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Palombie

La Palombie (nom officiel en espagnol: RepĂșblica palombiana[1]) est un pays fictif oĂč se dĂ©roulent certaines des aventures de Spirou et Fantasio et du marsupilami. Il s'agit d'une petite rĂ©publique situĂ©e (d'aprĂšs la carte affichĂ©e sur la cage du marsupilami au zoo, dans Spirou et les HĂ©ritiers) dans une rĂ©gion entre le Venezuela, le PĂ©rou, la Colombie, et le BrĂ©sil. Elle jouxte aussi la toute petite RĂ©publique (imaginaire) de Guaracha.

RĂ©publique de Palombie

(es) Estados Unidos de Palombia
RepĂșblica palombiana

Drapeau
Drapeau non défini
Devise Palompeu, Palombien
Description de l'image Palombia mapa.png.
Administration
Forme de l'État Pays imaginaire, rĂ©publique, rĂ©gime totalitaire
Présidents Général Zantas (1954-1956)
Papa Prinz (1964-1970)
Baby Prinz (1970-1990)
Achilo Zavatas (1990-?)
Général Pochero Sr. (?-?)
Général Pochero (?-2012)
Hermoso (2012)
Général Pochero (2012-?)
Langues officielles Espagnol
Capitale Chiquito

4° 36â€Č 36″ N, 74° 04â€Č 55″ O

GĂ©ographie
Plus grande ville Chiquito (123 765 habitants[1])
Superficie totale 42 042[1] km2
Fuseau horaire UTC -5
Histoire
Entité précédente
Indépendance de l'Espagne
Date 1923
DĂ©mographie
Gentilé Palombien
Population totale (1959) 227 895 hab.
DensitĂ© 5,42 hab./km2
Économie
Monnaie Palombo

À l'image du San Theodoros dans Tintin de HergĂ©, la Palombie a jouĂ© un rĂŽle important dans la perception de l'AmĂ©rique du Sud par les amateurs de bande dessinĂ©e franco-belge dans la deuxiĂšme moitiĂ© du XXe siĂšcle, en particulier les jeunes lecteurs de pĂ©riodiques de bande dessinĂ©e.

DĂ©veloppement

La Palombie est imaginée par l'auteur belge André Franquin dans l'épisode Spirou et les Héritiers en 1951[2] qui la situe en Amérique du Sud[3].

L'AmĂ©rique du Sud est Ă  ce moment-lĂ  un sujet dĂ©jĂ  choisi Ă  plusieurs reprises par des auteurs de bande dessinĂ©e franco-belge[4] MalgrĂ© une certaine hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© de ces apparitions de l'AmĂ©rique du Sud depuis le dĂ©but du siĂšcle, la plupart des auteurs se cantonnent Ă  une vision trĂšs caricaturale, et pour Alain Musset, « les productions destinĂ©es aux enfants ou aux adolescents vont longtemps se limiter Ă  rĂ©pĂ©ter les mĂȘmes schĂ©mas d'action, les mĂȘmes types de personnage, les mĂȘmes paysages[5] ». L'AmĂ©rique du Sud est avant tout prĂ©texte Ă  l'aventure du hĂ©ros occidental aux frontiĂšres de sa civilisation. Pour le gĂ©ographe Jacques Gilard, ces visions sont directement hĂ©ritĂ©es du passĂ© colonial de leurs pays. Et rares sont alors les auteurs qui parviennent Ă  rendre compte avec plus de subtilitĂ© de la rĂ©alitĂ© sud-amĂ©ricaine, mais nombreux au contraire sont ceux qui font prolifĂ©rer les utopies[6]. La Palombie constitue cependant un contre-exemple :

« Son AmĂ©rique latine reste vraie, non parce qu'elle voulait ĂȘtre une photographie du rĂ©el, mais parce qu'elle annonçait un peu de son avenir et du nĂŽtre. Les dessinateurs de talent n'ont pas manquĂ© de 1945 Ă  aujourd'hui, mais il aurait fallu, pour l'AmĂ©rique latine, que la b.d. compte plusieurs Franquin. Il y en a eu un seul, dont l'imagination venait nous charmer et saper, Ă  notre insu, nos utopies hebdomadaires. »

— Jacques Gilard[7]

Analyses

GĂ©ographie

Le nom du pays et le nom de sa capitale, Chiquito, Ă©voquent la toponymie sud-amĂ©ricaine rĂ©elle. Palombie pour Colombie (la palombe, tout comme la colombe, est une variĂ©tĂ© de pigeon)[3], Chiquito pour Quito, la capitale de l'Équateur[8]

Selon les dires de Franquin, la Palombie est « le plus petit État d'AmĂ©rique latine[3]. » GĂ©ographiquement parlant, elle offre de larges et mornes plaines dĂ©sertiques, Ă  peine plantĂ©es, çà et lĂ , de robustes cactĂ©es. À la sortie de la capitale commence la forĂȘt vierge (Ă  120 km au Sud-Ouest de Chiquito[1], sont situĂ©es les ruines de l'ancien repaire de Zorglub), laquelle s'Ă©tend jusqu'au volcan El Sombrero[3] (au BrĂ©sil[9]), qui peut ĂȘtre atteint en 20 jours de marche. À mesure que le sol s'Ă©lĂšve vers le sud, la jungle fait place Ă  une savane herbeuse. Celle-ci s'arrĂȘte au pied de hautes chaĂźnes montagneuses. Les Andes palombiennes sont composĂ©es de pics et de volcans, pour la plupart Ă©teints. Des lacs profonds, encore inexplorĂ©s par l'homme, parsĂšment la rĂ©gion.

Le Monte Urticando, un ancien volcan attiĂ©di plutĂŽt qu'Ă©teint au cratĂšre inaccessible et inviolĂ©, fait partie des Andes palombiennes prĂ©cĂ©demment dĂ©crites. Une seule galerie y mĂšne. Le volcan est dotĂ© d'un microclimat trĂšs doux grĂące Ă  ses sources d'eaux chaudes. C'est aussi lĂ  que poussent les comitl millĂ©naires. Les Indiens Chahutas dĂ©clarent que les petits Marsupilami reviennent toujours plus forts de leur sĂ©jour au cƓur de ce volcan de la forĂȘt palombienne.

En termes de transport, le pays possÚde sa propre compagnie aérienne baptisée Palombian World Airways (PWA)[10]

ForĂȘt palombienne

Un marsupilami et un tapir dans la forĂȘt palombienne.

L'imaginaire auquel renvoie la forĂȘt palombienne a permis aux ouvrages de Franquin de poser un questionnement Ă©cologique[11] et de participer Ă  une sĂ©mantique de la forĂȘt ancienne et de la « forĂȘt vierge Â»[12].

« Vous avez reconnu cet enchevĂȘtrement luxuriant, c’est la grande forĂȘt de Palombie, extraordinairement dense, personne du ciel n'a jamais pu en photographier le sol
 D'ailleurs, existe‐t‐il ce sol ? Va savoir ! La forĂȘt de Palombie semble posĂ©e sur la tĂȘte de millions d'arbres, eux‐mĂȘmes juchĂ©s sur une forĂȘt plus Ă©paisse encore, qui pousse sur
 bon, on ne va pas compter les Ă©tages, on n’en sortirait plus. Vous y voilĂ  entrĂ©. Vous ĂȘtes fou. »

— Franquin, « La Queue du marsupilami Â»

La flore de la forĂȘt palombienne est Ă©galement Ă  l'honneur d'une « exposition-promenade », de Ă  mars 2001 dans le Parc de Bercy Ă  Paris[13], consacrĂ©e aux « jardins de la bande-dessinĂ©e »[14].

La faune tropicale de Palombie est celle de l'Amazonie : jaguars, tapirs, perroquets et aras. Le pays est Ă©galement traversĂ© par deux riviĂšres principales : le Rio Soupopoaro[3], affluent de l'Amazone, et le Rio Soupalagrimaz, affluent du prĂ©cĂ©dent. Outre les bancs de piranhas, trĂšs prĂ©sents dans les albums, ces fleuves abritent aussi des anacondas. L'occasion pour Jacques Gilard de rappeler que : « L'ophydien monstrueux, le dragon vorace, est une obsession assez universelle pour dĂ©samĂ©ricaniser l'histoire et la ramener Ă  un standard oĂč il ne fait que concrĂ©tiser la grandeur de l'aventure et ses exaltants dangers[15] ».

Mais cette forĂȘt abrite aussi un mammifĂšre lĂ©gendaire appelĂ© marsupilami[16]. VĂ©ritable roi de la jungle, c'est lui qui l'emporte toujours contre les autres animaux. Pour Guliard, « le bestiaire latino-amĂ©ricain apparaĂźt bien pĂąle Ă  cĂŽtĂ© du Grand Serpent et de ses manifestations multiples [qui reprĂ©sente] la rĂ©surgence d'un merveilleux rassurant, Ă  la fois belliqueux, drĂŽle et attendrissant[17] ».

Chiquito

Ni les conquistadores espagnols, ni les bandeirantes portugais ne parvinrent Ă  Ă©tablir des colonies durables en Palombie. L'absence de richesses naturelles en fit rapidement un territoire peu convoitĂ©. À la fin du XIXe siĂšcle, des colons espagnols finirent, tout de mĂȘme, par crĂ©er Chiquito, la future capitale. La ville acquit rapidement une certaine importance. Elle fut, par la suite, Ă  la base du dĂ©veloppement de la RĂ©publique de Palombie. Chiquito est, par ailleurs, bordĂ© par la forĂȘt vierge.

« Pendant longtemps et le plus souvent, seul un pittoresque de surface a dĂ©notĂ© l'AmĂ©rique latine, quitte Ă  se tromper de beaucoup. [...] La ville latino-amĂ©ricaine Ă©tait plutĂŽt une ville coloniale du Maghreb, du Moyen-Orient ou d'Afrique noire [ou encore] une ville de MĂ©diterranĂ©e occidentale. [...] Mais bien avant que la tĂ©lĂ©vision n'impose aux dessinateurs un respect plus rigoureux du rĂ©el, Franquin avait suivi une subtile voie intuitive qui fait que sa reprĂ©sentation de la ville latino- amĂ©ricaine a rĂ©sistĂ© remarquablement au passage du temps. En 1951, dans Spirou et les hĂ©ritiers, la capitale de son imaginaire Palombie possĂ©dait une sage architecture crĂ©ole, oĂč la modernitĂ© s'annonçait dĂ©jĂ  par le building d'une banque (que des rĂ©volutionnaires faisaient sauter Ă  la dynamite) ; en 1956, dans Le dictateur et le champignon, la ville sortait de la tradition avec quelques silhouettes d'immeubles Ă©levĂ©s et les villas tropicales, entourĂ©es de pelouses, d'une bourgeoisie montante; en 1959, dans L'ombre de Z, les Ă©lĂ©gants gratte- ciel commencent Ă  se multiplier, ainsi que les magasins modernes, avec des supermarchĂ©s dont le style serait enviable encore aujourd'hui. Mais il est vrai que les inventions de Franquin Ă©taient lourdes de quelques prĂ©monitions. »

— Jacques Gilard[18]

Histoire fictive

Comme dans la plupart des pays fictifs sud-amĂ©ricains de bande dessinĂ©e franco-belge, la vie politique palombienne a souvent Ă©tĂ© agitĂ©e[19]. Une « guĂ©rilla » d’indĂ©pendance du pays a lieu en 1923. Dans les annĂ©es 1950, un aventurier du nom de Zantas — autoproclamĂ© gĂ©nĂ©ral — prend le pouvoir et tente de mener une guerre de conquĂȘte dont la victime devait ĂȘtre le Guaracha. Selon Gilard, « la reprĂ©sentation si frĂ©quente de guerres entre pays latino-amĂ©ricains, nourries par l'ambition de mĂ©tis et attisĂ©es par de malfaisantes organisations Ă©trangĂšres, a forcĂ©ment falsifiĂ©, peut-ĂȘtre pour longtemps, la vision que de jeunes lecteurs ont pu se faire de l'AmĂ©rique latine[20]. »

La fin des années 1960 y est le théùtre d'une grande modernisation économique et d'un remarquable essor touristique: alors que dans les années 1950, un Européen devait d'abord rejoindre Caracas puis y prendre en correspondance un vol de la Palombian Airline pour se rendre en Palombie, des vols long-courrier de la compagnie rebaptisée Palombian World Airways relient maintenant directement l'Europe à Chiquito. On voit aussi à cette époque un développement important du secteur bancaire[21].

Mais la vie Ă©conomique de cette pĂ©riode est lourdement marquĂ©e par la « crise du savon », oĂč les mĂ©thodes de marketing des entreprises Zugol et Z Bul (dĂ©tenues par le malfrat Zorglub) furent sĂ©vĂšrement mises en cause. C'est aussi dans ces annĂ©es-lĂ  qu'arrive au pouvoir Papa Prinz Ă  qui succĂšde son fils Baby Prinz lui-mĂȘme renversĂ© par Achilo Zavatas en 1990. Gilard y voit la mise en image de « la sophistication technologique qui peut faire que tel pays latino-amĂ©ricain serve seulement de lice oĂč s'affrontent bons et mĂ©chants, tous occidentaux, sans que les autochtones — dont l'avenir est en jeu — puissent participer ou mĂȘme ĂȘtre informĂ©s[22] ». Aux yeux du chercheur, Franquin est le seul auteur de bande dessinĂ©e Ă  « suggĂ©rer en images le fait majeur de la dĂ©pendance Ă©conomique" des pays sud-amĂ©ricains Ă  l'Occident[23] ». De mĂȘme, on peut voir dans cet acharnement de Zantafio Ă  faire carriĂšre en Palombie, une transposition du mythe de l'Eldorado, reprĂ©sentĂ© par la fortune dans le pouvoir politique et dans le pillage Ă©conomique[15].

« Il y avait lĂ -dessous une vĂ©ritable inquiĂ©tude, [Franquin] prĂ©figurait par des images frappantes, et pleinement comiques, la dĂ©nonciation qui serait faite quelques annĂ©es plus tard de la publicitĂ© de certaines multinationales (NestlĂ© notamment) dans le Tiers monde. L'imagination permettait de voir et de donner Ă  voir ce que l'on ne disait pas encore — et que le recul de plus de trente ans nous permet de reconnaĂźtre, efficacement mis en images, dans L'ombre du Z.[24]. »

La dictature palombienne

Comme l'a analysé Jacques Gilard, l'histoire politique de la Palombie correspond à l'image figée que véhicule dans sa globalité la bande dessinée franco-belge de l'Amérique latine des années 1930. Les références à la guerre du Chaco dans L'Oreille cassée d'Hergé donnent notamment le diapason de la plupart des représentations futures de l'Amérique du Sud en bande-dessinée jusqu'à la fin des années 1970[25]. Il s'agit d'une image faite de stéréotypes datés, dont certains viennent du XIXe : « le physique du rastaquouÚre, le dictateur, le complot, le coup d'Etat, la guerre civile. Celle-ci était un cliché qu'avait réactivé la Révolution mexicaine, qui est restée comme motif étonnamment fort jusqu'à une date récente[26] ».

Dans l'album Baby Prinz, le peuple lui-mĂȘme est tournĂ© en dĂ©rision. Par exemple, on apprend que les attentats contre le dictateur sont une tradition que les dictateurs n'osent pas tenter d'abolir, tant elle plaĂźt au peuple. AprĂšs la rĂ©volution, une femme dans la foule se rappelle que le nouveau dirigeant est un ministre du dictateur contre lequel ils viennent de faire une rĂ©volution : son mari lui ordonne de se taire. L'armĂ©e, pour sa part, se soucie de jouer un rĂŽle positif dans la rĂ©volution pour la tĂ©lĂ©vision. Cette rĂ©volution comporte plusieurs clins d'Ɠil Ă  la rĂ©volution roumaine de 1989 : le drapeau de la rĂ©volution est l'ancien drapeau en dĂ©coupant l'emblĂšme central, et le nom de la garde personnelle du dictateur, la Securitad.

Le pays fictif compte au moins sept dictateurs :

  • Zantafio dit « gĂ©nĂ©ral Zantas Â» : Zantafio, un aventurier peu scrupuleux qui est en fait le cousin de Fantasio, se fait passer pour le gĂ©nĂ©ral Zantas. ConsidĂ©rĂ© comme un hĂ©ros de la rĂ©volution, et qui Ă  son tour en dĂ©clenchera une contre lui. Il veut conquĂ©rir le pays voisin du Guaracha pour ses richesses naturelles et propose Ă  Spirou et Fantasio d'ĂȘtre colonels dans son armĂ©e. Mais le gĂ©nĂ©ral autoproclamĂ© se fait prendre au piĂšge par les colonels mutins rĂ©cemment engagĂ©s et est contraint d'abandonner le pouvoir. Mais il revient plus tard et joue un rĂŽle important lors de la crise du savon. Il est un bon exemple de l'entre-soi que, contrairement aux apparences, l'Occidental vient chercher dans son aventure sud-amĂ©ricaine, dans l'analyse de Gilard de la bande dessinĂ©e frano-belge[15]. Pour Laurent Schang, il correspond Ă  ce que dĂ©jĂ  en 1928 John Frederick Charles Fuller dĂ©finissait comme la dĂ©gradation du statut de gĂ©nĂ©ral. Il fait partie de ces « gĂ©nĂ©raux d’opĂ©rette, plus douĂ©s pour les coups tordus que pour les opĂ©rations de grand style[27] ». Zantafio est « un pĂąle Ă©mule d'Hitler, dont il partage Ă  la fois les costumes, la gestuelle et l'attirail symbolique : l'aigle (changĂ© en perroquet) et la croix gammĂ©e (mĂ©tamorphosĂ©e en cercle ornĂ© de trois flĂšches noires)[28]. »
  • Papa Prinz : Il est arrivĂ© au pouvoir en 1964, abolissant le systĂšme parlementaire (congrĂšs composĂ© de deux chambres Ă©lues pour 4 ans ; prĂ©sident Ă©lu pour 6 ans), instaurĂ© dans le dĂ©but des annĂ©es 1960, pĂ©riode qui fut consacrĂ©e Ă  une modernisation Ă  outrance (d'oĂč un fort endettement extĂ©rieur du pays). Enfin, il fut assassinĂ© lors du 28e attentat Ă  son Ă©gard ; mais le pouvoir reste dans la famille.
  • Baby Prinz : Baby Prinz, dit le « dictatillon »[29], est le fils de Papa Prinz. ArrivĂ© trop tĂŽt au pouvoir, Ă  la mort de son pĂšre ; obsĂ©dĂ© de l'hygiĂšne et plus intĂ©ressĂ© par sa collection de peluches que par la politique, il ne s'accrocha pas au pouvoir lors du coup d'État de 1990 mis en place par Achilo Zavatas. Mais il fut nĂ©anmoins content de savoir que « grĂące Ă  cette histoire, son nom entrerait dans l'histoire ! Â». Baby Prinz rajouta d'ailleurs lors de son « rĂšgne » un marsupilami au centre du drapeau palombien (ce symbole est depuis supprimĂ©).
  • Achilo Zavatas : PropriĂ©taire d'une fabrique et d'une chaĂźne de magasins spĂ©cialisĂ©s dans le savon (depuis le passage de Zorglub et Zantafio, les Palombiens sont trĂšs consommateurs de savons), et ministre de la Propagande[30]. Il profite de la destitution de Baby Prinz pour devenir dictateur Ă  sa place[30], en 1990, Ă  la suite d'une Ă©lection oĂč il Ă©tait le seul candidat Ă  la prĂ©sidence (ses adversaires ayant mystĂ©rieusement disparu). La devise de son gouvernement est : « Qui s'y frotte, s'y lave les mains Â» (peut-ĂȘtre en hommage Ă  la devise hergĂ©enne syldave (traduite de « Eih bennek, eih blavek ») « Qui s'y frotte, s'y pique Â»).
  • GĂ©nĂ©ral Pochero Sr. : On sait peu de choses de lui sinon qu'il gagna les Ă©lections Ă  99% des voix. Quand il cessa de gouverner, il cĂ©da sa place Ă  son fils, Pochero Jr.
  • GĂ©nĂ©ral Pochero : Il accĂ©da au pouvoir Ă  la suite de son pĂšre. Sa façon de gouverner Ă©tait apparemment mise en question par certains, comme en tĂ©moignent les violentes guĂ©rillas et les nombreux slogans contre lui. Il se moqua ouvertement et pendant longtemps d'un botaniste natif du Bretzelburg, nommĂ© Hermoso, qui s'Ă©tait installĂ© en Palombie depuis l'Ăąge de 5 ans et Ă  la recherche d'orchidĂ©es. Finalement, Hermoso, Ă  ce moment ĂągĂ© de 82 ans et rajeuni par un sĂ©rum de Jouvence Ă  base d'orchidĂ©e, prit le pouvoir et le titre de GĂ©nĂ©ral Hermoso.
  • Hermoso : Hermoso naquit au Bretzelburg vers 1930. À l'Ăąge de 5 ans, il s'Ă©tablit en Palombie. Il devint un botaniste souvent en expĂ©ditions dans la jungle palombienne Ă  la recherche d'orchidĂ©es. MalgrĂ© les moqueries des Pochero Sr. et Jr., il continua ses recherches jusqu'Ă  l'Ăąge de 82 ans, en 2012, oĂč avec son assisstante PĂ©tunia, il dĂ©couvre une orchidĂ©e avec un trĂšs fort taux d'Iridium, trĂšs prisĂ©e par le Marsupilami. Il en parle comme une dĂ©couverte scientifique majeure Ă  Pochero, qui refuse pourtant de lui dĂ©bloquer plus de fonds pour ses recherches, en raison de son Ăąge. En colĂšre, Hermoso continue nĂ©anmoins ses expĂ©riences avec cette orchidĂ©e qu'il a appelĂ© Orchidus HermosoĂŻd. Une nuit, le Marsupilami, voulant rĂ©cupĂ©rer la plante, la vole mais Hermoso rĂ©ussit pourtant Ă  en arracher une partie. Elle tombe dans une cuve oĂč macĂšre un produit qui tombe lui-mĂȘme sur Hermoso, qui se retrouve miraculeusement rajeuni de 50 ans. AprĂšs avoir tentĂ© de sĂ©duire son assistante PĂ©tunia le lendemain matin, il dĂ©couvre que le sĂ©rum Ă  un effet limitĂ©. Il dĂ©cide de se lancer Ă  la chasse du Marsupilami pour qu'il lui amĂšne d'autres orchidĂ©es pour qu'il puisse rester Ă©ternellement jeune. Avec l'aide de militaires, il capture le Marsupilami, vole ses Ɠufs et abat son nid. Le soir mĂȘme, il prend le pouvoir et jette Pochero en prison. Il devint obsĂ©dĂ© par sa beautĂ© et sa jeunesse, demandant en permanence Ă  ses hommes s'il Ă©tait jeune et beau. Pendant ce temps, avec l'aide du journaliste Dan Geraldo et d'un habitant, Pablito Camaron, Pochero s'Ă©vada de prison. Il Ă©tait devenu dĂ©pressif, pensant en permanence Ă  CĂ©line, sa chanteuse de favorite Ă  laquelle il vouait un vĂ©ritable culte et dont il collectionnait des robes. Faisant diversion tandis que Geraldo et Camaron reprenait les Ɠufs de marsupilami, lui enfila une robe de CĂ©line et se mit Ă  chanter sur une terrasse du palais prĂ©sidentiel. Les soldats l'acclamĂšrent et se retournĂšrent contre Hermoso qui, pour tenter de reprendre les Ɠufs, but toute une fiole de son sĂ©rum, ce qui le rajeunit jusqu'Ă  ce qu'il redevienne un bĂ©bĂ©. À la suite de cela, Pochero reprit le pouvoir.
  • GĂ©nĂ©ral Pochero : On ignora ce que fit Pochero aprĂšs qu'il eut repris le pouvoir.

Culture

Quoique situĂ©e en AmĂ©rique du Sud, culturellement parlant, la Palombie prĂ©sente beaucoup d'affinitĂ©s avec le Mexique : on y consomme en effet des tortillas et des tamales, et on y boit de la tequila. On y consomme aussi pas mal de biĂšre (la marque la plus rĂ©pandue Ă©tant la biĂšre Colibri). Le vĂȘtement des habitants n'est pas non plus sans rappeler celui des citoyens mexicains.

Une des langues amérindiennes qu'on y pratique présente aussi certaines affinités avec le nahuatl : un des tequilas palombiens les plus réputés est celui de la marque Coyotl. La langue des féroces et sylvicoles indiens Chahutas n'a pas encore fait l'objet d'une description scientifique, mais il n'est pas impossible qu'elle relÚve du groupe arawak. Ils portent tous des noms dont la prononciation provoquera sûrement le rire d'un Occidental, et parlent un dialecte trÚs coloré.

Pratiquant la rĂ©duction de tĂȘtes, ils ont vite Ă©tĂ© rejoints par la civilisation qui a cherchĂ© Ă  en tirer profit, tels des « barbares qui allaient parcourir la grande forĂȘt avec leurs fusils[31] ». Ils sont chasseurs, pĂȘcheurs, cueillent des fruits, extraient des Ă©meraudes, font pousser du bambou et adorent toutes sortes de divinitĂ©s dont le marsupilami bien qu'ils n'hĂ©siteraient pas, une fois influencĂ©s, Ă  vouloir le tuer pour diverses raisons (pour le manger et pour ĂȘtre respectĂ© par leurs congĂ©nĂšres). « Chez Franquin, l'Indien de la forĂȘt est un guerrier redoutable, parce que bien adaptĂ© Ă  son milieu, et seul un hasard heureux permet de le mettre en fuite[32]. » Alors que cinq ans auparavant, HergĂ© met encore en scĂšne de dangereux indiens dans Tintin et les Picaros, Franquin inverse les rĂŽles. Il « oppose l'agitation grotesque du chasseur formĂ© Ă  l'Ă©cole du safari africain Ă  l'humour jovial de deux Indiens, dont l'un dit de lui : « Attention, ces individus peuvent devenir dangereux tout Ă  coup sans raison »[31]. »

À l'image de Zantafio, « brun de peau, noir et frisĂ© de poil, et il arbore une dĂ©licate moustache de chanteur de bolĂ©ros[33] », il y a une communautĂ© mĂ©tisse en Palombie. Contrairement Ă  nombre d'auteurs, Franquin a rendu « une image plus exacte du mĂ©tissage gĂ©nĂ©tique, sans Ă©liminer complĂštement la rigiditĂ© des stĂ©rĂ©otypes nĂ©gatifs [33] ».

La tauromachie y est trÚs appréciée. La guitare est l'instrument type de la musique populaire palombienne de l'Úre coloniale. Les activités économiques marquantes incluent production d'argent, de confitures, d'articles de toilettes (savon et dentifrices), banques. Les souvenirs à ramener incluent étuis à cigarettes et blagues à tabac (petacas), bracelets en poil de marsupilami (se méfier des faux).

Enfin, le pays semble ĂȘtre le lieu de prolifĂ©ration de dangereuses maladies, facilement transmissibles. Dans « Capturer un marsupilami Â», le chasseur Bring M. Backalive, confrontĂ© Ă  nouveau Ă  la nature amĂ©ricaine, est la victime de la farce de deux Indiens et contracte une incurable maladie de peau, source d'horribles dĂ©mangeaisons ; l'intense couleur jaune acide que prend le patient est baptisĂ©e la maladie « picazĂłn de limĂłn ». Quand le chasseur regagne en pirogue le premier avant-poste de la civilisation, une cahute dont les pilotis plongent dans l'eau boueuse d'un petit rio, il apporte le flĂ©au. Alors, la maladie « atteindra en quelques semaines plus du tiers de l'humanitĂ© ». Jacques Gilard n'hĂ©site pas Ă  y voir une nouvelle trace de l'aspect visionnaire de la Palombie de Franquin, anticipant avec poĂ©sie sur l'Ă©pidĂ©mie de SIDA qui allait bientĂŽt toucher particuliĂšrement le tiers monde[34].

Apparitions dans d'autres supports

À l'image d'autres pays imaginaires comme la Syldavie de HergĂ©, la Palombie est rĂ©guliĂšrement utilisĂ©e comme exemples fictifs par des universitaires ou encore des journalistes dans leurs dĂ©monstrations ou leurs articles[35]. C'est notamment le cas pendant plusieurs annĂ©es de la revue de rĂ©fĂ©rence L'Espace gĂ©ographique dans ses exemples techniques de prĂ©sentation bibliographique[36]. D'autres encore peuvent se rĂ©clamer de ce pays imaginaire afin d'Ă©crire sous pseudonyme, comme le gĂ©ographe HervĂ© ThĂ©ry dans la revue Mappemonde[37].

Les Ă©crivains francophones contemporains ont Ă©galement fait plusieurs fois rĂ©fĂ©rence Ă  la Palombie. La rĂ©fĂ©rence semble pouvoir ĂȘtre utilisĂ©e comme un pays existant dans leur propre monde imaginaire, comme dans Celui qui aimait le monde d'AndrĂ©-Joseph Dubois, ou comme un pays fictif aux yeux de leurs personnages. C'est notamment le cas de Jean-BenoĂźt Puech dans plusieurs ouvrages centrĂ©s autour de son Ă©crivain fictif Benjamin Jordane[38].

Notes et références

  1. « L'abécédaire du Marsupilami - P », sur marsupilami.com (consulté le ).
  2. (en) Brienza, Casey et Johnston, Paddy, Cultures of comics work, New York, Springer, , 308 p. (ISBN 978-1-137-55090-3, lire en ligne), p. 162-164.
  3. « Lieux imaginaires - 4 », sur Franquin (consulté le ).
  4. Musset, p. 39-40.
  5. Musset, p. 24.
  6. Gilard, p. 117-121.
  7. Gilard, p. 157.
  8. Musset, p. 40.
  9. « Le Marsupilami version Alain Chabat », sur Le Figaro, (consulté le ), Cette bondissante créature rare vit dans la jungle amazonienne de Palombie, dans la région du volcan El Sombrero, au Brésil..
  10. "L'ombre du Z" planche 42
  11. Pascal Paillardet, « Bande dessinĂ©e : L'empreinte carbone mine-t-elle nos hĂ©ros ? Â», La Vie, 25 novembre 2011, lire en ligne
  12. Laurent Lathuilliere, Maud Girdone-Ducher, SĂ©mantique autour des forĂȘts anciennes, Office National des ForĂȘts, Agence Montagnes d’Auvergne, dĂ©cembre 2014, p. 18, lire en ligne
  13. Bruce Boune, « Une promenade gratuite : les jardins de la BD Â», BDParadisio, septembre 2000, lire en ligne (consultĂ© le 10 septembre 2018).
  14. Jean-Philippe Martin, Les jardins de la bande dessinée, catalogue de l'exposition, Paris-Musée, 2000, p. 19.
  15. Gilard p. 126.
  16. « Le Marsupilami : Tout Savoir Sur Le Personnage De Franquin », sur gralon.net/, (consulté le ).
  17. Gilard p. 128.
  18. Gilard p. 123-125.
  19. Musset p. 36.
  20. Gilard p. 132.
  21. Gilard p. 124.
  22. Gilard p. 130.
  23. Gilard p. 131.
  24. Gilard p. 156-157.
  25. Giliard.
  26. Gilard p. 120.
  27. Schang p. 57.
  28. Musset p. 33.
  29. « L'abécédaire du Marsupilami - B », sur marsupilami.com (consulté le ).
  30. JrmBkr, « La Palombie, une contrée séduisante », sur come4news.com, (consulté le ).
  31. Gilard p. 134.
  32. Gilard p. 133.
  33. Gilard p. 129.
  34. Gilard p. 157.
  35. Voir par exemple : Bernadette Biatour, Mathieu Lefebvre, Sergio Pereleman et Pierre Pestieau, « Faut-il un ou plusieurs indicateurs d'exclusion sociale ? Â», Centre de Recherche en Economie Publique et de la Population (CREPP), HEC-École de gestion de l'universitĂ© de LiĂšge, 2005, p. 2 ; Pascal Ide, L'art de penser, Ă©dition MĂ©dialogue, 1992, chap. « Le syllogisme Â».
  36. « Recommandations techniques aux auteurs Â», L'Espace gĂ©ographique, encadrĂ© prĂ©sent dans de nombreux numĂ©ros dans les annĂ©es 1990.
  37. Amerigo Fulano Dethal, UniversitĂ© de Rio Verde, Santa Cruz, Palombie (pseudonyme de Jean-Paul Deler et HervĂ© ThĂ©ry),« AmĂ©rique du Sud, structures comparĂ©es », Mappemonde, n° 88/4, 1988, p. 46-48. Le pseudonyme est rĂ©vĂ©lĂ© dans un rĂ©sumĂ© de ses publications mis en ligne par le laboratoire de recherche Mondes amĂ©ricains de l'École des hautes Ă©tudes en sciences sociales, consultable ici (consultĂ© le 11 septembre 2018).
  38. Voir par exemple : Yves Savigny (pseudonyme de Jean-BenoĂźt Puech), Une biographie autorisĂ©e, Éditions P.O.L, 2010 (lire l'incipit en ligne) ; ou Jean-BenoĂźt Puech, Jordane et son temps (1947-1994), Éditions P.O.L, 2017.

Bibliographie

  • Alain Musset, « Du San Theodoros Ă  Mosquito : L'AmĂ©rique latine en bulles », Cahiers des AmĂ©riques latines, Paris, Institut des hautes Ă©tudes de l'AmĂ©rique latine, UniversitĂ© de la Sorbonne nouvelle - Paris III, nos 28-29,‎ , p. 22-48.
  • Jacques Gilard, « Utopies hebdomadaires : L'AmĂ©rique latine des bandes dessinĂ©es », Caravelle, Paris, no 58 « L'image de l'AmĂ©rique latine en France depuis cinq cents ans »,‎ , p. 117-139.
  • Laurent Schang, « Les gĂ©nĂ©raux dans la bande dessinĂ©e », StratĂ©gique, no 115,‎ , p. 55-60. (lire en ligne).

Liens externes

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