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Privatisation de British Rail

La privatisation de British Rail est mise en œuvre en 1993 par le gouvernement conservateur de John Major qui fait adopter une loi sur les chemins de fer (Railways Act). L'ensemble des activités gérées par le British Railways Board (BRB) est éclaté et vendu à de multiples sociétés. Certaines activités considérées comme ne faisant pas partie du cœur d'activité de BRB ont déjà été séparées et vendues par le gouvernement de Margaret Thatcher dès le début des années 1980.

Le contexte avant la privatisation

Historiquement, les compagnies de chemin de fer d'avant la nationalisation sont presque auto-suffisantes, allant, par exemple, jusqu'à produire l'acier nécessaire à la construction du matériel roulant et à la fabrication de rails. À la suite de nationalisation des chemins de fer en 1948, certaines de ces activités ont essaimées dans d'autres sociétés ou institutions nationalisées. Par exemple « Railway Air Services Limited » est l'un des précurseurs de British Airways. Les services de transport routier des chemins de fer, assurant livraisons et enlèvements des marchandises, des colis et des bagages à domicile, sont finalement intégrés dans la « National Freight Corporation », mais pas avant 1969.

Dans les années 1970, le type d'organisation qui a la préférence pour le BRB est la création de filiales totalement contrôlées, par exemple les ateliers ferroviaires devenus le British Rail Engineering Limited (BREL) en 1970. L'exploitation des ferrys vers l'Irlande, la France, la Belgique et les Pays-Bas est assurée par Sealink UK Ltd, faisant partie du consortium Sealink, qui utilise aussi des bateaux appartenant à la SNCF, à la Régie belge des transports maritimes (RTM) ou à la Zeeland Steamship Company néerlandaise.

Toutefois, le BRB est encore chargé directement d'une multitude d'autres fonctions, telles que la police des transports (British Transport Police) , le British Rail Property Board (qui n'est pas seulement chargé de la gestion des lignes en exploitation, mais aussi de milliers de kilomètres de lignes et de gares fermées au trafic remontant au programme Beeching Axe ou à d'autres programmes de fermeture), d'une caisse d'épargne pour le personnel, de maisons de convalescence pour les cheminots, ainsi que du réseau interne de télécommunications (téléphone et échanges de données, le plus grand du pays après celui de British Telecom), etc.

En 1979, l'organisation de l'exploitation ferroviaire du BRB reflète encore largement celle des « quatre grandes » compagnie privées qui avaient été fusionnées pour créer British Railways plus de 30 ans auparavant. Il y avait cinq Régions (l'Écosse étant une région séparée), chacune formée de plusieurs Divisions, et chaque Division de plusieurs Aires. Cette organisation comportait quelques duplications de ressources et, au début des années 1980, le niveau Division a été supprimé, ses tâches étant transférées soit sur le niveau supérieur (régions) soit sur le niveau inférieur.

Les développements au cours des années 1980

Le gouvernement Thatcher applique une politique de cession des sociétés nationalisées à des repreneurs privés, c'est-à-dire de privatisation. Pour ce qui concerne les chemins de fer, cette politique gouvernementale a peu d'effets durant toute la période Thatcher sauf dans quelques secteurs relativement limités, car on estimait que privatiser le cœur d'activité de l'exploitation ferroviaire serait trop difficile.

La chaîne hôtelière British Transport Hotels est vendue, principalement hôtel par hôtel, en 1982. La société Sealink UK Limited est vendue en 1984 à Sea Containers Limited, qui la revend ultérieurement à son concurrent Stena Line. En 1988, British Rail Engineering Limited est scindée en deux parties, les plus grands ateliers du matériel deviennent BREL Ltd (1988), et les plus petits ateliers, affectés à l'entretien courant du matériel roulant, deviennent British Rail Maintenance Limited (BRML). BREL (1988) Ltd est rapidement cédée au conglomérat helvéto-suédois ASEA Brown-Boveri, devenu par la suite ABB Transportation. ABB Transportation et Daimler Benz fusionnent pour créer ADtranz le , rachetée ensuite par le groupe canadien Bombardier.

Pour des raisons d'efficacité et pour réduire le montant des subventions demandées au gouvernement, British Rail entreprend une vaste réorganisation de ses structures de gestion vers la fin des années 1980. La nouvelle organisation était basée sur des unités d'affaires plutôt que des régions géographiques, elle apparaît d'abord en 1985 avec la création de Railfreight, l'unité d'affaires fret du BRB, et la création en 1986 de Network SouthEast, assurant les services locaux de voyageurs dans le sud-Est de l'Angleterre, y compris la banlieue de Londres. La sectorisation s'achève en 1987 avec la création des unités InterCity, Provincial (rebaptisée plus tard Regional Railways), Parcels (rebaptisée plus tard Rail Express Systems), Departmental (ingénierie), Freightliner et les secteurs des Services centraux (par exemple Recherche). Les structures régionales subsistent en parallèle pendant quelques années avant d'être abolies. La sectorisation est généralement considérée par les professionnels comme une grande réussite, et elle doit avoir un effet important sur la manière dont la privatisation est ensuite réalisée.

En 1986, se produit ce qui, rĂ©trospectivement, peut ĂŞtre considĂ©rĂ© comme un signe avant-coureur de la privatisation Ă  venir. L'exploitant de carrières Foster Yeoman acquiert auprès de la division Electromotive de General Motors (GM-EMD) un petit nombre de très puissantes locomotives de 3600 CV de la sĂ©rie « Classe 59 », pour tracter des trains de matĂ©riaux depuis leurs carrières du Wiltshire. Bien que propriĂ©tĂ© de Foster Yeoman, qui en assure aussi l'entretien, les locomotives Classe 59 sont conduites par du personnel de British Rail. Durant les essais de rĂ©ception, le , la locomotive 59001 tire un train de 4 639 tonnes, la plus forte masse jamais tractĂ©e par une unitĂ© de traction non-articulĂ©e. Les Classe 59 de Foster Yeoman se rĂ©vèlent extrĂŞmement fiables, et rapidement un autre transporteur, ARC, ainsi que l'Ă©lectricien privatisĂ© National Power achètent aussi quelques locomotives Classe 59 pour tracter leurs propres trains.

En 1986 également, la possibilité d'éclater British Rail est explorée lorsque des négociations sont conduites avec Sea Containers Ltd, qui obtient par la suite la concession du GNER, à propos de la reprise éventuelle du chemin de fer de l'île de Wight. Toutefois ces discussions n'aboutissent pas.

En 1988, en Suède, les chemins de fer de l'État, Statens Järnvägar, sont divisés en deux parties, Banverket pour gérer l'infrastructure, et SJ pour exploiter les trains. C'est la première fois qu'une compagnie nationale de chemin de fer est scindée de cette manière, et cela permet aux collectivités locales de mettre aux enchères les services locaux de voyageurs qui peuvent intéresser de nouveaux exploitants ferroviaires. Le système suédois apparaît à l'origine comme une grande réussite, bien que certains exploitants aient fait faillite par la suite, et cette expérience est observée avec un grand intérêt dans les autres pays. Certains observateurs, dont le patron des Chemins de fer fédéraux suisses, généralement considérés comme parmi les meilleurs du monde, estiment encore que l'idée de séparer ainsi l'infrastructure et l'exploitation, est fondamentalement erronée, étant basée sur le modèle du transport aérien dans lequel l'infrastructure, l'ingénierie et l'exploitation sont conçues de manière complètement différente. De ce point de vue, l'interface roue/rail est une entité fondamentale au cœur de la technique ferroviaire (au cœur de la question de l'écartement des deux rails, par exemple), et serait donc le plus mauvais point possible pour opérer une séparation, en particulier dans les réseaux à trafic intense et diversifié comme l'est le réseau britannique.

Le mouvement vers la privatisation

En 1991, suivant l'exemple suédois apparemment réussi et voulant créer un environnement favorable à l'entrée de nouveaux concurrents dans le marché ferroviaire, l'Union européenne adopte la directive 91/440. Celle-ci préconise à tous les États membres de séparer la gestion de l'infrastructure ferroviaire de l'exploitation des services de transport, la séparation comptable étant obligatoire et la séparation organique seulement conseillée. Le gestionnaire de l'infrastructure devait percevoir des péages en contrepartie de la circulation des trains sur les voies, permettant ainsi à des opérateurs concurrents de faire aussi circuler leurs trains dans les mêmes conditions (libre accès). La directive 91/440 n'exige pas, en elle-même, la privatisation des chemins de fer. C'était seulement une mesure comptable devant permettre une égalité de traitement entre tous les exploitants du marché. Toutefois, la directive 91/440 donne au gouvernement britannique un prétexte pour mener à bien une réorganisation plus spectaculaire du secteur ferroviaire, tout en faisant porter une partie de l'opprobre sur l'« Europe ». En 2004, des États comme l'Irlande et la Grèce doivent encore se mettre en conformité avec la directive 91/440 et les suivantes.

Au Royaume-Uni, Margaret Thatcher est remplacée par John Major à la tête du parti conservateur à la fin de l'année 1990. Le gouvernement Thatcher a déjà privatisé toutes les industries étatiques, sauf les chemins de fer. Dans leur manifeste pour les élections générales de 1992, les Conservateurs ont introduit l'engagement de privatiser les chemins de fer, sans préciser la manière dont cet objectif devait être atteint. Ils remportent de façon inattendue les élections du , et doivent par conséquent établir un plan de privatisation avant la publication d'un projet de loi sur les chemins de fer l'année suivante. La direction de British Rail défend fortement l'idée d'une privatisation respectant l'intégrité de l'entreprise, une sorte de « British Rail SA ». Le premier ministre John Major est plutôt en faveur d'une organisation reconstituant les « quatre grands » réseaux géographiques tels qu'ils existaient avant 1948. Toutefois, le Trésor, influencé par le cercle de réflexion Adam Smith Institute, prône la création de sept, puis 25, concessions ferroviaires voyageurs comme le moyen de maximiser les recettes. Comme d'habitude, dans la politique britannique, le Trésor a le dernier mot.

La loi sur les chemins de fer de 1993

Le projet de loi (Railways Bill), publié en 1993, prévoit pour le secteur ferroviaire une structure très complexe. British Rail doit être segmenté en plus d'une centaine de sociétés distinctes, dont les relations doivent être réglées par des contrats et supervisées par l'Office du régulateur du rail (ORR, Office of the Rail Regulator) et dans le cas du secteur voyageurs par l'OPRAF (Office of Passenger Rail Franchising).

L'examen du projet de loi est très controversé. L'opinion publique n'est pas convaincue des vertus de la privatisation du rail et il y a beaucoup d'opposition à ce projet. Presque tous ceux qui ont une expérience du secteur ferroviaire ou qui comprennent l'économie des transports y sont opposés. Le parti travailliste y est absolument opposé et s'engage à renationaliser les chemins de fer dès qu'il reviendra aux affaires. Même le président conservateur de la commission transport de la Chambre des communes, Robert Adley, un des rares parlementaires qui connaissent réellement le fonctionnement des chemins de fer, fait une comparaison restée célèbre du projet de loi, l'assimilant à « un « impôt » sur roues » ; mais Adley est perçu comme un ferrovipathe passionné et par conséquent son avis n'est pas pris en compte. Adley meurt soudainement alors que l'examen du projet de loi par le Parlement n'est pas terminé. La législation s'en tient à une approche conventionnelle de l'environnement commercial dans lequel fonctionne le chemin de fer, découpant un secteur ferroviaire intégré en de nombreux organismes concurrents, alors que nombreux sont ceux qui pensent que la vraie concurrence au chemin de fer vient des lignes aériennes intérieures, du cabotage pour les marchandises, et surtout du transport routier.

Le projet de loi est adopté et prend force de loi (Railways Act) le , et la nouvelle structure organisationnelle qu'il édictait est mise en place à partir du . À l'origine, British Rail est organisé en de multiples unités d'activités, le plus souvent calquées sur sa propre organisation interne (Train Operating Units, Infrastructure Maintenance Units, etc. - pour plus de détails voir ci-dessous), encore placées sous le contrôle du British Railways Board, mais qui doivent être vendues au cours des années suivantes.

La privatisation sous les Travaillistes

Le gouvernement travailliste de Tony Blair (élu en 1997 après la mise en œuvre de l'essentiel du processus de privatisation) renie ses premiers engagements de conserver les chemins de fer dans le secteur public. Au contraire, il conserve la nouvelle organisation en place, achevant même le processus en procédant aux dernières ventes qui restent à faire. Sa seule innovation, au début, est la création de la Strategic Rail Authority (SRA), d'abord sous une forme officieuse (shadow) jusqu'à l'adoption définitive (sanction royale) de la loi sur les transports en 2000.

Toutefois, le parti travailliste est forcé d'intervenir à la suite de l'accident de Hatfield en 2000 alors que Railtrack s'effondre financièrement et que le secteur ferroviaire se trouve dans une crise profonde. Railtrack est placé sous le contrôle de l'administration en 2001 et un nouvel organisme, Network Rail, qui est censé être privé mais dans les faits propriété du gouvernement, apparaît pour remplacer Railtrack en 2002. D'autres changements suivent, qui voient le gouvernement reprendre une plus grande maîtrise du secteur, mais la suppression prématurée (en 2005) de la SRA, qui est sa création, laisse penser que la situation est encore évolutive et que la bonne formule pour un rétablissement à long terme du secteur ferroviaire britannique n'a pas encore été trouvée.

Structures créées par la loi sur les chemins de fer

L'organisation originale née de la privatisation est mise en place dans les trois années suivant le . Elle comprenait les structures suivantes :

  • Gestion de l'infrastructure : Railtrack reçoit la propriĂ©tĂ© de la totalitĂ© du rĂ©seau, voies, signalisation, et gares. Railtrack transfère la gestion de la plupart des gares aux exploitants voyageurs, n'assurant lui-mĂŞme la gestion que de quelques grandes gares dans les villes les plus importantes. Les travaux de maintenance et de renouvellement des voies sont confiĂ©s Ă  British Rail Infrastructure Services, le personnel de Railtrack n'assurant en fait, pour l'essentiel, que la gestion de la signalisation et de la circulation des trains. Selon le projet initial de privatisation, Railtrack aurait dĂ» ĂŞtre la dernière entitĂ© de l'ex British Rail mise en vente mais, Ă  l'approche des Ă©lections gĂ©nĂ©rales de 1997, Railtrack est privatisĂ© Ă  la hâte en mai 1996 pour Ă©viter la renationalisation du rail annoncĂ©e par les travaillistes.
  • RĂ©gulation : l'Office du rĂ©gulateur du rail (ORR ou Office of the Rail Regulator) est chargĂ© d'assurer la supervision du secteur ferroviaire et d'arbitrer les conflits entre les nouvelles sociĂ©tĂ©s. Le rĂ´le le plus important du rĂ©gulateur du rail est d'entreprendre la rĂ©vision quinquennale des droits d'accès Ă  l'infrastructure (pĂ©ages) que les exploitants voyageurs et marchandises doivent payer Ă  Railtrack pour l'utilisation de l'infrastructure, basĂ©s sur les revenus dont Railtrack a besoin pour en assurer l'entretien et le renouvellement. Le rĂ´le de l'ORR concerne seulement les aspects Ă©conomiques ; la rĂ©gulation en matière de sĂ©curitĂ© est placĂ©e sous la responsabilitĂ© d'un autre organisme d'État : le Health and Safety Executive.
  • Franchisage : l'OPRAF (Office of Passenger Rail Franchising) prend en charge l'organisation du processus de dĂ©volution des 25 concessions voyageurs Ă  des nouvelles entreprises ferroviaires privĂ©es, et d'assurer l'Ă©volution de ces concessions dans l'avenir. Les premiers appels d'offres pour l'attribution de ces concessions sont basĂ©s uniquement sur le critère du coĂ»t le plus bas.
  • Entreprise ferroviaires voyageurs : 25 sociĂ©tĂ©s sont crĂ©Ă©es, dĂ©nommĂ©es d'abord TOU (Train operating units), puis TOC (Train operating companies) lorsqu'elles sont privatisĂ©es, dĂ©coupĂ©es par aires gĂ©ographiques et par type de service. Cela signifie que, par exemple, une gare terminus dans une grande ville peut ĂŞtre desservie Ă  la fois par une ancienne unitĂ© (Intercity TOU) grandes lignes et une ou plusieurs unitĂ©s de banlieue (commuter TOU), avec mise en concurrence subsĂ©quente des sillons d'accès aux gares, dont l'attribution doit ĂŞtre rĂ©glĂ©e par Railtrack et par l'ORR. Les TOC ne possèdent virtuellement rien, prenant en location la plupart des actifs nĂ©cessaires Ă  leur exploitation auprès de Railtrack, des ROSCO[1] et des fournisseurs spĂ©cialisĂ©s dans la maintenance lourde des trains ou leur avitaillement.
  • MatĂ©riel roulant : Trois entreprises spĂ©cialisĂ©es dans la location de matĂ©riel roulant (Rolling Stock Leasing Companies ou ROSCO), Angel Trains, Porterbrook Leasing et Eversholt Trains (devenu ultĂ©rieurement HSBC Rail), se voient attribuer la totalitĂ© du matĂ©riel voyageurs de British Rail (voitures, locomotives et rames automotrices). Le matĂ©riel fret (locomotives et wagons) est acquis directement par les nouveaux exploitants.
  • Entreprise ferroviaires fret : six entreprises spĂ©cialisĂ©es (Freight Operating Companies ou FOC), dont trois unitĂ©s gĂ©ographiques pour le fret lourd en trains-bloc (Mainline Freight dans le Sud-Est, Loadhaul dans le Nord-Est et Trans-Rail dans l'Ouest), Railfreight Distribution (trafic international et charges complètes par wagons), Freightliner (trafic de conteneurs) et Rail Express Systems (petits colis et courrier).
  • Maintenance et renouvellement des voies : British Rail Infrastructure Services (BRIS), prend la responsabilitĂ© du gĂ©nie civil pour le renouvellement des voies. BRIS est en consĂ©quence rĂ©organisĂ© en vue de la privatisation sur la base de sept unitĂ©s de maintenance de l'infrastructure (IMU ou Infrastructure Maintenance Units), qui assurent l'entretien du rĂ©seau et six unitĂ©s de renouvellement des voies (TRU ou Track Renewal Units), spĂ©cialisĂ©es dans le remplacement des rails, les deux groupes Ă©tant dĂ©coupĂ©s selon des critères gĂ©ographiques.
  • Entreprises spĂ©cialisĂ©es : diverses autres entreprises ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©es pour prendre en charge des fonctions particulières, dont European Passenger Services (pour exploiter la partie britannique du service Eurostar) et Union Railways (pour gĂ©rer le projet de construction de la ligne Ă  grande vitesse, Channel Tunnel Rail Link, entre Londres et le Tunnel).

Changements de structure depuis 1997

Depuis 1997, des changements importants sont apportés à l'organisation mise en place depuis l'origine de la privatisation, dont peu d'éléments sont restés inchangés. Les principales modifications sont les suivantes :

  • Gestionnaire de l'infrastructure : en 2001, Railtrack est placĂ© sous administration publique et l'annĂ©e suivante ses fonctions de propriĂ©taire et gestionnaire de l'infrastructure sont reprises par Network Rail, qui a un statut particulier de « sociĂ©tĂ© limitĂ©e par garantie » (Company limited by guarantee), relevant en principe du secteur privĂ© mais sans actionnaires, remplacĂ©s par des « membres » et dont les emprunts sont garantis par l'État.
  • RĂ©gulation : l'ORR est renommĂ© Office of Rail Regulation et le rĂ©gulateur du rail remplacĂ© par une commission Ă  l'instar des rĂ©formes des organismes rĂ©gulateurs similaires. l'ORR reçoit Ă©galement la charge de la rĂ©gulation en matière de sĂ©curitĂ©, auparavant mission du Health and Safety Executive.
  • Franchisage : l'OPRAF est remplacĂ© par la Strategic Rail Authority, dont les missions comprennent aussi la promotion des services fret. La SRA, depuis, a Ă©tĂ© rĂ©formĂ©e et sa fonction dans l'attribution des concessions reprise par le ministère des transports. Les derniers appels d'offres pour l'attribution de concessions prennent en compte les amĂ©liorations programmĂ©es ainsi que les prĂ©cĂ©dentes performances de service des candidats, aussi bien que les Ă©lĂ©ments de coĂ»ts. Participant au processus d'attribution des concessions depuis 1997, des autoritĂ©s organisatrice rĂ©gionales ou locales voient leur rĂ´le s'accroĂ®tre, comme le Scottish Executive pour la concession Scotrail, Merseytravel (Merseyside Passenger Transport Authority) pour Merseyrail, et le maire de Londres a un certain poids dans les dĂ©cisions relatives aux services ferroviaires dans le Grand Londres.
  • Entreprise ferroviaires voyageurs : le nombre de concessions voyageurs est rĂ©duit et d'autre fusions sont encore envisagĂ©es. Beaucoup de ces concessions ont changĂ© de mains, entre exploitants privĂ©s, et l'une d'elles, South Eastern Trains, est, de fait, transfĂ©rĂ©e dans le secteur public après l'Ă©viction de Connex par la SRA et en attendant qu'elle soit Ă  nouveau attribuĂ©e Ă  une sociĂ©tĂ© privĂ©e. Toutefois, deux nouveaux exploitants voyageurs sont apparus pour gĂ©rer de nouveaux services dans le cadre du droit d'accès : Heathrow Express et Hull Trains. D'autres opĂ©rations similaires sont rĂ©cusĂ©es par l'ORR.
  • Entreprise ferroviaires fret : malgrĂ© les frais engagĂ©s pour Ă©clater en trois parties les structures de gestion du secteur des trains-bloc, les trois unitĂ©s sont vendues ensemble le Ă  North & South Railways, filiale de la compagnie amĂ©ricaine Wisconsin Central, qui crĂ©Ă© aussitĂ´t la sociĂ©tĂ© English, Welsh and Scottish Railway (EWS). Cette dernière acquiert ensuite Rail Express Systems, Railfreight Distribution (dernière unitĂ© des chemins d'État Ă  ĂŞtre vendue, après l'arrivĂ©e du Labour au pouvoir) et l'activitĂ© fret de National Power. En dehors d'EWS, il existe Ă©galement quelques exploitants indĂ©pendants dont Freightliner (activitĂ© rachetĂ©e par son encadrement) et deux sociĂ©tĂ©s disposant de droits d'accès : Direct Rail Services et GB Railfreight.
  • MatĂ©riel roulant : les trois ROSCO continuent d'exister dans leur forme originale, c'est la seule partie privatisĂ©e des chemins de fer qui restĂ© quasi-inchangĂ©e, bien que certaines louent dĂ©sormais des locomotives et des wagons Ă©galement aux exploitants du fret. Elles sont rejointes par diverses petites sociĂ©tĂ©s prĂŞtes Ă  fournir du matĂ©riel ancien en location ponctuelle, parmi lesquelles FM Rail, Harry Needle Railroad Company et West Coast Railway Company. Par ailleurs, Railtrack et Network Rail acquièrent Ă©galement du matĂ©riel roulant en propre.
  • Maintenance et renouvellement des voies : la maintenance des voies est reprise en interne par Network Rail, mais les opĂ©rations de renouvellement restent dans le cadre de contrats avec l'industrie privĂ©e.
  • SociĂ©tĂ©s spĂ©cialisĂ©es : Après qu'Union Railways soit entrĂ©e en crise dans le cadre de la construction de CTRL, elle a Ă©tĂ© sauvĂ©e par Railtrack.

Effets de la privatisation

Les principaux thèmes de discussion sont les suivants :

  • Service clients : la privatisation Ă©tait supposĂ©e apporter une amĂ©lioration du service aux clients et beaucoup de lignes ont en effet vu des amĂ©liorations dans ce domaine avec de meilleurs services dans les gares et Ă  bord des trains. Dans les premières annĂ©es, toutefois, le service clients fut irrĂ©gulier quand de trop nombreux conducteurs se sont trouvĂ©s courtisĂ©s par les nouveaux exploitants (TOC) et que des trains ont dĂ» ĂŞtre annulĂ©s. Par ailleurs, les consĂ©quences de l'accident ferroviaire de Hatfield en 2000 ont gravement affectĂ© le service pendant de nombreux mois.
  • Tarifs et horaires : dans le but de protĂ©ger les intĂ©rĂŞts des voyageurs, certains tarifs (pour la plupart des tarifs saisonniers de banlieue) et certains horaires de base ont Ă©tĂ© soumis Ă  rĂ©gulation. Toutefois les TOC ont encore une certaine latitude pour modifier les tarifs non soumis Ă  rĂ©gulation et peuvent changer le nombre de trains mis en circulation, dans les limites permises par les contraintes techniques et de rĂ©gulation. Si le niveau moyen des tarifs a peu changĂ© depuis la privatisation, cela masque des variations importantes. Le prix des billets de banlieue ont baissĂ© en monnaie constante, mais beaucoup de tarifs libres ont augmentĂ© substantiellement, en particulier les tarifs courants sur les grandes lignes interurbaines oĂą les exploitants ont essayĂ© d'encourager les clients Ă  acheter plus tĂ´t, moins cher, des billets Ă©mis Ă  l'avance. Concernant l'offre horaire, beaucoup plus de trains sont mis quotidiennement en circulation qu'Ă  l'Ă©poque des British Railways, les exploitants ayant cherchĂ©, en faisant circuler des trains plus frĂ©quents, mais gĂ©nĂ©ralement plus courts, Ă  capter davantage de clients. Globalement en 20 ans les tarifs saisonniers ont connu une augmentation proche de l'inflation[2]. En 2018, les tarifs sont les plus Ă©levĂ©s d'Europe[3].
  • Renouvellement du matĂ©riel roulant : les promoteurs de la privatisation attendaient de la mise en concurrence des ROSCO entre elles une meilleure offre de matĂ©riel roulant aux exploitants (TOC). En pratique, dans la plupart des cas, une entreprise exploitante donnĂ©e a besoin d'un certain type de trains pour son exploitation, et souvent une seule des ROSCO dispose de ce type de matĂ©riel, ce qui supprime la concurrence entre ROSCO. Le vieux matĂ©riel roulant est une grande source de profit pour les ROSCO, car elles peuvent les facturer assez cher alors mĂŞme que British Rail les avait complètement amortis. Cela Ă©tait dĂ» Ă  l'adoption par le gouvernement, comme mĂ©thode de fixation des coĂ»ts de location, du « prix d'indiffĂ©rence », conçu pour rendre l'achat de nouveaux trains plus intĂ©ressant comparĂ© Ă  la poursuite de l'exploitation de matĂ©riel hors d'âge. En fait, l'âge moyen des trains au Royaume-Uni n'est pas diffĂ©rent de ce qu'il Ă©tait dans les dernières annĂ©es des British Railways.
  • PonctualitĂ© et fiabilitĂ© : les chemins de fer privatisĂ©s n'ont pas dĂ©montrĂ© les amĂ©liorations espĂ©rĂ©es en matière de ponctualitĂ© et de fiabilitĂ©. Les contrats mis en place entre les sociĂ©tĂ©s Ă©taient conçus pour inciter Ă  des amĂ©liorations dans ces domaines, mais du fait de la grande augmentation du nombre de trains mis en circulation, avec plus ou moins le mĂŞme matĂ©riel et sur un rĂ©seau identique, il y eut moins de marge de manĹ“uvre en cas de problèmes, avec les effets subsĂ©quents sur la ponctualitĂ©.
Évolution du trafic ferroviaire, en millions de personnes, en fonction du temps.
  • DĂ©veloppement du trafic : il n'est pas Ă©vident que la privatisation ait eu pour but d'augmenter le trafic, mais c'est ce qui s'est produit dans les premières annĂ©es des chemins de fer privatisĂ©s avec beaucoup plus de trains mis en circulation, plus de voyageurs et plus de fret (plus en termes de distance moyenne que de masse transportĂ©e) transportĂ©s. Les opposants Ă  la privatisation arguent que certaines augmentations de trafic se seraient produites de toute façon, en ligne avec l'Ă©volution de l'Ă©conomie britannique. Il fallut plusieurs annĂ©es pour retrouver les niveaux de trafic atteints par les British Railways Ă  la fin des annĂ©es 1980 au sommet de la prĂ©cĂ©dente pĂ©riode d'expansion Ă©conomique. Si un nombre de voyageurs plus important est maintenant transportĂ© chaque annĂ©e qu'Ă  n'importe quelle Ă©poque depuis les annĂ©es 1950, alors que la longueur du rĂ©seau Ă©tait le double de ce qu'elle est actuellement, ce constat est Ă  pondĂ©rer par l'augmentation de la population britannique sur une soixantaine d'annĂ©es.
  • SĂ©curitĂ© : le chemin de fer peut poursuivre une amĂ©lioration continue de la sĂ©curitĂ© sous le rĂ©gime de la privatisation. En fait, le taux d'amĂ©lioration a augmentĂ© par rapport Ă  celui enregistrĂ© dans les dernières annĂ©es des British Railways. Toutefois, quatre accidents ferroviaires graves, survenus dans les annĂ©es suivant la privatisation (Southall (1997), Ladbroke Grove (1999), Hatfield (2000) et Potters Bar (2002)), ont minĂ© la confiance dans la sĂ©curitĂ© des chemins de fer privatisĂ©s et attribuĂ© Ă  la privatisation de nouveaux risques (par exemple la sĂ©paration de la gestion de l'infrastructure de l'exploitation des services). Le secteur ferroviaire a cherchĂ© Ă  maĂ®triser ces risques et jusqu'Ă  prĂ©sent, il n'y avait plus eu de nouvel accident mortel dont le système ferroviaire ait Ă©tĂ© responsable depuis . Les deux autres accidents mortels qui s'Ă©taient produits depuis la privatisation (Great Heck en 2001 et Ufton Nervet en 2004) ont Ă©tĂ© causĂ©s par des voitures bloquĂ©es sur les voies et heurtĂ©es Ă  pleine vitesse. Mais, le vendredi , le train grande vitesse "pendolino" Londres-Glasgow appartenant Ă  la compagnie Virgin Trains, a dĂ©raillĂ© Ă  cause d'une anomalie liĂ©e Ă  l'infrastructure ferroviaire, causant un mort et plusieurs blessĂ©s. En 2013, les autoritĂ©s britanniques considèrent que leur rĂ©seau ferroviaire est l'un plus sĂ»r d'Europe[4] - [5].
  • Investissements : il est gĂ©nĂ©ralement admis que les chemins de fer britanniques, du temps de la nationalisation, ont subi un sous-investissement systĂ©matique depuis les annĂ©es 1960, les gouvernements successifs ayant favorisĂ© ouvertement le dĂ©veloppement du transport routier, et qu'au moment de leur privatisation les chemins de fer Ă©taient en mauvais Ă©tat, nĂ©cessitant un renouvellement important. Cet argument a Ă©tĂ© maintes fois repris, par exemple par Sir Richard Branson, le dirigeant d'une des principales entreprises exploitantes, Virgin Trains, pour expliquer le faible niveau de service de sa sociĂ©tĂ©. Toutefois, les observateurs bien informĂ©s, notamment le journaliste Roger Ford dans le magazine spĂ©cialisĂ© Modern Railways, avaient dĂ©montrĂ© que c'Ă©tait largement un mythe. Alors que les British Railways Ă©taient sensiblement moins subventionnĂ©s que la plupart des rĂ©seaux europĂ©ens, ils avaient rĂ©ussi Ă  maintenir le rĂ©seau Ă  un niveau de qualitĂ© raisonnable. En vĂ©ritĂ©, dans les dernières annĂ©es de la gestion des British Railways, on pouvait faire circuler davantage de trains Ă  plus de 160 km/h que n'importe quel autre rĂ©seau ferroviaire dans le monde. Cela en grande partie parce qu'au Royaume-Uni, on avait rĂ©parti les investissements sur toutes les lignes plutĂ´t que de favoriser un petit nombre de lignes Ă  grande vitesse. L’enquĂŞte relative au dĂ©raillement de Hatfield (4 morts et 70 blessĂ©s en ) a permis de comprendre que les gestionnaires privĂ©s investissaient très peu dans la sĂ©curitĂ© et l'entretien des lignes, l’ensemble de ces dernières Ă©tant dĂ©sormais en mauvais Ă©tat[6].
Subventions du rail britannique en livre par passager-voyage en fonction du temps.

En 2013, un rapport du Centre de recherches sur le changement socioculturel établi que les dépenses publiques dans les réseaux ferroviaires ont été multipliées par six depuis la privatisation de 1993. Selon le document, les sociétés d’exploitation ferroviaire ont bénéficié d’« une envolée des dépenses publiques à partir de 2001, quand l’État s’est vu contraint d’intervenir pour compenser la faiblesse de leurs investissements »[7].

  • Financement : la privatisation Ă©tait conçue pour permettre de financer les investissements par des emprunts privĂ©s et soustraire les chemins de fer aux contraintes Ă  court terme imposĂ©es par le budget de l'État. Toutefois, il a toujours Ă©tĂ© reconnu qu'un certain niveau de subvention publique serait nĂ©cessaire pour maintenir des services non rentables mais socialement utiles. Parmi les trois grands secteurs de l'activitĂ© voyageurs (Grandes lignes, rĂ©seau Sud-Est et lignes rĂ©gionales), seul le premier pouvait espĂ©rer ĂŞtre commercialement indĂ©pendant. La contradiction entre d'une part la recherche d'un investissement maximum du secteur privĂ© et d'autre part le recours Ă  des mesures de subvention et de rĂ©gulation de l'activitĂ© ferroviaire pour qu'elle produise les services attendus s'est montrĂ© difficile Ă  rĂ©soudre. L'Ă©quilibre atteint ne satisfait pas la plupart des partisans de la privatisation ni de ses opposants. NĂ©anmoins, la privatisation a poussĂ© le secteur privĂ© Ă  investir dans les chemins de fer et a conduit le gouvernement Ă  s'engager dans des schĂ©mas de financement Ă  long terme qui donnent plus de garantie pour les projets de dĂ©veloppement.
  • RentabilitĂ© et efficacitĂ© : Une des principales attentes de la privatisation Ă©tait que les services ferroviaires seraient produits de manière plus efficace par le secteur privĂ© grâce Ă  la recherche du profit. L'espoir que des charges considĂ©rables pouvaient ĂŞtre Ă©liminĂ©es du système fut déçue. Les nouveaux exploitants se sont rendu compte que les British Railways avaient dĂ©jĂ  rĂ©alisĂ© l'essentiel de ce qui pouvait ĂŞtre fait pour amĂ©liorer l'efficacitĂ©. En outre, la motivation par le profit s'est trouvĂ©e affaiblie quand certains exploitants voyageurs ont rencontrĂ© des difficultĂ©s financières et ont dĂ» s'inscrire dans des contrats de gestion avec les autoritĂ©s de rĂ©gulation, qui rĂ©duisaient l'incitation Ă  innover. De plus, les nouvelles contraintes en matière de santĂ© et de sĂ©curitĂ© et la complexitĂ© de la structure privatisĂ©e avaient introduit des coĂ»ts supplĂ©mentaires dans l'activitĂ©. Au total, les subventions versĂ©es par l'État aux chemins de fer sont bien plus Ă©levĂ©es maintenant qu'elles ne l'Ă©taient du temps des British Railways.
  • ContrĂ´le politique : l'un des bĂ©nĂ©fices attendus de la privatisation Ă©tait qu'elle aurait soustrait le secteur ferroviaire Ă  une gestion politique Ă  court terme qui ne convenait pas Ă  une activitĂ© lourde comme le chemin de fer, dont l'infrastructue nĂ©cessite des investissements sur le long terme. Cela ne s'est pas produit et, avec les dernières modifications apportĂ©es Ă  l'organisation du secteur, les chemins de fer britanniques sont bien davantage sous le contrĂ´le du gouvernement qu'ils ne l'ont jamais Ă©tĂ© auparavant.

Annexes

Notes et références

  1. ROSCO : Rolling Stock Leasing Companies : Loueur de matériel ferroviaire.
  2. Have train fares gone up or down since British Rail?, BBC News, 22 janvier 2013
  3. « Au Royaume-Uni, les billets de train “les plus chers d’Europe” provoquent la colère », Courrier international,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. How safe are Europe's railways?, The Guardian
  5. Railway Safety Performance in the European Union 2013
  6. Julian Mischi et Valérie Solano, « Accélération de la privatisation du rail en Europe », Le Monde diplomatique,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. Owen Jones, « Crédits publics pour le secteur privé britannique. Le socialisme existe, pour les riches », Le Monde diplomatique,‎ (lire en ligne, consulté le )

Articles connexes

Bibliographie

  • (en) Brendan Martin, « The high public price of Britain’s private railway », Public World,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  • (en) Patrick Crozier, « Why british rail privatisaion has failed », Economic Notes, no 91,‎ (ISSN 0267-7164, lire en ligne, consultĂ© le )

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