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Spinétorame

Le spinétorame (spinetoram ou encore XDE-175) est un pesticide créé au début des années 2000 par Dow AgroSciences aux États-Unis pour être mis sur le marché en tant qu'insecticide.
L'EPA l'a considéré en 2009 comme « hautement toxique pour les insectes terrestres et les invertébrés aquatiques ». Le numéro CAS du XDE-175-L est 187166-15-0[3].

Spinétorame
Image illustrative de l’article Spinétorame
Formule développée de la molécule
Identification
No CAS 187166-15-0 (spinetoram L)
187166-40-1 (spinetoram J)
No ECHA 100.211.310
PubChem 53297414
25217966 (spinetoram L)
24795086 (spinetoram J)
ChEBI 82041
InChI
Propriétés chimiques
Formule C42H69NO10
(spinetoram J)
Masse molaire[1] 747,998 ± 0,041 6 g/mol
C 67,44 %, H 9,3 %, N 1,87 %, O 21,39 %,
Précautions
SGH[2]
SGH07 : Toxique, irritant, sensibilisant, narcotique
H317, P261, P272, P280, P321, P363, P302+P352, P333+P313 et P501

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

Composition

Ce macrolide tétracyclique multicomposant est un mélange étroitement lié de deux neurotoxines, dont les noms de code génériques sont[3] :

  1. XDE-175-J : (2R,3aR,5aR,5bS,9S,13S,14R,16aS,16bR)-13-{[(2R,5S,6R)-5-(diméthylamino)-6-méthyltétrahydro-2H-pyran-2-yl]oxy}-9-éthyl-14-méthyl-7,15-dioxo-2,3,3a,4,5,5a,5b,6,7,9,10, 11,12,13,14,15,16a,16b-octadécahydro-1H-as-indacéno[3,2-d]oxacyclododécin-2-yl 6-désoxy-3-O-éthyl-2,4-di-O-méthyl-alpha-L-mannopyranoside;
  2. XDE-175-L : (2S,3aR,5aS,5bS,9S,13S,14R, 16aS,16bS)-13-{[(2R,5S,6R)-5-(diméthylamino)-6-méthyltétrahydro-2H-pyran-2-yl]oxy}-9-éthyl-4,14-diméthyl-7,15-dioxo-2,3,3a,5a,5b,6,7,9,10,11,12,13,14,15,16a,16b-hexadéahydro-1H-as-indacéno[3,2-d]oxacyclododécin-2-yl 6-désoxy-3-O-éthyl-2,4-di-O-méthyl-alpha-L-mannopyranoside

Ces deux ingrédients actifs chimiquement liés sont présents dans un rapport approximatif de 3 pour 1. Classés dans la famille des spinosynes[4] tous deux dérivent d'une toxine produite par la bactérie Saccharopolyspora spinosa ; ils sont donc considérés comme toxicologiquement analogues[3]. Ce ne sont pas des isomères (le XDE-175-L contient un groupe méthyle supplémentaire sur le carbone 4 du cycle central). Ainsi le XDE-175-L est une masse moléculaire légèrement plus élevée que celle du XDE-175-J.

Toxicologie et Ă©cotoxicologie

De ces deux points de vue, l'EPA considérait en 2009 (lors de sa première évaluation) que le spinétoram équivaut au spinosad ; tous deux agissent en perturbant les canaux chlorures nicotiniques et acide gamma amino butyrique dits "GABA"[3].

L'EPA considérait en 2009 que le présente une faible toxicité aiguë par voie orale, cutanée et par inhalation (catégorie de toxicité aiguë IV)[3]. C'est un sensibilisant cutané mais ce n'est pas un irritant oculaire ni dermique[3].

Toxicité

Toxicité subchronique chez la souris, le rat et le chien de laboratoire, la molécule active n'a généralement pas été testée, mais c'est celle du spinosad, très proche qui a servi pour l'évaluation. Cette dernière n' pas montré d'effets sur la survie de ces animaux, mais un effet amaigrissant et anémiant a été constaté chez ces 3 espèces ; avec la présence d'agrégats histiocytaires de macrophages dans divers organes et tissus (ganglions lymphatiques, rate, thymus et moelle osseuse). Cette agrégation est considérée comme témoignant d'une réponse du système immunitaire à une agression chimique ; elle a été considérée comme secondaire aux effets toxique des deux molécules actives sur le système hématopoïétique de des mammifères[3].
Le chien s'y montre toxicologiquement plus sensibles (avec perte de poids du thymus infĂ©rieur, une atrophie du cortex thymique, des artĂ©riteset/ou inflammations pĂ©rivasculaires de plusieurs organes (avec nĂ©crose de la moelle osseuse conduisant Ă  une anĂ©mie rĂ©gĂ©nĂ©rative) ; effets associĂ©s Ă  une toxicitĂ© gĂ©nĂ©rale (systĂ©mique)[3]. Une Ă©tude d'exposition chronique Ă  de faibles doses chez le chien n'a cependant pas montrĂ© d'effets sur la survie, le poids corporel, l'hĂ©matologie, la biochimie clinique ni de pathologies macroscopiques. Par contre Ă  dose Ă©levĂ©e les chiens exposĂ©s ont dĂ©veloppĂ© des artĂ©rites et des nĂ©croses des parois artĂ©rielles de l'Ă©pididyme (chez le mâle) et dans le thymus, la thyroĂŻde, le larynx et la vessie chez la chienne. Il a Ă©tĂ© postulĂ© que le traitement chronique a pu exacerber une prĂ©disposition gĂ©nĂ©tique Ă  l'artĂ©rite propre au chien Beagle (“Beagle Pain Syndrome”). Aucun effet sur le dĂ©veloppement n'a Ă©tĂ© remarquĂ© chez le rat ou le lapin[3]. Les Ă©tudes de neurotoxicitĂ© aiguĂ« et subchronique n'ont pas non plus montrĂ© d'effet neurotoxique chez les mammifères testĂ©s. Le Spinetoram est par contre reprotoxique pour les rats femelles enceintes (dĂ©plĂ©tion des follicules ovariens primordiaux et / ou « en croissance », dystocie et autres anomalies de la parturition, rĂ©sorptions tardives et/ou fĹ“tus retenus et augmentation de perte post-transplantation) mais sans effet indĂ©sirable notĂ©s sur les petits survivants (aux doses produisant une toxicitĂ© pour la mère). De mĂŞme les expositions prĂ© et/ou postnatales n'ont pas induit de troubles du dĂ©veloppement chez les jeunes. Les tests de mutagĂ©nicitĂ© Ă©taient tous nĂ©gatifs[3]. La NOAEL issue de l'Ă©tude sur les chiens est de 2,49 mg/kg/jour[3].

Selon l'EPA (2009) « Étant donné que le spinetoram est toxicologiquement identique au spinosad, et que le spinosad est classé comme "peu susceptible d'être cancérogène pour l'homme" en raison du manque de preuves de cancérogénicité chez la souris et le rat, la même classification s'appliquera au spinétorame » ;
Sur la base des données dont il disposait, l'EPA a classé le Spinétoram comme "à faible risque" le ; et le facteur de sécurité pour les enfants (FQPA ; 10X Food Quality Protection Act) souvent utilisé pour la protection des nourrissons et des enfants a été réduit de 10x à 1X[3].

Écotoxicité

Comme le spinosad (son presque homologue chimique) le Spinétorame a été jugé peu toxique pour les mammifères, les oiseaux, les poissons et les crustacés. Mais il est reconnu très toxique pour les abeilles (l’application directe et la dérive de l’insecticide sur les abeilles et les colonies d’abeilles, ainsi que sur les cultures en pleine floraison sont à éviter). Il est par contre hautement toxique pour les invertébrés aquatiques, nocif pour les parasitoïdes et les acariens prédateurs et légèrement nocif pour les prédateurs vivant dans le feuillage.

Dans les écosystèmes ou agroécosystèmes concernés, le risque est supposé maximal pour les invertébrés d'eau douce qui pourraient être touchés par une diminution de leur croissance, de leur reproduction et de leur survie (et le risque pourrait être chronique pour les invertébrés benthiques[3]. Et des préoccupations existent pour les plantes aquatiques non-vasculaires et les insectes terrestres ainsi que pour les mammifères d'eau douce. L'EPA s'attend à une réduction de la survie et de la reproduction des espèces touchées, et à de probables « effets subséquents à des niveaux plus élevés d'organisation trophique et biologique »[3].

Un risque de bioaccumulation existe, mais qui ne présenterait pas de risque aigu ou chronique pour les mammifères ou les oiseaux selon l'EPA en 2009. À cette époque aucune évaluation de risques aigus n'avaient concerné les carnivores de niveau supérieur mangeant de petits mammifères et/ou des insectes ou oiseaux ou organismes filtreurs éventuellement contaminés par ce pesticide ; de même pour les effets des expositions de la chaîne alimentaire aquatique et semi-aquatique (par exemple, via la consommation de plantes aquatiques et/ou de poissons ou d'organismes filtreurs contaminés)[3].

Usages autorisés

Aux États-Unis, l'EPA l'homologué le pour certains usages : lutte contre des larves de papillons, contre divers diptères, thrips, larves de tenthrèdes, certains coléoptères et psylles, certains orthoptères, puces et fourmis de feu importées ; Aux États-Unis, il est depuis 2007 autorisé pour de nombreuses cultures agricoles, pour certains usages en jardin privé ; des plantes ornementales cultivées à l'extérieur, en pépinières ou en serres; les plantations d'arbres, ainsi que sur gazon de golf et pelouses[3]. Dans ce pays pour traiter des plantes aquatiques commercialisées (néanmoins réservée aux conteneurs de culture entièrement confinés)[3].

Exposition des individus

Exposition professionnelle : Selon l'EPA (en 2009)[3] :

  • aucun risque prĂ©occupant de court ou moyen terme n'avait Ă©tĂ© identifiĂ© pour les professionnels ;
  • comme aucune expositions de gestionnaire Ă  long terme n'est attendue ; « par consĂ©quent, aucune Ă©valuation Ă  long terme n'a Ă©tĂ© effectuĂ©e » ;
  • il n'y a pas eu d'Ă©valuation des risques professionnels après traitement.

Exposition résidentielle :
un risque d'exposition plus significative (mais non jugé préoccupant par l'EPA) existe pour les personnes manipulant le produit, avec aussi un risque d'exposition orale de court terme après l'application pour les tout-petits (sur les pelouses, dans le jardin ou à la suite de contacts avec des plantes ornementales traitées)[3]. Si les conditions d'utilisation sont respectées, l'exposition humaine via les aliments, l'eau potable ou les expositions résidentielles est faible selon l'EPA[3].

Formulations mises sur le marché (état 2009)

  • 62719-539 Technical (ConcentrĂ© manufacturĂ©)[3]
  • 62719-540 GF-1640 WG-NC (concentrĂ© en suspension dans l'eau Ă  25 % de matière active)[3]
  • 62719-541 Delegate WG (granules solubles dans l'eau, Ă  11,7 % de matière active)[3]
  • 62719-544 GF-1587 SC-NC (concentrĂ© hydrosoluble Ă  11,7 % de matière active)[3]
  • 62719-545 Radiant SC (concentrĂ© soluble Ă  25 % de matière active)[3]
  • 62719-596 GF-1629 SC (concentrĂ© en suspension Ă  5,9 % de matière active)[3]

Dosages et modalités d'application

Sont autorisées la pulvérisation foliaire (y compris par épandage aérien aux États-Unis ou en " chimigation " sur toutes les cultures), à des doses ne dépassant pas 0,0156-0,438 lb. de substance active par acre[3].

La formulation (molécules actives + adjuvants) peut être appliqué annuellement en un passage ou 3 à 6 fois par an[3].

Aux États-Unis les intervalles de pré-récolte (DAAR) varie de 1 à 60 jours[3]. L'intervalle de rentrée (REI) est de 4 heures[3].

Le fabricant recommande l'utilisation d'adjuvants (huiles végétales émulsifiées ou d'huiles végétales méthylées), associées à des organosilices comme adjuvants de pulvérisation[3].

Solubilité

La solubilité indépendante de ses deux composants est connue dans l'eau:

  • Pour le XDE-175-J : 10,0 mg/L (dans de l'eau purifiĂ©e); 423 mg/L (pH 5); 11,3 mg/L (pH 7); ~8 mg/L (pH 9); 6,27 mg/L (pH 10) [3]
  • pour le XDE-175-L : 31,9 mg/L (dans de l'eau purifiĂ©e); 1 630 mg/L (pH 5); 46,7 mg/L (pH 7); 1,98 mg/L (pH 9); 0,706 mg/L (pH 10)[3]

l'EPA ne présente pas de données sur la solubilité du complexe des deux molécules[3].

Ce pesticide est également soluble dans divers solvants, dont (à 20 °C) le méthanol (250 g/L) ; l'acétone (250 g/L) ; le octanol (132 g/L) ; l'acétate d'éthyle (250g/L) ; le dichlorométhane (250 g/L) ; le xylène (250 g/L) ; l'heptane (61.0 g/L)[3].

Notes et références

  1. Masse molaire calculée d’après « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  2. PubChem CID 53297414
  3. Office of Prevention, Pesticides and Toxic Substances (7505P) / EPA (Environmental Protection Agency) ; Pesticide ; Fact Sheet : Spinetoram, mis à jour 2009, consulté le 01 nov 2017
  4. Spinosyn-A sur PubChem]

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