Paul-Louis Weiller
Paul-Louis Weiller, né à Paris 8e le et mort centenaire à Genève le , est un chef d’entreprise et mécène français.
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(à 100 ans) Genève |
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Aliki Diplarakou (Ă partir de ) |
Enfant |
Paul-Annick Weiller (d) |
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Émile Javal (grand-père) |
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Biographie
D'origine juive alsacienne par ses deux parents et baptisé dans la religion catholique, il est le fils de l'industriel et homme politique Lazare Weiller (1858-1928) et d'Alice Javal (née le 10 octobre[1] 1869 à Paris[2]-1943, morte en déportation), issue de la famille Javal, famille qui s'est illustrée à partir du XIXe siècle dans l'industrie, la finance et la politique.
Ingénieur de l'École centrale, diplômé en 1914 [3], il est un héros de l'aviation pendant la Première Guerre mondiale[3]. Imposant l'utilisation de la photographie aérienne lors des vols de reconnaissance[3], il est plusieurs fois abattu avec son avion et blessé. Douze fois cité à l’ordre de l’armée, fait officier de la Légion d'honneur[4] à vingt-cinq ans, il termine la guerre auprès du maréchal Foch et assiste à la signature du traité de Versailles[5] comme aide de camp du chef des armées alliées.
Patron d’industrie dès l’âge de vingt-neuf ans, de 1922 à 1940, Paul-Louis Weiller développe la plus importante entreprise de construction de moteurs d’avion d’Europe, Gnome et Rhône[5], qui deviendra la SNECMA après sa nationalisation en 1945. À partir de 1925, il achète progressivement le capital de la compagnie aérienne CIDNA[5]. Il participe à la création d’autres lignes aériennes vers l’Afrique. Elles seront toutes nationalisées en 1933 pour devenir Air France, dont il sera un des premiers administrateurs (il se voit offrir en 1933 par Pierre Cot, ministre de l’Air, la présidence d’Air France, mais il refuse).
Durant les années qui précèdent la guerre, il prend la tête du lobby des motoristes français, qui cherchent à garder le monopole intérieur (Gnome et Rhône détient 60 % du marché français) : il tente de faire échouer les négociations avec les États-Unis pour l'achat de moteurs plus performants. Dans ce but, il suscite une campagne de presse pour dénigrer les moteurs Pratt & Whitney Twin Wasp dont Pierre Cot avait acheté la licence de fabrication[6].
Il avait en effet refusé, dans un premier temps, d'investir dans l’achat de machines-outils, cherchant par là à étaler les commandes pour éviter les investissements. Cette décision explique en partie la pénurie de moteurs constatée début 1940[7].
Arrêté le à Royat, déchu de la nationalité française quelques semaines plus tard le par le gouvernement de Vichy, il est placé en résidence surveillée à Marseille. Il s’enfuit en janvier 1942 en passant par le Maroc, d’abord à Cuba puis au Canada où il contribue à l’action de la France libre (dont il aura le passeport numéro 1). Sa mère, Alice Weiller, âgée de 74 ans, est déportée par le Convoi No. 59, en date du 2 septembre 1943, de Drancy vers Auschwitz, où elle est assassinée, à son arrivée. Sa dernière adresse est au 21 rue de Téhéran dans le 8e arrondissement de Paris[1].
De retour en Europe après la guerre, il concentre d’abord son activité sur l’énergie (pétrole au Venezuela et dans le golfe du Mexique, gaz naturel au Texas, compagnie d’électricité au Japon…), puis dans la finance internationale.
En 1951, il se porte acquéreur de l'hôtel Amelot de Bisseuil, dit des Ambassadeurs de Hollande, à Paris, dans le Marais. Il le restaure, y mène une intense vie mondaine et le transmet, après lui, à ses enfants.
Il devient un des grands mécènes des arts, soutenant financièrement et par son influence la rénovation du château de Versailles, crée une compagnie de ballets, aide de nombreux artistes (Robert Hossein, Roger Vadim, Maurice Béjart, Roland Petit) et des comédiens (Michèle Mercier, Brigitte Bardot, Alain Delon…). Son objectif est de refaire de Paris la capitale de la culture, action couronnée en 1965 par son élection à l’Académie des beaux-arts.
Paul-Louis Weiller mène une intense vie mondaine entre les familles royales d’Europe, les grands hommes d’affaires et politiques (Aristote Onassis, Henry Ford II, Jean Paul Getty, Richard Nixon, Georges Pompidou… avec qui il a parfois travaillé ou qui ont parfois travaillé pour lui), les personnalités des arts des lettres et du spectacle, qu’il rassemble dans le dernier des salons parisiens dans la tradition de ceux décrits par Marcel Proust. Il finance aussi de nombreuses œuvres caritatives.
Distinctions
Paul-Louis Weiller Ă©tait
- Grand-croix de la LĂ©gion d'honneur (1989)
- Croix de guerre 1914-1918, avec 10 citations[4]
- Médaille de la Résistance française (décret du 3 août 1946)[8]
- Commandeur de l'ordre des Arts et des Lettres
- Croix militaire
- Chevalier de l'ordre de la Couronne d'Italie
- Commandeur de l'ordre des Saints-Maurice-et-Lazare
- Membre de l'Institut, section de l'Académie des Beaux-Arts
Mariages et descendance
Paul-Louis Weiller se marie le à Paris 8e, avec la princesse Alexandra Ghica avec qui il a une fille, Marie-Élisabeth Weiller (épouse Irisarri, morte en 2006). Il divorce le .
Il se remarie Ă Paris 8e le , avec AlĂki Diplarákou, (1912-2002) miss Europe 1930, dont il divorcera.
De ce second mariage, est issu un fils, Paul-Annik Weiller (Paris, 28 juillet 1933 - Genève, 2 novembre 1998), marié à Rome le 26 juin 1965 avec donna Olimpia Torlonia, des princes de Civitella Cesi, fille d'Alessandro Torlonia, des princes de Civitella-Cesi (1911-1986), et de l'infante Béatrice d'Espagne (1909-2002). Elle est une petite-fille du Roi Alphonse XIII d'Espagne et de la reine Victoria-Eugénie d'Espagne, née princesse de Battenberg.
Dont quatre enfants, dont Sibilla Weiller, mariée en 1994 avec le prince Guillaume de Luxembourg (1963), fils cadet du grand-duc Jean de Luxembourg et de la grande-duchesse Joséphine-Charlotte, née princesse de Belgique[9].
Collections
Ses collections de livres et de tableaux (plus de 750 pièces) ont été dispersées en 1998 et 2011[10].
Hommage
La ville de Sélestat (Bas-Rhin), où Paul-Louis Weiller a résidé, et dont il est citoyen d'honneur, donne son nom en 2006 à un square situé à l'est de la vieille ville[11].
Notes et références
- Voir, Klarsfeld, 2012.
- Acte naissance et décès en mention marginale Archives Paris (p. 8/31)
- Musée aéronautique et spatial du groupe SAFRAN : notice biographique sur museesafran.com, consulté le 23 août 2008
- David Méchin, « L'aviation en 1918 - épisode 5 - Les avions de grande reconnaissance », Le Fana de l'Aviation, no 583,‎ , p. 59.
- Bernard Marck, Dictionnaire universel de l'aviation, Tallandier, , 1129 p. (ISBN 2-84734-060-2), p. 1094.
- « L'Affaire Pratt & Whitney: histoire méconnue d'un contrat sabordé », sur SAM40.fr, (consulté le )
- Voir sur books.google.fr, page 357.
- Ordre de la Libération - Base des Médaillés de la Résistance française, « Fiche Pierre Louis Weiller » (consulté le )
- Michel Sementéry, La Descendance des Battenberg-Mountbatten, Paris, Editions Christian, , 144 p. (ISBN 978-2-86496-176-5), p. 103-110
- « Paul-Louis Weiller, collectionneur de haut vol », Le Figaro, 5 avril 2011.
- « Procès-verbal succinct du conseil municipal » [PDF], sur www.selestat.fr, (consulté le ), p. 25
Annexes
Bibliographie
- Serge Klarsfeld. Le Mémorial de la déportation des Juifs de France. Beate et Serge Klarsfeld: Paris, 1978. Nouvelle édition, mise à jour, avec une liste alphabétique des noms.FFDJF (Fils et Filles des Déportés Juifs de France), 2012.
- Jacques Mousseau, Le Siècle de Paul-Louis Weiller 1893-1993, Stock, 1998, 585 pages (ISBN 2-2340-4998-9)
- Roger Faligot, Remi Kauffer, Éminences grises, Fayard, 1992 (ISBN 2213029563) (ISBN 978-2213029566)
Filmographie
- Le Bal du siècle, 2008, France 5
Articles connexes
Liens externes
- Musée aéronautique et spatial du groupe SAFRAN : notice biographique sur museesafran.com
- Michel Harvey, délégué général de SNECMA au Royaume-Uni, Institut de stratégie comparée, Commission française d'histoire militaire, Institut d'histoire des conflits contemporains : De 1920 à la fin de la Seconde Guerre mondiale sur stratisc.org
- « Les Javal-Wallerstein-Weiller ou la médecine de campagne » Les grandes familles du bassin d'Arcachon, L'Express du