Oméga mineur
OmĂ©ga mineur (titre original : Omega minor) est un roman de lâĂ©crivain belge dâexpression nĂ©erlandaise Paul Verhaeghen, paru en en version originale. Sa traduction en français, par Christophe Claro, est parue en .
Oméga mineur | |
Auteur | Paul Verhaeghen |
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Pays | Belgique |
Genre | roman |
Version originale | |
Langue | NĂ©erlandais |
Titre | Omega Minor |
Date de parution | 2004 |
Version française | |
Traducteur | Claro |
Ăditeur | Le Cherche midi |
Date de parution | 2010 |
ISBN | 978-2-7491-1347-0 |
DĂ©coupage
La composition la plus évidente est la répartition en parties et chapitres.
Le chapitres reprennent le systĂšme sanskrit sĂąmkhya : tamas noir, rajas rouge, sattva transparent, et OmÌ.
Les chapitres correspondent aux 22 lettres de lâalphabet hĂ©breu. Chaque chapitre est titrĂ© par la lettre hĂ©braĂŻque, et sous-titrĂ© comme suit :
- Ophélie, en noyée (en forme de prélude), 9
- Partie 1 : Tamas, ténÚbres,obscurité (p. 19)
- Le nom, 21
- La trilogie de lâobscĂ©nitĂ©, 31
- Shabbat (1), 49
- Ohé, nous sommes les nazis, 62
- Ni vu, ni connu, 94
- Partie 2 : Rajas, nuées, poussiÚres, impuretés (p. 121)
- Exil, 123
- Lâhistoire des deux gifles et les marĂ©es du monde, 149
- Feu et gel, 182
- La langue, 208
- Stella (Ă la lumiĂšre des Ă©toiles), 232
- La colle divine, 275
- Die Prozedur, 302
- Ruses, 328
- Drachenhaus, 391
- La Pathologie, 410
- ZĂ©ro, 468
- Exalté, sanctifié, 488
- DĂ©dale, 527
- Partie 3 : Sattva, pureté, légÚreté, transparence (p. 595)
- Mensonges,597
- Oméga, 671
- Partie 4 : OmÌ, la syllabe sanskrite censĂ©e reprĂ©senter le son originel, le mantra primordial, qui structure lâunivers (p. 727)
- Ăpi-Tav, 729
Analyse brĂšve
Le rĂ©cit entremĂȘle les vies croisĂ©es dâune vingtaine de personnages de fiction, sur principalement trois pĂ©riodes, la montĂ©e du nazisme en Allemagne, le dĂ©veloppement de la bombe atomique aux Ătats-Unis, les annĂ©es 1990-1995 en Allemagne rĂ©unifiĂ©e, le tout centrĂ© essentiellement sur le grand Berlin.
Les références culturelles sont trÚs nombreuses, entre Franz Kafka, Samuel Beckett, Richard Wagner (p. 70) et Karl May (p. 69)...
Personnages
Paul Andermans
Le personnage principal est Paul Andermans, jeune Belge, juste sorti de Louvain, qui arrive Ă la gare de Berlin, en 1995. Danny (31-99) y rĂ©ceptionne Paul, et lâemmĂšne Ă lâuniversitĂ© de Berlin-Potsdam (p. 31) : restaurant universitaire, rĂ©sidence universitaire, pension ou ââGĂ€stehaus ». Il y croise assez vite lâitalienne Donatella, et assez peu le chinois Zhu (pp. 115 et 672). Donatella et Paul dĂ©veloppent une forme dâamitiĂ©, dont la mĂ©taphore serait lâapparition/disparition de la chatte MĂ©phista 15-17, puis MĂ©fista, 232, 273, 328, 388, 466, 486, 494, 532, 667.
Paul est en « recherche postdoctorale Ă lâĂ©tranger » (p. 32) : « Je mâintĂ©resse Ă la mĂ©moire : maintenance, encodage, stockage, rappel » (p. 112). Donatella est une physicienne, dont le domaine est la recherche du monopĂŽle magnĂ©tique (p. 228, 231) : Big Bang, quasar, MACHO, WIMP. Pour elle, « OmĂ©ga est le paramĂštre dont nous avons besoin pour dĂ©crire lâunivers » (p. 225), Son maĂźtre de recherche est Van VlecK Goldfarb (17, 410). Donatella apparaĂźt assez souvent, mais de maniĂšre non dĂ©terminante : pp. 55, 114, 181, 208, 224, 328, 388, 467, 486, 672, 696...
DĂšs les premiers jours, dans un train, il intervient pour Ă©viter une agression raciste contre un jeune passager, et en devient la victime de jeunes nĂ©onazis. Il se retrouve Ă lâhĂŽpital, oĂč son voisin de chambre est un vieux monsieur, Ă qui il finit par faire la lecture.
Josef De Heer
Ce second personnage principal (pp. 28, 30, 108-110), d'environ 70 ans en 1995, se prĂ©sente comme un nĂ©erlandais (p. 112), rescapĂ© de camp de concentration, et dont le numĂ©ro a Ă©tĂ© mal effacĂ© au fer Ă repasser (p. 113). Il propose Ă Paul de lâaccompagner par la suite, dans son appartement de Berlin, rempli de livres, mais seulement pour Ă©couter son histoire, et lâĂ©crire, par enregistrement et/ou prise de notes sur ordinateur. Cette autobiographie structure la majeure partie du livre.
Dans le Berlin des annĂ©es 1933-39 (NSDAP, Adolf Hitler...), Ă la suite des lois anti-juives, la famille, c'est-Ă -dire le PĂšre musicien et la MĂšre, est vite amenĂ©e Ă survivre du seul travail de la mĂšre, couturiĂšre (p. 216) ou ravaudeuse (p. 241). Pony HĂŒtchen est « le seul membre juif de notre famille, [âŠ], le perroquet au nez crochu dotĂ© dâun lĂ©ger penchant pour le larcin » (p. 161, puis 254).
Hermann Herschel Grynszpan (1921-1945), exécuteur d'Ernst vom Rath (1909-1938) (p. 188), est à l'origine de la Nuit de Cristal (1938), dont quelques atrocités sont évoquées.
L'enfant est chassé de son école, aprÚs diverses humiliations. Les parents détruisent leurs livres, leur bibliothÚque, déménagent plusieurs fois. Ils ont parfois quelques locataires, dont Frau Sylbereysen, locataire éphémÚre, vers 1942 (pp. 233-236).
Dans leur nouvel appartement de Friedrichshain (p. 238), apparaßt soudain Stella Sonderlicht (p. 251, 615...), nouvelle locataire, « la fameuse dionée juive » : « les seins célestes et inaccessibles de Stella flottent vers moi » (p. 259).
Prennent place quelques épisodes de formation : nazillon homosexuel (p. 267), port inapproprié d'uniforme de jeunesse hitlérienne (p. 242).
L'oncle Karl IsraĂ«l GrĂŒneberg, sans son Ă©pouse Monika dĂ©sormais, apparaĂźt surtout comme rescapĂ© de Sachsenhausen (pp. 203 et 238).
Assez rapidement, c'est la dĂ©portation, le train avec pour terminus Auschwitz (p. 646), l'accueil et le tri par Josef Mengele (1911-1979), « un dĂ©mon dĂ©guisĂ© en ange » (pp. 648-651), la recherche de jumeaux, les expĂ©rimentations, les chambres Ă gaz (p. 488), le Zyklon B, le crĂ©matorium. Sont Ă©voquĂ©s Primo LĂ©vi, Anne Frank, Elie Wiesel, et mĂȘme Spielberg (1946-) (p. 464), et le rabbin Katz ou Katzenellebogen (p. 501, possible souvenir de ou allusion Ă Meir Katzenellenbogen (1482-1555)[1]).
Malgré tout, le personnage survit jusqu'à la libération des camps. Et le lecteur assiste au dernier jour d'Adolf Hitler (p. 690), aux massacres de prisonniers à la sortie forcée des camps (p. 684), et à la révélation d'autres scÚnes et à d'autres personnages, dont Jozef De Heer ne devrait pas avoir de connaissance directe... Mais il s'est présenté comme un rescapé.
AprĂšs guerre, en RĂ©publique dĂ©mocratique allemande (RDA), principalement Ă Berlin, le personnage est actif. Il prĂ©sente en 1995 Ă Paul, sur magnĂ©toscope (p. 533), un enregistrement d'un spectacle de 1965, avec le clown-magicien Signorelli, et divers numĂ©ros, dont lâĂ©lĂ©phant en morceaux. Donc, une vie est possible aprĂšs Auschwitz, et en poĂ©sie. D'autres Ă©missions Mosaic, de 1961, exhibent Walter Ulbricht (1893-1973) (p. 539), Wilhelm Pieck, Markus Wolf Mischa (p. 551), et surtout Hans et Bianca (p. 558), scandale tĂ©lĂ©visuel mal gĂ©rĂ©.
Enfin, Erich Honecker (1912-1994) (p. 564), malgré un épisode étrange avec Petra Hanke (p. 569), charge Horst (?) de réaliser un autre exploit en moins d'une journée : le Mur de Berlin, 159 km en une nuit (p. 581).
Hugo
Hugo, sans nom, sans passé, sans origine, est un jeune homme isolé, devenu chef d'une troupe de néonazis, à Berlin, en 1995. Pour leur expliquer pourquoi ils se terrent dans les sous-sols de la ville (ligne de métro désaffectée, « dans les grottes de la gare fantÎme » (p. 84), « le sous-sol est son Walhalla, le repaire du héros de ce gang sordide » (p. 85)), il leur raconte parfois une vague histoire, comme un plan déjà ancien, de « Netzwerk Lebensraum »(p. 85), de maintien de traditions, établi par Jörg Ganz von Liebenfels (pp. 66-85), mentor de Hugo, décalque de Jörg Lanz von Liebenfels (1874-1954), et qui se tient à distance.
Hugo conserve prĂ©cieusement un extrait de journal de 1991, Ă©voquant l'agression raciste contre le centre de rĂ©fugiĂ©s dâEisenhĂŒttenstadt (, ou autres Ă©meutes de Rostock (1992)).
Pour situer l'action, le narrateur exhibe également un article du Bild de 1991 : comment repérer un penchant néo-nazi chez un enfant (p. 63).
Nebula
Nebula est une Ă©tudiante en arts plastiques ou en sociologie de l'art, Ă Berlin en 1995. Elle apparaĂźt (p. 55) en train de filmer un groupe de jeunes rĂ©fugiĂ©s, qui commencent Ă lâagresser pour son voyeurisme intrusif. Hugo zone, pas innocemment, dans ce quartier avec ses hommes, et intervient. La violence de ses hommes est compensĂ©e par une forme de noble indiffĂ©rence de Hugo, qui sauve ainsi et sâattache Nebula, dans une forme dâattirance rĂ©ciproque.
Depuis lors, devenue la compagne de Hugo (pp. 81-86), Nebula, introduite dans le groupe, filme les prestations des néonazis, partiellement pour un film à usage universitaire.
Goldfarb
Goldfarb est un jeune juif émigré récent, qui étudie dans une université américaine, en 1942. Il est spécialisé en mathématiques, parle de l'équation de Friedmann, s'intéresse au Mark I de l'Université Harvard (Cambridge, Boston, Massachusetts), envisage LA, Los Alamos (p.210) (BP 1663, Santa Fé)), peuplé d'« anges déchus ».
Il sort parfois avec ses amis dâadolescence, et de Lowell House, dont David Zwingermann (p. 200), devenu David Hamilton, Ted, etc.
Il pense beaucoup Ă sa Mutti, Margarete Gottlob (p. 126, 144), rebaptisĂ©e Goldfarb, Ă son arrivĂ©e aux Ătats-Unis, oĂč elle s'essaie comme modĂšle pour photographe, auprĂšs de Mr Yablomi (p. 144), ancien ami de Varsovie, avec pour agent Alan Alexander Provitz (p. 145) : « Câest. Ta. MĂšre ! » (p. 125).
Il se voit alors comme « un esprit à jamais solitaire, sillonnant les mers inconnues de la pensée » (p. 210), et s'épanche dans quelques nouvelles : complexe de juif émigré, jusqu'à sa rencontre avec Hannah Sidis, qui brise en lui la glace qui....
Quand elle disparaĂźt, il lui envoie Ă la BP 1663, une lettre brĂšve avec lâĂ©quation qui se termine par omĂ©ga-mineur (p.285). CatapultĂ© Ă Los Alamos (p. 391), il entre en division de physique thĂ©orique (La maison du dragon), pour y travailler lui aussi au Projet Manhattan, dont la mise au point du Gadget. En compagnie de Richard Feynman (1918-1988), Edward Teller (1908-2003), Otto Frisch (1904-1979), Lise Meitner (1878-1968)... Les grands ancĂȘtres sont Ă©videmment Ă©voquĂ©s : Albert Einstein, Niels Bohr, Becquerel (p.281)...
Quand son travail nécessaire et génial est accompli, il est envoyé en Allemagne traquer « le fantÎme du gadget allemand » (p. 471), comme membre influent de l'Opération Alsos (p. 473) concernant les recherches atomiques sous le régime nazi, et la récupération des scientifiques impliqués, y compris les matériels et les techniques. Il rencontre alors (p. 468) Werner Heisenberg (1901-1976), Samuel Goudsmit (1902-1978).
Il assiste à la premiÚre explosion de bombe atomique (p. 476) : Ground Zéro, Heure zéro, Om : on peut croire que ses rétines sont brûlées (p. 485).
Pourtant, le lecteur (dans une chronologie floue bien entretenue) le rencontre à Bath, auprÚs d'une jeune Française, puis d'une gitane cartomancienne, Mahadurga (p. 5), et croit avoir croisé son nom dans d'autres époques...
Hannah Sidis
Hannah Sidis est une sorte de double fĂ©minin de Goldfarb. Ce personnage Ă double palindrome (p. 212), du Radcliffe College, rencontre Goldfarb Ă une soirĂ©e de Harvard, en 1942. Elle est physicienne, Ă©tudie « le champ de force dans lâatome » (p. 216), travaille avec Van Vleck (1899-1980, prix Nobel 1977).
Elle prend l'initiative, sort le rĂȘveur (p. 215) Goldfarb de sa torpeur, l'initie Ă la sexualitĂ©, l'incite Ă la suivre en physique, puis Ă Los Alamos.
Au cours de la réalisation du projet Manhattan, Hannah poursuit sa tentative de communiquer aux soviétiques les plans de la bombe (p. 401), au nom de l'égalité nécessaire des informations scientifiques, avec l'accord tacite de Goldfarb. Elle utilise pour cela un code faustien, qu'il s'agisse d'un phénomÚne (avant l'heure) de partage des connaissances, de science ouverte, d'espionnage nucléaire, de mouvement Pugwash, de lanceur d'alerte ou d'idiot utile...
Helena Guna
Helena Guna est une actrice allemande, de la meilleure rĂ©putation, cĂ©lĂšbre pour ses rĂŽles au cinĂ©ma, dans Germania, et Liebe am HimmelstĂŒr (Amour Ă la porte du Ciel) (p. 310).
Dans sa recherche personnelle d'aryanité (, sans que soit développée la possible tendance au mysticisme nazi), elle voyage à BénarÚs (p. 315), avec Yamastan (qui réapparaßt p. 683).
Pendant la guerre, elle vit une forme de dĂ©chĂ©ance, traquĂ©e ou espionnĂ©e, en tout cas photographiĂ©e, Ă son insu ou non, lors de ses parties avec des militaires. Un soir, excĂ©dĂ©e, elle fracasse le miroir sans tain (p. 605-618), sans chercher Ă agresser l'intrus qui fournit des images Ă son protecteur. Le lecteur est informĂ© de sa mort (p. 652), dans un camp de concentration, Ă son accouchement d'une enfant, que le narrateur (alors anonyme) retrouve aprĂšs une enquĂȘte d'un an : Aria Guna (p.655) est une Ă©trange enfant, avec un Ćil marron et un improbable Ćil bleu clair aveugle, et elle serait donc ĂągĂ©e de 50 ans en 1995, si elle a survĂ©cu.
Helmut Hinkel
Helmut Hinkel apparaßt (p. 366), courant 1943, à Berlin, au Théùtre Rumpelpeterchen (p. 339), comme un compagnon de Stella, et comme assistant de Wladimir Lecha, clown magicien, maßtre d'un spectacle, (avec son assistante Maruschka), dans un « théùtre branlant » (p. 373), vague tripot (p. 372), « supermarché noir », avec cachette en sous-scÚne, pour un monde interlope, de fin de guerre. Parmi les attractions provisoires, un groupe de jazz (p. 364).
L'autre Allemand juif fugitif, déguisé, affublé de faux papiers, serait Horst (p. 334) ou Gerd/Gerhard Lichtenberg (p. 374). Helmut et Horst (ou Rolf) s'occupent de Magdalene et de Marianne (p. 331-337), un certain temps.
Helmut est sans doute également cet ancien membre de la SS-Freiwilligen Legion Flandern, puis de la Division Langemarck, avec médaille Gefrierfleischorden (p. 686) ou Médaille du front de l'Est (1942).
Pour survivre, Helmut travaille avec Stella (p. 425) Ă dĂ©signer et donc dĂ©noncer des Juifs fugitifs. Stella se justifie un moment auprĂšs d'un interlocuteur (alors anonyme), allĂ©guant que c'est pour pouvoir en sauver quelques-uns, dont Helmut, qui seront au pire envoyĂ©s Ă Theresienstadt. Le responsable de lâopĂ©ration est un officier nazi (suspect), Walter Dobberke (1906-1945)[2] - [3], Ă qui accessoirement on apprend des tours de cartes, appris auprĂšs de Wladimir.
30 avril 1995
Nebula s'intĂ©resse Ă son art, Ă Hugo, Ă sa bande, Ă cette vie souterraine (variante de peuple-taupe, ou d'Agartha), sans s'accrocher. Ălectron libre, elle s'inquiĂšte de son mentor, Liebenfels. Elle l'espionne (p. 665), s'aperçoit que son appartement est frĂ©quentĂ© par Paul. Elle s'introduit chez Paul, en se faisant passer pour une lointaine niĂšce, Ă la recherche d'un autre Paul Andermans, oncle possible, et surtout d'une jeune fille qui serait nĂ©e Ă Auschwitz en 1945. Paul l'hĂ©berge (p. 607), elle s'installe, et lit la biographie de Jozef De Heer, qu'elle sait apprĂ©cier. « Lâhistoire de De Heer est universelle » (p. 604), selon Paul, « une autobiographie fondĂ©e sur les rĂ©cits des autres » (p. 605) selon Nebula.
En parallĂšle, elle se fait embaucher par Jozef de Heer, lui offre quelques services autres que mĂ©nagers, et envisage des possibilitĂ©s de fouille de ses documents, manuscrits, photographies... Ă la suite d'une sĂ©ance extraordinaire, sous les noms ou surnoms de Mira - Layla - CircĂ© - Kisma (p. 597), elle le pousse dans se retranchements, avec une sĂ©ance de phallomancie (p. 630). Dans un livre hĂ©breu Ă©vidĂ©, il exhibe quelques photos intimes d'Helena Guna, et surtout un nom (OmĂ©ga) et une image : lâange Metatron (p. 631).
Parmi les éléments dont Paul ne peut (non plus) encore avoir connaissance, le lecteur apprend qu'en 1945, à la libération des camps, Helmut Hinkel, militaire en fuite, a assassiné Jozef De Heer (p. 658), a pris ses papiers, s'est débarrassé de son corps, s'est tatoué son numéro au poignet, s'est infecté de sa scarlatine, a failli mourir par manque de quinine, puis a survécu : « Jozef était un bon nom » (p. 112).
Jozef De Heer comprend qu'il est de toute façon trop tard. Il prend une de ces photos, et décide de l'envoyer à cette petite fille de rescapés (Mira ?), aux bons soins de Paul. Il sort poster ce courrier (p. 662) : il est surveillé, suivi, il échappe à ses poursuivants, pour finir escorté, agressé, et sans doute achevé, par deux néonazis, en présence d'Hugo.
Il est surveillĂ© parce qu'il est un des membres importants du Plan (p. 640), qui consiste Ă perpĂ©tuer le souvenir du national-socialisme, dont Albert Speer (1905-1981) (p. 686) pourrait ĂȘtre le maĂźtre d'Ćuvre, et Goldfarb un complice (conscient ou non, avec sa collaboratrice Kara Nebenzahl : « Au diable le triomphe de l'humanisme sur le nihilisme ! » (p. 717)). Et c'est grĂące Ă celui-ci que Donatella a obtenu son premier poste (p. 697), et que quelqu'un peut espĂ©rer un autre prix Nobel...
Nebula finit par persuader Paul et Donatella d'aller tous les trois au domicile de De Heer, dont ils forcent la serrure (p. 696). Elle rĂ©vĂšle (p. 609) que Josef De Heer est Helmut Hinkel et Signorelli et Liebenfels, et que le voisin rĂ©cemment dĂ©cĂ©dĂ© ou assassinĂ©, Rolf Isaakson, est Clemens Eberhardt, du Projet OmĂ©ga. Le lecteur pressent que Nebula pourrait ĂȘtre cette petite fille d'Auschwitz (p. 637), donc d'Helena Guna, dont le faux Jozef De Heer a sauvĂ© la vie, comme il a sauvĂ© celle de sa fille.
Donatella dĂ©couvre dans la cachette du livre Ă©vidĂ© une photo du MĂ©tatron (p. 701), variante berlinoise de cyclotron, et en dĂ©duit que sur la Colonne de la Victoire (p. 669), Goldfarb a installĂ© un dĂ©tecteur, rĂ©sultat lent des relations de Goldfarb et Heisenberg, un chef-d'Ćuvre de miniaturisation, un tunnel circulaire sous la place. Pour empĂȘcher l'accĂšs du public, un « rassemblement massif de nĂ©onazis » (p. 708), manifestation des hommes de Hugo, vise Ă fĂȘter le cinquantiĂšme anniversaire de la mort d'Adolf Hitler.
Ă l'heure ZĂ©ro, « Le Signe de lâOr sera le Signe de la Victoire. Et Shiva danse ! » (p. 701). Le trio parvient Ă dĂ©vier Ă peine la rĂ©action : « LâĂ©clair nous frappe avec une force prodigieuse » (p. 724) : Berloshima (p. 719). Hiroshima Ă Berlin !
Pour quel renouveau ? Donatella obtient un prix Nobel. Le film-essai Panzerfaust (p. 733) de Nebula obtient le succÚs au Sundance Film Festival. La vie continue pour les rescapés.
RĂ©compenses
Particularités
- En imitation du thĂ©onyme YHWH dans la Bible hĂ©braĂŻque : Herrg*tt, D*ieu, Mon D*ieu, D*ieu sauve, L'Ćil de D*ieu, D*ieu sait pourquoi...
- Le patronyme de Jozef De Heer signifie Le Seigneur/PÚre et désigne également les forces armées terrestres du TroisiÚme Reich de 1934 à 1945 : Heer de la Wehrmacht.
RĂ©ception francophone
D'une apocalypse l'autre ! Une grande partie du récit est vraisemblable, s'appuyant sur des faits réels, et sur une intrigue complexe et bien menée. « NaguÚre, j'étais un fantÎme. » (p. 28)
Toutefois, du moins dans le domaine français, le roman n'est pas (encore) le succÚs annoncé (roman total)[4] - [5], malgré le cocktail proposé : mémoire, mensonge, mythomanie, faux souvenirs, érotisme, sexualité, pornographie (revendiquée), violence, Eros / Thanatos (p. 18), nazisme, guerres, effet de réel[6], science, fantastique, uchronie, dystopie, complotisme, postmodernisme, shivaïsme, mythologie hébraïque...
Notes et références
- (en) « The Legendary Katzenellenbogen Family genealogy project », sur geni_family_tree (consulté le ).
- « Request Rejected », sur yadvashem.org (consulté le ).
- (en) Gad Beck et Frank Heibert, An Underground Life : Memoirs of a Gay Jew in Nazi Berlin, , 165 p. (ISBN 978-0-299-16504-8, lire en ligne), p. 162.
- VonSonntag, « Oméga mineur, en faux majeur », sur blog.com, Le Dépassionné, (consulté le ).
- « Oméga mineur, Paul Verhaegen », sur lacauselitteraire.fr (consulté le ).
- https://www.cairn.info/revue-romantisme-2007-2-page-95.html
Articles connexes
- Littérature belge
- 2004 en littérature
- Quelques exemples de possible roman-total ou de roman-monde récent, dont l'intrigue tourne autour de la Seconde Guerre mondiale :
- Central Europe (2005) de William T. Vollmann (1959- )
- Les Bienveillantes (2006) de Jonathan Littell (1967- )