Orgue du palais de Chaillot
L’orgue du palais de Chaillot est l'ancien orgue du orgue du palais du Trocadéro. Il se trouve aujourd'hui à l'Auditorium Maurice-Ravel de Lyon.
Histoire
Installation au palais de Chaillot
À l'occasion de l'exposition universelle organisée au Champ de Mars en 1937, l’« Exposition internationale des arts et techniques dans la vie moderne », le palais du Trocadéro est détruit et remplacé par une esplanade et un nouveau palais, le palais de Chaillot. La conception du nouvel ensemble est confiée à Louis-Hippolyte Boileau, Jacques Carlu et Léon Azéma (les frères Édouard et Jean Niermans édifiant l’intérieur de la salle de spectacle proprement dite).
Marcel Dupré est chargé de superviser les travaux de dépose et de réinstallation de l’orgue Cavaillé-Coll. Une réflexion de fond est menée, sur la reconstruction de l’instrument, par cinq organistes parisiens (notamment Dupré et Charles Tournemire). Un cahier des charges extrêmement méticuleux est établi, préconisant d’adapter l’orgue aux nouvelles exigences du répertoire : électrification de l’instrument ; construction d’une console mobile ; extension des claviers à 61 notes (manuels) et 32 notes (pédalier) ; transformation de l’orgue romantique de Cavaillé-Coll en orgue néo-classique, plus conforme au goût du jour. Les jeux de Cavaillé-Coll seront conservés au maximum, mais augmentés de mutations et de mixtures ; conservation des sommiers originaux et ajout de sommiers annexes pour les aigus ajoutés, et notamment les octaves aiguës engendrées par les mixtures du Récit et du Positif (portés à 73 notes réelles). L’instrument conserve toutefois le caractère délibérément orchestral et concertant qui fait sa particularité ; ajout d’un combinateur dernier cri ; ajout d’une pédale de crescendo en sus des deux pédales d’expression existantes ; la Montre de 32’ (Principal en métal), qui était muette (chanoines), sera rendue parlante ; les pressions seront ramenées à une par plan sonore, soit 5 pressions différentes au total.
Le marché est remporté par Victor Gonzalez et son fils Fernand.
Les travaux du bâtiment ayant pris du retard, l’exposition prend fin sans que l’orgue ait fini d'être installé. Le montage est achevé fin , les dernières mises au point ont lieu au début de 1939. André Marchal est nommé titulaire et donne un premier récital le . Norbert Dufourcq est nommé directeur artistique de l’orgue. Toutefois, la déclaration de guerre empêche l’instrument de prendre son envol. Il faut attendre le pour que Maurice Duruflé donne ce qui restera comme le véritable concert inaugural.
Les grandes heures de l'orgue de Chaillot
Jusqu’en 1965, des centaines de récitals y seront organisés, ainsi que des cycles de conférences restés fameux sur l’orgue et son répertoire. Les plus grands organistes s’y succèdent, abordant un répertoire très vaste – on y joue aussi bien Cabanilles, Couperin ou Bach que Messiaen, Litaize ou Jehan Alain. En 1951, Jean Vilar est nommé directeur du Théâtre national populaire, sis au palais de Chaillot. La cohabitation se passe pour le mieux et, de 1958 à 1961, Vilar confie même à Dufourq l’organisation d’un « Concert spirituel de Chaillot », dans l’esprit du Concert spirituel des Tuileries. On y ressuscite notamment des grands motets versaillais.
DĂ©clin et transfert Ă Lyon
À partir de 1961, le théâtre prend une place croissante dans la vie de la salle, et la démission de Jean Vilar en 1962 ne fait qu’accentuer le processus. L’instrument entre dans une phase de déclin, victime à la fois de son image d’orgue « à tout faire » et de sa situation particulière d’orgue « laïc ». Le coup de grâce est porté en 1972 lorsque la compagnie du TNP part pour Villeurbanne. La salle abrite désormais le Théâtre national de Chaillot, et Jack Lang, le nouveau directeur, en décide la reconstruction complète. À cette occasion, l’orgue est définitivement déposé. Grâce à une mobilisation générale du monde de l’orgue, diverses solutions de réimplantation sont envisagées, notamment au palais des Congrès de la porte Maillot, à Paris.
C'est ainsi que l'orgue prend le chemin de l'Auditorium Maurice-Ravel de Lyon, où il est inauguré en 1977 par Pierre Cochereau et retrouve une troisième jeunesse.
Grandes œuvres créées sur l'instrument
CM = création mondiale CF = création française PEP = première exécution publique
- Maurice Duruflé : Prélude et Fugue sur le nom d’Alain - CM , par l'auteur
- Maurice Duruflé : Transcriptions pour orgue seul des chorals de Cantates BWV 22 et 147 de J. S. Bach - CM , par l'auteur
- Maurice Duruflé : Requiem, version pour orgue, orchestre et chœur - PEP par Hélène Bouvier (mezzo-soprano), Charles Cambon (basse), Henriette Puig-Roget (orgue), la chorale Yvonne Gouverné et l'Orchestre Colonne dirigé par Paul Paray (une exécution radiodiffusée avait eu lieu salle Gaveau à Paris le précédent)
- Jean Langlais : Première Symphonie, pour orgue seul - CM 1941
- Olivier Messiaen : Les Corps glorieux – CM , par l'auteur
- Charles Tournemire : Petite Rhapsodie improvisée reconstituée par Duruflé - CM , par Maurice Duruflé
L'instrument
ORGUE CAVAILLÉ-COLL (1878) – GONZALEZ (1939)
Caractéristiques
4 claviers manuels de 61 notes (Grand-Orgue, Positif expressif, Récit expressif, Solo) et pédalier de 32 notes
80 jeux sur 109 rangs
Transmission Ă©lectropneumatique
Pressions différenciées plan sonore par plan sonore, mais uniformisées au sein de chacun d’eux
Particularités : l’orgue est dépourvu de buffet. Les jeux non expressifs sont disposés en façade et forment un décor se déployant sur le vaste fond de scène de Chaillot. Cette disposition « horizontale » des tuyaux offre une projection sonore tout à fait différente de celle, plus verticale, des orgues d’église. Les boîtes expressives sont disposées au second plan, derrière un moucharabieh. Orgue mobile de 70 tonnes monté sur rail, pouvant ainsi s’avancer sur la scène.
Accouplements et accessoires
--Section en cours d'aménagement--
- Tirasses :
GO, Pos., RĂ©c., Solo
Pos. 4, Solo 4
- Accouplements :
Pos./GO 4, RĂ©c./GO 4, Solo/GO 4, RĂ©c./Pos 4, Solo/Pos. 4, Solo/RĂ©c. 4
Pos./GO 8, RĂ©c./GO 8, Solo/GO 8, RĂ©c./Pos 8, Solo/Pos. 8, Solo/RĂ©c. 8
Pos./GO 16, RĂ©c./GO 16, Solo/GO 16, RĂ©c./Pos 16, Solo/Pos. 16, Solo/RĂ©c. 16
- Appels :
GO 16, Pos. 16, RĂ©c. 16, Solo 16
GO 4, Pos. 4, RĂ©c. 4, Solo 4
- Annulateurs
32, 16, GO, Pos., RĂ©c., Solo
- Tremblant
Pos., RĂ©cit
- Expression
Pos., RĂ©c.
Composition
(G) : jeux ajoutés par Victor Gonzalez
I. Grand-Orgue | II. Positif | III. RĂ©cit expressif | IV. Solo | PĂ©dale |
---|---|---|---|---|
Montre 16 |
Bourdon 16 |
Quintaton 16 |
Bourdon 16 |
Montre (métal) 32 (G) |
Discographie
- F. Schmitt : Psaume XLVII
Maurice Duruflé (orgue), Denise Duval (soprano), Chorale Élisabeth Brasseur, Orchestre de la Société des concerts du Conservatoire, dir. Georges Tzipine
Disque EMI, nov. 1952 CD
- J. Jongen : Symphonie concertante op. 81 pour orgue et orchestre
Virgil Fox (orgue), Orchestre de l'Opéra de Paris, dir. Georges Prêtre
Disque EMI - Angel, 1959 CD
- Connaissez-vous l'orgue de Chaillot ?
J. S. Bach, A. de Cabezon, G. Frescobaldi, N. de Grigny, L. Marchand, F. Couperin, F. Mendelssohn, R. Schumann, F. Liszt, C. Franck, E. Gigout, C. Saint-Saëns
A. Marchal : Improvisation sur "Nous n'irons plus au bois"
André Marchal (orgue), commentaires de Norbert Dufourq
Disque Érato 1961-2
Voir aussi
Discographie
- Guide de la musique enregistrée sur le site France-Orgue
Bibliographie
- Dufourcq, Norbert, Le Grand Orgue du palais de Chaillot. Théâtre national populaire/Libraire Floury, Paris, 1943.
- Louvet, Michel, "L'Auditorium Maurice-Ravel de Lyon", in revue L'orgue, no 166 (avril-mai-).
- Noisette de Crozat, Claude, Cavaillé-Coll. La Flûte de Pan, 1984.
- Noisette de Crozat, Claude, L'Orgue du palais de Chaillot du Trocadéro à Lyon. L'Orgue, cahiers et mémoires, no 52 (1994-II).
- Sabatier, François, "Victor Gonzalez et la facture d'orgue néo-classique en France", in revue L'orgue, no 276 (2006-IV) (numéro consacré à Victor Gonzalez).
- Smith, Rollin, "The Organ of the Trocadéro and Its Players", in French organ Music from the Revolution to Franck and Widor, edited by Lawrence Archbold and William J. Peterson. University of Rochester Press, 1995.