André-Joseph Dubois
André-Joseph Dubois (né à Liège en 1946) est un écrivain belge de langue française.
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Biographie
André-Joseph Dubois a publié en 1981 un roman intitulé L’Œil de la mouche (Balland, Paris, 1981; réédition, Espace Nord, Bruxelles, 2013). Ce roman, salué par la presse de l'époque[1], expose l’aliénation d’un fils d’ouvrier cherchant à se démarquer de son milieu d’origine par l’adoption des codes culturels bourgeois (en premier lieu la langue et la littérature), sans parvenir à s’intégrer à ce monde, dont il restera à tout jamais étranger. L’auteur y travaille ainsi les clivages en Wallonie selon les distinctions de Pierre Bourdieu (dont un passage est cité en exergue), et notamment ceux qui se marquent dans la langue[2].
En 1983, il publie un deuxième roman rompant avec le classicisme apparent de L'Œil de la mouche par une écriture ostensiblement "baroque"[3]: Celui qui aimait le monde (Balland, Paris, 1983).
Ces deux romans ont marqué une certaine approche de la Wallonie dans les années 1980.
Malgré des critiques parfois élogieuses[4], André-Joseph Dubois arrête de publier après la sortie de Celui qui aimait le monde, sans explication apparente[5]. Il ne fait son retour à la littérature qu'à partir de 2012, en publiant chez l'éditeur belge Weyrich Les Années plastique.
C'est chez cet éditeur qu'il publie ses textes suivants: Le Sexe opposé (2013), Ma Mère, par exemple (2014), Quand j'étais mort (2017), Le Septième Cercle (2020) et Vie et mort de saint Tercorère le Maudit (2023).
Il a signé le Manifeste pour la culture wallonne en 1983 et a reçu deux fois le Prix Félix Denayer de l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, pour L’Œil de la mouche, en 1981, et pour Ma Mère, par exemple, en 2014.
Bibliographie
- L’Œil de la mouche, Balland, Paris, 1981; réédition : Espace Nord, Bruxelles, 2013, Prix Félix Denayer de l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique (1981).
- Celui qui aimait le monde, Balland, Paris, 1983.
- Les Années plastique, Weyrich, Neufchâteau, 2012.
- Le Sexe opposé, Weyrich, Neufchâteau, 2013.
- Ma Mère, par exemple, Weyrich, Neufchâteau, 2014, Prix Félix Denayer de l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique (2014).
- Quand j'étais mort, Weyrich, Neufchâteau, 2017.
- Le Septième Cercle, Weyrich, Neufchâteau, 2020, Prix des Bibliothèques de la Ville de Bruxelles (2021) et prix Emma Martin de l’Association des Écrivains de Belgique (2021).
- Vie et mort de saint Tercorère le Maudit, Weyrich, Neufchâteau, 2023.
Notes et références
- Voy., notamment: Willy Lesur, RTBF, 10 mars 1981 ; André Gascht, « Placé sous l’invocation de Pierre Bourdieu », Le Soir, 17 mars 1981 ; « Le Liégeois André-Joseph Dubois (35 ans) publie son premier roman, « L'Œil de la Mouche » chez Balland (Paris) », La Meuse-La Lanterne, 10 avril 1981 ; Marc Baronheid, « Les romanciers liégeois, quels comédiens ! », La Wallonie, 16 avril 1981 ; Pierre Pirard, « Liège : un nouveau romancier et douze nouvellistes », La Libre Belgique, 25 septembre 1981.
- "(Le narrateur) ressent le malaise d'une double trahison: celle de son milieu, de sa classe d'origine à laquelle sa boulimie de littérature et son diplôme universitaire lui ont fait échapper, et celle de son langage originel, ce dialecte wallon qui est celui des siens et qu'il a en quelque sorte renié au profit d'une langue empruntée, dans les deux sens du terme", Willy Lesur, RTBF, 10 mars 1981; voy. également l'interview accordée par André-Joseph Dubois à La Cité ("A-J.Dubois: romancier wallon sans fausse pudeur, au-delà du régionalisme", 8 mai 1981). L'auteur y expose que "La Wallonie, comme d'autres régions francophones, est à la périphérie d'un monde français très puissant, culturellement parlé. D'où une certaine aliénation qui est celle de toute périphérie par rapport à un centre. (...) Actuellement, la classe ouvrière me semble prise entre le néant culturel de ses origines et le vernis de culture qu'on lui a imposé d'une manière artificielle et calculée. (...) Mon livre parle de la lutte des classes mais je crois avoir été original en l'abordant à partir du langage des différentes classes".
- André-Joseph Dubois dira d'ailleurs à propos de Conrad Detrez qu' "il y a d'indéniables convergences entre Detrez et moi: le goût du baroque en est une, l'Amérique latine en est une autre" (La Wallonie, 30 décembre 1983).
- Mémo-Sud, l'agenda culturel de la RTBF-TV va jusqu'à qualifier Celui qui aimait le monde de "chef d’œuvre" le 25 novembre 1983.
- Le romancier Frédéric Saenen (Le plastique, c'est fantastique!) écrit, à cet égard, le 3 février 2012, que "André-Joseph Dubois a, paraît-il, publié il y a une trentaine d’années deux romans de très belle facture chez Balland, L’Œil de la mouche et Celui qui aimait le monde. Puis le silence radio, le retrait. Qu’a-t-il vécu durant toutes ces années, l’enfer, le purgatoire ou le paradis ? Il le racontera peut-être un jour prochain, à un public de curieux, lors d’une présentation du livre qu’il vient de faire paraître aux Éditions Weyrich".