Meng Hongwei
Meng Hongwei (chinois simplifiĂ© : ććźäŒ ; pinyin : ) est un homme politique chinois, membre du Parti communiste chinois jusqu'Ă son exclusion. Vice-ministre de la SĂ©curitĂ© publique de Chine Ă partir du , il est Ă©lu prĂ©sident d'Interpol (organisation internationale de police criminelle) le pour un mandat de quatre ans. Il disparaĂźt vers le , et sa dĂ©mission de cette fonction est annoncĂ©e le Ă la suite de l'annonce de son arrestation en Chine.
Meng Hongwei | |
Meng Hongwei au Web Summit 2017. | |
Fonctions | |
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Président d'Interpol | |
â (1 an, 10 mois et 27 jours) |
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Prédécesseur | Mireille Ballestrazzi |
Successeur | Kim Jong Yang |
Vice-ministre chinois de la Sécurité publique | |
â (14 ans, 5 mois et 27 jours) |
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Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Harbin (Heilongjiang) |
Nationalité | Chinoise |
Parti politique | Parti communiste chinois |
DiplÎmé de | Université de Pékin |
Le , lâex-patron dâInterpol est jugĂ© en Chine pour corruption. Le , il est condamnĂ© Ă 13 ans et six mois de prison.
Biographie
Jeunesse et Ă©tudes
Meng Hongwei, fils dâinstituteurs[1], nĂ© en 1953, est d'ethnie Han et de nationalitĂ© chinoise. Il est originaire de la ville de Harbin, province du Heilongjiang. Il commence Ă travailler en 1972 et rejoint le Parti communiste chinois en 1975. Il est diplĂŽmĂ© du dĂ©partement de droit de l'universitĂ© de PĂ©kin.
CarriĂšre politique en Chine
En 1989, lors des Manifestations de la place Tian'anmen, il est le secrĂ©taire particulier du responsable de la SĂ©curitĂ© de lâĂ©poque. Il dirige la Police armĂ©e du peuple, utilisĂ©e par les autoritĂ©s chinoises pour maintenir son pouvoir[2].
Il devient vice-ministre du ministÚre de la Sécurité publique en 2004[3], nommé par Zhou Yongkang[4]. Il est notamment chargé de neutraliser les dissidents et les opposants au régime[5]. En particulier, il dirige les services anti-terroristes pour éliminer les opposants au régime communiste dans la région du Xinjiang à dominante musulmane[4].
En , Meng Hongwei occupe le poste de secrĂ©taire adjoint du comitĂ© du Parti communiste chinois[6]. En 2014, il prononce un discours Ă des officiers de police, et ordonne de privilĂ©gier « la politique, lâorganisation du parti et lâidĂ©ologie en premier »[7].
Président d'Interpol de 2016 à 2018
Le , lors de la 85e assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale d'Interpol Ă Bali, Meng Hongwei est Ă©lu Ă la tĂȘte de l'Organisation internationale en remplacement de la patronne de la police judiciaire française Mireille Ballestrazzi. Câest le premier Chinois qui prend la direction de lâorganisation de coopĂ©ration policiĂšre. Celle-ci est basĂ©e Ă Lyon en France[8]. Meng Hongwei a Ă©tĂ© Ă©lu pour un mandat de quatre ans, avec 123 votes favorables et 28 votes pour son concurrent, un Namibien[9].
Des pays membres d'Interpol et des ONG s'inquiĂštent Ă la suite de la nomination de Meng Hongwei : « PĂ©kin pourrait en profiter pour faire arrĂȘter des dissidents rĂ©fugiĂ©s Ă lâĂ©tranger »[10]. Il faut toutefois noter que le poste de prĂ©sident d'Interpol est surtout honorifique, sa gestion quotidienne Ă©tant assurĂ©e par le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral[5].
Ainsi, le directeur du bureau Asie de lâEst d'Amnesty International, Nicholas Bequelin, dĂ©clare : « La nomination de Meng Hongwei est alarmante, Ă©tant donnĂ© que la Chine essaie de longue date dâutiliser Interpol pour arrĂȘter des dissidents et des rĂ©fugiĂ©s Ă lâĂ©tranger. Cela paraĂźt contraire au mandat dâInterpol, qui doit ĂȘtre exercĂ© dans lâesprit de la DĂ©claration universelle des droits de lâhomme »[11].
Disparition en Chine
Le , la presse annonce que Meng Hongwei est portĂ© disparu, une enquĂȘte est immĂ©diatement ouverte en France[12]. Il est vu pour la derniĂšre fois au moment de son dĂ©part vers la Chine[13], le . Il envoie alors deux SMS Ă sa femme, le premier disant « Attends mon appel » et le deuxiĂšme ne contenant qu'un Ă©moji reprĂ©sentant un couteau[14] - [15].
Le , Interpol annonce avoir reçu sa dĂ©mission avec effet immĂ©diat[16]. Quelques heures plus tĂŽt, la Commission nationale de surveillance a annoncĂ© qu'il faisait l'objet d'une enquĂȘte pour corruption[17]. En Chine, il est assez courant que le rĂ©gime de Xi Jinping fasse disparaĂźtre pendant plusieurs semaines ou plusieurs mois des hommes politiques, des magnats et des stars de cinĂ©ma (la disparition de l'actrice Fan Bingbing a ainsi Ă©tĂ© mĂ©diatisĂ©e mondialement plus tĂŽt dans l'annĂ©e 2018) avant de les faire rĂ©apparaĂźtre lors de procĂšs. Ceci sert Ă lutter contre la corruption, mais aussi Ă Ă©liminer des opposants politiques[14]. Pour Wei Jingsheng, il ne s'agit pas d'une affaire de corruption, mais bien d'une affaire politique[18]. De plus, dans le cas de Meng Hongwei, celui-ci paye peut-ĂȘtre sa proximitĂ© avec Zhou Yongkang, un ancien haut responsable de la sĂ©curitĂ© du Parti communiste chinois rival de Xi Jinping, condamnĂ© Ă la prison Ă perpĂ©tuitĂ© officiellement pour corruption, abus de pouvoir et divulgation de secrets dâĂtat[14].
En , sa femme, restĂ©e en France avec ses deux enfants, est sous protection policiĂšre, craignant un enlĂšvement pour ĂȘtre conduite en Chine[1].
Fin mars de la mĂȘme annĂ©e, l'ancien prĂ©sident dâInterpol est accusĂ© de « violations graves », puis exclu du Parti communiste[19] - [20] - [21] - [22]. Mais Grace Meng, son Ă©pouse, ne tarde pas Ă rĂ©agir, dĂ©nonçant une accusation infondĂ©e. Elle a mĂȘme rĂ©cemment dĂ©posĂ© plainte Ă Lyon pour « tentative d'enlĂšvement en bande organisĂ©e »[23]. Elle obtient l'asile politique en France en [24], ainsi qu'une protection policiĂšre renforcĂ©e[25]. En rĂ©torsion, la Chine met fin Ă sa coopĂ©ration policiĂšre avec la France[25].
RĂ©apparition et procĂšs
Le , lâex-patron dâInterpol rĂ©apparaĂźt pour la premiĂšre fois en public lors de son procĂšs, pour reconnaĂźtre quâil est coupable de corruption. Il plaide coupable d'avoir acceptĂ© 14,46 millions de yuans (1,86 million dâeuros) de pots-de-vin[26] - [27] - [28]. Le , il est condamnĂ© Ă 13 ans et six mois de prison, ainsi qu'Ă 2 millions de yuans d'amende[29].
Références
- GrĂ©goire Biseau, MaĂŻtĂ© Darnault, Laurence Defranoux et Willy Le Devin Meng Hongwei : le polar chinois dâInterpol LibĂ©ration, 17 janvier 2019
- Les dessous de la disparition du président chinois d'Interpol France Culture, 18 janvier 2019
- Biographie officielle de Meng Hongwei.
- Meng Hongwei, pur produit de l'appareil policier chinois La Croix, octobre 2018
- Jean Chichizola et Cyrille Pluyette, « Le directeur d'Interpol a disparu », Le Figaro, 6-7 octobre 2018, p. 10.
- La nouvelle direction du bureau des affaires océaniques dévoilée Ambassade de Chine en France, 19 mars 2013.
- (en) Michael Forsythe Interpol Names Chinese Police Official as Its New President New York Times, 10 novembre 2016.
- Catherine Le Brech Un Chinois Ă la tĂȘte dâInterpol: une nomination qui interpelle Franceinfo : gĂ©opolis, 14 novembre 2016.
- Laurence Defranoux Un haut responsable chinois président d'Interpol, est-ce bien raisonnable ? Libération, 18 novembre 2016.
- Ălection controversĂ©e d'un Chinois Ă la tĂȘte d'Interpol LCI, 10 novembre 2016.
- Meng Hongwei est le nouveau prĂ©sident dâInterpol Amnistie Internationale, 10 novembre 2016.
- « INFORMATION EUROPE 1 - Le prĂ©sident d'Interpol portĂ© disparu », Europe 1,â (lire en ligne, consultĂ© le ).
- « Disparition du président chinois d'Interpol », sur lefigaro.fr, (consulté le ).
- « Pourquoi Meng Hongwei, l'ex-patron d'Interpol, est-il visĂ© par une enquĂȘte en Chine? », sur 20minutes.fr, (consultĂ© le )
- (en) Associated Press, « Wife says missing Interpol chief sent knife emoji as danger signal », sur New York Post, (consulté le )
- « Interpol annonce la dĂ©mission de son prĂ©sident, disparu depuis plus de dix jours », Franceinfo,â (lire en ligne, consultĂ© le ).
- « La Chine annonce qu'une enquĂȘte a Ă©tĂ© ouverte contre le prĂ©sident d'Interpol, dont on est sans nouvelle depuis fin septembre », Franceinfo,â (lire en ligne, consultĂ© le ).
- Wei Jingsheng appelle Interpol Ă la vigilance sur les droits de lâhomme Lyon Capitale , 11 octobre 2018
- « Lyon : l'ancien patron d'Interpol plaide coupable pour corruption », (consulté le ).
- « Lâex-patron chinois dâInterpol tombe pour «violations graves» », (consultĂ© le ).
- « L'ex-patron chinois d'Interpol coupable de "violations graves", selon le Parti communiste », (consulté le ).
- « Chine : le Parti communiste exclut Meng Hongwei, ancien prĂ©sident dâInterpol, accusĂ© de « violations graves » », (consultĂ© le ).
- « "Aucune preuve" contre l'ex-patron chinois d'Interpol, selon son épouse », (consulté le ).
- « La France accorde l'asile politique à la femme de l'ex-patron chinois d'Interpol, Pékin proteste », sur France 24 (consulté le )
- Jacques Follorou, « La Chine rompt toute coopération de police avec la France », sur lemonde.fr, Le Monde, (consulté le ).
- « Lâex-patron chinois dâInterpol plaide coupable », (consultĂ© le ).
- « Chine. Lâancien prĂ©sident dâInterpol, Meng Hongwei, reconnaĂźt avoir touchĂ© des pots-de-vin », (consultĂ© le ).
- « Lyon : l'ancien patron d'Interpol plaide coupable pour âcorruptionâ », (consultĂ© le ).
- «L'ex-président chinois d'Interpol condamné à 13 ans de prison», Le Monde, 21 janvier 2020
Voir aussi
Article connexe
- Commission nationale de surveillance
- Autres victimes de disparitions forcées (provisoires ou permanentes) en République Populaire de Chine :
Liens externes
- Ressources relatives Ă la vie publique :
- (en) China Vitae
- (zh) Chinese Political Elites Database
- Le Chinois Meng Hongwei Ă©lu Ă la prĂ©sidence dâINTERPOL, 10 novembre 2016