VĹ“u de Louis XIII
Le vœu de Louis XIII est un ensemble de promesses et d'actes de dévotion effectués par le roi de France Louis XIII entre 1632 et 1638. À plusieurs reprises, il s'engagea à consacrer son royaume à Notre-Dame (la Vierge Marie), si elle lui accordait la grâce d'avoir un héritier pour lui succéder sur le trône de France. La grossesse d'Anne d'Autriche au début de 1638, après vingt-trois ans de mariage, fut interprétée comme la réponse divine à ses prières et à celles de la reine. Le roi tint sa promesse. Le , il signa et publia le texte solennel d'un édit de consécration à Saint-Germain-en-Laye par lequel il consacre son royaume à la Vierge Marie pour la remercier d'avoir arrêté les ennemis au Siège de Corbie, deux ans auparavant. Le futur Louis XIV naquit le .
Historique
Ă€ la chapelle des PĂ©nitents bleus de Toulouse (1632)
Marié à l'âge de 14 ans en 1615, Louis XIII a 31 ans en 1632. Il est le premier roi de France à être membre de la confrérie des Pénitents bleus. En 1622, il envoie l'évêque de Pamiers, Mgr d'Esparbès de Lussan, poser à Toulouse la première pierre de la nouvelle chapelle des Pénitents bleus (aujourd'hui sanctuaire Saint-Jérôme). Il y vient avec son épouse, le et, depuis la Tribune royale, fait un vœu solennel à la Vierge pour obtenir un successeur à la Couronne de France.
Aux Minimes d'Abbeville (juillet 1637)
En juillet 1637, pendant un séjour à Abbeville, en Picardie, Louis XIII, accompagné de Richelieu, décide, dans l'église du couvent des Minimes de la ville[Note 1], de consacrer une lampe perpétuelle à la Vierge dans la cathédrale Notre-Dame de Paris.
Ce vœu est accru par la reconnaissance du roi de France envers la Vierge de lui avoir permis de conserver la France dans cette période troublée par les invasions espagnoles et par la crainte que le royaume ne subisse une fois encore les incursions des armées étrangères[1].
Les neuvaines à Notre-Dame de Grâces de Cotignac (27 octobre 1637)
Le , un religieux augustin déchaussé, le frère Fiacre, pendant qu'il priait, a une révélation intérieure que la reine Anne d'Autriche devait demander publiquement trois neuvaines de prières adressées à la Sainte Vierge (une à Notre-Dame de Paris, une à Notre-Dame des Victoires, et la dernière à l'église Notre-Dame-de-Grâces de Cotignac), et qu'alors, un fils lui serait donné.
Le frère Fiacre rapporte que cette intuition est confirmée par une « apparition de la Vierge » le , la Vierge lui redisant que la reine aurait bien un fils si elle faisait exécuter ces prières. Le religieux obtient un entretien avec la reine, qui, une fois informée, mandate le frère pour réaliser ces trois neuvaines. Les neuvaines sont débutées le [2] - [3]. La reine l'envoie à Cotignac pour y conclure ses neuvaines qui se terminent le suivant.
Neuf mois plus tard, le , Louis XIV naît à Saint-Germain-en-Laye[4] - [3] - [5].
Dès le mois de , la reine, certaine d'être enceinte, envoie le frère Fiacre à Cotignac pour y prier et obtenir que l'enfant naisse sans problème. Le , le roi signe le « vœu qui consacre le royaume de France à la Vierge »[3]. À sa naissance, le jeune Louis reçoit comme prénom (en plus de son prénom Louis) « Dieudonné », ce qui signifie « donné par Dieu »[6].
Le vœu de Louis XIII du 10 février 1638
Le , le roi annonce son intention de faire un vœu à la Vierge. Un texte est soumis au Parlement de Paris ; il y est adopté puis signé par le Roi le , en son château de Saint-Germain-en-Laye. Par ce texte, Louis XIII décide de consacrer le royaume de France à Notre-Dame « en laquelle nous mettons particulièrement nostre[Note 2] Personne, nostre Etat, nostre Couronne, et tous nos Sujets pour obtenir par ce moyen celle de la Saincte Trinité, par son intercession, et de toute la Cours céleste, par son auctorité et exemple ». C’est le fameux « vœu de Louis XIII » en remerciement de la grossesse de son épouse[Note 3] Anne d’Autriche après vingt-trois ans de mariage[7] - [3].
De par ce vœu, Louis XIII instaure les processions du 15 août (fête de l'Assomption de la Vierge) durant lesquelles les sujets devaient prier Dieu et la Vierge pour les heureux succès du roi. En outre, chaque église du royaume se devait, dans la mesure où l'église elle-même n'était pas sous le patronage de la Vierge, de consacrer sa chapelle principale à la Reine des Cieux. Louis XIII promet enfin d'élever un nouveau maître-autel dans la cathédrale Notre-Dame de Paris, ainsi que d'offrir un nouveau groupe sculpté à la cathédrale[7].
Le maître-autel de Notre-Dame de Paris
Décédé prématurément cinq ans plus tard, le roi n'a pas le temps de matérialiser la deuxième partie de son vœu concernant Notre-Dame de Paris. C'est son fils Louis XIV qui le réalise plus de soixante ans après.
De 1708 à 1725, Robert de Cotte remanie complètement le chœur de la cathédrale, masquant les ogives par des arcades en plein cintre plus au goût du jour. De part et d'autre du maître-autel, des statues d'ange en bronze sont placées, ainsi que celles des deux rois, Louis XIII par Guillaume Coustou et Louis XIV sculpté par Antoine Coysevox. Une pietà de Nicolas Coustou est placée derrière le maître-autel. Le chanoine Antoine de La Porte (1627-1710) avait obtenu du roi l'autorisation de financer sur sa fortune personnelle six grandes peintures à l'huile retraçant la vie de la Vierge, pour être installées au dessus des stalles du chœur. Après sa mort survenue en 1710 ce sont huit tableaux qui seront exécutés par les grands peintres du siècle : Charles de La Fosse (1630-1716), réalise : La Nativité, et L'Adoration des Mages (musée du Louvre); Jean Jouvenet (1644-1717), exécute : La Visitation de Notre-Dame; Louis de Boullogne (1654-1733), peint : Le Repos pendant la fuite en Egypte (musée d'Arras), La Purification (Louvre, Paris); Antoine Coypel (1661-1722), réalise : Jésus parmi les docteurs, et l' Assomption (œuvre perdue, mais retrouvée); Claude Guy Hallé (1652-1736), produit une : Annonciation.
Le jubé est démoli et les stalles de Charpentier et Dugoulon sont surmontées de huit tableaux dont un seul subsiste actuellement. C'est à l'occasion de ces travaux que l'on découvre, dans la fondation de l'autel, les quatre pierres du pilier des nautes.
Lors de la Révolution, une partie de cet ensemble, dont les reliefs des anges des écoinçons, ainsi que deux statues d'anges en bronze, est détruite. Remis en place lors de la Restauration, l'ensemble, réalisé par Robert de Cotte, est largement remodelé au XIXe siècle par Eugène Viollet-le-Duc, ce dernier désirant ressusciter la cathédrale du Moyen Âge.
Postérité du vœu de Louis XIII
Cette consécration fut confirmée par Louis XIV le , puis renouvelée par Louis XV en 1738[8].
Lors de la Révolution française, l'Assemblée législative abolit la consécration de la France à la Vierge, le . À la Restauration, Louis XVIII la rétablit, en .
Sous la Monarchie de Juillet, la célébration du vœu de Louis XIII fut définitivement abolie par Louis-Philippe Ier, en [8].
L'Église catholique a réintroduit, le 15 août, la célébration du vœu de Louis XIII, à Paris, dans les années 1980, le cardinal Lustiger étant archevêque de Paris.
Iconographie
Le vœu de Louis XIII a été représenté sur plusieurs tableaux, présentés par ordre chronologique :
- Simon Vouet, Le VĹ“u de Louis XIII, 1633 (?), mairie de Neuilly-Saint-Front (Aisne).
- Claude Vignon, « En Jésus et Marie notre amour est uni » ou Déploration sur le Christ mort avec Louis XIII et Anne d’Autriche, 1634, Amiens, musée de Picardie.
- Gilles Rousselet, Le Vœu de Louis XIII, d’après Claude Vignon, vers 1638.
- Philippe de Champaigne, Le Vœu de Louis XIII (1638), huile sur toile (musée des beaux-arts de Caen).
- Abraham Bosse, Les VĹ“ux du Roi et de la Reine, 1638.
- Anonyme, Le Vœu de Louis XIII, XVIIe siècle, église de l’Assomption d'Antigny-la-Ville (Côte-d'Or).
- François Mimault, Le Vœu de Louis XIII, 1639, église Saint-Pierre de La Penne (Alpes-Maritimes) .
- Anonyme, d’après Juste d'Egmont, L’Adoration et offrande de la France au Dauphin des Cieux, 1640
- Charles André van Loo, Le Vœu de Louis XIII, 1746, Paris, basilique Notre-Dame-des-Victoires de Paris
- Jean-Dominique Ingres, Le Vœu de Louis XIII (1824), Montauban, cathédrale Notre-Dame. Commandé en 1820 et présenté au salon de 1824, le tableau remporta un vif succès.
- Claude Vignon, Déploration du Christ entre Louis XIII et Anne d'Autriche, En Jésus et Marie notre amour est uni (1634), Amiens, musée de Picardie.
Notes et références
Notes
- L'Ă©glise et le couvent ont aujourd'hui disparu.
- L'orthographe de l'époque a été conservée.
- La grossesse de la reine Ă©tait connue depuis le mois de janvier.
Références
- collectif, Histoire d'Abbeville, Abbeville, Imprimerie Leclerc, , 92 p. (EAN 9782402267731).
- Yves Chiron, EnquĂŞte sur les apparitions de la Vierge, Perrin, , 427 p. (ISBN 978-2-262-02832-9), p. 134.
- Joachim Bouflet et Philippe Boutry, Un signe dans le ciel : Les apparitions de la Vierge, Paris, Grasset, , 475 p. (ISBN 978-2-246-52051-1), p. 29-31.
- Yves Chiron 2007, p. 135.
- « Le Voeu de Louis XIII », sur Francogallia Catholica Romana, (consulté le ).
- Mélinée Le Priol, « 24 heures au sanctuaire de Cotignac », La Croix,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- Yves Chiron 2007, p. 181.
- (BNF 14565679).
Annexes
Articles connexes
Lien externe
- « Texte du Voeu de Louis XIII » [archive], sur http://www.tradhistoire.com (consulté le ).
Bibliographie
- Maurice Vloberg, Notre-Dame de Paris et le voeu de Louis XIII : La vie cachée des cathédrales racontée par l'image, Paris, Frazier, , 184 p..
- Louis Blond, Notre-Dame des Victoires et le voeu de Louis XIII : Origine et publication du voeu, vol. VIII, Paris, Presses modernes, , 112 p..
- Pierre Delattre, Le VĹ“u de Louis XIII (1638-1938), Paris, Maison de la bonne presse, , 94 p..
- René Laurentin, Le vœu de Louis XIII, passé ou avenir de la France, Paris, l'Œil, , 192 p..