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Prosper PĂ©chot

Prosper Péchot, né le à Rennes et mort le à Paris, est un polytechnicien et officier d’artillerie français.

Prosper PĂ©chot
Biographie
Naissance
Décès
Nationalité
Formation
École Polytechnique
Activité
Officier d'artillerie, inventeur
Autres informations
Grade militaire
Colonel
Distinction
Commandeur de la LĂ©gion d'honneur

Il est le concepteur, entre 1871 et 1914, d’un système de chemins de fer Ă  voie Ă©troite (la voie de 0,60 m ou voie PĂ©chot) destinĂ© Ă  faciliter la guerre de siège (ravitaillement des canons en munitions et dĂ©placement des pièces d’artillerie). Son invention a Ă©tĂ© abondamment utilisĂ©e durant les deux conflits mondiaux et a contribuĂ© au dĂ©veloppement de certains territoires d’outre-mer. Le système PĂ©chot, conçu initialement pour un usage logistique local, est devenu au cours de la Première Guerre mondiale un outil stratĂ©gique majeur, notamment dans les Balkans.

Biographie

Contexte familial

Né à Rennes le 6 février 1849, au sein d’une famille de la bourgeoisie catholique de la ville (son père est professeur à la faculté de médecine[1]), Prosper Péchot compte plusieurs polytechniciens dans sa parentèle et c’est tout naturellement qu’il présente et réussit l’X en 1869. Il a pour camarade le futur maréchal Joffre[2]. Au bout d’un an, il est renvoyé dans ses foyers pour raison de santé, et la guerre le surprend à Rennes où il reste mobilisé sur place jusqu’à la fin de la Commune, s’occupant déjà de logistique et de transports. Après une année en corps de troupe, les élèves rejoignent les écoles d’application de l’arme qu’ils ont choisie ; pour Péchot, ce sera Fontainebleau où l’on forme, entre autres, les artilleurs.

Carrière jusqu'en 1909

En 1873, le voici affectĂ© aux 10e puis 28e rĂ©giments d’artillerie Ă  Rennes. Il se signale par ses travaux sur un embranchement ferroviaire[3] qui lui vaudront les fĂ©licitations du Ministre de la Guerre quelques annĂ©es plus tard. C’est lĂ  le dĂ©but d’une longue rĂ©flexion sur les transports militaires par voie ferrĂ©e. Il entre en relation avec la maison Decauville[4] pour voir si les trains lĂ©gers de chantiers dĂ©veloppĂ©s par cette entreprise pourraient avoir une utilitĂ© militaire. Il travaille sur un projet de chemin de fer Ă  voie de 0,50 m pouvant acheminer des canons au sommet du fort du Mont Faron Ă  cĂ´tĂ© de Toulon, projet qui aboutit Ă  une impasse Ă  cause du trop faible Ă©cartement des rails, inadaptĂ© au poids des engins transportĂ©s.

Péchot est successivement affecté à Bourges et Paris où il suit les cours de l’École de Guerre. Parallèlement, il continue son travail collaboratif avec Decauville et étudie en profondeur les causes des faiblesses de l’artillerie de siège allemande lors du siège de Paris.

C’est en octobre 1882 que sa réflexion arrive à une maturité telle que Péchot est en mesure de présenter au Ministre un Mémoire sur l'application au service de l'artillerie dans l'attaque des places et autres circonstances de guerre des chemins de fer à voie étroite[5]. Ce mémoire examiné à la séance du 27 février 1883, donne lieu à une nouvelle lettre de félicitation à son auteur, sans que ses idées soient retenues, quoiqu’elles fassent leur chemin. En effet, c’est dans les années 1880 que le Comité technique de l’artillerie fait étudier par une Commission mixte artillerie et génie la possibilité d’adapter le matériel Decauville à la défense des places. Ce matériel peut être largement amélioré et l’intervention de Péchot prend alors toute sa valeur.

Le capitaine Péchot remarque tout d’abord que l’écartement des voies normales ne convient pas au but poursuivi pour des raisons d’encombrement, de quais nécessaires, de courbes, de pentes… et que l’écartement Decauville de 0.50 est trop faible pour la traction de très lourdes charges. L’écartement de 0,60 est déjà utilisé avec succès par les Britanniques entre Port-Madoc (Porthmadog) et Festiniog (Ffestiniog). Il semble donner satisfaction eu égard aux impératifs techniques. C’est celui-là qu’il va faire adopter.

En 1883 et 1884, au polygone des Matelots Ă  Versailles, ont lieu les premières expĂ©riences sous la houlette du ComitĂ© de l’artillerie et avec les sapeurs de chemins de fer, devant une commission ad hoc dont PĂ©chot fait partie. La voie de 0,60 est testĂ©e avec du matĂ©riel Decauville, puis mise en concurrence avec des voies d’écartements diffĂ©rents. Il faudra quatre ans pour trancher un dĂ©bat qui ne trouvera sa conclusion qu’en 1888, les artilleurs prĂ©conisant gĂ©nĂ©ralement un Ă©cartement de 50 cm, tandis que les sapeurs prĂ©fĂ©reraient des voies mĂ©triques compatibles avec le rĂ©seau normal.

Sans attendre la conclusion de ce débat, Péchot s’était lancé depuis 1880 dans l’étude d’un matériel (un wagon pour commencer) qui permettrait d’armer les places fortes et de les approvisionner, notamment en munitions. Il conçoit un « système de wagon spécial pour fardeaux longs ou lourds et indivisibles » et des «traverses métalliques de chemins de fer obtenues par emboutissage ou tout autre procédé approprié », travaux pour lesquels il dépose un brevet en 1882. Plus tard, en 1886 et 1887, il déposera de nouveaux brevets, pour une « plaque tournante de chemin de fer », pour des « perfectionnements aux matériels roulants des chemins de fer » et pour des « perfectionnements à des locomotives à bogies moteurs » (il s’agit d’une locomotive[6] à foyer unique et deux chaudières par rapport à un axe transversal, inspirée par la locomotive double Fairlie). Tous ces brevets seront cédés à la maison Decauville le 19 décembre 1889[7].

En 1884, Péchot propose à Paul Decauville de travailler à nouveau ensemble sur un projet de wagon. C’est à cette occasion que l’officier fait la connaissance de l’ingénieur Charles Bourdon. Le travail de Péchot porte sur la question des irrégularités du champ de bataille, sources de nombreux déraillements pour un chemin de fer improvisé. Il adjoint aux traditionnels ressorts à lame, des balanciers compensateurs qui permettent aux longerons de s’incliner et aux roues de garder le contact avec la voie. Avec Bourdon, un travail colossal est entrepris : Péchot imagine tout l’environnement de son projet en insistant sur la facilité de pose des nouvelles lignes, l’avantage des wagons surbaissés qui permettent de se passer de quais en dur, les aiguillages…

De 1884 Ă  1888[8], des essais sont conduits en grand Ă  Toul : la dĂ©monstration de mai 1888 porte sur l’acheminement de l’artillerie : six canons de 155 mm sont transportĂ©s par rail sur une distance de km, dĂ©ployĂ©s en batterie et approvisionnĂ©s en munitions, le tout en moins d’une heure[9]. Le 10 mai 1888, la ville reçoit la visite du ministre de Freycinet qui y dĂ©core PĂ©chot de la croix de chevalier de la lĂ©gion d’honneur. C’est le 3 juillet 1888 que le système PĂ©chot est dĂ©finitivement adoptĂ©. Il va Ă©quiper progressivement les places de Toul, Verdun, Épinal et Belfort. Inaugurant une avenue baptisĂ©e en l'honneur de son père Ă  Toul, Henri PĂ©chot dans son allocution insiste en ces termes : «  ... en 17 ans, de 1882 Ă  1899, PĂ©chot avait rĂ©alisĂ© ce tour de force de donner la mobilitĂ© Ă  l’artillerie de siège...»

A l'été 1886, Péchot avait été chargé de participer à l’armement en canons lourds de la presqu'île de Quiberon. Son matériel y joue un rôle déterminant, les rails préfabriqués montables et démontables facilement assurant la mise en place des pièces depuis la plage où elles ont été débarquées. Les wagons sont ensuite employés à Brest dans le même but. Ces actions débouchent sur l'adoption réglementaire du système Péchot pour l'armement des côtes (1887). Quatre équipages de chemin de fer à voie étroite sont créés en vue d'assurer l'armement des côtes, dont un pour l'Algérie.

Le général Chapel précise dans Le colonel d’artillerie Péchot, commandeur de la légion d’honneur (1849-1928) : « On a peine à croire au travail véritablement surhumain que le vaillant officier a dû fournir dans cette période : dirigeant en 1894 le service de chemin de fer dans la grande expérience d’attaque et de défense de Vaujours ; organisant des manœuvres au camp de Châlons ; rédigeant, d’ordre ministériel, une instruction sur l’influence de l’emploi combiné du téléphone et de la voie de 0m.60 sur la tactique de l’artillerie dans les sièges ; préparant à Toul, une vaste manœuvre, avec 20 kilomètres de voie (1895), rédigeant, en quelques mois, quatorze règlements (900 pages), relatifs à la construction et à l’emploi des chemins de fer à voie de 0m.60 dans l’artillerie de siège, ; dirigeant l’application de ces règlements ; formant le personnel d’instruction ; procédant à des essais sur tous les terrains et par tous les temps ; rédigeant un projet d’instruction sur le service de l’artillerie dans l’attaque des places ; publiant une étude magistrale sur : La stabilité des trains et les chemins de fer à voie de 0m.60, à la suite de nombreuses conférences faites aux élèves-ingénieurs des ponts et chaussées et des mines, etc., etc. »

Le système Péchot, à l’aube du XXe siècle, ce sont des rails préfabriqués : deux rails de 9,5 kg au mètre montés sur des traverses métalliques. Il existait des éléments droits de plusieurs longueurs et des éléments courbes de différents rayons. Il existait également des aiguillages, des plaques tournantes de différentes tailles ; ce sont aussi les bogies Péchot à deux, trois ou quatre essieux pouvant être associés entre eux (2 ou 4 bogies) au moyen d'une traverse pivotante et permettant de déplacer de lourdes charges, de 18 à 24 tonnes ; ce sont enfin la locomotive Péchot-Bourdon, la plateforme d'artillerie Péchot modèle 1888, différents types de wagons (trucks, citerne, couverts), dont des wagons artillerie portant, sur un affût spécial, un canon de 120 long ou un canon de 155 court.

De façon plus anecdotique, il faut signaler que, lors de l’Exposition universelle de 1889, l’État passe un marchĂ© avec la sociĂ©tĂ© Decauville pour l’établissement d’un vĂ©ritable chemin de fer[10] sur voie de 0,60, des Invalides au Champ de Mars. En six mois, les trains tractĂ©s par des locomotives Decauville et par une machine PĂ©chot-Bourdon, assureront le transport de plus de 6 millions de personnes et parcourront plus de 100 000 km[11].

À partir de 1915, le système n’a plus servi seulement à défendre une place ou assiéger une ville, mais il a surtout permis de suivre et d’approvisionner une armée en campagne, notamment dans les grandes offensives de la Première guerre mondiale, en soulageant un réseau routier défoncé ou saturé. C'est après le premier conflit mondial que les voies étroites sont officiellement passées de la responsabilité de l'artillerie[12] à l'arme du génie[13].

Fin de la première carrière de Péchot

Dans le contexte des conversations militaires entre la Russie et la France pour faire pièce à l’Allemagne de Guillaume II, Péchot est envoyé en Russie en 1896[14] et fait, à son retour, parvenir à l’état-major une note sur la faisabilité d’une voie de chemin de fer devant relier Lublin à Zanow.

En 1902, la réputation de son système est telle que la commune de Saint-Brieuc fait appel à lui pour la conseiller en matière d’équipement ferroviaire[15].

Prosper Péchot poursuit par ailleurs sa carrière d’officier d’artillerie et alterne les affectations dans des établissements techniques avec les temps de troupe ou d’état-major. Il suit une scolarité à l’École de Guerre en 1880/1881, et commandera le 3e régiment d’artillerie à Castres de 1903 à 1907. Directeur d’artillerie de la place de Brest, Péchot quitte une première fois le service actif en février 1909, après avoir reçu la cravate de commandeur de la légion d’honneur[16].

Le Premier conflit mondial

Locomotive Péchot-Bourdon[17] prêtée par la Serbie (Musée du chemin de fer de Pozega)[18] à la France à l'occasion du centenaire de la Première Guerre mondiale et exposée aux Invalides.

PĂ©chot au Gouvernement militaire de Paris[19]

Par dĂ©cision ministĂ©rielle du 25 avril 1914[20], le colonel de rĂ©serve PĂ©chot est rĂ©intĂ©grĂ© et classĂ© aux services spĂ©ciaux du territoire du gouvernement militaire de Paris. Dès que la guerre Ă©clate, il occupe auprès du futur marĂ©chal GalliĂ©ni le poste de chef du service de l’artillerie du camp retranchĂ©[21] pour la pose des voies Ă©troites nĂ©cessaires Ă  l’acheminement des pièces et des munitions jusqu’aux ouvrages[19]. Il est placĂ© sous les ordres des gĂ©nĂ©raux Miquel-Dalton[22] et Desaleux. Des locomotives et du matĂ©riel sont rĂ©quisitionnĂ©s un peu partout, notamment sur les lignes de tramway ParamĂ©-RothĂ©neuf ou La TrinitĂ©-Étel qui utilisaient des voies de 0,60 m.

Les fortifications parisiennes n’ayant pas eu à servir grâce aux heureux résultats de la bataille de la Marne, Péchot, tout en restant en mesure de prêter son concours à la défense de Paris (il y reste officiellement directeur des chemins de fer à voie étroite), contribue à la mise en place des écoles de chemins de fer à voie étroite ordonnée par le général Ragueneau, directeur des services de l’arrière. A Jouy-en-Josas[23] et Sucy-en-Brie[24], pour commencer puis, parallèlement, à Boissy-St-Léger (il y aura plus tard des écoles de mécaniciens et chauffeurs à Suippes, à Saint-Étienne-au-Temple, et à Toul. En 1918, toutes ces écoles seront réunies à Épinal sous la désignation de « Centre d'organisation de la voie de 0,60 » avec un dépôt de matériel à Chartres).

La disgrâce

Mais cette responsabilité fut de courte durée puisque des conflits de personnes ne tardèrent pas à opposer le général Miquel-Dalton à son subordonné auquel il reprochait un souci excessif du détail et de trop nombreuses demandes pour satisfaire les besoins de sa tâche[25]. Fin février 1915, Péchot est déchargé de ses fonctions annexes de Directeur de l’École d’instruction de la voie de 60.

De fĂ©vrier 1915 Ă  janvier 1917, il n’est plus que « Conseiller technique pour le rĂ©seau Ă  voie Ă©troite du camp retranchĂ© de Paris ». Il est rĂ©gulièrement « auditionnĂ© » par la Commission parlementaire de l’ArmĂ©e comme le 15 dĂ©cembre 1915[26], durant laquelle, en prĂ©sence de son prĂ©sident, le gĂ©nĂ©ral PĂ©doya, par ailleurs dĂ©putĂ©, et de son collègue Ă  la Chambre Abel Ferry, il expose les grandes lignes du système dont il est l’inventeur et dont il dĂ©clare ĂŞtre «  de tous les matĂ©riels rĂ©glementaires que l’on connaĂ®t en France et Ă  l’étranger, le mieux appropriĂ© au service des chemins de fer de campagne ». Il recommande de faire un inventaire prĂ©cis des ressources disponibles et d’amĂ©liorer la formation du personnel de direction, de construction et d’exploitation. Il conseille Ă  la Commission de se rendre sur le terrain pour voir ce qui peut ĂŞtre amĂ©liorĂ©.

Le 10 février 1916[27], le rapport fait à la commission de l’Armée sur les chemins de fer stratégiques et de campagne par le sénateur Bérenger (sénateur de la Guadeloupe) fait le point de toutes les inconséquences de l’état-major quant à l’impréparation ferroviaire des actions en cours ou à venir et se demande « pourquoi les Écoles d’instruction de ces chemins de fer (à voie étroite) ont été enlevées au créateur de ces chemins de fer pour être livrées à des personnalités[28] dont la connaissance en ces matières est notoirement médiocre ? »

Le 15 février 1916[29], les généraux Galliéni (ministre de la Guerre) et Graziani, (chef d’état-major de l’Armée) et le colonel (et futur général) Gassouin, chef du 4e bureau de l’état-major, sont auditionnés par la Commission de l’Armée. Le rapporteur Henri Bérenger y cite son rapport du 10 février sur les chemins de fer stratégiques et de campagne. Il déplore qu’entre 1902 et 1914, peu de choses aient été réalisées dans le domaine des chemins de fer à voie étroite et rappelle que c’est le général Galliéni qui a œuvré à la montée en puissance, dans ce domaine, de la place de Paris. Il demande pourquoi le GQG n’a pas jugé bon, dès janvier 1915, de donner suite au programme stratégique d’utilisation du chemin de fer réglementaire de campagne. Il fustige l’attitude du futur général Ragueneau qui n’aurait pas jugé utile de le développer, faute de personnel qualifié (7 janvier 1915). Le colonel Gassouin répond que Péchot fut alors chargé de mettre en place un programme et une école d’instruction dont le rendement médiocre a abouti à l’éviction de celui-ci. Le sénateur Bérenger signale qu’une enquête parlementaire est en cours sur cette éviction. Il demande par ailleurs qu’on cesse d’acheter du matériel Decauville moins fiable que le matériel réglementaire et dont la maison mère travaillerait en fait pour les intérêts de la firme allemande Orenstein-Koppel. Il ajoute même : « D’après certains bruits, l’évincement du colonel Péchot serait dû en partie aux agissements de la maison Decauville.»[30]

Dans un rapport du 6 octobre 1916[31], consacrĂ© Ă  l’organisation du front dans le domaine ferroviaire, MM Abel Ferry et Albert Favre, dĂ©putĂ©s, critiquent la frilositĂ© des armĂ©es Ă  s’équiper en matĂ©riel de voie 0,60 m. Ils citent l’audition du 15 dĂ©cembre 1915 : « Nos renseignements prenaient leur source principale dans une dĂ©position faite Ă  la Commission de l’armĂ©e mĂŞme il y a près de 18 mois, par le colonel PĂ©chot, encore en activitĂ© de service, mais peu et mal employĂ©, parce qu’il a tous les dĂ©fauts et toutes les qualitĂ©s des inventeurs : c’est lui qui est l’auteur de ce matĂ©riel de voies de 0,60 modèle 1888, dont tout le monde nous dit au front qu’il surpasse pour l’emploi de guerre tout le matĂ©riel de fortune et d’industrie privĂ©es mis en service. »

Le départ à la retraite définitif

Péchot quitte une deuxième fois le service actif le 4 février 1917, non sans avoir essayé de remédier au défaut des locomotives de son invention dont on disait qu’elles n’étaient pas discrètes avec leurs deux cheminées aux fumées visibles par l’ennemi : il sollicite des entretiens avec le Ministre pour promouvoir son projet de locomotive à six essieux fonctionnant au pétrole. Ce n’est qu’en 1925 que le ministère donnera suite au projet, bientôt abandonné.

Péchot meurt à Paris en 1928, sans avoir fait l’objet d’une quelconque promotion, alors que son invention a joué un rôle éminent dans la victoire finale, notamment dans les Balkans où le maréchal Franchet d’Espérey s’est félicité par écrit du système mis au point par le génial colonel[32].

Dans la lettre de condoléances adressée à la famille et toujours en possession de celle-ci, on trouve ces mots du général Hirschauer, sénateur de la Moselle et ancien chef d'état-major adjoint du camp retranché de Paris : « Le colonel Péchot a été l’homme d’une grande idée ; il n’a pas rencontré toutes les satisfactions auxquelles il avait droit, mais (...) il emporte l’estime et l’admiration de ceux qui ont eu la joie de travailler à ses côtés. »

Le 19 juin 1955, lors de l’inauguration de l'avenue du colonel Péchot à Toul, son fils Henri fait un discours dans lequel il dit : «... si la chose eût été faisable, la matériel Péchot aurait pu passer lui-aussi sous l’Arc de triomphe le 14 juillet 1919, monté avec un juste orgueil par les cheminots de l’Artillerie et du Génie... »

L'utilitĂ© et l'efficacitĂ© des Ă©quipements du "système PĂ©chot" furent dĂ©montrĂ©es pendant la guerre 1914-1918 en France, dans les Balkans, dans les colonies (Dès 1911, au Maroc, on avait dĂ©jĂ  adoptĂ© l’idĂ©e d’un rĂ©seau de chemin de fer Ă  voie Ă©troite oĂą circulèrent sur 1 800 km et durant une quinzaine d’annĂ©es des locomotives PĂ©chot importĂ©es de mĂ©tropole), et ce système fut opĂ©rationnel jusqu'en 1940 dans certains ouvrages de la ligne Maginot.

Descendance

Marié en 1877 avec Marguerite Normand (1855-1910), petite-fille du colonel Normand (1782-1863) député d’Eure-et-Loir, Prosper Péchot devint cousin par alliance des familles de Préaudeau et Bouteloup, qui comptaient elles-mêmes plusieurs polytechniciens. De cette union naîtront trois enfants, Madeleine (1878-1916, morte pour la France à Bucarest sous le nom de sœur Maria-Valentina), Yvonne (1879-1952), et Henri (1886-1964) qui, polytechnicien et général d’artillerie, assurera seul la descendance du colonel.

Grades, distinctions, décorations

  • Chevalier de la lĂ©gion d’honneur le 8 mai 1888
  • Officier de la lĂ©gion d’honneur le 29 dĂ©cembre 1903
  • Commandeur de la lĂ©gion d’honneur le 6 janvier 1909
  • MĂ©daille commĂ©morative de la guerre de 1870

Les différentes commissions auxquelles il a appartenu[33]

  • ComitĂ© de l’exploitation technique des chemins de fer de 1900 Ă  1920[34], qui comprend entre autres la Commission du matĂ©riel roulant[35] des chemins de fer Ă  laquelle il siège.
  • Commission chargĂ©e de prĂ©parer le programme des Ă©preuves Ă  l’aide desquelles le frein continu pour les trains Ă  marchandises[36] (sic) sera prĂ©sentĂ© et soumis aux dĂ©lĂ©guĂ©s des pays alliĂ©s, et d’arrĂŞter les conditions dans lesquelles sera armĂ© le matĂ©riel nĂ©cessaire pour ces Ă©preuves (1919).
  • ComitĂ© consultatif des chemins de fer oĂą, d’après une lettre du gĂ©nĂ©ral Hirschauer dĂ©tenue par la famille, PĂ©chot n’arrive pas Ă  imposer aux Allemands un certain système de freinage des trains (vraisemblablement en zone occupĂ©e par l’armĂ©e française, après la guerre).

Écrits

  • « Instruction sommaire sur les voies ferrĂ©es de 0m60 Ă  employer pour la dĂ©fense des places » par le capitaine PĂ©chot, 20 septembre 1888
  • « Chemin de fer Ă  voie de 0m60 : Projet d'instruction relative au tracĂ© des voies » par le capitaine PĂ©chot, Direction d'Artillerie de Toul, 1889
  • « Projet d'instruction sur l'organisation gĂ©nĂ©rale des rĂ©seaux de chemin de fer Ă  voie de 0m60 » par le lieutenant-colonel PĂ©chot, 1898 (RĂ©daction du capitaine Jacquillat)
  • «  MĂ©moire sur l'application au service de l'artillerie dans l'attaque des places et autres circonstances de guerre des chemins de fer Ă  voie Ă©troite. »
  • « Instruction sur l'emploi du chemin de fer portatif Ă  voie de 0m60 - système du capitaine PĂ©chot - pour l'armement des cĂ´tes. » (18 fĂ©vrier 1889)
  • « Étude sur la stabilitĂ© des trains et les chemins de fer Ă  voie de 0m60 » par le capitaine PĂ©chot ; Paris, Bernard, 1905[37]
  • ConfĂ©rences[38] faites aux Ă©lèves-ingĂ©nieurs des Ponts et ChaussĂ©es et des Mines en 1903[39]

Brevets déposés[40]

  • « Machine Ă  diviser Ă  cylindre et Ă  rubans d'acier, et permettant de reporter automatiquement les divisions Ă©gales ou inĂ©gales » brevet no 134926 du 7 mars 1880 (Source : archives Institut national de la propriĂ©tĂ© industrielle)
  • « Traverses mĂ©talliques de chemins de fer obtenues par emboutissage ou tout autre procĂ©dĂ© appropriĂ© », brevet no 152784 du 21 dĂ©cembre 1882 ;
  • « Système de wagon spĂ©cial pour fardeaux longs ou lourds et indivisibles » brevet no 152798 du 22 dĂ©cembre 1882 ;
  • « Plaque tournante de chemin de fer » brevet no 178778 du 29 septembre 1886 ;
  • « Perfectionnements aux matĂ©riels roulants des chemins de fer » brevet no 180424 du 22 dĂ©cembre 1886 ;
  • « Perfectionnements Ă  des locomotives Ă  bogies moteurs » brevet no 183986 du 3 juin 1887.

Biographies

  • Le chemin de fer militaire Ă  voie de 60 ; Vie et Ĺ“uvre de Colonel PĂ©chot ; Alain Meignier ; Éditions JĂ©rĂ´me de Pentzinger, novembre 2007
  • Chemin de fer Ă  voie de 60 ; du système PĂ©chot Ă  la ligne Maginot. Jean Bernard Wahl et Jean de Metz ; Éditions du Polygone 2002
  • Brochure : Le colonel d’artillerie PĂ©chot, commandeur de la lĂ©gion d’honneur (1849-1928) ; GĂ©nĂ©ral Chapel ; Paris - Georges Douay imprimeur ; 140 rue St Denis
  • (en) Colonel PĂ©chot : Tracks to the trenches ; Sarah Wright ; Éditeur Birse Press 2014[41]

Rues portant le nom du colonel PĂ©chot

Toul et Rennes ont une rue ou une avenue évoquant le colonel Péchot : Toul[42] dont il a organisé le ravitaillement de la place, Rennes[43] où il est né.

Notes et références

  1. « Journal officiel de l'Empire français », sur Gallica, (consulté le )
  2. « Journal officiel de l'Empire français », sur Gallica, (consulté le )
  3. Éric Fresné, « Ligne militaire ou embranchement industriel ? », Voie Libre no 103,‎ octobre, novembre, décembre 2020, p. 16 (ISSN 1285-5081)
  4. Voir aussi Decauville, ce nom qui fit le tour du monde - Roger Bailly - Editions Amatteis 1989 - et notamment les pages 94 Ă  98 : Chapitre VII Le baptĂŞme du feu.
  5. « Voie de 60 système Pechot-Decauville & locomotive Péchot-Bourdon modèle 1888 », sur fortiffsere.fr (consulté le )
  6. Voire la revue Voie Ă©troite no 231 avril, mai 2009 - pages 35 Ă  37 : Les locomotives PĂ©chot-Bourdon dans la paix et dans la guerre.
  7. Bulletin officiel de la propriété industrielle et commerciale, no 330, 22 mai 1890, page 292
  8. https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5740214h/f7.item.r=p%C3%A9chot.zoom page 885
  9. archives.ecpad.fr/wp-content/uploads/2011/04/les-petits-trains-de-la-grande-guerre.pdf
  10. « CNUM - 8XAE353.6 : p.255 - im.258 », sur cnam.fr (consulté le ).
  11. worldfairs, « Chemin de Fer-Tramway Decauville de l'exposition Paris 1889 », sur worldfairs.info, Worldfairs Forum - Expositions Universelles et Internationales, (consulté le ).
  12. Historique succinct des unités de voie de 0.60 : 68e et 69e régiments d'artillerie pendant la guerre 1914-1918, 19.. (lire en ligne)
  13. Voir Le 5e Régiment du Génie - Fabrice Hamelin - Lavauzelle 1997 - page 55 : La voie de 60 aux armées.
  14. « La Dépêche : journal quotidien », sur Gallica, (consulté le ).
  15. Côtes-d'Armor Conseil général Auteur du texte, « Rapports et délibérations / Conseil général des Côtes-d'Armor », sur Gallica, (consulté le ), p. 60 ; 125 à 128
  16. « Ministère de la culture - Base Léonore », sur www2.culture.gouv.fr (consulté le )
  17. « La locomotive Péchot-Bourdon - Mémoire et fortifications - Fortifications, sites et lieux de Mémoire. », sur memoire-et-fortifications.fr (consulté le ).
  18. « Histoire. Une locomotive Péchot-Bourdon serbe pour célébrer le centenaire de l’Armistice - Lettre du cheminot », sur Lettre du cheminot, (consulté le ).
  19. « MEMOIRES DU GENERAL GALLIENI - DEFENSE DE PARIS - CHAPITRE V », sur www.mairie-chateau-thierry.net (consulté le )
  20. « Le Journal des transports : revue internationale des chemins de fer et de la navigation », sur Gallica, (consulté le )
  21. généraux Hirschauer et Klein, Paris en état de défense 1914, Paris, Payot, , p. 208
  22. GW, « Commune de St georges, bulletin communal », 2e trimestre 2015
  23. Le fonctionnement de cette école est décrit dans "Les cahiers historiques de Jouy-en-Josas" no 21, mars 2016, page 20, article de M. Michel Janaud, du Groupe de recherches historiques de Jouy-en-Josas.
  24. « Lettre no 14 - shas.fr », sur shas.fr (consulté le )
  25. Source : lettre du général Ragueneau détenue par la famille Péchot ; il n’est pas improbable que la surdité partielle du colonel, à la suite d'un accident de service mentionné dans son dossier « légion d’honneur », ait joué en la défaveur de l’intéressé. Il avait alors 66 ans.
  26. « Audition du colonel Péchot devant la commission de l’armée du 15 décembre 1915 et rapport Péchot de la fin novembre. Pages 317 à 335 », (consulté le )
  27. « Rapport Bérenger », (consulté le )
  28. Il s'agissait entre autres des officiers de réserve Maurice Tricon, Marcel Prévost et Jules Rosenstock comme le mentionnent leurs dossiers Légion d'Honneur respectifs.
  29. « 15 février 1916, audition du Général GALLIENI (ministre de la guerre), du Général GRAZIANI (chef d’état-major de l’armée), du colonel GASSOUIN (chef du 4e bureau de l’état-major) sur le chemin de fer, les transports à l’intérieur et les gaz asphyxiants (1916) »
  30. Cette mise en cause de la loyauté de Decauville n’est confirmée par aucun autre document ; elle figure cependant dans le rapport parlementaire à l’occasion de débats où toutes sortes de rumeurs avaient cours.
  31. « Le député Ferry critique l’efficacité des écoles de chemin de fer à voie étroite (6 octobre 1916, page 31) », (consulté le )
  32. Dédicace du maréchal Franchet d’Espérey à l'intention d'Henri Péchot au bas d'un dessin, détenu par la famille, datant des années 1937-1939 : « Au fils du grand Péchot, en souvenir des services éminents rendus par son père à la France. »
  33. [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6394124d/f18 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5715501n/f96 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6381213r/f39 « Journal officiel de la République française. Lois et décrets »], sur Gallica, (consulté le ).
  34. « Bulletin de la Chambre de commerce de Paris », sur Gallica, (consulté le ), p 76
  35. On trouve dans les documents officiels l'appellation "Commission voies et matériels roulants, accidents et inventions qui s'y rattachent"
  36. « Journal officiel de la République française. Lois et décrets », sur Gallica, (consulté le ).
  37. « CNUM - 8LE498 : Étude sur la stabilité des trains et les chemins de fer à voie de 0m,60 », sur cnam.fr (consulté le ).
  38. « [Annales des ponts et chaussées. Mémoires et documents relatifs à l'art des constructions et au service de l'ingénieur] », sur Gallica, (consulté le ).
  39. « [Annales des ponts et chaussées. 1re partie. Mémoires et documents relatifs à l'art des constructions et au service de l'ingénieur] », sur Gallica, (consulté le ).
  40. Bulletin officiel de la propriété industrielle et commerciale, no 326 du 24 avril 1890 (page 184) et no 330 du 22 mai 1890 (page 292)
  41. In The Works, « In the Works: Colonel Péchot, a melancholy centenary », sur In the Works, (consulté le )
  42. https://www.etudes-touloises.fr/archives/122/art4.pdf
  43. « Rue Colonel Péchot — WikiRennes », sur wiki-rennes.fr (consulté le ).

Sources

Voir aussi

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