Orgue de l'Auditorium Maurice-Ravel
L'Orgue de l'Auditorium Maurice-Ravel est un grand orgue de concert construit pour l'Exposition universelle de 1878 à Paris et réinstallé à Lyon en 1977.
Orgue de l'auditorium Maurice-Ravel | ||
L'orgue construit par Aristide Cavaillé-Coll en . | ||
Localisation | ||
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Pays | France | |
RĂ©gion | Auvergne-RhĂ´ne-Alpes | |
DĂ©partement | RhĂ´ne | |
Commune | Lyon | |
Édifice | Auditorium Maurice Ravel | |
Latitude Longitude | 48° 51′ 44″ nord, 2° 17′ 18″ est | |
Facteurs | ||
Construction | Aristide Cavaillé-Coll | |
Reconstruction | 1939 | |
Restauration | 2013 | |
Caractéristiques | ||
Jeux | 82 | |
Claviers | 4 | |
tuyaux | 6508 | |
Histoire
L'Auditorium Maurice-Ravel de Lyon accueille l'ancien orgue du palais du Trocadéro, construit par le facteur Aristide Cavaillé-Coll pour l'Exposition universelle de 1878 à Paris, reconstruit au palais de Chaillot en 1939 par Victor Gonzalez et son fils Fernand, puis installé à Lyon par Georges Danion en 1977. Cet instrument, qui est aujourd'hui un des trois grands orgues de salle de concert en France, compte 82 jeux sur 121 rangs et 6 508 tuyaux.
Cet orgue a vu la création mondiale notamment des Trois Pièces de César Franck, de la Première Symphonie d'Alexandre Guilmant, de trois Symphonies de Charles-Marie Widor, du Chemin de la Croix de Marcel Dupré, des Corps glorieux d'Olivier Messiaen, du Requiem de Maurice Duruflé (version pour solistes, grand orchestre, orgue et chœur), du Requiem de Gabriel Fauré (version pour solistes, grand orchestre, orgue et chœur). Il a révélé au public les Litanies de Jehan Alain et le Concerto pour orgue et orchestre de Francis Poulenc.
L’orgue du palais du Trocadéro (Paris) – Aristide Cavaillé-Coll, 1878
En 1878, à l'occasion de l'Exposition universelle, est inauguré le palais du Trocadéro construit à Paris sur la colline de Chaillot, face au Champ de Mars. La construction de l’orgue est confiée au plus célèbre facteur français du moment, Aristide Cavaillé-Coll, lequel, pressé par le temps, reprend et complète le matériau sonore destiné à un autre orgue, celui de l’église Notre-Dame-d'Auteuil à Paris, à trois claviers manuels.
L’orgue est un des plus vastes de son temps et intègre les dernières nouveautés techniques, dans une esthétique résolument romantique et symphonique, avec une profusion de jeux graves et deux claviers expressifs.
L'orgue est inauguré le par Alexandre Guilmant. Sorte de « titulaire non officiel », ce dernier organise sans relâche des concerts d'orgues prestigieux, où se produisent les plus grands musiciens du moment.
Toutefois, l’acoustique de la salle se révèle désastreuse pour les autres formes de musique que l’orgue. Ainsi, la salle du Trocadéro n’abrite-t-elle plus, progressivement, que des concerts d’orgue. À la mort de Guilmant, en 1911, l'instrument montre déjà de nombreuses défaillances. Mais il faudra attendre 1926, et la bataille décisive menée par Marcel Dupré pour qu'il soit enfin rénové. Le , Dupré inaugure l’orgue Cavaillé-Coll rendu à sa splendeur initiale.
Les jours de l'édifice sont comptés. Le , Dupré donnera un récital d'adieu à l'orgue du Trocadéro, avant de superviser sa renaissance, quatre ans plus tard, dans le nouveau palais de Chaillot.
L’orgue du palais de Chaillot (Paris) – Victor & Fernand Gonzalez, 1939
En 1935, le palais du Trocadéro est démonté pour laisser place à l'actuel palais de Chaillot. À cette occasion, l'orgue est déposé et reconstruit par Victor Gonzalez et son fils Fernand. Il est électrifié et augmenté de quinze jeux dans une esthétique néo-classique. Le concert inaugural a lieu le sous les doigts de Marcel Dupré.
André Marchal est nommé titulaire, Norbert Dufourcq directeur artistique de l’orgue. Jusqu’en 1965, des centaines de récitals y seront organisés, ainsi que des cycles de conférences restés fameux sur l’orgue et son répertoire.
Dans les années soixante, la cohabitation avec le Théâtre national populaire devient de plus en plus difficile. En 1972, le TNP devient Théâtre national de Chaillot ; Jack Lang, le nouveau directeur, décide la reconstruction complète de la salle et la dépose définitive de l'orgue.
Installation Ă Lyon
En 1975, Louis Pradel, maire de Lyon, obtient grâce à Pierre Cochereau que l’orgue soit attribué à titre gratuit au tout nouvel Auditorium Maurice-Ravel. Une commission rassemblant quatre organistes (Gaston Litaize, Pierre Cochereau et les Lyonnais Louis Robilliard et Marcel Paponaud), ainsi que le directeur du conservatoire, Michel Lombard, confie les travaux d’installation au successeur de Fernand Gonzalez, son gendre Georges Danion. La disposition reste globalement la même, à cela près que la niche abritant l’orgue est plus étroite et plus profonde que le fond de scène de Chaillot, et que l’orgue, désormais, est immobile.
Une bonne part du matériau de 1938 est réutilisé, toutefois on note un déplacement du faisceau sonore vers l’aigu, avec l’augmentation du nombre des mixtures et leur refonte totale, et avec la suppression des basses métalliques de la Pédale (Principal 32’, Violon basse 16’, Contrebasse 16’).
Par manque de hauteur, la soufflerie est placée au sous-sol et les premières notes des deux 32’ subsistants, jusque-là en longueurs réelles, sont remplacées par des tuyaux bouchés (première octave du Principal) ou acoustiques (première quinte de la Contrebombarde). La boîte expressive du Positif est supprimée.
L’orgue est inauguré par Pierre Cochereau le [1], lors d’un concert avec l’Orchestre de Lyon sous la direction de Serge Baudo, avec au programme le concerto de Francis Poulenc, la Dante-Symphonie de Franz Liszt et une longue improvisation à l’orgue.
Patrice Caire est titulaire jusqu’à sa disparition le . Grâce à lui, l’orgue connaît une nouvelle période de gloire, sa console accueillant les plus grands artistes.
Thierry Mechler lui succède jusqu’en 1999.
Après cette date, l’orgue, joué de plus en plus sporadiquement, n’a plus de titulaire.
Un nouvel essor
À partir de 2006, année où Thierry Escaich a été nommé compositeur et organiste en résidence de l’Orchestre national de Lyon (qui réside à l’Auditorium), l’orgue est au cœur de nombreux projets artistiques : récitals, concerts avec orchestre, musique de chambre, concerts scolaires, ciné-concerts, séances de découverte.
Cette activité se traduira notamment par la création française le du poème symphonique de Thierry Escaich La Barque solaire, pour orgue et orchestre, avec lui-même en soliste, l’Orchestre national de Lyon et son directeur musical, Jun Märkl.
Le renouveau de l'orgue s'incarne également dans un projet de restauration et par la tenue, le , de la finale du premier Concours international d'orgue de Lyon, organisé par l'association Orgue en Jeu.
Restauration
La restauration dure six mois et a lieu en 2013, assurée par Michel Gaillard (Manufacture d'orgues Aubertin) : restauration des quelque 6 500 tuyaux (et notamment rallonge des flûtes harmoniques et des jeux d'anche, qui avaient tous été coupés en 1977), nettoyage de l'ensemble de l'instrument, réfection et fiabilisation du vent, des circuits électriques et électroniques (notamment dans la console), aménagement de planchers d’accord et d’accès pour l’entretien, ajout de nouveaux jeux (sans qu'aucun jeu ancien ne soit sacrifié), décalage de quelques jeux et réharmonisation de l'ensemble.
L'orgue restauré a été inauguré le . Vincent Warnier en a été l'organiste en résidence pour les saisons 2013/2014 et 2014/2015.
Grandes œuvres créées sur l'instrument
CM = création mondiale CF = création française PEP = première exécution publique
- Édith Canat de Chizy : Pour une âme errante – CM , par Loïc Mallié
- Marcel Dupré : Symphonie-Passion – CF , par l'auteur
- Marcel Dupré : Le Chemin de la Croix – CM , par l'auteur
- Maurice Duruflé : Prélude et Fugue sur le nom d’Alain - CM , par l'auteur
- Maurice Duruflé : Transcriptions pour orgue seul des chorals de Cantates BWV 22 et 147 de J. S. Bach - CM , par l'auteur
- Maurice Duruflé : Requiem, version pour orgue, orchestre et chœur - PEP par Hélène Bouvier (mezzo-soprano), Charles Cambon (basse), Henriette Puig-Roget (orgue), la chorale Yvonne Gouverné et l'Orchestre Colonne dirigé par Paul Paray (une exécution radiodiffusée avait eu lieu salle Gaveau à Paris le précédent)
- Thierry Escaich : La Barque solaire pour orgue et orchestre – CF , par l'auteur et l'Orchestre national de Lyon, sous la direction de Jun Märkl
- Gabriel Fauré : Requiem, version définitive pour solistes, chœur, orgue et orchestre - CM , par Eugène Gigout (orgue), le Chœur et l'Orchestre du Conservatoire sous la direction de Paul Taffanel
- César Franck : Trois Pièces (Fantaisie en la, Cantabile, Pièce héroïque) - CM , par l'auteur
- Charles Gounod : La Rédemption, oratorio pour récitants, solistes, chœurs, orgue et orchestre - CF
- Charles Gounod : Mors et vita, oratorio pour solistes, chœurs, orgue et orchestre - CF
- Alexandre Guilmant : Première Symphonie, pour orgue et orchestre – CM , par l'auteur
- Alexandre Guilmant : Deuxième Symphonie, pour orgue et orchestre – CM , par Joseph Bonnet (orgue) et l'Orchestre Lamoureux, dirigé par Camille Chevillard)
- Jean Langlais : Première Symphonie, pour orgue seul - CM 1941
- Franz Liszt : Fantaisie et Fugue sur le choral « Ad nos, ad salutarem undam » – CF , par Camille Saint-Saëns.
- Olivier Messiaen : Les Corps glorieux – CM , par l'auteur
- Camille Saint-Saëns : Cyprès et lauriers, op. 156, pour orgue et orchestre – CF , par Eugène Gigout à l'orgue et l'Orchestre de la Société des concerts du Conservatoire, sous la direction de Jules Garcin
- Charles Tournemire : Petite Rhapsodie improvisée reconstituée par Duruflé - CM , par Maurice Duruflé
- Charles-Marie Widor : Grave en ut mineur CM par l'auteur
- Charles-Marie Widor : Cinquième Symphonie, pour orgue seul - PEP , par l'auteur (une audition privée avait peut-être eu lieu auparavant)
- Charles-Marie Widor : Sixième Symphonie, pour orgue seul – CM , par l'auteur
- Charles-Marie Widor : Huitième Symphonie, pour orgue seul - CM , par l'auteur
Composition de l'orgue de l'Auditorium
ORGUE CAVAILLÉ-COLL (1878) – GONZALEZ (1939) – DANION-GONZALEZ (1977) – GAILLARD/MANUFACTURE AUBERTIN (2013).
Caractéristiques
- 4 claviers manuels de 61 notes (Grand-Orgue, Positif, Récit expressif, Solo) et pédalier de 32 notes. 82 jeux sur 121 rangs
- Transmission Ă©lectropneumatique
- Pressions différenciées par plan sonore, mais uniformisées au sein de chacun d’eux
- Console Ă©lectrique mobile
Accouplements et accessoires
- Accouplements : II/I, III/I, IV/I ; III/II, IV/II ; IV/III.
- Tirasses : Grand-orgue, Positif, RĂ©cit, Solo.
- Appels mixtures : Grand-orgue, Positif, RĂ©cit, Solo, PĂ©dale.
- Appels anches : Grand-orgue, Positif, RĂ©cit, Solo, PĂ©dale.
- Tremblant.
- Renvoi par clavier.
- Tutti par clavier.
- Tutti plein-jeu – Tutti général – Renvoi général.
- Crescendo.
- Combinateur Ă©lectronique : 7 200 combinaisons ajustables (450 Ă— 16).
Composition
I. Grand-Orgue | II. Positif | III. RĂ©cit expressif | IV. Solo | V. PĂ©dale |
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Bourdon 32
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Portunal 16 |
Quintaton 16
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Bourdon 16 |
Principal 32 |
Discographie
Palais de Chaillot
- F. Schmitt : Psaume XLVII
Maurice Duruflé (orgue), Denise Duval (soprano), Chorale Élisabeth Brasseur, Orchestre de la Société des concerts du Conservatoire, dir. Georges Tzipine
Disque EMI, nov. 1952 CD
- J. Jongen : Symphonie concertante op. 81 pour orgue et orchestre
Virgil Fox (orgue), Orchestre de l'Opéra de Paris, dir. Georges Prêtre
Disque EMI - Angel, 1959 CD
- Connaissez-vous l'orgue de Chaillot ?
J. S. Bach, A. de Cabezon, G. Frescobaldi, N. de Grigny, L. Marchand, F. Couperin, F. Mendelssohn, R. Schumann, F. Liszt, C. Franck, E. Gigout, C. Saint-Saëns
A. Marchal : Improvisation sur « Nous n'irons plus au bois »
André Marchal (orgue), commentaires de Norbert Dufourq
Disque Érato 1961-2
Auditorium Maurice-Ravel
- L. Vierne : finales des six symphonies
Patrick Caire (orgue)
Disque REM, 1984
- C. Franck : Trois Pièces de 1878, Grande Pièce symphonique
Patrick Caire (orgue)
Disque REM, 1985
- Les Grandes Heures du grand orgue Cavaillé-Coll du Trocadéro
A. Guilmant, J. N. Lemmens, C.-M. Widor, C. Franck, T. Dubois, E. Gigout, C. Saint-Saëns
Patrick Caire (orgue)
Disque REM, 1991, CD[2]
- Thierry Escaich: La Barque solaire, Concerto pour violon, Les Nuits hallucinées
Thierry Escaich (orgue), David Grimal (violon), Nora Gubisch (mezzo-soprano), Orchestre national de Lyon, Jun Märkl (direction)
Disque Accord/Universal, 2011, CD
- C. Saint-Saëns : Danse macabre (arr. E. Lemare/V. Warnier), Cyprès et Lauriers, Symphonie n° 3 "avec orgue"
Vincent Warnier (orgue), Orchestre national de Lyon, Leonard Slatkin (direction)
Disque Naxos, 2015, CD et Blu-ray
Notes et références
- GÉRARD CONDE, « Musique Les « défaillances » de Liszt », sur Le Monde, (consulté le ).
- Guide de la musique enregistrée sur le site France-Orgue
Voir aussi
Bibliographie
- Dufourcq, Norbert, Le Grand Orgue du palais de Chaillot. Théâtre national populaire/Libraire Floury, Paris, 1943.
- Louvet, Michel, « L'Auditorium Maurice-Ravel de Lyon », in revue L'orgue, n° 166 (avril-mai-).
- Noisette de Crozat, Claude, Cavaillé-Coll. La Flûte de Pan, 1984.
- Noisette de Crozat, Claude, L'Orgue du palais de Chaillot du Trocadéro à Lyon. L'Orgue, cahiers et mémoires, n° 52 (1994-II).
- Sabatier, François, "Victor Gonzalez et la facture d'orgue néo-classique en France", in revue L'orgue, n° 276 (2006-IV) (numéro consacré à Victor Gonzalez).
- Smith, Rollin, « The Organ of the Trocadéro and Its Players », in French organ Music from the Revolution to Franck and Widor, edited by Lawrence Archbold and William J. Peterson. University of Rochester Press, 1995.
- Guéritey, Pierre-Marie et Michelle, Les Orgues de Lyon - Orgues du département du Rhône tome 1. Inventaire national des orgues - Association régionale de diffusion et d'information musicales. Editions Comp'Act, 1992.
- Cent ans d'orchestre, Orchestre national de Lyon 1905-2005 (ouvrage collectif). Lyon, Editions Stéphane Bachès, 2005.