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Robert Caulet

Robert Caulet, né le à Marseille et mort le dans la même ville, est un peintre, professeur de dessin et résistant français.

Robert Caulet
Robert Caulet en 1942.
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  78 ans)
Marseille
Nom de naissance
Robert Alexandre Caulet
Nationalité
Activités
Enfant
MalijaĂŻ Caulet (d)
Autres informations
Lieu de détention

Biographie

Jeunesse

Robert Alexandre Caulet est né le à Marseille[1], boulevard de la Liberté[2]. Ses parents sont originaires de Sisteron. La famille s'installe à Paris quelque temps après.

Robert est scolarisĂ© Ă  l'Ă©cole primaire publique de garçons 15 rue Turgot (Paris 9e) Ă  partir de 1912 jusqu'Ă   : « sa conduite et son travail ont toujours donnĂ© très entière satisfaction Â». Il vit la première guerre mondiale Ă  Paris : les premiers bombardements aĂ©riens de l'histoire, les descentes dans les abris. Ă€ 14 ans Robert travaille en usine Ă  faire des filets sur les assiettes (porcelaines de Sèvres). Ă€ 15 ans il passe le concours d'entrĂ©e Ă  l'Ă©cole des Beaux Arts de Paris mais n'y reste que 3 mois, ses parents ne pouvant financer ses Ă©tudes. Il continue donc Ă  travailler Ă  l'usine et suit des cours de dessin le soir. En 1922 un professeur de l'Ă©cole Nationale des Beaux Arts le dĂ©crit comme « Ă©lève travailleur et bien douĂ© dont les progrès sont sensibles».

DĂ©buts professionnels

Il fait son service militaire Ă  Bizerte (Tunisie) chez les zouaves, en .

Démobilisé sur place, il prépare le professorat de dessin qu'il passe à Paris : en 1929 il est reçu 1er au 1er degré du Certificat d'aptitude à l'enseignement du dessin dans les lycées et collèges. Il est ensuite nommé professeur de dessin au lycée Dupuy-de-Lôme de Lorient (du au ).

Hors métropole : Saint-Denis de La Réunion, Sousse, Dakar, etc.

Il demande un poste en Indochine mais est nommé à La Réunion, en , au lycée Leconte-de-Lisle de Saint Denis. Il expose à La Réunion, en , au musée Léon-Dierx. Deux de ces tableaux servent de base à deux séries de timbres[3], Une représentation du Musée Léon-Dierx et une de la cascade des Demoiselles - Salazie. Il épouse en 1932 Lise Marie Blanche de Fayard à Saint-André sur l'île de La Réunion dont il divorce en à Grand-Bassam en Côte d'Ivoire[1].

Timbre signé Robert Caulet
Timbre signé Robert Caulet

Il regagne Paris en 1934, puis est nommé en Tunisie au Collège de Sousse de à . Il y fraternise avec des tunisiens et s'engage dans la CGT locale. Il accompagne les mouvements de grèves dans le bassin minier de Gafsa en . La répression violente a causé la mort de dix-sept mineurs à Metlaoui.

En 1937 il n'est pas maintenu en Tunisie et est nommé, à sa demande, à Dakar, au lycée Van Vollenhoven. Face à la montée du nazisme il publie, entre le et le , Mamadou s'en va-t'en guerre[4], en bande dessinée, dans La Gazette du tirailleur[5](bimensuel Publié par l'état-major du Général commandant supérieur à Dakar[6]). Il illustre avec des gravures sur bois une édition des Nouveaux contes d'Afrique[7] de René Guillot en 1939-1940[8].

Mobilisé, les 23 et il participe à la bataille de Dakar contre les Anglais, mais en le Gouverneur Général décide de ne pas renouveler son détachement en AOF qui arrive à expiration le 1er décembre. Il quitte Dakar pour Marrakech où il entre en contact avec Joséphine Baker et son «agent» Jacques Abtey.

Il rencontre certainement Albert Merglen[9], à Casablanca. Albert Merglen était une figure des opérations spéciales en 1940-1945. Docteur en histoire, il termine sa carrière avec le grade de Général. Dans son récit autobiographique Mission spéciale en France[10], son personnage porte le nom de Robert Caulet, ce qui révèle une profonde estime.

La résistance en Corrèze

Ă€ force de dĂ©marches, il est nommĂ© Ă  Tulle en . Il sera professeur de dessin au lycĂ©e Edmond-Perrier, jusqu'en . Il y entre en contact avec les mouvements de rĂ©sistance locaux. En particulier il devient proche de Gilbert Bugeac et de Martial Brigouleix qui sera arrĂŞtĂ© et fusillĂ© le au Mont-ValĂ©rien. Totalement impliquĂ© dans la rĂ©sistance, il devient responsable du Front National pour la Corrèze en 1942, sous le pseudonyme de « Laurent Â».

Il continue son activité artistique dont restent deux histoires écrites au pinceau et illustrées d'aquarelles, réalisées en 1942 : « Feu de Joie »[11] et « Nature morte »[12].

Dans le cadre de l'affaire Grandclément, il est arrêté à Bordeaux par la Gestapo le et emprisonné au fort du Hâ pendant un mois. Il se retrouve dans une petite cellule où se serrent une dizaine de prisonniers. Des dessins[13]en témoignent. Il est libéré faute de preuves.

À son retour, il entre dans la clandestinité.

Il participe Ă  la bataille de Tulle des 7 et [14]. Divers tĂ©moignages relatent la prĂ©sence et le rĂ´le de Robert Caulet Ă  Tulle les 7 et . Bruno Kartheuser les a rassemblĂ©s dans Caulet dit Laurent, rĂ©sistant en Corrèze[15]. Il est Ă©lu PrĂ©sident du ComitĂ© DĂ©partemental de LibĂ©ration (CDL) de Corrèze en . Il devient le « prĂ©fet du maquis Â» pendant l'Ă©tĂ© 1944[16]. Il est installĂ© avec une petite Ă©quipe Ă  Nougein (commune de Marcillac-la-Croisille) dans un endroit discret, peu accessible et bien protĂ©gĂ© par le maquis. Il est en contact avec Pierre TrouillĂ©, prĂ©fet de Vichy, afin de prĂ©parer au mieux la LibĂ©ration[17]. Ă€ ses cĂ´tĂ©s se trouve Jean-Gaston Labrunie qui sera maire de la LibĂ©ration Ă  Brive-la-Gaillarde et Conseiller GĂ©nĂ©ral de la Corrèze de 1951 Ă  . En 1974, en souvenir de cette pĂ©riode, il Ă©crira une pièce de théâtre intitulĂ©e « Laurent ou le chant de guerre du maquis CorrĂ©zien Â». Ă€ la LibĂ©ration, le , Robert Caulet fait fonction de PrĂ©fet[18] , pendant un mois, en relation Ă©troite avec le PrĂ©fet sortant, jusqu'Ă  la nomination de Maurice Chantelauze comme PrĂ©fet officiel. Alors Ă  ses cĂ´tĂ©s, Ă©tant PrĂ©sident du CDL, il joue le rĂ´le de PrĂ©sident du Conseil GĂ©nĂ©ral. Fin 1945, après 16 mois de gestion de la Corrèze libĂ©rĂ©e, il quitte la prĂ©sidence du CDL et demande Ă  retrouver un poste d’enseignant en dehors du dĂ©partement, lĂ  oĂą « je pourrai redevenir Professeur, tout simplement Â» Ă©crit-il.

Affiche libération Corrèze 1944

Il épouse en à Égletons Renée Marie Reiss[1], née le à Ars-sur-Moselle[2]. Il l'avait connue en 1942 à Tulle où elle était en poste. Elle a été un agent de liaison régulier pendant deux ans et a largement contribué à sa Libération, en . Le mariage est célébré le à Egletons (19). Parmi les témoins, Maurice Rouel, futur Conseiller de la République de Corrèze de 1946 à 1948 et Gilbert Bugeac, vice-président du CDL, Compagnon de la Libération.

La médaille de la Résistance lui est attribuée par décret en [19].

Peu de temps après son départ pour Marseille une rumeur s'est répandue en Corrèze : Robert Caulet serait mort dans des conditions troubles, à Marseille. Cette rumeur délibérément malveillante était visiblement destinée à minorer et faire oublier le rôle central qu'il a joué pendant quatre ans, entre 1941 et 1945. Cette rumeur, restée longtemps vivace, est reprise dans des ouvrages dressant un portrait peu flatteur de Robert Caulet comme celui de Michel Peyramaure, La Division Maudite[20]. On y lit « Caulet est mort noyé près de Marseille, dans la Méditerranée, semble-t-il, dans les années 46-47 ». Pour Marcel Meyssignac, dans Comment Tulle ne fut pas Oradour[21], « Caulet se serait suicidé à Marseille ».

Ă€ l'initiative du collectif  Maquis de Corrèze, une plaque, commĂ©morant la PrĂ©fecture du Maquis prĂ©sidĂ©e par Robert Caulet alias Laurent, a Ă©tĂ© posĂ©e le Ă  Nougein (commune de Marcillac-la-Croisille). Pierre Pranchère, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du collectif Maquis de Corrèze et Jean-Louis Bachellerie, maire de Marcillac-la-Croisille prĂ©sidaient la cĂ©rĂ©monie [22].

Plaque commémorative Préfecture du Maquis Corrèze

Retour Ă  Marseille

Au début de 1946, il est affecté à Marseille, au lycée Thiers puis au lycée Marseilleveyre, lycée "pilote" dans lequel il s'investit. Il participe à de nombreux projets : théâtre (décors, costumes), fresques en fer forgé dans la salle de spectacle avec son ami Georges Rolland...

Il continue à peindre et à créer des meubles. Il s'occupe de ses enfants (Laurent né en 1951 et Malijaï née en 1959), qu'il avait eus avec son épouse Renée[23].

En 1956 sa tuberculose fut considérée comme active et il fut mis en congé de longue maladie, avec un long séjour dans un sanatorium de Briançon. Par, ironie de l'histoire, c'est un docteur nommé Laval qui le suivait à cette époque là! Inspiré par le Knock de Jules Romain (et faisant le lien avec le bacille de Koch), il en a tiré une leçon amère : la maladie, pourtant stabilisée, plus perfide que les nazis !

Il meurt le Ă  Marseille[1].

En 2014, Bruno Kartheuser, historien Belge (Walter, SD à Tulle, tommes 1 à 4[24] - [25]) publie Caulet, dit Laurent, Résistant en Corrèze[2].

Carrière

Dès son plus jeune âge, Robert Caulet dessine et peint.

Ă€ 15 ans, il exprime ses dons avec des Ĺ“uvres personnelles en porcelaine et un bel autoportrait.

Il expose à de nombreuses reprises, à Paris, Maison Marthe en 1929, à Lorient en 1930 (article dans Le Nouvelliste du Morbihan), à Saint-Denis de la Réunion (articles dans Le Peuple et La Jeunesse Littéraire) en 1931, à Sisteron en 1947 ( articles dans Sisteron Journal)...

Il s'essaie Ă©galement au modelage, Ă  d'autres expressions plastiques comme l'utilisation du polyester et le modelage sur polystyrène expansĂ© ainsi qu'Ă  la crĂ©ation d'accessoires et de meubles pour l'usage familial. 

Parmi ses élèves, à Sousse : Georges Massa (1917-2013); à Tulle : Jean Leyssenne (1921-2009); à Marseille : Christiane Vivanti (Marseille 1937-2006).

Notes et références

  1. Bruno Kartheuser, Walter, agent du SD à Tulle : Les pendaisons de Tulle : crime sans châtiment, Saint Vith, Krautgarten, , 491 p. (ISBN 978-2-87316-031-9, lire en ligne), p. 50
  2. Bruno Kartheuser, Caulet, dit Laurent, Résistant en Corrèze, 1906-1984 récit d'une vie, Krautgarten, , 418 p.
  3. « Robert Caulet Illustrations - Timbres La Réunion », sur Robert-Caulet.malijai.org (consulté le )
  4. « Robert Caulet Illustrations - Mamadou », sur Robert-Caulet.malijai.org (consulté le )
  5. « Robert Caulet Illustrations - La gazette du tirailleur », sur Robert-Caulet.malijai.org (consulté le )
  6. Myron Echenberg (trad. de l'anglais), Les tirailleurs sénégalais en Afrique occidentale française, 1857-1960, Paris/Dakar, Karthala, impr. 2009, 352 p. (ISBN 978-2-8111-0297-5, OCLC 690868776, lire en ligne), p. 159-161
  7. « Robert Caulet Illustrations - Nouveaux contes d'Afrique », sur Robert-caulet.malijai.org (consulté le )
  8. Kartheuser, Bruno, (1947- ...)., Caulet, dit Laurent : résistant en corrèze : 1906-1984 récit d'une vie, Krautgarten orte, dl 2014 (ISBN 978-2-87316-049-4, OCLC 908689932, lire en ligne), p. 29 & 33
  9. « Hommage à Albert Merglen », sur www.defense.gouv.fr (consulté le )
  10. Albert Merglen, Mission spéciale en France, Arthaud,
  11. « Robert Caulet Illustrations - Feu de joie », sur Robert-Caulet.malijai.org (consulté le )
  12. « Robert Caulet Illustrations - Nature morte », sur Robert-Caulet.malijai.org (consulté le )
  13. « Robert Caulet Illustrations - Fort du Hâ », sur Robert-Caulet.malijai.org (consulté le )
  14. Jacques Delarue, Trafics et crimes sous l'occupation, Fayard, , 506 p., p. 346
  15. Bruno Kartheuser, Caulet dit Laurent, résistant en Corrèze, Kautgarten, , pages 177 à 182
  16. 150 Combattants et Témoins, Maquis de Corrèze, 3ème édition, éditions Sociales, , 535 p., page 418
  17. Pierre Trouillé, Journal d'un Préfet pendant l'occupation, Gallimard, , p. 165
  18. Pierre Trouillé, Journal d'un Préfet pendant l'occupation, Gallimard, 240 p., p. 226
  19. Journal Officiel de la République Française du 17 mai 1946, p 46.
  20. Michel Peyramaure, La division maudite, la marche de la Das Reich de Montauban au front de Normandie par Tulle et Oradour, Robert Laffont, , 440 p., page 434
  21. Marcel Meyssignac, Comment Tulle ne fut pas Oradour, Brive, Chastrusse, , 263 p., page 126
  22. « Un Hommage à la Préfecture du Maquis », sur La Montagne,
  23. https://maitron.fr/spip.php?article159985.
  24. Bruno Kartheuser, Les pendaisons de Tulle : crime sans châtiment, vol. 4, Krautgarten, dl 2008, 491 p. (ISBN 978-2-87316-031-9 et 2-87316-031-4, OCLC 470952312, lire en ligne)
  25. Bruno Kartheuser, Walter, SD à Tulle : la tragédie du 9 juin, Neundorf, Krautgarten, , 491 p. (ISBN 978-2-87316-031-9)

Liens externes

  • Ressource relative Ă  la vie publique :
  • Pierre TrouillĂ©, Journal d'un PrĂ©fet pendant l'occupation, Ă©ditions Gallimard, 1964
  • Jacques Delarue, Trafics et crimes sous l'occupation, Ă©ditions Fayard, 1968
  • Jean-G Labrunie, Laurent ou le chant de guerre du maquis CorrĂ©zien, pièce en 4 actes, 1976
  • Bruno Kartheuser, Caulet dit Laurent RĂ©sistant en Corrèze, Ă©ditions Krautgarten orte, 2014
  • Jean-Louis Bourdelle, DĂ©parts, rĂ©cit, Ă©ditions Rougerie, 1945
  • Jacques Vigne, La contrainte, Ă©ditions Imprimerie du CorrĂ©zien, 2005
  • AndrĂ© Odru, Maquis et GuĂ©rilla en Limousin 1943-1944, Ă©ditions ANACR Corrèze, 2007
  • Le Novelliste du Morbihan, article du .
  • La Jeunesse LittĂ©raire (La RĂ©union) article du .
  • Sisteron journal, articles des 6 t .
  • La Gazette du Tirailleur (Dakar) janvier – .
  • Le Maitron, Caulet Robert, Alexandre dit « Laurent Â» lire en ligne
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