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William Stewart (1774-1827)

William Stewart, né le et mort le à Cumloden dans le Kirkcudbrightshire, est un militaire britannique. Premier commandant du Rifle Corps, il sert à la tête d'une division pendant la guerre péninsulaire ainsi que comme membre du Parlement.

William Stewart
William Stewart (1774-1827)
Miniature de William Stewart en uniforme du Rifle Corps.

Naissance
DĂ©cès 7 janvier 1827 (Ă  52 ans)
Cumloden, Kirkcudbrightshire
Allégeance Drapeau du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande
Arme Infanterie
Grade Lieutenant-général
Années de service 1786 – 1827
Conflits Guerres du Mysore
Guerres de la Révolution française
Guerres napoléoniennes
Distinctions Grand-croix de l'ordre du Bain

Biographie

Jeunesse

William Stewart, né le , est le quatrième fils de John Stewart, 7e comte de Galloway (1736-1806) et de sa seconde épouse Anne (1742/3-1830), elle-même fille du baron James Dashwood. Le second évêque de Québec, Charles James Stewart, est son frère cadet[1].

Membre du Parlement

Il est député au Parlement de la circonscription de Saltash en 1795 et du Wigtonshire à partir de 1796[2].

Premiers succès militaires

Stewart s'engage dans l'armée britannique en 1786 comme enseigne au 42e régiment d'infanterie, alors qu'il n'a que douze ans. Sa première campagne se déroule dans les Antilles de 1793 à 1794 et il y est blessé. Il commande ensuite le 67e régiment d'infanterie à Saint-Domingue de 1796 à 1798, puis retourne en Europe et reçoit la permission de servir aux côtés des armées autrichiennes et russes en Italie, en Souabe et en Suisse pendant la campagne de 1799[1].

Stewart se montre très vite intĂ©ressĂ© par les armes et la tactique. Ses observations faites en 1799 sur les troupes d'infanterie lĂ©gère, notamment les unitĂ©s tyroliennes et croates, qui combattent de façon beaucoup plus souple que les rĂ©giments d'infanterie de ligne classiques, motivent vraisemblablement sa proposition d'introduire une force d'infanterie lĂ©gère permanente Ă©quipĂ©e de carabines au sein de l'armĂ©e britannique. Cette initiative est notamment soutenue par l'Ă©cuyer du roi, l'influent colonel Coote Manningham, que Stewart a connu pour la première fois aux Antilles. En , un « corps de fusiliers Â» est mis sur pied Ă  titre d'expĂ©rimentation. Au mois d'aoĂ»t, Stewart dirige une opĂ©ration amphibie contre Ferrol, au cours de laquelle il est grièvement blessĂ© en conduisant ses fusiliers Ă  l'assaut des falaises. En , le corps des Rifles est officiellement crĂ©Ă©, avec Manningham comme colonel et Stewart en tant que lieutenant-colonel et commandant de l'unitĂ©. Les ordres donnĂ©s par Stewart au Rifle Corps, qui devient plus tard cĂ©lèbre sous le nom de 95th Foot, rĂ©vèlent une pensĂ©e tactique en avance sur celle de ses contemporains. Il conçoit et met en Ĺ“uvre un entraĂ®nement et des manĹ“uvres adaptĂ©s, des mĂ©dailles pour rĂ©compenser la bravoure et la bonne conduite, un classement au tir ainsi qu'une Ă©cole et une bibliothèque pour les soldats ; il demande Ă©galement aux officiers de connaĂ®tre chacun de leurs hommes[1].

Peu après son 27e anniversaire, Stewart est chargé de commander les 895 hommes (114 du Rifle Corps et 781 du 49e régiment d'infanterie) qui doivent embarquer à bord de la flotte déployée dans la mer Baltique en 1801. Il assiste, depuis la dunette du HMS Elephant commandé par Horatio Nelson, à la bataille navale de Copenhague le de la même année. Nelson écrit dans son rapport que « le très honorable colonel Stewart m'a fait la faveur de se trouver à bord de l’Elephant ; lui-même, avec tous ses officiers et soldats, a partagé avec plaisir les labeurs et les périls de cette journée ». Au cours de l'engagement, la troupe de Stewart a perdu 4 morts et 6 blessés. Stewart est désigné pour porter à Londres les dépêches annonçant la victoire et son nom figure dans les remerciements votés par le Parlement le . Six jours plus tard, il est officiellement promu au grade de colonel, à compter du jour de la bataille de Copenhague. Nelson loue à Lord Saint-Vincent « le colonel Stewart, qui est un jeune homme excellent et infatigable, et représente l'espoir naissant de notre armée ». Par la suite, Nelson adresse au moins onze lettres à Stewart durant les quatre années qui séparent Copenhague de sa mort à la bataille de Trafalgar.

En 1802, le Rifle Corps est rebaptisé 95th (Rifle) Regiment[3] et forme avec les 43e et 52e régiments d'infanterie la célèbre division légère commandée par le général John Moore[4]. Stewart devient ainsi le premier colonel du 95e, mais il doit très vite abandonner ce commandement après sa promotion au grade de brigadier-général. Il n'en continue pas moins à œuvrer pour le développement des Rifles, et en 1805, il publie Grandes lignes d'un plan pour la réforme générale des forces terrestres britanniques qui prône la généralisation d'un certain nombre de nouvelles méthodes qu'il a expérimenté au sein du 95e. Stewart occupe des fonctions importantes pendant l'expédition britannique en Égypte en 1807 et durant celle de Walcheren en 1809, avant d'être envoyé en Espagne l'année suivante. Bien qu'il soit encore jeune dans le grade de major général, il reçoit la tâche cruciale de commander la garnison du port stratégique de Cadix assiégé par les Français. Choisi pour commander une brigade de la 2e division de l'armée de la péninsule dirigée par le général Arthur Wellesley de Wellington[5], Stewart est placé à la tête de la 2e division en .

Commandant d'une division sous Wellington

Charge des lanciers polonais de la Vistule contre la brigade Colborne Ă  la bataille d'Albuera, par William Barnes Wollen.

Lors de la bataille d'Albuera le , Stewart commande la 2e division britannique qui subit de plein fouet l'attaque de flanc opĂ©rĂ©e par le marĂ©chal Soult. Afin de parer Ă  la menace, il envoie le lieutenant-colonel John Colborne pour assaillir le flanc gauche de la colonne française. La manĹ“uvre rĂ©ussit parfaitement dans un premier temps, la mousqueterie britannique faisant un carnage dans les rangs français. Soudainement attaquĂ©s sur le flanc et l'arrière par les lanciers polonais et les hussards français, trois des rĂ©giments de Colborne sont taillĂ©s en pièces et laissent 1 250 hommes sur le carreau. 400 hommes seulement parviennent Ă  prendre la fuite. Au cours de la bataille, les deux autres brigades de la division de Stewart essuient Ă©galement de lourdes pertes sous le feu de l'artillerie française et dans des duels de mousqueterie Ă  bout portant ; cependant, la faute n'en est pas imputable Ă  Stewart. DĂ©fendant leur position avec acharnement, les survivants de sa division contiennent les assauts français jusqu'Ă  l'arrivĂ©e de la 4e division qui sauve la journĂ©e. Michael Glover, un historien de la guerre d'Espagne, Ă©crit : « en tant que chef de bataillon, Stewart Ă©tait surpassĂ© uniquement par Moore ; en tant que gĂ©nĂ©ral, il Ă©tait une menace »[6]. Wellington Ă©crit quant Ă  lui Ă  propos de son subordonnĂ© : « il est nĂ©cessaire que Stewart soit sous la responsabilitĂ© particulière de quelqu'un »[7]. Après Albuera, Wellington trouve ce « quelqu'un Â» en la personne du lieutenant-gĂ©nĂ©ral Rowland Hill et la 2e division de Stewart sert sous les ordres de ce dernier pour le restant du conflit pĂ©ninsulaire.

Le , 80 000 soldats français commandĂ©s par Soult se heurtent aux 65 000 Anglo-Portugais de Wellington près de Salamanque. Le marĂ©chal français ayant renoncĂ© Ă  attaquer, Wellington ordonne finalement la retraite en direction du Portugal. Au cours de cette phase de repli, Stewart, nommĂ© temporairement au commandement de la 1re division, et deux autres gĂ©nĂ©raux de son grade dĂ©cident de dĂ©sobĂ©ir aux ordres du commandant en chef. Stewart, Ă©crit Wellington, « et plusieurs autres gĂ©nĂ©raux tinrent un conseil de guerre pour juger s'il Ă©tait bon d'obĂ©ir Ă  mes ordres de se retirer par un itinĂ©raire bien dĂ©fini. Lui [Stewart] en tĂŞte, dĂ©cidèrent qu'ils ne le feraient pas ; ils se dirigèrent sur une route dont ils ne savaient pas oĂą elle menait et, lorsque je les ai retrouvĂ©s le lendemain matin, ils Ă©taient dans la confusion la plus extrĂŞme, ne sachant ni oĂą aller ni quoi faire »[8]. Toujours sous les ordres de Hill, Stewart participe Ă  la bataille de Vitoria le , oĂą sa division, forte de 10 800 hommes, perd 139 tuĂ©s et 971 blessĂ©s[9].

Alors qu'il se trouve au col de Maya le premier jour de la bataille des PyrĂ©nĂ©es, Stewart, ne croyant pas Ă  la possibilitĂ© d'une attaque française, se rend Ă  une quinzaine de kilomètres vers l'arrière. De fait, lorsque dĂ©bute la bataille, sa 2e division doit se battre toute la matinĂ©e sous la direction d'un gĂ©nĂ©ral de brigade inexpĂ©rimentĂ© et perd 1 347 hommes[10]. Il sert Ă©galement Ă  la bataille de la Nivelle le , perdant 140 hommes sur les 5 767 soldats que compte la 2e division[11]. Il prend encore part au passage de la Nive le et au combat de Saint-Pierre-d'Irube le 13[12]. Ă€ la bataille d'Orthez, le , la 2e division enveloppe la gauche française avec le reste du corps de Hill, perdant une trentaine d'hommes dans le processus[13]. Enfin, Ă  la bataille de Toulouse, la division Stewart enregistre 78 pertes sur un effectif total de 6 940 hommes[14].

Honneurs, hommages et retraite

En récompense de ses services dans la péninsule Ibérique, Stewart est décoré de la Croix d'or avec deux barrettes, de l'ordre portugais de la Tour et de l'Épée et de l'ordre espagnol de Saint-Ferdinand. Le , il est fait grand-croix de l'ordre du Bain. Il est officiellement remercié par le speaker au nom de tous les membres du Parlement pour sa contribution aux victoires de Vitoria et d'Orthez et sa participation aux opérations secondaires[2].

Après la guerre, Stewart ne remplit plus aucune fonction officielle. Épuisé par dix-sept campagnes au cours desquelles il a reçu six blessures et quatre contusions, il démissionne de son siège au Parlement en 1816. En , il est nommé colonel en titre du 1er bataillon de la brigade des fusiliers britannique. Retiré à Cumloden, non loin de Wigton dans le comté de Kirkcudbrightshire, à proximité du lieu où est originaire sa famille, il y meurt le et est enterré à Minigaff[2].

Vie privée

En 1804, Stewart se marie avec Frances, deuxième fille de John Douglas, comte de Morton. De cette union naît un fils, Horatio, capitaine dans la brigade des fusiliers britannique, et une fille, Louisa[2].

Notes et références

  1. Lloyd 1898, p. 366.
  2. Lloyd 1898, p. 367.
  3. (en) « The Rifle Brigade (Prince Consort's Own) », sur regiments.org, (consulté le ).
  4. (en) Stephen Summerfield, Coote-Manningham's Shorncliffe lecture of 1803 and the origins of the 95th Rifles, Shorncliffe Trust, (ISBN 978-1-907417-57-3), p. 5.
  5. Lloyd 1898, p. 366 et 367.
  6. Glover 2001, p. 161.
  7. Glover 2001, p. 355.
  8. Glover 2001, p. 219.
  9. Smith 1998, p. 427 Ă  429.
  10. Glover 2001, p. 252.
  11. Smith 1998, p. 476 et 477.
  12. Smith 1998, p. 483 et 484.
  13. Smith 1998, p. 501 et 502.
  14. Smith 1998, p. 519 et 520.

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • (en) Michael Glover, The Peninsular War, 1807–1814, Penguin, , 431 p. (ISBN 978-0-14-139041-3). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • (en) Ernest M. Lloyd, « Stewart, William (1774–1827) », dans Sidney Lee, Dictionary of National Biography, vol. 54, Londres, Smith, Elder & Co, , p. 366 Ă  368. Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • (en) Digby Smith, The Greenhill Napoleonic Wars Data Book : Actions and Losses in Personnel, Colours, Standards and Artillery, 1792-1815, Londres, Greenhill Books, , 582 p. (ISBN 1-85367-276-9). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article

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