nombreux. Cette reprise d'une pratique séculaire a bien des avantages : la pùture réduit le risque d'incendies dévastateurs, la lande est un aliment digeste pour les moutons moins victimes de parasites, l'herbe rase par endroits permet à de nombreuses plantes de se développer et à une faune plus diversifiée de s'installer comme le retour de circaÚtes observé au cours de l'été 2010.

Le mont sert également chaque année à une arrivée d'étape de la Sportbreizh - Trophée France Bleu Breizh Izel, une course cycliste amateur créée en 2013 par Gurvan Musset et Sportbreizh[44].

Culture populaire

LĂ©gendes

La lĂ©gende de Tadig kozh, connue sous de multiples noms (« Le chien noir de Lenn ar Youdig », etc.) est la plus connue. Une des nombreuses variantes a Ă©tĂ© transcrite par Anatole Le Braz dans La lĂ©gende de la mort[10]. C'est la description de la maniĂšre dont les Ăąmes des trĂ©passĂ©s ayant eu une mauvaise vie revenaient hanter leur ancienne maison ; pour que cela cesse, il fallait faire un exorcisme (une « conjuration ») et faire passer l'Ăąme du fantĂŽme dans le corps d'un chien noir. DĂšs cet instant commençait pour le prĂȘtre du village du dĂ©cĂ©dĂ© un long chemin de presbytĂšre en presbytĂšre, depuis BĂ©gard dans la variante dĂ©crite par Anatole Le Braz, pour aboutir chez Tadig kozh, le vieux recteur de Saint-Rivoal ; au coucher du soleil, les deux prĂȘtres, nu-pieds, devaient entrer dans l'eau du marais du Yeun Elez jusqu'Ă  mi-jambes et lancer le chien noir dans les profondeurs du Youdig.

Le Veneur infernal[45], rĂ©cit collectĂ© au XIXe siĂšcle par Ernest Du Laurens de la Barre, parle du « sire de Botmeur » et donne une explication lĂ©gendaire de la crĂ©ation de la chapelle du sommet du mont Saint-Michel de Brasparts et de la cuvette du Yeun Elez.

Parmi les légendes figure encore La Femme du Trépas (transcrit par François-Marie Luzel)[46].

Chanson

Les paroles de la chanson Tuchenn Mikael de Youenn Gwernig parlent du mont.

La chanson La Montagne de Brasparzh de Gilles Servat raconte une romance sur les hauteurs du mont.

Notes et références

  1. « Carte IGN classique » sur Géoportail.
  2. Albert Deshayes, Dictionnaire topographique du FinistÚre, Spézet, Coop breizh, (ISBN 2-84346-010-7 et 978-2-84346-010-4, OCLC 52518402), p. 30.
  3. Gwenc’hlan Le ScouĂ«zec et Jean-Robert Masson, Brasparts et les monts d'Arrez, coll. « Voyages ».
  4. S. Durand, H. Lardeux, Bretagne, Masson, , p. 74.
  5. Jacques Cambry, Voyage dans le FinistÚre ou état de ce département en 1794 et 1795, t. 1, Paris, librairie du Cercle social, (lire en ligne), p. 235-242.
  6. VĂ©ronique Tilbeurgh, « La construction d'un paysage remarquable et d'un milieu naturel : la crĂȘte des Monts d'ArrĂ©e, autour du Mont Saint-Michel de Brasparts et du Yeun Elez » (colloque international Brest 12-13-14 mars 1998 CRBC Institut de gĂ©oarchitecture), La fabrication du paysage, Brest, Centre de recherche bretonne et celtique,‎ , p. 313-324.
  7. Françoise Gestin, « Une chapelle en l'honneur de Monsieur Saint Michel de la Motte Cronon, dans “Autour du Yeun Elez” », Mouezh ar Menez, Association des Amis et usagers de l'Ă©comusĂ©e des Monts d'ArrĂ©e, parc naturel rĂ©gional d'Armorique, no 7,‎ .
  8. Comptes de la fabrique Saint Michel archange 1672-1705, archives départementales du FinistÚre (série 27 G 39 à 41).
  9. Camille Vallaux, « La nature et l'homme en montagne d'ArrĂ©e. Brasparts et Saint-Rivoal », Bulletin de la sociĂ©tĂ© archĂ©ologique du FinistĂšre,‎ (lire en ligne).
  10. Anatole Le Braz, La Légende de la mort en Basse-Bretagne, réédition Coop Breizh, Jeanne Laffitte, (1re éd. 1893).
  11. Jean-François Brousmiche, Voyage dans le FinistÚre en 1829, 1830 et 1831, éditions Morvran, .
  12. Chanoines Jean-Marie Abgrall et Paul Peyron, « Notices sur les paroisses de Brasparts », Bulletin de la commission diocésaine d'histoire et d'archéologie, Quimper, 3e année, 1903, p. 364-374, 4e année, 1904, p. 33-64.
  13. Le Courrier du FinistĂšre, no 1948, .
  14. Journal des débats politiques et littéraires, .
  15. Acte relevé par Françoise Gestin et cité dans la revue Leur ar C'honeg, no 4, 1993.
  16. Michel Penven, Glaoda Millour, « François Joncour, son parcours en centre FinistÚre », association Sur les traces de François Joncour, Mairie de Brasparts, 1997.
  17. Camille Vallaux, « Plaidoyer pour la "chapelle des bergers" », Bulletin de la Société archéologique du FinistÚre, 1920 [lire en ligne].
  18. A. Chazette, Atlantikwall, mythe ou réalité, éditions Histoire et Fortifications, (ISBN 9782915767100).
  19. L'aviation en Bretagne - 1939-1945.
  20. Cinq minutes d’ArrĂ©e
, l’Hebdomadaire du FinistĂšre.
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