Sanctuaire Notre-Dame de Mont-Roland
Le sanctuaire Notre-Dame de Mont-Roland est un haut-lieu de pèlerinage marial remontant au XIe siècle, situé sur la colline dite « Mont-Roland », à Jouhe dans le département du Jura.
Sanctuaire Notre-Dame de Mont-Roland | |
Vue de l'église Notre-Dame, depuis l'entrée principale du sanctuaire. | |
Présentation | |
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Culte | Catholique romain |
Type | Sanctuaire |
Rattachement | Diocèse de Saint-Claude |
DĂ©but de la construction | 1851 |
GĂ©ographie | |
Pays | France |
Région | Bourgogne-Franche-Comté |
DĂ©partement | Jura |
Ville | Jouhe |
Coordonnées | 47° 07′ 26″ nord, 5° 28′ 34″ est |
Localisation
Le sanctuaire se situe sur un des chemins de Compostelle[1], dans le nord du département du Jura, en région Bourgogne-Franche-Comté. Il s'élève à 343 m d'altitude, sur la colline du Mont-Roland, située au sud de la commune de Jouhe. De cette position, à 5 km au nord de Dole, la ville la plus peuplée du département, il domine le massif jurassien, à l'est, et les plaines de Saône, au nord et à l'ouest.
Il est accessible par la route, via Jouhe ou Monnières, les autoroutes A36 (Ladoix-Serrigny - Allemagne) et A39 (Dijon-Est - Bourg-en-Bresse), via l'échangeur de Dole-Choisey ou celui de Dole-Authume, par le rail, via la gare SNCF de Dole-Ville (5 km), ainsi que par les airs, via l'aéroport de Dole-Jura (10 km).
Histoire
Selon la légende, constituée dès le Moyen Âge, une première chapelle, placée sous le vocable de Notre-Dame, aurait été fondée à cet emplacement, au IVe siècle, par Saint Martin. Lui auraient succédé, au VIIIe siècle, une deuxième chapelle et un monastère, érigés à l’initiative de Roland « le Preux », neveu de Charlemagne, duquel le Mont tiendrait son nom[2] - [3].
Au-delà de la légende, le sanctuaire de Mont-Roland est attesté, dès 1089, dans une bulle du pape Urbain II. Il dépend alors du prieuré voisin de Jouhe, relevant lui-même de l’abbaye Saint-Pierre de Baume-les-Messieurs[4]. Pillé au milieu du XIVe siècle, par les Écorcheurs, il est reconstruit par deux puissants seigneurs, Jean de Vienne et Guy de Pontailler, et la chapelle devient une église[3].
En 1439-1440, le chœur de l'église est reconstruit[3], et le sanctuaire est géré par une importante confrérie[4].
Au siècle suivant, des Jésuites, puis des Bénédictins s’y établissent[3].
Lors de la Guerre de Dix Ans (1634-1644), tandis que la Franche-Comté est sous la souveraineté de Philippe IV, roi d’Espagne et des Indes, les troupes de Gustave Adolphe, roi de Suède, alliées à celles de Louis XIII, roi de France, menées par le Prince de Condé, font siège devant Dole, en 1636, et vandalisent l'église de Mont-Roland[5].
La statue byzantine médiévale, en bois de chêne, de la Vierge Marie en majesté est foulée, mais sauvée de justesse par le Prince de Condé, qui la fait porter chez les Capucins, à une dizaine de kilomètres, à Auxonne, ville voisine alors au royaume de France[6] - [3].
De retour en 1644, les Bénédictins font rétablir, à la hâte, l’église, mais doivent attendre 1649, et l’intervention de princes espagnols et de Louis XIV, roi de France, pour recouvrer la statue. Il s'ensuit de cet épisode plusieurs miracles, dont cinq sont reconnus par l’Église catholique[7] - [8].
De 1717[9] à 1721, le sanctuaire fut reconstruit par Jean Ragozzi, entrepreneur italien originaire de Rima diocèse de Novare, selon les plans de dom Vincent Duchêne, bénédictin en l'Abbaye Saint Vincent de Besançon. L'église, bien que plus harmonieuse, fut imparfaitement achevée aux environs de 1721. Les Bénédictins en seront chassés à la Révolution, et l'édifice vendu comme bien national. Les pierres seront vendues comme matériau de construction et la statue de Notre-Dame transférée dans l’église paroissiale Saint-Pierre de Jouhe, où elle se trouve toujours.
Le sanctuaire renaît en 1843, par son rachat par les Jésuites, qui font édifier, de 1851 à 1870, par Alfred Ducat, l'église actuelle, consacrée en 1859 par Mgr Charles Fillion, évêque de Saint-Claude, installent à proximité une statue de la Vierge Marie en bronze[10], ainsi que le collège du même nom, à Dole.
De 1868 à 1869 est tracé un nouveau chemin prolongeant l'Allée des Tilleuls jusqu'à la grand route (face Monnières).
L'autel de l'église est de nouveau consacré en 1871, par Mgr Louis-Anne Nogret, évêque de Saint-Claude, à la suite d'une nouvelle profanation de l'église par les troupes prussiennes occupantes, au cours de l'année précédente. Une nouvelle Vierge y est placée, et couronnée par l'évêque, en 1872.
De 1880 à 1901, faute de moyens, les Jésuites sont expulsés de Mont-Roland. Le sanctuaire, mis en vente aux enchères, est racheté grâce à la générosité de fidèles, dont le baron Henri Picot de Moras d’Aligny, conseiller général, le général Henri Geay de Montenon, et les Sœurs de la Providence, permettant ainsi aux Jésuites d'y demeurer jusqu'en 1961.
En 1893, le chemin de croix monumental est installé le long du chemin tracé en 1868-1869.
En 1930, la foudre endommage la croix de pierre du clocher, restaurée l'année suivante.
Les vitraux de l'église sont brisés en 1944, par l'onde de choc provoquée par le bombardement des ponts de Dole, ainsi qu'en 1957, par une tempête de neige.
La maison des chapelains est réaménagée et agrandie en 1962, et la chapelle (crypte) Sainte-Colette est réalisée en 1967[3]. Le sanctuaire subit d'importants travaux de restauration de 1974 à 1976, et un nouvel orgue y est installé, inauguré et béni, en 1982. L'hôtellerie est aménagée de 1986 à 1987[11].
Administration
Recteur du Sanctuaire depuis 1998, le Père Maurice Boisson célébra sa dernière messe en . Du séminaire du Prieuré Notre-Dame de Vaux-sur-Poligny à la colline de Mont-Roland, il aura exercé de nombreuses missions au sein du diocèse, sans jamais avoir été attaché à une paroisse[12].
Le Père Philippe Adellon fut responsable du sanctuaire de Mont-Roland (2013) devant le diocèse de Saint-Claude, qui en a assuré l'administration depuis 1961[13].
En 2021, le site est suivi par le doyenné de Dole[14], et comme chapelain le Père Laurent Bongain curé doyen, vicaire général et épiscopal, recteur du sanctuaire Notre-Dame de Mont-Roland.
Nouvelle nomination, qui prendra effet le , du Frère Walter Perin, moine bénédictin, nommé pour trois années chapelain du sanctuaire Notre-Dame de Mont-Roland et prêtre au service des paroisses du doyenné de Dole[15]. Il résidera sur le site du sanctuaire de Mont-Roland[16].
Infrastructures
Le sanctuaire de Mont-Roland se compose de l'église dédiée à Notre-Dame (1851-1870), où se déroulent, outre les offices quotidiens et les grand messes dominicales, trois grands pèlerinages annuels (cf. ci-dessous la rubrique Pèlerinages), du couvent des Sœurs de la Providence, de la chapelle Sainte-Colette (1967), utilisée par les Sœurs, d'un oratoire dédiée à Notre-Dame de Fátima, de plusieurs hébergements dont la maison des chapelains (1962) et l'hôtellerie (1986-1987), accueillant séjours, retraites et séminaires[11].
Nouvelle installation en 2019 de L'Arche en Pays Comtois[17], dans l'Hôtellerie du Sanctuaire de Mont-Roland[18]. A l'hôtellerie du Sanctuaire, une salle de séminaire sera installée pour accueillir des conseils d'administration[19]. La restauration sera assurée par les artisans locaux, le service et l'accueil seront assurés par les personnes accueillies de L'Arche à Dole. Un accueil sera assuré pour les pèlerins sur la route de Compostelle qui passent au sanctuaire. Et l'été des activités diverses seront proposées[20].
Des sentiers de randonnée pédestre[21], récemment aménagés, partant du sanctuaire, permette d'apprécier la splendeur du panorama qu'offre le site et de visiter les environs[22]. Le sanctuaire est une étape importante du Chemins de Compostelle (Besançon-Chalon) en provenance de l'Abbaye Notre-Dame d'Acey, et en direction du Puy-en-Velay.
Pèlerinages
Le sanctuaire accueille, outre le très ancien pèlerinage régional du mois d'août[23], à chaque mois de mai, depuis 1967, un pèlerinage des Portugais à Notre-Dame de Fátima, et, à chaque mois d'avril, depuis 1991, un pèlerinage des gens du voyage à la Vierge[24]'[25].
Jumelage
En 1992, un jumelage entre les diocèses de Saint-Claude et de Thiès, au Sénégal, scelle définitivement les liens entre le sanctuaire jurassien et la paroisse sénégalaise de Mont-Rolland[26], établie en 1893, grâce à l'action du Père Magloire Barthet, ancien élève du collège Notre-Dame de Mont-Roland de Dole mu au Sénégal et de la mission de Notre-Dame de Mont-Rolland, qu'il y fonde la même année[27].
Personnalités liées au sanctuaire
D'illustres personnages sont venus à Mont-Roland en fondateurs, en bienfaiteurs ou encore comme simples pèlerins. Parmi eux[3] :
- Martin de Tours (316-397), saint-évêque de Tours, aurait fondé, selon la légende, la première chapelle Notre-Dame du Mont ;
- Roland le Preux (736-778), comte des Marches de Bretagne, neveu de Charlemagne, aurait, selon la légende, fondé la deuxième chapelle et le premier monastère du Mont, et donné son nom à la colline ;
- Béatrice Ire de Bourgogne (1145-1184), comtesse de Bourgogne, épouse de Frédéric Barberousse, empereur du Saint-Empire, fondatrice du monastère de Jouhe (1184) ;
- Othon IV de Bourgogne (v.1245-1303), comte de Bourgogne et d'Artois, qui lègue, en 1302, deux calices de métal précieux ;
- Jeanne de Bourgogne (v. 1293-1349), comtesse de Bourgogne (puis reine de France), fonde en 1324, trois grand-messes hebdomadaires ;
- Jean II de Chalon-Arlay (1312-1362), sire d'Arlay, offre une lampe et fonde une chapellenie en l’honneur de Saint Martin, en 1355 ;
- Marguerite Ire de Bourgogne (1309-1382), comtesse de Bourgogne et d'Artois, fonde des messes en 1357-1358 ;
- Philippe le Hardi (1342-1404), duc de Bourgogne, vient en pèlerinage en 1372 et 1386 ;
- Jean de Neufchâtel (v.1340-1398), chanoine d'Autun, puis successivement trésorier de la cathédrale Saint-Jean de Besançon, évêque de Nevers, évêque de Toul, prieur de Jouhe, cardinal et chambellan de l'antipape Clément VII ;
- Jean de Vienne (1341-1396), amiral de France et Guy II de Pontailler (1248-1392), maréchal de Bourgogne, fondent une chapelle en 1395 ;
- Philippe le Bon (1396-1467), duc de Bourgogne, vient en pèlerinage en 1407 et 1433, fonde une messe quotidienne et fait don de deux lampes en argent ;
- Les sœurs du précédent, viennent en pèlerinage en 1407 et 1408 ;
- Marguerite de Bavière (1363-1423), épouse de Jean Sans Peur, duc de Bourgogne, et mère des précédents, vient en pèlerinage en 1410 et 1414 ;
- Colette de Corbie (1381-1447), réformatrice des ordres des Clarisses et des Franciscains, vient à Mont-Roland, en 1412, lors de son voyage entre Besançon et Auxonne ;
- Antoine de Luxembourg (?-1519), qui désarçonné au combat en 1475, appelle à son aide Dieu le Créateur, Notre Dame de Mont-Roland et Monseigneur de Saint-Claude ;
- Louise de Savoie (1476-1531), mère de François Ier, roi de France, brode des ornements pour l'autel de l'église, lors de sa captivité auprès de Charles le Téméraire, duc de Bourgogne ;
- Henri II de Bourbon-Condé (1588-1646), sauve la statue de Notre-Dame de la destruction, par les troupes qu'il mène, en 1636 ;
- Charles Fillion, Ă©vĂŞque de Saint-Claude, consacre l'Ă©glise actuelle en 1859 ;
- Louis-Anne Nogret, Ă©vĂŞque de Saint-Claude, consacre l'autel en 1871 ;
- Henri Picot de Moras d'Aligny (1843-1909), baron d’Aligny, conseiller général, fait partie des généreux donateurs ayant permis le rachat du sanctuaire ;
- Henri Geay de Montenon (1844-1919), Commandeur de la Légion d'honneur, général de brigade, fait partie des généreux donateurs ayant permis le rachat du sanctuaire.
- Lucien Daloz (1930-2003), archevêque de Besançon de 1980 à 2003, fut retraité au sanctuaire. Décédé le (à 81 ans), Jouhe (France).
Notes et références
- « Mont Roland, sanctuaire marial à la frontière du comté et du duché de Bourgogne », sur saint-jacques.info.
- Besson (Abbé), L’Année des pèlerinages, 1874
- Henri Gauthey (Abbé), Notre-Dame de Mont-Roland, son sanctuaire et son pèlerinage des origines à nos jours, Mâcon, 1972 (2e édition)
- Jacky Theurot, « Confraternité en pays dolois », dans Mémoires de la Société d’émulation du Jura, 1996 pp. 127-146
- Henri Hours, « La réforme catholique en Franche-Comté, la pratique religieuse à Petit-Noir du XVIe au XVIIIe siècle », Mémoires de la Société d’Emulation du Jura, 1983-1984 p. 389-413
- André Pidoux de La Maduère, L'image miraculeuse de Notre-Dame du Mont-Roland vénérée à Jouhe, Veuve A. Jacques, Dole, 1908
- Gody (Dom) , Histoire de l’antiquité et des miracles de Notre Dame de Mont Roland, Dole, 1651
- Richard (Abbé), Histoire des diocèses de Besançon et de Saint-Claude, Besançon,1851, t. 2, p. 324
- MONTIAL, Notre-Dame de Mont-Roland / par le P. Montial,..., R. Ruffet, (lire en ligne), p. 199
- Dite « Vierge aux abeilles », aujourd'hui placée sur un vestige de l'ancienne église.
- Le sanctuaire Notre-Dame de Mont-Roland - Diocèse de Saint-Claude
- Les Portugais au Mont-Roland : Le père Maurice Boisson, qui préside la célébration, accueille la foule en lisant le message de Mgr Yves Patenôtre, absent en raison de l’ordination épiscopale de Jean-Luc Bouilleret à Amiens.
- Message d'accueil du Père Philippe Adellon
- Site des paroisses de Dole.
- Rendez-vous avec le Frère Walter Perin.
- nominations qui prennent effet Ă compter du 1er septembre 2021.
- L'Arche en Pays Comtois.
- Ouverture d’un foyer de L’Arche pour adultes handicapés mentaux à Dole.
- Hébergement, divers, services pour adultes handicapés / Tel & contact email.
- l’arche en pays comtois / Espace Santé Dole Nord Jura.
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- Le grand tour du Mont Roland
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