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Palmier de Palmyre

Borassus flabellifer • Palmier à sucre, Palmier rônier, Borasse

fruit de Palmier de Palmyre.

Le Palmier de Palmyre (Borassus flabellifer L.), aussi appelé palmier à sucre, mais d'autres espèces portent aussi ce nom, ou encore Palmier rônier, est un arbre tropical de la famille des Arécacées, souvent cultivé en Asie du Sud et du Sud-Est à diverses fins et notamment pour la production de sucre.

DĂ©nominations

Description

  • Planche botanique
    Planche botanique
  • Jeunes sujets
    Jeunes sujets
  • Sujets en cours de croissance
    Sujets en cours de croissance
  • Sujets âgĂ©s
    Sujets âgés
  • Inflorescences mâles
    Inflorescences mâles
  • Fleurs mâles
    Fleurs mâles
  • Inflorescences femelles
    Inflorescences femelles
  • Pied femelle portant des fruits
    Pied femelle portant des fruits
  • Fruit ou taal
    Fruit ou taal
  • Fruit coupĂ© montrant les graines gĂ©latineuses
    Fruit coupé montrant les graines gélatineuses

Le palmier Ă  sucre est un palmier de grande taille, pouvant atteindre 35 mètres de haut avec un stipe de 60 cm de diamètre. Ce dernier est couronnĂ© par un bouquet 25 Ă  40 feuilles costapalmĂ©es. Le pĂ©tiole de 60 cm Ă  1,2 mètre est armĂ© d'Ă©pines irrĂ©gulières[7].

C'est comme toutes les espèces du genre Borassus, une plante dioïque. Les longues inflorescences mâles en spadices recourbés (de 90-150 cm de long), portent de petites fleurs composées de 3 sépales, 3 pétales et de 6 étamines ainsi qu'un pistil dégénéré. Les pieds femelles portent des épis courts de fleurs femelles composées 3 sépales, 3 pétales, 6-9 staminodes et un ovaire globuleux. La floraison s'étale de novembre à fin juin.

Il commence à fleurir vers l'âge de 20 ans[8]. Il peut vivre plus d'une centaine d'années.

Les fruits sont des drupes fibreuses, de 10-20 cm de diamètre environ, ovoĂŻdes, de couleur vert marron, groupĂ©es en grappes serrĂ©es. Ils comportent 3 noyaux (pyrènes) de 6-7 mm, noirs.

Distribution

Cette espèce est originaire du sud de l'Inde et du Sud-Est asiatique (Birmanie, Thaïlande, Cambodge, Laos, Vietnam, Indonésie).

Dans ces régions, ce palmier est aussi cultivé pour sa production de sucre mais c'est dans le sud de l'Inde (en particulier dans les États du Kerala et du Tamil Nadu) et le nord du Sri Lanka que cette culture est la plus importante. C'est en nombre d'arbres, le troisième palmier cultivé après le cocotier (Cocos nucifera) et le palmier à huile (Elaeis guineensis). Toutefois, sa culture ne cesse de reculer en raison de la concurrence du cocotiers ou d'autres cultures plus rentables[9].

Le palmier de Palmyre est aussi cultivé à titre ornemental dans plusieurs régions tropicales. Il a ainsi été introduit aux États-Unis (Floride, Hawaï). Des sujets peuvent être admirés au jardin botanique de Pamplemousses à Maurice.

Utilisation

  • Production de sucre de palme
Fruits et sirop de palme
La mĂ©thode gĂ©nĂ©ralement utilisĂ©e consiste Ă  pratiquer des incisions sur les spadices (inflorescences) mâles ou femelles, puis Ă  recueillir la sève qui s'en Ă©coule dans des rĂ©cipients fabriquĂ©s avec des tiges de bambous au Cambodge ou en ThaĂŻlande et des jarres en Inde. L'inflorescence laisse couler sa sève pendant un mois et demi. La sève doit ĂŞtre rĂ©coltĂ©e rapidement pour Ă©viter qu'elle ne fermente. Un palmier Ă  sucre peut produire de 10 Ă  20 litres de sève par jour pendant la pĂ©riode de production qui peut durer cinq Ă  six mois. La rĂ©colte s'Ă©tale de dĂ©cembre Ă  mai. En Inde du Sud, elle est effectuĂ©e par des grimpeurs Nadar. Les Nadars forment une caste qui au XIXe siècle Ă©tait principalement impliquĂ©e dans la culture des palmiers de Palmyre.
Cette sève, qui contient de l'ordre de 15 % de sucre, peut être consommée fraîche, comme une boisson nourrissante car outre des sucres (en majorité du fructose), elle apporte des protéines et des sels minéraux et oligo-éléments. Le sirop de palmier peut être vendu frais sur les marchés. Mis à fermenter, il permet de produire du vin de palme (ou toddy hindi : ताड़ी), et par distillation de ce dernier de l'alcool.
La cuisson du jus de palme donne une pâte dure ou semi-solide, formée de saccharose et de mélasse. Une fois refroidi, il donne un pain de sucre non raffiné ou jaggery. Par centrifugation, on obtient un sucre raffiné qui est mis en sachets pour la vente. La mélasse est fermentée puis distillée pour produire de l'alcool. La vente du sucre de palme en sachet s'industrialise lentement au Cambodge, en Thaïlande ou en Indonésie.
Avant l'arrivĂ©e de la canne Ă  sucre, importĂ©e par les colons, le sucre de palme Ă©tait la seule source de sucre de ces rĂ©gions[8]. Dans les annĂ©es 1950, il Ă©tait produit environ 50 000 tonnes de sucre de palme par an, au Cambodge. Dans le sud de l'Inde, le sucre de palme est encore exploitĂ© pour l'usage local ou pour l'exportation vers les restaurants indiens du monde entier.
  • Les Taals, fruits ovoĂŻdes et fibreux du palmier de Palmyre contiennent trois noyaux de consistance gĂ©latineuse. AccommodĂ©e avec un sirop de sucre de palme (ou avec un jus de coco), cette chair gĂ©latineuse constitue un excellent dessert rafraĂ®chissant.
Graines gélatineuses comestibles (Guntur)
En Thaïlande, les noyaux sont coupés en rondelles et mis en conserve. Ils sont servis dans les restaurants et les fast-foods.
  • La pousse
Les pousses du palmier de Palmyre sont comestibles. De la forme d'une ogive, elles sont très prisées en Inde pour leur richesse en féculents. Jusqu'à récemment, l'amidon des pousses constituait la base de l'alimentation de certaines castes[8].
  • Usage des feuilles comme support d'Ă©criture
En Asie du Sud et du Sud-Est, les feuilles de palmier ont longtemps servi de support d'Ă©criture. En Inde, au Sri Lanka et en Birmanie, les palmiers les plus souvent employĂ©s sont le palmier de Palmyre (Borassus flabellifer) et le tallipot (Corypha umbraculifera). Les feuilles de Borassus prĂ©levĂ©es sont sĂ©chĂ©es au soleil avant d'ĂŞtre mises Ă  tremper dans de l'eau jusqu'Ă  ce qu'une odeur de pourriture apparaisse. Elles sont ensuite sĂ©chĂ©es Ă  l'ombre partielle puis dĂ©coupĂ©es en bandelettes, en gĂ©nĂ©ral de 34 cm sur 5 cm. Une autre technique consiste Ă  les immerger trois jours dans de la boue ou de la chaux, Ă  les sĂ©cher puis Ă  les tremper dans une dĂ©coction de fruits de Murraya exotica pour les protĂ©ger des attaques de termites et de champignons. Le traitement des feuilles de Corypha est diffĂ©rent[N 1].
Les feuillets sont reliés en liasses grâce à une cordelette passée dans un trou fait au préalable. Les inscriptions se font en écorchant la cuticule de la feuille avec un stylet métallique[10]. Pour prévenir les attaques d'insectes, les feuillets sont régulièrement enduits de poudre de curcuma.
En général, les feuillets de Corypha umbraculifera sont plus larges et de qualité supérieure à celles du Borassus flabellifer. En conséquence, la majorité des anciens manuscrits ayant survécu à l'humidité tropicale sont sur feuilles de Corypha.
On désigne en français ces feuillets employés pour l’écriture des manuscrits de l’Inde et des pays indianisés du Sud-Est asiatique, par le terme de ôle ou olle depuis la fin du XVIIe siècle, par emprunt au tamoul ölei signifiant « feuille »[11].
En Inde, les inscriptions sanscrites sur feuilles de palmier remonteraient Ă  l'AntiquitĂ©. Au Kerala, les feuilles de palmier de Palmyre et de tallipot ont Ă©tĂ© abondamment utilisĂ©es pour Ă©crire les horoscopes et les textes ayurvĂ©diques et religieux[10]. La Bibliothèque des Manuscrits et l'Institut de recherche orientale de l'universitĂ© du Kerala (Ă  Thiruvananthapuram) ont une collection de plus de 70 000 feuillets de palmier manuscrits, certains vieux de 500 ans. Avant le milieu du XVIIIe siècle, les manuscrits concernaient la religion et l'ayurveda. Après cette date, ils servaient aussi comme documents administratifs. De nos jours au Kerala (Padmakumar[10] et al. 2003), les feuillets de palmier continuent Ă  ĂŞtre utilisĂ©s par les astrologues pour inscrire leurs horoscopes. Dans certaines localitĂ©s, les jeunes enfants hindous apprennent Ă  tracer leur premier alphabet sur ces feuillets de palme.
Au Cambodge, de nombreux textes anciens datant de l'époque de l'Empire khmer (du IXe au XIIIe siècle) sont écrits sur feuilles de palme[8]. En Malaisie, la feuille de lontar (Borassus) fut utilisée du XIIIe au XVIIe siècle pour tous les travaux d'écriture. En Indonésie, la feuille de lontar, a longtemps servi de support à l'écriture, notamment à Bali, à Java et dans le sud de Sulawesi (où il a donné son nom à l'alphabet lontara des Bugis).
  • La fibre de palme
détail des pétioles
Les pétioles des feuilles de Borassus sont battus et séchés pour produire des fibres résistantes pouvant servir à la fabrication de balais locaux ou pour équiper les balayeuses mécaniques.
  • Un faux bois de grande qualitĂ©
Le Borassus produit des stipes très durs et très résistants, susceptibles d'être utilisés en menuiserie comme du bois ordinaire. Car ces tissus ligneux de grande qualité ne sont pas du bois au sens botanique du terme, puisque les palmiers appartiennent au clade des monocotylédones qui ne produisent pas de xylème secondaire (ou "bois"). Chez les palmiers, la croissance du stipe n'est pas concentrique et les parties les plus anciennes et donc les plus dures se situent à la périphérie du stipe[8].
Les stipes de Borassus fournissent un matériau sombre, strié de marron. Seule la partie externe est utilisable, car le cœur reste mou. Traditionnellement, le bois de palmier était utilisé pour fabriquer des chevrons résistants, destinés à la construction des maisons, ainsi que de petites pirogues. Les artisans produisent des baguettes, des cuillères ou à l'aide de tour à bois, des jarres, des plats, des verres etc. Ces objets artisanaux sont vendus aux touristes.
  • Arbre ornemental.
  • Usage mĂ©dicinal : toutes les parties de la plantes ont de très nombreuses applications en mĂ©decine populaire, notamment en Inde oĂą la sève fraiche est donnĂ©e pour fortifier les patients anĂ©miques. Le sucre non raffinĂ© (jaggery) est aussi prescrit aux anĂ©miques, aux patients souffrant d'un manque de potassium et Ă  ceux qui toussent. La PharmacopĂ©e AyurvĂ©dique d'Inde recommande les inflorescences mâles pour la dysurie[12].

Plante providentielle par excellence, les utilisations des différentes parties de ce palmier se déclinent à l'infini. Un poème tamoul donne plus de 800 usages du rondier (ou rônier) dans cette région de l'Inde.

  • Palmier Ă  sucre ou rondier
    Palmier Ă  sucre ou rondier
  • Fruits de palmier de Palmyre Ă  vendre
    Fruits de palmier de Palmyre Ă  vendre
  • Borassus flabellifer
    Borassus flabellifer

Notes

  1. Elles sont bouillies avec du riz ou du lait additionné de jus de curcuma frais pour leur donner une couleur jaune safran

Voir aussi

Références

  1. Sugar palm (Borassus flabellifer): potential feed resource for livestock in small-scale farming systems, sur le site de la FAO, consulté le 3 décembre 2018.
  2. Meyer C., ed. sc., 2015, Dictionnaire des Sciences Animales. Lire en ligne. Montpellier, France, Cirad. Consulté le 03/12/2018.
  3. Nom en français d’après Termium plus, la banque de données terminologiques et linguistiques du gouvernement du Canada
  4. Meyer C., ed. sc., 2018, Dictionnaire des Sciences Animales. En ligne. Montpellier, France, Cirad. Consulté le 03/12/2018.
  5. Nom en français d'après Dictionary of Common (Vernacular) Names sur Nomen. [lire en ligne]
  6. USDA, Agricultural Research Service, National Plant Germplasm System. Germplasm Resources Information Network (GRIN-Taxonomy). National Germplasm Resources Laboratory, Beltsville, Maryland., consulté le 03 décembre 2018
  7. (en) Référence Flora of Pakistan : Borassus flabellifer L.
  8. Rémy Mahé, Jean-Pierre Mahé, « Borassus flabellifer », Hommes & plantes, vol. 82,‎
  9. Hindu
  10. P.K. Padmakumar, V.B. Sreekumar, « Palm leaves as writing material : history and methods of processing in Kerala », The Palm journal, vol. 43, no 3,‎
  11. BNF
  12. (en) C. P. Khare, Indian Medicinal Plants : An Illustrated Dictionary, Springer, , 900 p. (ISBN 978-0-387-70637-5, lire en ligne)

Liens externes

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