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Carl Lewis

Frederick Carlton Lewis, dit Carl Lewis, né à Birmingham (Alabama) le , est un athlète américain. Il a notamment remporté dix médailles olympiques dont neuf en or, ainsi que dix médailles aux championnats du monde d'athlétisme dont huit en or.

Carl Lewis
Image illustrative de l’article Carl Lewis
Carl Lewis en 2009.
Informations
Nom de naissance Frederick Carlton Lewis
Disciplines 100 m, 200 m, longueur, 4 Ă— 100 m
Période d'activité 1979 - 1996
Site officiel www.carllewis.com
Nationalité Américaine
Naissance
Lieu de naissance Birmingham (Alabama)
Taille 1,88 m (6′ 2″)
Poids 80 kg (176 lb)
Surnom King Carl
Club Santa Monica Track Club
Entraîneur Tom Tellez
Records
• Ancien détenteur des records du monde du 100 m et du relais 4 × 100 m
• Actuel détenteur du record du monde en salle du saut en longueur
Distinctions
• Trophée IAAF de l'athlète de l'année en 1988 et 1991
• Élu au Temple de la renommée de l'athlétisme des États-Unis en 2001
• Élu au Temple de la renommée de l'IAAF en 2012
• Prix Princesse des Asturies des sports
Palmarès
Jeux olympiques 9 1 -
Championnats du monde 8 1 1
Goodwill Games 1 2 -
Jeux panaméricains (seniors + juniors) 5 - 1
Championnat des États-Unis (plein air + indoor) 18 - -
Championnats universitaires NCAA (plein air + indoor) 6 - -

Sa carrière, plusieurs fois interrompue, a duré de 1979 à 1996, année durant laquelle il a conquis son dernier titre olympique, partageant avec Paavo Nurmi dans les années 1920, le rang de sportif le plus titré aux Jeux olympiques en athlétisme. Il a ensuite orienté sa carrière vers le métier d'acteur.

Lewis est un sprinter et un sauteur qui a marquĂ© durablement sa discipline. RĂ©gulièrement inscrit en première place du classement mondial de 1980 au dĂ©but des annĂ©es 1990 sur les Ă©preuves de 100 m, de 200 m et de saut en longueur, l'athlète a amĂ©liorĂ© Ă  plusieurs reprises les records du monde du 100 mètres, du relais 4 Ă— 100 m et du 4 Ă— 200 m. En 1982, 1983 et 1984, il est Ă©lu « athlète de l'annĂ©e » par le magazine amĂ©ricain Track & Field News. Sa sĂ©rie de soixante-cinq victoires consĂ©cutives en dix ans de saut en longueur constitue l'une des performances les plus remarquables de l'histoire de l'athlĂ©tisme. En 1984 Ă  Los Angeles, il devient 48 ans après Jesse Owens le deuxième athlète Ă  remporter les mĂ©dailles d'or olympiques du 100 m, du 200 m, du relais 4 Ă— 100 m et du saut en longueur.

Ses prestations lui valent de nombreuses distinctions : il est ainsi élu « sportif du siècle » par le Comité international olympique (CIO) et « olympien du siècle » par le magazine sportif américain Sports Illustrated. De plus, Lewis joue un rôle significatif dans la professionnalisation de l'athlétisme permettant aux athlètes de faire des carrières plus longues et plus lucratives.

Jeunesse

NĂ© dans l'Alabama, Carl Lewis grandit Ă  Willingboro dans la banlieue de Philadelphie (Pennsylvanie). Sa mère, Evelyn Lawler, est elle-mĂŞme athlète et participe aux Jeux panamĂ©ricains de 1951 dans l'Ă©quipe de course de haies. Sa sĹ“ur Carol qui pratique le sprint et, Ă  10 ans, le saut en longueur, est reconnue avant que Carl ne devienne cĂ©lèbre.

Ses parents déménagent à Philadelphie après que sa mère a vu à la télévision son mari, William McKinley Lewis Jr., aspergé au canon à eau par la police durant une manifestation du mouvement des droits civiques[1]. Lewis affirmera plus tard que grandir dans la diversité raciale de Willingboro est « la même expérience qu'un livre ouvert »[1]. Dès sa jeunesse, l'athlétisme joue un rôle important dans la vie de Lewis. Ses parents, tous deux enseignants, lancent le Willingboro Track Club pour filles, car l'école publique manque de programme d'athlétisme pour les filles[1]. Lorsqu'ils ne trouvent pas de baby-sitter pour le jeune Carl, celui-ci et sa jeune sœur s'amusent au terrain d'athlétisme, dans le bac à sable du saut en longueur[1]. L'association accepte rapidement les garçons et Carl y débute.

Lewis ne devient pas immĂ©diatement un athlète prometteur, il est le plus faible de la famille alors que ses frères et sĹ“ur connaissent une meilleure progression. Alors que son potentiel paraĂ®t mince, ses parents l'encouragent Ă  se fixer des buts et Ă  les atteindre[1]. Vers 9 ans, Carl Lewis rencontre l'idole de sa jeunesse Jesse Owens. Plus jeune, son père lui racontait avec un profond respect les exploits de l'ancien athlète. Lors de cette entrevue, l'ancien champion conseille Ă  l'enfant de « prendre avant tout du plaisir »[1]. Son père, Bill Lewis, meurt d'un cancer en 1987. Carl lui dĂ©die ses mĂ©dailles olympiques en 1988[1].

La carrière d'athlète

1979 : l'ascension d'un athlète

Carl Lewis durant sa carrière universitaire à Houston.

Lewis commence le saut en longueur dès l'âge de treize ans et se rĂ©vèle prometteur alors qu'il suit le cursus de la Willingboro High School. En première annĂ©e, il est l'un des meilleurs sauteurs du New Jersey[2] et en dernière annĂ©e, il est devenu un des meilleurs sauteurs au monde. Comme de nombreuses universitĂ©s tentent alors de l'enrĂ´ler[2], il choisit l'universitĂ© de Houston oĂą exerce alors l'entraĂ®neur Tom Tellez[2] qui reste son entraĂ®neur durant toute sa carrière. En 1979, quelques jours après avoir obtenu son diplĂ´me, il bat le record de l'Ă©cole de saut en longueur, avec 8,13 m[3].

Carl Lewis laisse entendre qu'il veut gagner sa vie grâce à ses qualités d'athlète alors que l'athlétisme est encore un sport amateur. Lorsqu'il rencontre Tellez pour la première fois à son arrivée à Houston, Lewis dit : « Je veux devenir millionnaire et ne veux jamais avoir un emploi ordinaire »[1]. À la fin de sa première année universitaire, il intègre pour la première fois le classement mondial publié par Track & Field News, magazine américain autoproclamé « Bible du sport »[4] en figurant au cinquième rang mondial en saut en longueur[5] - [6].

Lewis se qualifie dans la sĂ©lection amĂ©ricaine pour les Jeux olympiques d'Ă©tĂ© de 1980 pour le saut en longueur et le relais 4 Ă— 100 m. Bien qu'il se consacre essentiellement au saut en longueur, son talent de sprinter Ă©clate. Mais les États-Unis boycottent les Jeux de Moscou et Carl Lewis ne peut s'illustrer[2]. Il termine l'annĂ©e sixième athlète mondial en saut en longueur[5], septième au 100 m[7].

1981-1982 : la percée

Carl Lewis.

En 1981, Lewis se rĂ©vèle ĂŞtre un sauteur et un sprinter d'exception. Ă€ compter de cette annĂ©e et jusqu'en 1992, il domine six fois le classement mondial du 100 m (la performance rĂ©alisĂ©e en 1987 par Ben Johnson est effacĂ©e) et n'apparaĂ®t jamais en dessous de la troisième place[7]. Sa performance en saut en longueur est encore plus grande : durant la mĂŞme pĂ©riode, il figure neuf fois en tĂŞte du classement mondial et deuxième les autres annĂ©es. Il gagne le premier de ses six titres de la National Collegiate Athletic Association (NCAA) pour l'universitĂ© de Houston avant de remporter ses deux premiers titres nationaux sur 100 m et en saut en longueur. Comme il est exceptionnel qu'un athlète participe aux deux disciplines et les domine, il est comparĂ© Ă  Jesse Owens qui a dominĂ© ces disciplines durant les annĂ©es 1930[8].

Au dĂ©but de 1981, sa meilleure prestation en saut en longueur efface celle de sa pĂ©riode scolaire effectuĂ©e deux ans auparavant. Le 20 juin, alors encore âgĂ© de moins de vingt ans[9], il amĂ©liore son record personnel avec un saut de 8,62 m pendant le championnat TAC. Plus encore, ce saut est alors le deuxième meilleur saut de tous les temps (derrière celui de Bob Beamon en 1968) et Ă©tablit le record du monde au niveau de la mer.

Bien que les sauts en altitude entrent en ligne de compte pour les records du monde, certains puristes considèrent que l'air raréfié à cette altitude offre un avantage à l'athlète. Certains pensent même que les records réalisés en altitude devraient être annulés à l'image des sauts effectués avec un vent favorable de plus de deux mètres par seconde[10]. L'avantage est plus évident en sprint et en saut car, pour les distances plus longues, l'avantage de l'air raréfié est annulé par un taux d'oxygène dans l'air plus faible. Lewis est résolu à réaliser ses records au niveau de la mer et à se passer de « l'air léger » qui poursuit les records « assistés ». En réaction à une question lui demandant pourquoi il ne participe pas à une compétition en altitude, il répond : « Je veux ce record et je compte l'obtenir, mais je ne veux pas voir ce « (H) » [caractérisant les records réalisés en altitude] figurer derrière. »[11]. Lorsqu'il commence à être reconnu au début des années 1980, tous les records existant en saut et en sprint chez les hommes sont obtenus en altitude à Mexico (Jim Hines, Pietro Mennea, Bob Beamon).

En 1981, Lewis est l'homme le plus rapide du monde sur 100 m. Il amĂ©liore sa modeste meilleure performance de 1979 (10 s 67) un an plus tard en 10 s 21, performance de classe mondiale. Le , il court en 10 s 00 aux Championnats de la confĂ©rence Sud-Ouest (Southwest Conference Championships ) Ă  Dallas, rĂ©alisant la troisième meilleure performance de tous les temps Ă  l'Ă©poque et le meilleur temps au niveau de la mer[12]. Lewis prend pour la première fois la tĂŞte du classement mondial Ă  la fois sur 100 m et au saut en longueur. Il remporte Ă©galement le James E. Sullivan Award, trophĂ©e rĂ©compensant le meilleur sportif amateur amĂ©ricain[13]. Sa dĂ©faite contre Larry Myricks Ă  la longueur aux championnats en salle TAC en fĂ©vrier s'avère ĂŞtre la dernière prĂ©cĂ©dant une invincibilitĂ© de plus de dix ans.

En 1982, pour la première fois, un athlète semble pouvoir sĂ©rieusement s'attaquer au record de Bob Beamon, dont le saut de 8,90 m aux Jeux olympiques de 1968 est perçu comme l'une des performances les plus inouĂŻes de l'histoire de l'athlĂ©tisme[14] - [15]. Avant Lewis, seuls deux athlètes ont sautĂ© au-delĂ  de 8,53 m : Beamon et Lutz Dombrowski, champion olympique en 1980. En 1982, Lewis franchit cinq fois les 8,53 m en plein air et deux fois en salle, dont une fois Ă  8,76 m le 24 juillet Ă  Indianapolis[16]. SimultanĂ©ment, il approche les dix secondes sur 100 m, meilleure performance mondiale de l'annĂ©e Ă©galant son record au niveau de la mer de 1981. Il rĂ©alise cette performance le mĂŞme week-end que son concours de saut oĂą il rĂ©ussit deux fois une mesure Ă  8,61 m. Il Ă©tablit un nouveau record au niveau de la mer Ă  8,76 m Ă  Indianapolis.

Lewis consolide sa première place au classement mondial sur 100 m et en saut en longueur et atteint la sixième place au 200 m. Track and Field News le nomme athlète de l'annĂ©e. Fin 1982, Lewis est une vedette qui n'a encore participĂ© Ă  aucune grande compĂ©tition internationale. Il va avoir cette occasion dès l'annĂ©e suivante.

1983 : le premier championnat du monde, le premier record mondial

Carl Lewis au dĂ©part du 100 m des premiers championnats du monde en 1983.

En 1983, l'IAAF organise les premiers championnats du monde IAAF. Un nombre record de cent cinquante-quatre pays y participant (davantage qu'aux récents Jeux olympiques marqués par un boycott) font de ces championnats du monde l'un des plus grands événements sportifs de l'année. Ces championnats sont pour Carl Lewis la première occasion d'affronter l'immense pression d'une compétition internationale, similaire à celle qui se manifeste lors des Jeux olympiques.

Durant les championnats, un duel Larry Myricks-Carl Lewis est annoncĂ© et attendu. Myricks a, comme Lewis, sautĂ© au-delĂ  de 8,53 m cette annĂ©e-lĂ  mais il ne se qualifie pas lors des championnats nationaux pour intĂ©grer l'Ă©quipe amĂ©ricaine. Lewis devient ainsi relativement facilement champion du monde Ă  Helsinki avec un bond de 8,55 m, 26 cm plus loin que Jason Grimes, mĂ©daillĂ© d'argent[17].

Sur 100 m, il n'en va pas autrement. Calvin Smith qui a Ă©tabli un nouveau record du monde en altitude plus tĂ´t dans l'annĂ©e Ă  9 s 93 voit Lewis le battre en 10 s 07 tandis que lui court seulement en 10 s 21[18]. Smith prend sa revanche sur le 200 mètres[19], une discipline sur laquelle Lewis ne se prĂ©sente pas bien qu'il ait rĂ©alisĂ© un nouveau record des États-Unis sur cette distance deux mois plus tĂ´t, avec un temps de 19 s 75 aux championnats TAC, le 19 juin. Cette performance est alors le deuxième meilleur chrono de tous les temps sur 200 mètres, et un nouveau record du monde au niveau de la mer, seulement trois centièmes de seconde derrière Pietro Mennea qui a rĂ©alisĂ© le record du monde en 1979[20]. En tant que finisseur de l'Ă©quipe amĂ©ricaine du relais 4 Ă— 100 m, il remporte une troisième mĂ©daille d'or en 37 s 86 et Ă©tablit avec ses coĂ©quipiers un nouveau record du monde, le premier de sa carrière[21].

Carl Lewis a un objectif durant ces championnats : gagner des mĂ©dailles d'or. La course aux records du monde est secondaire : « Tu gardes une mĂ©daille, mais tu empruntes un record » est un adage de l'athlĂ©tisme. Il y a aussi des raisons pratiques de viser les mĂ©dailles plutĂ´t que les records : dans le climat de compĂ©tition qui caractĂ©rise les championnats du monde et les Jeux olympiques et avec l'attention plus importante des spectateurs et des mĂ©dias, il n'est pas recommandĂ© pour un athlète de s'engager pleinement et de risquer ainsi un faux-pas ou une blessure dans la mesure oĂą il n'est pas nĂ©cessaire de gagner ces courses pour se qualifier. En outre, un record du monde est rĂ©alisĂ© dans des conditions idĂ©ales qui ne surviennent pas en toute occasion. Cela explique en partie pourquoi les meilleures performances de l'annĂ©e de Carl Lewis sur 100 m et en saut en longueur n'ont pas Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es pendant les championnats du monde mais lors d'autres compĂ©titions.

Il devient le premier athlète Ă  courir le 100 mètres en moins de dix secondes au niveau de la mer lorsqu'il rĂ©ussit un chronomètre de 9 s 97 le 14 mai Ă  Modesto[22] - [23]. Sa mĂ©daille d'or aux championnats du monde et ses temps rapides lui assurent la première place du classement mondial annuel sur 100 mètres malgrĂ© le record du monde de Calvin Smith. Le 19 juin pendant les championnats TAC, il Ă©tablit un nouveau record du monde au niveau de la mer du saut en longueur avec un bond de 8,79 m[20] et obtient la première place du classement dans cette discipline[24]. Il n'est que deuxième du classement sur 200 m malgrĂ© son nouveau record du monde au niveau de la mer en 19 s 75. Smith a en effet conquis le titre de champion du monde de la discipline et les titres ont plus de valeur que les temps rĂ©alisĂ©s dans les critères du classement Track and Field News. Lewis va cependant recevoir l'honneur suprĂŞme : il est une nouvelle fois Ă©lu « athlète de l'annĂ©e » par le magazine.

Lewis a démontré son potentiel lors des championnats du monde à Helsinki. Désormais, un événement plus important se présente à l'horizon, les Jeux olympiques, et un objectif plus élevé : égaler les quatre médailles d'or obtenues par Owens aux Jeux de 1936.

1984 : Un but : Ă©galer Jesse Owens

Carl Lewis lors des Jeux olympiques de 1984.

Au début de 1984, Lewis est l'une des plus grandes personnalités sportives mondiales mais il est moins célèbre dans son pays du fait d'une moindre estime de l'athlétisme aux États-Unis. Bien que les États-Unis produisent chaque année l'une des plus fortes équipes d'athlétisme au monde, les stars de l'athlétisme ne parviennent pas à y jouir d'une bonne couverture médiatique avant et pendant les Jeux olympiques. En 1984, non seulement Lewis est connu et reconnu dans le sport mais les Jeux d'été ont lieu pour la première fois depuis un demi-siècle aux États-Unis. Les Jeux de Los Angeles lui apportent la reconnaissance de son pays.

Carl Lewis souhaite devenir riche, célèbre et que les médias s'intéressent à lui. Lui et son manager Joe Douglas, fondateur et manager du Santa Monica Track Club dont Lewis est membre, parlent ouvertement de son souhait d'égaler le record d'Owens de quatre médailles d'or en un événement olympique et de faire de l'argent avec les nombreuses offres qui découleront certainement de cette performance. Il semble que son premier objectif soit plus facile à atteindre que le second, du moins aux États-Unis.

Lewis commence la quĂŞte du Graal avec une victoire convaincante sur 100 mètres. Il rĂ©alise un temps de 9 s 99 qui laisse son compatriote Sam Graddy second, vingt centièmes derrière lui. Il met aussi un terme Ă  seize ans de disette amĂ©ricaine sur 100 m olympique. Deux jours plus tard, Lewis remporte la deuxième discipline, le saut en longueur, avec un seul essai Ă  8,54 m (il mord au deuxième essai puis arrĂŞte le concours, geste peu apprĂ©ciĂ© par le stade). Il obtient sa troisième mĂ©daille d'or sur 200 mètres avec un nouveau record olympique de 19 s 80, mais sans chercher Ă  battre le record mondial, vu qu'il se redresse avant la ligne, puis glane un quatrième titre olympique en tant que dernier relayeur du 4 Ă— 100 mètres. Il Ă©gale le record du monde de 37 s 83 qu'il avait rĂ©alisĂ© Ă  Helsinki avec son Ă©quipe[25].

Lewis réalise le but qu'il s'est fixé en égalant la performance de Jesse Owens (quatre médailles d'or) avec une relative facilité. Bien que certaines disciplines soient dévaluées par l'absence des athlètes soviétiques qui boycottent les Jeux, il n'est pas vraisemblable que l'un d'entre eux eût pu menacer Lewis dans ses disciplines. Lewis a cependant aussi espéré pouvoir conclure quelques contrats lucratifs mais il y parvient à peine aux États-Unis. Sans aucune raison et sans qu'un incident n'en puisse être la cause, il s'agit pour Lewis d'un sinistre signe avant-coureur qu'il ne sera pas accueilli à bras ouverts par le public américain.

Lewis termine l'annĂ©e numĂ©ro un du classement mondial du 100 mètres, du 200 mètres et du saut en longueur. Pour la troisième fois, il reçoit le titre d'« athlète de l'annĂ©e » du magazine Track and Field News.

Parallèlement, Carl Lewis est drafté par les Bulls de Chicago[26] - [27], au dixième tour (la même année que celle où Michael Jordan est drafté en troisième place du premier tour). Il n'intégrera cependant jamais la fameuse NBA. Il succède au sauteur en longueur Bob Beamon (en 1969) et au décathlonien Bruce Jenner (en 1977), qui avant lui, furent sélectionnés à la suite d'un titre olympique en athlétisme.

1985 – 1986 : Ben Johnson se révèle comme un concurrent

Après les Jeux olympiques de Los Angeles, Lewis maintient sa position dominatrice dans le monde de l'athlĂ©tisme, en particulier au saut en longueur. Il ne va plus perdre de compĂ©tition de saut durant les sept annĂ©es suivantes. Sur 100 mètres, la suprĂ©matie de Lewis est contestĂ©e par quelques concurrents. Son record du monde du 100 mètres au niveau de la mer est battu par son compatriote Mel Lattany qui court en 9 s 96 juste avant les Jeux de 1984[28]. Son principal adversaire est cependant Ben Johnson qui a obtenu le bronze derrière Lewis aux Jeux olympiques de 1984. Johnson s'impose sur Lewis une fois en 1985. Lewis est Ă©galement battu par d'autres athlètes mais il conclut en vainqueur la plupart de ses courses. Il conserve sa première place au classement mondial du 100 mètres, Johnson devenant second[7].

En 1986, Johnson devance Lewis de manière convaincante aux Goodwill Games Ă  Moscou et Ă©tablit par la mĂŞme occasion un nouveau record du monde au niveau de la mer en 9 s 95. Ă€ la fin de l'annĂ©e, Johnson a conquis la place de numĂ©ro un et repoussĂ© Lewis, qui perd cette annĂ©e-lĂ  plus de courses qu'il n'en gagne, Ă  la troisième place. Il semble mĂŞme vulnĂ©rable au saut en longueur, une discipline Ă  laquelle il prend part modĂ©rĂ©ment et dont il perd la couronne. Il conclut l'annĂ©e au deuxième rang, derrière Robert Emmiyan qui a rĂ©alisĂ© la meilleure performance mondiale de l'annĂ©e avec un bond de 8,61 m[5].

1987 : les championnats du monde Ă  Rome

Les championnats du monde d'athlétisme de 1987 organisés à Rome offrent à Lewis une occasion de retrouver la motivation qu'il semble avoir perdue les deux années précédentes.

Ces deuxièmes championnats du monde vont montrer que les bruits sur le dĂ©clin de Lewis sont largement exagĂ©rĂ©s mais vont aussi prouver que Lewis, mĂŞme au sommet de sa forme, peut ĂŞtre battu. Pour viser sa meilleure spĂ©cialitĂ©, le saut en longueur, il dĂ©laisse le 200 mètres et utilise tous les essais. Il s'agit d'une rĂ©action Ă  la controverse de 1984 ; c'est la consĂ©quence de la participation de Robert Emmiyan, deuxième homme au monde Ă  avoir sautĂ© au-delĂ  de 29 pieds. Emmiyan est parvenu Ă  une distance de 8,86 m, Ă  seulement quatre centimètres du record du monde de Bob Beamon[29]. Emmiyan ne va cependant pas plus loin que 8,56 m ce jour-lĂ  alors que Lewis saute quatre fois Ă  8,60 m[30] et s'adjuge la mĂ©daille d'or avec un bond Ă  8,67 m. Finisseur du relais 4 Ă— 100 m, il rĂ©alise avec l'Ă©quipe amĂ©ricaine la troisième meilleure performance de l'histoire en 37 s 90[31].

L'Ă©preuve qui focalise le plus d'attention et qui provoque le plus d'agitation est le 100 mètres. Ben Johnson a Ă  l'Ă©poque couru trois fois sous les dix secondes[32] tandis que Lewis n'y est pas parvenu. Carl Lewis semble nĂ©anmoins fort durant les tours de qualification du 100 m et court en 10 s 03 avec vent de face, vers un nouveau record des championnats. En finale, Johnson prend cependant l'initiative et passe la ligne en un temps qui Ă©tonne amis et adversaires : 9 s 83, nouveau record du monde. Lewis est second malgrĂ© ses 9 s 93, Ă©galant l'ancien record du monde[33].

Tandis que Johnson est au faîte de la gloire que sa victoire lui apporte, Lewis cherche des excuses pour expliquer sa défaite. Il prétend d'abord que Johnson a fait un faux départ puis dit avoir été affaibli par une grippe intestinale et enfin, sans citer de nom, signale : « Beaucoup de noms émergent de nulle part. Je ne pense pas qu'ils fassent cela sans produit dopant. » Il ajoute : « Je pourrais courir en 9 s 80 ou plus rapidement si j'avais des produits dopants à ma disposition. »[34]. Cela annonce le début d'une période durant laquelle Lewis demande à plusieurs reprises que les moyens de favoriser la performance soient bannis du monde de l'athlétisme. Les cyniques remarquent que ce problème est présent dans le sport depuis des années et que cela ne devient un enjeu pour Lewis qu'à compter de sa défaite. En réaction aux accusations, Johnson déclare : « Quand Carl Lewis gagnait tout, je n'ai pas dit de mal de lui. Et lorsqu'un autre homme arrivera et me battra, je ne me plaindrai pas non plus. »[35]

1988 : les Jeux de SĂ©oul

En 1987, Lewis ne perd pas seulement sa domination sur l'athlĂ©tisme, il perd Ă©galement son père qu'il enterre avec la mĂ©daille d'or remportĂ©e aux Jeux de 1984 sur 100 m. « Ne t'inquiète pas, dit-il Ă  sa mère, j'en gagnerai encore. »[36]. Lewis rappellera rĂ©gulièrement que son père a Ă©tĂ© une source de motivation durant sa saison. « Il est arrivĂ© beaucoup de choses dans ma vie durant l'annĂ©e Ă©coulĂ©e, notamment la mort de mon père. Cela m'a motivĂ© pour tirer le meilleur de moi-mĂŞme cette saison », dĂ©clare-t-il après avoir battu Johnson le 17 aoĂ»t Ă  Zurich[37].

La victoire sur Johnson juste avant les Jeux olympiques n'est que l'épisode d'une bataille de plusieurs années, une lutte pleine de rancune entre les deux athlètes. Le camp de Johnson l'a défendu contre les accusations de Lewis[34] mais faisait également pression pour le pousser à se dépasser après qu'il eut contracté une blessure au tendon du genou durant la saison en salle. Lorsque Lewis bat Johnson lors de leur première rencontre depuis sa défaite des championnats du monde de Rome, leur duel est à son apogée. Lewis sprinte en 9 s 93, même temps qu'à Rome, et Johnson en 10 s 00, montrant qu'il a bien récupéré de sa blessure, mais la question de savoir s'il serait prêt pour la finale olympique un mois plus tard restait ouverte.

La finale du 100 m des Jeux olympiques de 1988 est l'un des Ă©vĂ©nements sportifs les plus importants de l'annĂ©e ; les rebondissements et pĂ©ripĂ©ties qui l'Ă©maillent en font pour beaucoup l'un des Ă©vĂ©nements sportifs du siècle[38]. En quart de finale des qualifications, Johnson fut presque Ă©liminĂ© car il prit un dĂ©part trop rapide, se relâcha et fut dĂ©passĂ© par deux autres coureurs. Il faisait cependant partie des athlètes les plus rapides et fut de ce fait qualifiĂ© en demi-finales. Le lendemain, Lewis et Johnson coururent les demi-finales respectivement en 9 s 93 et 10 s 03 avec vent de face. En finale, Johnson prit le dĂ©part le plus rapide et prit vite la tĂŞte. Lewis, qui n'Ă©tait pas rĂ©putĂ© pour son dĂ©part rapide, Ă©tait en troisième position aux 30 mètres et dĂ©passa le Canadien Desai Williams après 60 mètres. Dans le final, Lewis ne parvint pas Ă  rattraper Johnson qui se trouvait deux mètres devant et gagna avec un nouveau record du monde de 9 s 79. Lewis, second, signait un nouveau record des États-Unis en 9 s 92. Johnson rappela le vieux proverbe de l'athlĂ©tisme selon lequel les mĂ©dailles prĂ©valent sur les records : « Ils peuvent battre mon record mais ils ne pourront jamais me prendre ma mĂ©daille d'or ». Il en alla cependant autrement : trois jours plus tard, Johnson fut contrĂ´lĂ© positif aux stĂ©roĂŻdes, sa mĂ©daille d'or lui fut retirĂ©e et Lewis fut dĂ©clarĂ© vainqueur. En outre, le temps de Lewis devint le nouveau record olympique[39].

Bien qu'il ne pĂ»t rĂ©Ă©diter sa performance de 1984 en ce qui concerne le nombre de mĂ©dailles d'or, il franchit un cap dans sa carrière en gagnant le 100 m : ses 9 s 92 allaient ĂŞtre son premier record du monde en plein air. « Allaient » car, malgrĂ© la disqualification de Johnson, son record de monde Ă©tabli lors des championnats du monde de 1987 resta en place. Après que Johnson eut avouĂ© lors d'une audition sous serment en 1989 utiliser les stĂ©roĂŻdes depuis longtemps, celui-ci perdit son record du monde et Lewis se le vit attribuer pour son temps de 1988. Lewis se vit aussi reconnaĂ®tre rĂ©troactivement une Ă©galisation du record du monde Ă  9 s 93 lors de championnats de 1987, un temps qu'il avait Ă©galement rĂ©alisĂ© lorsqu'il avait battu Johnson Ă  Zurich. Au , Lewis Ă©tait pour la première fois dĂ©tenteur du record du monde[40]. Il ne le resta cependant pas longtemps puisque, son compatriote Leroy Burrell bat le record du monde du 100 m en 9 s 90 le lors des sĂ©lections amĂ©ricaines pour les championnats du monde d'athlĂ©tisme 1991. Lewis avait donc perdu sa première place du classement mondial sur 100 m et, tandis qu'il demeurait invaincu en saut en longueur, il semblait que le monde du sprint l'avait dĂ©passĂ©. Lewis rĂ©pondit lors des championnats du monde suivants en rĂ©alisant ses meilleures performances sur 100 m et au saut en longueur.

1991 : les championnats du monde, les meilleures performances de Lewis

Carl Lewis en 2006.

Les championnats du monde d'athlĂ©tisme 1991 se dĂ©roulaient Ă  Tokyo. Sur 100 m, Carl Lewis affrontait les deux prĂ©cĂ©dents numĂ©ro un mondiaux : son compatriote Leroy Burrell et le JamaĂŻcain Raymond Stewart[7]. Dans ce qui allait ĂŞtre le 100 m le plus rapide de l'histoire avec six hommes sous les 10 secondes, Lewis a battu non seulement l'opposition mais Ă©galement le record du monde en 9 s 86[41]. Bien qu'il ait Ă©tĂ© dĂ©tenteur de ce record auparavant, c'Ă©tait la première fois qu'il passait la ligne d'arrivĂ©e avec l'attribut « WR » derrière son nom et la première fois qu'il pouvait apprĂ©cier cette performance au moment oĂą il la rĂ©alisait. Les larmes aux yeux, il dĂ©clara : « La plus belle course de ma vie. La meilleure techniquement et la plus rapide. Et je l'ai faite Ă  trente ans. »[42] Il dispute Ă©galement le relais 4 Ă— 100 m en tant que finisseur de l'Ă©quipe amĂ©ricaine dans un temps de 37 s 50, nouveau record du monde, son troisième de l'annĂ©e dans cette discipline.

La finale du saut en longueur est considĂ©rĂ©e comme l'un des meilleurs concours de l'histoire de la discipline[43] - [44]. En finale, Lewis doit se mesurer Ă  son rival des deux annĂ©es prĂ©cĂ©dentes, Mike Powell, mĂ©daillĂ© d'argent aux Jeux de SĂ©oul et numĂ©ro un de la discipline en 1990. Ă€ cet instant, Lewis n'a plus perdu depuis dix ans, avec soixante-cinq victoires consĂ©cutives. Une victoire de Powell sur Lewis apparaĂ®t impensable bien qu'Ă  plusieurs reprises il ait approchĂ© le record du monde (mĂŞme si c'Ă©tait lors de sauts mordus[45]). Powell a, comme Larry Myricks et d'autres, sautĂ© Ă  des distances auxquelles Lewis lui-mĂŞme a rarement sautĂ©, pour pousser ce dernier Ă  sauter encore plus loin lors de l'essai suivant ou du dernier[46] - [47]. Lewis entame la compĂ©tition de manière exceptionnelle avec un saut Ă  8,68 m, record des championnats du monde et une distance qui, outre Lewis, n'a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e que par trois athlètes jusqu'alors. Powell, qui saute le premier, a commis une faute au premier essai mais est deuxième après le second tour avec un bond de 8,58 m. Myricks participe aussi au concours, mais ne peut menacer les duettistes.

Lewis saute, aidĂ© par le vent, Ă  8,83 m, une distance avec laquelle il aurait remportĂ© tous les concours de saut en longueur de l'histoire Ă  deux exceptions près, mais qui n'est finalement pas le saut victorieux ni le meilleur saut de Lewis ce jour-lĂ . Powell commet Ă  nouveau une faute, son saut non mesurĂ© est estimĂ© Ă  8,80 m. Lewis rĂ©pond de nouveau avec un saut encore plus loin, mais l'anĂ©momètre indique que le vent est trop favorable pour constituer un record homologuĂ©, le saut Ă©tant toutefois validĂ© pour le concours Ă  8,91 m. Lewis a sautĂ© un centimètre au-delĂ  du record de Beamon pourtant considĂ©rĂ© comme imbattable.

Au cinquième tour, c'est au tour de Powell de rĂ©pondre. Il effectue cette fois un saut valide avec un vent dans le dos de 0,3 m/s, ce qui reste dans la limite autorisĂ©e pour l'homologation d'un record. Le public explose en dĂ©couvrant la distance, 8,95 m, un nouveau record du monde, cinq centimètres de mieux que le record de Beamon vieux de vingt-trois ans.

Il reste deux essais Ă  Lewis qui n'est plus Ă  la poursuite de Beamon mais de Powell. Il saute Ă  8,87 m avec un vent de face, un nouveau record personnel en conditions autorisĂ©es. Son dernier saut est mesurĂ© Ă  8,84 m. MalgrĂ© l'Ă©norme pression pour battre un record du monde, Lewis est parvenu Ă  effectuer les troisième et cinquième meilleurs sauts de l'histoire, les deuxième et troisième au niveau de la mer[48]. Lewis a rĂ©alisĂ© la meilleure sĂ©rie de sauts de l'histoire et dĂ©passĂ©, aidĂ© par un vent trop favorable, la marque du record du monde de Beamon. Il a nĂ©anmoins perdu le concours. La lutte est si intense que vingt-cinq ans plus tard le record de Powell est toujours en place, les sauts validĂ©s de Lewis sont toujours les troisième et cinquième meilleures performances de tous les temps et les trois sont les meilleures performances au niveau de la mer.

La réaction de Lewis après l'une des meilleures compétitions sportives explique en partie pourquoi il n'est pas vraiment apprécié par beaucoup pour ses performances remarquables. « Il l'a juste fait » dit Lewis sur le saut de Powell. « C'était si serré entre nous et c'était le meilleur saut de sa carrière et peut-être qu'il ne sautera plus jamais aussi loin »[49]. De fait, ce fut le cas pour Powell, mais également pour Lewis.

À propos de ses performances aux championnats du monde de 1991, Lewis dit : « Cela a été le meilleur tournoi de ma vie »[50]. Track and Field News va plus loin en affirmant sur ces championnats qu'« il est difficile de réfuter que Lewis est le meilleur athlète ayant foulé une piste d'athlétisme »[50].

1992-1996 : les Jeux et au-delĂ 

Ă€ l'apogĂ©e de sa carrière en 1991, Lewis commence Ă  perdre sa position dominante aussi bien sur 100 m qu'en saut en longueur. Bien qu'il Ă©tablisse un nouveau record du monde du peu disputĂ© 4 Ă— 200 m avec le Santa Monica Track Club en 1992[51], il ne parvient pas Ă  se qualifier dans l'Ă©quipe olympique amĂ©ricaine sĂ©lectionnĂ©e pour Barcelone sur 100 m ou 200 m. HandicapĂ© par une infection respiratoire[52], il ne prend que la 6e place des qualifications du 100 m. Et sur le 200 m, Lewis finit seulement quatrième des qualifications olympiques derrière la star montante Michael Johnson qui bat alors son record personnel en 19 s 79. C'est la première fois qu'ils s'affrontent sur une piste[53]. Lewis se qualifie nĂ©anmoins Ă  la longueur, deuxième derrière Powell et gagne sa place au sein du groupe amĂ©ricain pour le relais 4 Ă— 100 m.

Aux Jeux olympiques de Barcelone, Carl Lewis saisit sa chance. Il saute Ă  8,67 m au premier tour du concours de saut en longueur, un bond grâce auquel il devance Powell qui ne rĂ©alise que trois centimètres de moins.

Sur le relais 4 Ă— 100 m, Lewis court Ă  nouveau comme finisseur vers un nouveau record du monde en 37 s 40. Lewis ajoute ainsi encore deux mĂ©dailles d'or Ă  son impressionnant palmarès olympique, le portant Ă  huit mĂ©dailles d'or.

Lewis prend part aux championnats du monde d'athlĂ©tisme 1993 organisĂ©s Ă  Stuttgart oĂą il termine quatrième sur 100 m[54] et ne participe pas au saut en longueur. Il s'empare de sa première mĂ©daille sur 200 m durant un championnat du monde. En 19 s 99, il obtient en effet le bronze[55] qui allait ĂŞtre sa dernière mĂ©daille mondiale ou olympique en sprint. Des blessures laissant Lewis sur le flanc les annĂ©es suivantes, il n'effectue son retour que durant la saison 1996.

1996 : les Jeux d'Atlanta

Carl Lewis dans un club d'athlétisme de Singapour en 2006.

Pour la cinquième fois, Lewis se qualifie dans l'Ă©quipe olympique amĂ©ricaine pour le saut en longueur, une performance unique[56]. Bien qu'il ne soit que huitième des qualifications amĂ©ricaines sur 100 m, il est membre de l'Ă©quipe olympique amĂ©ricaine en lice pour une place dans l'Ă©quipe du relais. Aux Jeux d'Atlanta, des blessures empĂŞchent le dĂ©tenteur du record du monde Mike Powell et le meilleur sauteur du moment, le Cubain Iván Pedroso, d'obtenir de bons rĂ©sultats. Lewis, au contraire, est en bonne forme. Sans ĂŞtre au niveau de ses meilleures performances passĂ©es, son troisième bond mesurĂ© Ă  8,50 m lui donne la mĂ©daille d'or avec une avance de 21 cm sur le JamaĂŻcain James Beckford[57]. Lewis devient ainsi l'un des trois athlètes Ă  remporter quatre fois le titre olympique dans une mĂŞme discipline[58]. Avec cette neuvième mĂ©daille d'or, il Ă©gale le coureur de fond Paavo Nurmi, athlète le plus souvent mĂ©daillĂ© d'or si l'on excepte Ray Ewry, titrĂ© dix fois en comprenant les Jeux olympiques intercalĂ©s de 1906.

Après sa victoire inattendue en saut en longueur, Lewis peut battre le record de Nurmi avec une victoire en relais 4 Ă— 100 m. Tous les membres de l'Ă©quipe amĂ©ricaine sur cette distance peuvent ĂŞtre sĂ©lectionnĂ©s, mĂŞme s'ils n'ont encore jamais participĂ© Ă  cette Ă©preuve. Lewis dĂ©clare : « S'ils me l'avaient demandĂ©, je l'aurais couru dans la seconde. Mais ils ne m'ont pas demandĂ© de courir. » Durant le talk show amĂ©ricain Larry King Live, il suggère aux tĂ©lĂ©spectateurs de tĂ©lĂ©phoner au ComitĂ© olympique amĂ©ricain pour donner leur avis sur la situation. Le fait que Lewis n'ait pas participĂ© au camp d'entraĂ®nement du relais, passage obligatoire, et qu'il exige d'ĂŞtre engagĂ© en tant que finisseur pose problème. La dĂ©cision finale est de ne pas intĂ©grer Lewis Ă  l'Ă©quipe qui finit deuxième derrière le Canada. C'est la première fois que l'Ă©quipe amĂ©ricaine du 4 Ă— 100 m est battue en finale olympique, après une course sans faute. L'Ă©quipe canadienne rĂ©alise le meilleur temps jamais rĂ©alisĂ© en AmĂ©rique, mettant en doute l'influence qu'aurait pu avoir Lewis sur le rĂ©sultat de l'Ă©quipe amĂ©ricaine. « Le Canada a Ă©tĂ© sous-estimĂ© aux États-Unis, malgrĂ© la mĂ©daille d'argent de Bruny Surin et le nouveau dĂ©tenteur du record du monde Donovan Bailey », d'après Track and Field News. Mais l'Ă©quipe amĂ©ricaine est incontestablement perturbĂ©e par la controverse et la question posĂ©e sur l'Ă©ventuelle influence de la prĂ©sence de Lewis reste posĂ©e.

Carl Lewis se retire de l'athlétisme en 1997. En 1999, il est élu « Sportif du siècle » par le Comité international olympique[59] et « Athlète du siècle » par l'IAAF[60]. Le magazine américain Sports Illustrated le désigne « Olympien du siècle »[61].

Personnalité

Malgré ses performances impressionnantes sur la piste, le sportif n'est guère idolâtré par le public américain : perçu comme réservé et égoïste, sa prétention et son manque d'humilité[62] l'ont également rendu impopulaire parmi les autres athlètes[63].

Carl Lewis dit avoir adopté un régime végétalien en 1990[64] et a, à plusieurs reprises, affirmé que celui-ci était son principal atout dans sa carrière d'athlète. Il contribue régulièrement à des livres et œuvre sur le sujet du végétarisme[65]. Le 16 octobre 2009, il a été nommé Ambassadeur de bonne volonté de la FAO.

Dopage

En avril 2003, Wade Exum, ancien chef du programme de détection du comité olympique américain (USOC), a remis à deux journaux américains — Sports Illustrated et The Orange County Register — un dossier et des preuves attestant que Carl Lewis a été contrôlé positif à trois reprises à la pseudoéphédrine, à l’éphédrine et à la phénylpropanolamine en 1988, lors des sélections américaines pour les Jeux olympiques[66].

Quant Ă  l’argument de l’usage par inadvertance, le prĂ©sident de l’Agence mondiale antidopage « ne peut l’admettre : Carl Lewis n’aurait jamais dĂ» l’évoquer »[67]. Plus largement, Dick Pound (qui fut l’avocat de Ben Johnson en 1988) accuse : « Nous sommes donc bien en prĂ©sence de double standard en matière de lutte antidopage Ă  cette Ă©poque : des règles pour les AmĂ©ricains et d’autres règles pour le reste de la planète ». Carl Lewis aurait donc dĂ» vraisemblablement ĂŞtre dĂ©classĂ© (comme Ben Johnson) de son titre du 100 mètres en 1988.

Malgré les soupçons pesant sur lui, Carl Lewis suscite la polémique le en insinuant sur la chaîne de télévision américaine NBC, dont il est commentateur, qu'Usain Bolt se dope[68].

Vie personnelle

Carl Lewis est végétalien[69]. Il a un fils, Bakim Lewis[70].

En 1987, il sort un album de musique Modern Man[71]qui est un échec[72]. Il en sortira cependant un titre, "Break it up", qui sera un succès moyen, porté par un clip vidéo tourné en Belgique et dans lequel apparaît la présentatrice de la Radio Télévision Belge Francophone (RTBF), Paule Herreman, en naïade atypique au bord de la piscine d'un hôtel de luxe, et tourné lors de sa participation au Mémorial Ivo Van Damme, une grande compétition d'athlétisme, à Bruxelles, en Belgique, juste après les J.O. de Los Angeles, en 1986. À l'époque, dès l'automne de cette année-là, et durant l'année suivante, le clip sera souvent diffusé sur les chaînes de télévision, principalement en Belgique. Le titre apparaîtra dans certains hit-parades européens, où il sera particulièrement bien classé en Belgique.

Palmarès

Jeux olympiques d'été
Épreuve / Édition Los Angeles 1984 Séoul 1988 Barcelone 1992 Atlanta 1996
100 mOr
9 s 99
Or
9 s 92 (RM)
200 mOr
19 s 80
Argent
19 s 79
4 Ă— 100 mOr
37 s 83 (RM)
Or
37 s 40 (RM)
Saut en longueurOr
8,54 m
Or
8,72 m
Or
8,67 m
Or
8,50 m
Championnats du monde
Épreuve / Édition Helsinki 1983 Rome 1987 Tokyo 1991 Stuttgart 1993
100 mOr
10 s 07
Or
9 s 93 (RM)
Or
9 s 86 (RM)
200 mBronze
19 s 99
4 Ă— 100 mOr
37 s 86 (RM)
Or
37 s 90
Or
37 s 50 (RM)
Saut en longueurOr
8,55 m
Or
8,67 m (RC)
Argent
8,91 m

Jeux Panaméricains

Seniors:

  • MĂ©daille d'or, AmĂ©rique saut en longueur : 1987
  • MĂ©daille d'or, AmĂ©rique 4 Ă— 100 m : 1987
  • MĂ©daille de bronze, AmĂ©rique saut en longueur : 1979

Juniors:

  • MĂ©daille d'or, AmĂ©rique 100 m : 1980
  • MĂ©daille d'or, AmĂ©rique 200 m : 1980
  • MĂ©daille d'or, AmĂ©rique 4 Ă— 100 m : 1980

Jeux de l'Amitié

  • MĂ©daille d'or, monde saut en longueur : 1980

Goodwill Games

  • MĂ©daille d'or, monde saut en longueur : 1990
  • MĂ©daille d'argent, monde 100 m : 1990
  • MĂ©daille de bronze, monde 100 m : 1986

En plein air

  • MĂ©daille d'orMĂ©daille d'argentMĂ©daille d'orMĂ©daille d'orMĂ©daille d'or 100 m : 1981, 1982, 1983, 1986, 1990
  • MĂ©daille d'orMĂ©daille d'or 200 m : 1983, 1997
  • MĂ©daille d'orMĂ©daille d'orMĂ©daille d'orMĂ©daille d'orMĂ©daille d'orMĂ©daille d'or saut en longueur : 1981, 1982, 1983, 1986, 1987, 1991

Indoor

  • MĂ©daille d'or 60 yards : 1983
  • MĂ©daille d'orMĂ©daille d'orMĂ©daille d'orMĂ©daille d'or saut en longueur : 1982, 1983, 1984, 1992

En plein air

  • MĂ©daille d'or 100 m : 1988
  • MĂ©daille d'orMĂ©daille d'or saut en longueur : 1990, 1991

Indoor

  • MĂ©daille d'or 60 m : 1981
  • MĂ©daille d'orMĂ©daille d'or saut en longueur : 1980, 1981

Finale du Grand Prix IAAF

Épreuves:

  • MĂ©daille d'or 200 m : 1987
  • MĂ©daille d'argent 100 m : 1992
  • MĂ©daille de bronze 100 m : 1990

MĂ©morial Van Damme

  • MĂ©daille d'or 100 m : 1985
  • MĂ©daille d'or saut en longueur : 1985

Meeting de Zurich

  • MĂ©daille d'or 100 m : 1988

Meeting de Lausanne

  • MĂ©daille d'or saut en longueur : 1989

Meeting de Villeneuve-d'Ascq

  • MĂ©daille d'argent 100 m : 1991

Place dans l'histoire de l'athlétisme

Carl Lewis en 2009.

Le point fort de Carl Lewis est sa constance au très haut niveau. Il a ainsi battu ou égalé plusieurs séries de victoires qui font référence dans l'histoire de l'athlétisme.

En remportant 4 mĂ©dailles d'or en athlĂ©tisme[73] lors d'une seule Ă©dition des Jeux olympiques (Los Angeles 1984), il Ă©gale le record de Jesse Owens (Berlin 1936). En remportant neuf mĂ©dailles d'or en athlĂ©tisme aux Jeux olympiques (entre 1984 et 1996), il Ă©gale le record de Paavo Nurmi. Avec quatre mĂ©dailles d'or dans une mĂŞme discipline de l'athlĂ©tisme (en l'occurrence le saut en longueur) sur quatre Ă©ditions consĂ©cutives des Jeux olympiques (de 1984 Ă  1996), il Ă©gale le record d'Al Oerter rĂ©alisĂ© au lancer du disque de 1956 Ă  1968. Carl Lewis est aussi le seul athlète Ă  avoir remportĂ© plus d'une fois le concours du saut en longueur aux Jeux olympiques. Il est le premier athlète Ă  avoir remportĂ© plus d'une fois le 100 m aux Jeux olympiques.

De 1983 Ă  1991, il est restĂ© invaincu en grandes compĂ©titions internationales (Jeux olympiques et championnats du monde) sur 100 m. Il est le champion ayant obtenu le plus de mĂ©dailles aux championnats du monde d'athlĂ©tisme (10 mĂ©dailles, dont 8 en or, 1 en argent et 1 de bronze). Avec 8 mĂ©dailles d'or, il est aussi le plus titrĂ©, Ă  Ă©galitĂ© avec Michael Johnson et Usain Bolt.

Il a réalisé une série de 65 victoires consécutives à la longueur (entre mars 1981 et août 1991)[52]. Il est nommé athlète du siècle par le comité international olympique. En mars 2012, Lewis est l'un des douze premiers athlètes à être intronisé au Temple de la renommée de l'IAAF[74].

Records

Aux Championnats du monde de Tokyo en 1991, lors de la finale du saut en longueur, il a aussi rĂ©alisĂ© un saut Ă  8,91 m mais celui-ci n'a pas Ă©tĂ© homologuĂ© car rĂ©alisĂ© avec un vent trop fort. Il rĂ©alise 8,87 m le saut suivant qui est cette fois-ci homologuĂ©. D'autre part, il dĂ©tient le record du monde en salle du saut en longueur, avec un saut Ă  8,79 m, rĂ©alisĂ© en 1984 et toujours en vigueur.

Il a dĂ©tenu le record du monde du 100 m entre le et .

Distinctions

Entrée en politique

Le , Carl Lewis annonce qu'il compte se présenter aux élections sénatoriales de 2012 dans l'État du New Jersey, sous les couleurs du Parti démocrate, contre la républicaine sortante Dawn Addiego, dans son bastion du 8e district législatif[75].

Cependant, sa candidature est rejetée par la Secrétaire d'État du New Jersey qui affirme qu'il ne remplit pas les conditions de résidence fixées par la constitution du New Jersey (qui exigent quatre ans de domiciliation dans l'État pour être éligible). Selon la Secrétaire d'État, Lewis ne « possédait pas encore de maison dans le New Jersey (il y a quatre ans), ne payait pas ses impôts dans cet Etat, n'était pas enregistré sur les registres électoraux du New Jersey et n'y avait pas d'activité professionnelle »[76]. En effet, il résidait en 2008 à Los Angeles.

Retour à l'université de Houston

Le , l'entraîneur de l'équipe d'athlétisme de l'université de Houston, Leroy Burrell, annonce que son ami Carl Lewis deviendra entraîneur bénévole de l'équipe d'athlétisme de l'Université de Houston.

Notes et références

  1. (en) CarlLewis.com
  2. Henri Charpentier et Euloge Boissonnade, La grande histoire des Jeux olympiques, Paris, France-Empire, 1999, pp. 566 Ă  574.
  3. (en) Track and Field News, Jan. 1981, vol. 33 #12, p.13
  4. (en)http://www.trackandfieldnews.com/
  5. (en)http://www.trackandfieldnews.com/rankings/men/ljworldranking.pdf
  6. Toutes les mentions suivantes des classements mondiaux se réfèrent à Track and Field News.
  7. (en)http://www.trackandfieldnews.com/rankings/men/100worldranking.pdf
  8. (en) Track and Field News, January 1982; vol. 34, #12, p. 74
  9. (en) Track and Field News, January 1982; vol. 34, #12, p. 46
  10. (en) http://www.weeklyscientist.com/ws/articles/records.htm
  11. (en) Track and Field News, July 1982, vol. 35 #6, p. 61
  12. (en) Track and Field News, July 1981, vol. 34 #6, p. 12
  13. (en)http://www.aausullivan.org/winners_1981.html
  14. (en) http://espn.go.com/sportscentury/features/00014092.html
  15. (en) http://sportsillustrated.cnn.com/features/cover/news/1999/12/02/awards/
  16. (en) Track and Field News, January 1983, vol. 35 #12, p. 45
  17. (en)http://www2.iaaf.org/results/past/WCH83/data/M/LJ/Rf.html
  18. (en)http://www2.iaaf.org/results/past/WCH83/data/M/100/Rf.html
  19. (en)http://www2.iaaf.org/results/past/WCH83/data/M/200/Rf.html
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  21. (en)http://www2.iaaf.org/results/past/WCH83/data/M/4X1/Rf.html
  22. (en) Track and Field News, June 1983, vol. 36 #5, p. 6,7
  23. (en) Track and Field News, January 1984, vol. 36 #12, p. 22
  24. (en) Track and Field News, January 1984, vol. 36 #12, p. 48
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Article connexe

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