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Patrick Geddes

Sir Patrick Geddes (nĂ© le Ă  Ballater, Aberdeenshire, Écosse et mort le Ă  Montpellier)[1] est un biologiste et sociologue Ă©cossais, connu aussi comme un prĂ©curseur dans de nombreux domaines, notamment l’éducation, l’économie, l’urbanisme, la gĂ©ographie, la musĂ©ographie et surtout l’écologie[2].

Patrick Geddes
Portrait de Patrick Geddes
Biographie
Naissance
Ballater
DĂ©cĂšs (Ă  77 ans)
Montpellier
Nationalité Britannique et française
Conjoint Anna Geddes (en)
Enfants Arthur Geddes (d) et Norah Geddes (en)
Auteurs associés
Influencé par Thomas Henry Huxley

Il entretint des rapports d’amitiĂ© ou Ă©pistolaires avec plusieurs grands penseurs de son temps, tels Thomas Huxley, John Dewey, Pierre Kropotkine, Charles Darwin, Henri Bergson, Mahatma Gandhi, Rabindranath Tagore, Albert Einstein. Il fut anobli en 1932, peu avant sa mort, pour « services rendus Ă  l’éducation », aprĂšs avoir refusĂ© le titre de Knight en 1912, « pour raisons dĂ©mocratiques »[3].

Francophone et trĂšs francophile depuis ses annĂ©es d’études Ă  Roscoff auprĂšs de Lacaze-Duthiers qui dirigea sa soutenance de thĂšse Ă  la Sorbonne dans les annĂ©es 1870, il a fondĂ© en 1924 un troisiĂšme CollĂšge des Écossais Ă  Montpellier. Il avait Ă©galement acquis le chĂąteau d'Assas afin d’en faire un centre d’études consacrĂ© Ă  l’urbanisme, mais ce projet est pratiquement restĂ© Ă  l’état d’ébauche interrompue sans suite aprĂšs son dĂ©cĂšs en 1932, jusqu’à ce que l’Association Patrick Geddes France le relance Ă  partir de [4] - [5].

Enseignant atypique

TrĂšs douĂ© pour les Ă©tudes, qui Ă©taient « all studies were fish for his net »[6] (traduit par : « comme des poissons Ă  prendre pour ses filets »), Geddes fut un contemporain de Darwin, et Thomas Huxley dit de lui qu’« il honora tous ses professeurs en les surpassant »[6]. Bien que trĂšs critique envers le systĂšme scolaire et universitaire, dont il ne brigua jamais aucun diplĂŽme[7], il enseigna la zoologie Ă  l’UniversitĂ© d’Édimbourg de 1880 Ă  1888, la botanique Ă  l’UniversitĂ© de Dundee de 1888 Ă  1919 et la sociologie Ă  l’UniversitĂ© de Bombay, de 1919 Ă  1924.

Parmi de nombreuses affinitĂ©s avec le poĂšte bengali Rabindranath Tagore, Geddes partage la passion de l’enseignement et le respect de l’enfance. « Plus la science psychologique progresse, et plus elle permet de mesurer et d’approfondir non seulement l’influence fondamentale des parents et des ancĂȘtres, l’importance des conditions initiales, mais aussi la signification des Ă©motions et des songes d’enfants, de leurs rĂȘves et de leurs actions[8] ».

By Doing We Learn, c’est en faisant que l’on apprend

Toute sa vie durant et partout oĂč il vivra, Geddes va dĂ©velopper des formes variĂ©es d'Ă©ducation populaire pluridisciplinaire, en diffusant avec enthousiasme des connaissances thĂ©oriques et pratiques dĂ©bordant le strict cadre des spĂ©cialitĂ©s acadĂ©miques.

EngagĂ© comme professeur de botanique Ă  l'UniversitĂ© de Dundee, il se jette avec entrain dans l'organisation de son dĂ©partement : « puisque c'est le plus modeste de toutes les universitĂ©s du Royaume, il ne sera pas difficile d’en faire le plus parfait »[6]. C'est principalement dans cette ville, qui compte le plus grand nombre d’étudiants de tout le Royaume-Uni, qu’il va concevoir l’essentiel de ses idĂ©es sur la planification urbaine, town planning. Inextricablement liĂ© Ă  la justice sociale, l’urbanisme de Geddes vise toujours Ă  faire contribuer activement les habitants Ă  l’entretien, l’amĂ©lioration et la gestion de leur environnement. Une conception qu’il va dĂ©velopper et enrichir par sa pratique au Royaume-Uni et Ă  l’étranger, dans le souci constant d’équilibrer le respect de la nature avec celui des cultures locales.

Certain que « l’éducation est le moteur du changement social et d’une citoyennetĂ© active »[7], Patrick Geddes fonde son enseignement non seulement sur la lecture ou les cours magistraux mais aussi sur la pratique, By Doing We Learn, c’est en faisant que l’on apprend. Il va ainsi impulser partout oĂč il vit des activitĂ©s de plein air sous le signe de sa devise « combinant respectivement hand, heart, and head, la main, le cƓur et la tĂȘte »[7] : crĂ©ation dans les espaces urbains dĂ©laissĂ©s[9] de jardins d’agrĂ©ment, botaniques et potagers, visant non seulement Ă  produire de la nourriture localement, mais aussi Ă  Ă©tudier et observer la biodiversitĂ©, les formes de la vie et les changements saisonniers, tout en renforçant la cohĂ©sion sociale par la prise de conscience Ă©cologique et la participation des habitants de tous Ăąges.

Selon Lewis Mumford, parmi « toutes les contributions rĂ©volutionnaires de Patrick Geddes Ă  la planification, ce qui le distinguait de l’administrateur, du bureaucrate ou de l’homme d’affaires, c’était « son dĂ©sir de laisser une partie essentielle du processus aux mains de ceux qui vont l’utiliser : les consommateurs et les citoyens »[10]. Mumford a hĂ©ritĂ© aussi du respect de Geddes pour le savoir populaire ou prĂ©moderne[11] ».

Décaler le regard pour mieux réapprendre à voir

MusĂ©e, laboratoire, universitĂ©, autant d’institutions que Geddes va Ă©galement rĂ©volutionner en les synthĂ©tisant dans son Outlook Tower (en), monument phare de la rĂ©novation de l’Old Town d’Édimbourg[12], assez diffĂ©rent de l’attraction touristique qu’il est devenu. Telle qu’elle fut inaugurĂ©e en 1892 en plein centre historique, cette tour d’observation surmontĂ©e d’une camera oscura est considĂ©rĂ©e en effet comme le premier laboratoire de sociologie au monde[13], conçue Ă  la fois comme modĂšle de prĂ©servation d’un Ă©difice ancien et espace d’anticipation, conservatoire d’histoire locale et lieu ouvert oĂč penser la ville et son environnement depuis une multiplicitĂ© des points de vue, optiques et thĂ©matiques.

Patrick Geddes (Ă  32 ans), vers 1886

« AppelĂ©e alternativement Regional Tower, Index ou Civic Museum, Thinking Machine, Graphic Encyclopaedia, Geographic Exhibition, Sociological, Civic ou Geotechnic Laboratory »[14]
 elle est ainsi dĂ©crite en 1917 dans une recension en français de Cities in Evolution, l’ouvrage encyclopĂ©dique de Geddes paru Ă  Londres deux ans plus tĂŽt : « Ses six Ă©tages superposĂ©s reprĂ©sentent dans leur empilement comme une sĂ©rie de cercles concentriques dont les destinations vont en se rĂ©trĂ©cissant, depuis le rez-de-chaussĂ©e, consacrĂ© au monde entier, ou le premier Ă©tage, attribuĂ© Ă  l’Europe, jusqu’au cinquiĂšme Ă©tage, rĂ©servĂ© Ă  la citĂ© mĂȘme, surmontĂ© d’une terrasse et d’une chambre obscure qui projette sur un Ă©cran tabulaire la perspective animĂ©e de ce centre rĂ©gional de l’étude mondiale »[15].

DĂ©routant d’emblĂ©e toute possible routine, « Geddes invitait les visiteurs Ă  grimper rapidement les cinq volĂ©es de marches pour arriver directement Ă  la base de la tourette octogonale et emprunter tout de suite un autre escalier interne, en bois, qui conduisait Ă  une petite terrasse d’oĂč il Ă©tait enfin possible d’admirer Ă  l’Ɠil nu, Ă  80 pieds du sol et sur 360°, le panorama de la ville[16] ». RĂ©sultat, « Personne ne peut mieux donner vie Ă  la Tour que Patrick Geddes. Lorsqu’il est prĂ©sent, les visites sont mĂ©morables. S’il s’absente trop longtemps, la Tour pĂ©riclite. Si le petit opuscule A First Visit to the Outlook Tower — peut-ĂȘtre un des textes les plus aboutis sur le sujet — sort en 1906, c’est parce qu’en l’absence de Geddes elle peine Ă  trouver son public »[14].

En plus de celle qu’il avait projetĂ© avec ÉlisĂ©e Reclus d’édifier sur la colline de Chaillot, « afin d’avoir une vue sur Paris »[3] pour l’Exposition Universelle de 1900[Note 1], Geddes amĂ©nage deux autres Outlook Towers en France, l'une au CollĂšge des Écossais qu’il fonde Ă  Montpellier en 1924, et l'autre « Ă  Domme, en Dordogne, achevĂ©e en 1937 par Paul Reclus. Les tours de Geddes veulent Ă©duquer l’outlook, le regard de l’observateur. [
] Elles sont conçues en opposition Ă  la conception et Ă  la finalitĂ© des musĂ©es de son Ă©poque : exposer de riches collections pour une Ă©lite cultivĂ©e et imposer le style antiquisant. Elles sont tout au contraire un outil d’émancipation sociale, ouvert Ă  un large public et Ă  ses prĂ©occupations ; qui plus est, un Ă©lĂ©ment unificateur de la ville. [
] Cette conception didactique se perçoit dans d’autres projets, des jardins botaniques ou zoologiques tel celui d’Édimbourg, ouvert en 1913[17] ».

RĂ©ciproquement, sa participation Ă  la crĂ©ation du Jardin zoologique d’Édimbourg (en) va s’avĂ©rer trĂšs formatrice en termes de planification, notamment pour concevoir les interactions complexes entre biogĂ©ographie, gĂ©omorphologie et systĂšmes anthropiques au niveau d’une rĂ©gion[18].

Pionnier de l’écologie

Il est le premier Ă  avoir mis en Ă©vidence la nĂ©cessitĂ© de prĂ©server autour des villes des ceintures vertes[19], Ă  la fois maraĂźchĂšres et d’agrĂ©ment, notion qui va considĂ©rablement influencer le mouvement des citĂ©s-jardins fondĂ© par Ebenezer Howard, prĂ©conisant entre autres de limiter la taille des villes afin de maintenir des Ă©changes vivants entre la citĂ©, les terres agricoles et les espaces naturels alentour. Pour approfondir l’analyse d’une civilisation complĂštement dĂ©pendante de l’extraction de la houille, c’est Ă  Geddes que Lewis Mumford emprunte les termes d’« Ăšre palĂ©otechnique » et de « citĂ© carbonifĂšre », parmi plusieurs autres concepts essentiels Ă  l’instar de biorĂ©gionalisme, conurbation[20] ou « nĂ©otechnique », mais aussi « cosmodrame », « biodrame », « technodrame », « polidrame » et « autodrame » qui, selon Geddes, « fournissent le scĂ©nario et le dĂ©cor de l’existence humaine »[21].

« Par « palĂ©otechnique », Geddes entendait le gĂąchis de la rĂ©volution industrielle : l’exploitation effrĂ©nĂ©e des ressources naturelles et humaines, des paysages dĂ©vastĂ©s, des villes mĂ©galopolitaines pleines d’usines, de bureaux et de taudis, des vies humaines jamais dĂ©veloppĂ©es. Quant Ă  la « nĂ©otechnique », elle signifiait : Ă©nergies non polluantes et le besoin de rĂ©concilier l’utile et le beau, l’agglomĂ©ration urbaine et le paysage naturel ou liĂ© Ă  un labeur primaire. Par « biotechnique », il entendait les moyens pour promouvoir une pensĂ©e vive et vivifiante, qui ouvrirait la porte Ă  des existences plus Ă©panouies. Et, enfin, la gĂ©otechnique devait ĂȘtre l’étude qui permettrait Ă  l’ĂȘtre humain d’apprendre comment habiter pleinement la terre »[22].

Quant Ă  l’architecture du paysage, Geddes est considĂ©rĂ© comme le premier en Europe Ă  l’avoir pratiquĂ©e en se dĂ©finissant comme architecte de paysage, tandis que ces termes Ă©taient utilisĂ©s aux États-Unis par la firme de Frederick Law Olmsted[23]. Il concevait un parc urbain pratiquement comme une « cathĂ©drale laĂŻque pour la citĂ© », un Ă©cosystĂšme Ă©quilibrĂ© entre passĂ© et prĂ©sent qui laisse le futur ouvert, tout en permettant de dĂ©velopper le sens civique des habitants, Ă  l’égal du musĂ©e ou de l’universitĂ©[24].

Conservative Surgery, chirurgie conservatrice

Si Geddes fait Ă©voluer les cadres institutionnels, il transpose aussi les concepts Ă  travers les champs du savoir. Partant de « la symbiose, un processus biologique d’interactions mutuelles entre espĂšces diffĂ©rentes pour un bĂ©nĂ©fice commun [
] Geddes transfĂšre ce processus vers une symbiose sociĂ©tale, afin de rĂ©gĂ©nĂ©rer le paysage de la Vieille ville d’Édimbourg, qui s’était graduellement dĂ©tĂ©riorĂ© en taudis[25] ». Et ce transfert conceptuel, de la biologie Ă  la sociologie, n’est pas le seul qu’il va rĂ©aliser trĂšs concrĂštement, d’une discipline Ă  l’autre et du laboratoire au terrain, tout au long de cette rĂ©novation urbaine qu’il dĂ©finit comme «chirurgie conservatrice», ancrĂ©e dans son contexte d’origine.

« Le caractĂšre local ne reprĂ©sente pas simplement un caractĂšre pittoresque accidentel, comme le pensent et le disent ses imitateurs. On l’atteint seulement Ă  la suite d’une comprĂ©hension et d’un traitement appropriĂ©s de l’ensemble de l’environnement, Ă  travers l’acquisition d’un vif sentiment de la vie essentielle et caractĂ©ristique du lieu en question »[26].

Dans le souci constant d’apprĂ©hender la vie dans son ensemble, Life As a Whole, le biorĂ©gionalisme applique ainsi trĂšs directement sa devise Think Globally, Act Locally (traduit par : penser globalement, agir localement) en relevant d’une Ă©cologie qui intervient toujours avec, jamais contre la nature, toujours en harmonie avec le tissu de la vie, the web of life. « Les enquĂȘtes de terrain rĂ©gionales deviennent des diagnostics avant traitement, faits par un mĂ©decin de l’environnement, un rĂ©gionalisme bio-social qui prend en compte l’Homme dans la Nature[25] ». Et par une autre de ses devises cĂ©lĂšbres, By Leaves We Live, Patrick Geddes rappelle l’importance vitale du vĂ©gĂ©tal.

« C’est par les feuilles que nous vivons. Certains ont l’idĂ©e Ă©trange que ce serait la monnaie qui les fait vivre. Ils croient que l’énergie est gĂ©nĂ©rĂ©e par la circulation de l’argent. Alors que le monde est essentiellement une gigantesque colonie de feuillage, se dĂ©veloppant et formant non seulement une masse minĂ©rale mais une vĂ©ritable terre de feuilles. Ce n’est pas le tintement des piĂšces qui nous fait vivre mais bel et bien la plĂ©nitude de nos moissons »[27].

Écologie de la ville, Ă©conomie de l’environnement

« Patrick Geddes (qui considĂ©rait que l’argent manquait moins que les idĂ©es) ne s’est jamais laissĂ© arrĂȘter par des contingences financiĂšres lorsqu’il s’agissait de lancer des projets lui tenant Ă  cƓur »[28]. Cette volontĂ© de placer systĂ©matiquement la finance au service des humains, des connaissances et de l’environnement, qui avait tant frappĂ© les frĂšres Reclus dĂ©couvrant la rĂ©novation de l’Old Town, resta intrinsĂšque aux projets que Geddes impulsa toute sa vie, mĂȘme si elle ne lui permit pas toujours d’aboutir.

Et le rappel de ce principe pourrait s’avĂ©rer utile dans le cadre d’une Ă©conomie de l’environnement, de l’énergie et du gaspillage qui ne se rĂ©duirait pas Ă  tout financiariser. Geddes, en effet, procĂšde lĂ  encore d’un point de vue Ă  la fois prĂ©curseur et original, puisqu’il souligne « la divergence entre l’apparence d’une richesse financiĂšre croissante et la vĂ©ritĂ© de la dissipation Ă©nergĂ©tique », en constatant par exemple que « seule l’énergie obtenue d’une machine Ă  vapeur est comptabilisĂ©e par l’économie, alors que les 90 % dissipĂ©s et perdus Ă  jamais restent invisibles »[29].

En resituant toujours l’économie et dans la sociĂ©tĂ© et dans l’environnement, Geddes rappelle que cette discipline ne peut se limiter Ă  considĂ©rer les Ă©changes en termes quantitatifs mais doit Ă©galement Ă©tudier la nature des interactions et leurs consĂ©quences. Ce qu’il illustre entre autres dans Ruskin Economist (1884), oĂč il prolonge la critique du capitalisme forgĂ©e par John Ruskin trente ans plus tĂŽt dans son Ă©conomie politique de l’art, The Political Economy of Art (1857), jusqu’à une Ă©conomie d’ensemble de la culture, incluant les sciences, la santĂ©, l’environnement et toutes les activitĂ©s humaines :

« L’influence de l'environnement ordinaire excĂšde probablement celle de l’hĂ©rĂ©ditĂ© ou de la fonction. L’importance de la nourriture et de la qualitĂ© de l’atmosphĂšre commence Ă  ĂȘtre reconnue, ainsi que celle de la lumiĂšre. Le jardinier butte le cĂ©leri pour l’attendrir, le zoologiste arrĂȘte les transformations du tĂȘtard en retirant la lumiĂšre, le sphygmographe montre l’accĂ©lĂ©ration du pouls au moindre rayon de soleil ; et le mĂ©decin comme le physiologiste n’hĂ©sitent pas Ă  gĂ©nĂ©raliser et appliquer ces rĂ©sultats au dĂ©veloppement de la vie humaine dans les villes »[30].

Partisan d’une gĂ©ographie Ă©volutive

« Valley Section », 1909.

Geddes partage la conviction de John Ruskin que les processus sociaux et la forme qu'ils prennent dans l'espace sont liĂ©s. En modifiant leur forme, il est donc possible de changer la structure sociale. Cela Ă©tait particuliĂšrement important Ă  la fin du XIXe siĂšcle et au dĂ©but du XXe, lorsque l’industrialisation transformait radicalement les conditions de vie, et on peut considĂ©rer que Geddes a inventĂ© « une grammaire participative pour remĂ©dier aux nuisances de la ville industrielle »[3].

Partant du postulat qu’« Il faut l’ensemble de la rĂ©gion pour faire la ville, c’est ce concept qu’il dĂ©taille dans un schĂ©ma : les versants formant la vallĂ©e sont ponctuĂ©s par divers types d’habitations ou d’urbanisations Ă  chaque Ă©tape de la migration des populations qui descendent des hautes terres vers le fleuve[3] ». Un schĂ©ma qui, contrairement Ă  la notion technique de bassin versant, n’exclut ni les apports culturels ni la configuration naturelle du paysage. D’ailleurs, « La coupe de la VallĂ©e de Geddes est Ă©galement influencĂ©e par Histoire d’un ruisseau, Ă©crit par son ami ÉlisĂ©e Reclus, figure marquante de l’école de gĂ©ographie humaine française »[25]. AprĂšs avoir visitĂ© l’Écosse, le gĂ©ographe anarchiste et son frĂšre, l’anthropologue Élie Reclus, publient en 1904 un texte Ă©logieux sur Geddes et ses rĂ©alisations.

« L’enseignement du biologiste s’est rĂ©pandu en dehors de l’universitĂ© et, sous son influence, se forment des groupes d’amateurs enthousiastes, sociĂ©tĂ©s d’ouvriers botanisant le dimanche, qui connaissent admirablement la flore locale et la respectent ; ils refusent mĂȘme d’herboriser avec les malencontreux personnages qui s’obstinent Ă  arracher des plantes sous prĂ©texte de collections »[31].

Tout comme les deux frĂšres avec lesquels il va rester ami, Geddes considĂšre en effet la gĂ©ographie comme une science en Ă©volution, qu’il relie toujours trĂšs concrĂštement Ă  l’histoire du lieu et Ă  son contexte sociologique, mais aussi botanique, zoologique et gĂ©ologique, Ă  partir de l’enquĂȘte sur le terrain, Regional Survey, minutieuse et pluridisciplinaire.

Révéler le génie du lieu

« Dans le cadre du projet pour Dunfermline, j’ai fait des suggestions prĂ©cises en vue de la rĂ©alisation d’une CitĂ© idĂ©ale, y compris des plans architecturaux permettant son exĂ©cution, en sorte que l’on voit combien l’étude locale et une planification adaptative sont nĂ©cessaires pour chaque ville en particulier, voire pour chaque point de chaque ville. C’est ainsi et ainsi seulement que nous pouvons espĂ©rer parvenir Ă  un dĂ©veloppement rĂ©ellement Ă©volutif, c’est-Ă -dire tenant compte des particularitĂ©s locales, des avantages et des possibilitĂ©s en termes de lieu, activitĂ©s, habitants, place, occupation, and people »[32].

Dans cette confĂ©rence de 1904, Ă  laquelle assiste Ă©galement Ebenezer Howard, Geddes insiste Ă  plusieurs reprises sur la notion de design, en lui attribuant le sens qu’on lui connaĂźt actuellement, Ă  la fois graphique (dessin) et conceptuel (dessein, programme). Le projet pour Dunfermline concerne la ville d’origine du milliardaire Andrew Carnegie, la fondation du cĂ©lĂšbre mĂ©cĂšne ayant fait appel Ă  Geddes et Ă  Thomas Mawson (en), autre architecte paysagiste, pour concevoir l’amĂ©nagement d’un vaste terrain acquis Ă  cet effet. MĂȘme si aucun de ces projets ne fut finalement retenu, tous deux influencĂšrent considĂ©rablement le dessin de l’actuel parc Pittencrieff (en) et restent des modĂšles en la matiĂšre, celui de Geddes se caractĂ©risant par son refus de tout Ă©litisme. Pour lui, en effet, « L’objectif n’est pas d’ennoblir le cadre de vie des Ă©lites et des classes moyennes. Il est de donner Ă  tous des conditions de vie dĂ©centes, et de les ouvrir Ă  la culture»[33] ».

Un art de l’urbanisme exemplaire

EnquĂȘte prĂ©liminaire approfondie et pluridisciplinaire, souci de l’équilibre entre espaces naturels et surfaces bĂąties, attention portĂ©e aux approvisionnements en Ă©nergie, participation des habitants Ă  l’amĂ©nagement et Ă  l’entretien de lieux autogĂ©rĂ©s, respect de l’histoire et des cultures rĂ©gionales, c’est probablement dans le domaine de l’urbanisme que l’influence thĂ©orique et pratique de Geddes va s’avĂ©rer la plus marquante.

« Il conceptualise cet urbanisme sous le terme savoureux de « Demopolis » (en opposition Ă  des villes susceptibles de devenir des « Tyrannopolis »). La Ville est celle qui possĂšde une carte avec une population qui se gouverne elle-mĂȘme depuis sa mairie mais qui exprime aussi les idĂ©es spirituelles qui gouvernent sa vie, comme autrefois sur l’ancienne acropole ou dans l’église et la cathĂ©drale mĂ©diĂ©vale »[3].

Couverture du Master Plan for Tel Aviv, rapport publié en 1925.

La rĂ©novation du centre historique d’Édimbourg reste sa rĂ©alisation la plus connue. Durant une quinzaine d’annĂ©es, cette entreprise s’imbrique Ă©troitement Ă  son histoire personnelle, puisque c’est lĂ  que Geddes s’installe en 1886 avec Anna Morton, qu’il vient d’épouser aprĂšs avoir fondĂ© avec elle une organisation philanthropique pour la rĂ©habilitation de la vieille ville, alors rĂ©duite Ă  l’état de taudis. « Pour Geddes, l’environnement architectural historique est d’ordre vital, il est la mĂ©moire collective de la ville, une mĂ©moire qui enracine les habitants dans le sol de leur expĂ©rience, car sans passĂ©, il n’y a pas de devenir »[34].

Anna « est trĂšs impliquĂ©e dans le travail social d’Octavia Hill et dans le mouvement de libĂ©ration des femmes. Elle est, d’aprĂšs Ph. Mairet[35] le biographe de Geddes et A. Geddes leur fils, un des soutiens constants de l’action de Geddes »[3]. C’est donc avec sa contribution active et celle de leurs trois enfants qu’il va non seulement rĂ©nover l’Old Town de façon exemplaire mais le transformer, via les Summer Meetings, en un centre majeur de la culture, des sciences et des arts au rayonnement international.

Avec son fils Arthur nĂ© en 1895, qui Ă©pousera Jeannie Colin, petite-fille d’ÉlisĂ©e Reclus, il va travailler entre autres sur des projets d’urbanisme en Palestine. Fin 1910, en effet, « il est chargĂ© par l’Organisation sioniste de dessiner et de concevoir les plans de l’UniversitĂ© hĂ©braĂŻque de JĂ©rusalem, des jardins pĂ©riphĂ©riques des villes de JĂ©rusalem et de HaĂŻfa, ainsi que d’un certain nombre de colonies dans diffĂ©rents endroits[36] ». Il retournera en Palestine en 1925 et y dessinera un plan d’ensemble pour la ville de Tel-Aviv.

Alasdair, l’aĂźnĂ© des fils, va ĂȘtre tuĂ© sur le front en 1917, tandis que ses parents sont installĂ©s en Inde. Sa mĂšre Anna, dĂ©jĂ  trĂšs malade, ne lui survit que deux mois, sans que Patrick soit parvenu Ă  lui annoncer le dĂ©cĂšs de leur fils[27].

Norah, l’aĂźnĂ©e de leurs enfants, Ă©pouse l’architecte Frank Mears (en), avec lequel Patrick Geddes collabore sur divers projets et auquel il va commander le plan du pavillon des Indiens pour le CollĂšge des Écossais qu’il fonde Ă  Montpellier en 1924.

Savant complet

Tout au long de sa vie, Geddes thĂ©orise et met en pratique une approche pluridisciplinaire des savoirs, qui relie les sujets d’étude et les thĂ©matiques pour les faire dialoguer indĂ©pendamment des compartiments universitaires. « Son modĂšle n’est jamais le collectionneur ou le spĂ©cialiste acadĂ©mique, mais le curieux fascinĂ© par la variĂ©tĂ© inĂ©puisable de l’expĂ©rience du monde »[37].

Les Summer Meetings, synergie estivale des arts et des sciences

Remarquable musicienne, son Ă©pouse Anna a grandement contribuĂ© Ă  « encourager son intĂ©rĂȘt latent pour les arts et la musique, raffermissant son importance Ă  l’égal de son intĂ©rĂȘt pour les sciences. Ainsi, le souci de dĂ©velopper des communautĂ©s s’adressait autant Ă  leur santĂ© spirituelle que physique. En un temps oĂč les spĂ©cialisations scientifiques devenaient de plus en plus pointues, Geddes au contraire Ă©largissait ses intĂ©rĂȘts gĂ©nĂ©ralistes. Ses idĂ©es d’ensemble Ă©taient Ă©trangĂšres aux scientifiques avec lesquels il avait Ă©tĂ© associĂ© auparavant –ce qui explique peut-ĂȘtre qu’il ne reste pas trace de son nom dans de nombreuses bibliographies scientifiques actuelles– tout en n’étant pas lui-mĂȘme un scientifique. Tandis que ceux-ci progressaient dans la tendance Ă  tout savoir sur presque rien, Geddes dĂ©veloppait ses idĂ©es de communautĂ©s entiĂšres Ɠuvrant ensemble, en dialoguant aussi bien avec des artistes, des musiciens, des poĂštes et mĂȘme des mystiques, tout autant qu’avec des scientifiques. S’appliquant pratiquement Ă  concevoir des villes meilleures, des villes pour tous, des villes oĂč toutes les classes et tous les genres vivent en harmonie »[13].

Toujours sous l’influence de Ruskin, notamment ses Ă©crits « sur la noblesse du travail manuel et sur l’idĂ©al de citoyennetĂ©, [
] Geddes devient membre de l’Association britannique pour la promotion de la science et il assiste aux congrĂšs qui ont lieu dans les annĂ©es qui vont de 1880 Ă  1890 ; c’est lĂ  qu’il acquiert la conviction que arts, lettres et science sont indissociables et ne doivent pas ĂȘtre Ă©tudiĂ©s sĂ©parĂ©ment[36] ». Ainsi, de 1883 Ă  1903, il organise les Summer Meetings of Art and Science. Ces « Rencontres estivales des arts et des sciences », initialement destinĂ©es Ă  la formation des enseignants (en majoritĂ© des femmes) aux sciences naturelles, vont Ă©tendre leurs domaines d’intervention et leur durĂ©e, en attirant chaque annĂ©e des participants toujours plus nombreux de toute l’Europe et d’AmĂ©rique. Cette symbiose entre arts et sciences relĂšve Ă  l’évidence d’une conception qui, Ă  l’instar de celle d’ÉlisĂ©e Reclus[38] ou de William Morris et son mouvement Arts & Crafts, veut intĂ©grer pleinement Ă  la vie quotidienne un art non Ă©litiste, « un art vĂ©cu – non superflu et futile mais vital et indispensable Ă  la communautĂ© »[39]. LĂ  encore, il est en accord avec la vision utopiste de John Ruskin, autre tenant de Arts & Crafts, qu’il soutient dans son essai John Ruskin Economist paru en 1884.

Une revue, des voyages, des expositions itinérantes


En 1895, Geddes lance un trimestriel, The Evergreen, auquel participent de nombreux artistes proches de Arts & Crafts[40] et qui milite pour le mouvement de renaissance de la culture Ă©cossaise. Cette tentative s’inscrit « en rĂ©action Ă  l’hĂ©gĂ©monie de la culture anglaise » et en cohĂ©rence avec l’idĂ©e que « l’unitĂ© naturelle de l’étude gĂ©ographique est la rĂ©gion Ă©conomique [
] comprise en termes de sociĂ©tĂ© globale et non pas d’intĂ©rĂȘt national particulier »[36]. La parution de la revue s’arrĂȘtera aprĂšs quelques numĂ©ros, mais elle aura cependant « contribuĂ© Ă  radicaliser Ă  la fois des artistes et des Ă©crivains Ă©cossais », tandis qu’on retrouvera son « influence dans le principal journal de l’avant-garde, The New Age d’Alfred Orage »[36], hebdomadaire littĂ©raire qui parut Ă  Londres de 1907 Ă  1922.

De 1890 Ă  1913, Geddes fait tourner entre Édimbourg, Londres, Dublin, Belfast et Gand Cities Exhibition, son exposition pionniĂšre sur la planification urbaine dont l’essentiel disparaĂźt en 1914, au dĂ©but de la guerre, dans le naufrage du Clan Grant[41], le vaisseau qui la transporte en Inde. Ses nombreux amis l’aident alors Ă  rassembler du matĂ©riel pour que l’exposition puisse quand mĂȘme ĂȘtre inaugurĂ©e Ă  Madras en , avec seulement deux semaines de retard. La BibliothĂšque nationale d'Écosse a acquis rĂ©cemment des Ă©lĂ©ments rescapĂ©s de Cities Exhibition, essentiellement des photos et des croquis de la ville d’Édimbourg[7].

C’est en Inde que Geddes passe l’essentiel de son temps entre 1915 et 1923. À la demande des autoritĂ©s locales, il y rĂ©alise une dizaine d’études rĂ©gionales et de planification urbaine, « toujours bien reçues mais jamais suivies d’effet. [
] La plus cĂ©lĂšbre de ses Ă©tudes, qui lui demandera par contre plus d’une annĂ©e de travail, porte sur la ville d’Indore : ce sera aussi la seule qui recevra un dĂ©but d’exĂ©cution et Geddes rĂ©ussira de plus dans cette ville Ă  Ă©radiquer la malaria en utilisant les traditions et la culture locale pour convaincre les habitants de rĂ©aliser les travaux d’assainissement nĂ©cessaires »[28]. En 1918, il inaugure Ă  l’universitĂ© de Bombay la chaire de Sociologie et civilisation qu’il a contribuĂ© Ă  fonder et oĂč il enseigne jusqu’en 1924, annĂ©e de son retour en Europe. En 1920, il Ă©crit une biographie de son contemporain Jagadish Chandra Bose, physicien indien Ă  l’origine de plusieurs dĂ©couvertes dans le domaine de l’électromagnĂ©tisme, qui a abandonnĂ© la physique pour se consacrer Ă  la physiologie vĂ©gĂ©tale.

Pacifiste convaincu, Geddes partage Ă©galement les conceptions Ă©ducatives, culturelles et Ă©cologiques de Tagore. C’est ainsi qu’il participe Ă  la fondation de l’universitĂ© internationale Visva-Bharati voulue par Tagore Ă  Santiniketan au Bengale occidental, dans le but de « favoriser les rencontres entre Est et Ouest au bĂ©nĂ©fice de l’humanitĂ© tout entiĂšre ». Leur amitiĂ© va renforcer et multiplier les Ă©changes studieux entre Inde et Écosse[42].

La passion des jardins

De retour en Europe en 1924 aprĂšs avoir perdu son Ă©pouse et un de ses fils, il s'Ă©tablit avec sa fille Norah et son fils Arthur Ă  Montpellier, ville dont les liens avec l’Écosse remontent au Moyen Âge et furent particuliĂšrement florissants au siĂšcle des LumiĂšres[43]. Depuis 1890, Geddes y avait fait plusieurs sĂ©jours auprĂšs de son ami enseignant et biologiste Charles Flahault, avec lequel il avait coutume d‘organiser aussi des Ă©changes Ă©tudiants. Au nord-est du centre-ville, dans le quartier maintenant dit ”Plan des Seigneurs”, il acquiert un pan de colline dont la situation lui « paraĂźt idĂ©ale pour crĂ©er le premier Ă©lĂ©ment d’une CitĂ© universitaire mĂ©diterranĂ©enne sur le modĂšle de la citĂ© internationale de Paris, la taille humaine et le climat mĂ©diterranĂ©en en plus »[28]. Renouant avec ses projets de jeunesse (durant l’exposition universelle de 1900, Geddes avait dĂ©jĂ  tentĂ© de faire renaĂźtre le vieil Ă©tablissement de la rue du Cardinal-Lemoine et d’en crĂ©er un nouveau[22]), il va y fonder un CollĂšge des Écossais visant Ă  organiser « la rencontre et le travail en commun d'Ă©tudiants et de savants de diffĂ©rents pays et de diffĂ©rentes disciplines, en liaison avec l’UniversitĂ© de Montpellier que Patrick Geddes qualifie de Belle au bois dormant et qu’il verrait bien, rĂ©veillĂ©e et en Ă©troite symbiose avec la ville et son environnement, devenir la concrĂ©tisation de son vieux projet d’universitĂ© militante »[28].

MĂȘme si les Ă©changes qu’il envisage avec d’autres Ă©tablissements universitaires, musĂ©es, instituts ou laboratoires ne se rĂ©aliseront jamais vraiment Ă  la hauteur de ces ambitions, Geddes va progresser dans l’agrandissement et l’amĂ©nagement du site avec la construction d’un pavillon des Écossais, d’un pavillon des Ă©tudiants indiens et d’une nouvelle Outlook Tower, au milieu d’un parc formĂ© de jardins botaniques, potagers et thĂ©matiques, mais aussi de « larges bandes et plates-bandes sauvages, en rĂ©serve naturelle pour les buissons, la flore et les herbes locales (avec un “champ Fabre” pour l’observation des insectes), ainsi qu’un jardin minĂ©ral et une carriĂšre. »[44] Un lieu oĂč il s’agit, comme il l’annonce en avant-propos des Chapitres de botanique moderne rĂ©digĂ©s pour ses Ă©lĂšves de l’universitĂ© de Dundee, de (re)dĂ©couvrir « avec un regard d’enfant, une scĂšne aprĂšs l’autre du vĂ©ritable drame de la nature, oĂč la vie interagit avec la vie, et la destinĂ©e avec le tout »[45]. Ainsi, Geddes va rĂ©aliser lĂ  une derniĂšre fois ce que Thierry Paquot considĂšre comme une de ses plus belles inventions, celle du “jardin pĂ©dagogique”[46].

AndrĂ© Schimmerling, qui fut son interprĂšte puis son disciple au CollĂšge avant de devenir Ă  son tour architecte urbaniste et cofondateur de la revue Le CarrĂ© Bleu, est dĂ©cĂ©dĂ© en . Son fils Paul a rappelĂ© alors qu’AndrĂ© Schimmerling considĂ©rait sa rencontre avec Patrick Geddes comme un des Ă©vĂ©nements les plus importants de son existence, qu’il continua d’évoquer tout au long de sa vie : « Tous les matins nous venions jardiner, car le travail manuel faisait partie de l’enseignement. Mon pĂšre m’a montrĂ© les jardins du CollĂšge des Écossais et l’idĂ©al de Patrick Geddes : enseigner les sciences, l’urbanisme et l’art, dans un jardin. “C’est en vivant que nous apprenons” »[47].

À la fois botanique, potager, zoologique, sauvage et studieux, c’est donc au jardin que Geddes a particuliĂšrement ƓuvrĂ© pour la science, pour la justice sociale et pour la paix qui lui sont si chĂšres, en appliquant Ă  la lettre l’ultime sagesse du Candide de Voltaire. « Seule une paix active et constructive est en mesure de rivaliser avec la guerre et sa gloire : l’action. Donc, disait Geddes, la paix signifie un interminable combat contre les maladies et les taudis, l’ignorance et l’injustice Ă©conomique, contre la dĂ©forestation et le gaspillage des ressources naturelles ; la paix signifie, au sens propre comme au figurĂ©, que chacun doit cultiver son jardin »[48].

Une Ɠuvre inĂ©puisable

Le site entier du CollĂšge des Écossais de Montpellier, pavillons et parc, a Ă©tĂ© classĂ© monument historique en [49], alors que la CitĂ© universitaire parisienne Ă©tait auparavant la seule rĂ©sidence Ă©tudiante en France Ă  bĂ©nĂ©ficier de ce classement[50]. Une reconnaissance amplement mĂ©ritĂ©e pour la crĂ©ation d’un homme dont le gĂ©nie Ă  transformer en logements pour Ă©tudiants des Ă©difices en ruine du centre historique d’Édimbourg avait rempli d’admiration les frĂšres Reclus : « Pour ce qui en est de l’Ɠuvre dĂ©jĂ  accomplie, quatre cents jeunes gens sont logĂ©s dans les nouveaux bĂątiments, oĂč ils ont trouvĂ© demeure spacieuse et largement Ă©clairĂ©e, fournie des accommodations hygiĂ©niques. [
] Les Ă©tudiantes se sont organisĂ©es en une sociĂ©tĂ© quasi libertaire »[31].

Cependant, l’importance de son apport en urbanisme a Ă©clipsĂ© d’autres horizons de sa pensĂ©e, au point que l’essentiel de l’Ɠuvre de Geddes reste Ă  explorer, surtout en France et bien qu’il ait Ă©tĂ© toute sa vie un francophile fervent. Suivant « l’exhortation de Charles Withers (en), qui invite Ă  Ă©tudier la gĂ©ographie interne de l’Outlook Tower d’Édimbourg (en) par l’analyse des objets exposĂ©s dans ce musĂ©e gĂ©ographique »[51], on peut s’interroger notamment sur sa critique du systĂšme Ă©ducatif et sur ses reprĂ©sentations du monde en volume « Ă  travers une analyse de sa collaboration avec le rĂ©seau des gĂ©ographes anarchistes : Pierre Kropotkine, Élie, ÉlisĂ©e et Paul Reclus »[51]. En effet, « Dans ses comptes-rendus de l’Exposition de 1900, une large place avait Ă©tĂ© donnĂ©e aux panoramas (StĂ©rĂ©orama, MarĂ©orama, etc.) et Geddes regrettait que dans leur grande majoritĂ© ils aient Ă©tĂ© dĂ©truits ou dispersĂ©s »[14].

En fait, Geddes a explorĂ© sans relĂąche les possibles modalitĂ©s graphiques de diffusion des connaissances, en Ă©laborant des machines Ă  penser[17], en cherchant comment « prĂ©senter sous forme graphique toutes les sciences ainsi que les relations nouĂ©es entre elles, afin de former un vĂ©ritable atlas de la connaissance, un atlas des graphiques (atlas of graphics) ? Et partant de lĂ , de tracer une vĂ©ritable Cartographie de la Vie (Charting of Life) ? »[14]. Outre la fameuse Coupe de la vallĂ©e et ses nombreux autres dessins naturalistes, on peut citer des diagrammes articulant des concepts d’épistĂ©mologie, un arbre de la vie en vitrail[52] au rez-de-chaussĂ©e de l’Outlook Tower d’Édimbourg, « sur lequel sont reprĂ©sentĂ©s la racine commune et toutes les branches de la connaissance »[36], ainsi que les tours d’observation elles-mĂȘmes, les bas-reliefs qui constellent le site du CollĂšge des Écossais Ă  Montpellier, jusqu’à l’architecture paysagĂšre du site.

Il dĂ©finit initialement comme machines Ă  penser le dispositif prĂ©cis qu’il conçut en 1879 lors d’une mission de recherche au Mexique, oĂč il fut frappĂ© de cĂ©citĂ© temporaire. Les schĂ©mas[53] qu’il s’employa alors Ă  tracer pour exercer sa mĂ©moire gestuelle et mentale, tout en ordonnant des concepts, sont tantĂŽt considĂ©rĂ©s comme « l'une de ses rĂ©alisations les moins rĂ©ussies »[36], tantĂŽt comme « un modĂšle de la grammaire participative de l'urbanisme »[54]. À l'occasion du centenaire de Cities in Evolution, livre majeur de Geddes, l’universitĂ© de Dundee et l’Institut Geddes qu’elle hĂ©berge ont organisĂ©, de mi-octobre Ă  mi-, une exposition et une sĂ©rie d’évĂ©nements titrĂ©s « La ville est une machine Ă  penser », The City is a Thinking Machine[55].

De la thĂ©orie Ă  la pratique, il a anticipĂ© un urbanisme participatif avec son survey de 1918 pour la ville d’Indore en Inde, oĂč il « proposait d’associer la petite Ă©chelle de la maison Ă  la grande Ă©chelle de la ville, avec une Ă©volution par Ă©tapes et une « autoconstruction aidĂ©e » patiemment conçue. Cette mĂȘme pratique sera reproduite dans les annĂ©es 1980 par l’architecte indien Balkrishna Vithaldas Doshi, collaborateur de Le Corbusier pour la ville de Chandigarh, pour le quartier d’habitat populaire d’Aranya Ă  Indore »[37]. Tout comme son souci de ne nĂ©gliger aucune dimension de l’environnement ni aucune Ă©chelle de l’existence prĂ©figure la gĂ©ohistoire de l’École des Annales et, bien sĂ»r, le biorĂ©gionalisme gĂ©ographe des Territorialistes[56], trĂšs actifs en Italie, notamment Ă  Florence autour de l’architecte Alberto Magnaghi.

Il a profondĂ©ment inspirĂ© les Ă©crits de Lewis Mumford qui le cite constamment comme son maĂźtre, « my master Patrick Geddes ». « Mumford emprunta Ă  Geddes cette approche fondamentalement Ă©cologique et tout un rĂ©pertoire de nĂ©ologismes – palĂ©otechnique, nĂ©otechnique, conurbation, mĂ©galopolis, etc. – auxquels il donna un contenu novateur, en particulier dans ses histoires classiques de la technologie et de la ville. Mumford a empruntĂ© aussi Ă  Geddes son respect pour les modes d’utilisation des ressources et pour les technologies prĂ©modernes »[11]. Dans sa prĂ©face de 1962 Ă  A philosophy of Regional Planning (Une philosophie de la planification rĂ©gionale) de Benton MacKaye, « on apprend que c’est Geddes qui conseille Ă  son jeune disciple amĂ©ricain [Mumford] la lecture de Man and Nature de George Perkins Marsh, paru en 1864 et que celui-ci le fait lire Ă  ses amis »[57].

Mike Davis, quant Ă  lui, va jusqu’à jusqu’à inscrire les termes de « slums, semi-slums or super-slums » en exergue de son essai Le pire des mondes possibles[19] sur l’emprise croissante des bidonvilles dans toutes les grandes mĂ©tropoles :

« Taudis, demi-taudis et supertaudis, telle est la cité dans la perspective du progrÚs »[58].

Selon le poĂšte bengali Rabindranath Tagore, « Il est Ă©vident que Geddes allie la prĂ©cision de l’homme de science Ă  la vision du prophĂšte »[6]. Mais le savant qu’ont rencontrĂ© les frĂšres Reclus, « cĂ©lĂšbre comme botaniste, moins connu comme historien, mais qui connaĂźt beaucoup », incarne surtout une science ouverte, vivante et gĂ©nĂ©reuse.

« Telle nous a paru la pensĂ©e maĂźtresse de Patrick Geddes, de ses collaborateurs et de ses disciples : vivre la science, aimer la science ; cultiver la science pour elle-mĂȘme, et non pour le profit ; non point pour les carriĂšres officielles qu’elle ouvre, pour les appointements qu’elle procure »[31].

Publications

  • L'Évolution du sexe (The Evolution of Sex, 1889), Ă©crit avec J. Arthur Thomson, traduction par Henry de Varigny, Paris, BabĂ©, 1892.
  • [prĂ©facier] RĂąja-yoga (ou ConquĂȘte de la nature intĂ©rieure). ConfĂ©rences faites en 1895-1896 Ă  New York par le SwĂąmi VivekĂąnanda, traduit de l'anglais par S. W, Paris, Publications thĂ©osophiques, 1910.
  • L'Évolution des villes : une introduction au mouvement de l'urbanisme et Ă  l'Ă©tude de l'instruction civique (Cities in evolution, 1re Ă©dition en 1915), traduction par Brigitte Ayramdjan, Paris, Ed. Temenos, 1994.
  • Jean Paul Andrieu et Marion Geddes (trad. Dominique Logeay), Patrick Geddes et le CollĂšge des Écossais : La colline et le monde, Montpellier, Éditions de l'EspĂ©rou, juin 2019, 232 p., 25 × 17 cm (ISBN 9782912261922), BNF 45764820, prĂ©sentation en ligne [archive]).

Notes et références

Notes
  1. Cette tour ne fut jamais Ă©difiĂ©e mais resta Ă  l’état de projet, faute de financements nĂ©cessaires. Cf. notamment le Grand Globe d’ÉlisĂ©e Reclus. Geddes dĂ©cida alors de transfĂ©rer ses Summer Meetings Ă  Paris pendant les quatre mois de l’Exposition universelle.
Références
  1. (en) « https://www.britannica.com/biography/Patrick-Geddes », sur britannica.com
  2. « Par ses connaissances scientifiques et par le caractĂšre gĂ©nĂ©ral de sa pensĂ©e, Geddes Ă©tait dĂ©jĂ  un Ă©cologiste avant que cette branche de la biologie n’obtienne le statut d’une discipline sĂ©parĂ©e
 Et ce fut moins comme innovateur de la planification urbaine que comme Ă©cologiste, patient inventeur des filiations historiques et des relations biologiques et sociales, que Geddes fit son plus important travail sur les citĂ©s ». Cf Lewis Mumford, essai sur Patrick Geddes publiĂ© une premiĂšre fois dans Architectural Review en 1950, puis rĂ©sumĂ© dans My Works and Days: A personal chronicle, Harcourt, Brace and Jovanovich, New York, 1979, citĂ© par Ramachandra Guha, « Lewis Mumford, un Ă©cologiste amĂ©ricain oubliĂ© », traduit par FrĂ©dĂ©ric Brun, revue Agone n°45, 2011.
  3. Judith Le Maire de RomsĂ©e, « La grammaire participative. ThĂ©ories et pratiques architecturales et urbanistiques, 1904-1968 », thĂšse de doctorat d’architecture, Paris I PanthĂ©on-Sorbonne, 17 fĂ©vrier 2009, [PDF]
  4. Le collĂšge des Écossais, publiĂ© sur le site patrickgeddesfrance.org (consultĂ© le ).
  5. « Détail d'une annonce d'association relative à Patrick Geddes France (no 546) », sur JORF, (consulté le ).
  6. M.R., « A Thought of Youth Wrought Out » (« Une pensée de jeunesse parvenue à maturité »), in The Sociological Review, 1932
  7. Cf. National Library of Scotland, site de la Bibliothùque nationale d’Écosse (en) Learning Zone
  8. Patrick Geddes, The Life and Work of Sir Jagadis C. Bose, Chapter I – Childhood and Early Education, Longmans, Green and Co, 1920, (en) en ligne
  9. Le Tiers-Paysage, publié sur le site de gillesclement.com (consulté le ).
  10. Lewis Mumford, « Looking Forward », Proceedings of The American Philosophical Society, no 83, 4, 1940
  11. Ramachandra Guha, « Lewis Mumford, un écologiste américain oublié », traduit par Frédéric Brun, revue Agone no 45, 2011, en ligne
  12. Federico Ferretti, « Patrick Geddes, le géographe anarchiste qui inventait la nation écossaise », sur visionscarto.net, (consulté le )
  13. Ian Kinniburgh, “Geddes Then“, in Sir Patrick Geddes, 1854-1932, exposition Ballater Geddes Project 2004, (en) Metagraphies.org
  14. Alexandre Chollier, « La vision grandeur nature ou la raison d’ĂȘtre de l’Outlook Tower », in Visionscarto.net, , en ligne
  15. F. Schrader, « L’évolution des citĂ©s », Annales de gĂ©ographie no 139, , citĂ© par Thierry Paquot, Les faiseurs de ville, 1850-1950, Infolio, 2010
  16. Giancarlo Paba, « Dall’Outlook Tower alla Casa della CittĂ  », in La Nuova CittĂ , nona serie no 1, , revue de la Fondation Michelucci (it) en ligne
  17. [PDF] Sabine Kraus, « Patrick Geddes, architecte de paysage et mĂ©decin de l’environnement », exposition Ă  l’ENSAM pour les JournĂ©es du Patrimoine, 15 et , disponible en ligne sur metagraphies.org, panneaux 6 et suivants
  18. Maintenant encore, ce jardin zoologique s’affirme Ă  l’avant-garde en matiĂšre de design et il est rĂ©guliĂšrement laurĂ©at au niveau international pour la recrĂ©ation et l’entretien d’habitats animaux, cf. (en) en ligne. C’est au jardin zoologique d’Édimbourg, et dans celui d’Alger, qu’ont Ă©tĂ© provisoirement transfĂ©rĂ©s les animaux qui pouvaient l’ĂȘtre pendant toute la pĂ©riode de rĂ©novation du zoo de Vincennes, entre 2009 et 2014 (cf. Jean-François Valantin, Le bois de Vincennes, Paris nature, Arcadia Ă©ditions, 2011).
  19. Mike Davis, Le pire des mondes possibles – De l’explosion urbaine au bidonville global, 2006, traduit par Jacques Mailhos, La DĂ©couverte, 2006, 2007
  20. (en) Patrick Geddes and the Digital Age, CASA News
  21. Lewis Mumford, Le mythe de la machine, tome II, Le Pentagone de la puissance, traduit par Léo Dilé, Fayard, 1974
  22. Kenneth White, « Perspectives ouvertes - Biologie, sociologie, géopoétique », en ligne
  23. (en) Cf. site web Gardenvisit en ligne
  24. Cf. Matteo Vercelloni et Virgilio Vercelloni, L’invenzione del giardino occidentale, Jaca Book, 2009
  25. Sabine Kraus, « Le CollĂšge des Écossais : une mise en espace de la pensĂ©e de Geddes »,
  26. Patrick Geddes, L’évolution des villes, Temenos, 1915, citĂ© par Paul Claval, BrĂšve histoire de l’urbanisme, Librairie ArthĂšme Fayard, 2014
  27. CitĂ© par Tom Potter, “Politics and Economics“, in Sir Patrick Geddes, 1854-1932, exposition Ballater Geddes Project 2004, (en) Metagraphies.org
  28. L'actualitĂ© de Patrick Geddes, Marc PĂ©nin, D'Édimbourg Ă  Montpellier en passant par Bombay, p. 3.
  29. Christophe Bonneuil et Jean-Baptiste Fressoz, L’évĂ©nement anthropocĂšne, Le Seuil, 2013
  30. [PDF] Patrick Geddes, Ruskin Economist, 1884, traduction Sabine Kraus, op. cit (exposition Ă  l’ENSAM pour les JournĂ©es du Patrimoine, 15 et , disponible en ligne sur metagraphies.org, panneau 13)
  31. Élie et ÉlisĂ©e Reclus, Renouveau d’une citĂ©, Édition de la SociĂ©tĂ© nouvelle, 1896, 40 p., disponible sur BNF-Gallica et sur Wikisource
  32. Patrick Geddes, Civics: as Applied Sociology, confĂ©rence prononcĂ©e devant la Sociological Society rĂ©unie Ă  la School of Economics and Political Science, University of London, , disponible sur le projet Gutenberg. Geddes dĂ©cline souvent cette trilogie Place, Occupation and People, ou People, Work, Place, peuple, travail, habitat, qu’il emprunte au sociologue français FrĂ©dĂ©ric Le Play.
  33. Paul Claval, Brùve histoire de l’urbanisme, Librairie Arthùme Fayard, 2014
  34. Sabine Kraus, JournĂ©es d’études Patrick Geddes au CollĂšge des Écossais Ă  Montpellier, Spring School, 10 et 11 mai 2012, p. 4-5
  35. Mairet, Philip, Pioneer of sociology. The life and letters of Patrick Geddes, Lund Humphries, Londres, 1957
  36. Tom Steele, « ÉlisĂ©e Reclus et Patrick Geddes gĂ©ographes de l’esprit », traduit par Claire Beauchamps in refractions.plusloin.org, site web consacrĂ© Ă  ÉlisĂ©e Reclus, en ligne
  37. Alessia de Biase, Albert Levy et María A. Castrillo Romón, « Patrick Geddes en héritage », éditorial à Sciences et sociétés no 167, quatriÚme trimestre 2016 en ligne
  38. Cf. ÉlisĂ©e Reclus, « L’art et le peuple », 1904, in Écrits sociaux, Ă©ditions Hors-Limite, GenĂšve, 2012 : « La sociĂ©tĂ© Ă©tant divisĂ©e en classes ennemies, l’art est dĂ©venu nĂ©cessairement faux. [
] Chez les riches, il se change en faste ; chez les pauvres, il ne peut ĂȘtre qu’imitation et trompe-l’Ɠil ».
  39. Kristin Ross, L’imaginaire de la Commune, traduit par Étienne Dobenesque, La Fabrique, 2015.
  40. The Evergreen, a Northern Seasonal, Edimbourg/Londres/New York, T. Fisher Unwin & J. P. Lippincott, en ligne sur archive.org
  41. (en) Cargo ship : SS Clan Grant, publié le sur le site wrecksite.eu (consulté le ).
  42. « Rencontre de grands esprits », « A Meeting of Minds », The Official Gateway to Scotland (en) site officiel de l’Écosse
  43. Cf. Sabine Kraus, « The Scots College: a stagecraft of Geddes's Thought » (en)
  44. Patrick Geddes, « The Scots College at Montpellier University », in The Aberdeen University Review, juillet 1927, disponible (en) en ligne sur metagraphies.org.
  45. P.G. Chapters in Modern Botany, John Murray, Albermarle Street, London, 1893, en ligne
  46. Thierry Paquot, Les faiseurs de villes, 1850-1950, Infolio, 2010 prĂ©sentation de l’éditeur
  47. Paul Schimmerling, «A la mémoire de mon pÚre», in Le Carré Bleu, 12 novembre 2009, en ligne.
  48. Sheila Potter, “Geddes Today – Environment“, in Sir Patrick Geddes, 1854-1932, exposition Ballater Geddes Project 2004, disponible sur le site web metagraphies.org
  49. Cf. un descriptif du CollÚge passablement approximatif sur la base Mérimée du MinistÚre de la Culture.
  50. Au printemps suivant, dans un article dont le titre ne reflĂšte pas vraiment le contenu (C.S. Fol, « Montpellier : le professeur Kraus regrette la destinĂ©e du CollĂšge des Ă©cossais », in Midi Libre, 18 mars 2014), Sabine Kraus dĂ©nonce une appropriation abusive de la protection du CollĂšge au titre des Monuments historiques par une association politicienne rĂ©gionale.
  51. Federico Ferretti, « Globes, savoir situĂ© et Ă©ducation Ă  la beautĂ© : Patrick Geddes gĂ©ographe et sa relation avec les Reclus », in Annales de gĂ©ographie no 706, , sommaire en ligne. Charles Withers est un gĂ©ographe et historien Ă©cossais contemporain, qui a publiĂ© entre autres un ouvrage sur l’importante Ă©cole de philosophie Ă©cossaise du siĂšcle des LumiĂšres.
  52. (en) Cf. le film de Jon Pullman, A Man of Our Times, The Living Legacy of Patrick Geddes disponible sur Vimeo, Ă  03:07
  53. [PDF] Sabine Kraus, « De la biologie gĂ©nĂ©rale Ă  l’écologie humaine : Patrick Geddes (1854-1932), vitaliste, biologiste, sociologue, rĂ©gionaliste et pĂ©dagogue », 2012, disponible en ligne sur metagraphies.org, diapos 36 et suivantes
  54. Judith Le Maire de RomsĂ©e, op. cit. (note 2), pages 59 et suivantes
  55. Cf. le programme (en) en ligne
  56. Réseau des Territorialistes (consulté le ).
  57. [PDF] Thierry Paquot, « De la biorĂ©gion urbaine », in site web du RĂ©seau territorialiste — Les ressources, pdf en ligne, sans date (probablement Ă©tĂ© 2016).
  58. (Patrick Geddes, citĂ© par) Lewis Mumford, La CitĂ© Ă  travers l’histoire, traduit par Guy Durand et GĂ©rard Durand, Le Seuil, 1964

Voir aussi

Bibliographie

  • Philip L. Boardman, Esquisse de l'Ɠuvre Ă©ducatrice de Patrick Geddes, thĂšse de doctorat, UniversitĂ© de Montpellier, Impr. de la CharitĂ©, 1936.
  • Pierre Chabard, Exposer la ville : Patrick Geddes (1854-1932) et le « Town planning movement » , thĂšse de doctorat, UniversitĂ© Paris-8, 2008 .
  • Catherine Rochant Weill, Le plan de Patrick Geddes pour la « Ville Blanche » de Tel Aviv : une part d'ombre et de lumiĂšre, thĂšse de doctorat, UniversitĂ© Paris-8, 2009.
  • Marc PĂ©nin, « D'Édimbourg Ă  Montpellier en passant par Bombay : Patrick Geddes (1854-1932) », Revue de l’économie mĂ©ridionale, vol. 40, no 160, 1992.
  • AndrĂ© Schimmerling, Marc PĂ©nin, Pierre Tronchon, James Kishlar et Artur Glikson (dossier spĂ©cial), « L'actualitĂ© de Patrick Geddes : Biologiste, Ă©ducateur et urbaniste (1854-1932) », Le CarrĂ© bleu, Paris, Ă©dition le CarrĂ© bleu, no 2,‎ , p. 1 / 29 (ISSN 0008-6878, lire en ligne [PDF], consultĂ© le ), faisant suite aux rencontres et Ă  l’exposition de Ă  l'École nationale d'architecture de Montpellier.
  • « Patrick Geddes (1854-1932) », National Library of Scotland, .
  • « Patrick Geddes en hĂ©ritage », Espaces et sociĂ©tĂ©s, 2016/4, no 167, p. 7-186.

Articles connexes

Liens externes

Geddes est l’abrĂ©viation botanique standard de Patrick Geddes.

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