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Zone calme

En Europe (au sens de la directive européenne sur la gestion du bruit), une zone calme (quiet areas pour les anglophones) est dans l'environnement (naturel, semi-naturel ou urbain), ou dans une carte d'exposition au bruit, une zone où en temps normal (c'est-à-dire quelles que soient la saison, l'heure de la nuit ou de la journée, ou la direction du vent, l'humidité de l'air…), le calme règne ou ne devrait être protégé d'une augmentation du niveau sonore (en ville par exemple).

Pour l'évaluation du calme, le bruit doit donc être mesuré ou estimé le matin, le jour et la nuit (car la nuit le bruit est moins supportable) et aux différentes saisons, avec des critères quantitatifs et qualitatifs[1].

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La cartographie des zones de calme a pris un important retard dans certains pays (dont en France).

Définitions réglementaires

La directive européenne (2002/49/CE) sur l'évaluation et la gestion du bruit dans l'environnement vise - notamment grâce aux cartes de bruit stratégiques - à évaluer de façon harmonisée l'exposition au bruit dans les 25 États-membres, pour mieux contribuer à prévenir et corriger (réduire) les effets du bruit. Les États membres doivent restaurer et préserver un réseau de zones calmes, d'intérêt notamment aménitaire (bien-être, facteur de santé mentale, qualité de vie…).
Cette directive 2002/49/CE, différentie :

  • « zone calme d’une agglomĂ©ration » (« une zone dĂ©limitĂ©e par l’autoritĂ© compĂ©tente qui, par exemple, n’est pas exposĂ©e Ă  une valeur de Lden ou d’un autre indicateur de bruit appropriĂ©, supĂ©rieure Ă  une certaine valeur dĂ©terminĂ©e par l'État-membre, quelle que soit la source de bruit considĂ©rĂ©e »)
  • « zone calme en rase campagne » (« une zone dĂ©limitĂ©e par l'autoritĂ© compĂ©tente, qui n’est pas exposĂ©e au bruit de la circulation, au bruit industriel ou au bruit rĂ©sultant d'activitĂ© de dĂ©tente »).

Recommandations

  • Dans le monde, l'OMS et divers pays (Pays-Bas, Italie, Finlande… ont Ă©mis des recommandations sanitaires ou des règlementations avec des seuils variant de 40 Ă  50 dB pour les zones respectant un calme jugĂ© suffisant pour la santĂ©[2].
  • En France, il existe depuis 2008 un Guide national pour la dĂ©finition et la crĂ©ation des zones calmes[3] qui est une « Synthèse du rĂ©fĂ©rentiel national ».

Enjeux sociaux-Ă©conomiques

Le calme est une des aménités (et un facteur d'attractivité et de hausse des loyers et du foncier) fortement souhaitées par les habitants.

  • Amsterdam a interrogĂ© le ressenti de ses habitants par une enquĂŞte qui a permis d'identifier 150 zones calmes jugĂ©es importantes pour et par la population elle-mĂŞme.
  • Avec l'idĂ©e de rĂ©duire les inĂ©galitĂ©s environnementales La ville de Bruxelles et la rĂ©gion Bruxelles-Capitale ont utilisĂ© comme critère la protection ou restauration d'une zone de calme Ă  moins de 10 minutes de marche de chaque habitant, ce qui a permis de visualiser les carences qui seront Ă©tudiĂ©es en concertation avec la population[4].
  • Le Royaume-Uni a crĂ©Ă© un dispositif participatif (participatory appraisal) impliquant environ 3 000 personnes pour affiner ses critères de dĂ©finition des zones calmes[5].

Enjeux Ă©cologiques

Fréquemment, les zones de calme indiquées sur les cartes de bruit sont épargnées par les transports, l'industrie lourde, l'urbanisation dense, et par les pollutions associées, ce qui en fait des zones potentiellement intéressantes pour les noyaux des réseaux écologiques, leurs zones tampons ou les corridors biologiques (Trame verte et bleue en France). Néanmoins ce n'est pas jours le cas, à titre d'exemple :

Les zones de calme existantes sont ainsi aussi des indices de qualité de l'environnement (dont pour l'intégrité écopaysagère) et de santé environnementale.
Elles sont nécessaires à la survie des espèces sensibles au dérangement, dont certaines sont des espèces protégées ; la cigogne noire abandonne facilement son nid en forêt si elle est dérangées.

La mise en réseau de zones de calme si elles se superposent à des zones d'intérêt écologique peut aussi être utilisé en écologie du paysage comme moyen de réduire la « pollution sonore » en tant que facteur de fragmentation écopaysagère).

Enjeux paysagers

Le calme devient un des éléments de la qualité paysagère et écopaysagère [6].

Cartographie

La cartographie stratégique du bruit telle que définie par l'Europe, doit comprendre une représentation des zones de calme, sur la carte présentant les niveaux de bruit (via l'indicateur de bruit Lden), et des éléments permettant d'élaborer des plans d'action (y compris pour restaurer ou préserver des zones calmes).
Selon la recherche en acoustique, le seuil max. devrait ĂŞtre de 50 dB Lden voire 40 dB Lden[7].

La notion de calme étant pour partie subjective, ce travail implique théoriquement la coopération d'acousticiens, cartographes, ingénieurs en santé-environnement, urbanistes, spécialistes de la métrologie (mesure du bruit), de l'isolation phonique, modélisateurs et informaticiens, mais aussi de pédagogues et d'évaluateur… Par exemple la perception de la qualité sonore de l'environnement à nombre de décibel égal peut être modifiée selon la nature du bruit (plus ou moins grave ou aigu, plus ou moins naturel ou vécu comme "agréable", mais aussi selon les capacités réflectrices ou au contraire absorbante des matériaux qui constituent l'environnement (écho, réverbération, brouhaha, etc.). Certains pays, dont la France sont très en retard dans leur application de la directive.

Codes cartographiques

Habituellement, des codes de couleurs représentent au moins cinq gammes de dBA (séparés par des Isolignes). Habituellement, le rouge désigne les zones statistiquement les exposées aux fortes nuisances sonores et le vert les zones plus « calmes. »

En France

Dans ce pays oĂą selon le Grenelle de l'environnement, 27 millions de personnes sont concernĂ©s par la Directive Bruit, dans 58 agglomĂ©rations (de plus de 100 000 habitants), dont 24 de plus de 250 000 habitants, le lĂ©gislateur[8]. Le dĂ©cret[9] - [10] du modifiant le code de l’environnement et le code de l’urbanisme n'ayant pas imposĂ© de mĂ©thode d'identification des zones de calme, chaque commune peut et doit choisir ses mĂ©thodes et moyens, sous le contrĂ´le des prĂ©fets[11]")…

De plus, la loi définit en effet les zones calmes de manière assez floue comme :

« espaces extérieurs remarquables par leur faible exposition au bruit, dans lesquels l'autorité qui établit le plan souhaite maîtriser l'évolution de cette exposition compte tenu des activités humaines pratiquées ou prévues »

Une zone devrait implicitement selon la directive ĂŞtre classĂ©e en zone de calmes si exposĂ©e Ă  moins de 55 dB Lden (et 50 dB Lnight, de nuit),

  • mais on sait que sur le terrain, le niveau de dĂ©cibels ne suffit pas Ă  dĂ©finir le calme (qui diffère du silence). Par exemple, le CETE (Centre d'Ă©tudes techniques de l'Ă©quipement) de Strasbourg a montrĂ© que si Ă  Paris le parvis de la DĂ©fense n'Ă©tait pas exposĂ© Ă  un bruit ambiant important, sa forte frĂ©quentation le rend difficile Ă  considĂ©rer comme « calme » par les parisiens ou touristes, alors qu'un jardin public exposĂ© Ă  un niveau sonore lĂ©gèrement plus important (dĂ» Ă  une cascade d'eau, au bruit d'animaux…) pourrait Ă©ventuellement ĂŞtre considĂ©rĂ© comme plus « calme Â» par nombre de ses usagers. La naturalitĂ© du bruit ou son caractère artificiel seraient des facteurs Ă  idĂ©alement prendre en compte, mais qui sont Ă©galement pour partie subjectifs.
  • Le lĂ©gislateur n'a pas stipulĂ© que les zones calmes devaient explicitement ĂŞtre matĂ©rialisĂ©e sur les cartes du bruit[12].
  • Un Ă©tat des lieux de l'application de la directive a Ă©tĂ© esquissĂ© Ă  l'occasion d'un colloque le , par la ville de Paris, le Centre d’information et de documentation sur le bruit (CIDB) et Bruitparif. Il montre qu'un retard important a Ă©tĂ© pris dans la cartographie des zones de calme, semble-t-il notamment en raison de la difficultĂ© Ă  en faire une dĂ©finition consensuelle, sachant qu'elles gĂ©nèrent de nouveaux enjeux sur le plan de la constructibilitĂ©, de l'urbanisme, etc.

Retards dans la cartographie

Les cartes de bruit stratĂ©giques, obligatoires, auraient du toutes ĂŞtre publiĂ©es avant la fin de 2007 pour les agglomĂ©rations europĂ©ennes de plus de 250 000 habitants et mises Ă  disposition du public avant cette date, pour ensuite ĂŞtre actualisĂ©e tous les cinq ans, afin de ;

  • Produire ou amĂ©liorer de plans de prĂ©vention ;
  • Produire ou amĂ©liorer de plans de rĂ©duction du bruit ambiant ;
  • PrĂ©server un rĂ©seau de zones de calme.

Recherche (en France)

Le Conseil national du bruit existe[13] peut se faire aider par le PREDIT (programme national de recherche et d'innovation dans les transports terrestres, pour encadrer les « Plans de prĂ©vention du bruit dans l'environnement » (PPBE).

Exemple

Carte de bruit multi-exposition Lden de Chalifert
Carte de bruit multi-exposition Ln de Chalifert

Le village de Chalifert, en agglomération parisienne a, avec le conseil général de Seine-et-Marne élaboré ses cartes de bruit[14].

À titre d'exemple, la carte multi-expositions (ci-contre) montre que si l’environnement sonore de la commune de Chalifert est modérément affecté par le bruit (malgré la voie ferroviaire au nord de la commune, il n'y existe cependant plus de « zone calme » étendue (sur le plan des niveaux sonores, selon le critère LDEN < 50 dBA. Mais quelques taches de calme apparaissent à proximité du bourg, susceptibles de faire l’objet d’actions de préservation du calme dans le cadre du PPBE, en lien avec la nature de l’occupation des sols et d'éventuels projets de protection ou valorisation de la nature.

Voir aussi

Articles connexes

France

  1. Cartes du rĂ©seau ferroviaire (Excel-44 ko)
  2. Cartes des agglomĂ©rations (Excel-128 ko)
  3. Cartes des aĂ©roports (Excel-28 ko)
  4. Cartes des axes routiers (Excel-104 ko)

Bibliographie

  • Guillaume Faburel et Nathalie Gourlot ; Guide national pour la dĂ©finition et la crĂ©ation des zones calmes Guide national pour la dĂ©finition et la crĂ©ation des zones calmes (= « Synthèse du rĂ©fĂ©rentiel national ») ; Recherche sur l’espace, les transports, l’environnement et les institutions locales (CRETEIL) de l’Institut d’urbanisme de Paris - UniversitĂ© Paris-XII ;
  • Comment rĂ©aliser les cartes de bruit stratĂ©giques en agglomĂ©ration ? (cartes imposĂ©es par la directive europĂ©enne 2002/49/CE pour les villes de plus de 100 000 habitants) ; Guide notamment destinĂ© aux communes et Ă©tablissements publics de coopĂ©ration intercommunale (EPCI), rĂ©alisĂ© et Ă©ditĂ© par le CERTU, 120 pages, 2007/01/01.
  • Philippe Malingrey, Lutte contre les nuisances sonores ; Introduction au droit de l'environnement (2007)[15].
  • Botteldooren Dick, De Coensel Bert, 2006, Quality assessment of quiet areas: a multi-criteria approach, Contribution Ă  Euronoise 2006 (Tampere, Finlande), universitĂ© de Gand, Belgique, 6 p.
  • Cordeau Erwan, Gourlot Nathalie, 2006, Zones de calme et amĂ©nagement. Étude exploratoire sur la notion de « zone de calme ». Les enseignements pour l’Île-de-France, dĂ©cembre, Institut d’amĂ©nagement et d’urbanisme de la rĂ©gion ĂŽle-de-France (IAURIF), 163 p.
  • Karvinen PaĂŻvi A., Savola Anne, 2004, Oases of quietness in the Satakunta region. A pilot study of low-noise areas in Satakunta region, Contribution au Joint Baltic-Nordic Acoustics Meeting 2004, 8-,
  • Mariehamn, Aland et LĂ©obon Alain, 1986, Analyse psycho-acoustique du paysage sonore urbain ; Thèse de doctorat en sciences de l'information et de la communication sous la direction d’Abraham Moles, universitĂ© Louis-Pasteur, Strasbourg.
  • MacFarlane (dir.), Haggett Claire, Fuller Duncan, Dunsford Helen, Carlisle Bruce, 2004, 'Tranquillity mapping: developping a robust methodology for planning support. Report to the Campaign to Protect Rural England, Countryside Agency, North East Assembly, Northumberland Strategic Partnership, Northumberland National Park Authority and Durham County Council, Centre for Environmental & Spatial Analysis, Northumbria University, 190 p.
  • Rendel Simon (ASH Consulting), 2005, Chilterns Tranquillity Study. Report on the Participatory Appraisal Consultations in the Chilterns Area of Outstanding Natural Beauty, Campaign to Protect Rural England, The Countryside Agency, Royaume-Uni, juillet, 37 p.
  • TRL Limited, 2006, Research into quiet areas. Recommendations for identification, Department for Environment Food and Rural Affairs (DEFRA), septembre, Londres, 38p.
  • Waugh D. (dir.), Durucan S., Korre A., Hetherington O., O’Reilly B., 2003, Environmental Quality Objectives. Noise in Quiet Areas. Synthesis Report 2000-MS-14-M1, rĂ©alisĂ© pour the Environmental Protection Agency (EPA) par SWS Environmental Services, SWS Group dans le cadre du programme Environmental RTDI 2000-2006, report 17, 25 p.

Notes et références

  1. Powerpoint de Nathalie Gourlot ; Avancées pour un guide national sur les zones calmes Centre de recherche sur l’espace, les transports, l’environnement et les institutions locales (CRETEIL, université Paris-XII) ; 5e Assises nationales de la Qualité de l’Environnement Sonore
  2. Guillaume Faburel, Nathlie Gourlot Vers l'élaboration d'un guide méthodologique sur les zones calmes (État de l'art et retour d'expériences Zones calmes), 2007
  3. Guide national pour la définition et la création des zones calmes
  4. Article d'Actu-environnement (consulté 2010/02/16)
  5. MacFarlane (dir.), Haggett C., Fuller D., Dunsford H., Carlisle B., 2004, Tranquillity mapping : a robust methodology for planning support. Report to the Campaign to Protect Rural England, Countryside Agency, North East Assembly, Northumberland Strategic Partnership, Northumberland National Park Authority and Durham County Council, Centre for Environmental & Spatial Analysis, Northumbria University, 190 p.
  6. Théodora Manola, Nathalie Gourlot Des nouvelles acceptions du paysage pour questionner les référentiels de l’action urbaine. Le cas des zones calmes (Communication dans le cadre des premières Journées du Pôle Ville de l’Université Paris Est – Ville, Transport et Territoire, Quoi de neuf ?), consulté 2010/02/16
  7. Rapport du Symonds group (juillet 2003) ; Definition, identification and preservation of urban and rural quiet areas. Final report, East Grinstead, Grande-Bretagne, 50p, rapport commandé par la Commission européenne
  8. Article L572-6 du Code de l'environnement transposant la directive en droit français
  9. DĂ©cret no 2006-361 du 24 mars 2006[PDF] ; 463,6 ko)
  10. page de la préfecture de l'Ain, consacrée au Bruit
  11. Voir §3.3 du guide national cité en bibliographie
  12. Arrêté du 16 septembre 2003
  13. [PDF]Périmètre d'étude pour l'élaboration des cartes stratégiques du bruit en Seine-et-Marne
  14. lutte-contre-nuisances-sonores
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