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ForĂȘt ancienne

Une forĂȘt ancienne est – dans le langage courant – une forĂȘt prĂ©sentant un degrĂ© important de naturalitĂ© et dont les arbres sont manifestement vĂ©nĂ©rables. Il ne s'agit pas nĂ©cessairement d'une forĂȘt primaire (qui n'a jamais Ă©tĂ© significativement exploitĂ©e ni fragmentĂ©e ou influencĂ©e par l'humain). Il s'agit parfois aussi d'une forĂȘt exploitĂ©e qui est simplement restĂ©e dans l'Ă©tat de forĂȘt depuis longtemps, en terme foncier et d'occupation du sol. À dĂ©faut de forĂȘts primaires et pour le grand-public, il peut aussi s'agir de forĂȘts secondaires (c'est souvent le cas dans les pays industrialisĂ©s et hors zones Ă©quatoriales ou tropicales trĂšs boisĂ©es), mais diverses Ă©tudes ont montrĂ© que ces derniĂšres sont moins riches que les forĂȘts qui les ont prĂ©cĂ©dĂ©es.

Les forĂȘts anciennes, quand elles ont Ă©tĂ© peu exploitĂ©es, sont plus riches en bois morts et en espĂšces saproxyliques que les forĂȘts cultivĂ©es ou trĂšs exploitĂ©es. Elles sont parfois des reliques de la forĂȘt prĂ©historique
Comparaison entre une forĂȘt ancienne (propice Ă  la biodiversitĂ© forestiĂšre et dotĂ©e d'une riche strate herbacĂ©e) et une forĂȘt secondaire issue de rĂ©gĂ©nĂ©ration artificielle et monospĂ©cifique (strate herbacĂ©e stĂ©rilisĂ©e)
Vieux charmes de la vieille forĂȘt de Sababurg (Allemagne)

Selon l'IGN, « La connaissance des forĂȘts anciennes est nĂ©cessaire Ă  l’application des politiques de gestion des milieux naturels, de prĂ©servation de la biodiversitĂ© et de mise en place des continuitĂ©s Ă©cologiques. Elles peuvent ainsi constituer un Ă©tat de rĂ©fĂ©rence, parmi d’autres, pour l’évaluation de l’état de conservation des Ă©cosystĂšmes forestiers » [1].

DĂ©finition relative

Les dĂ©finitions scientifiques de la forĂȘt ancienne, quand elles existent varient selon les auteurs, les Ă©poques et les pays (Ă  titre d'exemple, toute forĂȘt restĂ©e Ă  l'Ă©tat de forĂȘt (sans dĂ©frichement puis rĂ©gĂ©nĂ©ration) depuis l'an 1600 est dite « ancient woodland » au Royaume-Uni; le concept a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ© par l'Ă©cologiste Oliver Rackham dans son livre Ancient Woodland, its History, Vegetation and Uses in England). Les modes de cartographie de ces forĂȘts ainsi que les principes de calcul de leur degrĂ© de naturalitĂ© sont encore discutĂ©s.
Hamish Kimmins estimait en 2002 que le concept de forĂȘt ancienne tient encore autant des impressions que de la science, de mĂȘme pour son apprĂ©ciation qualitative (ex : pour Alton Harestad, le seuil de 12 % de rĂ©serve naturelle ou de forĂȘt ancienne protĂ©gĂ©e, qui sert souvent de rĂ©fĂ©rence pour la gestion soutenable des forĂȘts, n'a que peu de fondement biologique. Il traduirait plutĂŽt la proportion de forĂȘts que nos sociĂ©tĂ©s pensent ĂȘtre capables de protĂ©ger).
Pour d'autres la forĂȘt ancienne est simplement dĂ©finie comme Ă©tant de 4Ăšme stade de succession forestiĂšre, « aprĂšs la forĂȘt pionniĂšre, la forĂȘt de transition et la forĂȘt ancienne jeune » ; son anciennetĂ© pouvant ĂȘtre apprĂ©ciĂ©e par divers indices de continuitĂ© boisĂ©e[2], dont en particulier la prĂ©sence voire la dominance d'espĂšces dont les capacitĂ©s de colonisation sont connues pour ĂȘtre limitĂ©es[3].
Pour d'autres enfin c'est l'usage du sol (utilisĂ© en tant que « forĂȘt » ou Ă  l'Ă©tat de forĂȘt durant un certain temps) qui prime, avec par exemple une dĂ©finition proposant de considĂ©rer comme forĂȘt ancienne « une forĂȘt dont le couvert boisĂ© a Ă©tĂ© maintenu depuis au moins 150 ans (date Ă  laquelle la surface forestiĂšre a atteint son minimum pour une grande partie du territoire) (...) Une forĂȘt ancienne a pu ĂȘtre exploitĂ©e mais toujours replantĂ©e ou maintenue en taillis. Elle n’est donc pas forcement constituĂ©e de vieux arbres, Ă  la diffĂ©rence d’une vieille forĂȘt, ou d'une forĂȘt mature »[4]. Une autre dĂ©finition est une forĂȘt « Ă©tablie sur un sol dont la continuitĂ© boisĂ©e existe depuis plusieurs siĂšcles »[5] (Etat de forĂȘt maintenu depuis au moins environ 1750 sans changement d'usage du sol selon Guillaume Decocq).

Les 200 dĂ©lĂ©guĂ©s d'un symposium canadien de 2002[6] ont reconnu qu'il fallait distinguer les forĂȘts primaires (jamais exploitĂ©es) des forĂȘts secondaires (exploitĂ©es mais rĂ©gĂ©nĂ©rĂ©es), et que les deux types pouvaient devenir des « forĂȘts anciennes Â» sans toutefois afficher les mĂȘmes qualitĂ©s ou les mĂȘmes processus Ă©cologiques, et qu'il faut prĂ©server les processus naturels dans les forĂȘts primaires Ă  titre de rĂ©fĂ©rence.

  • Dans les forĂȘts primaires, ces processus se poursuivraient sans fin, mĂȘme aprĂšs que des perturbations naturelles auraient Ă©liminĂ© les vieux arbres d'origine.
  • Lee Frelich estime que la surface et/ou le paysage de rĂ©serves de forĂȘts primaires devraient ĂȘtre fixĂ©s selon l'ampleur des processus Ă©cologiques qui s'y dĂ©roulent au sein d'un type forestier donnĂ©.
  • D'autres insistent sur le fait que l'Ă©tat de « forĂȘt ancienne » ne dĂ©crit pas une situation statique, mais qu'il s'agit plutĂŽt d'un continuum dynamique, propre Ă  chaque type forestier, et caractĂ©risĂ© par des pas de temps diffĂ©rents selon les cas[7].

Enjeux

Certaines espĂšces disparaissent dans les jeunes forĂȘts ; ainsi en SuĂšde, l’étude de 150 placettes de hĂȘtraies a montrĂ© que si les mousses se montrent assez peu affectĂ©es par une interruption de la continuitĂ© temporelle de l’état forestier, les lichens y sont sensibles : ils sont nettement plus diversifiĂ©s dans les forĂȘts anciennes (forĂȘts non dĂ©frichĂ©es depuis au moins 350 ans dans le cadre cette Ă©tude) que rĂ©centes (forĂȘt jeune, c'est-Ă -dire de moins de 160 ans)[8].

La forĂȘt ancienne a pris une importance particuliĂšre depuis la confĂ©rence de Rio, en 1992 avec la signature d'une convention internationale sur la biodiversitĂ© et d'une dĂ©claration sur la forĂȘt, suivie pour l'Europe d'une dĂ©claration interministĂ©rielle dite d'Helsinki (1993) sur la forĂȘt engageant les États et les forestiers Ă  protĂ©ger la biodiversitĂ© forestiĂšre.

La forĂȘt ancienne est un indicateur de dĂ©veloppement durable, de soutenabilitĂ© de l'exploitation forestiĂšre et est Ă  ce titre prise en compte par les observatoires de la biodiversitĂ©, les Ă©colabels et Ă©cosociolabels (comme FSC) concernant la gestion forestiĂšre.

Protection

Dans les pays industrialisĂ©s certaines de ces forĂȘts sont mises en rĂ©serve naturelle intĂ©grale.

Les rĂ©serves biologiques intĂ©grales en France ne totalisaient que 1 000 ha en 1996, et la plus grande Ă©tait alors une rĂ©serve intĂ©grale de 300 ha au sein de la rĂ©serve naturelle nationale du Massif du Grand Ventron[9]. En 2013, la plus grande rĂ©serve biologique intĂ©grale française est la rĂ©serve biologique intĂ©grale de Lucifer DĂ©kou DĂ©kou, en Guyane (plus de 64 000 ha) suivie par la rĂ©serve biologique intĂ©grale de la Sylve d'Argenson en Poitou-Charentes (2 600 ha)[10]. Par ailleurs, la forĂȘt reprĂ©sente 54 % des 336 ha de la rĂ©serve naturelle de la forĂȘt de la Massane placĂ©e en rĂ©serve intĂ©grale[11].

En Pologne, seuls 2 800 ha de la ForĂȘt de BiaƂowieĆŒa sont en rĂ©serve intĂ©grale strictement protĂ©gĂ©e[9].

On estime en SuĂšde que pour protĂ©ger les rĂ©serves intĂ©grales de la contamination gĂ©nĂ©tique des espĂšces cultivĂ©es environnantes il faut constituer des rĂ©serves intĂ©grales d'une taille qui ne soit pas infĂ©rieure Ă  plusieurs milliers d'hectares, et pour George Peterken la taille minimale devrait ĂȘtre supĂ©rieure Ă  la plus grande perturbation, soit un million d'hectares[9].

Le 22 avril 2022, via un dĂ©cret lors de la JournĂ©e de la Terre, aux Etats-Unis le prĂ©sident Joe Biden a exigĂ© des responsables fĂ©dĂ©raux un inventaire des forĂȘts anciennes dans les 12 mois, et l'identification des menaces portĂ©es Ă  ces forĂȘts[12].

CritĂšres

Ils varient selon le type de forĂȘt et de contexte biogĂ©ographique.

Ainsi, une forĂȘt oĂč la plupart des arbres dominants ont plus de 700 ans sera considĂ©rĂ©e comme ancienne en zone tropicale humide, alors que plus prĂšs des pĂŽles, une bĂ©tulaie dominĂ©e par des bouleaux de 180 ans sera considĂ©rĂ©e comme trĂšs ancienne, notamment dans les zones oĂč les incendies de forĂȘt naturels sont frĂ©quents.

Le cas des forĂȘts dĂ©cidues de zones tempĂ©rĂ©es.

CritĂšres de naturalitĂ© et de structure forestiĂšre : En 2006, le Groupe de travail sur les Ă©cosystĂšmes forestiers exceptionnels (Direction de l’environnement forestier du Canada)[13]a dĂ©fini les forĂȘts anciennes (Old-growth forest) canadienne Ă  partir d'une dĂ©finition « adaptĂ©e de la littĂ©rature scientifique » (adaptation faite en 1996) Ă  partir de critĂšres approuvĂ©s par un comitĂ© d’experts externes en 2001, publiĂ©s et rĂ©visĂ©s par les pairs en 2003. Pour ce groupe, une forĂȘt dĂ©cidue tempĂ©rĂ©e est dite « ancienne » si :

  • elle a une origine lointaine, et qu'elle est peu perturbĂ©e et peu affectĂ©e par l’homme ;
  • des arbres d’ñge trĂšs Ă©levĂ© (compte tenu du milieu et de l’espĂšce) sont dominants ;
  • on y trouve simultanĂ©ment des arbres jeunes, matures et sĂ©nescents, des chicots et de gros dĂ©bris de bois-mort au sol ;
  • sa structure est inĂ©quienne ou au moins irrĂ©guliĂšre ;
  • elle abrite des essences typiquement tolĂ©rantes Ă  l’ombre.

Une autre définition est proposée par le WWF France qui a travaillé en collaboration avec un comité scientifique et technique rassemblant une cinquantaine de personnes, parmi lesquelles des gestionnaires forestiers privés et publics, des gestionnaires d'espaces protégés, des scientifiques et des naturalistes (voir le comité : http://www.foretsanciennes.fr/evaluer/demarche/le-comite/). Les critÚres retenus sont la diversité à la fois en essences, en microhabitats et en habitats associés au milieu forestier, l'indigénat, la complexité structurale, la maturité (ùge du peuplement, présence de trÚs trÚs gros bois, volume de bois mort), la dynamique (stade de succession, phases de la sylvigénÚse), la continuité spatiale et la continuité temporelle (ancienneté), l'empreinte humaine, passée, contemporaine ou potentielle. La prise en compte du Sentiment de Nature permet d'apporter une dimension psycho-sociale à l'analyse de la naturalité. Des outils sont disponibles (http://www.foretsanciennes.fr/evaluer/methode/les-outils/).

CritĂšres d'Ăąge, taille et diamĂštre :

  • Le bouleau jaune est dans ce contexte (canadien) considĂ©rĂ©e comme marqueur d'une « forĂȘt ancienne » quand il a au moins 180 ans, un diamĂštre DHP[14] de 60 cm et/ou qu'il mesure au moins 25 m de haut.
  • L'Ă©rable Ă  sucre doit avoir au moins 175 ans, et mesurer 55 cm de diamĂštre et plus de 27 m de haut.
  • L'Ă©pinette blanche aura plus de 170 ans, 40 cm de DHP[14] au moins et plus de 19 m de hauteur.
  • L'Ă©pinette rouge pourra ĂȘtre plus jeune (135 ans au moins et 40 cm de diamĂštre et/ou 22 m de hauteur.
  • Le sapin baumier sera lui considĂ©rĂ© comme marqueur de forĂȘts anciennes Ă  partir de 95 ans, 35 cm de diamĂštre et 24 m de haut;

En Europe, 132 espĂšces de plantes, dont des arbres, ont Ă©tĂ© proposĂ©es comme indicatrices de forĂȘts anciennes europĂ©ennes, mais c'est Ă  Ă©chelle rĂ©gionale et biogĂ©ographique que les Ă©valuations qualitatives doivent ĂȘtre faites, car « l'affinitĂ© pour les forĂȘts anciennes de ces espĂšces varie considĂ©rablement d'un pays Ă  l'autre » [15].

De maniĂšre gĂ©nĂ©rale les plantes de forĂȘts anciennes sont plus tolĂ©rantes Ă  l'ombre que les autres espĂšces de plantes forestiĂšres ; Elles Ă©vitent les sites secs et trĂšs humides[15]. Elles sont plutĂŽt typiques de sites forestiers Ă  un pH intermĂ©diaire oĂč existe une bonne disponibilitĂ© en azote[15]. Ce sont souvent des gĂ©ophytes et hĂ©micryptophytes. Les types de stratĂ©gies de rĂ©ponse ou tolĂ©rance au stress sont plus variĂ©es sous les espĂšces des forĂȘts anciennes, par rapport aux autres espĂšces de plantes forestiĂšres et inversement pour les stratĂ©gies de compĂ©tition[15].

Ce profil Ă©cologique particulier suggĂšre que les vĂ©gĂ©taux des forĂȘts anciennes puissent former une « guilde ».

Leur faible capacité actuelle à coloniser de nouveaux sites forestiers est encore mal comprise. Elle est attribuée à plusieurs traits et variables qui interagissent : croissance lente, faibles capacités de dispersion (beaucoup ont une stratégie de dispersion à courte distance, ou nécessite la présence de certains animaux), faible production de diaspore et problÚmes de recrutement (par exemple la faible capacité compétitive)[15].

En raison d'un profil Ă©cologique spĂ©cifique et de faibles capacitĂ©s colonisatrices, les espĂšces vĂ©gĂ©tales forestiĂšres anciennes peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme des indicateurs importants de la biodiversitĂ© des forĂȘts[15].

Dans le monde

Les forĂȘts anciennes sont dans le monde moins rares que les forĂȘts primaires, mais elles restent peu frĂ©quentes dans l'ancien monde (Eurasie) tout particuliĂšrement en Chine et dans les pays industrialisĂ©s.

En AmĂ©rique du Nord, elles ont Ă©galement fortement rĂ©gressĂ©, avec de fortes diffĂ©rences gĂ©ographique : ainsi au Canada, l'Île-du-Prince-Édouard a perdu presque toutes ses forĂȘts anciennes, alors que la Colombie-Britannique a su en conserver de nombreux vieux peuplements incluant de trĂšs vieux arbres (plus de 500 ans), dont surannĂ©s et dĂ©pĂ©rissants, accueillant une forte biodiversitĂ© saproxylique et Ă©piphyte.

En Europe

Sur ce continent subsistent quelques noyaux de forĂȘts anciennes relativement prĂ©servĂ©s, essentiellement dans les pays de l'Est.

En France

La Guyane abrite un patrimoine exceptionnel de forĂȘt ancienne, mais en France mĂ©tropolitaine, au sens de sa dĂ©finition par GĂ©rard Houzard, la forĂȘt ancienne (et plus encore quand elle n'a pas Ă©tĂ© exploitĂ©e) est « trĂšs rare »[16]. La rĂ©serve naturelle nationale de la forĂȘt de la Massane est un des rares exemples de forĂȘt ancienne, souvent prĂ©sentĂ© comme pouvant donner une idĂ©e de ce que pourrait ĂȘtre une forĂȘt primaire de montagne pyrĂ©nĂ©enne.

Selon la dĂ©finition IGN (plus large, qui englobe toutes les forĂȘts non dĂ©frichĂ©es depuis 1850, qui ne sont pas nĂ©cessairement des « vieilles forĂȘts ») et d'aprĂšs une Ă©valuation mise Ă  jour mi-2018 sur la base de comparaison d'imageries aĂ©riennes, de cartographies actuelles et de cartes anciennes [ cartes de Cassini (1749-1790), cadastre napolĂ©onien (1807-1850) et carte d'Ă©tat-major (1818-1866, avec comme date moyenne des levĂ©es 1843, jugĂ©e proche du "minimum forestier" français) ] sa superficie a Ă©voluĂ© de maniĂšre « trĂšs diffĂ©renciĂ©es depuis le XIXe siĂšcle » [1]. Le minimum forestier français a du ĂȘtre atteint dans la premiĂšre moitiĂ© du XIXe siĂšcle (9 Ă  10 millions d’hectares Selon B Cinotti (1996)[17] et D Vallauri et al. (2012).
Les forĂȘts anciennes (au sens de l'IGN) sont presque toujours (en 2018) dotĂ©es d’un document de gestion forestiĂšre [18]. Elles sont plutĂŽt riches en biodiversitĂ© (chaque forĂȘt Ă©tant nĂ©anmoins un cas particulier) [19], mais les prĂ©lĂšvements de bois y sont supĂ©rieurs Ă  la moyenne (ex : + 63 % de prĂ©lĂšvement en Bretagne et + 22 % en Lorraine, et l'Ă©cart entre le prĂ©lĂšvements et la production biologique estimĂ©e est plus Ă©levĂ© dans les forĂȘts rĂ©centes. La mortalitĂ© des peuplements y est plutĂŽt faible (<1 mÂł/ha/an) et « la mortalitĂ© nette est plus Ă©levĂ©e en forĂȘt rĂ©cente qu’en forĂȘt ancienne »[20]. Le degrĂ© de pente et l'altitude des parcelles sont des facteurs qui ont favorisĂ© la forĂȘt ancienne[21]. Les volumes de bois mort n'y sont pas plus Ă©levĂ©s (en raison de prĂ©lĂšvements plus importants)[22]. Une prudence est nĂ©cessaire dans l'usage de ces cartes car comme le rappelle l'IGN : « La continuitĂ© de l’état boisĂ© est supposĂ©e entre la carte de l’étatmajor et aujourd’hui si la forĂȘt est prĂ©sente Ă  ces deux dates. Or, ceci n’est pas toujours vrai »[1]

Un travail sur SIG (systĂšme d'information gĂ©ographique et d'Ă©cologie rĂ©trospective a rĂ©cemment utilisĂ© les cartes de Cassini pour Ă©valuer quel Ă©tait le contour des forĂȘts dans la seconde moitiĂ© du XVIIIe siĂšcle. Ceci permet de mieux identifier ce qui a Ă©tĂ© perdu en surface forestiĂšre depuis cette Ă©poque, et quelle part des massifs actuels existait dĂ©jĂ  Ă  cette Ă©poque (indice d'anciennetĂ© probable de la forĂȘt et de certaines des espĂšces qu'elle abrite[23]. Ces travaux s'inscrivent notamment dans le projet CartoFora[24] portĂ© par le GIP Ecofor.

IntĂ©rĂȘt Ă©cologique et Ă©conomique

BiodiversitĂ© : Ces forĂȘts jouent un rĂŽle de conservatoires de biodiversitĂ© et de diversitĂ© gĂ©nĂ©tique pour les graines ou plants forestiers qu'on peut y trouver, mais aussi pour la faune les champignons et microorganismes qui y vivent, parfois sous forme dormante durant des dĂ©cennies (cryptobanque de graine du sol
). Certains experts en matiĂšre de naturalitĂ©, tels Akira Miyawaki ont montrĂ© que les parcs boisĂ©s de certains chĂąteaux, temples ou cimetiĂšres anciens pouvaient Ă©galement parfois, ou dans certains pays jouer ce rĂŽle, sur de petites surfaces qui ont parfois Ă©tĂ© conservĂ©es lĂ  oĂč la forĂȘt ancienne a disparu.

Puits de carbone : Elles sont aussi des stocks et puits de carbone qui semblent avoir Ă©tĂ© sous-estimĂ©s (et parfois d'un facteur 2 [25]) au moins en zone tempĂ©rĂ©e [25]. Les forĂȘts non Ă©quiennes et riches en biodiversitĂ© en stockent beaucoup : par exemple les forĂȘts subalpines naturelles dans le nord des montagnes Rocheuses sont un puits de carbone qui s'est montrĂ© de 50 % Ă  100 % plus Ă©levĂ© que prĂ©dit par un modĂšle d'une forĂȘt Ă©quienne et monospĂ©cifique[25].

Services écosystémiques :

Substituts

LĂ  oĂč la forĂȘt ancienne a disparu, ou quand la forĂȘts mĂ»res et surannĂ©es n'est pas souhaitĂ©e par le sylviculteur, les plans de gestion et autres documents d'amĂ©nagement sylvicole peuvent contenir des dispositions, encouragĂ©es par la certification forestiĂšre (ex : FSC ou PEFC) visant Ă  instaurer et protĂ©ger du bois mort Ă©pars d'une part et quelques « Ăźlots de vieillissement » (ou « Ăźlots de sĂ©nescence ») [26] - [27] d'autre part.

Notes et références

  1. IGN 2018 Les forĂȘts anciennes ; État des lieux des forĂȘts dĂ©jĂ  prĂ©sentes dans la premiĂšre moitiĂ© du XIXe siĂšcle ; SynthĂšse pĂ©riodique de l’inventaire forestier, IF, n° 42, juillet 2018 voir p 6 de la TĂ©lĂ©charger l'iF n°42, pdf de 7,9 Mo version pdf
  2. Selva S.B (2003) Using calicioid lichens and fungi to assess ecological continuity in the Acadian Forest Ecoregion of the Canadian Maritimes. The Forestry Chronicle, 79(3), 550-558.
  3. Présentation de Guillaume Decocq (Université de Picardie)
  4. PNR des Mille vaches : Les forĂȘts anciennes, qu’est-ce que c’est ? [Contexte et dĂ©finition, consultĂ© le 10 fĂ©vrier 2017
  5. ForĂȘt ancienne, vieille forĂȘt 
 qu’es aquo?, consultĂ© le 10 fĂ©vrier 2017
  6. symposium sur les forĂȘts anciennes du Canada ; 15-19 octobre 2001, Sault Ste. Marie, Ontario, destinĂ© Ă  faire le point sur la recherche sur les forĂȘts anciennes menĂ©s au Canada de 1992 Ă  2002
  7. Les forĂȘts anciennes : un point de vue scientifique - rĂ©sultats prĂ©liminaires de la confĂ©rence
  8. Fritz, Ö., Gustafsson, L., & Larsson, K. (2008), Does forest continuity matter in conservation? - A study of epiphytic lichens and bryophytes in beech forests of Southern Sweden. Biological Conservation, 141, 655–668. (rĂ©sumĂ© et graphiques)
  9. Annik Schnitzler-Lenoble, En Europe, la forĂȘt primaire autre, La Recherche, no 290, 1er septembre 1996, p. 68
  10. Collectif, Mieux connaßtre les espaces naturels protégés français, Montpellier, Atelier technique des espaces naturels, janvier 2013, consulté le 24 mai 2013
  11. Fiche INIST/CNRS
  12. « Etats-Unis : Joe Biden ordonne la protection des forĂȘts anciennes amĂ©ricaines », sur Franceinfo, (consultĂ© le )
  13. Inventaire des écosystÚmes forestiers exceptionnels du territoire du Triton, 18 décembre 2006 ([http///www.crecn.qc.ca/pdf/Foret/Triton_12_06_print.ppt Présentation PowerPoint])
  14. DHP est l'abréviation de « diamÚtre à hauteur de poitrine ».
  15. Martin Hermy, Olivier Honnay, Les Firbank, Carla Grashof-Bokdam, Jonas E. Lawesson, “An ecological comparison between ancient and other forest plant species of Europe, and the implications for forest conservation” : Biological Conservation ; Volume 91, Issue 1, November 1999, Pages 9–22 (RĂ©sumĂ©)
  16. GĂ©rard Houzard (1989) Les forĂȘts primitives de la France. In INRA-SCEES. Le Grand Atlas de la France rurale, Paris, p. 348-349 (2 cartes),
  17. Cinotti B., 1996. Evolution des surfaces boisées en France :proposition de reconstitution depuis le début du XIXe siÚcle, Revue forestiÚre française, 48 (6), p. 547-562.
  18. IGN 2018 Les forĂȘts anciennes ; État des lieux des forĂȘts dĂ©jĂ  prĂ©sentes dans la premiĂšre moitiĂ© du XIXe siĂšcle ; SynthĂšse pĂ©riodique de l’inventaire forestier, IF, n° 42, juillet 2018 voir p 7 de la TĂ©lĂ©charger l'iF n°42, pdf de 7,9 Mo version pdf
  19. - 12)
  20. IGN 2018 Les forĂȘts anciennes ; État des lieux des forĂȘts dĂ©jĂ  prĂ©sentes dans la premiĂšre moitiĂ© du XIXe siĂšcle ; SynthĂšse pĂ©riodique de l’inventaire forestier, IF, n° 42, juillet 2018 voir p 8 de la TĂ©lĂ©charger l'iF n°42, pdf de 7,9 Mo version pdf
  21. IGN 2019 Les forĂȘts anciennes ; État des lieux des forĂȘts dĂ©jĂ  prĂ©sentes dans la premiĂšre moitiĂ© du XIXe siĂšcle ; SynthĂšse pĂ©riodique de l’inventaire forestier, IF, n° 42, juillet 2018 voir p 10 de la TĂ©lĂ©charger l'iF n°42, pdf de 7,9 Mo version pdf
  22. IGN 2019 Les forĂȘts anciennes ; État des lieux des forĂȘts dĂ©jĂ  prĂ©sentes dans la premiĂšre moitiĂ© du XIXe siĂšcle ; SynthĂšse pĂ©riodique de l’inventaire forestier, IF, n° 42, juillet 2018 voir p 11 de la TĂ©lĂ©charger l'iF n°42, pdf de 7,9 Mo version pdf
  23. Daniel Vallauri, Audrey Grel, Evelyne Granier et Jean-Luc Dupouey (2012), Rapport WWF/INRA, Marseille, 64 pages
  24. (http://www.gip-ecofor.org/ Cartofora/)
  25. Eileen V. Carey, Anna Sala, Robert Keane, Ragan M. Callaway, Are old forests underestimated as global carbon sinks? ; On line 21 DEC 2001 DOI:10.1046/j.1365-2486.2001.00418.x IssueGlobal Change BiologyGlobal Change BiologyVolume 7, Issue 4, pages 339–344, April 2001
  26. S DĂ©ry, biologiste, M Leblanc, « Lignes directrices pour l’implantation des Ăźlots de vieillissement rattachĂ©es Ă  l’objectif sur le maintien de forĂȘts mĂ»res et surannĂ©es Partie II : intĂ©gration Ă  la planification forestiĂšre », MinistĂšre des Ressources naturelles et de la Faune du QuĂ©bec ; Direction de l’environnement forestier Nov 2005
  27. Leblanc, M. et S. DĂ©ry (2005), Lignes directrices pour l’implantation des Ăźlots de vieillissement rattachĂ©es Ă  l’objectif sur le maintien de forĂȘts mĂ»res et surannĂ©es - Partie I : intĂ©gration au calcul de la possibilitĂ© forestiĂšre, QuĂ©bec, gouvernement du QuĂ©bec, ministĂšre des Ressources naturelles et de la Faune, Direction de l’environnement forestier, 23 p.

Voir aussi

Bibliographie

La bibliographie listĂ©e ci-dessous est extraite de la page (fr) LittĂ©rature technique du site forĂȘts anciennes.

  • BergĂšs L. & Dupouey J.-L. (2017) ForĂȘts anciennes, Revue forestiĂšre française, 69 (4-5), p. 291-570.
  • Camus C., 2010,Étude prĂ©alable Ă  la crĂ©ation d'un rĂ©seau de forĂȘts rhĂŽnalpines en Ă©volution naturelle pour le maintien de la biodiversitĂ©, mĂ©moire ENITA Bordeaux, 69 pages.
  • Carnino N., 2009, SPN/ONF, 37 pages.
  • Febvre V., 2010, Les ForĂȘts anciennes du parc national des CĂ©vennes, Contribution Ă  l'Ă©laboration d'une stratĂ©gie de gestion et de conservation, Nancy, mĂ©moire FIF-ENGREF, 139 pages.
  • Gaudin Sylvain (2014) Les forĂȘts anciennes : une notion nouvelle, texte d'une ConfĂ©rence prĂ©sentĂ©e Ă  la SociĂ©tĂ© d'Ă©tude des Sciences naturelles de Reims le 18 VI 2013 ; in Bull. Soc. Étu. Sci. nat. Reims – n° 27-28 – AnnĂ©es 2013-2014
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