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Pont ferroviaire de Chatou

Le pont ferroviaire de Chatou permet le franchissement de la Seine par la ligne de Paris-Saint-Lazare à Saint-Germain-en-Laye entre les communes de Rueil-Malmaison et Chatou. Il est en fait constitué de deux viaducs, pour franchir deux bras de la Seine, qui sont séparés par un remblai sur l'île des Impressionnistes.

Pont ferroviaire de Chatou
Une rame MS 61 de la ligne A du RER sur le pont ferroviaire de Chatou.
Une rame MS 61 de la ligne A du RER sur le pont ferroviaire de Chatou.
GĂ©ographie
Pays France
RĂ©gion ĂŽle-de-France
DĂ©partement Yvelines
Commune Chatou et Rueil-Malmaison
CoordonnĂ©es gĂ©ographiques 48° 53′ 07″ N, 2° 09′ 40″ E
Fonction
Franchit Seine
Fonction ferroviaire
Caractéristiques techniques
PortĂ©e principale 27 m
Matériau(x) fer et pierre de taille
Construction
Mise en service 1876

Situation ferroviaire

Le pont ferroviaire de Chatou est composĂ© de deux viaducs ; le no 1, dit aussi « pont de Chatou »[1], long de 85 m, est situĂ© au point kilomĂ©trique (PK) 14,4 et le no 2, dit aussi « pont de Croissy »[1], long de 96 m, au PK 14,6 de la ligne de Paris-Saint-Lazare Ă  Saint-Germain-en-Laye, entre la gare de Rueil-Malmaison et celle de Chatou - Croissy[2].

Les deux ouvrages permettent le franchissement de la Seine qui, à cet endroit, comporte deux bras séparés par une île. Le pont dit de Chatou est un pont droit, situé sur le bras gauche, allant de la rive gauche (Rueil-Malmaison) à l'île tandis que celui dit de Croissy est un pont en biais, situé sur le bras droit, allant de l'île à la rive droite (Chatou)[1]. Le passage sur l'île s'effectue sur un remblai[3].

Histoire

Premiers ponts (maçonnerie et bois)

La Compagnie du chemin de fer de Paris Ă  Saint-Germain fait franchir la Seine Ă  sa ligne, entre Rueil et Chatou, Ă  la hauteur de l'Ă®le du Chiard. Elle construit deux ponts en maçonnerie avec travĂ©e en charpente[4] de bois, pour franchir les deux bras du fleuve, qui sont reliĂ©s par un remblai rĂ©alisĂ© sur l'Ă®le. La ligne et les ouvrages d'art sont inaugurĂ©s le [5] - [6]. Comme les autres ponts de la ligne, les arches sont en bois ; chacun des ponts comprend trois arches de 27 mètres d'ouverture[7].

En 1848, des insurgĂ©s de Paris mettent le feu au pont du chemin de fer et saccagent la station de Chatou[6]. L'incendie dĂ©truit une seule arche de 33 mètres de portĂ©e. Celle-ci est reconstruite en bois[7] en quatre jours[8], pour un coĂ»t de 35 601,94 francs[9].

Ponts d'origine

La Compagnie des chemins de fer de l'Ouest dĂ©cide, en 1859, de reconstruire le pont qui franchit le premier bras de la Seine (pont de Chatou). Lors de la soumission, les offres varient entre pont en fonte et pont en fer ; cette dernière option, plus Ă©conomique, est choisie[10]. Ses caractĂ©ristiques sont les suivantes : trois arches, ayant chacune une ouverture de 26,20 mètres, une longueur totale de 85,16 m, une largeur libre de passage de 7,40 m (entre garde-corps), une surface libre du tablier de 630,18 m2 et un poids total des fers du tablier de 231 530 kg[11]. Chacune des trois arches est portĂ©e par quatre arcs placĂ©s directement sous chaque file de rails ; leur espacement est donc de 1,5 m sous chaque voie et de 1,86 m pour l'entrevoie[12].

La compagnie de l'Ouest reconstruit en 1865 le pont en bois de Croissy, suivant le mĂŞme modèle que celui de Chatou, « avec des arcs en fer et tĂ´le »[10] avec pour caractĂ©ristiques : trois arches, ayant chacune une ouverture de 30,25 mètres, une longueur totale de 98,32 m, une largeur libre de passage de 7,40 m (entre garde-corps), une surface libre du tablier de 709,81 m2 et un poids total des fers du tablier de 325 000 kg[11].

Lors de la Guerre franco-allemande de 1870, au mois de septembre, peu avant le début du siège de Paris, les ponts sont volontairement[1] rendus inutilisables[13], pour assurer la défense de Paris, la Seine étant à Chatou la limite d'occupation par l'armée allemande[14]. Seule l'arche de la rive droite du pont de Croissy est restée intacte[1].

Ponts provisoires

La ligne Ă©tant coupĂ©e, il est dĂ©cidĂ© de privilĂ©gier la rapiditĂ© de construction et d'Ă©difier deux ponts « provisoires en charpente, selon le système amĂ©ricain, posĂ©s sur les anciennes culĂ©es ou piles, rĂ©parĂ©es prĂ©alablement ». NĂ©anmoins, les ingĂ©nieurs prĂ©voient Ă©galement la reconstruction future en mettant les « fermes amĂ©ricaines en bois Ă  cĂ´tĂ© des arcs en fer : on ferait ainsi, au moment de la reconstruction, le service du chemin de fer sur une seule voie et une grue roulante, installĂ©e sur deux poutres, permettrait la pose des diffĂ©rentes parties du pont mĂ©tallique dĂ©finitif »[1]. Le chantier commence le [3], pendant les Ă©vènements de la Commune de Paris et la circulation de trains reprend le [15]. Ce chantier d'une durĂ©e de deux mois est rĂ©alisĂ© avec une moyenne de cent cinquante charpentiers prĂ©sents chaque jour, avec une utilisation totale de 1 100 stères de bois[3]. Le cout, y compris les Ă©chafaudages, est de 1 659,38 fr le mètre linĂ©aire pour une longueur totale des deux ponts de 156,60 m[16].

  • ÉlĂ©vations, plans et coupes des ponts provisoires construits en 1871
  • Pont de Chatou.
    Pont de Chatou.
  • Ponts de Chatou et de Croissy.
    Ponts de Chatou et de Croissy.
  • Chantier d'un pont provisoire.
    Chantier d'un pont provisoire.

La qualité de la construction provisoire permet de repousser à 1873[17] la reconstruction en fer[18].

Ponts actuels (en fer)

Le pont actuel, construit en 1876, est de nouveau partiellement détruit en juin 1940[17]. C'est l'arche centrale qui est détruite lors d'un bombardement. Elle est reconstruite en 1941. Ce pont est composé de deux viaducs de trois arches en fer avec des piles en calcaire et en pierre de taille[17]. Il devient un pont de la ligne A du RER en 1972. Depuis il a été rénové, par la RATP, en 1989 et en 2013[19].

  • Le pont sur le bras cĂ´tĂ© Rueil-Malmaison en 2011

Le pont vu par des peintres

Le pont du chemin de fer, 1881, Auguste Renoir.

Auguste Renoir (1841-1919) a peint ce pont en 1881, sous la forme d'une huile sur toile, 54,5 cm Ă— 65,5 cm, conservĂ©e au musĂ©e d'Orsay[20].

Notes et références

  1. Oppermann 1872, p. 33.
  2. Reinhard Douté, Les 400 profils de lignes voyageurs du réseau ferré français, vol. 2 : Lignes 601 à 990, Paris, Les Éditions La Vie du rail, , 239 p. (ISBN 978-2-918758-34-1), « [975] Paris-St-Lazare - St-Germain-En-Laye », p. 130.
  3. Oppermann 1872, p. 34.
  4. Ministère des travaux publics, Documents statisiques sur les routes et ponts, Paris, Imp. Nationale, , 615 p. (lire en ligne), p. 204-205.
  5. Jeannine Cornaille (société d'histoire de Nanterre), « La création du chemin de fer », Nanterre Info, no 4,‎ , p. 26 (lire en ligne, consulté le ).
  6. Monographie communale de Chatou
  7. R. Valette, « Étude sur les vieux tabliers en fer du réseau de l'État français », IABSE publications = Mémoires AIPC = IVBH Abhandlungen, vol. 4 (1936),‎ , p. 573 (2 pdf) (lire en ligne, consulté le ).
  8. Léon Malo, Notice sur Eugène Flachat, Paris, Société des ingénieurs civils, , 57 p. (lire en ligne), p. 20.
  9. « Chemin de fer de Paris à Saint-Germain : Assemblée générale ordinaire et extraordinaire du 27 mars 1849 : Rapport du conseil d'administration », Journal des chemins de fer des mines et des travaux publics,‎ , p. 200 (lire en ligne, consulté le ).
  10. Foy 1865, p. 113.
  11. Foy 1865, p. 115-116.
  12. Foy 1865, p. 114.
  13. Lecoy 2004, § 32.
  14. Lecoy 2004, § 70.
  15. Lecoy 2004, § 78.
  16. Oppermann 1872, p. 35.
  17. Andreu Guillemette et Boulmer Catherine, « Rueil-Malmaison, Pont ferroviaire desservant la ligne [de] Paris [à] Saint-Germain (notice IA00064584) », sur pop.culture.gouv.fr, (consulté le ).
  18. Lecoy 2004, § 84.
  19. Rueil-Malmaison, Association SHRM, , 28 p. (lire en ligne), « Le Pont de chemin de fer », p. 16.
  20. « Auguste Renoir (1841-1919) : Pont du chemin de fer de Chatou », sur Musée d'Orsay (consulté le ).

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • M.J. Foy, « Étude sur les ponts mĂ©talliques (suite) », Nouvelles Annales de la construction, vol. 11ème annĂ©e,‎ , p. 110-119. Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article.
  • C. A. Oppermann, « Notes et Documents : Ponts provisoires de Chatou et Croissy. Chemin de fer de Paris Ă  Saint-Germain », Nouvelles Annales de la Construction, vol. 18ème annĂ©e, no 208,‎ , p. 33-35 (lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article.
  • Bernard Lecoy, « Chemins de fer et dĂ©placements autour de Paris pendant la crise de 1870-1871 », Revue d'histoire des chemins de fer, no 31,‎ , p. 181-200 (lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article.
  • Jacques Catinat, XII Grandes heures de Chatou : et la naissance du VĂ©sinet, Paris, Éditions SOSP, , 162 p. Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article.
  • JĂ©rĂ´me Michel, NoĂ«l Robert, Damien Champenoy, Xavier Berdos et Pascal Naudin, « Expertise du contreventement supĂ©rieur du caisson mixte d’un pont RATP (pont de Chatou) », Bulletin ouvrages d'Art (Cerema), no 72,‎ , p. 4-25. Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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