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Prison en république populaire de Chine

Les responsables de la république populaire de Chine utilisent le terme de prison pour les installations où sont détenues des personnes formellement reconnues coupables, selon la juridiction chinoise, d'un délit et condamnées par une cour de Justice. Or, la majorité des prisonniers condamnés pour un délit l'ont été par un comité administratif ou une décision de policiers. Ainsi les bâtiments où sont détenus ces condamnés non jugés par une cour ne sont pas considérés par les Chinois comme des prisons[1].

Différents systèmes de détention

Carte des Laogai en Chine

Laogai (camp de réforme par le travail)

Le Laogai désigne une prison et signifie camp de réforme par le travail. C'est l'équivalent du « goulag » en Union soviétique selon Harry Wu, directeur de la Laogai Research Foundation[2]. Cette comparaison est aussi reprise par le sinologue Jean-Luc Domenach, qui connaît bien le maoïsme[3], dans son ouvrage Chine : L'archipel oublié. Jean Luc Domenach évoque en ces termes la prison chinoise :

« L'archipel chinois (dĂ©fini suivant le vocable employĂ© par Soljenitsyne pour dĂ©crire les goulags soviĂ©tiques), fait partie de ces secrets de l'Histoire, secret d'autant mieux gardĂ© que les tĂ©moignages le concernant sont rares. De mĂŞme, l'archipel chinois n'a jamais beaucoup intĂ©ressĂ© les intellectuels occidentaux, plus fascinĂ©s par les rouages du Grand Bond en avant, de la RĂ©volution culturelle ou encore par l'importance stratĂ©gique d'un tel pays. Pourtant, malgrĂ© le manque de tĂ©moignages ou de statistiques fiables, il est indispensable de parler, ne serait-ce que pour ne pas tomber dans le piège du pouvoir communiste qui consiste Ă  faire taire ceux qui n'ont pas de preuves »[4]. La durĂ©e de dĂ©tention dans un laogai ne dĂ©passe pas thĂ©oriquement quatre ans. En 2013, Xi Jinping envisagerait une Ă©volution du laogai oĂą, selon la presse officielle Chinoise, 160 000 Chinois seraient dĂ©tenus dans environ 350 camps de travail « en dehors de toute procĂ©dure judiciaire ». Human Rights Watch considère qu'une rĂ©forme, plutĂ´t qu'une abolition du système en bonne et due forme, se limiterait Ă  des amĂ©nagements de procĂ©dure[5].

Laojiao (rééducation par le travail)

Le Laojiao est un système de détention administrative de la république populaire de Chine. Il est généralement employé pour détenir des personnes pour des délits mineurs tels que vols, prostitution, et trafic de drogue.

Centres de détention

Les centres de détention et d'enquêtes. Ceux-ci ont permis d'accueillir la procédure administrative Détention et Rapatriement. Les centres de détention pour adolescents.

Prisons noires

Les prisons noires sont des hôtels, des appartements, des caves ou des bureaux désaffectés transformés en « prisons illégales » par les pouvoirs locaux. Les détenus sont enfermés le temps nécessaire avant d’être renvoyés dans leur province après avoir signé la promesse d’abandonner toute poursuite contre l’entreprise d’État, l’administration ou le responsable d'entreprise qui les auraient spoliés. Selon le professeur de droit Teng Biao, les « gens y sont humiliés, insultés, frappés par des voyous à la solde des pouvoirs locaux »[6].

Human Rights Watch indique que depuis 2003 de nombreux citoyens chinois ont été secrètement incarcérés, sans contact avec l'extérieur, dans ces centres de détention illégale[7]. Après cette révélation de Human Rights Watch, un porte parole du gouvernement avait réfuté la présence de prisons noires en Chine. Or une enquête sur les prisons noires de Pékin a été publiée dans un magazine chinois dépendant du très officiel groupe Xinhua, le sujet n'est donc plus interdit[8].

Amnesty International indique que le cinéaste amateur tibétain Dhondup Wangchen arrêté en , a passé une partie de sa détention dans un hôtel de la ville de Xining, un centre de détention secret, une « prison noire »[9].

En 2012, un responsable d'une prison noire a été arrêté après la plainte de 4 anciens détenus. En novembre, un procès se serait tenu évoquant officiellement ces pratiques. La presse officielle a démenti les informations faisant état de condamnations dans cette affaire[10].

Prisons des cadres du Parti

Les cadres du Parti communiste chinois, condamnĂ©s essentiellement pour corruption, sont emprisonnĂ©s dans des prisons de luxe comprenant terrains de basket, bars, pistes d'athlĂ©tisme, cellules de 20 m2. Le Parti justifie ces amĂ©nagements par le besoin de rĂ©Ă©duquer les cadres condamnĂ©s[11].

Camps de rééducation du Xinjiang

À partir de 2014, les autorités chinoises mettent en place des camps de rééducation dans le Xinjiang qui détiennent des Kazakhs et des Ouïghours[12] - [13]. Un million de personnes seraient concernées par cet enfermement[14].

Nombre de prisonniers

Dans son ouvrage Chine : L'archipel oubliĂ©, Jean-Luc Domenach indiquait qu'en 1952, le nombre de prisonniers Ă©tait de 10 millions. Entre 1966 et 1968, les dĂ©sordres de la rĂ©volution culturelle ont vraisemblablement conduit Ă  une diminution du nombre de Chinois enfermĂ©s. Mais entre les annĂ©es 1968 et 1971 avec les « rĂ©pressions politiques  » et l'augmentation de la criminalitĂ©, le nombre de prisonniers est estimĂ© Ă  11 millions d'individus vers 1971-1972. Puis commence un lent processus de rĂ©gression et en 1976-1977 le nombre de prisonniers est estimĂ© Ă  10 millions. Puis entre 1985 et 1988, le nombre de prisonniers serait de l'ordre de 4 Ă  5,7 millions non compris « les victimes d'internements illĂ©gaux »[15].

Tortures

En 2005, après 10 ans de négociation entre l'Organisation des Nations unies et les autorités chinoises, Manfred Nowak, le rapporteur spécial sur la torture de la Commission des droits de l'homme des Nations unies[16], a pu visiter du au la Chine, il y a noté la persistance de tortures en mentionnant toutefois la diminution de celles-ci[17]. Manfred Nowak a invité le gouvernement chinois à supprimer ses dispositifs de rééducation par le travail:

« Ces méthodes comprennent une pression psychologique très forte sur les détenus pour qu’ils changent leur personnalité en confessant leur culpabilité ».

Selon Manfred Nowack, ces dispositifs de rééducation par le travail contreviennent à la convention sur les droits civils et politiques[18].

Le porte-parole du Ministère des Affaires étrangères chinois indique que la Chine respecte les droits de l'homme et s'oppose depuis toujours à la torture. Il a indiqué qu' « Il est regrettable que certains membres du Comité, chargés de la rédaction du rapport d'examen et animés de préjugés à l'égard de la Chine, en faisant fi des réalités, sans tenir compte des documents exhaustifs et complets préparés par le gouvernement chinois, aient cité des informations non vérifiées, et même inventé des informations de toutes pièces, cherchant à politiser l'examen du rapport d'application de la Convention et à insérer dans la conclusion bien des calomnies et des fausses informations. Ils ont manqué à l'éthique professionnelle qui exige la loyauté et l'objectivité. »[19].

Utilisation des corps

Prélèvements d'organes

Alors que depuis plusieurs années des dissidents chinois dénonçaient les prélèvements d'organes sur les condamnées à morts exécutés, en 2005, le gouvernement chinois a confirmé officiellement cette pratique, en la personne du vice-ministre de la santé, Huang Jiufe, lors d'une conférence internationale à Manille en . Ces prélèvements représentent la majorité des organes greffés prélevés, les autres provenant de trafics divers[20].

Le , le gouvernement chinois a promulgué une loi interdisant explicitement cette pratique lorsque le condamné n'a pas fait preuve de son consentement préalable[21].

Exposition des cadavres

Bodies: The Exhibition est une exposition itinérante, présentant des cadavres chinois. L'origine des cadavres et le consentement des Chinois dont les corps sont présentés ont posé problèmes dans plusieurs pays où l'exposition est produite. Il existe d'autres expositions similaires, présentant aussi des cadavres de Chinois. Certaines expositions ont été interdites[22].

Références

  1. Source : Robert Barnett dans l'ouvrage Le Tibet est-il chinois ? de Anne-Marie Blondeau et Katia Buffetrille, Ă©d. Albin Michel, coll. Sciences des religions, page 141.
  2. Source : Interview d'octobre 2006 de Harry Wu, l'actuel directeur de la Laogai Research Foundation
  3. Il « eut (...) de fortes sympathies pour la dictature maoïste quoi qu'il en dise aujourd'hui », rapporte Francis Deron Francis Deron.
  4. « L'archipel oublié de Jean-Luc Domenach »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?) (consulté le ).
  5. La Chine va réformer le système du camp de travail forcé RTL fr, 8 janvier 2013
  6. Pascale Nivelle L'ombre des «prisons noires» Libération, 1 avril 2009
  7. Chine : Un réseau secret de « prisons noires » abrite de graves violations de droits humains
  8. Arnaud de la Grange : Les "prisons noires" de PĂ©kin
  9. Amnesty International, 7 janvier 2010 : La Chine doit libérer un réalisateur tibétain
  10. Stéphane Lagarde Chine : Pékin dément toute condamnation dans l'affaire des « prisons noires » RFI, 4 décembre 2012
  11. « Marianne : Pour ses dirigeants indélicats, la Chine invente les prisons 5 étoiles »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?) (consulté le )
  12. Massimo Introvigne, « Un nouveau camp de « rééducation » découvert au Xinjiang », sur BITTER WINTER (Français), (consulté le )
  13. Massimo Introvigne, « Camp de rééducation de Yingye'er géré comme une prison », sur BITTER WINTER (Français), (consulté le )
  14. Victoire Chevreul Chine: ces musulmans qui disparaissent L’Express, 1 octobre 2018
  15. Jean-Luc Domenach, Chine : L'archipel oublié, Paris, Fayard, 1992, page 490 et suivantes
  16. Remplacé en 2006 par le Conseil des droits de l'homme des Nations unies
  17. Chine information : La torture reste monnaie courante en Chine, selon l'ONU
  18. Visite en Chine
  19. Déclaration du porte-parole du Ministère des Affaires étrangères Chinois Qin Gang au sujet du rapport publié par le Comité contre la torture
  20. Les déclarations de Huang Jiufe
  21. « http://www.aujourdhuilachine.com/actualites-chine-la-chine-promulgue-une-loi-pour-interdire-le-trafic-d-organes-2749.asp?1=1 »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?) (consulté le )
  22. Bodies... l'exposition: des corps un peu trop anonymes Le Soleil, 2 juin 2009 « Qui se cache derrière les corps utilisés pour l'exposition Bodies? Ont-ils consenti à cet usage? Tout ce qu'on sait, c'est qu'ils proviennent d'une entreprise qui reçoit des corps du système pénitentiaire chinois, où on applique toujours la peine de mort. »

Voir aussi

Articles connexes

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