Zhang Zhan
Zhang Zhan (chinois simplifié : 张展 ; chinois traditionnel : 張展 ; pinyin : )[2]), née le en République populaire de Chine, à Xianyang (province de Shaanxi), est une avocate et lanceuse d'alerte chinoise.
Nom de naissance | Zhang Zhan (张展 en chinois mandarin[1] ) |
---|---|
Naissance |
Xianyang |
Nationalité | Chinoise |
Pays de résidence | Chine |
Profession | |
Autres activités |
Journaliste citoyenne |
Formation |
Compléments
Devenue lauréate de Reporter Sans Frontières pour la Liberté de la presse[3], elle est actuellement incarcérée par le régime communiste pour avoir publié sur le Web des vidéos sur l'épidémie de SARS-CoV-2 à Wuhan dès le début de la pandémie de Covid-19[4] - [5]. Le , elle est condamnée à quatre ans de prison pour « provocation aux troubles » et diffusion de fausses informations sur les réseaux sociaux à la suite de la mise en ligne de plusieurs séries de vidéos prises autour de l'hôpital et de l'Institut de virologie de Wuhan[6]. Elle bénéficie du soutien de l'Union européenne[7].
Parcours
Après un baccalauréat d'économie obtenu à l'Université d'économie et de finance du Sud-Ouest (Chengdu), elle entame des études de Droit. Sa formation de juriste lui permet alors de pratiquer la profession d'avocate[8]. Mais elle est radiée du barreau en raison de sa participation à des activités de protection des droits[9].
Avec l'avènement d'Internet en Chine, Zhang Zhan décide de tenir un blog et de devenir « journaliste citoyenne ». Elle monte sa chaîne Youtube et un ouvre un compte Twitter avant d'être censurée par le gouvernement chinois à cause de son activisme[10].
Lanceuse d'alerte
Zhan Zhang est arrêtée pour avoir rendu compte de plusieurs événements polémiques lors de la première période de quarantaine à Wuhan, berceau du nouveau coronavirus début 2020[11]. Fervente chrétienne, elle déclare a posteriori que « c'était la volonté de Dieu [qu'elle] y aille, afin que le monde entier sache la vérité »[12].
En , elle se rend dans la capitale du Hubei —- alors en proie à l'épidémie de Covid-19 — pour diffuser ses reportages sur les réseaux sociaux, en particulier sur les conditions chaotiques de l'hôpital de Wuhan. Elle écrit des articles critiquant les réponses du gouvernement chinois concernant le confinement strict de millions de personnes[13].
Dans cinq vidéos publiées le , elle filme l'extérieur de l'Institut de virologie de Wuhan, alors entouré de clôtures électriques à haute tension et géré par l'armée, soupçonnant celui-ci d'être à l'origine du coronavirus)[14] - [15].
Pour Radio Free Asia, les vidéos tournées par Zhang Zhan « n’étaient même pas particulièrement percutantes, étant réalisées par une novice »[16].
Mais dans ce cadre, elle fait partie des citoyens chinois qui ont enquêté sur le sujet, ont été censurés et, dans certains cas, ont « disparu »[17].
Elle a également soutenu les manifestations à Hong-Kong[18].
Détention provisoire
Ainsi, Zhang Zhan a recherché des informations sur la mort de Li Wenliang, la disparition de son compatriote journaliste Fang Bin et l'Institut de virologie de Wuhan.
Puis dans une vidéo qu'elle a mise en ligne le , la veille de son arrestation, un policier l’interpelle de manière virulente de la sorte : « Êtes-vous journaliste? Je vous le demande ! … Vous allez devoir assumer la responsabilité de toutes les photos que vous avez prises aujourd'hui! »[19].
Elle est donc arrêtée quelques heures plus tard le . Le média local South China Morning Post a révélé que la famille de Zhang Zhan n'avait appris sa détention que le vendredi . Elle a donc disparu pendant plus d'un mois.
L'ordonnance du tribunal (lue par l'Agence France-Presse) dispose que Zhang est sous les arrêts le pour «provocation aux troubles», une incrimination souvent utilisée en République populaire de Chine à l'égard de ceux qui s'opposent au régime communiste.
Dans un article qu'elle a publié en ligne, Zhang Zhan a pointé à Wuhan « de graves violations des droits de l'homme » concernant la gestion de la pandémie de la Covid-19 et les autorités voudraient l'obliger à admettre sa culpabilité ; ce qu'elle semble refuser[20].
En détention, Zhang Zhan finit par apprendre qu'elle risque cinq ans de prison, et que son procès doit débuter à Shanghai. Elle doit être jugée devant le tribunal populaire du Nouveau District de Pudong, à Shanghai, le expliquera son avocat, Zhang Keke[21].
Incarcérée à Shanghai, Zhang Zhan entamera une grève de la faim dans l'attente de son audience. Elle sera perfusée de force et on lui interdira d'enlever la perfusion en question selon son avocat[22]. Celui-ci aura écrit dans une note diffusée sur les réseaux sociaux mentionnant que l'état de santé de sa cliente est extrêmement mauvais. Elle souffrirait de maux de tête, d'étourdissements et de maux d'estomac et « détenue 24 heures sur 24, elle a besoin d'aide pour aller aux toilettes »[13].
Toujours selon son avocat, elle « pourrait ne pas survivre ».
Par ailleurs, elle aurait été torturée au-cours de sa détention[7].
Procès et détention
Zhang Zhan est jugée le [23] - [24].
Elle est la première personne condamnée par la République populaire de Chine pour avoir diffusé une information indépendante sur la ville qui a été à l'épicentre du nouveau coronavirus[12].
Les demandes au tribunal de libérer Zhang sous caution avant le procès et de retransmettre en direct le procès ont été ignorées, a déclaré son avocat.
À Shanghai, la police a imposé des mesures de sécurité strictes à l’extérieur du tribunal où le procès s’est ouvert sept mois après la détention de Zhang.
Une dizaine de diplomates étrangers et de partisans de cette journaliste citoyenne ont voulu, sans succès, entrer dans le tribunal de Shanghai où se tenait le procès, mais la police les a repoussés ainsi que les journalistes[25].
Les journalistes étrangers se sont vu refuser l'entrée au tribunal «en raison de l'épidémie», ont déclaré des responsables de la sécurité du tribunal.
C'est pour « provocation aux troubles » de Zhan Zhang a été finalement condamnée[26].
Ses courtes vidéos YouTube sont des entretiens avec des résidents, des commentaires et des images d'un crématorium, de gares, des hôpitaux et de l'Institut de virologie de Wuhan. Pour cette raison, le parquet avait demandé une peine de quatre à cinq ans de prison pour « avoir publié à plusieurs reprises un grand nombre de fausses informations » et avoir accepté des entretiens avec des médias étrangers pour exagérer de façon malveillante la situation du coronavirus à Wuhan. Le procès devant le tribunal de Pudong s'est terminé à 12 h 30.
L'autre avocat de Zhang Zhan, Ren Quanniu a déclaré « Nous ferons probablement appel » après avoir dit devant la cour « Mme Zhang pense qu'elle est persécutée pour avoir exercé sa liberté d'expression »[26].
Zhang Zhan qui est apparue à l'audience complètement épuisée et en fauteuil roulant s'est effondrée à l'annonce du verdict[16].
La terminologie de « provocation aux troubles » est fréquemment utilisée contre les opposants au régime du président Xi Jinping[27].
Zhang Zhan fait partie des quatorze reporters encore derrière les barreaux en en Chine[28] - [29].
En grève de la faim depuis sa condamnation à 4 ans de prison en , elle est alimentée de force par sonde nasale selon ses avocats. Très amaigrie, elle «risque de ne plus vivre très longtemps», selon son frère Zhang Ju[30]. Selon France 24 et sa famille, Zhang Zhan est en danger et serait proche de la mort car elle a entamé une grève de la faim[31].
Réactions
Ren Quanniu, avocat de Zhang Zhan, est radié par le ministère de la Justice de la province du Henan car il a défendu en 2018 un membre du Falun Gong. Néanmoins, l'avocat considère que cette radiation est certainement liée à sa défense de Zhang Zhan et de militants pro-démocratie Hongkongais[32].
Le , soit 24 heures après le verdict, l'Union européenne demande solennellement à la Chine la libération immédiate de Zhang Zhan[33].
Notes et références
- (zh), 张展被控“炒作疫情” 检方建议判刑四至五年.
- (zh) 张展被控“炒作疫情” 检方建议判刑四至五年, Deutsche Welle.
- Article sur Thaïlande-fr.com.
- « Chine: une journaliste travaillant sur le Covid-19 torturée pour avoir révélé la vérité : Zhang Zhan », Amnesty International, , no index asa 17/3447/2020.
- « Répression. Pour avoir filmé Wuhan en pleine épidémie, Zhang Zhan risque cinq ans de prison », Courrier international, (lire en ligne).
- Agence France-Presse, « Chine : quatre ans de prison pour la « journaliste citoyenne » qui a couvert la COVID-19 », Ici.Radio-Canada.ca, (lire en ligne).
- « L'UE demande à la Chine la libération «immédiate» de la «journaliste citoyenne» Zhang Zhan », Le Figaro, (lire en ligne).
- AFP, Une juriste sera jugée pour ses reportages à Wuhan, Journal de Montréal, .
- (zh) 要求中共下台 律师张展遭囚禁65天获释, Radio Free Asia, (英语).
- « Une « journaliste citoyenne » chinoise arrêtée pour avoir couvert l’épidémie de Covid-19 à Wuhan », Ouest-France, .
- Nicolas Barreiro, Coronavirus En Chine : une internaute jugée pour ses reportages à Wuhan, RTL, .
- « Zhang Zhan, mémoire de Wuhan seule face au pouvoir », Courrier international, (lire en ligne).
- (en) « Chinese citizen journalist Zhang Zhan to face trial after Wuhan virus reporting as fears grow for her health », Hong Kong Free Press, .
- (en) « Chinese citizen journalist, 37, hailed for 'revealing the truth of coronavirus outbreak' faces up to five years in jail after reporting from Wuhan », Daily Mail, .
- (es) China: Denuncian arresto de periodista ciudadana que informó sobre coronavirus desde Wuhan, El Universo, .
- « Répression. Quatre ans de prison pour Zhang Zhan, la journaliste citoyenne ayant filmé à Wuhan », Courrier international, (lire en ligne).
- (en) Milton Leitenberg, Did the SARS-CoV-2 virus arise from a bat coronavirus research program in a Chinese laboratory? Very possibly, Bulletin of the Atomic Scientists, .
- (en) Ramy Inocencio et Grace Qi, Chinese citizen journalist detained for reporting on Wuhan coronavirus outbreak "may not survive", CBS News, .
- (en) Joseph Brouwer, Citizen Journalist Zhang Zhan Faces Five Years in Prison, China Digital Times, .
- 张展被控“炒作疫情” 检方建议判刑四至五年 , Deutsche Welle, .
- (en) Anoushka DAS, « Chinese Citizen Journalist Zhang Zhan To Face Trial For Reporting On COVID-19 », She The People, .
- Liliane Charrier, « Femmes journalistes en première ligne face à la répression », TV5 Monde, .
- Claude Fouquet, « Chine : 4 ans de prison pour la journaliste citoyenne Zhang Zhan qui avait couvert la pandémie à Wuhan », Les Échos, .
- Brenda Goh, Yew Lun Tian et Reuters, « La Chine condamne à 4 ans de prison une journaliste-citoyenne qui a couvert l'épidémie à Wuhan Par Brenda Goh avec Yew Lun Tian », La Tribune, .
- Chine : 4 ans de prison pour la journaliste citoyenne Zhang Zhan, ayant couvert l'épidémie de Covid à Wuhan, LCI, .
- (en) Brenda Goh, Yew Lun Tian et Clarence Fernandez, RPT-China jails citizen-journalist for four years over Wuhan virus reporting, Reuters, .
- Covid-19 : une Chinoise condamnée à 4 ans de prison après ses reportages à Wuhan, France Info, .
- Linh-Lan Dao, La crise sanitaire a aggravé la répression des journalistes, selon le bilan annuel de Reporters sans frontières, France Info, .
- Cent-dix-sept journalistes en tout selon Dorian Malovic, La Chine détient 117 journalistes dans ses prisons, un triste record mondial, La Croix, .
- « Une journalise condamnée pour sa couverture du Covid proche de la mort », Le Figaro, (lire en ligne).
- « Covid-19 : la lanceuse d'alerte chinoise incarcérée est entre "la vie et la mort" », sur France 24, (consulté le ).
- (en) Austin Ramzy « China Moves to Punish Lawyers Hired to Help Hong Kong Activists » New York Times, .
- AFP, L’UE demande à la Chine la libération de la « journaliste citoyenne » Zhang Zhan, L'Obs, : : « Outre Zhang Zhan, l’UE demande la libération immédiate de l’avocat Yu Wensheng, [...] Elle réclame également celle des avocats Li Yuhan et Gao Zhisheng, des cyberdissidents Huang Qi et Wu Gan, du défenseur des droits Ge Jueping (arrêté en 2016 lors du G20 en Chine), de l’écrivain et militant Qin Yongmin, du militant de la langue tibétaine Tashi Wangchuk, du défenseur des droits de l’homme Liu Feiyue, ainsi que de l’intellectuel ouïghour Ilham Tohti. »
Voir aussi
Articles connexes
- Lanceurs d'alerte en République populaire de Chine
- Autres victimes de disparitions forcées (provisoires ou permanentes) en République populaire de Chine :
- Lu Guang
- Meng Hongwei
- Peng Shuai
- Ren Zhiqiang
- Yue Xin
- Zhao Wei
- Li Wenliang
- Fang Bin, lanceur d'alerte chinois arrêté le , disparu depuis.
- Chen Qiushi, lanceur d'alerte chinois arrêté le , disparu depuis.
- Li Zehua
- Jack Ma
- Huang Yanling
- Institut de virologie de Wuhan