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Élie Reclus

Élie Reclus, de son vrai nom Jean-Pierre Michel Reclus, nĂ© Ă  Sainte-Foy-la-Grande (Gironde) le et mort Ă  Ixelles dans la banlieue de Bruxelles le , est un journaliste, Ă©crivain, ethnologue et militant anarchiste français de la fin du XIXe siĂšcle. Porte-voix des ethnies minoritaires, il a beaucoup Ă©crit en faveur de ce qu'on appelait alors les « peuples sauvages ». Il est, sous la Commune de Paris, directeur de la BibliothĂšque nationale[2].

Élie Reclus
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Amsab - Instituut voor Sociale Geschiedenis Gent (d)[1]

Il est issu de la famille Reclus, une dynastie dont les membres (ainsi que certains de leurs descendants et collatéraux) ont acquis une certaine notoriété comme journalistes, géographes, médecins, explorateurs, enseignants, militants associatifs ou politiques.

Biographie

Son pĂšre, Jacques Reclus, nĂ© en 1796, Ă©tait pasteur (tout d’abord rĂ©munĂ©rĂ© par l’État, puis indĂ©pendant) ; il a aussi Ă©tĂ© quelques annĂ©es professeur au collĂšge protestant de Sainte-Foy-la-Grande. Il eut quatorze enfants, dont trois ne vĂ©curent pas, avec ZĂ©line Trigant (1805-1887) parmi lesquels il convient de citer le gĂ©ographe ÉlisĂ©e Reclus (trĂšs liĂ© Ă  Élie), le gĂ©ographe OnĂ©sime Reclus (1837-1916), Armand Reclus (1843-1927) et Paul Reclus (1847-1914).

DĂ©sirant que son fils aĂźnĂ© Élie devienne pasteur, tout en lui faisant donner une Ă©ducation soignĂ©e, Jacques Reclus l’envoya en 1839 suivre des Ă©tudes dans un collĂšge protestant tenu par les « FrĂšres Moraves » Ă  Neuwied, en Prusse, sur les bords du Rhin. Il y fut rejoint en 1843 par son frĂšre ÉlisĂ©e. Tous deux supportĂšrent mal l’hostilitĂ© de certains de leurs condisciples et dĂ©cidĂšrent en 1844 de rentrer Ă  Orthez oĂč rĂ©sidaient dĂ©sormais leurs parents. Élie achĂšve ses Ă©tudes secondaires au collĂšge d’Orthez, puis Ă  celui de Sainte-Foy-la-Grande.

Dans le but de suivre des Ă©tudes de thĂ©ologie, Élie repart en 1847 pour GenĂšve oĂč il ne reste d’ailleurs pas, toujours en butte aux sarcasmes provoquĂ©s notamment par sa pauvretĂ©.

En 1848, les deux frĂšres s’inscrivent Ă  la facultĂ© de thĂ©ologie protestante de Montauban. Ils en sont exclus en 1849 Ă  la suite d’une fugue qu’ils firent en juin vers la MĂ©diterranĂ©e. Élie part alors pour Strasbourg afin d’y achever ses Ă©tudes de thĂ©ologie : il y est reçu comme pasteur en 1851 en soutenant une thĂšse jugĂ©e provocatrice ; il dĂ©missionna aussitĂŽt de sa charge. En compagnie d’ÉlisĂ©e qui l’avait rejoint Ă  Strasbourg, les deux frĂšres se rendirent Ă  Orthez en traversant Ă  pied la France profonde.

À Orthez, apprenant le coup d’État du 2 dĂ©cembre 1851, les deux frĂšres manifestent publiquement leur hostilitĂ© au nouveau cours des choses. MenacĂ©s d’ĂȘtre arrĂȘtĂ©s, Élie et ÉlisĂ©e s’embarquent pour Londres. Élie se rend ensuite en Irlande (1852) oĂč il trouve une situation stable de prĂ©cepteur. En 1855, il rentre en France pour s’y marier (1856) avec l’une de ses cousines (NoĂ©mi Reclus) et trouve un emploi dans un organisme bancaire (le CrĂ©dit mobilier, dirigĂ© par les frĂšres Isaac et Émile Pereire), qu’il quittera en 1862 en dĂ©saccord avec les orientations capitalistes de cet organisme. Il collabore ensuite Ă  plusieurs publications (la Revue Germanique, la Revue de l’ouest de Saint-Louis dans le Missouri, le RousskoĂŻĂ© Slovo («РуссĐșĐŸĐ” ŃĐ»ĐŸĐČĐŸÂ») de Saint-PĂ©tersbourg). Pendant toute cette pĂ©riode, Élie loge son frĂšre ÉlisĂ©e qui s’est Ă©galement mariĂ©.

Dans le courant de l'annĂ©e 1863, les deux frĂšres se fixent Ă  VascƓuil (Haute-Normandie) chez leur ami Alfred Dumesnil, gendre de Jules Michelet. C’est lĂ  qu’Élie Ă©crit une grande partie de sa production littĂ©raire. L’un et l’autre vont partager leur temps entre VascƓuil et Paris oĂč ils se rendent frĂ©quemment. AprĂšs le dĂ©cĂšs de d'AdĂšle Michelet-Dumesnil, Alfred Dumesnil Ă©pouse Louise Reclus en 1871, sƓur d'Élie et ÉlisĂ©e Reclus.

Au dĂ©but des annĂ©es 1860, Élie fut admis franc-maçon (loge les Émules d’Hiram). Mais trĂšs rapidement déçu par l’esprit hiĂ©rarchique qui y rĂ©gnait, il s’en Ă©loigne progressivement[3].

Le , en collaboration avec plusieurs personnes (dont son frĂšre ÉlisĂ©e), il fonde une banque (la sociĂ©tĂ© du CrĂ©dit au Travail) dont le but Ă©tait d’aider Ă  la crĂ©ation de sociĂ©tĂ©s ouvriĂšres. Dans le mĂȘme temps, il s’occupe de la publication d’un journal (l’Association) dont il est Ă  la fois le directeur et le principal rĂ©dacteur. Mais l’expĂ©rience du CrĂ©dit au Travail s’achĂšve sur un constat d’échec en 1868. Lors de la parution du livre I Le Capital (Das Kapital) de Karl Marx en 1867, il est pressenti par le philosophe allemand pour en faire la traduction en français, mais le projet avorta. C’est comme correspondant de la revue russe Dielo ("Đ”Đ”Đ»ĐŸ") qu’il est amenĂ© ensuite Ă  voyager en Russie (Saint-PĂ©tersbourg, Moscou et Nijni Novgorod), puis en Espagne, enfin en Égypte oĂč il assiste Ă  l’inauguration du canal de Suez (aoĂ»t 1869).

Les annĂ©es qui suivent vont ĂȘtre dĂ©terminantes : la Commune est instaurĂ©e Ă  Paris et Élie, qui est handicapĂ© par un accident antĂ©rieur Ă  la main droite, ne peut servir la Cause qu’en se faisant employer comme brancardier de la Garde nationale (septembre 1870). Puis il est nommĂ© directeur de la BibliothĂšque nationale (), mais il devra quitter son poste le 24 mai suivant, poursuivi par les Versaillais pour ses activitĂ©s rĂ©volutionnaires. Clandestinement (il est condamnĂ© par contumace), il gagne ensuite l’Italie puis la Suisse et se fixe Ă  Zurich.

En 1876, il voyage aux États-Unis dans le but d’y trouver un travail de correspondant. C’est un Ă©chec : il se rend Ă  Londres oĂč il reste jusqu’au prononcĂ© de son amnistie (). Il prĂ©sente, le , au Royal Anthropological Institute of Great Britain and Ireland, son texte paru dans la Revue internationale des sciences (Tome III, 1879, Paris) La circoncision, sa signification, ses origines et quelques rites analogues. Il rentre peu aprĂšs Ă  Paris oĂč Hachette lui procure un emploi de bibliothĂ©caire. Il se consacre alors Ă  la rĂ©daction d’ouvrages dont plusieurs ne seront publiĂ©s qu’aprĂšs sa mort, par son fils Paul. Ce dernier, recherchĂ© par la police qui le croit impliquĂ© dans l’attentat de Vaillant, s’enfuit en Angleterre. SoupçonnĂ© Ă  tort de complicitĂ©, Élie est arrĂȘtĂ© et placĂ© pour peu de temps Ă  la Conciergerie. Toutes ces tracasseries le fatiguent et il rejoint son frĂšre ÉlisĂ©e Ă  Ixelles (localitĂ© proche de Bruxelles) oĂč il collaborera Ă  l’UniversitĂ© nouvelle de Bruxelles en occupant la chaire de mythologie comparĂ©e. Il finira sa vie des suites d’une grippe infectieuse. Ses restes sont enterrĂ©s, avec ceux d'ÉlisĂ©e, au cimetiĂšre d'Ixelles.

Élie Reclus eut deux fils : Paul Reclus (1858-1941) et AndrĂ© Reclus (1861-1936), agriculteur en AlgĂ©rie puis au Maroc.

ƒuvres

Posthumes

  • Le Mariage tel qu’il fut et tel qu’il est, 1907, Éditions de L'IdĂ©e Libre, brochure n°76, 1924, texte intĂ©gral.
  • La Commune de Paris au jour le jour. - , Paris, Schleicher FrĂšres Ă©diteurs, 1908, texte intĂ©gral.
  • Les Croyances populaires, cours Ă  l’UniversitĂ© nouvelle.
  • Le Pain, Éditions de La SociĂ©tĂ© nouvelle, 1909, texte intĂ©gral.
  • Les Physionomies vĂ©gĂ©tales, Costes.
  • Les Croyances populaires et autres pages retrouvĂ©es, textes choisis et prĂ©sentĂ©s par JoĂ«l Cornuault, Pierre Mainard, 2001 (Ă©puisĂ© - rĂ©Ă©dition pour 2018)

Contributions

  • Nombreux articles de journaux ou de revues, français ou Ă©trangers, parmi lesquels :
    • Revue de l’ouest, Saint-Louis, Missouri, (États-Unis) ;
    • Mysl, puis Dielo ("Đ”Đ”Đ»ĐŸ"), Saint-PĂ©tersbourg ;
    • RousskoĂŻĂ© Slovo («РуссĐșĐŸĐ” ŃĐ»ĐŸĐČĐŸÂ») ;
    • The Times ;
    • Putnam’s Magazine,
    • International, (San Francisco) ;
    • La Gironde (« Lettres d’un cosmopolite ») ;
    • La Rive gauche ;
    • La Nouvelle Revue ;
    • Revue de la SociĂ©tĂ© d’anthropologie ;
    • La Commune.

Hommages

Plaque de la rue des FrĂšres-Reclus Ă  Sainte-Foy-la-Grande.

Notes et références

Voir aussi

Ouvrages

  • GĂ©rard Fauconnier, Élie Reclus, 1827-1904, Éditions Gascogne, dans la sĂ©rie Le gĂ©nie des frĂšres Reclus, , 360 pages.
  • Joseph Ishill, ÉlisĂ©e and Élie Reclus, The Oriole Press, Berkeley Heights, New Jersey, USA, 1927.
  • Paul Reclus, Les frĂšres Élie et ÉlisĂ©e Reclus ou Du protestantisme Ă  l'anarchisme, Les Amis d'ÉlisĂ©e Reclus, Paris, 1964.
  • JoĂ«l Cornuault, Pourquoi des guirlandes vertes Ă  NoĂ«l ?, Librairie La BrĂšche, Bergerac, 1999.
  • Élie Reclus, La Commune de Paris au jour le jour, pages choisies, SĂ©guier, 2000.
  • Élie Reclus, La commune de Paris au jour le jour, texte complet, Lexique en annexe, 440 pp., Éditions Lo Trebuc, Orthez, 2010.
  • JoĂ«l Cornuault, Élie Reclus, Les Croyances populaires, Librairie de La BrĂšche & Pierre Mainard, 2001.
  • LĂ©o Campion, Le Drapeau noir, l'Équerre et le Compas : les Maillons libertaires de la ChaĂźne d'Union, Éditions Alternative libertaire, 1996, lire en ligne, pdf.
  • Christophe Brun, ÉlisĂ©e Reclus, une chronologie familiale, 1796-2015, 2e version, , 440 p., illustrations, tableaux gĂ©nĂ©alogiques, documents, texte intĂ©gral Ă  tĂ©lĂ©charger en pdf, texte intĂ©gral Ă  tĂ©lĂ©charger. CentrĂ©e sur ÉlisĂ©e Reclus, cette chronologie concerne conjointement les membres de la famille Reclus.

Articles

  • Federico Ferretti, “‘The murderous civilization’”: anarchist geographies, ethnography and cultural differences in the works of Elie Reclus”, Cultural Geographies [early view], http://cgj.sagepub.com/content/early/2016/08/09/1474474016662293.full
  • L. Lejeal, Élie Reclus : Les Primitifs, Études d'Ethnologie comparĂ©e, Journal de la SociĂ©tĂ© des AmĂ©ricanistes, 1904, vol. 1, n°3, pp. 372-373., texte intĂ©gral.
  • Federico Ferretti, « Intellettuali anarchici nell'Europa del secondo Ottocento : I fratelli Reclus (1862-1872) », SocietĂ  e Storia, n° 127, 2010, p. 63-93.
  • Christophe Brun, Édouard Grimard et Gustave Hickel, amis de jeunesse d’Élie et ÉlisĂ©e Reclus, contribution Ă  une mĂ©sologie reclusienne, 2e version, , 34 p.

Notices

Articles connexes

Vidéo

  • GĂ©rard Fauconnier, Le gĂ©nie des frĂšres Reclus, confĂ©rence Ă  la MĂ©diathĂšque AndrĂ© LabarrĂšre, Pau, , voir en ligne.

Radio

Liens externes

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