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Terre de Davis

La Terre de Davis est une « Ăźle fantĂŽme » situĂ©e d'aprĂšs ses dĂ©couvreurs dans le sud-est de l’ocĂ©an Pacifique, Ă  bonne distance des cĂŽtes du Chili. Elle doit son nom au pirate Edward Davis, qui l'aurait aperçue en 1687. Les seules mentions originales de cette Ăźle se trouvent dans le compte-rendu de voyage de son coĂ©quipier Lionel Wafer, et dans un ouvrage de son ami boucanier William Dampier, Ă  qui il avait confiĂ© sa dĂ©couverte. Ce dernier a Ă©mis l’idĂ©e que cette terre faisait partie de la fameuse Terra Australis Incognita, activement recherchĂ©e Ă  l’époque dans le sud de l’OcĂ©an Pacifique. Bien que cette Ăźle n’ait jamais pu ĂȘtre retrouvĂ©e sous les coordonnĂ©es gĂ©ographiques indiquĂ©es, il est frĂ©quemment admis dans la littĂ©rature qu’elle corresponde Ă  l’üle de PĂąques. Toutefois, cette correspondance reste soumise Ă  critique, et certains auteurs considĂšrent soit que la terre de Davis n’a jamais existĂ©, soit qu’il faut plutĂŽt y voir d'autres Ăźles du Pacifique Sud, comme les Ăźles St FĂ©lix et Ambroise, voire l’archipel des Gambier, en PolynĂ©sie française.

Carte du Pacifique Sud par Jacques-Nicolas Bellin, faisant apparaĂźtre les "Terres vues par Davis" (1753)

La Terre de Davis ne doit pas ĂȘtre confondue avec les Ăźles Davis, qui appartiennent Ă  l’archipel des Kerguelen, ni avec l'Ăźle Davis, situĂ©e en mer de Barents.

Récits de la découverte

L’üle aurait Ă©tĂ© aperçue par Edward Davis, un pirate anglais -ou peut-ĂȘtre hollandais[1]- qui effectuait des raids sur des colonies espagnoles situĂ©es le long des cĂŽtes du Mexique, du PĂ©rou et du Chili. Il l'aurait dĂ©couverte en fin d'annĂ©e 1687, alors qu'il naviguait dans l'ocĂ©an Pacifique entre les Ăźles Galapagos et les Ăźles Juan Fernandez, Ă  destination du Cap Horn.

De sa main, Davis n’a cependant laissĂ© aucun Ă©crit connu concernant cette dĂ©couverte. Le seul rĂ©cit qu’on lui attribue, publiĂ© sous le pseudonyme de Nathaniel Davis, concerne en effet un fait d’armes contre la mine d’or de Santa Cruz de Cana, dans le Sud de l’actuel Panama, en 1702.[2] Les premiĂšres publications Ă  faire Ă©tat de la terre aperçue par Davis sont celles de William Dampier, Ă  qui il avait confiĂ© l’information, et de Lionel Wafer, qui a lui-mĂȘme Ă©tĂ© tĂ©moin direct de la dĂ©couverte en tant que membre d’équipage.

William Dampier

William Dampier (1651-1715)

En 1697, le boucanier William Dampier connaĂźt le succĂšs littĂ©raire, avec son ouvrage « A New Voyage Round the World ». Ce livre contient la majeure partie des informations biographiques dont on dispose Ă  propos d’Edward Davis. Lors d’un passage dĂ©crivant les façons de traverser l’OcĂ©an Pacifique entre l’AmĂ©rique du Sud et les Philippines, Dampier Ă©voque la meilleure voie qui, selon lui, serait de passer par le sud de cet ocĂ©an pour rejoindre l’Australie (alors nommĂ©e « Nouvelle Hollande ») en longeant la cĂŽte du mythique « Continent Austral », qu’il ne doutait pas devoir exister dans ces parages. A l’appui de son affirmation, il fait pour la premiĂšre fois Ă©tat d’une dĂ©couverte d’Edward Davis, qui lui paraĂźt ĂȘtre un point avancĂ© de ce continent[3] :

« To confirm which, I shall add what Captain Davis told me lately, that after his departure from us at the haven of Realejo (
) he went after several traverses, to the Galapagos, and that, standing thence southward for Wind, to bring him about Tierra del Fuego, in the latitude of 27 south, about 500 leagues from Copayapo, on the coast of Chile, he saw a small sandy island just by him, and that they saw to the westward of it a long tract of pretty high land, tending away toward the north-west out of sight. This might probably be the coast of Terra Australis Incognita ».

Traduction : « Pour confirmer cela, j'ajouterai que le capitaine Davis m'a dit rĂ©cemment qu’aprĂšs que nous nous soyons sĂ©parĂ©s au port de Realejo (
), il s'Ă©tait rendu, aprĂšs plusieurs traversĂ©es, aux Galapagos, et que, se portant de lĂ  vers le sud pour que le vent le ramĂšne vers la Terre de Feu, Ă  la latitude de 27° sud, Ă  environ 500 lieues de Copayapo, sur la cĂŽte chilienne, il a vu une petite Ăźle sablonneuse juste par devant lui; et qu'ils ont vu Ă  l'ouest une longue Ă©tendue de terres assez hautes, orientĂ©es vers le nord-ouest Ă  perte de vue. Cela pourrait probablement ĂȘtre la cĂŽte de la Terra Australis Incognita ».

Lionel Wafer

En 1699 c’est Lionel Wafer, chirurgien Ă  bord du Batchelor’s Delight du capitaine Davis au moment de la dĂ©couverte, qui publie son propre rĂ©cit de voyage, intitulĂ© « A new voyage and description of the isthmus of America »[4]. Il y confirme la description et les coordonnĂ©es rapportĂ©es par Dampier :

« Bound to the southward, in latitude 12 degrees 30 minutes and about 150 leagues off the coast, experienced a shock of earthquake, that was afterwards found to correspond with the destruction of Callao by earthquake. Having recovered from our fright we kept on to the southward. We steered south-and-by-east-half-easterly, until we came to latitude 27 degrees 20 minutes south, when about two hours before day we fell in with a small, sandy island and heard a great roaring noise, like that of the sea beating upon the shore, right ahead of the ship. Whereupon the sailors, fearing to fall foul upon the shore before day, desired the captain to put the ship about, and to stand off until the day appeared; to which the captain gave his consent. So we plied off till day and then stood in again with the land, which proved to be a small flat island, without any guard of rocks. We stood in within a quarter of a mile of the shore and could see it plainly, for it was a clear morning, not foggy or hazy. To the westward about 12 leagues, by judgement, we saw a range of high land, which we took to be islands, for there were several partitions in the prospect.

This land seemed to reach about 14 or 16 leagues in a range, and there came great flocks of fowls. I and many more of our men would have made this land and have gone ashore on it, but the captain would not permit us. The small island bears from Copiapó almost due east 500 leagues, and from the Galapagos, under the line, 600 leagues ».

Traduction : « En route vers le sud, Ă  12 degrĂ©s 30 minutes de latitude et Ă  environ 150 lieues de la cĂŽte, avons subi la secousse d’un sĂ©isme, dont il fut par la suite Ă©tabli qu'elle correspondait Ă  la destruction de Callao par sĂ©isme. AprĂšs avoir rĂ©cupĂ©rĂ© de notre peur, nous restĂąmes dirigĂ©s au sud. Nous nous orientĂąmes vers le sud quart sud-est, un demi-rumb Ă  l’est, jusqu'Ă  parvenir Ă  27 degrĂ©s 20 minutes de latitude sud, quand, environ deux heures avant le jour, nous arrivĂąmes auprĂšs d’une petite Ăźle de sable et entendĂźmes un grand bruit rugissant, comme celui de la mer battant sur le rivage, juste devant le navire. Sur quoi les marins, craignant de tomber sur le rivage avant le jour, demandĂšrent au capitaine de virer de bord et de se tenir Ă  distance jusqu'Ă  ce que le jour paraisse ; ce Ă  quoi le capitaine donna son consentement. Nous naviguĂąmes au loin jusqu'au jour, puis nous nous dirigeĂąmes Ă  nouveau vers la terre, qui se rĂ©vĂ©la ĂȘtre une petite Ăźle plate, protĂ©gĂ©e d’aucune bordure de rochers. Nous nous trouvions Ă  moins d’un quart de mille du rivage et nous pouvions la voir clairement, car le matin Ă©tait clair, non brumeux, ni troublĂ©. Vers l'ouest, Ă  environ 12 lieues environ, nous vĂźmes une sĂ©rie de hautes terres, que nous considĂ©rĂąmes comme des Ăźles, car la perspective faisait apparaĂźtre plusieurs sĂ©parations entre elles.

Cette terre semblait atteindre environ 14 ou 16 lieues de longueur et il s’y rendait de grandes nuĂ©es d'oiseaux. De nombreux hommes et moi-mĂȘme aurions souhaitĂ© nous diriger sur cette terre et y dĂ©barquer, mais le capitaine ne le permĂźt point. La petite Ăźle se trouve Ă  500 lieues de CopiapĂł, presqu’exactement Ă  l’Est, et des GalĂĄpagos, sous l'Ă©quateur, Ă  600 lieues ».

SynthĂšse des informations disponibles

En synthĂšse, c’est donc un ensemble composĂ© d’une "Ăźle de sable", petite et plate, et d’une sĂ©rie de « hautes terres » qui aurait Ă©tĂ© aperçu, ces derniĂšres terres ayant une longueur visible d’environ 14 Ă  16 lieues minimum (soit entre 67 et 77 km, si l'on retient la lieue terrestre anglaise), et se situant Ă  une douzaine de lieues (probablement nautiques, soit 66 km) de l’üle de sable. La petite Ăźle se situerait par 27° ou 27°20’ de latitude sud, et Ă  500 lieues nautiques (environ 2778 km) de la cĂŽte chilienne Ă  hauteur de Copiapo, ce qui Ă©quivaut Ă  peu prĂšs Ă  une longitude de 98° Ouest. La dĂ©couverte serait intervenue entre le , date historique du tremblement de terre Ă  Callao que Wafer indique avoir ressenti en mer alors qu’ils se trouvaient par 12°30 de latitude S., et la « toute fin de l’annĂ©e », pĂ©riode Ă  laquelle Wafer indique qu’ils atteignent Juan Fernandez, situĂ©e par 33°38’ S[4].

A la recherche de « la Terre de Davis » et du continent austral

Extrait d'une carte française de 1705 faisant apparaßtre une "Terre aperçue par les Anglois", à l'Ouest du Chili.

A la suite du tĂ©moignage rapportant l’existence d’une grande terre dans cette zone, possiblement un promontoire de la trĂšs recherchĂ©e Terra Australis Incognita, la "Terre de Davis" apparaĂźt sur les cartes marines.

Un grand nombre de marins se lancera alors, au cours du siĂšcle suivant, Ă  la recherche de la « Terre de Davis », parfois aussi appelĂ©e "Terre de David". Si aucun d’eux ne retrouvera l’üle aux coordonnĂ©es indiquĂ©es, leurs recherches aboutiront nĂ©anmoins Ă  la dĂ©couverte de l’üle de PĂąques, situĂ©e Ă  peu prĂšs sous la mĂȘme latitude, mais beaucoup plus Ă  l’ouest.

Jakob Roggeveen

Le premier explorateur Ă  chercher officiellement la Terre de Davis est selon toute vraisemblance Jakob Roggeveen. Celui-ci indique dans son livre de bord[5], Ă  la date du , avoir rĂ©uni le conseil des officiers de son expĂ©dition, pour l’informer avoir atteint la latitude 26°56’, et la distance de 500 lieues depuis Copiapo, sans avoir aperçu la "Terre Australe Inconnue", but premier de leur voyage. Il note alors que, conformĂ©ment aux instructions des commanditaires du voyage, le conseil dĂ©cide de poursuivre plus vers l’Ouest, sur le mĂȘme parallĂšle, et c’est ainsi que, le , ils dĂ©couvrent l’üle de PĂąques.

Carl Friedrich Behrens (1701-1750)

Bien qu’ils doutent avoir trouvĂ© la mĂȘme terre que Davis, ils dĂ©cident, en repartant, de poursuivre leurs recherches aux alentours pour trouver, soit la « petite Ăźle de sable », soit la « sĂ©rie de terres hautes » dĂ©crites par Wafer, afin d'Ă©tablir si leur dĂ©couverte correspond Ă  l'un de ces deux Ă©lĂ©ments complĂ©mentaires, mais sans succĂšs.

Carl Friedrich Behrens, membre de l'Ă©quipage, mentionne lui aussi qu'une de leurs missions Ă©tait de se rendre "jusqu'Ă  la hauteur de vingt huit degrĂ©s de latitude MĂ©ridionale, c'est-Ă -dire jusqu'Ă  la hauteur du pays de Davis", oĂč ils devaient croiser pendant six semaines[6]. Il Ă©crit ensuite : « Nous flottĂąmes d'abord pendant quelques jours sur la mĂȘme hauteur & fĂźmes tout ce qui Ă©tait possible en prenant diffĂ©rents cours pour dĂ©couvrir le pays de Davis, mais toutes nos peines Ă©taient inutiles ». Pendant plus d'un siĂšcle, le rĂ©cit de Behrens sera la principale source du voyage de Roggeveen, le livre de bord original de ce dernier ayant Ă©tĂ© Ă©garĂ© dans les archives de la Compagnie Hollandaise des Indes Orientales[7].

Autres explorateurs

John Byron (1723-1786)

A la suite de Roggeveen, d’autres navigateurs chercheront le Continent Austral dans la zone, en se rĂ©fĂ©rant expressĂ©ment Ă  la description de la terre de Davis faite par Dampier et Wafer :

  • En 1765, Ă  l'occasion de son tour du monde, John Byron indique orienter sa route "dans le dessein de reconnaĂźtre, s'il Ă©tait possible, la Terre de Davis que les GĂ©ographes placent sur le parallĂšle de 27d 30' environ Ă  cent lieues (sic) Ă  l'Ouest de Copiapo au Chili"[8]. Il croise dans ces eaux pendant 8 jours avant de reprendre vers l'Ouest, mais il n’aperçoit aucune terre avant de parvenir aux Tuamotu, dans l'actuelle PolynĂ©sie française.
  • En 1767, aprĂšs avoir Ă©tĂ© sĂ©parĂ© du capitaine Wallis peu aprĂšs le passage du dĂ©troit de Magellan, Philip Carteret tente lui aussi de dĂ©couvrir la terre de Davis, mais n'aperçoit aucune Ăźle avant celle qu'il baptise Pitcairn, par 25° sud et 130° ouest. Il Ă©crit[9] : "(...) j'atteignis le 27° 20' de latitude S. ; j'y restai jusqu'Ă  ce que nous fussions arrivĂ©s entre le 17 & le 18° Ă  l'Ouest de notre point de dĂ©part. Nous eĂ»mes dans ce parallĂšle de petites fraĂźcheurs, un fort courant du Nord, & d'autres raisons de conjecturer que nous Ă©tions prĂšs de cette terre de Davis que nous recherchions avec grand soin; mais un bon vent s'Ă©levant derechef, nous gouvernĂąmes O. 1/4 SO & nous arrivĂąmes au 28°1/2 de latitude S., d'oĂč il suit que si cette terre ou quelque chose de semblable existait, je l'aurais infailliblement rencontrĂ©e, ou qu'au moins je l'aurais vue. Je me tins ensuite au 28° de latitude S., 40° Ă  l'O. de mon point de dĂ©part, & suivant mon estime, Ă  121° O. de Londres. Le temps & le vent ne me permirent pas de gagner une latitude mĂ©ridionale plus avancĂ©e; mais je suis allĂ© au Sud de la situation assignĂ©e Ă  ce continent supposĂ©, qu'on appelle dans toutes les cartes Terre de Davis ".


Louis-Antoine de Bougainville (1729-1811)



  • Bougainville, en 1768, atteint lui aussi les Tuamotu sans repĂ©rer de nouvelle terre dans la zone supposĂ©e accueillir la terre de Davis, qu’il nomme « Terre de David ». Il indique[10] : « Je dirigeai ma route pour reconnoĂźtre la terre que David, Flibustier Anglois, vit en 1686, sur le parallĂšle de 27 Ă  28d Sud, et qu’en 1722 Roggevin Hollandois chercha vainement. J’en continuai la recherche jusqu’au . J’avois passĂ© le 14 sur cette terre suivant la carte de M. Bellin. Je ne voulus point poursuivre la recherche de l’üle de PĂąques, sa latitude n’étant point marquĂ©e d’une façon positive. »
  • Jean-François de Surville, ayant imaginĂ© traverser le Pacifique Sud dans le sens Ouest-Est, avait pour mission de retrouver les Ăźles Salomon de Mendaña et Quiros, et de chercher lui aussi la "Terre de David". En 1770, empruntant une voie plus au Sud que les autres navigateurs avant lui, il espĂšre dĂ©couvrir le Continent Austral en ralliant le PĂ©rou depuis la Nouvelle-ZĂ©lande, via les Ăźles Juan Fernandez. Il arrive dans ces Ăźles en mars 1770, sans avoir aperçu de terre, prouvant ainsi, plusieurs annĂ©es avant Cook, que le Continent Austral ne se trouve pas sous les latitudes auxquels les gĂ©ographes pensaient qu'on le trouverait[11] - [12]. Une rumeur, nĂ©e au moment de la prĂ©paration de son voyage, faisait Ă©tat d'une Ăźle trĂšs riche peuplĂ©e de Juifs, situĂ©e Ă  700 lieues Ă  l'Ouest de Copiapo, au Chili, et dĂ©couverte par un capitaine Anglais. Il est possible que cette rumeur soit nĂ©e de la dĂ©nomination des Ăźles Ă  rechercher, "Salomon" et "David" Ă©tant les deux premiers rois mythiques d'IsraĂ«l, mais rien ne permet de l'affirmer. D'aprĂšs Monneron, subrĂ©cargue du navire de Surville, cette nouvelle aurait en tous les cas influencĂ© le choix de la route de l'expĂ©dition[13].
  • L'Espagnol Don Felipe GonzĂĄlez de Ahedo en , redĂ©couvre l’üle de PĂąques, quarante-huit ans aprĂšs Roggeveen. Il la nomme San Carlos, en prend possession au nom du roi Charles III, et se dit convaincu qu’il s’agit de la terre de Davis, mais ne sait pas si elle correspond aussi Ă  l'Ăźle dĂ©couverte par Roggeveen en 1722, et qu'il appelle « l’autre » Ăźle de Davis[14].
James Cook (1728-1779)
  • Le second voyage du capitaine James Cook, entre 1772 et 1775, a comme le premier pour objectif de trouver le continent austral s’il existe, en allant plus au Sud que tous les voyages prĂ©cĂ©dents. Au dĂ©part de Nouvelle-ZĂ©lande, il explore les latitudes les plus australes, au-delĂ  du cercle polaire, et arrive Ă  la conclusion que le Continent Austral n’existe pas, en tout cas, pas sous des latitudes habitables. Il dĂ©cide alors de partir Ă  la recherche de grandes Ăźles dans l’ocĂ©an pacifique sud, et notamment de la terre de Davis : « My intention was (
) to go in search of Easter Island or Davis's Land, whose situation was known with so little certainty that the attempts lately made to find it had miscarried »[15].

Traduction : "Mon intention Ă©tait (...) de me mettre Ă  la recherche de l'Ăźle de PĂąques ou Terre de Davis, dont la position est connue avec une si faible certitude que les tentatives rĂ©cemment faites de la trouver ont avortĂ©". Cook parvient ainsi Ă  l’üle de PĂąques, oĂč il passe quatre jours, du 13 au .

  • En 1786, enfin, lorsque La PĂ©rouse fait escale Ă  l’üle de PĂąques, il n'est plus question de trouver le "Terre de Davis". La lettre de mission qui lui adresse le roi Louis XVI mentionne bien l'Ăźle de PĂąques comme destination, mais ne parle pas d'un supposĂ© continent austral Ă  rechercher dans ses environs[16].

Peu Ă  peu, la Terre de Davis n'est plus mentionnĂ©e dans les cartes, oĂč elle est remplacĂ©e par l'Ăźle de PĂąques.

  • Carte de l'AmĂ©rique du Sud par Didier Robert de Vaugondy (1750), faisant apparaĂźtre la "terre dĂ©couverte par Davis"
    Carte de l'Amérique du Sud par Didier Robert de Vaugondy (1750), faisant apparaßtre la "terre découverte par Davis"
  • Carte des AmĂ©riques faisant apparaĂźtre "l'Ăźle de Davis" (Jonghe, 1770)
    Carte des Amériques faisant apparaßtre "l'ßle de Davis" (Jonghe, 1770)
  • Carte Allemande (1774) mentionnant l'Ăźle de Davis, et les courses de Byron, Wallis, Carteret et Cook.
    Carte Allemande (1774) mentionnant l'Ăźle de Davis, et les courses de Byron, Wallis, Carteret et Cook.
  • Carte nautique mondiale faisant apparaĂźtre les "terres vues par David" ou "Ăźle de Davis" (Jacques-Nicolas Bellin, 1778)
    Carte nautique mondiale faisant apparaĂźtre les "terres vues par David" ou "Ăźle de Davis" (Jacques-Nicolas Bellin, 1778)
  • Carte des dĂ©couvertes du capitaine Cook et d'autres navigateurs dans le Pacifique, faisant apparaĂźtre l' "Ăźle de PĂąques ou Ăźle de Davis" (Thomas Kitchin, 1780).
    Carte des découvertes du capitaine Cook et d'autres navigateurs dans le Pacifique, faisant apparaßtre l' "ßle de Pùques ou ßle de Davis" (Thomas Kitchin, 1780).
  • Carte nautique par Didier Robert de Vaugondy (1784). La Terre de Davis n'est plus mentionnĂ©e, et l'Ăźle de PĂąques est masquĂ©e par le cartouche.
    Carte nautique par Didier Robert de Vaugondy (1784). La Terre de Davis n'est plus mentionnée, et l'ßle de Pùques est masquée par le cartouche.
  • Carte française (1832) faisant apparaĂźtre "Waihou" (nom donnĂ© par Cook Ă  l'Ăźle de PĂąques) et les Ăźles Sala y Gomez.
    Carte française (1832) faisant apparaßtre "Waihou" (nom donné par Cook à l'ßle de Pùques) et les ßles Sala y Gomez.
  • carte italienne (1898) faisant apparaĂźtre l'Ăźle de PĂąques et les Ăźles Sala y Gomez.
    carte italienne (1898) faisant apparaĂźtre l'Ăźle de PĂąques et les Ăźles Sala y Gomez.


HypothĂšses d'identification de la Terre de Davis

DÚs la découverte de l'ßle de Pùques par Jakob Roggeveen en 1722, se pose la question de savoir si celle-ci correspond en réalité à la Terre aperçue par Davis, qu'il aurait retrouvée.

Ile de PĂąques - CĂŽte Sud-Est

Roggeveen lui-mĂȘme, pĂšse longuement les arguments en faveur ou en dĂ©faveur de cette thĂ©orie. Toutefois, pendant plus de cent ans, la relation de voyage de Carl Behrens, sera la seule source de premiĂšre main de son voyage, connue du public. Or, celle-ci laisse clairement entendre que l’üle de PĂąques est une dĂ©couverte totalement nouvelle. Behrens Ă©crit en effet qu'aprĂšs la dĂ©couverte de l'Ăźle de PĂąques : "Nous naviguĂąmes encore quelques jours aux alentours, et fĂźmes voile vers tous les points du compas, mais la Terre de David resta introuvable"[6]. Ceci explique que la plupart des commentateurs du voyage de Roggeveen, se fondant sur le rĂ©cit de Behrens, considĂšrent que l'amiral Hollandais s'attribue la dĂ©couverte de l'Ăźle de PĂąques aux dĂ©pens de Davis.

Pourtant, dans son véritable journal de bord, Roggeveen aboutit plutÎt à la conclusion contraire, aprÚs de longues hésitations.

Carte de l'itinéraire de Roggeveen, dressée par Karl Behrens

Ainsi, au moment oĂč il l'aperçoit au loin le , Roggeveen croit reconnaĂźtre en l’üle de PĂąques « l’üle sablonneuse » de Davis, et remarque que la cĂŽte de la grande terre supposĂ©e se tenir plus Ă  l’Ouest reste hors de vue. Mais aprĂšs s’ĂȘtre approchĂ© de l’üle, il rĂ©alise que sa dĂ©couverte n’est en rien conforme Ă  la description de Dampier et Wafer. Il explique ensuite pourquoi l’üle de PĂąques ne peut ni ĂȘtre la « sĂ©rie de hautes terres », ni la petite Ăźle "basse et sablonneuse" dĂ©crites par ces derniers. Il en conclut que l’üle de PĂąques ne correspond pas Ă  la Terre de Davis qui Ă©tait leur objectif, et que cette derniĂšre se trouvera peut-ĂȘtre encore plus Ă  l’Ouest, sauf Ă  considĂ©rer que les dĂ©couvreurs d’origine de cette terre, aient tout simplement menti[17]. Au moment de repartir de l’üle de PĂąques le , il sollicite son conseil sur cette question, et les mĂȘmes arguments sont dĂ©veloppĂ©s, arrivant aux mĂȘmes conclusions partagĂ©es. Il conclut alors :


« AprĂšs quoi, tous ces points Ă©tant attentivement notĂ©s et pesĂ©s avec soin, il est unanimement rĂ©solu que, incontestablement, l’üle de pĂąques ci-dessus mentionnĂ©e ne correspond pas le moins du monde Ă  la description d’une « sĂ©rie de hautes terres », Ă©tant seulement d’élĂ©vation modeste. (
) Au surplus, que nous n’avons pas vu la petite Ăźle basse de sable, qui serait la preuve dĂ©terminante que nous aurions trouvĂ© la terre que nous cherchons ».

Pour en avoir le cƓur net, ils dĂ©cident cependant de naviguer encore 100 milles nautiques plus Ă  l’Ouest sur le mĂȘme parallĂšle, non sans avoir effectuĂ© un crochet en arriĂšre, vers l’Est, pour vĂ©rifier s’ils apercevaient la petite Ăźle sablonneuse, qui confirmerait que l’üle de PĂąques correspondrait Ă  la « sĂ©rie de hautes terres ».

Ils ne trouvent rien de nouveau, malgré leurs recherches intensives sous la latitude indiquée pour la Terre de Davis. Onze jours aprÚs avoir quitté l'ßle de Pùques, soit le , Roggeveen revient pourtant sur son premier avis, et aboutit à la conclusion que l'ßle qu'ils ont découverte, est nécessairement celle aperçue par Davis et décrite par Wafer et Dampier, car il s'agit de la seule qu'ils aient rencontrée sous la latitude indiquée. Mais il considÚre que ces derniers ont déformé ou exagéré leur découverte. Le journal de bord original dit ceci :

"dog alvoorens daartoe te komen, moet ik met weinigh woorden noteeren, dat men sig ten hoogsten te verwonderen heeft, van menschen te vinden, die glory stellen omnaamrugtig te weesen door het gemeen maken haarder schriften met den druck waarin sy de opgepronkte leugen gangbaar soeken te maaken voor suyvere waarheyd, (...) want aangesien wy geen land van Copayapo westwaards tot op een affstand van 658 mylen, daer wy ons heden bevinden, ontdekt hebben, dan het Paasch Eyland ; soo volgt dat hetselve de cust is van 't onbekende Zuydland, naar 't oordeel van den gedagten Dampier, teunende op het getuygenis van Davis als desselfs ontdecker, en streckte Noord-West buyten het gesigt"[18].

Seule une traduction anglaise de ce passage existe, celle d'Andrew Sharp, publiĂ©e aux presses d'Oxford en 1970. Cette traduction est la suivante : "one must be greatly astonished at finding people who contrive to become famous through the general publication of their writings in which they seek to establish embellished lies as clear truth, (
) for since we have discovered no land from Copiapo westward for a distance of 658 miles, wher we are today, except the Paasch island, it accordingly follows that this is the coast of the unknowh Southland according to the opinion of the said Dampier, depending on the witness of Davis as its discoverer[19]". Traduction : « Il est stupĂ©fiant de constater que certains parviennent Ă  devenir cĂ©lĂšbres en diffusant largement leurs Ă©crits, dans lesquels ils font passer des mensonges embellis pour la pure vĂ©ritĂ©, (
). Comme nous n'avons trouvĂ© aucune terre Ă  l'Ouest de Copiapo sur une distance de 658 milles oĂč nous sommes aujourd'hui, en dehors de l'Ăźle de PĂąques, il s'ensuit par consĂ©quent que celle-ci est la cĂŽte du continent austral inconnu selon l'opinion dudit Dampier, qui le tient du tĂ©moignage de Davis son dĂ©couvreur (...).

Roggeveen ajoute alors ces mots trĂšs durs Ă  propos de Davis, Dampier et Wafer : "lorsque leurs narrations sont comparĂ©es Ă  nos propres observations, il n’y a plus rien Ă  dire, Ă  part que ces trois (qui Ă©taient Anglais) Ă©taient des bandits vis-Ă -vis de la vĂ©ritĂ©, autant qu’ils Ă©taient des bandits aprĂšs les richesses des Espagnols" . AprĂšs un nouveau conseil de bord le , les officiers de l'expĂ©dition arrivent Ă  la conclusion que l’expĂ©dition a pleinement rempli sa premiĂšre mission, qui consistait Ă  rechercher la Terre de Davis[19].

Bolton Glanville Corney, qui a traduit une partie du livre de bord de Roggeveen, Ă©crit lui aussi qu'aprĂšs le , ce dernier "conclut que l'Ăźle de PĂąques doit ĂȘtre la mĂȘme que le prĂ©tendu Continent Austral de Davis, Wafer et Dampier"[5].

En dépit de ce que de nombreux auteurs ont affirmé, et affirment encore, sur la foi du récit de Behrens ou d'une lecture tronquée du livre de bord de Roggeveen (imparfaitement traduit il est vrai), ce dernier considÚre donc avoir retrouvé la Terre de Davis, bien que celle-ci ne corresponde pas à la description magnifiée qui en a été faite.

Par la suite, un dĂ©bat opposera toujours les gĂ©ographes et les navigateurs, sur la question de savoir si l’üle dĂ©couverte par Roggeveen Ă©tait rĂ©ellement la terre de Davis. Cette hypothĂšse sera rapidement la plus admise, bien que la question reste soumise Ă  la contradiction.

Gonzalez de Haedo (1770)

Carte et profil de l'ßle de Pùques dressés par Gonzalez de Haedo, 1770.

En 1770, le second europĂ©en Ă  toucher l’üle de PĂąques, Don Felipe Gonzalez de Haedo, considĂšre sans ambiguĂŻtĂ© qu’elle correspond Ă  la Terre de Davis, sans pour autant ĂȘtre sĂ»r qu’elle corresponde aussi Ă  l’üle dĂ©couverte par Roggeveen. Ce faisant, Gonzalez s'attribue l'honneur d’ĂȘtre le premier europĂ©en Ă  avoir mis le pied sur la fameuse « Terre de Davis », seulement aperçue par le flibustier anglais[14].

Dans un compte rendu officiel de son expédition, retranscrit en Anglais par Alexander Dalrymple, il est clairement affirmé que l'équipage du capitaine Gonzalez, sur la Rosalie, a bien atteint la Terre de Davis[12].


Alexander Dalrymple (1770)

Dans son Voyage dans la Mer du Sud par les Espagnols et les Hollandois (1770), l'Ă©minent gĂ©ographe Ă©cossais Alexander Dalrymple, ne tranche pas la question, mais considĂšre implicitement que l’üle de PĂąques correspond bien Ă  l’üle aperçue par Davis.

Alexander Dalrymple (1737 - 1808)

il indique ainsi que pour dresser sa carte du Pacifique Sud, il a positionnĂ© l’üle de PĂąques « Ă  cent six degrĂ©s trente minutes Ă  l’Ouest de Londres, parce que cette longitude s’accorde avec la dĂ©couverte de Davis »[20].

Dans une lettre adressĂ©e Ă  John Hawkesworth, en 1773, Dalrymple est beaucoup plus affirmatif. S'appuyant sur le compte-rendu de la dĂ©couverte de Gonzalez de Ahedo Ă©voquĂ© ci-avant, il Ă©crit ainsi "la situation que j'avais donnĂ©e Ă  l'ile de PĂąques d'aprĂšs les circonstances de la navigation Ă©tait Ă  peu prĂšs la mĂȘme que celle de la terre de Davis. Nos Navigateurs n'ont pu dĂ©couvrir cette Ăźle que les Espagnols ont enfin trouvĂ©e comme on n'en peut douter par l'extrait suivant tirĂ© des papiers publics d'Espagne".[12]

James Cook (1803)

Dans la relation de son second voyage (1770-1774), publiée pour la premiÚre fois en 1803, James Cook, penche lui aussi assez nettement pour la correspondance entre ßle de Pùques et Terre de Davis, bien qu'il ne soit pas affirmatif. En introduction il indique que l'ßle de Pùques découverte par Roggeveen a "probablement" été aperçue auparavant par Davis, bien que ce dernier ne l'ait pas visitée. Il indique :

« ... land was seen (
). I made no doubt that this was Davis's Land, or Easter Island, as its appearance from this situation corresponded very well with Wafer's account ; and we expected to have seen the low sandy isle that Davis fell in with which would have been a confirmation but in this we were disappointed ».

Traduction : "..., la terre fut en vue (...). Je n'eus aucun doute que celle-ci fût la terre de Davis, ou ßle de Pùques, son aspect depuis cette situation correspondant trÚs bien avec le récit de Wafer, et nous nous attendions à voir l'ßle basse sablonneuse rencontrée par Davis, ce qui aurait été une confirmation, mais en cela nos espoirs furent déçus".

Puis, page 288 : « I shall now give some farther account of this island which is undoubtedly the same that Roggewin touched at in April 1722, although description given of it by the authors of that voyage does by no means agree with it now. It may also be the same that was seen by Captain Davis in 1686 ; for when seen from the east it answers very well Wafer's description, as I have before observed. In short, if this is not the land, his discovery cannot lie far from the coast of America as this latitude has been well explored from the meridian of 80° to 110°".

Traduction : "Je vais maintenant donner un compte-rendu plus dĂ©taillĂ© de cette Ăźle, qui est sans aucun doute la mĂȘme que Roggeween toucha en , bien que la description qui en est donnĂ©e par les auteurs de ce voyage ne correspond en rien Ă  ce qu'elle est maintenant. Il se peut aussi qu'elle soit la mĂȘme Ăźle que celle aperçue par le capitaine Davis en 1686; car lorsqu'elle est vue de l'Est elle rĂ©pond trĂšs bien Ă  la description de Wafer, comme je l'ai dĂ©jĂ  observĂ©. En bref, si ce n'est pas cette terre, sa dĂ©couverte ne doit pas se tenir Ă©loignĂ©e de la cĂŽte de l'AmĂ©rique, Ă©tant donnĂ© que cette latitude a Ă©tĂ© bien explorĂ©e, de la longitude 80° Ă  110°"[21].

Robert Griffiths (1801)

La thĂšse de Cook et Dalrymple est soutenue plus explicitement par Robert Griffiths, dans le volume XXXIV de la Mounthly Review. Cet article rĂ©pond en effet Ă  la thĂšse adverse de Fleurieu exprimĂ©e en marge de la relation de voyage du capitaine Marchand (Fleurieu considĂ©rant, comme indiquĂ© plus bas, que l'Ăźle de PĂąques ne peut d'aucune façon correspondre Ă  la Terre de Davis). Griffiths se dit convaincu, jusqu’à preuve du contraire, que la Terre de Davis est l’üle de PĂąques, et que les arguments de Fleurieu ne sont pas convaincants. Il considĂšre qu’il n’est pas extraordinaire qu’en mettant cap au sud depuis les GalĂĄpagos, un navire soit dĂ©portĂ© suffisamment Ă  l’Ouest par les alizĂ©s du Sud Est, pour atteindre l’üle de PĂąques. Il estime aussi que la gĂ©omorphologie de l’üle de PĂąques, aperçue de loin, peut faire penser Ă  une sĂ©rie de hautes terres, et que les observateurs ont pu exagĂ©rer sa taille. Enfin, selon Griffiths, l’üle sablonneuse a trĂšs bien pu disparaĂźtre, comme cela arrive souvent aux bancs de sable[22].

James Burney (1806)

James Burney, membre de la seconde expĂ©dition scientifique de James Cook, est l’auteur d’une somme considĂ©rable sur l’histoire de la navigation dans les mers du sud, Ă©ditĂ©e en 1806. Dans son volume IV, pages 208 et 209, il reproche -Ă  tort- Ă  Roggeveen de chercher Ă  s’attribuer la dĂ©couverte de l’üle de PĂąques au dĂ©triment de Davis. Il Ă©crit : « Jacob Roggewein, l’amiral hollandais, Ă©tait, plus qu’aucun autre navigateur, dĂ©sireux de s’attribuer le crĂ©dit de faire de nouvelles dĂ©couvertes »[23].

Il estime qu’il est tout Ă  fait possible d’ĂȘtre dĂ©portĂ© vers l’üle de PĂąques depuis les Galapagos, en raison des vents dominants. De mĂȘme, il indique lui aussi que les descriptions de Davis et Wafer correspondent bien Ă  l’üle de PĂąques, les montagnes de cette derniĂšre pouvant apparaĂźtre comme une sĂ©rie de plusieurs Ăźles hautes. Il considĂšre que l’erreur de longitude faite par Davis (qu’il Ă©value Ă  178 lieues marines, soit un peu moins de 1000 km), n’est pas irrĂ©aliste, notamment si l’on prend en compte le fait que Davis ne disposait pas de bonnes donnĂ©es de longitudes concernant les Galapagos et Copiapo. (p. 208).

Il conclut en indiquant que si l’üle de PĂąques dĂ©couverte par Roggeveen est situĂ©e plus Ă  l’Ouest que la Terre de Davis, alors cette derniĂšre se trouve toujours sous la mĂȘme latitude, en direction du continent amĂ©ricain. Mais ceci lui paraĂźt hautement improbable, du fait que ces parages aient Ă©tĂ© largement visitĂ©s au cours des annĂ©es passĂ©es. Il Ă©crit pour finir que « la conviction qu’Edward Davis et Roggewein ne virent qu’une seule et mĂȘme Ăźle ne peut que se renforcer avec le temps, jusqu’à preuve du contraire ». (p. 566)

Frederick Beechey (1839)

Frederick William Beechey (1796-1856)

Le capitaine anglais Frederick Beechey fait halte Ă  l’Ile de PĂąques en 1825 Ă  bord du HMS Blossom. Dans son compte-rendu de voyage, il estime que les donnĂ©es disponibles ne sont pas suffisantes pour dĂ©terminer si la terre de Davis correspond Ă  l’üle de PĂąques ou aux Ăźles Ambroise et FĂ©lix, Ă  1600 milles nautiques plus Ă  l’Est. Il estime nĂ©anmoins que les forts courants constatĂ©s dans cette zone de l’OcĂ©an Pacifique Sud-Est, peuvent expliquer qu’un navire naviguant entre les Galapagos et les Ăźles Juan Fernandez se retrouve dĂ©portĂ© largement Ă  l’Ouest. Il cite ainsi l’expĂ©rience de Behrens, celle de la PĂ©rouse, et la sienne, autant de cas dans lesquels les navires se sont retrouvĂ©s entre 270 et 300 milles plus Ă  l’Ouest que prĂ©vu. Aussi, en retenant cette dĂ©rive de 300 milles comme une moyenne acceptable, la diffĂ©rence entre la position rĂ©elle de l’üle de PĂąques et celle donnĂ©e par Wafer pour la Terre de Davis, n’est plus que de 204 milles. En conclusion, il considĂšre qu’une telle erreur de positionnement n’est pas moins vraisemblable que celle qui fait dire Ă  la PĂ©rouse que Wafer et Dampier voulaient certainement indiquer une distance de 200 lieues depuis la cĂŽte Chilienne, plutĂŽt que 500[24].


Encyclopédies et autres

Quelques encyclopĂ©dies affirmeront ensuite que l’üle de PĂąques correspond bien Ă  l’üle de Davis[25], bien que la plupart, comme l'Encyclopedia Britannica, de 1911, se contentent de mentionner avec prudence, que la premiĂšre a Ă©tĂ© trouvĂ©e en cherchant la seconde[26].

Il est trĂšs frĂ©quent, aujourd'hui, de trouver sur des sites internet ou dans des guides consacrĂ©s Ă  l’üle de PĂąques, l’affirmation selon laquelle le premier EuropĂ©en Ă  avoir aperçu l’üle de PĂąques Ă©tait Davis[27].

Assimilation aux Ăźles Desventuradas (St Ambroise et FĂ©lix)

De nombreux gĂ©ographes et navigateurs considĂšrent comme insatisfaisante, l’assimilation qui est faite entre la Terre de Davis et l’üle de PĂąques. Outre l'absence de ressemblance dans les descriptions de ces deux terres, ils estiment notamment que l'Ăźle de PĂąques est situĂ©e trop Ă  l’Ouest pour avoir Ă©tĂ© rencontrĂ©e par Davis lors de sa route entre les Galapagos et l’üle Juan Fernandez. Surtout, lorsqu’il est pris en considĂ©ration qu’aprĂšs avoir voyagĂ© plein sud depuis les Galapagos, Davis indique avoir orientĂ© la course du Batchelor’s Delight au Sud-Est, soit Ă  l’opposĂ© de la position de l’üle de PĂąques.

Les partisans de cette thĂ©orie font valoir qu’il existe Ă  peu prĂšs sous la mĂȘme latitude que l’üle de PĂąques, mais beaucoup plus Ă  l’Est, un ensemble de deux Ăźles peu connues Ă  l’époque : les Ăźles Saint Ambroise et FĂ©lix (ou « Desventuradas »), dĂ©couvertes par le navigateur Juan Fernandez en 1574 et trĂšs tardivement situĂ©es sur les cartes.

Pingré (1767)

En 1767, Alexandre Guy PingrĂ© publie son « MĂ©moire sur le choix et l’état des lieux oĂč le passage de vĂ©nus du pourra ĂȘtre observĂ© avec le plus d’avantages [28]» (Ă©dition d’un discours lu en ) ;

Alexandre Gui Pingré (1711-1796)

Il n’établit aucun lien entre l’üle de PĂąques et la Terre de Davis, considĂ©rant que les deux sont distinctes, si ce n’est que leurs positions respectives sont trĂšs mal rendues par leurs dĂ©couvreurs. Il affirme en revanche que la Terre de Davis correspond plus probablement aux Ăźles St Ambroise et Felix, qu’à l’üle de PĂąques :

A propos de le Terre de Davis, il Ă©crit ainsi : (
) « tous les GĂ©ographes ont depuis marquĂ© cette terre sur leurs Cartes, sous le nom de Terre de Davis, ou de Terre dĂ©couverte par Davis. Je n’en conteste pas non plus l’existence, mais je crois qu’elle est mal marquĂ©e sur les Cartes, & que probablement cette petite isle & cette grande terre ou cette plus grande isle ne diffĂšrent point des isles de S. FĂ©lix & de S. Ambor dont nous avons parlĂ© ci-dessus ».

Il pointe en effet le fait que le Bachelor's Delight ait orientĂ© sa course au sud-est, et non au sud ouest, depuis les Ăźles Galapagos. PingrĂ© en dĂ©duit : « De cette route, il suit que les isles dĂ©couvertes par Davis doivent ĂȘtre plus orientales que le 292° mĂ©ridien. Or les isles de S. FĂ©lix sont marquĂ©es sur la Carte de Don Juan & Don de Ulloa par 297 degrĂ©s & demi de longitude. Au contraire si ces isles de Davis Ă©toient Ă  500 lieues Ă  l’Est de Copiapo cette ville Ă©tant par 306 dĂ©grĂ©s de longitude, la longitude de la petite isle seroit de 278 dĂ©grĂ©s & demi & par consĂ©quent beaucoup plus occidentale que celle des Gallapagos & que celle du point de dĂ©part Ă  12 dĂ©grĂ©s & demi de latitude. Il faut donc reconnoĂźtre qu’il est Ă©chappĂ© ou Ă  Wafer ou Ă  son Copiste ou Ă  son Imprimeur une faute d’écriture & que la petite isle est distante de Copiapo non pas de 500 mais de 150 lieues ou environ ».

Bougainville (1768)

Louis Antoine de Bougainville partage l’opinion de PingrĂ©. AprĂšs ĂȘtre passĂ© sans succĂšs dans les parages supposĂ©s accueillir la Terre de David, il Ă©crit : « Je pense au reste d’aprĂšs le rĂ©cit de David, que la terre qu’il dit avoir vue, n’est autre que les Ăźles de Saint Ambroise et Saint FĂ©lix, qui sont Ă  deux cents lieues de la cĂŽte du Chili »[10].

Carteret (1773)

Philip Carteret (1733-1796)

En 1773, dans le rĂ©cit de son voyage autour du monde publiĂ© par Hawkesworth et Ă©ditĂ© en Français en 1774, Philip Carteret fait le parallĂšle avec l’üle de PĂąques, mais indique lui aussi considĂ©rer que la terre aperçue par Davis correspond beaucoup plus vraisemblablement aux Desventuradas : « Et rĂ©flĂ©chissant sur la description donnĂ©e par Wafer, Chirurgien Ă  bord du vaisseau commandĂ© par le Capitaine Davis, je pense qu’il est probable que ces deux iles [St Ambroise et FĂ©lix] sont la terre que rencontra Davis dans sa route au Sud des iles de Galapagos & que la terre placĂ©e dans toutes les cartes marines sous le nom de Terre de Davis n’existe point. Je n’ai point changĂ© de sentiment en lisant ce qui est dit dans le voyage de Roggevin fait en 1722 d’une terre qu’on appelle Isle de PĂąques, ce qui confirme la dĂ©couverte de Davis suivant quelques personnes qui imaginent que c’est la mĂȘme terre que ce Navigateur a appelĂ©e de son nom. Il est clair par la narration de Wafer qu’exceptĂ© ce qui regarde la latitude, on doit ajouter peu de foi au journal tenu Ă  bord du vaisseau de Davis puisqu’il avoue que l’équipage manqua de pĂ©rir pour avoir supposĂ© la variation de l’aiguille Ă  l’Ouest tandis qu’elle Ă©tait Ă  l’Est »[9].

Lui aussi, considĂšre qu’en ayant naviguĂ© vers le sud-est depuis les Ăźle Galapagos, le Batchelor’s Delight a dĂ» se retrouver « Ă  deux cent lieues de Copiapo & non pas Ă  cinq cents ».

La PĂ©rouse (1798)

Dans son journal de bord, sauvegardé avant qu'il fasse naufrage, et publié en 1798, La Pérouse consacre un long développement à la réfutation de l'avis de Dalrymple et Cook, selon lequel l'ßle de Pùques serait la Terre de Davis :

Jean-François de Galaup, comte de la Pérouse (1741-1788?)

« Waffer dit que cette petite isle de sable se trouve Ă  cinq cents lieues de Copiapo et Ă  six cents des Gallapagos. On n’a pas assez remarquĂ© que ce rĂ©sultat est impossible. Si Davis, par 12° de latitude mĂ©ridionale, et Ă  cent cinquante lieues des cĂŽtes de l’AmĂ©rique, a fait valoir sa route le sud-sud-est ainsi que le rapporte Waffer, comme il est Ă©vident que ce capitaine flibustier a dĂ» faire gouverner avec les vents d’est, qui sont trĂšs frĂ©quens dans ces parages, pour exĂ©cuter le projet qu’il avait d’aller Ă  l’isle de Juan Fernandez, on doit en conclure, avec M. PingrĂ©, qu’il y a une erreur de chiffre dans la citation de Dampier, et que la terre de Davis au lieu d’ĂȘtre Ă  cinq cents lieues de Copiapo, n’en est qu’à deux cents lieues : il serait alors vraisemblable que les deux isles de Davis sont celles de Saint Ambroise et de Saint FĂ©lix, un peu plus nord que Copiapo mais les pilotes des flibustiers n’y regardaient pas de si prĂšs et n’obtenaient guĂšre la latitude qu’à 30 ou 40’ prĂšs. J’aurais Ă©pargnĂ© Ă  mes lecteurs cette petite discussion de gĂ©ographie si je n’avais eu Ă  combattre l’opinion de deux hommes justement cĂ©lĂšbres [Dalrymple et Cook]. Je dois cependant dire que le capitaine Cook Ă©tait dans le doute et qu’il rapporte qu’il eĂ»t dĂ©cidĂ© la question s’il avait eu le temps de s’élever Ă  l’est de l’isle de PĂąque. Comme j’ai parcouru trois cents lieues sur ce parallĂšle et que je n’ai point vu l’isle de Sable, je crois qu’il ne doit plus rester aucun doute, et le problĂšme me paraĂźt entiĂšrement rĂ©solu »[29].

Dans les Ă©changes entre PingrĂ© et Fleurieu d’une part, Dalrymple, Burney et Griffiths d’autre part, on dĂ©note une certaine rivalitĂ© franco-britannique[22] , les premiers ayant tendance Ă  dĂ©nier au flibustier anglais la dĂ©couverte d’une terre nouvelle, alors que les seconds la soutiennent.

Toutefois, en plus de Carteret, d’autres auteurs anglophones, comme George Parker Winship (1903)[30] et John Dunmore (2006)[31], tiennent pour acquis ou du moins probable, que la Terre aperçue par Davis, corresponde aux Ăźles St Ambroise et FĂ©lix.

Assimilation aux Ăźles Gambier

Quelques rares auteurs croient voir dans l'archipel des Gambier, en Polynésie française la petite ßle de sable et la série de hautes terres décrites par Wafer et Dampier[32]. C'est en tout cas l'avis de Katherine Routledge, qui a mené les premiÚres fouilles archéologiques à l'ßle de Pùques en 1914[33].

Carte approximative montrant les Ăźles Gambier, avec l'atoll de Temoe (ou Crescent Island) au sud-est.

L'archipel se compose en effet, à l'Est, d'un petit atoll doté de plages de sable (Temoe), et à une quarantaine de km à l'Ouest, de quelques ßles hautes, dont Mangareva, réunies au sein d'un triangle d'une quinzaine de km de cÎté.

Les Ăźles Gambier sont cependant situĂ©es par 23° de latitude sud, et non par 27 ou 27°20' comme le dĂ©crivent Wafer et Dampier. De mĂȘme, elles se situent Ă  plus de 6.000 km de la cĂŽte chilienne (6.400 km de Copiapo) au lieu des 500 lieues (2778 km) Ă©voquĂ©es pour la terre de Davis. Enfin, l'ensemble des Ăźles hautes qui constituent l'archipel des Gambier ne s'Ă©tend pas sur plus de 7 ou 8 km de longueur, ce qui est trĂšs Ă©loignĂ© des "14 Ă  16 lieues" Ă©voquĂ©es par Waffer.

Sans que l'origine de cette théorie soit attestée, quelques articles ou sites y font référence[34] - [35]

Assimilation Ă  l'Ăźle de Sala y Gomez

Vue aérienne de l'ßlot de Sala y Gomez

Pour Jeremy Black, la Terre de Davis est "probablement la petite Ăźle de Sala-y Gomez, et un banc de nuage Ă  l'Ouest Ă©voquant une terre"[36]

L'ßle de Sala y Gomez, découverte en 1793, est en effet située par 26°28 de latitude sud et 105°21 de longitude Ouest. Elle totalise moins de 15 hectares de superficie. En revanche, elle est composée de roche noire, et non de sable.

Charles Pierre Claret de Fleurieu (1797)

Dans ses appendices au « Voyage autour du monde, pendant les annĂ©es 1790, 1791 et 1792, par Étienne Marchand », Tome V, p.398 env.), Fleurieu propose un chapitre nommĂ© « L’üle de PĂąques n’est pas la Terre de Davis »[37].

Charles Pierre Claret de Fleurieu (1738-1810)

Fleurieu rappelle que PingrĂ© attribue la mĂ©prise Ă  une erreur de Wafer ou de son copiste ou de son Ă©diteur quant aux « 500 lieues » de distance depuis Copiapo. Mais selon lui, cette explication n’est pas convaincante, puisque la mĂȘme erreur se retrouve dans les Ă©crits de Dampier, qu'il considĂšre ĂȘtre quelqu’un d’exact.

Il Ă©crit : « Je ne me propose pas ici de rechercher la Position de la prĂ©tendue Terre de Davis que PingrĂ© soupçonne devoir ĂȘtre les Ăźles de Saint FĂ©lix et Saint Ambor, je ne veux que dĂ©montrer que l’üle de PĂąques ne peut pas ĂȘtre la Terre de Davis".

Il détaille alors longuement les écarts entre la description de la Terre de Davis par Wafer et Dampier, avec celle de l'ßle de Pùques par Behrens, et comme la Pérouse, il arrive à la conclusion que la latitude de la supposée terre de Davis a été suffisamment explorée pour vaincre le doute du capitaine Cook.

En guise de conclusion, il Ă©crit : "Je n'irai certainement pas aussi loin que l'Amiral hollandais et je n'accuserai pas Davis et Wafer d'avoir inventĂ© Ă  plaisir une Terre Australe qu'ils n'ont pas vue, mais depuis que Roggeween, Cook et La PĂ©rouse ont parcouru ce Parage, il est permis de croire que Davis a mal vu et que ce qu’il a vu ou cru voir n’existe pas dans la Position qu’il avoit indiquĂ©e".

John Macmillan Brown (1924)

Pour John Macmillan Brown, aucune des thĂ©ories opposĂ©es, celle de Beechey et celle de La PĂ©rouse, n'est acceptable. Elles prennent trop de libertĂ© avec les faits : La PĂ©rouse prend pour hypothĂšse une erreur de 300 lieues de la part de Wafer et Dampier, Beechey Ă  l'inverse, omet d’admettre que l’üle de PĂąques ne ressemble en rien Ă  la description de Wafer.

Pour lui, il faut nĂ©cessairement en conclure que la terre de Davis a dĂ» exister, mais qu’elle a probablement sombrĂ© dans l’ocĂ©an[32].

James William Kelly

Pour James William Kelly, il est probable que Davis ait été trompé par un banc de nuages[38].

Carte des diverses positions envisagées pour la Terre de Davis

La carte ci-joint, fait Ă©tat des diverses positions possibles de la Terre de Davis, selon les commentateurs.

Terre de Davis - emplacements envisagés par les commentateurs, et routes qui auraient été suivies par le Batchelor's Delight

Le tracé rouge donne les positionnements rapportés par Lionel Wafer :

1- DĂ©part des Galapagos

2- Point situé par 12°30' sud, et à 150 lieues des cÎtes du Pérou, atteint le , date historique du tremblement de terre à Callao

3- Position donnée à la Terre de Davis : 27 ou 27°3°'s de latitude sud, à 500 lieues presqu'exactement à l'Ouest de Copiapo.

4- Archipel Juan Fernandez, atteint "à la toute fin de l'année" selon Wafer.

5- Ile Santa Maria.

6- Cap Horn.

Les tracés jaunes montrent les différentes positions proposées par les commentateurs pour la Terre de Davis, et les routes maritimes que celles-ci impliquent. D'Ouest en Est il s'agit :


Notes et références

  1. (en) James Burney, A Chronological History of the Discoveries in the South Sea Or Pacific Ocean (Vol. IV), Londres, (lire en ligne), p. 209
  2. (en) Nathaniel Davis, An expedition of a body of Englishmen to the goldmines of Spanish America, in 1702., Londres (lire en ligne)
  3. (en) William Dampier, A New Voyage Round The World (Vol. I), Londres, (lire en ligne), p. 352
  4. (en) Lionel Wafer, A new voyage and description of the isthmus of America, Londres (lire en ligne), p. 392
  5. (en) Bolton Glanvill Corney; Jacob Roggeveen; Don Felipe Gonzalez, The Voyage of Captain Don Felipe Gonzalez to Easter island, 1770-1, preceded by an extract from mynheer Jacob Roggeveen's official log, (lire en ligne), p.4
  6. Carl Behrens, Histoire de l'expédition de trois vaisseaux envoyés par la Compagnie des Indes Occidentales des Provinces Unies aux Terres Australes, La Haye, (lire en ligne), p. 93
  7. Marie-Charlotte Laroche, « Circonstances et vissicitudes du voyage de dĂ©couverte dans le Pacifique Sud de l'exploration Roggeveen 1721-1722 », Journal de la SociĂ©tĂ© des ocĂ©anistes, n°74-75, tome 38, 1982. Hommage au R. P. Patrick O'Reilly. pp. 19-23.,‎ (lire en ligne)
  8. John Byron; John Hawkesworth., Relation des voyages entrepris (Tome I) (ttps://books.google.com/books?id=fTZyU1CVQoYC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false), p. 211
  9. Philip Carteret; John Hawkesworth, Relation des voyages entrepris (Tome II), Paris, (lire en ligne), p. 77
  10. Louis-Antoine de Bougainville, Voyage autour du monde par la frĂ©gate la Boudeuse et la flĂ»te l'Étoile, Paris, (lire en ligne), p. 177
  11. Julien-Marie Crozet; Jean-François de Surville, Nouveau Voyage à la mer du Sud, Paris, (lire en ligne), p. 287
  12. Alexander Dalrymple (trad. M. de Fréville), Voyage dans la Mer du Sud par les Espagnols et les Hollandois, Paris, (lire en ligne), p. 480 (Note de l'Editeur sous la "Lettre à Hawkesworth")
  13. Julien-Marie Crozet; Jean-François de Surville, Nouveau Voyage à la Mer du Sud, Paris, (lire en ligne), p. 253
  14. (en) Bolton Glanvill Corney; Jacob Roggeveen; Don Felipe Gonzalez, The Voyage of Captain Don Felipe Gonzalez to Easter island, 1770-1, preceded by an extract from mynheer Jacob Roggeveen's official log, (lire en ligne), p. 50
  15. (en) James Cook, The Three Voyages of Captain James Cook Around the World (Vol. III), Londres, (lire en ligne), p.272
  16. Jean-François de Galaup, compte de La Pérouse; M. L. A. Milet-Mureau, Voyage de La Pérouse autour du Monde (vol. 1), Paris, (lire en ligne), p. 9
  17. (en) Boston Glanville Corney; Jacob Roggeveen; Don Felipe Gonzalez de Haedo, The Voyage of Captain Don Felipe Gonzalez to Easter island, 1770-1, preceded by an extract from mynheer Jacob Roggeveen's official log, (lire en ligne), pages 7 Ă  10
  18. (nl-BE) Jacob Roggeveen, Werken Uitgegevn Door de Linschoten-Vereeniging (IV) : De Reis van Mr Jacob Roggeveen, (lire en ligne), p. 130
  19. (en) Jacob Roggeveen; Andrew Sharp (trad. A. Sharp), The Journal of Jacob Roggeveen, Oxford, , p. 108 et 109
  20. Alexander Dalrymple (trad. M. de Fréville), Voyage dans la Mer du Sud par les Espagnols et les Hollandois, Paris, (lire en ligne), p.462
  21. (en) James Cook, The three voyages of Captain James Cook around the world (vol. III), Londres, (lire en ligne), pages 278 et 288
  22. (en) Robert Griffiths, « Marchand's Voyage round the World », The Monthly Review,‎ , p. 498 (lire en ligne)
  23. (en) James Burney, A Chronological History of the Discoveries in the South Sea Or Pacific Ocean ... : To the year 1723, including a history of the buccaneers of America. 1816, Londres, (lire en ligne), p. 208
  24. (en) Frederick Beechey, A Narrative of the Voyages and Travels of Captain Beechey, Londres, (lire en ligne), p. 1859
  25. Th. Lavallée, Géographie Universelle (tome 5), Paris, (lire en ligne), p. 656
  26. (ang) Encyclopaedia Britannica, (lire en ligne)
  27. (ang) « Easter Island Travel » (consulté le )
  28. Alexandre Guy PingrĂ©, MĂ©moire sur le choix et l’état des lieux oĂč le passage de vĂ©nus du 3 juin 1769 pourra ĂȘtre observĂ© avec le plus d’avantages, Paris, (lire en ligne), p. 69 et 70
  29. Jean-François de Gallaup, Comte de la Pérouse, Voyage de La Pérouse autour du monde, Volume 2, Paris, (lire en ligne), p. 84
  30. (en) GP Winship; Lionel Wafer, A new voyage and description of the isthmus of America, Cleveland, (lire en ligne), p. 190
  31. (en) John Dunmore, Chasing a Dream : The Exploration of the Imaginary Pacific, Auckland,
  32. (en) John Macmillan Brown, The riddle of the Pacific, Londres, (lire en ligne), p. 43
  33. (en) Katherine Routledge, The Mystery of Easter Island, (lire en ligne)
  34. (en) Paolo A. Pirazzoli, « A Reconnaissance and Geomorphological Survey of Temoe Atoll, Gambier Islands (South Pacific) », Journal of Coastal Research; vol. 3; n°3,‎ , p. 307 (lire en ligne)
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