Accueil🇫🇷Chercher

Cartographie du bruit

Une carte de bruit (ou carte d'exposition au bruit) est une carte (2D ou 3D) représentant, généralement par des codes de couleur, l'exposition (moyenne) au bruit ambiant.

Cartographie du bruit autour de l'AĂ©roport de Francfort.

Les cartes de bruit peuvent ĂŞtre :

  • mono-exposition : ex : cartographie du bruit des voies ferrĂ©es ;
  • multi-expositions : ex: carte gĂ©nĂ©rale de synthèse ou carte d'exposition au bruit routier et au bruit aĂ©rien… ;
  • associĂ©e Ă  un segment temporaire (matin, journĂ©e, nuit…) ;
  • faite avant ou après un projet particulier, ou Ă  l'Ă©chelle d'un quartier, d'une ville, d'une conurbation ;
  • rĂ©alisĂ©e sur la base d'un modèle et/ou de campagnes de mesures de terrain.

Pourquoi cartographier le bruit

Les zones différentiellement touchées par le bruit des avions sont parmi les plus difficiles à cartographier en raison de la complexité des interrelations entre le trafic aérien, la météo et la rugosité du sol et des constructions
Ă©cran anti-bruit, de terre (Ă  Prague)

Le bruit subi est une source de stress et de dégradation de la santé. Il est en zone urbaine ou industrielle une des premières sources de plaintes des habitants.
Pour lutter contre cette nuisance, il faut connaître :

  • les sources (mobiles ou fixes) ;
  • l'intensitĂ© et la nature du bruit, et ;
  • l'exposition (qui, quand, oĂą et comment y est exposĂ© ?).

Pour élaborer des stratégies plus efficaces, divers systèmes et modèles de cartographies du bruit sont apparus.
Dès la fin des années 1990, et de plus en plus souvent, ce sont d'abord les grandes conurbations, puis les constructeurs de grandes infrastructures qui ont cartographié le bruit pour :

  • mieux le maitriser afin d'amĂ©liorer la qualitĂ© de vie, voire la sĂ©curitĂ© et la santĂ© ;
  • pour communiquer sur des bases communes et spatialisĂ©es avec les habitants et les acteurs sources de bruit ;
  • parfois aussi pour des raisons Ă©cologiques, afin de limiter le dĂ©rangement pour la faune. C'est un des Ă©lĂ©ments Ă  prendre en compte dans la cartographie des corridors biologiques ;
  • pour les Études d'environnement d'un projet routier prĂ©alables aux Ă©tudes d'impact et enquĂŞtes publiques ;
  • pour des observatoires de l'environnement (observatoire du bruit, observatoire des impacts de ces infrastructures… quand ils existent) ;
  • pour dimensionner et bien positionner les Ă©crans acoustiques

La cartographie stratégique du bruit

Telle que définie par l'Europe, elle doit comprendre :

  • une reprĂ©sentation des niveaux de bruit,
  • un outil de dĂ©nombrement de la population exposĂ©e, et de quantification des nuisances
  • les Ă©lĂ©ments permettant d'Ă©laborer des plans d'action (y compris pour restaurer ou prĂ©server des zones calmes).

Le bruit étant souvent géographiquement associé aux transports et à l'industrie lourde, les cartes de bruit sont aussi une source d'indices de pollution ou de problèmes en matière de santé environnementale.

Pluridisciplinarité

Ce travail nécessite la coopération d'acousticiens, cartographes, ingénieurs en santé-environnement, urbanistes, spécialistes de la métrologie (mesure du bruit), de l'isolation phonique, modélisateurs et informaticiens, mais aussi de pédagogues et d'évaluateurs…

En Europe

Environ 20 % des Européens seraient particulièrement gênés par un bruit ambiant excessif et surtout par le bruit des transports terrestres.

En , l'Union européenne a adopté une directive[1],transposée en droit français[2], offrant un cadre harmonisé et obligatoire pour les 25 États-membres afin qu'ils puissent mieux lutter contre les nuisances sonores induites par les infrastructures de transports terrestres et aérien, ainsi que par certaines industries, au moins dans les grandes agglomérations.

Les cartes de bruit stratégiques, obligatoires, auraient dû toutes être publiées avant fin 2007 et mises mises à disposition du public avant cette date, pour ensuite être actualisées tous les cinq ans, afin de ;

  • Produire ou amĂ©liorer de plans de prĂ©vention ;
  • Produire ou amĂ©liorer de plans de rĂ©duction du bruit ambiant ;
  • PrĂ©server un rĂ©seau de zones de calme.

Chaque agglomĂ©ration europĂ©enne de plus de 250 000 habitants devait disposer de cartes de bruit pour son territoire avant le ; ceci pour l'exposition aux bruits Ă©mis par les infrastructures terrestres (aĂ©roports, voies ferrĂ©es, rĂ©seaux routiers) et les sources industrielles (gĂ©nĂ©ralement des ICPE en France). Les « plans de prĂ©vention de l'exposition au bruit » (PPEB) devaient thĂ©oriquement ĂŞtre finis avant le .
Pour les agglomĂ©rations de plus de 100 000 habitants, l'Ă©chĂ©ance Ă©tait fixĂ©e au pour les cartes et au pour les plans de prĂ©vention (...de mĂŞme pour les autres infrastructures de transport concernĂ©es).
Les communes plus petites ou d'autres types de territoires (parcs naturels ou autres types d'aires protégées) peuvent faire ce travail volontairement.

La directive européenne 2002/49/CE sur l'évaluation et la gestion du bruit dans l'environnement vise, au moyen de cartes de bruit stratégiques à évaluer de façon harmonisée l'exposition au bruit dans les 25 États-membres Ces cartes doivent pouvoir contribuer à prévenir et corriger (réduire) les effets du bruit.

En France

La directive europĂ©enne sur le bruit a Ă©tĂ© transposĂ©e par un dĂ©cret[3] du modifiant le code de l’environnement et le code de l’urbanisme. Un Conseil national du bruit existe[4], ainsi que le bureau d'Ă©tude de l'EAR (Étude sur l'AccousitĂ© RĂ©glementaire), qui peuvent s'appuyer sur des programmes de recherches tels que le PREDIT (programme national de recherche et d'innovation dans les transports terrestres, doit encadrer les "Plans de prĂ©vention du bruit dans l'environnement" (PPBE) Au sein du PREDIT, les 21 sujets de recherche portant sur le bruit ont reprĂ©sentĂ© 3 % des 360 M€ de fonds publics du programme).

Le groupe du Grenelle de l'environnement dĂ©diĂ© au bruit (COMOP[note 1] n°18) a dans son rapport (finalisĂ© par le Centre d'information et de documentation sur le bruit) en , mais publiĂ© en (25/07/2008) estimĂ© qu'il y avait 30 000 points noirs Ă  traiter autour des 10 grands centres aĂ©roportuaires, 120 000 près des routes nationales et dix fois plus pour le rĂ©seau routier.

27 millions d'habitants sont en France concernĂ©s par la Directive Bruit, dans 58 agglomĂ©rations (de plus de 100 000 habitants), dont 24 de plus de 250 000 habitants.

Le COMOP[note 1] Bruit a proposé :

  • des observatoires du bruit des grandes agglomĂ©rations ;
  • des rĂ©seaux de mesures du bruit ;
  • l'information la formation des pouvoirs publics, Ă©lus, professionnels et du public ;
  • dĂ©velopper la recherche en cartographie du bruit, la dĂ©finition d'indicateurs plus pertinents ;
  • Ă©valuer les informations et effets sur les territoires ;

… en complément du travail des comités départementaux de suivi des cartes de bruit et des plans de prévention du bruit dans l'environnement (présidés par le préfet, devant suivre l’élaboration des CBS et des PPBE et "veiller à ce que l’information soit largement diffusée auprès du public[5]").

Les PPBE et doivent s'appuyer sur les cartes d'exposition au bruit pour définir :

  • leurs objectifs de rĂ©duction du bruit (notamment lĂ  oĂą les valeurs limites sont dĂ©passĂ©es) ;
  • leurs mesures prĂ©ventives ou de rĂ©duction du bruit ambiant (Ă  revoir tous les cinq ans) ;
  • les budgets et calendriers de mise en Ĺ“uvre des mesures ;
  • Ă©valuer ex-ante la diminution du nombre de personnes exposĂ©es.

Le travail de cartographie a pris un retard important, avec une mise en ligne de la liste des cartes déjà réalisées et le moyen de les consulter (dont via l'Internet lorsque c'est possible) en (au lieu de 2007).
Mi 2009, une vingtaine de communautés de communes avaient finalisé leurs premières cartes.

  • plus d'un soixantaine de cartes sur le bruit des lignes TGV et "conventionnelles, dont une seule (Aix-les-Bains - MontmĂ©lian via Chambery) Ă©tait en ligne mi 2009" (782 km de ligne, alors que 1 781 km auraient dĂ©jĂ  dĂ» ĂŞtre cartographiĂ©es pour le bruit).
  • hormis pour Le Bourget, les cartes de bruit des grands aĂ©roports Ă©taient finies et consultables sur Internet (AĂ©roports de Bâle-Mulhouse, Bordeaux, Lyon, Marseille, Nice, Paris-Charles-de-Gaulle, Paris-Orly et Toulouse), restent Ă  rĂ©aliser, valider et mettre Ă  jour les Plans d'exposition au bruit au voisinage des aĂ©roports[6], pour environ 250 aĂ©roports[6]
  • pour les routes, 22 dĂ©partements seulement avaient mi-2009 fini et publiĂ© leurs cartes.

Éléments de méthode

Divers indicateurs sont retenus pour la cartographie de bruit

  • Ce sont principalement des niveaux de bruit (moyennes exprimĂ©es en dB, Ă  partir de sĂ©ries longues de donnĂ©es, couvrant au moins les diffĂ©rentes heures de la journĂ©e et de la nuit, mais aussi les 4 saisons d'une annĂ©e). Le bruit est donc mesurĂ© ou estimĂ© le matin, le jour et la nuit (car la nuit le bruit est moins supportable et le niveau sonore du bruit de fond aussi appelĂ© niveau rĂ©siduel diminue).

Les cartes de bruit sont de plus en plus faites à partir de modèles mathématiques et informatiques, à caler sur le terrain par des campagnes de mesures (au moyen de sonomètres). De telles campagnes sont utiles car la nature réfléchissante ou au contraire absorbante de certains matériaux, les effets de turbulence et de l'hygrométrie peuvent être source de différences significative entre l'exposition calculée par un modèle et la réalité.

Une grille de points de calcul est choisie comme base du modèle, puis une exposition pour tous les points du territoire est calculée à partir d'outils d'interpolation, et généralement dessinée par un outil cartographique de type SIG. Ce dernier présente graphiquement, pour un territoire donné, les continuums (estimés) de niveaux de bruit. Des outils plus sophistiqués permettent de produire :

  • des cartes animĂ©es qui peuvent mettre en Ă©vidence les diffĂ©rences horaires ou saisonnières ;
  • des cartes affinĂ©es, plus prĂ©cises ou tenant compte de la hauteur et profondeur des Ă©lĂ©ments du paysage, pour par exemple tenir compte des diffĂ©rences d'exposition des habitants selon l'altitude des Ă©tages qu'ils habitent ;
  • des cartes en faux relief, Ă©ventuellement animĂ©es peuvent mettre en valeur certains Ă©lĂ©ments utiles pour l'aide Ă  la dĂ©cision. par exemple, sur une telle carte animĂ©e, les zones de bruit intense peuvent ĂŞtre figurĂ©es par des montagnes, une autoroute apparaissant alors comme un mur dans le paysage, L'altitude de ce "mur" dĂ©crit l'intensitĂ© du bruit et elle peut varier selon les heures de la journĂ©e. Ce type de carte peut aussi ĂŞtre utilisĂ© en Ă©cologie du paysage pour l'Ă©tude du bruit comme facteur de fragmentation Ă©copaysagère).

Certains modèles utilisés pour les cartes de bruit sont empiriques (ex : INM pour la cartographie de l'exposition au bruit de certains aéroports), mais on utilise plus souvent des modèles fondés sur les théories de la physique de la propagation des sons dans l'espace (définies par ISO 9613). L'utilisation de ces logiciels est devenue facile, mais la précision des résultats dépend beaucoup de la qualité des données entrées dans les modèles. Pour s'assurer de la qualité du rendu, des mesures de terrain doivent être faites d'abord pour caler le modèle, puis pour valider la carte finale. S'il n'y a pas accord avec les prévisions et que ce désaccord ne peut être expliqué par une source anormale ou inhabituelle de bruit, le calcul est à reprendre.
Une des difficultés pour les modélisateurs est le manque de modèles numériques de terrain assez précis. (MNT). Construire un bon modèle acoustique s'avère encore très complexe et requiert des consultants expérimentés. Les modèles et simulations sont nécessaires pour toutes les phases de planification, pour prendre de meilleures décisions alors que les mesures de terrain ne sont pas encore possibles.

Habituellement, des codes de couleurs représentent au moins cinq gammes de dB(A) (séparés par des Isolignes). Habituellement, le rouge désigne les zones statistiquement exposées aux fortes nuisances sonores et le vert les zones les moins exposées

Les cartes et légendes sont conçues pour aider à hiérarchiser les enjeux et les urgences, identifier les « points noirs » et les zones de calmes ou pour une évaluation préalable des plans d'action.

« Les cartes de bruit stratégiques » doivent en Europe permettre d'estimer le nombre de personnes exposées dans chacune des cinq gammes de dB(A). Les niveaux sonores de façade sont calculés ou estimés à partir de ce type de carte.

Exemples

Carte de bruit multi-exposition Lden de Chalifert
Carte de bruit multi-exposition Ln de Chalifert

Les cartes de bruit doivent être élaborées pour les grandes infrastructures et dans les grandes agglomérations. Le village de Chalifert, inclus dans l'agglomération parisienne a, avec le Conseil général de Seine-et-Marne élaboré ses cartes de bruit[7].

Selon la carte multi-expositions (ci-contre) qui présente les données globales, Chalifert est surtout exposée au bruit ferroviaire, le bruit routier étant globalement plus diffus et modéré.
En effet, la totalité de la population est exposée à moins de 65 dB(A) vis-à-vis du bruit routier, pour l’indicateur LDEN (Level Day Evening Night), et à moins de 55 dB(A) pour la période nocturne (indicateur LN). En revanche, 14 % de la population sont potentiellement exposés à des niveaux de bruit « ferroviaire » dépassant 65 dB(A) en LDEN, et 8 % restent exposés à plus de 60 dB(A) en LN. Les données d’exposition de la population au bruit global (cumul des sources) sont très proches de celles du bruit ferroviaire, montrant clairement que la problématique de bruit dans l’environnement sur la commune de Chalifert est essentiellement d’ordre ferroviaire. La population n’est pas exposée aux bruits industriels et aériens, du moins au sens des critères de représentation cartographique pris en considération dans le cadre de l’application de la Directive Européenne.

L'étude conclut que l’environnement sonore de la commune de Chalifert est modérément affecté par le bruit, malgré la présence de bruit ferroviaire dans le nord de la commune. Les secteurs les plus urbanisés sont peu touchées car éloignés des axes majeurs, et aucun dépassement potentiel de valeurs limites moyennes n'est relevé ou présumé par le modèle.

Chalifert n'abrite cependant plus de « zone calme » étendue (en ce qui concerne les niveaux sonores exprimés selon le critère LDEN < 50 dBA). Mais quelques taches de calme apparaissent à proximité du bourg, susceptibles de faire l’objet d’actions de préservation du calme dans le cadre du PPBE, en lien avec la nature de l’occupation des sols et d'éventuels projets de protection ou valorisation de la nature.

Le bureau d’étude a préconisé une concertation avec Réseau ferré de France (RFF) - et si possible avec les communes voisines aussi concernées par le bruit des trains pour évaluer les possibilités de réduire les nuisances sonores, nocturnes notamment.

Logiciels

Liens externes

Articles connexes

France

  1. Cartes du réseau ferroviaire (Excel-44ko)
  2. Cartes des agglomérations (Excel-128ko)
  3. Cartographie du bruit des aéroports
  4. Cartes des axes routiers (Excel-104ko)

Bibliographie

  • Comment rĂ©aliser les cartes de bruit stratĂ©giques en agglomĂ©ration ? (cartes imposĂ©es par la directive europĂ©enne 2002/49/CE pour les villes de plus de 100 000 habitants) ; Guide notamment destinĂ© aux communes et Ă©tablissements publics de coopĂ©ration intercommunale (EPCI), rĂ©alisĂ© et Ă©ditĂ© par le CERTU, 120 pages, 2007/01/01.
  • Philippe Malingrey, Lutte contre les nuisances sonores ; Introduction au droit de l'environnement (2007) [8].

Notes et références

Notes

  1. Comité Opérationnel

Références

  1. La directive européenne 2002/49/CE sur l'évaluation et la gestion du bruit dans l'environnement
  2. Directive transposée en droit français par ordonnance, ratifiée par la loi du 26 octobre 2005, et figure désormais dans le Code de l’Environnement. Le décret d'application no 2006-361 relatif à l'établissement des cartes de bruits et des plans de prévention du bruit dans l'environnement a été publié au journal officiel du 26 mars 2006
  3. [PDF]décret n°2006-361 du 24 mars 2006 ; 463.6 ko)
  4. Arrêté du 16 septembre 2003
  5. page de la préfecture de l'Ain, consacrée au Bruit
  6. [PDF]Plans d'exposition au bruit au voisinage des aéroports (Ministère chargé de l'écologie)
  7. [PDF]Périmètre d'étude pour l'élaboration des cartes stratégiques du bruit en Seine-et-Marne
  8. lutte-contre-nuisances-sonores sur vlex.fr
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.