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Single Integrated Operational Plan

Le Single Integrated Operational Plan (SIOP) est une planification stratĂ©gique qui spĂ©cifie la façon dont les armes nuclĂ©aires des États-Unis devraient ĂȘtre utilisĂ©es en cas de guerre nuclĂ©aire[1]. Au niveau de l'OTAN, un accord sur l'utilisation des armes nuclĂ©aires prĂ©voit la participation du Royaume-Uni au SIOP. Le plan prend en compte les capacitĂ©s nuclĂ©aires de la triade : les bombardiers stratĂ©giques, les missiles balistiques intercontinentaux (ICBM) et les missiles balistiques lancĂ©s par sous-marin (SLBM). Le SIOP, document hautement confidentiel, est l'un des plus secrets et sensibles de la politique de la sĂ©curitĂ© nationale amĂ©ricaine.

Montage montrant le tir d'un SLBM Trident depuis son lancement par un sous-marin nuclĂ©aire lanceur d'engins jusqu'Ă  la rentrĂ©e des multiples tĂȘtes.
Lancement d'un ICBM Minuteman III
Le bombardier furtif Northrop B-2 Spirit

Les SIOP sont nommĂ©s en fonction de l'annĂ©e fiscale pendant laquelle ils prennent effet. Ainsi le premier plan officiellement appliquĂ© s'est appelĂ© SIOP-92 car promulguĂ© en , avant cela les plans Ă©taient identifiĂ©s par deux caractĂšres alphanumĂ©riques. Un nouveau SIOP est approuvĂ© tous les ans, mĂȘme en l'absence de modification.

Le SIOP a été remplacé par un ou plusieurs CONPLANs (Contingency Plans, en français : « Plans d'urgence ») ou OPLAN, cependant ce terme reste largement utilisé lors des discussions stratégiques. L'OPLAN 8044 remplace le SIOP depuis . Le plan le plus récent est l'OPLAN 8010 qui date de .

Le STRATCOM a effectué 16 mises à jour majeures du plan de guerre stratégique entre 1988 et en réponse aux changements des menaces, des systÚmes d'arme et des orientations politiques ou militaires. L'OPLAN 8010 est considéré comme le premier plan non SIOP, mais il contient encore des options de frappes nucléaires[2].

Élaboration

Le SIOP est crĂ©Ă© Ă  partir d'un guide conceptuel Ă©laborĂ© par le prĂ©sident des États-Unis. Le guide est transformĂ© par le secrĂ©taire Ă  la DĂ©fense en un Nuclear Weapons Employment Policy (NUWEP : en français : « Politique d'emploi des armes nuclĂ©aires Â») fixant les objectifs de base, les listes de cibles et les contraintes opĂ©rationnelles. Le NUWEP est ensuite transmis au comitĂ© des chefs d’états-majors interarmes qui le transforme en Joint Strategic Capabilities Plan (JSCP : en français : « Plan des capacitĂ©s stratĂ©giques communes Â»). Le JSCP est ensuite converti par le STRATCOM en commandes, calendrier et rĂ©partition des armes qui composent le SIOP. Le processus complet prend plus de 18 mois. Sous la prĂ©sidence Clinton, le SIOP retenait 4 options d'attaque principales, 65 options d'attaques limitĂ©es et de nombreuses options gĂ©nĂ©rales adaptables pour les menaces ne provenant ni de la Russie ni de la RĂ©publique populaire de Chine.

Les cibles d'attaques nuclĂ©aires sont listĂ©es dans la National Target Base (NTB), Ă©laborĂ©e Ă  partir d'une liste de renseignement comprenant plus de 150 000 sites Ă  travers le monde. Le nombre de cibles listĂ©es au sein de la NTB a Ă©normĂ©ment variĂ© au cours des annĂ©es ; ainsi elles Ă©taient prĂšs de 16 000 en 1985, de 12 500 aprĂšs la chute de l'Union soviĂ©tique, elles sont passĂ©es Ă  2 500 en 1995, avant de remonter en date de 2008 Ă  prĂšs de 3 000. En 2008, environ 75 % des cibles se situent en Russie, 1 100 Ă©tant des sites nuclĂ©aires.

Participation du Royaume-Uni

Avro Vulcan et Handley Page Victor du Bomber Command de la RAF en 1964 avec la livrée blanche anti flash nucléaire.
Sous-marin britannique HMS Vanguard en 1994.

Alors que la force de dissuasion nucléaire britannique, composée en 2015 de quatre sous-marins nucléaires lanceurs d'engins de classe Vanguard armés de missiles Trident, est strictement placée sous contrÎle national, elle possÚde deux rÎles distincts. Le premier est de constituer une partie des représailles face à une attaque visant le Royaume-Uni, que ce soit dans le cadre d'une attaque stratégique impliquant tous les SNLE de la Royal Navy, ou d'une attaque tactique limitée. Le second rÎle est celui qui voit la Royal Navy participer au SIOP dans le cadre d'une réponse de l'OTAN face à une attaque nucléaire russe. Dans ce cas, les sous-marins américains et britanniques ne constitueraient plus qu'une seule force.

La contribution de la Royal Navy Ă  la SIOP serait alors constituĂ©e de 4 sous-marins Vanguard pouvant emporter 16 missiles Trident chacun et ainsi attaquer au maximum 512 cibles (En thĂ©orie, avec capacitĂ© MIRV maximum, c'est-Ă -dire sans la limitation des ogives embarquĂ©es par les traitĂ©s de limitation des armes stratĂ©giques); cela reprĂ©senterait alors 7 % de la capacitĂ© de frappe totale des États-Unis.

Dans les années 1950 et 1960, la « force V » du Royal Air Force Bomber Command était également assignée à participer au SIOP, les bombardiers britanniques Vulcan, Victor et Valiant seraient alors arrivés au-dessus de l'URSS avec ceux du Strategic Air Command.

Histoire

Le SIOP, et ses successeurs, est surtout un plan intĂ©grĂ© qui utilise Ă  la fois les armes nuclĂ©aires de l'US Air Force et de l'US Navy. Il est « unique » dans le sens oĂč il est issu d'un groupe de planification. Le plan contient en fait plusieurs options d'attaques, elles-mĂȘmes des plans complexes.

Les premiers ciblages aprĂšs la Seconde Guerre mondiale

Érection et lancement d'un missile Atlas. Cette premiĂšre gĂ©nĂ©ration de missiles Ă  carburant liquide Ă©tait vulnĂ©rable, car leur mise en Ɠuvre Ă©tait longue et devait ĂȘtre prĂ©parĂ©e hors d'un abri protĂ©gĂ©.

Les premiers plans d'attaques nuclĂ©aires stratĂ©giques furent dĂ©veloppĂ©s dans l'immĂ©diat aprĂšs-guerre. Dans les annĂ©es 1950, prĂšs de 5 500 cibles Ă©taient recensĂ©es. Elles Ă©taient principalement des sites industriels et militaires. Ces plans conçus d'abord par l'US Air Force, avaient tendance Ă  utiliser tout l'armement disponible sans tenir compte des effets[3] dans le cadre de la doctrine Dulles adoptĂ©e par l’OTAN en . À partir de 1957, conformĂ©ment Ă  une lettre de John H. Moore (premier directeur de la planification nuclĂ©aire, branche opĂ©rations aĂ©riennes de l'United States European Command), la mĂ©thodologie de planification des cibles de l'Air Force fait rĂ©fĂ©rence Ă  la « zone de dommage par effets de souffle », avec des prĂ©cisions telles que « dommages aux structures en bĂ©ton » et des exigences telles que la « forte probabilitĂ© de dĂ©truire les pistes ». Il explique les « effets destructeurs et perturbateurs des armes nuclĂ©aires » avec des rendements en mĂ©gatonnes : « les effets cumulĂ©s ou auxiliaires peuvent ĂȘtre aussi grands, voire plus importants, que les dommages primaires ». Plus prĂ©cisĂ©ment, il a pris en considĂ©ration les radiations secondaires, mais pas les effets thermiques. Cependant, il demande de tenir compte de ce qu'il appelait « l'effet bonus »[4], grĂące auquel la totalitĂ© des effets permettait Ă  des armes moins puissantes d'accomplir la « destruction dĂ©sirĂ©e ». Dans cette lettre au chef de la Commission de l'Ă©nergie atomique, Lewis Strauss, Moore note que le Pentagone a rigoureusement supprimĂ© cette Ă©tude et dĂ©truit toutes les copies.

Avant le dĂ©veloppement du SIOP et du centre de commande et de contrĂŽle rĂ©sistant aux attaques, le prĂ©sident Dwight D. Eisenhower avait prĂ©-dĂ©lĂ©guĂ© la dĂ©livrance de l'armement nuclĂ©aire Ă  certains officiers gĂ©nĂ©raux de haut rang[5]. Ceci est devenu le Continuity of Nuclear Operations Plans (COOP : en français : « Plans de continuitĂ© des opĂ©rations nuclĂ©aires Â»), qui dĂ©signait suffisamment de subordonnĂ©s qui, au cas oĂč la National Command Authority et ses successeurs immĂ©diats seraient tuĂ©s dans une attaque, pourraient encore diriger une riposte. Bien que les dĂ©tails n'en aient jamais Ă©tĂ© dĂ©voilĂ©s au public, la prĂ©-dĂ©lĂ©gation d'Eisenhower et un rĂ©sumĂ© de la Federation of American Scientists en donnent un cadre :

« Directive présidentielle 67 (PDD 67), datée du 21 octobre 1998, se rapportant au gouvernement constitutionnel immuable (ECG), à la continuité des opérations (COOP) et à la continuité du gouvernement (COG). Le but du gouvernement constitutionnel immuable, de la continuité du gouvernement et de la continuité des opérations est d'assurer la survie d'une forme de gouvernement constitutionnelle et la continuité des fonctions fédérales essentielles. La directive présidentielle 67 remplace la directive NSD 69 "Enduring Constitutional Government" de l'administration Bush datée du 2 juin 1992, qui à son tour succÚde à la NSD 37 "Enduring Constitutional Government" du 18 avril 1990 et à la NSDD 55 "Enduring National Leadership" du 14 septembre 1982. »

— Federation of American Scientists[6]

L'utilisation d'armes nuclĂ©aires tactiques sur la ligne de front et en Europe de l’Est Ă©tait planifiĂ©e pour faire face Ă  la grande supĂ©rioritĂ© conventionnelle du Pacte du Varsovie. On estimait en effet que les frappes stratĂ©giques sur le territoire soviĂ©tique ne commenceraient Ă  entraver une offensive en Europe qu'aprĂšs trente jours. Les plans prĂ©voyaient, en 1957, 170 tĂȘtes nuclĂ©aires pour l'Europe et le Moyen-Orient, et l'on prĂ©voyait en 1958 d'en porter le nombre Ă  1 700[7].

Implication présidentielle et début de la direction politique civile

En 1958, George Kistiakowsky, un scientifique clé du Projet Manhattan et conseiller scientifique de l'administration Eisenhower, suggéra au président que la seule inspection des installations militaires étrangÚres n'était pas suffisante pour contrÎler leurs armes nucléaires. Kistiakowsky, en particulier, s'inquiétait de la difficulté à vérifier le nombre, le type et le déploiement des missiles nucléaires embarqués sur sous-marins. Il proposa alors que la stratégie de contrÎle des armes se focalise plus sur le désarmement que sur les inspections[8]. Il était aussi préoccupé par le peu de temps disponible pour réagir aprÚs une alerte de lancement de missiles balistiques intercontinentaux par rapport au long temps disponible pour prendre une décision quand la menace venait exclusivement de bombardiers pilotés.

Eisenhower envoya Kistiakowsky au quartier-gĂ©nĂ©ral du Strategic Air Command (SAC) sur la base aĂ©rienne d'Offutt au Nebraska, oĂč il fut tout d'abord rabrouĂ©. Au mĂȘme moment que le dĂ©but du travail de contrĂŽle des armes nuclĂ©aires, le chef d'Ă©tat-major des armĂ©es, le gĂ©nĂ©ral Nathan F. Twining envoya un mĂ©morandum en au secrĂ©taire de la DĂ©fense, Neil McElroy, qui suggĂ©rait que le SAC se voit officiellement attribuer la responsabilitĂ© de prĂ©parer une liste de cibles en prĂ©vision d'attaque nuclĂ©aire et un plan unique pour les opĂ©rations nuclĂ©aires. Jusque-lĂ , l'US Army, l'US Navy et l'US Air Force avaient chacune leurs propres cibles, ce qui faisait de cibles individuelles, des objectifs visĂ©s par plusieurs services. Les plans des diffĂ©rents services ne s'Ă©paulaient pas mutuellement, par exemple la marine ne dĂ©truisait pas des installations de dĂ©fense aĂ©rienne sur la route des bombardiers visant des objectifs plus profondĂ©ment dans le territoire ennemi. Bien que Twining ait envoyĂ© son mĂ©morandum Ă  McElroy, les membres de la commission paritaire des chefs d'Ă©tat-major n'arrivaient pas Ă  se mettre d'accord sur la politique Ă  suivre au dĂ©but des annĂ©es 1960[9] - [10]. Thomas Gates, qui succĂ©da Ă  McElroy, demanda au prĂ©sident Eisenhower de dĂ©cider de la politique Ă  suivre[11].

Le premier SIOP

Le premier plan, suivant les instructions dictĂ©es par la Maison-Blanche, fut dĂ©veloppĂ© en 1960. Il consistait en une liste d'objectifs et les moyens Ă  utiliser contre ceux-ci. La plupart des dĂ©tails de restent confidentiels, mais les mĂ©mos Ă©crits sous le gouvernement de John F. Kennedy , au plus fort de la crise de Berlin en 1961, donnent une idĂ©e de l'ampleur des dĂ©gĂąts que cela provoquerait. Il comportait 3 729 cibles qui seraient frappĂ©es par 3 423 armes nuclĂ©aires. Les cibles Ă©taient situĂ©es en Union soviĂ©tique, en Europe de l’Est, en Chine et en CorĂ©e du Nord. Environ 80% Ă©taient des cibles militaires, le reste des civils. Parmi les "complexes urbains-industriels devant ĂȘtre dĂ©truits", 295 se trouvaient en Union soviĂ©tique et 78 en Chine.

Les estimations du nombre de dommages et de victimes du SIOP Ă©taient prudentes. Elles Ă©taient basĂ©es uniquement sur les effets de souffle et excluaient les dommages pouvant ĂȘtre causĂ©s par le rayonnement thermique, les incendies ou les retombĂ©es radioactives, ce qui Ă©tait difficile Ă  calculer. Dans les trois jours suivant une attaque initiale des États-Unis et du Royaume-Uni, le SIOP aurait tuĂ© environ 54% de la population de l'Union soviĂ©tique et environ 16% de la population chinoise, soit environ 220 millions de personnes. Des millions d'autres mourraient par la suite de brĂ»lures et des consĂ©quences de l'exposition aux radiations[12].

Ce premier SIOP a Ă©tĂ© largement rĂ©visĂ© par une Ă©quipe de la RAND Corporation et devint le SIOP-62, qui consistait en une attaque massive incluant l'ensemble de l'arsenal nuclĂ©aire amĂ©ricain, 3 200 tĂȘtes, contre l'Union soviĂ©tique, les pays alignĂ©s sur celle-ci et la RĂ©publique populaire de Chine. En 1963, l'administration Kennedy ordonna Ă  Robert McNamara, l'un des auteurs de la doctrine MacNamara de riposte graduĂ©, de rĂ©viser ce plan, devenant ainsi le SIOP-63 - une stratĂ©gie d'attaque massive des forces ennemis avec un grand nombre d'options. C'est avec le SIOP-63 que la politique d'attaque des forces ennemies devint implicite.

Cette approche de riposte comprenait trois missions, parfois appelées Alpha, Bravo et Romeo, d'aprÚs l'alphabet phonétique, en fonction des différents buts. Les plans permettaient de combiner plusieurs options[13] :

  • Alpha : neutraliser les capacitĂ©s de l'ennemi Ă  lancer une attaque nuclĂ©aire ;
  • Bravo : diminuer les capacitĂ©s de l'ennemi Ă  produire du matĂ©riel pour continuer les opĂ©rations militaires ;
  • RomĂ©o : retarder les forces ennemies se dĂ©plaçant vers les territoires alliĂ©s, principalement en Europe de l'Ouest.

Ce premier SIOP offrait cependant peu de flexibilité et considérait tous les pays communistes comme un bloc uniforme. Le document JCS 2056/220 exprimait les préoccupations du commandant de l'US Marine Corps, David Shoup, pour qui le projet de 1961 était incompatible avec les directives du Conseil de sécurité nationale de 1959 et approuvé par Eisenhower[14]. Shoup était particuliÚrement préoccupé par le langage employé dans l'avant-projet du SIOP et disait

« Les États-Unis devraient utiliser toutes les forces nĂ©cessaires contre les cibles en URSS - et si nĂ©cessaire en Chine communiste, dans les pays du bloc communiste en Europe ou non - pour atteindre ces objectifs. Les cibles militaires situĂ©es dans les pays du bloc communiste autres que l'URSS et la Chine seront attaquĂ©es si nĂ©cessaire. »

Les commentaires de la National Security Archive rapportent que le commandant des Marines, David Shoup, demanda au commandant de l'US Air Force/Strategic Air Command, Thomas Power, «  ce qui arriverait si PĂ©kin ne combattait pas ; y avait-il une option qui laissait les cibles chinoises en dehors du plan d'attaque ? ». Power aurait rĂ©pondu qu'il espĂ©rait que personne ne pensait ça, « car ça bousillerait vraiment le plan » - ce qui laisse supposer que le plan serait exĂ©cutĂ© dans sa totalitĂ©. Apparemment, Shoup aurait ensuite observĂ© que « un plan qui tue des millions de Chinois quand ce n'est pas leur guerre n'est pas un bon plan. Ce n'est pas la façon de faire amĂ©ricaine. »

Projection d'une attaque américaine de suppression
de la défense antimissile soviétique en 1968*
Cible Arme Ogive Total
Type Nombre Type Puissance (kt) Ogive Puissance (kt)
SystĂšme de Moscou
Radar Dunay Polaris A3 2 W58 200 6 1 200
8 complexes de lancement d'ABM Minuteman I/II 64 W56 1 000 64 64 000
Sous-total 66 70 65 200
SystĂšme de Tallin
Complexe de lancement de Tallin Minuteman I/II 8 W56 1 000 8 8 000
Complexe de lancement de Liepaja Minuteman I/II 8 W56 1 000 8 8 000
Complexe de lancement de Tcherepovets Minuteman I/II 8 W56 1 000 8 8 000
Complexes de lancement de Leningrad Minuteman I/II 24 W56 1 000 24 24 000
Sous-total 48 48 48 000
Radars d'alerte précoce**
Radar Dnestr (Skrunda-1) Polaris A3 2 W58 200 6 1 200
Radar Dnestr (Olenegorsk) Polaris A3 2 W58 200 6 1 200
Sous-total 4 12 2 400
Total 118 130 115 600
Projection d'une attaque américaine de suppression
de la défense antimissile soviétique en 1989***
Cible Arme Ogive Total
Type Nombre Type Puissance (kt) Ogive Puissance (kt)
SystĂšme de Moscou
Radar Cat House Trident I C4 1 W76 100 2 200
Radar Dog House Trident I C4 1 W76 100 2 200
4 complexes de lancement Gorgon Minuteman III 32 W78 335 64 21 440
4 complexes de lancement Gazelle Minuteman III 68 W78 335 136 45 560
Sous-total 102 204 67 400
Radars d'alerte précoce
Radar Dnestr (code OTAN : Hen House)
(Olenegorsk)
Trident IC4 1 W76 100 2 200
Radar Daryal (Skrunda-1) Polaris A3 1 W76 100 2 200
Radar Daryal (Baranavitchy) Polaris A3 1 W76 100 2 200
Sous-total 3 6 600
Total 105 210 68 000
*Source : History of U.S. Strategic Air Command January-, , p. 300
**Deux autres radars sont installĂ©s prĂšs de la Chine et ne peuvent dĂ©tecter des lancements de missiles par-dessus l’Arctique
***The Protection Paradox, mars/, Hans M. Kristensen, Matthew G. McKinzie, Robert S. Norris

De la riposte massive à la riposte graduée

L'attaque préventive des cibles militaires ennemies dominait les SIOP jusqu'au SIOP-5 de 1976, quand le plan devint un modÚle pour la dissuasion basée sur la directive NSDM-242 de Richard Nixon (parfois appelée la « doctrine Schlessinger » d'aprÚs le secrétaire à la Défense James R. Schlesinger)[15].

La liste, toujours croissante, des cibles fut scindĂ©e par la National Strategic Targeting and Attack Policy (NSTAP – Politique nationale d’attaque et de ciblage stratĂ©gique) en plusieurs classes, avec un large Ă©ventail de plans faisant correspondre les attaques avec les intentions politiques passant d'une politique d'attaque des installations militaires (voir (en) Counterforce) Ă  une politique d'attaque des villes (voir (en) Countervalue), ou mĂ©lange des deux visant Ă  refuser la stratĂ©gie d'escalade et cherchĂ© Ă  Ă©pargner, ou du moins minimiser, les victimes civiles de certaines des attaques en Ă©vitant les centres urbains et mettant l’accent sur les capacitĂ©s nuclĂ©aires de l’adversaire. Schlesinger dĂ©crivit la doctrine comme ayant trois aspects principaux :

  1. La National Command Autority ou ses successeurs devrait avoir plusieurs choix concernant l'utilisation des armes, pour avoir toujours une option pour contrĂŽler l'escalade
  2. Le ciblage devrait ĂȘtre trĂšs prĂ©cis, la premiĂšre condition est une riposte mesurĂ©e contre les installations militaires
  3. Certaines cibles et classes de cibles ne devraient pas ĂȘtre attaquĂ©es, au moins dans un premier temps, pour donner Ă  l'ennemi une raison rationnelle de mettre fin au conflit. RĂ©duire les dommages collatĂ©raux Ă©tait un autre avantage de cette mĂ©thode du « refus ».

Le NSTAP établit trois tùches essentielles, dont la principale est la destruction des cibles de menace nucléaire :

  • ALPHA : dĂ©truire les capacitĂ©s stratĂ©giques nuclĂ©aires soviĂ©tiques et chinoises situĂ©es en dehors des zones urbaines. Cette tĂąche comprenait la destruction des centres de contrĂŽle militaire et politique de haut niveau chinois et soviĂ©tique.
  • BRAVO : dĂ©truire les capacitĂ©s militaires conventionnelles soviĂ©tiques et chinoises (y compris les casernes, terrains d’aviation tactique, et ainsi de suite), situĂ©es hors des zones urbaines.
  • CHARLIE : dĂ©truire les capacitĂ©s nuclĂ©aires soviĂ©tiques et chinoises situĂ©es dans des zones urbaines, ainsi que 70 % des industries du secteur urbain.

Cinq options d’attaque contre l’Union soviĂ©tique et d’autres pays communistes Ă©tait disponibles :

  • Une attaque prĂ©ventive contre les catĂ©gories de cibles ALPHA. En 1971, cette frappe nĂ©cessitait 3 200 bombes et ogives (y compris les MIRV) pour dĂ©truire 1 700 installations.
  • Une attaque prĂ©ventive contre les catĂ©gories de cibles ALPHA et BRAVO. En 1971, cette frappe nĂ©cessitait 3 500 armes programmĂ©es pour dĂ©truire 2 200 installations.
  • Une attaque prĂ©ventive contre les catĂ©gories de cibles ALPHA, BRAVO et CHARLIE. En 1971, cela aurait impliquĂ© 4 200 armes programmĂ©es pour dĂ©truire 6 500 installations (car certaines Ă©taient adjacentes ou «co-localisĂ©s»).
  • Une frappe de reprĂ©sailles contre les catĂ©gories de cibles ALPHA, BRAVO et CHARLIE ; en 1971, il fallait pour cela quelque 4 000 armes pour 6 400 installations.
  • Une frappe de reprĂ©sailles contre les catĂ©gories de cibles ALPHA et BRAVO. En 1971, cette option nĂ©cessitait 3 200 armes pour dĂ©truire 2 100 installations[16].

La politique du SIOP fut plus tard modifiée sous la présidence Carter avec la directive présidentielle 59, une section clé de celle-ci établit que :

« [l]'emploi des forces nuclĂ©aires doit en rĂ©alitĂ© ĂȘtre liĂ© aux opĂ©rations de nos forces conventionnelles. Nos doctrines pour l'utilisation des forces dans un conflit nuclĂ©aire doit assurer que nous puissions poursuivre des objectifs prĂ©cis choisis par la National Command Authorities Ă  ce moment-lĂ , Ă  partir des directives gĂ©nĂ©rales Ă©tablies Ă  l'avance. (S)[17] - [18] »

« Ces exigences constituent les grandes lignes l'Ă©volution de notre stratĂ©gie de riposte. Pour rĂ©pondre Ă  ces exigences, des amĂ©liorations devraient ĂȘtre apportĂ©es Ă  nos forces, leur C3[19] et leurs renseignements (C3I), et leur planning d'emploi ainsi que des appareils, afin d'atteindre un haut de degrĂ© de flexibilitĂ©, de survie et des performances adĂ©quates pour faire face aux actions de l'ennemi. Les principes et objectifs suivants devraient guider vos efforts pour effectuer de ces amĂ©liorations. (S) »

En d'autres termes, la PD59 expose une doctrine de la guerre qui suggĂšre que les plans nuclĂ©aires peuvent changer durant une guerre, et que les armes nuclĂ©aires devaient ĂȘtre utilisĂ©es en combinaison avec des armes conventionnelles. Le secrĂ©taire de la DĂ©fense sous Carter, Harold Brown, a mis en avant la riposte graduĂ©e, mais a aussi explicitement menacĂ© l'Union soviĂ©tique. Des amĂ©liorations majeures du systĂšme de commandement, de contrĂŽle, de communication et de renseignement (C3I), incluant la fabrication d'Ă©lĂ©ments pouvant survivre Ă  une guerre nuclĂ©aire, furent effectuĂ©es pour rendre la PD59 possible[15].

Le retour de la riposte massive avec la défense stratégique

Durant l'administration Reagan, il y a eu un retour à la stratégie de riposte massive au travers de la directive NSDD-13. Celle-ci incluait le développement de systÚmes d'armes stratégiques plus précis et/ou pouvant résister à une guerre nucléaire. Certains de ceux-ci ont eu un rÎle de monnaie d'échange dans les négociations sur le contrÎle des armements, mais d'autres, tel le bombardier furtif B-2 Spirit, sont restés à un haut niveau de secret pour causer une éventuelle surprise en cas de guerre. Le B-2 était aussi vu comme une riposte au déploiement par les Soviétiques de missiles mobiles que seul un appareil piloté pouvait trouver et détruire.

En 1983, le président Reagan, lors d'un discours, proposa d'étudier et de développer des systÚmes de défense conventionnels contre les missiles nucléaires[15]. Cette initiative de défense stratégique sera popularisée sous le nom de « guerre des étoiles ». L'idée de défense stratégique efficace était basée sur une potentielle perturbation de l'équilibre existant face à une destruction mutuelle assurée, malgré les perfectionnements de l'armement.

Pour détruire la région de Moscou, cible prioritaire entre toutes, le plan de frappe en 1989 comprend environ 400 ogives nucléaires. La destruction de la défense antimissile de la capitale russe était prévue au moyen de 105 missiles (100 Minutemen III et 5 Trident I) embarquant 210 ogives d'une puissance totale de 68 mégatonnes [20].

Nouveau nom et réorientation

Le , le SIOP fut renommĂ© OPLAN 8022 et plus tard CONPLAN 8022[21]. Il devait ĂȘtre dĂ©ployĂ© en , mais son annulation fut annoncĂ©e en [22]. Il a peut-ĂȘtre Ă©tĂ© remplacĂ© par un CONPLAN 8044 Ă©tendu.

Une autre partie des plans d'attaque globale inclut une option nuclĂ©aire conjointe et coordonnĂ©e destinĂ©e Ă  d'autres situations que la guerre nuclĂ©aire gĂ©nĂ©ralisĂ©e, principalement avec la Russie mais aussi peut-ĂȘtre avec la Chine, cette option Ă©tait Ă©voquĂ©e dans l'OPLAN 8022. Les plans d'attaque globale sont codifiĂ©s dans le CONPLAN 8044[23].

En 2009, le commandant du STRATCOM, le général Kevin Chilton, a déclaré que la derniÚre mouture du document décrit un plan de « dissuasion nucléaire mondiale »[trad 1] - [24].

Exécution

Serrure servant Ă  dĂ©clencher le lancement d'un silo de missile Minuteman III. Deux clĂ©s doivent ĂȘtre utilisĂ©es, mais les deux serrures sont trop Ă©loignĂ©es l'une de l'autre pour ĂȘtre activĂ©es par un seul homme.

Aux États-Unis, la dĂ©cision d'utiliser les armes nuclĂ©aires est dĂ©volue Ă  la National Command Authority (NCA), composĂ©e du prĂ©sident des États-Unis et du secrĂ©taire Ă  la DĂ©fense des États-Unis ou Ă  leurs successeurs. Le prĂ©sident seul ne peut pas ordonner une attaque nuclĂ©aire. L'ordre d'utilisation, la communication de l'ordre et la dĂ©livrance des armes nuclĂ©aires sont toujours effectuĂ©s par deux personnes.

Tous les personnels militaires qui participent au chargement, à l'armement ou au tir du missile, ainsi que celles chargées de transmettre les ordres de lancement sont soumis au programme de fiabilité du personnel.

Si la NCA dĂ©cide que les États-Unis doivent lancer des armes nuclĂ©aires, il ordonnera au Chef d'Ă©tat-major des armĂ©es des États-Unis (CJCS) de le faire. Au niveau NCA/JCS, les ordres seront d'exĂ©cuter des options d'attaques du SIOP, divisĂ©es en « Options d'attaque majeure » (MAOs), « Options d'attaque sĂ©lective » (SAOs) et « Options d'attaque limitĂ©e » (LAOs). Certains pays ou rĂ©gions peuvent, suivant les circonstances, ĂȘtre inclus ou exclus de l'attaque nuclĂ©aire. À son tour, le CJCS ordonnera Ă  l'officier gĂ©nĂ©ral concernĂ© et Ă  un autre en service au National Military Command Center (NMCC) au Pentagone de lancer un message d'action d'urgence (EAM) Ă  toutes les forces armĂ©es ; un autre officier validera cet ordre[25]. En outre, le message sera envoyĂ© Ă  l'Alternate National Military Command Center (ANMCC)[26] situĂ© dans la Raven Rock Mountain (Pennsylvanie) et aussi au poste de commandement aĂ©roportĂ©, soit le National Airborne Operations Center (NAOC) prĂ©sidentiel ou, de 1968 Ă  2000, du Boeing EC-135 et depuis cette date, le E-6 TACAMO militaire. Ainsi, si le NMCC est dĂ©truit par la premiĂšre attaque, l'ANMCC, le NAOC ou le TACAMO peuvent exĂ©cuter le SIOP.

L'un des quatre Boeing E-4 jouant le rĂŽle de National Airborne Operations Center.

Alors que l'ordre descend la chaĂźne de commandement, toujours soumise Ă  la rĂšgle des deux hommes, le quartier gĂ©nĂ©ral intermĂ©diaire et, Ă©ventuellement les plates-formes chargĂ©es de dĂ©livrer les armes nuclĂ©aires mĂȘmes, recevront les messages d'action d'urgence pour armer ou lancer les missiles. Pour les armes les plus modernes, l'EAM inclura aussi les codes de dispositif de sĂ©curitĂ© et d'armement (PAL).

Au minimum, un code PAL armera le missile pour le lancement. Le circuit contrĂŽlant le dispositif de sĂ©curitĂ© et d'armement est dĂ©libĂ©rĂ©ment placĂ© Ă  l'intĂ©rieur de la tĂȘte nuclĂ©aire de telle façon qu'il ne puisse pas ĂȘtre atteint sans dĂ©monter l'arme, Ă  tel point qu'il doive ĂȘtre remontĂ© dans une usine. Il peut y avoir des codes PAL sĂ©parĂ©s pour l'armement et le lancement. Certaines armes possĂšdent une fonction permettant de rĂ©gler la puissance de l'arme. La plupart des armes ont un second circuit d'armement pour le cas oĂč un code valide serait entrĂ© afin que la charge ne s'arme pas avant d'avoir Ă©tĂ© lancĂ©. Par exemple, les premiĂšres Ă©tapes du processus final d'armement pour un missile balistique dĂ©pendent des caractĂ©ristiques physiques, tels que l'accĂ©lĂ©ration au lancement, la phase de gravitĂ© zĂ©ro et diffĂ©rents aspects physiques lors de la rentrĂ©e hypersonique dans l'atmosphĂšre. Une bombe lĂąchĂ©e depuis un avion dĂ©tectera l'altitude de largage et la diminution de celle-ci au cours de sa chute.

Effets des différentes options d'attaque

Le stock d'armes nuclĂ©aires des États-Unis est estimĂ© en 2008 Ă  moins de 5 500 tĂȘtes individuelles et doit ĂȘtre d'au maximum de 2 200 ogives opĂ©rationnelles en 2012[27]. On estime en l'arsenal amĂ©ricain Ă  un grand total de 4 650 ogives[28].

Une forte riposte sur des sites militaires utilisant plus de 1 500 tĂȘtes provoquerait, d'aprĂšs les estimations, environ 120 millions de victimes ; une riposte limitĂ©e visant des objectifs civils et utilisant 200 tĂȘtes nuclĂ©aires provoquerait, toujours d'aprĂšs les estimations, prĂšs de 50 millions de victimes[29].

Effets de souffle

Courbes de surpression correspondant Ă  l'explosion d'une bombe d'un kilotonne en fonction de la distance et de l'altitude de l'explosion

Ces estimations sont controversĂ©es et peuvent ĂȘtre sous-estimĂ©es. Ignorant les hypothĂ©tiques effets Ă  long terme d'un hiver nuclĂ©aire, beaucoup d'estimations du nombre de victimes sont basĂ©es seulement sur l'effet de souffle. Il est fortement dĂ©pendant de l'altitude de l'explosion, de la puissance de l'arme et de la topographie de la zone ciblĂ©e. Contrairement Ă  ce qui est constatĂ© avec les explosifs conventionnels, la surpression causĂ©e par l'explosion n'est pas simplement une relation inverse du cube ; Ă  la place, l'air surchauffĂ© produit deux configurations possibles de surpression Ă  partir d'une arme d'une certaine puissance en fonction de l'altitude de dĂ©tonation et de l'effet Mach[30]. De façon gĂ©nĂ©rale, exploiter l'effet Mach permet de concentrer une trĂšs haute pression sur une petite zone, ce qui peut ĂȘtre nĂ©cessaire pour dĂ©truire des cibles renforcĂ©es comme des silos Ă  missiles ou un poste de commandement, Ă  l'opposĂ© une surpression infĂ©rieure peut ĂȘtre utilisĂ©e pour traiter une large zone constituĂ©e notamment de bĂątiments civils ou de structures militaires.

La gĂ©ographie et le terrain sont des facteurs importants. Ainsi la ville de Nagasaki, qui se trouve dans une vallĂ©e, a vu certaines zones protĂ©gĂ©es par les collines, tandis qu'Ă  Hiroshima, la zone ciblĂ©e Ă©tait plate et par consĂ©quent l'effet de souffle fut le mĂȘme dans toutes les directions autour du Point zĂ©ro.

Effets immédiats du rayonnement ionisant

Pour les cibles stratégiques, les radiations émises par l'explosion causeraient relativement peu de victimes. En effet, la plupart des personnes placées dans la zone de radiation se trouveraient aussi dans le champ de l'effet de souffle ou de l'effet thermique. Bien que la température et le rayonnement ionisant diminuent suivant une loi inverse au carré, une grande partie de celui-ci est aussi atténuée par l'air.

Effets électromagnétiques

Les explosions nucléaires produisent aussi des impulsions électromagnétiques (IEM) d'intensité variable susceptibles d'endommager les équipements électroniques. La puissance effective, la couverture et la fréquence de l'impulsion sont dépendantes du rendement de l'arme et de l'altitude de l'explosion[31].

Alors que les documents de planification et d'ingénierie américains spécifient les moyens de protections contre les IEM[32], des documents publics suggÚrent des armes ciblées par le SIOP conçues principalement pour produire des IEM.

Effets retardés des radiations

Les radiations retardées et continues proviennent de la retombée des produits de l'explosion. En général, plus haute est l'altitude d'explosion, moins il y a de retombées ; a contrario, plus la surface de matériaux en contact avec la boule de feu est grande, plus il y a de retombées.

Effets thermiques

Champignon nucléaire du test « Castle Romeo ».

Le nombre de victimes estimĂ©es au dĂ©but de la section ne prend pas en considĂ©ration la survenue possible dans les agglomĂ©rations d'immenses tempĂȘtes de flammes, tuant de façon quasi certaine tous les survivants dans la zone oĂč elles se dĂ©velopperaient[33].

Une analyse de Lynn Eden, historien de l'UniversitĂ© Stanford, utilise l'exemple d'une bombe de 300 kilotonnes explosant Ă  1 500 pieds (460 m) au-dessus du Pentagone par temps clair. Le souffle dĂ©truirait le bĂątiment, qui n'est pas renforcĂ©, et les immeubles environnants. Selon Eden, une zone encore plus grande serait incendiĂ©e par l'Ă©norme quantitĂ© de chaleur dĂ©gagĂ©e par la bombe : « En dix minutes, la zone entiĂšre, approximativement 103 Ă  167 km2 (c'est-Ă -dire un rayon de 5,6 Ă  10,2 km autour du Pentagone), serait au centre d'un immense incendie » ce qui « Ă©teindrait toutes les formes de vie et dĂ©truirait presque tout. »

L'effet thermique étant dû aux radiations infrarouges se propageant en ligne droite, les nuages, la pluie peuvent atténuer ces effets, mais ceci n'a pas été évalué dans la littérature publique. Par temps clair, l'énergie thermique décroßt selon une loi en carré inverse et n'est pas significativement affectée par l'air sec.

Le problĂšme peut ĂȘtre rendu encore plus complexe si une zone cible est touchĂ©e par plusieurs armes visant diffĂ©rents points. Par exemple, lors d'une attaque visant Moscou, le Kremlin et le quartier gĂ©nĂ©ral du commandement des opĂ©rations spĂ©ciales de l'armĂ©e de l'air russe pourraient ĂȘtre visĂ©s sĂ©parĂ©ment et les incendies centrĂ©s sur chaque cible pourraient se rejoindre.

Dans la culture populaire

  • Dans le roman de Dale Brown, Plan of Attack, il est dit que Patrick McLanahan est l'une des personnes les plus importantes de l'armĂ©e amĂ©ricaine en raison de son implication dans des projets confidentiels et de sa connaissance du SIOP. Cependant, en raison de l'implication de McLanahan dans des actions militaires controversĂ©es et classĂ©es Ă  un haut niveau de secret, le prĂ©sident Thorne ignore largement le fait et l'avertissement d'une attaque russe imminente jusqu'Ă  ce que ceux-ci lancent rĂ©ellement une attaque sur les États-Unis.
  • Dans le roman d'Eric L. Harry, Le 10 juin 1999, le prĂ©sident des États-Unis dĂ©cide d'exĂ©cuter le SIOP-6-C, une attaque massive contre les forces militaires russes, aprĂšs qu'un gĂ©nĂ©ral russe ait pris le contrĂŽle des codes nuclĂ©aires et lancĂ© une attaque massive contre les États-Unis. Dans le livre, le SIOP-6-C utilise 600 ogives nuclĂ©aires, dont certaines sont gardĂ©es en rĂ©serve.
  • Dans le roman de William Prochnau, Trinity's Child ((fr) Les Minutes de l'heure H), une attaque nuclĂ©aire soviĂ©tique entraĂźne des reprĂ©sailles de la part des États-Unis. Il est question de la SIOP entre le prĂ©sident amĂ©ricain et le commandant militaire, nom de code « Alice », Ă  bord de l'avion du SAC Looking Glass qui conseille le prĂ©sident, nouvellement dĂ©signĂ© Ă  bord d'Air Force One, et son principal conseiller militaire. AprĂšs la destruction de villes des deux cĂŽtĂ©s, Alice et le prĂ©sident se battent Ă  bord d'Air Force One pour le contrĂŽle des missiles de la flotte sous-marine amĂ©ricaine. L'enjeu, c'est d'Ă©viter que le lancement des missiles Trident, et la riposte soviĂ©tique qui s'ensuivrait, portent le nombre de victimes Ă  plusieurs milliards.
  • Dans What if ? of American History (Ă©ditĂ© par Robert Cowley), un essai (The Cuban Missle Crisis; Second Holocaust, de Robert L. O'Connell) dĂ©crit un scĂ©nario oĂč la crise des missiles de Cuba mĂšne, via des erreurs de calcul, l'incompĂ©tence et une gĂąchette facile des deux cĂŽtĂ©s, Ă  une guerre thermonuclĂ©aire de deux jours avec des rĂ©sultats terribles en termes de victimes des deux cĂŽtĂ©s et d'effets Ă  long terme sur le monde.

Notes et références

Citations originales

  1. (en) « a global deterrence plan »

Références

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  2. [PDF] (en) Hans M. Kristensen, « Obama and the Nuclear War Plan », sur http://www.fas.org, Federation of American Scientists, (consulté le )
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  5. William Burr, « First Declassification of Eisenhower's Instructions to Commanders Predelegating Nuclear Weapons Use, 1959-1960 », George Washington University National Security Archive,
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  17. Dans le systĂšme de “classification” amĂ©ricain (c'est-Ă -dire en français, de classement secret), les paragraphes et les titres peuvent comporter des marques comme (S) pour Secret, (U) pour Unclassified en français : « non secret Â», (C) pour Confidentiel et (TS) pour Top Secret. Certaines de ces lettres peuvent ĂȘtre suivies d'une ou plusieurs autres marques (par exemple : EYES ONLY, HANDLE THROUGH COMINT CHANNEL ONLY, ...) ou des mots de code/surnom (par exemple : UMBRA, POLO STEP, ...).
  18. Jimmy Carter, « Presidential Directive 59, Nuclear Weapons Employment Policy », The White House,
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