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Pont de Chatou

Le pont de Chatou est un ouvrage d'art qui permet à une voie routière de franchir la Seine entre Rueil-Malmaison et Chatou dans le département des Yvelines, en région Île-de-France.

Pont de Chatou
Image illustrative de l’article Pont de Chatou
GĂ©ographie
Pays France
RĂ©gion ĂŽle-de-France
DĂ©partement Yvelines
Commune Chatou et Rueil-Malmaison
CoordonnĂ©es gĂ©ographiques 48° 53′ 17″ N, 2° 09′ 46″ E
Fonction
Franchit Seine
Fonction Pont routier
Caractéristiques techniques
Type Pont Ă  poutres
Longueur 314,53 m
PortĂ©e principale 94 et 97,50 m
Largeur 20 m
Hauteur libre m
Matériau(x) tablier (5 poutres métalliques) dalle de couverture (béton armé)
Construction
Construction construction de 1964 Ă  1966
Inauguration 13 juillet 1966
Mise en service 14 juillet 1966
Ingénieur(s) Bernard Hirsch, ingénieur des Ponts et Chaussées
Maître(s) d'œuvre Service des Ponts et Chaussées de Seine-et-Oise
Maître d'ouvrage État – Ponts et Chaussées de Seine-et-Oise
Entreprise(s) Billiard - Courbot - Compagnie Française d'Entreprises

L'ouvrage actuel, datant de 1966, est le dernier d'une lignée de ponts qui se sont succédé, depuis 1626, au rythme des destructions dues à l'usure du temps et aux crues et glaces de la Seine mais aussi, et principalement, aux épisodes guerriers, notamment : la Fronde, la période napoléonienne des Cent-Jours, la Guerre franco-allemande de 1870 et la Seconde Guerre mondiale.

Situation

Pont actuel

Le pont de Chatou, ouvert en 1966, est un ouvrage d'art, long de 314,53 m, qui permet Ă  la route dĂ©partementale 186 de franchir en deux fois deux voies, la Seine, qui dispose sur ce site de deux bras sĂ©parĂ©s par l'ĂŽle des Impressionnistes, entre Rueil-Malmaison et Chatou, dans le dĂ©partement des Yvelines.

Ponts historiques

De 1626 Ă  1966, des ponts se sont succĂ©dĂ© sur un emplacement situĂ© Ă  environ 175 m en amont, ils Ă©taient traversĂ©s par la route royale entre Paris et le château de Saint-Germain-en-Laye.

Histoire

Bac

Au Moyen Ă‚ge, les territoires de Croissy-sur-Seine et de Chatou appartiennent Ă  des abbayes, dont celle oĂą rĂ©sident les religieuses de l'abbaye de Malnoue Ă  Émerainville en Seine-et-Marne qui, dès 1246, possèdent notamment « tous les droits sur la grande Ă®le de Chatou, ce qui leur donne le contrĂ´le et l'exploitation du franchissement du fleuve ». Elles gèrent le bac qui est alors le seul moyen pour traverser la Seine et permet Ă©galement d'Ă©couler la production des vignobles qui, Ă  cette Ă©poque, prospèrent Ă  Croissy et Chatou. Ce monopole va entrainer de nombreux conflits entre l'abbaye et ses voisins[1] - [2]. Vers 1300, les droits d'imposition et de haute et basse-justice ne sont plus exercĂ©s par les abbĂ©s mais par les seigneurs laĂŻcs ; un conseiller du roi, Gilles Mallet (ou Malet), devient seigneur de Chatou. Lors de la guerre de Cent Ans, la boucle de la Seine subit le passage des troupes Ă  tel point qu'en 1470 il ne reste plus que 30 habitants Ă  Chatou et deux Ă  Croissy[1].

Cent ans plus tard, le , les religieuses de Malnoue vendent l'ensemble de leurs biens et droits Ă  Chatou, dont les droits sur le port et le bac, Ă  Thomas le Pileur, seigneur de Chatou[3] - [4], contre une rente annuelle de 350 livres tournois plus 70 livres tournois pour les besoins de l'abbaye[3].

Pour faciliter les déplacements entre Paris et les propriétés royales, les descendants de Thomas le Pileur, sa fille et ses fils, sont autorisés, par un arrêt du Conseil d'État du [5], à construire un pont pour remplacer le bac en 1625[1] - [6].

Premier type (1626)

L'emplacement de ce premier pont est âprement débattu par la population et les « bourgeois de Paris en villégiature ». Le Conseil d'État nomme une commission pour statuer. Après une visite des sites le , la commission décide que cet ouvrage doit être construit sur le même site que le bac, du fait du passage de la voie routière par le centre de Chatou. Le pont est construit en bois, cette même année 1626 ; il comprend le « Petit pont » de Rueil à l'île et le « Grand pont » de l'île à Chatou. Pour utiliser le pont, il faut s'acquitter d'un droit de péage[5].

Lors de la Fronde, le [7], Chatou est pillé et le pont est incendié. Il est rapidement remis en état, notamment pour faciliter les voyages de Louis XIV et sa Cour, allant de Paris au château de Saint-Germain-en-Laye[5]. En 1709, ce sont les glaces d'un hiver particulièrement rigoureux qui rendent le pont impraticable, nécessitant d'importantes réparations[5].

Pont en bois de Chatou, du premier type, vers 1753, par Pierre-Jean Mariette (1674-1794).

Le pont est cĂ©dĂ©, en 1723, Ă  Louis XV, moyennant une rente annuelle[8] - [7]. Pour cette cession, une estimation de la valeur du pont est faite par le frère François Romain, architecte mandatĂ© par le Conseil d'État. Il constate que le pont est constituĂ© de deux parties et d'un passage sur une Ă®le. La première partie comporte huit travĂ©es pour 41,5 toises, le passage sur l'Ă®le comporte trois arches en maçonnerie pour une longueur de 35,5 toises et la seconde partie du pont compte quinze travĂ©es pour une longueur de 73,5 toises. Le pont est en bon Ă©tat et nĂ©cessite seulement quelques petites rĂ©parations dans la charpente. Il estime qu'il faut prĂ©voir quinze cent livres par an pour son entretien, non compris les deux culĂ©es du petit pont, cĂ´tĂ© Paris et sur l'Ă®le, et les deux culĂ©es du grand pont, sur l'Ă®le et sur Chatou, ainsi que les arches en maçonnerie de l'Ă®le, ces Ă©lĂ©ments Ă©tant dĂ©jĂ  Ă  la charge du Roi et gĂ©rĂ©s par les Ponts et chaussĂ©es[9].

Extrait de la carte de Cassini de 1756, avec le pont et la route royale.

Le pont est situĂ© « dans l'axe de la rue du Port »[6] ; il est Ă©troit et long puisqu'il permet le franchissement des deux bras de la Seine. De 1770 Ă  1790, la commune payait 7 livres et 10 sous pour pĂ©age du pont[10]. Lors de la RĂ©volution, le pĂ©age du pont est supprimĂ© par un dĂ©cret du du fait que les ponts sont maintenant entrĂ©s dans le domaine national[11].

En 1815, le grand pont est détruit par le feu, à l'initiative du maréchal Davout[7], pour arrêter l'avancée des troupes ennemies. Le , le général Beker se rend à Chatou accompagné d'un détachement de dragons et fantassins d'infanterie de la Garde impériale avec ordre d'incendier le pont de Chatou afin d'arrêter la marche des troupes alliées. L'embrasement dura deux jours. Le , les pontonniers prussiens établirent un pont en planches. Mais ce pont n'ayant pas été prêt assez tôt, les colonnes prussiennes du maréchal Blucher traversèrent le territoire et se rendirent au pont du Pecq qui fut attaqué et pris[12]. Un bac est mis en service, par l'ingénieur d'Astier de la Vigerie, pour suppléer le pont détruit jusqu'à sa reconstruction[13] - [14].

Second type provisoire (1818)

Dessin des ponts provisoires en bois (1820, auteur inconnu - mairie de Chatou).
Détail plan du cadastre napoléonien de la commune de Chatou en 1820.

La reconstruction provisoire des deux ponts a lieu en 1817-1818. Le choix se porte sur des ponts en bois, en charpente sur palées[15]. Ils sont légèrement déplacés et présentent un type de charpente différent de celui des ponts d'origine[16]. Celle du grand pont est adjugée à Liebault et Guyard[17]. Elle est complétée par une concession de péage de neuf ans et trois mois. Le pont, baptisé « Pont Madame » est inauguré par la duchesse d'Angoulême le [16] - [18].

En 1825, les habitants se plaignent officiellement du droit de pĂ©age. En 1831, le maintien en Ă©tat de l'ouvrage continuant Ă  poser problème, un projet prĂ©voit sa reconstruction avec des piles en maçonnerie dans la Seine[19]. Mais en 1832, la ville est touchĂ©e par l'Ă©pidĂ©mie de cholĂ©ra. NĂ©anmoins, cette mĂŞme annĂ©e, des protestations vigoureuses s'Ă©lèvent de nouveau contre le pĂ©age. Ce pont a coutĂ© 60 000 francs et le pĂ©age rapporte de 30 000 Ă  36 000 francs de revenus annuels au propriĂ©taire[10]. C'est seulement en 1834 que le maire Camille Perier « rĂ©ussit Ă  faire abolir le droit de pĂ©age »[20].

Ponts avec arcs en charpente (1836 et 1838)

Le chantier de reconstruction dĂ©bute par le petit « pont biais »[19], situĂ© sur la rive gauche (bras navigable de la Seine), de 1834 Ă  1836. Le type retenu est celui d'un pont en arc avec culĂ©es et piles en maçonnerie. Les travĂ©es sont en charpente ; les fondations sont faites de grillage sur pilotis avec une ceinture en enrochements. Il dispose de trois arches en arc de cercle de 24 m d'ouverture. Sa longueur entre les culĂ©es est de 78 m pour une largeur entre les tĂŞtes de m. Sa hauteur est de 10,69 m au-dessus de l'Ă©tiage. Son coĂ»t est de 268 000 fr[15]. Il est mis en service le [21].

Le deuxième pont, ou grand pont, un « pont droit »[21], est reconstruit, de 1836 Ă  1838, suivant le mĂŞme type, mais avec des mensurations supĂ©rieures. Il dispose de cinq arches en arc de cercle de 22 m d'ouverture. Sa longueur entre les culĂ©es est de 100 m pour une largeur entre les tĂŞtes de m. Sa hauteur est de 10,78 m au-dessus de l'Ă©tiage. Son coĂ»t est de 351 000 fr[15]. Durant la construction de ce dernier, la culĂ©e situĂ©e sur l'Ă®le commença Ă  se tasser ; ce n'est qu'après avoir stabilisĂ© le tassement Ă  21 cm, « avec une charge d'Ă©preuve de 200 tonnes », qu'il fut possible de poser les arcs en charpente[21]. Il est mis en service le [21].

La prise du grand pont[alpha 1] lors des grandes manœuvres militaires de 1852.

De grandes manœuvres militaires se déroulent du 9 au sur les territoires de Chatou et Saint-Germain. Le maréchal Magnan en a prévu le scénario : une armée ennemie ayant débarqué en Normandie a conquis Saint-Germain. Les troupes françaises cantonnées au camp de Satory, à Versailles, doivent vaincre et chasser l'envahisseur. Le pont de Chatou, tenu par l'ennemi, est le premier objectif de l'armée française qui arrive par la route venant de Paris. Aussitôt la brigade d'Alphonse, avec sa batterie d'artillerie, sort de Rueil, suit le chemin qui conduit de ce village à Chatou, passe sous le chemin de fer, et va s'établir devant le pont, qu'elle fait battre par son artillerie. Les brigades Carbuccia et Répond, avec la batterie qui les accompagnent, suivent afin d'appuyer le mouvement de la brigade d'Alphonse. Réunies, ces trois brigades enlèvent le pont de Chatou énergiquement défendu par les troupes ennemies, échelonnées entre Chatou et Saint-Germain. Les troupes du pont, placées en avant, résistent quelques instants, protégées par leur artillerie, et s'opposent, par des feux nourris, au mouvement de la brigade d'Alphonse. Cependant, forcé de céder, l'ennemi passe le pont, qu'il s'efforce de défendre. Mais les feux croisés de l'artillerie française et les deux pièces qui sont dans l'enfilade des deux ponts portent le désordre dans ses rangs. À ce moment-là, un régiment est porté en avant ; il enlève le pont. Le journal est impressionné par le nombre de Parisiens qui ont quitté leur ville pour suivre les péripéties de ces deux journées. Le dessin ci-contre montre les spectateurs, au plus près du combat[22].

Le bois étant un matériau sensible à l'humidité, il faut dès 1860 remplacer le tablier qui est pourri. Lors de ce chantier d'autres problèmes apparaissent, notamment la détérioration de la charpente des arcs au point de devoir renforcer l'un de ceux-ci[21].

Destructions dues Ă  la guerre de 1870

Lors de la Guerre franco-allemande de 1870, les nouvelles du , sur la défaite de Sedan, sèment le trouble dans la population, notamment chez les familles en villégiature dont certaines décident de rentrer plus rapidement à Paris. La Troisième République est proclamée le et l'ordre de détruire tous les ponts sur la Seine est donné par le préfet[alpha 2], le lendemain[24]. Les deux ponts sont coupés le par l'incendie des arches en bois ; les trois arches du petit pont biais sont détruites ainsi que les deux premières du grand pont[25].

  • En 1870, les ponts dĂ©truits et le bac
  • Petit pont, par Lahaire.
    Petit pont, par Lahaire.
  • Grand pont, par Dumont.
    Grand pont, par Dumont.
  • Bac provisoire, par Paget.
    Bac provisoire, par Paget.

Ponts provisoires (1871)

Au dĂ©but de l'annĂ©e 1871, le service des ponts et chaussĂ©es charge l'ingĂ©nieur ordinaire Demouy d'Ă©tudier la meilleure solution pour la rĂ©ouverture des ponts. Il prĂ©sente son rapport le . Il argumente sur l'urgence d'une rĂ©ouverture du fait de l'importance de la circulation, avant leurs destructions. Il propose une reconstruction provisoire Ă©conomique, pour un montant de 40 643,79 fr, et rapide car une construction pĂ©renne de qualitĂ© avec arches mĂ©talliques demande un dĂ©lai trop long. Son projet prĂ©voit que les deux ponts ne disposent que d'une largeur de 2,50 m entre les trottoirs, permettant le passage d'un seul vĂ©hicule. Le croisement s'effectue sur l'ouvrage d'origine en maçonnerie qui, long de 72 m et reposant sur l'Ă®le, relie les deux ponts[25]. Pour la construction le choix se porte sur deux entrepreneurs charpentiers locaux, Laubeuf et Gosselin. Pour limiter la charge des transports, la traversĂ©e est autorisĂ©e uniquement aux voitures attelĂ©es de trois chevaux et moins, par un arrĂŞtĂ© de police du . Le chantier est menĂ© rapidement, la mise en service des deux ponts ayant lieu en fin d'après-midi le [26].

La frĂ©quentation du pont pose rapidement problème. En effet, les voituriers contournent la rĂ©glementation qui Ă©tait prĂ©vue pour limiter le poids des vĂ©hicules attelĂ©s Ă  9 000 kg. L'ingĂ©nieur Demouy dĂ©taille, dans un rapport du , les techniques utilisĂ©es pour passer outre Ă  la rĂ©glementation, comme par exemple l'utilisation de routes en pente pour atteindre le pont et, ou, l'ajout de chevaux avant et après le pont, ce qui permet le court passage sur le pont avec les trois chevaux rĂ©glementaires mais un poids de charge nettement supĂ©rieur. Un nouveau dĂ©cret dĂ©finit plus prĂ©cisĂ©ment la charge des voitures en mettant des limites de poids et de volume en fonction du produit transportĂ© et, Ă©galement, du nombre de bĂŞtes d'un troupeau pouvant passer en mĂŞme temps. Cette situation difficilement gĂ©rable engendre des risques pour la structure. Le service des ponts et chaussĂ©es dĂ©cide d'accĂ©lĂ©rer l'Ă©tude du pont dĂ©finitif[27].

Ponts avec arcs en fer (1873)

Le Pont de Chatou par Pierre-Auguste Renoir, vers 1875.

Le directeur gĂ©nĂ©ral des Ponts et chaussĂ©es dĂ©cide, le , de donner la prĂ©fĂ©rence au « système des arcs en fer » de prĂ©fĂ©rence au « système des poutres droites en tĂ´les »[27]. Le projet consiste Ă  construire deux ponts de tailles diffĂ©rentes mais aux caractĂ©ristiques identiques : ponts Ă  « arches mĂ©talliques en treillis de poutrelles » et les « fermes espacĂ©es de 2,30 m d'axe en axe » supportent des pièces de pont reliĂ©es par des voĂ»tes en brique sur lesquelles est Ă©tablie une chaussĂ©e de m de largeur comprise entre deux trottoirs de 1,50 m. Le petit pont, un pont biais, comporte trois arches de 24 m d'ouverture et une flèche de 2,90 m ; le grand pont, un pont droit, comporte cinq arches de 22 m d'ouverture et une flèche de 2,75 m[27]. Avant le dĂ©but du chantier de dĂ©molition, aux mois d'aoĂ»t et de septembre 1872, des ponts provisoires, ponts flottants faits avec des bateaux, sont installĂ©s pour permettre la poursuite des traversĂ©es de la Seine. Ils ont comme contrainte d'ĂŞtre fermĂ©s, pour le passage des bateaux, environ vingt fois par jour pour une durĂ©e de dix Ă  vingt minutes[27]. L'adjudication au rabais sur soumissions cachetĂ©es, a lieu le , pour la reconstruction du pont de Chatou estimĂ©e Ă  489 896,09 fr. Ce montant ne comprend pas les sommes Ă  valoir pour dĂ©penses imprĂ©vues[28]. L'entrepreneur Joret et Cie remporte le marchĂ© en ayant proposĂ© un rabais de 4 %[27].

Pendant l'hiver 1872-1873, une suite de crues de la Seine complique le travail et impose trois mois d'arrĂŞt au chantier, qui prend un retard provocant des protestations des habitants. D'autres problèmes se cumulent : les entrepreneurs, Ă©galement mis en difficultĂ©s par les crues, dĂ©couvrent qu'il faut reprendre les fondations des anciennes culĂ©es et rĂ©clament une indemnitĂ© de 18 088,4 fr, l'administration leur accorde seulement 2 200 fr le ; en aoĂ»t de cette mĂŞme annĂ©e 1873, le personnel des ponts et chaussĂ©es dĂ©couvre un dĂ©tournement de chaux par des ouvriers qui provoque un important dĂ©faut d'Ă©tanchĂ©itĂ© d'un batardeau, nĂ©cessitant la location d'une pompe Ă  vapeur pour assĂ©cher le chantier des fondations. Après avoir passĂ© avec succès les Ă©preuves de chargement, les deux ponts sont mis en service le [29].

  • Les deux ponts de Chatou vers 1905
  • Petit pont.
    Petit pont.
  • ChaussĂ©e du grand pont.
    Chaussée du grand pont.
  • Grand pont et tramway.
    Grand pont et tramway.
Plan du site avec le pont en 1924.

Au début des années 1930, l'expertise des ponts montre que le vieillissement a été accéléré par le passage des voitures : des boulons et des rivets ont disparu, un nombre important de « pièces métalliques de contreventement sont tordues et les semelles d'appui sur les maçonneries sont rouillées ». Cela a pour conséquence la mise en place de mesures concernant la circulation des véhicules : une vitesse imposée à 20 km/h maximum et la « limitation des charges à six tonnes par essieu ». Néanmoins, ces mesures sont insuffisantes et les ponts sont réparés en 1931[30]. Dès 1936, les ingénieurs du service de la navigation sur la Seine présentent un avant-projet de reconstruction des ponts les et le . Il comporte un plan signé par l’ingénieur en chef du service. Le , sont déclarés d’utilité publique, le chantier d’établissement d’une déviation, la démolition de l’ancien pont et la construction du nouveau dans le prolongement de l’avenue du Maréchal-Foch à Chatou[31].

Le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale enterre momentanément ce projet. Le [32] (ou le 9[alpha 3]), l'armée française coupe le passage en dynamitant l'arche centrale du petit pont[30], pour retarder l'avancée de l'armée allemande. La mairie décide de ne pas avoir recours au bac mais elle fait installer une passerelle provisoire sur l'arche détruite. Ses capacités étant limitées, une affiche apposée à chaque accès indique les restrictions applicables : « La passerelle de Chatou ne peut porter que vingt personnes espacées tous les deux mètres. Au-delà, danger mortel. Le passage des voitures de plus de 500 kilos est interdit aux heures d’affluence. »[34].

Projet et inauguration

Le pont, l'île et Chatou, en 2018.

Le projet d'un nouveau pont redevient d'actualitĂ© lorsque le Commissariat gĂ©nĂ©ral du Plan, inscrit en 1952, au 2e plan, le projet d'une dĂ©viation de la route nationale 190 avec un nouvel ouvrage d'art permettant le franchissement de la Seine Ă  environ 175 m en aval de l'ancien pont. Le service de l'Ă©poque, devenu depuis le Service d'Ă©tudes sur les transports, les routes et leurs amĂ©nagements (SETRA), prĂ©sente un avant-projet qui est approuvĂ© par la direction des routes le . En 1962, après la rĂ©alisation des formalitĂ©s nĂ©cessaires Ă  l'achat de terrains, Ă©ventuellement par expropriation, le dossier d'appel d'offres est constituĂ© et publiĂ©. DĂ©clarĂ© infructueux, il dĂ©bouche sur une procĂ©dure de grĂ© Ă  grĂ© avec un consortium, comprenant les entreprises Billiard, Courbot et la Compagnie française d'Entreprises. Le , Marc Jacquet, ministre des Travaux publics, officialise le marchĂ© de 15 millions de francs[35]. Le chantier de construction du nouveau pont dĂ©bute en avril 1964, sous la direction de Bernard Hirsch, ingĂ©nieur des Ponts et ChaussĂ©es ; il se termine en 1966 pour un coĂ»t totale de 17 millions de francs[36]. En parallèle sont construites les bretelles de liaison entre la route nationale 186 et le pont de Chatou, Ă©lĂ©ment de la route nationale 190[37]. Le pont est inaugurĂ© le et ouvert le [38], par Edgard Pisani[39] - [30]. Il est alors le plus long pont de la rĂ©gion parisienne[40].

Caractéristiques

Piles, tablier et en face sa situation sur l'île.

Le pont routier permet alors Ă  la route nationale 190 de franchir deux bras de la Seine et l'Ă®le de Chatou (ou Ă®le des Impressionnistes), qu'il dessert. Il prĂ©sente la forme d'une croix. La branche principale, longue de 314,53 m, dĂ©bute sur la berge de Rueil-Malmaison et se termine sur celle de Chatou tandis que la branche secondaire, longue de 133,6 m, est Ă©tablie en croix par rapport Ă  la branche principale ; elle dessert l'Ă®le avec deux accès routiers. Il est situĂ© Ă  une centaine de mètres de l'emplacement de l'ancien pont, « dans l'alignement de l'actuelle avenue du MarĂ©chal-Foch »[41] - [35] - [42].

Voies et piste cyclable sur un trottoir, en 2021.

L'ouvrage est un « pont Ă  poutres multiples sous chaussĂ©e Ă  âmes pleines en acier A 52 S ». C'est un pont important dans la sĂ©rie des ponts soudĂ©s en France, du fait de l'utilisation de 2 149 t d'aciers laminĂ©s[43]. Sa longueur totale est de 314,53 m. Il est composĂ© de « trois travĂ©es continues », longues de 94 m, franchit le bras rive gauche, 48,50 m, situĂ© sur l'ile, et 97,5 m, franchit le bras rive droite avec « deux travĂ©es cantilever » de 33,45 m et 41,18 m. Il dispose d'une seule pile dans la Seine, les autres Ă©tant situĂ©es sur les bordures des berges. Cette disposition, offre un large dĂ©gagement qui facilite la navigation sur le fleuve. La hauteur du dessous du pont est de m au-dessus des plus hautes eaux navigables. La branche secondaire, en croix par rapport Ă  la branche principale, permet la desserte de l'Ă®le[35] - [42].

La culĂ©e de la rive gauche, cĂ´tĂ© Rueil, est « fondĂ©e sur des pieux en bĂ©ton ». Le tablier est « composĂ© de cinq poutres en acier soudĂ©, de 2,5 m Ă  4,30 m de hauteur, qui supportent 780 dalles de 3 x 2 m en bĂ©ton armĂ© ». Sa largeur totale de 20 m comprend une chaussĂ©e de 14 m avec deux voies de circulation dans chaque sens et, de chaque cĂ´tĂ©, un trottoir en encorbellement large de m. La culĂ©e de la rive droite, cĂ´tĂ© Chatou, est « constituĂ©e par un mur de front sur semelle »[35] - [44].

Fréquentation

Lors d'un comptage effectuĂ© en au moyen de compteurs Ă  plots, le trafic moyen journalier annuel s'Ă©levait Ă  45 244 vĂ©hicules[45].

Le pont vu par des artistes

Auguste Renoir (1841-1919), le pont de Chatou, huile sur toile, vers 1875, Clark Art Institute[46]

Gustave Maincent (1848-1897), ce peintre a reprĂ©sentĂ© le pont sur plusieurs tableaux, notamment : Pont de Chatou, huile sur panneau, 28,5 x 41 cm, non datĂ©, Collection Pierre-François Maincent ; Pont de Chatou, huile sur toile, 28,5 x 46 cm, non datĂ©, Collection particulière ; Promenade estivale sur le pont de Chatou, huile sur toile, 46,5 x 61 cm, non datĂ©, Collection Pierre-François Maincent ; La Seine est prise - Chatou, 1895, huile sur toile, 90 x 51 cm, Acquis au Salon des Artistes Français en 1895, MusĂ©e d'Orsay ; le pont de Chatou, un remorqueur. Vue depuis l'Ă®le sur Rueil Malmaison, huile sur toile, 46 x 38 cm, non datĂ©, MusĂ©e Fournaise, don de l'association des amis de la maison Fournaise[47].

  • Le Pont de Chatou par Gustave Maincent
  • La Seine est prise - Chatou.
    La Seine est prise - Chatou.
  • Promenade estivale sur le pont de Chatou.
    Promenade estivale sur le pont de Chatou.
  • Pont de Chatou.
    Pont de Chatou.

Albert Lebourg (1849-1928), le pont de Chatou, huile sur toile, 40 x 73,5 cm, 1905, collection privĂ©e[48].

Maurice de Vlaminck (1876-1958) : Le pont de Chatou, 1905, huile sur toile, 50,5 x 65,7 cm, musĂ©e des Beaux-Arts de Houston[49] ; La Seine Ă  Chatou, 1905, huile sur toile, 50 x 65 cm, Atheneum Museum of Art[50]. ; Berges de la Seine Ă  Chatou, 1906, huile sur toile, 53 x 65 cm, collection particulière[51] ; Pont de Chatou, 1906, huile sur toile, 54 x 73 cm, Centre Pompidou, legs de Georges Grammont, 1959. En dĂ©pĂ´t Ă  l'Annonciade, musĂ©e de Saint-Tropez, depuis le [52] ; Le pont de Chatou, 1906-1907, huile sur toile, 68 x 96 cm, musĂ©es d'État de Berlin, Alte Nationalgalerie[53] ; Le pont de Chatou, 1907-1908, huile sur carton collĂ© sur bois parquetĂ©, 52,5 x 71 cm, collection particulière[54].

AndrĂ© Derain (1880-1954), le Pont de Chatou, huile sur toile, 54 x 73 cm, 1910, collectionneur privĂ©[55].

Albert Laprade (1883-1970), dessine le pont de Chatou, au début des années 1960, peu avant sa démolition et son remplacement par le pont actuel[56].

Notes et références

Notes

  1. Le dessin illustrant l'article de l'Illustration, permet de voir les piles en maçonnerie et les arcs en charpente du grand pont tel qu'il a été construit entre 1836 et 1838. Au premier plan, les spectateurs et l'armée sont situés sur l'île. Chatou est à droite.
  2. D'autres sources attribuent la destruction des ponts aux Prussiens, notamment l'article « Sur le(s)pont(s) de Chatou » de la ville de Rueil[23].
  3. Pour l'Association Chatou Notre Ville : « Le 9 juin 1940, l'armée française fit sauter le pont routier de Chatou, entraînant la mort de Jean-Baptiste Albert Chagnon, 47 ans, domicilié aux Mureaux. »[33].

Références

  1. Robert et Hervier 1993, p. 4.
  2. Bornot 1852, p. 12-13.
  3. Curmer 1919, p. 42.
  4. Catinat 1967, p. 31.
  5. « L'ancien pont routier de Chatou », sur heulys.com (consulté le ).
  6. « Si Chatou m'était contée... », sur chatou.fr, (consulté le ).
  7. Catinat 1967, p. 38.
  8. Bornot 1852, p. 13-14.
  9. « Pont de Chatou », sur planete-tp.com, (consulté le ).
  10. Monographie communale de Chatou
  11. Cercle de recherches historiques de Chatou 1989, p. 245.
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Bibliographie

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