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HĂ´tel Amelot de Bisseuil

L'hôtel Amelot de Bisseuil, dit des Ambassadeurs de Hollande, est un hôtel particulier construit au XVIIe siècle dans le quartier historique du Marais, dans le 4e arrondissement de Paris (rue Vieille-du-Temple, no 47, et rue des Guillemites, no 10) Ce site est desservi par la station de métro Saint-Paul.

HĂ´tel Amelot de Bisseuil
HĂ´tel des Ambassadeurs de Hollande
Le bâtiment central, vu de la première cour.
Présentation
Type
Style
Architecte
Construction
1657 - 1660
Propriétaire
privé
Patrimonialité
Localisation
Pays
RĂ©gion
Commune
Adresse
Coordonnées
48° 51â€?nbsp;29,5â€?nbsp;N, 2° 21â€?nbsp;28,4â€?nbsp;E
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DiffĂ©rentes thĂ©ories courent sur l’origine de l’appellation « HĂ´tel des Ambassadeurs de Hollande Â». L'une d'elles veut que l’hĂ´tel ait servi comme rĂ©sidence Ă  l’ambassadeur de Hollande[1]. Une autre explication est que, lors de la rĂ©vocation de lâ€?a href="%C3%89dit_de_Nantes.html" title="Édit de Nantes">Ă©dit de Nantes, le chapelain de l'ambassade de Hollande, Marcus Guitton, aurait assurĂ© le culte rĂ©formĂ© dans la chapelle de l’hĂ´tel aujourd’hui disparue[2] (les chapelles des ambassades "protestantes" Ă©taient les seuls lieux oĂą l'on tolĂ©rait l'exercice du culte).

L'hôtel Amelot de Bisseuil, dit des Ambassadeurs de Hollande, fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le [3].

Histoire

À l'emplacement de l'hôtel Amelot de Bisseuil se dressait l'hôtel de Rieux, du nom de Jean II de Rieux, qui combattit aux côtés de du Guesclin. Son fils, Pierre de Rieux, qui assista Jeanne d'Arc au siège d'Orléans, l'habita ensuite[4]. Louis Ier d'Orléans, frère cadet du roi Charles VI, fut assassiné à proximité de l'hôtel en 1407 par les partisans du duc de Bourgogne, Jean sans Peur[5]. Son cadavre fut transporté à l'hôtel de Rieux par son écuyer.

La demeure fut ensuite celle de François de Hardy, mari d'Henriette de Coulanges, tante de la marquise de Sévigné. En 1638, il la vendit à Denis Amelot de Chaillou qui entreprit une reconstruction totale. C'est probablement de l'hôtel de Rieux que l'hôtel Amelot de Chaillou doit cette particularité d'avoir deux cours. L'entrée de l'hôtel de Rieux donnait sur la rue des Guillemites.

C'est le fils de Denis Amelot de Chaillou, Jean-Baptiste Amelot, vicomte de Bisseuil, Maître des requêtes, qui reprit le chantier après la mort de Denis. En préface des planches qu'il a gravées concernant cet hôtel, l'architecte Pierre Cottard a écrit que le vicomte « fit commencer à raccomoder cette maison le et fut finie au même temps 1660 ». Jean-Baptiste meurt en 1689 et l'hôtel revient à celle de ses filles qui est mariée à Jean-Baptiste du Deffand, dont le fils épousa celle qui devint dès lors Madame du Deffand. En 1711, Claude Miotte, secrétaire du roi Louis XIV, achète l'hôtel.

L'hôtel de Pierre Cottard a été assez bien conservé malgré les transformations faites par l'architecte Louis Le Tellier, en 1759. Ce dernier a supprimé le grand escalier.

En 2010, l'hôtel est acheté 38 millions d'euros par la société immobilière Acanthe Développement (comprenant quinze places de stationnement au premier et second sous-sols d'un immeuble mitoyen)[6]. De 2014 à 2016, un important travail de ravalement et restauration est entrepris (façades extérieures, décorations intérieures, boiseries, peintures et dorures) pour un peu plus de 2 millions d'euros[7].

Il a ensuite été revendu 69 millions d’euros à un investisseur belge qui souhaite y créer un hôtel de luxe. Après les travaux qui ont débuté en 2017, l’hôtel devrait ouvrir ses portes en 2022 : il sera d'une dizaine de suites[8] - [9].

Architecture

L'hĂ´tel vu depuis la rue Vieille-du-Temple.

L’hôtel est dû à l'architecte Pierre Cottard, architecte de Louis XIV, à qui Denis Amelot confia le chantier.

Extérieur

Du fait de la faible profondeur de la parcelle, l'hôtel possède deux cours et non l'organisation classique « entre cour et jardin ». La première est une cour d'honneur étroite avec balcon à balustres de pierre et elle donne sur l’entrée principale par la rue Vieille-du-Temple. Au faîte des façades sobres, des figures d'enfants en gaîne soutiennent la corniche. Quatre panneaux présentant des cadrans solaires dus au père Truchet sont disposés entre les fenêtres. La seconde cour, plus grande que la première, reliée à elle par un passage voûté, offre une façade percée de quatre niches ornées de statues, et donne sur la rue des Guillemites[1]. Les statues représentent les vertus (force, vérité, prudence, justice, vigilance, sagesse), ainsi que l'aurore et le crépuscule. Une terrasse, au 1er étage, donne sur la seconde cour.

Bas-relief de Thomas Regnaudin.

La façade qui donne sur la rue Vieille-du-Temple offre un arc en plein cintre qui entoure un bas-relief reprĂ©sentant deux renommĂ©es, deux divinitĂ©s ailĂ©es, sculptĂ©es par Thomas Regnaudin (1660 ; on lui doit aussi la Galerie d'Apollon, au Louvre). Ce ne sont pas des anges mais l'avatar des « dĂ©esses aux cent yeux et aux cent bouches », armĂ©es de « divines trompettes », les fameuses trompettes de la renommĂ©e. La porte d'entrĂ©e est Ă©galement ornĂ©e de tĂŞtes de MĂ©duse, jeunes femmes Ă  la chevelure de serpents. CĂ´tĂ© cour, le fronton est aussi dĂ©corĂ© : en sculpture se trouvent les fondateurs de Rome, Romulus et RĂ©mus, en compagnie de leur louve nourricière.

« Toutes les façades du côté de cette première cour sont chargées de cadrans à Soleil d'une invention toute singulière » Germain Brice , 1684. Il y a sur ces deux façades sud et nord, un ensemble de sept cadrans « très curieux et très savants.[..] Ils constituent une richesse de notre patrimoine national »[10]. L'ensemble des cadrans a fait l'objet d'une restauration en 2016 sous la conduite de Denis Savoie[11].

La façade donnant sur la rue des Guillemites est rénovée entre 1997 et 2000 sous le contrôle de Jean-François Lagneau, architecte en chef des Monuments historiques[12].

Intérieur

Le bâtiment historique reprĂ©sente une surface de 1 718 m2, flanquĂ© d'un immeuble plus moderne de 794 m2, et de 270 m2 de sous-sols. Il est classĂ© monument historique depuis 1924. L'intĂ©rieur conserve des pièces exceptionnelles avec boiseries, peintures et plafonds (cf. photos sur ). Une partie des dĂ©corations intĂ©rieures est classĂ©e au titre des Monuments historiques. La galerie de PsychĂ© tire son nom des reprĂ©sentations artistiques du personnage mythologique. Le plafond, peint par Michel Corneille l'Ancien, figure L'ApothĂ©ose de PsychĂ© au centre et Mercure et PsychĂ© et PsychĂ© enlevĂ©e par les ZĂ©phyrs aux extrĂ©mitĂ©s. Le trumeau de la cheminĂ©e reprĂ©sente la Toilette de PsychĂ©. Le plafond du salon de Flore a Ă©tĂ© dĂ©corĂ© par Joseph-Marie Vien au XVIIIe siècle). La chambre Ă  l'italienne a Ă©tĂ© reconstituĂ©e Ă  la fin du XXe siècle Ă  partir de planches gravĂ©es d'après les dessins de Cottard. Ne sont d'origine dans cette pièce que la cheminĂ©e et le plafond peint par Louis de Boullogne qui y a reprĂ©sentĂ© Les Noces d'Hercule et d'HĂ©bĂ©.

La Bruyère n'hĂ©sita pas Ă  railler l'hĂ´tel dans ses Caractères : « Un bourgeois aime les bâtiments, il se fait bâtir un hĂ´tel si beau si riche et si ornĂ©, qu'il est inhabitable ; le maĂ®tre, honteux de s'y loger, ne pouvant se rĂ©soudre Ă  le louerâ€?se retire en galetas oĂą il achève sa vie ».

Résidents célèbres

C'est dans la chapelle de l'hôtel que Mademoiselle Necker, future Madame de Staël fut baptisée en 1766[4].

Le , pour 6 600 livres par an, Beaumarchais loue l'hĂ´tel entier. Il y fonda la maison Roderiguez, Hortalez et Cie, une compagnie maritime fictive subventionnĂ©e par les gouvernements français et espagnol, pour fournir aux colons amĂ©ricains insurgĂ©s contre le gouvernement anglais, des armes et autres biens de première nĂ©cessitĂ©[13]. Beaumarchais y habite alors avec Marie-ThĂ©rèse Willer-Mawlaz qu'il Ă©pouse en troisièmes noces, lĂ©gitimant ainsi la naissance de leur fille EugĂ©nie. Il y a Ă©crit Le Mariage de Figaro (1778), pièce si osĂ©e qu'elle ne fut jouĂ©e que six ans après. Il y composa aussi Tarare, donnĂ© Ă  l'OpĂ©ra en 1787. Il dĂ©mĂ©nagea la mĂŞme annĂ©e.

En 1924, l'hôtel fut acheté aux héritiers Lecoq par le pionnier de la TSF, Paul Brenot, et son épouse née Bredin. Paul Brenot en entreprit la restauration et la poursuivit après la mort de son épouse, lorsque l'hôtel fut transmis aux héritiers de cette dernière, M. et Mme Lemaire[14].

En 1951, Paul-Louis Weiller (industriel et ancien « as de l'air Â» de la Première Guerre) s'en rend propriĂ©taire et engage des travaux, que son fils Paul-Annick poursuit jusqu'en 1998, date de sa mort[15]. Pendant cette pĂ©riode se succèdent des invitĂ©s prestigieux, du prĂ©sident Nixon au prince Charles, en passant par Sophia Loren et Charlie Chaplin. Paul-Louis Weiller Ă©tait rĂ©putĂ© pour sa prodigalitĂ©, Ă  tel point que Greta Garbo le baptisa « Paul-Louis XIV Â». Il y installe la Fondation Paul-Louis-Weiller dont le but est l'aide aux artistes dans le besoin ; un restaurant populaire y est hĂ©bergĂ© : plus de 500 000 repas y sont servis[16].

En 2003, plusieurs scènes de la télésérie les Liaisons dangereuses de Josée Dayan y ont été tournées.

  • Porte de l’entrĂ©e principale (47, rue Vieille-du-Temple).
    Porte de l’entrée principale (47, rue Vieille-du-Temple).
  • Deux angelots sur l'un des cartouches de la porte principale.
    Deux angelots sur l'un des cartouches de la porte principale.
  • Gorgone ou mĂ©duse de la porte principale.
    Gorgone ou méduse de la porte principale.
  • Première cour, dĂ©tail.
    Première cour, détail.
  • Première cour, fronton du revers de l'entrĂ©e principale reprĂ©sentant Romulus et RĂ©mus par Thomas Regnaudin.
    Première cour, fronton du revers de l'entrée principale représentant Romulus et Rémus par Thomas Regnaudin.
  • Première cour, dĂ©tail.
    Première cour, détail.
  • Première cour, dĂ©tail.
    Première cour, détail.
  • Seconde cour, mur nord.
    Seconde cour, mur nord.
  • Seconde cour, bâtiment vers la rue des Guillemites.
    Seconde cour, bâtiment vers la rue des Guillemites.

Notes et références

  1. Jean-Marie PĂ©rouse de Montclos, Ă©diteur, Le Guide du Patrimoine Paris, Hachette, 1994.
  2. Isabelle Brassart et Yvonne Cuvillier, Le Guide du Promeneur. 4e arrondissement, Paris, Parigramme, , 240 p. (ISBN 2-84096-003-6), p. 132.
  3. Notice no PA00086270, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  4. Belles demeures de Paris, Claude Frégnac, Hachette Réalités, (ISBN 9782010038686), 1987.
  5. (Brassart et Cuvillier 1993, p. 133)
  6. JBL, "Un hĂ´tel particulier Ă  38 millions d'euros". Figaro Magazine, 27/11/2010, p. 168.
  7. « Acanthe DĂ©veloppement : Information financière annuelle 2015 Â», euroinvestor.fr.
  8. « L'hôtel des Ambassadeurs de Hollande », sur Paris Promeneurs, (consulté le ).
  9. Éric Le Mitouard, « Paris : les travaux de l’hôtel Amelot, calvaire du voisinage », sur leparisien.fr, (consulté le ).
  10. In Cadrans solaires de Paris, Gotteland et Camus, CNRS Editions, Paris 1993-1997
  11. http://michel.lalos.free.fr/cadrans_solaires/autres_depts/paris/cs_paris_04_amb_hol.html Cadrans solaires
  12. « Ce palais du Marais en passe d'ĂŞtre vendu Â», Le Parisien, 6 juillet 2010.
  13. « Lieux de mémoire américains à Paris », sur usembassy.gov (consulté le ).
  14. Paul Brenot, Un vieil hôtel du Marais, du XIVe au XXe siècle, Paris, André Tournon et cie, 1939, p. 28.
  15. New York Times.
  16. LUXE IMMO, « Hôtel des ambassadeurs de hollande », sur luxe-immo.com via Wikiwix (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

  • Jacques-François Blondel, Architecture françoise, ou Recueil des plans, Ă©lĂ©vations, coupes et profils des Ă©glises, maisons royales, palais, hĂ´tels & Ă©difices les plus considĂ©rables de Paris, tome 2, p. 153-155, chez Charles-Antoine Jombert, Paris, 1752-1756. Lire en ligne.
  • Paul Brenot, Un vieil hĂ´tel du Marais, du XIVe au XXe siècle, Paris, AndrĂ© Tournon et cie, 1939.
  • Nicolas Courtin, « L'HĂ´tel Amelot de Bisseuil Â», mĂ©moire de maĂ®trise, Paris-IV, dir. Antoine Schnapper, 1995.
  • Nicolas Courtin, « L'HĂ´tel Amelot de Bisseuil au Marais Â», p. 55-61, Revue de l'Art, annĂ©e 1998, no 122. Lire en ligne.
  • Sous la direction de Jean-Marie PĂ©rouse de Montclos, Le guide du patrimoine Paris, p. 95-96, Hachette, Paris, 1994 (ISBN 978-2-01-0168123)

Article connexe

Lien externe

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