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Robin Philpot

Robin Philpot, né à Thunder Bay en Ontario au Canada en , est un journaliste et un essayiste québécois d'origine ontarienne. Auteur de plusieurs ouvrages controversés, il a notamment publié Ça ne s'est pas passé comme ça à Kigali en 2003 et Les Secrets d'Option Canada, en collaboration avec Normand Lester. Il a été le candidat du Parti québécois dans la circonscription de Saint-Henri—Sainte-Anne lors de l'élection générale québécoise de 2007.

Robin Philpot
Serge Poirier et Robin Philpot en 2007.
Biographie
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Biographie

Philpot est né à Thunder Bay (Ontario) où son père Roderick Philpot, agent immobilier et assureur, était conseiller municipal de la ville de Fort William.

Il est le frère de l'avocat John Philpot, qui a entre autres assuré la défense du capitaine Ildephonse Nizeyimana[1], et de Jean-Paul Akayesu[2] tous les deux condamnés pour crimes de génocide et crimes contre l'humanité par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR).

Après avoir complété des études en lettres et en histoire à l'Université de Toronto, Philpot enseigne l'anglais et l'histoire en Afrique durant près de trois ans (dont deux au Burkina Faso). En 1974, il s'établit au Québec où il travaille comme traducteur et rédacteur pour diverses organisations publiques et privées dans le domaine des communications.

En 1991, Philpot publie un premier essai polémique sur la crise amérindienne d'Oka. L'objectif central de l'ouvrage est de montrer comment la crise d'Oka aurait servi à reconstituer l'unité canadienne à la suite de l'échec des accords du Lac Meech. Il suggère que les médias canadiens anglais auraient tiré profit du conflit pour renforcer l'hostilité du Canada anglais envers les Québécois, accusés de refuser aux autochtones l'autonomie de leur territoire.

Un souverainiste d'origine ontarienne

Cet ouvrage marque clairement les positions politiques de Philpot qui, malgré ses origines ontariennes, est devenu un militant souverainiste convaincu. En 1999, il devient le directeur des communications de la société Saint-Jean-Baptiste de Montréal. Il renouvelle son engagement avec la publication en 2005 d'un essai intitulé Le Référendum volé, ouvrage polémique lié au scandale des commandites qui s'inscrit dans la lignée des travaux de Normand Lester.

Ses publications font régulièrement la manchette au Canada. En 2004, il a remis en question la vérité du témoignage de Roméo Dallaire au Rwanda[3].

En plus des controverses suscitĂ©s par Ça ne s'est pas passĂ© comme cela Ă  Kigali, Philpot a Ă©galement mis au jour un scandale politique liĂ© aux agissements d'Option Canada, un organisme privĂ© financĂ© par le gouvernement du Canada qui est intervenu contre le projet souverainiste durant la campagne rĂ©fĂ©rendaire de 1995. Les rĂ©vĂ©lations de Lester et Philpot ont menĂ© Ă  la crĂ©ation d'une commission d'enquĂŞte, menĂ©e par le juge Ă  la retraite Bernard Grenier. Dans son rapport, publiĂ© le , le juge Grenier conclut qu' « Option Canada et le Conseil pour l’unitĂ© canadienne ont dĂ©pensĂ© illĂ©galement environ 539 000 $ durant la pĂ©riode rĂ©fĂ©rendaire d’octobre 1995[4] ».

Publications et prises de position sur le Rwanda et mise en cause pour négationnisme

En 2003 Robin Philpot publie Ca ne s'est pas passĂ© comme cela Ă  Kigali. Dans ce livre, il affirme que la Â« version gĂ©nĂ©ralement acceptĂ©e est archi-fausse », la qualifie de « fable », de « lĂ©gende », et entend la remettre en cause au cours de chapitres consacrĂ©s Ă  des essayistes ou journalistes qui ont Ă©crit sur les Ă©vĂ©nements, et dont il critique les propos, comme Colette Braeckman, Gil Courtemanche, Philip Gourevitch, Carole Off[5]. Le livre comprend Ă©galement un chapitre consacrĂ© Ă  Jean-Paul Akayesu, condamnĂ© par le TPIR pour crime de gĂ©nocide, notamment pour avoir supervisĂ© directement l'assassinat de 2000 tutsis. Dans un des chapitres du livre, il pose la question « Y a-t-il eu un gĂ©nocide? Â» et cite une sĂ©rie d'interlocuteurs qui tous mettent en doute le gĂ©nocide des Tutsi au Rwanda.

Le livre, qui a Ă©tĂ© traduit en anglais et en allemand, a suscitĂ© dès sa parution de nombreuses rĂ©actions au Canada et ailleurs, aussi bien de spĂ©cialistes du Rwanda que de victimes du gĂ©nocides[6] et de journalistes, notamment lors de la candidature de M. Philpot aux Ă©lections lĂ©gislatives.

Selon l'historien Jean-Pierre ChrĂ©tien, spĂ©cialiste du Rwanda, l'auteur ne cache pas son Â« orientation nĂ©gationniste Â», et adopte une « ligne qui consiste Ă  nier la dimension raciste anti-tutsi qui est le nerf du gĂ©nocide Â»[7]

L'anthropologue quĂ©bĂ©cois Pierre Trudel indique quant Ă  lui : Â« Philpot se contente d'Ă©voquer le fait qu'une armĂ©e Ă©trangère, soit des Tutsis intĂ©grĂ©s Ă  l'armĂ©e ougandaise, a commis le pire crime, soit envahir un pays indĂ©pendant et assassiner son prĂ©sident. C'est ce qui aurait entraĂ®nĂ© le gĂ©nocide. Il ne dit cependant pas mot de ce qui est essentiel pour comprendre le gĂ©nocide et le contexte rwandais : après avoir Ă©tĂ© erronĂ©ment dĂ©finis comme constituant une race par les colonisateurs belges, les Tutsis seront qualifiĂ©s par les idĂ©ologues rwandais du gĂ©nocide de race Ă©trangère qu'il faut Ă©liminer pour qu'ils ne reviennent plus. Â»

Le (dixième anniversaire du gĂ©nocide), Philpot participe Ă  une rencontre organisĂ©e Ă  Paris par la FĂ©dĂ©ration europĂ©enne des associations rwandaises, dirigĂ©e par des responsables politiques hutus, associĂ©e Ă  Africa International, en compagnie de Charles Onana, journaliste indĂ©pendant, lui aussi auteur d'ouvrages controversĂ©s sur le Rwanda, et responsable des Ă©ditions Duboiris qui ont publiĂ© le livre. Commentant cet Ă©vĂ©nement, le journaliste Christophe Ayad Ă©crit dans LibĂ©ration que des auteurs nĂ©gationnistes ont participĂ© au colloque[8].

Onana et Philpot portent plainte pour diffamation[9]. Ils sont dĂ©boutĂ©s en première instance puis en appel.

En 2007, il publie un deuxième ouvrage sur le sujet, Rwanda. Crimes, mensonges et étouffement de la vérité. Si le livre ne nie aucunement qu'un nombre très important de Tutsis ont été massacrés au Rwanda, il soutient que l’utilisation abusive du terme « génocide rwandais » a servi à masquer les crimes commis par le Front patriotique rwandais (FPR) de Paul Kagame[10] - [11].

Affaire Philpot

Au cours de la campagne électorale de mars 2007, l'ouvrage de Philpot sur le génocide des Tutsi au Rwanda (Ça ne s'est pas passé comme ça à Kigali) est à nouveau évoqué par les médias québécois, notamment par La Presse, qui a publié des manchettes[12] - [13] et des éditoriaux[14] assimilant la position de l'essayiste à du négationnisme. Les articles ont embarrassé le chef péquiste André Boisclair, qui s'est d'abord dissocié des propos de son candidat[15], pour ensuite le défendre[16].

Certains intellectuels québécois, dont le chroniqueur littéraire du Devoir, Louis Cornellier ont condamné « la chasse aux sorcières, orchestrée par le journal "La Presse", dont a été victime le candidat péquiste », ajoutant qu'elle était « disgracieuse et injustifiée[17] ».

Le , Philpot termine deuxième dans la circonscription de Saint-Henri—Sainte-Anne, derrière la candidate libĂ©rale Marguerite Blais, qui l'emporte avec une majoritĂ© de 2 753 voix[18].

Autres allégations

Philpot a par ailleurs porté des accusations contre les Canadiens William Schabas, Hélène Pinske, André Paradis et Louise Arbour pour avoir pris part dans la rivalité entre USAFRICOM et la Françafrique. Il allègue aussi que la personne de Michaëlle Jean a servi à légitimer l'évacuation du président Jean-Bertrand Aristide.

Publications

Distinctions

Robin Philpot s'est vu décerner le titre de Patriote de l'année 2015-2016 par la SSJB[20].

Notes et références

  1. Zone Nouvelles - ICI.Radio-Canada.ca, « Début du procès du « boucher de Butare » | ICI.Radio-Canada.ca », sur Radio-Canada.ca (consulté le )
  2. « Première condamnation pour génocide à Arusha. Un ancien maire rwandais reconnu coupable du massacre de 2000 Tutsis par le TPR. », sur Libération.fr (consulté le )
  3. Philpot, Robin. Le drame rwandais - Roméo Dallaire veut-il brouiller les pistes?, dans Le Devoir, le 1er juin 2004. Page consultée le 31 juillet 2007.
  4. Grenier, Bernard (2007). Rapport d'enquête au sujet des activités d'Option Canada à l'occasion du référendum tenu au Québec en octobre 1995.[PDF] Directeur général des élections du Québec. 170 pages (ISBN 978-2-550-49800-1)
  5. PMB Group, « Catalogue en ligne Centre de documentation du GRIP », sur biblio.grip.be (consulté le ).
  6. Zone Regions - ICI.Radio-Canada.ca, « Boisclair prête main-forte à Philpot | ICI.Radio-Canada.ca »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur Radio-Canada.ca (consulté le )
  7. Jean-Pierre Chrétien, « Dix ans après le génocide des Tutsis au Rwanda », Le Temps des médias, vol. n° 5,‎ , p. 59–75 (ISSN 1764-2507, lire en ligne, consulté le )
  8. « Commémoration du génocide: les Tutsis privés de Trocadéro », sur Libération.fr (consulté le )
  9. « Grioo.com : Le journaliste Charles Onana attaque le quotidien "Libération" », sur www.grioo.com (consulté le )
  10. Accommodements linguistiques, lautjournal.info N° 264 - novembre 2007
  11. Louis Cornellier, Essais québécois - Rwanda : le débat continue, ledevoir.com, 6 octobre 2007
  12. Noël, André. Un candidat du PQ nie le génocide rwandais, dans La Presse, le 8 mars 2007.
  13. Trudel, Pierre Qu’en pense Boisclair ?, dans La Presse, le 8 mars 2007.
  14. Pratte, André. Éditorial : Désavouer Philpot, dans La Presse, le 12 mars 2007.
  15. LCN. Un candidat du PQ nie le génocide au Rwanda, le 8 mars 2007. Page consultée le 31 juillet 2007.
  16. Radio-Canada. Boisclair prête main-forte à Philpot, le 9 mars 2007. Page consultée le 31 juillet 2007.
  17. Cornellier, Louis. Robin Philpot, chercheur de vérité, dans Le Devoir, le 16 mars 2007. Page consultée le 31 juillet 2007.
  18. Directeur général des élections du Québec. Élections générales 2007, 26 mars : Saint-Henri-Sainte-Anne. mis à jour le 19 juin 2007. Page consultée le 31 juillet 2007.
  19. inshuti.org. Ça ne s’est pas passé comme ça à Kigali. Communiqué de presse. s.d. Page consultée le 31 juillet 2007.
  20. « Soirée de remise du titre Patriote de l'année 2015-2016 », Société Saint-Jean-Baptiste (consulté le )

Annexes

Articles connexes

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