Accueil🇫🇷Chercher

Lazare Weiller

Jean Lazare Weiller est un industriel et homme politique français né à Sélestat (Bas-Rhin) le et mort à Territet (Suisse) le .

Lazare Weiller
Lazare Weiller en 1920.
Fonctions
SĂ©nateur du Bas-Rhin
-
Député du Bas-Rhin
-
Biographie
Naissance
Décès
SĂ©pulture
Nationalité
Domicile
Formation
Activités
Père
Leopold Weiller (d)
Conjoint
Enfant

Biographie

Vue d'ensemble

Lazare Weiller a trois sœurs, Mathilde, Régine et Pauline, et deux frères, Charles et André, tous nés de Léopold Weiller (né en 1807), colporteur, et de Reine Ducasse (née en 1819), servante, un modeste couple juif alsacien originaire de Seppois-le-Bas.

Après l'annexion de l'Alsace-Lorraine par l'Allemagne en 1871, il est envoyé en chez son oncle, Moïse Weiller, industriel en Charente, ce qui lui permet de bénéficier d'une bourse d'études et de conserver la nationalité française en profitant d'une clause du Traité de Francfort.

Il se révèle un brillant élève, d'abord au collège d'Angoulême puis au lycée Saint-Louis à Paris, où il passe son baccalauréat et prépare le concours d'entrée à l'École Polytechnique. Mais, terrassé par une fièvre typhoïde, il ne peut passer les épreuves et part à Oxford où il étudie l'anglais, le grec, la chimie et la physique. Puis il devance l'appel et fait son service militaire à Versailles, avant de revenir à Angoulême pour travailler dans l'usine de tamis métalliques de son oncle.

Lazare Weiller se convertit à la religion catholique et, le , il épouse sa cousine Marie-Marguerite Jeanne Weiller. Mais elle meurt en couches l'année suivante et leur fils, Jean, décède deux ans plus tard.

Il se remarie le avec Alice Javal, fille de l'ophtalmologiste réputé Émile Javal, député de l'Yonne. Le couple aura quatre enfants : des jumeaux le , Jean-Pierre et Marie-Thérèse, Georges-André le et Paul-Louis le .

En 1893, le couple s'installe dans un hôtel particulier 36, rue de la Bienfaisance à Paris et acquiert à Cannes la villa Isola-Celesta[1] dont la roseraie est considérée comme une des plus belles d'Europe.

Ă€ Mougins, Lazare Weiller fait construire avec Lord Derby le premier golf de la CĂ´te d'Azur.

À partir de 1920 les Weiller louent puis achètent (1922) l'hôtel de la Lieutenance à Sélestat (Bas-Rhin) et partagent désormais leur temps entre l'Alsace et la capitale.

Lazare Weiller meurt en Suisse, à la clinique de Valmont de Territet, au bord du lac Léman, le d'une insuffisance cardiaque provoquée par un diabète chronique.

Il est inhumé à Angoulême auprès de sa première épouse dans sa chapelle funéraire du cimetière de Bardines d'Angoulême[2].

Inventeur et industriel

Dès le dĂ©but des annĂ©es 1880, Lazare Weiller entreprend la recherche d'un alliage qui permettrait de rĂ©aliser des fils de mĂ©tal fins et solides mais aussi conducteurs que le cuivre, qui s'Ă©tire difficilement. Il dĂ©pose les brevets du bronze siliceux et du cuivre phosphoreux, qui vont ĂŞtre Ă  la base de sa fortune. Les besoins sont en effet considĂ©rables avec la crĂ©ation des rĂ©seaux d'Ă©lectricitĂ© et de tĂ©lĂ©phone. Il crĂ©e la SociĂ©tĂ© Lazare Weiller (1883) qui opère d'abord une trĂ©filerie Ă  AngoulĂŞme, puis, dans les annĂ©es 1890, fait construire une usine plus importante au Havre, Ă  la fois point d'entrĂ©e des importations de cuivre et point de sortie vers les États-Unis et l'Angleterre. Cette usine, les TrĂ©fileries et Laminoirs du Havre, atteindra rapidement un effectif de 1 500 ouvriers. En 1901, la SociĂ©tĂ© Lazare Weiller devient la Compagnie des trĂ©fileries et laminoirs du Havre. Lazare Weiller va ĂŞtre le premier Ă  produire des câbles tĂ©lĂ©phoniques Ă  multiples conducteurs, puis se spĂ©cialise dans les câbles sous-marins.

Pionnier de la tĂ©lĂ©vision, il publie, en 1889, dans Le GĂ©nie civil un article sur la vision Ă  distance par l'Ă©lectricitĂ© dĂ©crivant un appareil, le phoroscope, couplant un couple de roues Ă  miroirs et un tĂ©lĂ©phone Ă  gaz[3]. L'appareil permet d'analyser mĂ©caniquement et de reconstituer Ă  distance une image de 10 centimètres de cĂ´tĂ© dĂ©coupĂ©e en 250 000 Ă©lĂ©ments. L'appareil est effectivement rĂ©alisĂ© en 1898 (Source ?). Il est composĂ© d'un tambour portant sur le cĂ´tĂ© des dizaines de petites plaques de mĂ©tal poli formant miroirs, inclinĂ©es selon des angles variables de manière Ă  rĂ©flĂ©chir sur une cellule photosensible au sĂ©lĂ©nium les diverses parties de l'image. Ă€ la rĂ©ception, un appareil identique, synchronisĂ© sur l'Ă©metteur, permet de reconstituer l'image. Cinq ans après la dĂ©finition du disque de l'Allemand Paul Nipkow, Weiller prĂ©sente une mĂ©thode alternative, plus coĂ»teuse mais plus fine, dĂ©crite dans le Grand Larousse encyclopĂ©dique sous le nom de « Roue de Lazare Weiller ». Ce procĂ©dĂ© sera utilisĂ© dans les premiers dĂ©veloppements de la tĂ©lĂ©vision mĂ©canique (1905-1932) et sera incorporĂ© par John Logie Baird dans le système mis en Ĺ“uvre par la BBC en 1932 pour ses premiers services rĂ©guliers.

Ses affaires sont durement éprouvées par l'effondrement du cours du cuivre entre 1900 et 1903.

En 1901, Lazare Weiller vend une partie de sa collection de tableaux et trois châteaux, dont celui dit aujourd'hui de Grouchy à Osny (Val-d'Oise), qu'il avait acquis en 1898 et dans lequel il avait entrepris d'importants travaux. (source ?)

En 1903, il achète le brevet du « taximètre » ou compteur automatique pour les fiacres et participe à la fondation de la Compagnie générale des compteurs et de la Compagnie française des automobiles de place (1905), et de compagnies identiques à Londres, Genève, Milan, Berlin et New York, en association avec la Banque Morgan.

En 1908, pressentant les dĂ©veloppements futurs de l'aviation, il crĂ©e un prix de 100 000 francs-or pour rĂ©compenser le premier vol d'une heure en circuit fermĂ©. Il permet d'attirer en France les frères Wright, pionniers amĂ©ricains de l'aviation qui remportent le prix. Pour exploiter leurs brevets, Lazare Weiller crĂ©e en 1908 la Compagnie gĂ©nĂ©rale de navigation aĂ©rienne mais celle-ci ne dĂ©marre jamais vĂ©ritablement ses activitĂ©s faute de soutien du ministère de la Guerre.

En 1912, il crée la Compagnie universelle de télégraphie et téléphonie sans fil (CUTT) en partenariat avec l'entreprise allemande Homag, filiale de la C Lorenz AG, différents intérêts industriels allemands, français et américains (dont son ami le banquier John Pierpont Morgan). La Homag a entrepris la construction de stations TSF à Eilvese (Hanovre) et Tuckerton (New Jersey) pour établir une liaison transatlantique en utilisant la technologie de l'alternateur Goldschmidt. La CUTT achète les brevets Goldschmidt et la station de Tuckerton avec le projet de créer une station en France. En 1913, n'ayant pu obtenir les autorisations de l'administration des PTT, Weiller cède sa participation dans la CUTT à la Marconi Wireless Telegraph Company. Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, la Homag refuse de céder la station de Tuckerton comme le contrat le prévoyait. C'est probablement à ce sujet que Weiller rencontre Marconi le [4].

Homme politique

En 1883, Lazare Weiller est fait chevalier de la Légion d'honneur, récompensé pour avoir fait du renseignement économique à l'occasion de ses voyages en Allemagne.

En 1888, il est candidat républicain à la députation à Angoulême contre le bonapartiste Gellibert des Seguins, qui est élu, et le boulangiste Paul Déroulède, par ailleurs son ami proche (ils avaient été présentés l'un à l'autre par le peintre Édouard Detaille).

Les sénateurs Nicolas Delsor et Lazare Weiller (1920).

En 1901, le président du Conseil, Pierre Waldeck-Rousseau, lui confie une mission aux États-Unis. Il parcourt le pays pour en étudier les méthodes, rencontrer ses dirigeants et étudier la possibilité d'y créer une école où de jeunes ingénieurs français pourraient se former aux techniques du management à l'américaine. Il y fait la connaissance de John Pierpont Morgan et de Vanderbilt.

Son rapport remis au gouvernement, il en tire la matière d'un livre Les Grandes idées d'un grand peuple (1904) dans lequel il suggère de « donner au Vieux Monde un peu de l'aspect pratique du Nouveau » et qui connaît un réel succès de librairie.

Il publie également un récit de son voyage dans le grand quotidien Le Temps et se lie avec son directeur, l'influent Adrien Hébrard.

En 1914, le Gouvernement lui confie une mission en Suisse, où les Allemands ont établi le quartier général de leur propagande. Il publie dans Le Temps, de à , une série de lettres sous le titre L'Allemagne vue de Suisse.

Élu député d'Angoulême en 1914 sous l'étiquette Alliance démocratique (gauche modérée), il se fait le porte-parole des Alsaciens opprimés, se définissant comme « député alsacien de Charente ».

En 1920, il est élu sénateur du Bas-Rhin et réélu en 1927. Il milite pour le rétablissement des relations diplomatiques entre la France et le Saint-Siège et s'intéresse aux rapports avec l'Allemagne, les États-Unis et la Grande-Bretagne.

Il joue un rôle important lors de la « crise du franc » en 1923 et 1924, préconisant à Poincaré de lancer son grand emprunt garanti sur l'or de la Banque de France.

Distinctions

Ĺ’uvres de Lazare Weiller

  • Recherches sur la conductibilitĂ© Ă©lectrique des mĂ©taux et de leurs alliages, rapports avec la conductibilitĂ© calorifique (1884)
  • Études Ă©lectriques et mĂ©caniques sur les corps solides (1885)
  • TraitĂ© gĂ©nĂ©ral des lignes et transmissions Ă©lectriques (avec Henry Vivarez) (1892)
  • Forges, fonderie, laminoirs et trĂ©filerie du cuivre pur et de ses alliages. Affinage et traitement Ă©lectrolytique des mĂ©taux. Manuel pratique pour l'emploi des conducteurs Ă©lectriques produits par les usines Lazare Weiller et Cie (1894)
  • Les Grandes idĂ©es d'un grand peuple : mission diplomatique aux États-Unis (1904)
  • Notes sur l'activitĂ© allemande en Suisse (1915)
  • La DĂ©pression allemande vue de Suisse (1918)

Notes et références

  1. Ministère de la Culture, notice Mérimée sur la Plate-forme Ouverte du Patrimoine
  2. Cimetières de France et d'ailleurs
  3. « Lazare WEILLER, "De la vision à distance par l'électricité", Le Génie civil, T.XV, 1889. », sur Histoire de la télévision (consulté le )
  4. André Lange, « Lazare Weiller, météore de l'histoire de la télévision », sur histv.net, (consulté le )
  5. Base de données des Archives Nationales : Base Léonore

Voir aussi

Bibliographie

  • Christian Baechler, « Lazare Weiller Â», in Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne, vol. 39, p. 4137
  • Jacques Mousseau, Le siècle de Paul-Louis Weiller : 1893-1993, Paris, Stock, 1998
  • M. H. Tribout de Morembert (article), L'ascension d'une famille juive d'Alsace : Les Weiller, , 12 p. (lire en ligne)
  • « Lazare Weiller », dans le Dictionnaire des parlementaires français (1889-1940), sous la direction de Jean Jolly, PUF, 1960

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.