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Paavo Nurmi

Paavo Johannes Nurmi ( audio) est un athlète finlandais nĂ© le Ă  Turku et mort le Ă  Helsinki, en Finlande. Poursuivant la tradition du fond finlandais, il règne sur le plan mondial durant près de quatorze ans. Lors de sa carrière, il Ă©tablit vingt-deux records du monde, du 1 500 m au 20 000 m, et remporte douze mĂ©dailles lors des Jeux olympiques, dont neuf titres, devenant ainsi l'athlète le plus mĂ©daillĂ© de ce sport. Il est par la suite rejoint par Carl Lewis. SurnommĂ© le « Finlandais volant », Nurmi est considĂ©rĂ© comme l'un des prĂ©curseurs de nouvelles mĂ©thodes d'entraĂ®nement rigoureuses et intensives. Suspendu Ă  vie en 1932 par la FĂ©dĂ©ration internationale d'athlĂ©tisme pour avoir enfreint les règles de l'amateurisme, il continue Ă  bĂ©nĂ©ficier tout au long de sa carrière du soutien du peuple finlandais. Il est le dernier porteur de la flamme lors des Jeux olympiques d'Ă©tĂ© de 1952 Ă  Helsinki.

Paavo Nurmi
Image illustrative de l’article Paavo Nurmi
Paavo Nurmi en 1925.
Informations
Disciplines Courses de demi-fond, de fond et de cross-country
Période d'activité 1920-1934
Nationalité Finlandaise
Naissance
Lieu de naissance Turku
Décès
Lieu de décès Helsinki
Taille 1,74 m (5′ 9″)
Poids 65 kg (143 lb)
Surnom Le Finlandais volant, L’homme au chronomètre, La machine à courir
Records
22 records du monde battus, du 1 500 m au 20 000 m
Distinctions
Élu au Temple de la renommée de l'IAAF en 2012
Palmarès
Jeux olympiques 9 3 -

Jeunesse

Paavo Nurmi naĂ®t le Ă  Turku, ville portuaire du sud-ouest de la Finlande, dans l'humble famille d'un petit agriculteur, plus tard Ă©bĂ©niste, Johan Frederick Nurmi et de son Ă©pouse Mathilde Wilhelmina. Il dĂ©couvre la discipline dès son enfance en observant les entraĂ®nements des membres du club d’athlĂ©tisme de son quartier[1]. Ă€ l’âge de neuf ans, lors d’une kermesse locale, Nurmi remporte une course entre camarades de classe sur 1 500 mètres. Un an plus tard, alors qu’il rĂ©alise 5 min 43 s sur la distance, de nombreux observateurs repèrent dĂ©jĂ  en lui sa volontĂ© et ses qualitĂ©s d’endurance. En 1910, le jeune Paavo est contraint d’arrĂŞter sa passion Ă  la suite du dĂ©cès prĂ©maturĂ© de son père Ă  l’âge de 50 ans. AĂ®nĂ© de la famille, il quitte l’école et devient employĂ© d’une usine de filature[2]. En 1912, les succès d'Hannes Kolehmainen, vainqueur du 5 000 m, du 10 000 m et de l’épreuve de cross-country des Jeux olympiques de Stockholm, suscitent un grand retentissement en Finlande. FascinĂ© par les exploits de son ainĂ©, Paavo Nurmi dĂ©cide de reprendre l’entraĂ®nement. LicenciĂ© au Turun Urheiluliitto, club d'athlĂ©tisme de Turku auquel il restera fidèle toute sa carrière[3], il dĂ©cide de s’imposer un entraĂ®nement intensif et rigoureux basĂ© sur trois sĂ©ances quotidiennes, et d’adopter un strict rĂ©gime vĂ©gĂ©tarien. Militaire en 1919, il effectue une marche de 15 km en 59 min 24 s, terminant avec plus d’une demi-heure d’avance sur ses concurrents. BĂ©nĂ©ficiant d'un rĂ©gime de faveur de la part de ses supĂ©rieurs, Nurmi peut dĂ©sormais s'entrainer Ă  loisir au sein du rĂ©giment[4]. Il parvient peu Ă  peu Ă  approcher les meilleures performances nationales en fond, rĂ©alisant 15 min 31 s au 5 000 m et 32 min 56 s au 10 000 m. En 1920, après son armĂ©e, le Finlandais entre Ă  l’école industrielle d’Helsinki. Il y restera trois ans et obtiendra un diplĂ´me d'ingĂ©nieur en mathĂ©matiques. Peu avant les Jeux olympiques d’Anvers, il Ă©tablit son premier record de Finlande (8 min 36 s 2 sur 3 000 m)[5].

Carrière sportive

Les premiers succès

Nurmi remportant le 10 000 m des Jeux olympiques de 1920.

Aux Jeux olympiques d’Anvers en 1920, Paavo Nurmi participe Ă  23 ans Ă  l’une de ses premières compĂ©titions internationales, les Jeux de 1916 ayant Ă©tĂ© annulĂ©s pour cause de Première Guerre mondiale. Ses performances rĂ©alisĂ©es Ă  la suite de sa mĂ©thode d’entraĂ®nement lui laissent espĂ©rer dans cette compĂ©tition des exploits dignes de son aĂ®nĂ©, Kolehmainen. Lors de sa première course, le 5 000 mètres, et bien que dĂ©cidĂ© Ă  imprimer un train soutenu Ă  la course et lâcher ses principaux adversaires, le Finlandais est dĂ©passĂ© Ă  200 mètres de la ligne d’arrivĂ©e par le Français Joseph Guillemot, mĂ©daillĂ© d’or[6]. Ce sera la seule dĂ©faite de sa carrière aux Jeux olympiques face Ă  un concurrent Ă©tranger. Trois jours plus tard, en finale du 10 000 mètres, Nurmi se laisse surprendre en dĂ©but de course par Guillemot et James Wilson. Parvenant Ă  combler son retard Ă  l'amorce du dernier kilomètre, il se prĂ©sente dans la dernière ligne droite accompagnĂ© du Français. Nurmi produit alors une accĂ©lĂ©ration dans les ultimes mètres de la course et obtient son premier titre olympique. Avec le temps de 31 min 45 s 8, il amĂ©liore son record personnel de près d'une minute. Pour sa première grande victoire internationale, Nurmi ne laisse transparaĂ®tre aucun signe d'Ă©motion, marque de caractère qui s'avĂ©rera familière tout au long de sa carrière[7]. Dans l'Ă©preuve du cross-country, Nurmi dĂ©croche deux titres supplĂ©mentaires. En individuel, il prend très vite les commandes de la course accompagnĂ© des principaux favoris, et se dĂ©tache dans les derniers kilomètres, devançant sur la ligne d'arrivĂ©e le SuĂ©dois Eric Backman et son compatriote Heikki Liimatainen. La victoire par Ă©quipe revient Ă  l'Ă©quipe finlandaise qui classe trois de ses athlètes dans les six premiers. Les exploits du Finlandais sont saluĂ©s par l’ensemble des observateurs. La presse sportive le surnomme dĂ©jĂ  « Le Finlandais volant », « La machine Ă  courir » ou encore « L’homme au chronomètre » en raison de cet instrument de mesure qu'il porte en permanence au poignet durant les entraĂ®nements et les courses.

Durant l'olympiade suivante, Paavo Nurmi domine l’ensemble des Ă©preuves mondiales de fond. Il rĂ©ussit l'exploit de rester invaincu entre 1921 et 1925 sur des Ă©preuves allant du 1 500 au 10 000 mètres. Le Ă  Stockholm, il efface des tablettes le record du monde du 10 000 m de Jean Bouin en rĂ©alisant 30 min 40 s 2. Viennent ensuite les records du 5 000 m (14 min 35 s 4) et du 3 miles en 1922. En fin d’annĂ©e 1923, le Finlandais devient le premier athlète Ă  dĂ©tenir les records mondiaux de trois Ă©preuves phares de la discipline : le Mile, le 5 000 m, et le 10 000 m. L'annĂ©e suivante, il y ajoute le 1 500 m en 3 min 52 s 6. En 1921 et 1922, il remporte aussi au bois de Boulogne le Prix Roosevelt du Racing Club de France, sur 3 miles.

L'exploit des Jeux de Paris

Nurmi après l'une de ses cinq victoires aux Jeux de 1924.

Aux Jeux olympiques de 1924 Ă  Paris, Paavo Nurmi souhaite s'aligner sur six Ă©preuves. La FĂ©dĂ©ration finlandaise d'athlĂ©tisme choisit de le prĂ©server en ne l’inscrivant pas sur le 10 000 m et en lui prĂ©fĂ©rant alors Ville Ritola, auteur d’excellentes performances sur la distance sur le sol amĂ©ricain[8]. Pour sa première finale, le 1 500 mètres[9], il se porte en tĂŞte dès le deuxième virage et tente d'imposer un rythme soutenu Ă  la course[10]. Ă€ deux tours de l'arrivĂ©e, il est en avance de trois secondes sur les bases de son record du monde. Nurmi parvient finalement Ă  creuser l'Ă©cart avec ses adversaires[10]. Il contrĂ´le en fin de course et s'impose facilement en 3 min 53 s 6, devançant le Suisse Willy Schärer et le Britannique Henry Stallard.

Moins de deux heures après sa victoire, sur 5 000 mètres, Paavo Nurmi doit faire face pour la première fois Ă  son compatriote Ville Ritola qui a remportĂ© le 10 000 m et le 3 000 m steeple quelques jours auparavant. Dès le dĂ©but de la course, le SuĂ©dois Edvin Wide cherche Ă  se dĂ©faire de ses adversaires, mais les deux Finlandais parviennent Ă  le rejoindre aux 2 000 mètres[10]. Ă€ mi-parcours, Nurmi et Ritola se dĂ©tachent de leurs concurrents et font la course en tĂŞte jusqu'au dernier tour. Après un sprint disputĂ© dans la dernière ligne droite, Nurmi devance finalement son compatriote de deux dixièmes de seconde, Ă©tablissant Ă  cette occasion un nouveau record olympique en 14 min 31 s 2[10].

Photographie en noir et blanc d'un athlète qui court sur la pelouse.
Paavo Nurmi lors de l’épreuve de cross-country individuel des Jeux olympiques de Paris.

Le , Paavo Nurmi obtient, dans l'Ă©preuve du cross-country individuel, la troisième mĂ©daille d'or de ces Jeux. Alors que la canicule frappe la capitale parisienne et qu'on enregistre des tempĂ©ratures proche des 40 degrĂ©s Celsius, Paavo Nurmi parvient Ă  conserver son titre remportĂ© Ă  Anvers quatre ans plus tĂ´t. Après avoir rejoint Edvin Wide en dĂ©but de course, il se dĂ©fait progressivement de ses principaux adversaires pour se porter en tĂŞte Ă  deux kilomètres de l'arrivĂ©e. Il s'impose finalement avec plus d'une minute trente d'avance sur Ville Ritola, dans une course sĂ©lective oĂą 15 concurrents sur 38 parviennent Ă  terminer la course[10]. Grâce Ă  Heikki Liimatainen, l'Ă©quipe de Finlande obtient la meilleure place du classement par Ă©quipes, offrant Ă  Nurmi son second titre olympique de la journĂ©e[10]. Le lendemain, il devient le premier athlète Ă  remporter cinq mĂ©dailles d'or lors de mĂŞmes jeux olympiques en s'adjugeant le titre par Ă©quipe du 3 000 mètres. L'Ă©quipe de Finlande, composĂ©e Ă©galement de Ville Ritola et Elias Katz, devance au classement gĂ©nĂ©ral le Royaume-Uni et les États-Unis.

Nurmi a disputĂ© durant ces Jeux sept courses en six jours, et a remportĂ© cinq mĂ©dailles d'or, dont trois individuelles. De nombreux mĂ©dias ne tardent pas Ă  souligner la performance rĂ©alisĂ©e par le Finlandais. Selon le magazine sportif français Le miroir des sports, « Paavo Nurmi dĂ©passe les limites humaines ». Quelques jours après les Jeux, celui-ci Ă©tablit Ă  Kuopio un nouveau record du monde du 10 000 m (30 min 6 s 2).

La tournée nord-américaine

Paavo Nurmi (à droite) en 1925 en compagnie du Président des États-Unis Calvin Coolidge (centre) et de Joie Ray (à gauche).

La notoriĂ©tĂ© de Paavo Nurmi franchit l’Atlantique immĂ©diatement après les Jeux de Paris. RĂ©pondant Ă  l’appel de promoteurs amĂ©ricains, le Finlandais dĂ©cide en 1925 d’entreprendre une longue tournĂ©e de meetings et de courses exhibitions rĂ©munĂ©rĂ©s. Durant cinq mois, parcourant près de 50 000 kilomètres Ă  travers les États-Unis et le Canada[11], il participe la journĂ©e Ă  des dĂ©monstrations dans des Ă©coles, des universitĂ©s ou des casernes militaires, et dispute en soirĂ©e des courses de fond, la plupart du temps sur piste couverte, et sur des distances en mètres ou en yards[12]. Le , Nurmi est confrontĂ©, sur 5 000 m, Ă  son compatriote Ville Ritola pour ce qui constitue, pour le public amĂ©ricain, une revanche des Jeux olympiques de 1924. Nurmi l’emporte finalement en 14 min 44 s 6, Ă©tablissant un nouveau record du monde indoor de la distance. Les confrontations proposĂ©es Ă  Nurmi par les promoteurs relèvent parfois de l’insolite, Ă  l'image d'une course sur 2 miles face Ă  un relais composĂ© de membres d'une tribu amĂ©rindienne[13]. En cinq mois, Paavo Nurmi totalise 53 victoires en 55 courses (dont un abandon) et 12 nouvelles meilleures performances mondiales[12]. Il subit sa seule dĂ©faite lors de son dernier meeting, le Ă  New-York, sur 880 yards face au Miler amĂ©ricain Alan Helffrich.

Le retour en Europe

Nurmi (dossard no 1) au dĂ©part du 3 000 m du meeting de Berlin en 1926.

De retour en Europe, Paavo Nurmi s'aligne sur diffĂ©rents meetings, mais sa domination sur les Ă©preuves olympiques faiblit. MalgrĂ© ses succès en meetings sur 1 500, 5 000 et 10 000 mètres, il ne parvient pas Ă  amĂ©liorer ses propres records du monde et devient moins dominateur dans ses victoires.

Aux Jeux olympiques de 1928 Ă  Amsterdam, Nurmi dĂ©cide de se concentrer sur les longues distances. Dans le 10 000 mètres, il parvient Ă  contenir dans les derniers mètres son compatriote Ville Ritola et s'impose de justesse sur la ligne d'arrivĂ©e avec le temps de 30 min 18 s 8[14]. Sans aucune dĂ©monstration de joie, ni aucune attention pour son adversaire Ă©prouvĂ©, il disparait du stade immĂ©diatement après la course[15]. Ritola obtient sa revanche quelques jours plus tard en rĂ©sistant Ă  l'accĂ©lĂ©ration de Nurmi dans la dernière ligne droite du 5 000 mètres. Le SuĂ©dois Edvin Wide complète le podium. Après la course, Paavo Nurmi reste assis sur l'herbe quelques minutes, se plaignant d'une hanche douloureuse et exprimant pour la première fois un rictus de fatigue[16]. Le troisième acte de cette rivalitĂ© finlandaise se dĂ©roule sur 3 000 mètres steeple. DĂ©barrassĂ© de Ritola dès les premiers hectomètres de course Ă  la suite d'un abandon, Nurmi est cependant nettement devancĂ© par Toivo Loukola, l'autre Finlandais de la finale. Il remporte nĂ©anmoins sa troisième mĂ©daille olympique de ces Jeux. Ă€ l'automne 1928, Nurmi affirme mettre un terme Ă  sa carrière sportive Ă  l'issue de la saison : « Il s'agit de ma dernière saison sur la piste. Je commence Ă  me faire vieux »[17].

En 1929, après une nouvelle tournĂ©e lucrative aux États-Unis[13], il Ă©tablit Ă  Londres un nouveau record du monde des 20 kilomètres en 1 h 4 min 38 s. En regain de forme, il revient sur ses prĂ©cĂ©dentes dĂ©clarations en affirmant dĂ©sirer axer sa prĂ©paration sur le marathon des Jeux olympiques de 1932, discipline remportĂ©e en 1920 par son idole de jeunesse, Hannes Kolehmainen.

La suspension Ă  vie

Au printemps 1932, au congrès de l'Association internationale des fĂ©dĂ©rations d'athlĂ©tisme, une plainte suĂ©doise fait Ă©tat d'une somme de 60 000 francs reçue par Paavo Nurmi lors du meeting d'Helsinki en 1930 pour battre le record du monde des 2 miles, alors que la règle stricte de l’amateurisme est en vigueur depuis la crĂ©ation de la FĂ©dĂ©ration internationale en 1912. La FĂ©dĂ©ration allemande ajoute d'autres Ă©lĂ©ments Ă  la charge du Finlandais, notamment le versement de sommes importantes lors des meetings de Breslau, Stuttgart ou Dantzig. L’IAAF dĂ©cide alors de suspendre provisoirement Nurmi de toute compĂ©tition internationale. Les instances sportives finlandaise contestent les accusations faites Ă  leur champion, argumentant que celles-ci reposent sur de faux tĂ©moignages. Urho Kekkonen, membre de la FĂ©dĂ©ration athlĂ©tique de Finlande, et futur PrĂ©sident de la RĂ©publique, milite fortement en faveur de Nurmi[18]. Allant Ă  l'encontre des dĂ©cisions officielles, le ComitĂ© national olympique finlandais inscrit nĂ©anmoins Nurmi Ă  deux courses des Jeux olympiques de 1932, le 10 000 mètres et le marathon. Quelques jours avant le dĂ©but des compĂ©titions, l’IAAF se prononce pour la suspension dĂ©finitive de Paavo Nurmi qui devient ainsi officiellement un professionnel et non plus un amateur. Un mois plus tĂ´t, l'athlète français Jules Ladoumègue avait Ă©galement Ă©tĂ© disqualifiĂ© Ă  vie pour amateurisme marron. Ă€ 35 ans, dans les tribunes du Stade olympique de Los Angeles, il assiste en tant que spectateur Ă  la victoire du marathonien argentin Juan Carlos Zabala en 2 h 31 min 36 s, temps supĂ©rieur de près de dix minutes Ă  sa meilleure performance sur la discipline. Le , Nurmi remporte sa dernière course hors de Finlande, un 5 000 m Ă  Königsberg, en Allemagne. Bien que banni des pistes d'athlĂ©tisme au niveau international, Nurmi continue Ă  courir dans son pays. Champion de Finlande du 1 500 mètres en 1933, il conclut sa carrière sportive le en remportant un 10 000 mètres Ă  Viipuri.

Après-carrière

Paavo Nurmi allumant la vasque olympique lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux d'Helsinki en 1952.

Bénéficiant de confortables revenus récoltés depuis le début de sa carrière, et notamment par ses tournées outre-Atlantique, Nurmi se reconvertit en tant qu'homme d'affaires dans l'immobilier. Au cours des années 1930, il réussit à bâtir une véritable fortune dans l'industrie du logement en Finlande. Il ne délaisse cependant pas sa passion du sport en conseillant, voire en entraînant des jeunes athlètes. Au début de la Seconde Guerre mondiale, et profitant de la notoriété mondiale de Nurmi, le gouvernement finlandais lui demande d'effectuer un déplacement aux États-Unis afin de recueillir des fonds pour son pays, victime d'une guerre inégale contre l'Union soviétique.

En 1952, Paavo Nurmi est honorĂ© par le ComitĂ© international olympique en Ă©tant dĂ©signĂ© dernier porteur de la flamme lors de la cĂ©rĂ©monie d'ouverture des Jeux d'Helsinki. Il reçoit Ă  cette occasion l'acclamation des 70 000 spectateurs du Stade olympique. Le flambeau est transmis par l'autre hĂ©ros national finlandais, Hannes Kolehmainen.

Victime d'un infarctus du myocarde à la fin des années 1950, il continue cependant ses activités professionnelles jusqu'à ce qu'une nouvelle attaque en 1967 lui fasse lever le pied. À la suite de cet accident, il décide de financer un centre de recherche sur les maladies coronariennes. Paavo Nurmi s'éteint le à Helsinki, totalement aveugle et presque muet, des suites d'une longue maladie[19]. Ses obsèques sont célébrées dans la capitale finlandaise avant que sa dépouille ne soit transférée dans sa ville natale de Turku. Un hommage national lui est rendu par l'intermédiaire d'Urho Kekkonen, Président de la République finlandaise et ancien Président de la Fédération d'athlétisme[20] : « Nurmi était un homme de caractère, têtu, franc, tenace, incroyablement dur. Il possédait aussi une intelligence exceptionnelle et une rare clairvoyance [...] C'est pourquoi il faut l'admirer encore plus. Car c'était un homme »[21]. Depuis sa mort, des statues à son effigie sont érigées dans toute la Finlande ainsi qu'au siège du Comité international olympique à Lausanne. Des médailles et des timbres ont été émis en son honneur. En 1997 a été construit un stade à Turku qui porte son nom, le stade Paavo Nurmi, montrant bien l'influence de Nurmi en Finlande.

Style

Sculpture de Paavo Nurmi au Musée olympique de Lausanne.

Mesurant 1,74 m et pesant 65 kilos, Paavo Nurmi possède Ă  l'Ă©poque un gabarit parfaitement taillĂ© pour les courses de fond. Ses performances rĂ©alisĂ©es tout au long de sa carrière sur des distances allant du 1 500 m au 20 000 m sont dues, selon les spĂ©cialistes, Ă  sa science du train. Tactiquement, le Finlandais tente d'imprimer dès le dĂ©part un rythme soutenu et rĂ©gulier Ă  la course, permettant de se dĂ©barrasser petit Ă  petit de ses adversaires. Selon Maurice Gambier, entraĂ®neur de l'Ă©quipe de France aux Jeux olympiques de 1924, le style de Nurmi ne suscite aucun dĂ©règlement, ni aucune accĂ©lĂ©ration, le pied n'arrache pas le sol. Le mouvement est aisĂ©, le buste bien Ă©quilibrĂ©, la tĂŞte et les hanches Ă  la verticale. La rĂ©ception au sol se fait d'un genou très en avant. La jambe est flĂ©chie, le corps ne cherche jamais Ă  se grandir, mais Ă  progresser[22]. Nurmi rĂ©ussit Ă  adapter sa foulĂ©e Ă©conomique Ă  la distance qu'il parcourt. Les spĂ©cialistes l'estimaient Ă  2,25 m sur le mile, et Ă  2,15 m sur le 5 000 m et le 10 000 m[23].

Entraînement

IngĂ©nieur de formation, Paavo Nurmi est l'un des premiers athlètes Ă  prendre conscience de l'importance d'un entraĂ®nement mĂ©thodique et rigoureux. Dès l'âge de vingt ans, il s’astreint dĂ©jĂ  Ă  plusieurs sĂ©ances rĂ©gulières et progressives composĂ©es de marches accĂ©lĂ©rĂ©es, de fractionnĂ©s sur piste, de footings en nature et de gymnastique d'assouplissement[24]. Parcourant trois fois plus de kilomètres que ses adversaires[2], il n'hĂ©site pas Ă  s'entraĂ®ner toute l’annĂ©e, y compris en pĂ©riode hivernale. Non satisfait de sa capacitĂ© d'accĂ©lĂ©ration dans les derniers mètres, Nurmi dĂ©cide, au dĂ©but des annĂ©es 1920, de modifier sa pratique d'entraĂ®nement en intĂ©grant Ă  son programme des sĂ©ances de course Ă  allure Ă©levĂ©e. Ainsi, il effectue dès le matin un footing d’environ dix kilomètres conclu de quelques sprints[24]. L’après-midi, il ponctue une deuxième course par des accĂ©lĂ©rations progressives dans les deux derniers kilomètres. Par ailleurs, il n'hĂ©site pas Ă  enchaĂ®ner des courses rapides sur des courtes distances (du 400 au 1 000 mètres), et Ă  conclure ses sĂ©ances par des exercices de renforcement musculaire Ă  base de sauts et d'exercices de bras[24].

Le repos et la récupération, notamment par des séances de sauna et de massages, sont des éléments fondamentaux du dispositif d’entraînement élaboré par le Finlandais. Son hygiène de vie est parfaitement étudiée. Nurmi ne fume pas, ne boit pas, et fait attention à son alimentation[24]. Durant ses nombreux entraînements, Nurmi ne se sépare jamais de son chronomètre pour respecter les temps élaborés à chaque section de course et s’habituer à courir à une allure régulière et continue[2].

Palmarès

Jeux olympiques

Épreuve / Édition Anvers 1920 Paris 1924 Amsterdam 1928
1 500 mOr
3 min 53 s 6 (OR)*
3 000 m par Ă©quipeOr
8 pts
3 000 m steepleArgent
9 min 31 s 6
5 000 mArgent
15 min 00 s 0
Or
14 min 31 s 2 (OR)*
Argent
14 min 40 s 0
10 000 mOr
31 min 45 s 8
Or
30 min 18 s 8
Cross individuelOr
27 min 15 s 0
Or
32 min 54 s 8
Cross par Ă©quipesOr
10 pts
Or
11 pts

*OR : record olympique

Records du monde battus

Ce tableau détaille les records du monde individuels battus par Paavo Nurmi durant sa carrière.

Records du monde individuels battus par Paavo Nurmi[25]
Épreuve Temps Lieu Date
1 500 m 3 min 52 s 6 Helsinki
Mile 4 min 10 s 4 Stockholm
2 000 m 5 min 26 s 3 Tampere
5 min 24 s 6 Kuopio
3 000 m 8 min 28 s 6 Turku
8 min 25 s 4 Berlin
8 min 20 s 4 Stockholm
5 000 m 14 min 35 s 4 Stockholm
14 min 28 s 2 Helsinki
10 000 m 30 min 40 s 2 Stockholm
30 min 06 s 2 Kuopio
Heure 19 210 mètres Berlin
20 000 m 1 h 04 min 38 s 4 Stockholm

Paavo Nurmi a Ă©galement amĂ©liorĂ© des records du monde sur des distances non reconnues par l'IAAF telles le 15 000 m ou le 20 000 m. Outre ces 20 records du monde individuels, il a Ă©galement battu Ă  deux reprises le record du monde du relais 4 Ă— 1 500 mètres, portant son total Ă  22.

Distinction

Paavo Nurmi est l'un des douze premiers athlètes Ă  ĂŞtre intronisĂ©s au Temple de la renommĂ©e de l'IAAF pour ses multiples records sur 1 500 m, mile, 3 000 m, 5 000 m et 10 000 m ainsi que ses quatre titres olympiques sur ces distances[26].

Notes et références

  1. Robert Parienté et Alain Billouin, La fabuleuse histoire de l'Athlétisme, page 325
  2. Robert Parienté et Alain Billouin, op. cit., page 326
  3. (fi) Site officiel du Turun Urheiluliitto, consulté le 10 décembre 2008
  4. Robert Parienté et Alain Billouin, op.cit., page 327
  5. (en) Biographie de l'athlète, novelguide.com, consulté le 10 décembre 2008
  6. [PDF](fr) Rapport officiel des Jeux olympiques d'Anvers 1920, site la84foundation.org
  7. (en) Finale du 10 000 m des Jeux d'Anvers, site du comitĂ© national olympique finlandais, consultĂ© le 11 dĂ©cembre 2008
  8. [PDF](fr) Rapport officiel des Jeux olympiques de Paris 1924, site la84foundation.org
  9. Compte-rendu des Jeux olympiques de 1924, site de Radio-France, consulté le 11 décembre 2008
  10. Détail des courses de Nurmi aux Jeux olympiques, Paavo Nurmi 100 years, site du comité olympique de Finlande, consulté le 11 décembre 2008
  11. Serge Gaudreault, Les Aventuriers de la Manche, Saguenay, Éditions JCL, , 350 p. (ISBN 978-2-89431-520-0), p. 138-139
  12. (en) La tournée américaine de Nurmi en 1925, comité national olympique de Finlande
  13. (en) La tournée américaine de Nurmi en 1925, comité national olympique de Finlande, lien ne fonctionne pas
  14. [PDF] (en) Rapport officiel des Jeux olympiques d'Amsterdam 1928, site la84foundation.org
  15. Robert Parienté et Guy Lagorce, La fabuleuse histoire des Jeux olympiques, page 161
  16. (en) Paavo Nurmi in Olympic Games, Musée olympique de Finlande, consulté le 7 décembre 2008
  17. (en) Biographie de Paavo Nurmi, Musée olympique finlandais, consulté le 7 décembre 2007
  18. Robert Parienté et Guy Lagorce, op. cit., page 175
  19. (en) Paavo Nurmi 100 years, Biographie sur le site du Comité national olympique de Finlande, consulté le 11 décembre 2008
  20. Urho Kekkonen avait soutenu Nurmi au moment de sa suspension Ă  vie en 1932
  21. Robert Parienté et Alain Billouin, op. cit., page 330
  22. (fr) Style de Paavo Nurmi, volodalen.com, consulté le 8 décembre 2008
  23. Robert Parienté et Alain Billouin, op. cit., page 329
  24. L'entraînement au XXe siècle, volodalen.com, consulté le 11 décembre 2008
  25. (en) Les records du monde de Nurmi, Musée olympique finlandais, consulté le 7 décembre 2008
  26. (en) « IAAF Hall of Fame created – First 12 Members announced », sur www.iaaf.org, IAAF, (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Robert ParientĂ© et Alain Billouin, La fabuleuse histoire de l'AthlĂ©tisme, Paris, Minerva 2003 (ISBN 2830707273)
  • Gilles Navarro, AthlĂ©tisme, les records du siècle - Le Livre d'or, Solar 1999 (ISBN 2263027866)
  • G. Vigarello, Techniques d’hier… et d’aujourd’hui, Robert Laffont-Revue EPS, 1988 (ISBN 2221055403)
  • Robert ParientĂ© et Guy Lagorce, La fabuleuse histoire des Jeux olympiques, Paris, Minerva 2004 (ISBN 2830707745)

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