Pacanier
Carya illinoinensis
RĂšgne | Plantae |
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Division | Magnoliophyta |
Classe | Magnoliopsida |
Ordre | Juglandales |
Famille | Juglandaceae |
Genre | Carya |
Classification phylogénétique
Répartition géographique
Le pacanier ou noyer de pĂ©can (Carya illinoinensis) est un arbre de la famille des JuglandacĂ©es, cultivĂ© pour son fruit (la noix de pĂ©can ou pacane) principalement en AmĂ©rique du Nord d'oĂč il est originaire[1].
Par la qualité de son fruit, il est proche du noyer commun (Juglans regia) bien que distinct sur le plan morphologique puisqu'il appartient au genre Carya (les caryers ou hickories en anglais) et non au genre Juglans.
Ătymologie
Le nom de genre Carya dĂ©rive du grec ancien ÎșαÏÏα, karya « noyer ». LâĂ©pithĂšte spĂ©cifique « illinoinensis » dĂ©rive du nom dâun Ătat du Midwest des Ătats-Unis, lâIllinois.
LâespĂšce a dâabord Ă©tĂ© dĂ©crite en 1787 par le botaniste allemand Friedrich von Wangenheim (1749-1800), sous le nom de Juglans illinoiensis (basionyme), classĂ© sous le genre Juglans tout comme le noyer commun (Juglans regia). Le botaniste allemand, Karl Koch (1809-1879) le reclassa dans le genre Carya et donna une nouvelle orthographe Ă lâĂ©pithĂšte spĂ©cifique (Dendrologie 1: 593. 1869).
Pour les Carya, le fruit est dĂ©hiscent, lâenveloppe sâouvre par 4-6 valves pour libĂ©rer un noyau lisse. Pour les Juglans, le fruit est indĂ©hiscent ou Ă dĂ©hiscence incomplĂšte, lâenveloppe et la coque tombent ensemble Ă terre et la coque est « sculptĂ©e »[2].
Le terme pacane (ou pecan en anglais) dĂ©signant le fruit, est un emprunt Ă un dialecte algonquin. Câest un nom fĂ©minin. Le terme pacanier (nom masculin) dĂ©rive par le suffixe âier* (exprimant lâidĂ©e de production), « qui produit des pacanes »[3].
Description
Le pacanier est un grand arbre décidu, de 20 à 25 mÚtres de haut en moyenne, mais il peut atteindre jusqu'à 44 mÚtres de haut[4] et 6 mÚtres de circonférence (à 1 m de hauteur).
Les feuilles composées imparipennées, longues de 40 à 70 cm ont de 9 à 13 folioles, à marge serretée[4]. Le pétiole est pubescent.
Les inflorescences mùles sont des chatons pendants de 18 cm de long ; elles apparaissent avant les feuilles. Les fleurs femelles qui apparaissent sur de nouveaux rameaux, sont regroupées dans de petits épis dressés, terminaux.
Le fruit (ou pacane) de forme cylindrique oblongue est une drupe, de couleur verte, dĂ©hiscente jusqu'Ă la base. Le pĂ©ricarpe externe, le brou, mesure de 2 Ă 3 mm d'Ă©paisseur. Ă maturitĂ©, le brou sâouvre par quatre valves pour libĂ©rer le noyau.
Le fruit sec qui est en fait le noyau de la drupe, est de forme variable, gĂ©nĂ©ralement ovoĂŻde, plus ou moins allongĂ©e. Il est lisse extĂ©rieurement et de couleur brune, tachĂ©e de noir. Il mesure de 3 Ă 6 cm de long sur 2-3 cm de diamĂštre. La coquille est mince (2 mm). Contrairement Ă la noix, la coque de la pacane nâest pas divisĂ©e en deux. L'amande est bilobĂ©e et entourĂ©e d'une pellicule rouge clair, l'endoplĂšvre. Son goĂ»t ressemble Ă celui de la noix.
Distribution
Cette espĂšce est originaire de la partie sud-est des Ătats-Unis et du nord du Mexique. Aux Ătats-Unis, elle pousse naturellement du sud des Ătats de l'Illinois et d'Iowa, le Kansas, le Missouri, l'Oklahoma, et du Texas jusqu'en Virginie. Au Mexique, l'Ătat de Chihuahua domine la production.
La culture extensive et la naturalisation ont compliquĂ© lâinterprĂ©tation de la distribution naturelle de Carya illinoinensis[4]. Le pacanier sâhybride avec C. aquatica, C. cordiformis, C. laciniosa et C. ovata. Il s'est naturalisĂ© dans une partie des Ătats-Unis et du Mexique. Le pacanier est principalement cultivĂ© aux Ătats-Unis et au Mexique mais aussi en Australie, Afrique du Sud, IsraĂ«l et AmĂ©rique du Sud[5].
Introduit en Europe au XIXe siĂšcle, le pacanier ne s'est guĂšre rĂ©pandu car, bien que rĂ©sistant au froid hivernal europĂ©en, il a besoin de fortes chaleurs en Ă©tĂ© pour que ses noix mĂ»rissent. Il peut donc pousser partout en France mais ne fructifiera pas partout (sauf si on utilise des variĂ©tĂ©s originaires du nord des Ătats-Unis).
Son habitat comprend les ripisylves, les plaines dâinondation de riviĂšre et les sols bien drainĂ©s[4].
Culture
Le pacanier est cultivĂ© dans 57 pays, sa culture est importante aux Ătats-Unis oĂč l'on compte des centaines de variĂ©tĂ©s[6]. Les grands Ătats producteurs de pacanes sont le Texas, la GĂ©orgie, l'Alabama, la Louisiane et l'Oklahoma. La rĂ©colte des noix de pĂ©can se fait vers la mi-octobre. Le Mexique est lâautre grand pays producteur de pacanes, Ă peu prĂšs Ă Ă©galitĂ© avec les Ătats-Unis. Il produit environ la moitiĂ© de la production mondiale de pacanes.
Le pacanier apprĂ©cie les climats Ă forte amplitude thermique. Il pousse aussi bien dans le sud des Ătats-Unis, oĂč les hivers sont doux, que dans le Midwest, oĂč les nuits peuvent ĂȘtre glaciales. Il peut donc supporter de grands froids l'hiver mais il a cependant besoin d'Ă©tĂ©s trĂšs chauds et longs, chaque annĂ©e, ce qui explique que sa culture ait souvent Ă©chouĂ© en Europe (en dehors de la rĂ©gion de Malaga ou dans le sud portugais). NĂ©anmoins, les variĂ©tĂ©s issues du nord de l'aire de distribution naturelle se contentent d'Ă©tĂ© plus courts et plus frais.
Les cultivateurs utilisent plusieurs variétés de pacaniers pour favoriser la pollinisation croisée. Entre le Midwest et le Mexique, les différences de température minimales sont importantes. Il est donc important de choisir les cultivars les mieux adaptés à la zone de rusticité.
MalgrĂ© les travaux de sĂ©lections de lâUSDA Agricultural Research Service, la plupart des vergers de pacaniers sont plantĂ©s dans dâanciennes variĂ©tĂ©s comme 'Stuart', 'Schley', 'Elliott', et 'Desirable'. De nombreuses variĂ©tĂ©s trĂšs productives au Texas Ă©chouent au Sud-Est en raison de la pression des maladies.
Alternance biennale
Le pacanier est trÚs sensible à l'alternance biennale[7], l'intensité moyenne de l'alternance du pacanier mesurée au Mexique (2020) était de 31,58%. Une fertilisation adaptée aide à combattre l'alternance[6]. En 2021, une étude américaine des effets de l'application de régulateur de croissance (éthéphon, gibbérelline, inhibiteur de l'éthylÚne amino-éthoxy vinylglycine) sur les homologues des gÚnes de floraison feuillus (CpLFY), apetala1 (CpAP1) et le locus de floraison t (CpFT ) montre qu'il est possible de réguler la floraison et la fructification du pacanier, sous réserve d'application à des dates précises. Ces travaux ouvrent la voix à une prévention de l'alternance du pacanier [8].
Histoire
En AmĂ©rique du Nord avant la colonisation europĂ©enne, les pacanes Ă©taient largement consommĂ©es par les AmĂ©rindiens. Diverses variĂ©tĂ©s de pacaniers avaient des noms dans les langues Cheyennes, Sioux, Mohawks et Shawnee. C'est ainsi que le nom de pacane (ou pecan en anglais) vient de lâalgonquin.
Les explorateurs espagnols dĂ©couvrirent les pacaniers au XVIe siĂšcle dans les rĂ©gions, actuellement appelĂ©es Louisiane, Texas et Mexique. DâaprĂšs Cabeza de Vaca (1488-1559), un explorateur espagnol qui aprĂšs un naufrage fut recueilli par les indigĂšnes de la cĂŽte du Golfe, les AmĂ©rindiens se rendaient tous les automnes dans la RiviĂšre des Noix (Guadalupe au Texas) pour ramasser des nogales (des noix de pĂ©can). Leur survie durant les mois dâhiver difficiles dĂ©pendait des pacanes[9]. Lorsqu'ils chassaient ou pĂ©chaient le long des riviĂšres, les AmĂ©rindiens de lâOklahoma croquaient des pacanes ou bien les broyaient et les recouvraient dâeau bouillante pour Ă©paissir le bouillon de venaison.
Un autre usage des AmĂ©rindiens consistait Ă extraire lâhuile des pacanes. Les SĂ©minoles avaient leurs propres techniques qui consistait Ă mettre Ă tremper des pacanes, puis Ă les placer dans un sac quâils Ă©crasaient pour en extraire lâhuile. Lâhuile Ă©tait utilisĂ©e pour cuisiner ou pour assaisonner[9].
La distribution dâorigine des pacaniers coupe une large bande Ă travers le territoire de lâAmĂ©rique, le long du Mississippi et de ses affluents, du sud de lâIllinois jusqu'au Golfe. Le pacanier croĂźt en plus grande abondance dans les forĂȘts riveraines (ripisylve) et dans les dĂ©pressions. Ă lâĂ©poque de la RĂ©volution amĂ©ricaine, les AmĂ©rindiens avaient amenĂ© les pacanes jusqu'en Virginie Ă lâEst. Câest lĂ quâil a Ă©tĂ© rapportĂ© quâen 1782, le futur premier prĂ©sident des Ătats-Unis George Washington, partait toujours avec les poches pleines de pacanes[9]. Il dit dans son journal que Thomas Jefferson lui avait donnĂ© des « noix de lâIllinois » de pacanier quâil cultiva chez lui au Mount Vernon.
Il est fort probable que les pacaniers et quelques caryers (arbres du genre Carya, en anglais hickory) furent plantĂ©s par les AmĂ©rindiens, comme le laisse supposer lâabondance des arbres Ă noix signalĂ©e par les premiers explorateurs. Le naturaliste amĂ©ricain William Bartram, dans le compte rendu de son voyage dans le Sud en 1773, mentionne une plantation de Juglans exalata que certains botanistes interprĂštent comme le pacanier et dâautres comme un caryer, le caryer ovale (Carya ovata) ou le caryer laciniĂ© (Carya laciniosa, Shellbark Hickory) [10].
Quoique les peuples indigĂšnes et les premiers colons dâAmĂ©rique connaissaient bien les pacaniers et pouvaient en planter quelques-uns, la culture commerciale nâa pas commencĂ© avant 1880.
La domestication du pacanier est probablement plus récente que celle de la plupart des fruitiers cultivés. En 2005, les pacanes sauvages représentaient encore 55 % du marché au Texas[11].
Divers
En 1906, le gouverneur du Texas, James Stephen Hogg, a fait du pacanier l'arbre symbole du Texas.
Notes
Références
- Jean Guillaume, Ils ont domestiquĂ© plantes et animaux : PrĂ©lude Ă la civilisation, Versailles, Ăditions QuĂŠ, , 456 p. (ISBN 978-2-7592-0892-0, lire en ligne), « Annexes ».
- Jacques Urban, « Famille : Juglandaceae A. Rich. ex Kunth 1824 » (consulté le ).
- CNRTL cnrs, « -ier » (consulté le ).
- (en) Référence Flora of North America : Carya illinoinensis (Wangenheim) K. Koch (consulté le )
- JesĂșs A.DomĂnguez-Avila, EmilioAlvarez-Parrilla, , Ignacio E.Maldonado-Mendoza, MarĂa del Consuelo GĂłmez-GarcĂa, Laura A.de la Rosa, « The pecan nut (Carya illinoinensis) and its oil and polyphenolic fractions differentially modulate lipid metabolism and the antioxidant enzyme activities in rats fed high-fat diets », Food Chemistry, vol. 168,â , p. 529-537.
- (en) Linda C. NOPERI-MOSQUEDA, « Yield, quality, alternate bearing and long-term yield index in pecan, as a response to mineral and organic nutrition », Notulae Botanicae Horti Agrobotanici Cluj-Napoca 48(1),â , p. 342-353.
- (en) « Alternate Bearing Intensity of Pecan Cultivars | Request PDF », sur ResearchGate (consulté le ).
- (en-US) Marisa Y. Thompson, Jennifer J. Randall, Dawn VanLeeuwen et Richard J. Heerema, « Differential Expression of Key Floral Initiation Genes in Response to Plant Growth Regulator Application and Alternate Bearing in Pecan », Journal of the American Society for Horticultural Science, vol. -1, no aop,â , p. 1â9 (ISSN 2327-9788 et 0003-1062, DOI 10.21273/JASHS04954-20, lire en ligne, consultĂ© le ).
- Maura McDermott, « Pecan Pious », Oklahoma Today, vol. 43, no 6,â (lire en ligne).
- V. Harvard, Food Plants of the North American Indians, Bulletin of the Torrey Botanical Club, (lire en ligne).
- Texas A&M Forest Service, « Welcome to PecanKernel ! » (consulté le ).