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Agartha

L'Agartha, Agarttha, Agarthi, Agardhi ou Asgharta est une citĂ©, un royaume, ou un monde souterrain mythique. Sa description est apparue dans la littĂ©rature française au XIXe siĂšcle au sein d'ouvrages romancĂ©s tĂ©moignant de lĂ©gendes et de mythes hindouistes et bouddhistes. Le thĂšme rĂ©apparaĂźt au dĂ©but du XXe siĂšcle avec le tĂ©moignage, contestĂ©, d'un universitaire aventurier ayant parcouru la Mongolie. Cette lĂ©gende se lie ensuite aux mythes des mondes disparus (HyperborĂ©e, Atlantide, LĂ©murie), et Ă  partir des annĂ©es 1950 aux thĂ©ories de la Terre creuse. Il a Ă©tĂ© adoptĂ© par des mouvements New Age. L'Agartha est en gĂ©nĂ©ral prĂ©sentĂ©e comme un monde idĂ©al dĂ©positaire de connaissances ou de pouvoirs surnaturels. Agartha serait un monde souterrain oĂč la violence n'existe pas et la paix rĂšgne partout.

Carte supposée du monde souterrain, issu "The Goddess of Atvatabar" par William R. Bradshaw (en), en 1892

Origine et développement

Le nom « Asgartha » apparait d’abord dans l'Ɠuvre Les Fils de Dieu (1873) de Louis Jacolliot ce mot signifiant « la ville du soleil »[1], puis sous la forme d'Agarttha (Ce nom signifie « insaisissable Ă  la violence, inaccessible Ă  l'anarchie »)[2] dans l'ouvrage posthume Mission de l'Inde en Europe, mission de l'Europe en Asie : la question du Mahatma et sa solution[3] (1910) d’Alexandre Saint-Yves d'Alveydre.

1873 Louis Jacolliot et l'Asgartha

Dans son ouvrage les Fils de Dieu, qui fait suite Ă  de la Bible en Inde, Louis Jacolliot nous livre l'histoire de l'Inde depuis ses dĂ©buts et son influence sur toutes les autres religions connues qui n'en sont pour lui que des dĂ©formations. À la tĂȘte de la caste dirigeante des brahmes se trouve le « brahmatma (en samscrit, la grande Ăąme)... chef religieux placĂ© par les brahmes Ă  leur tĂȘte, comme une manifestation visible et permanente de Dieu sur la terre. »[4]. Asgartha est l’ancienne citĂ© solaire du grand-prĂȘtre brahmatma.

1910 Saint Yves d'Alveydre et l'Agarttha

Dans le second, Agartha est un royaume souterrain disposant d’une grande universitĂ©, centrĂ© originellement autour d’Ayodhya en Inde (ville fondĂ©e par le premier homme, Manu selon la mythologie vĂ©dique), puis transfĂ©rĂ©e sous les monts de l’Himalaya en 1800 av. J.-C. Son roi garde un secret qui permet de fabriquer des armes puissantes grĂące auxquelles le Christ anĂ©antira le mal et Ă©tablira la paix. Une partie de son inspiration vient peut-ĂȘtre du royaume de Shambhala dĂ©crit dans les textes kalachakra, mais le Shambhala bouddhique n’est pas souterrain.

1922, Ferdynand Ossendowski et le « Roi du monde »

L'Ă©crivain et aventurier Ferdynand Ossendowski Ă©crit dans son rĂ©cit BĂȘtes, Hommes et Dieux (1923) avoir appris des Mongols eux-mĂȘmes l’existence d’Agartha, pays s’étendant sous la Mongolie, dirigĂ© par le Roi du Monde qui apparaĂźtra en sauveur en temps utile. En Mongolie, en 1920-1921, le prince Choultoun Beyli lui aurait dit : « Ce royaume est Agartha. Il s'Ă©tend Ă -tous les passages souterrains du monde entier. C'est un grand royaume comptant des millions de sujets sur lesquels rĂšgne le Roi du monde. Il connaĂźt toutes les forces de la Nature, lit dans toutes les Ăąmes humaines et dans le grand livre de la DestinĂ©e... ». À noter cependant qu'Ossendowski, dans la table ronde plus tard organisĂ©e en 1924 par Les cahiers du mois (voir plus bas), affirme ne voir dans l'Agartha et le Roi du Monde qu'un mythe politique : « Je suppose que cette lĂ©gende a une origine politique. Aucune nation de l’Asie n’étant assez forte pour soutenir temporellement l’impĂ©rialisme de la religion jaune, cette fonction a Ă©tĂ© dĂ©volue Ă  une humanitĂ© souterraine et Ă  son chef. Et ainsi les espoirs des Asiates ont le point d’appui nĂ©cessaire
 en attendant le nouveau Gengis-Khan »[5]. NĂ©anmoins, dĂšs 1925, l’explorateur Sven Hedin met en doute ses affirmations dans Ossendowski et la vĂ©ritĂ© et affirme qu’il a repris le nom et le concept inventĂ©s par les auteurs français.

1927, René Guénon et Le Roi du Monde

En 1924, aux cĂŽtĂ©s de Ferdynand Ossendowski, du philosophe catholique Jacques Maritain et de l'historien RenĂ© Grousset, RenĂ© GuĂ©non participe Ă  une table ronde[6] organisĂ©e par la revue Les cahiers du mois autour de l'ouvrage du premier. À la suite de cette rencontre, en partie en rĂ©action au scepticisme et aux accusations de plagiat dirigĂ© contre le tĂ©moignage d'Ossendowski, GuĂ©non rĂ©dige un premier article nommĂ© « Le Roi du monde », datĂ© de novembre 1924 (publiĂ© dĂšs 1925 dans le numĂ©ro de fĂ©vrier-mars de la revue Les cahiers du mois) ainsi que, sous une forme plus complĂšte, dans Atanor, une revue italienne de l'Ă©poque. Puis, en 1927, il rĂ©utilise ces articles pour la premiĂšre partie d'un ouvrage Ă  portĂ©e plus « doctrinale » : Le Roi du Monde. Comme dans ces derniers, GuĂ©non rĂ©sume les rĂ©fĂ©rences antĂ©rieures faites dans la littĂ©rature Ă  cette notion d'Agarttha, souligne des similitudes mais aussi des originalitĂ©s dans le rĂ©cit d'Ossendowski (comme l'histoire d'une Â« pierre noire » offerte autrefois au DalaĂŻ Lama par le Roi du monde). Surtout, il saisit l'occasion offerte par la polĂ©mique pour exposer un « point de doctrine universel » : il existerait sur terre un principe supĂ©rieur de gouvernement divin, reprĂ©sentĂ© par la figure du « LĂ©gislateur primordial » (correspondant Ă  ce que l'hindouisme nomme Manu) ; pour chaque grand cycle de l'humanitĂ© ce dernier est personnifiĂ© par un ĂȘtre spirituellement Ă©veillĂ©, le Roi du monde, vivant dans une communautĂ© inaccessible au reste des hommes, qui est l'Agarttha. Par l'interprĂ©tation des symboles de diverses traditions GuĂ©non dĂ©crit l’universalitĂ© de ce mythe mais aussi, ce faisant, celui du centre primordial de toutes ces traditions spirituelles, c'est-Ă -dire le « Paradis terrestre »[7].

Autres sources

Une autre source concernant cette civilisation souterraine est The Smoky God (en) (1908) de Willis George Emerson (en). L'auteur prĂ©sente le livre comme la relation d'un marin norvĂ©gien nommĂ© Olaf Jansen concernant son voyage vers le Grand Nord et son aventure au centre de la Terre. Durant deux annĂ©es, il aurait habitĂ© dans des villes souterraines avec les habitants des colonies du rĂ©seau souterrain. Selon lui, ils mesureraient plusieurs mĂštres de haut, seraient blonds aux yeux bleus, auraient la peau trĂšs claire et auraient l'air de grands dieux. Il compare la capitale, Shamballa, au jardin d'Eden. Jansen n'utilise pas le nom d'Agharta, mais Emerson le choisit pour un ouvrage ultĂ©rieur intitulĂ© Agartha — Secrets of the Subterranean Cities. Il y prĂ©tend qu’il provient des croyances bouddhistes de la civilisation du centre de la Terre dĂ©crite dans l’ouvrage. Selon l’Ɠuvre, le rĂ©seau souterrain serait composĂ© de plusieurs colonies ou villes dont Shamballa ou Telos. Toutes possĂšderaient leur propre Ă©cosystĂšme accessible par des entrĂ©es dissimulĂ©es dans certains lieux comme des montagnes, et toutes les villes seraient reliĂ©es par un systĂšme de transport rapide. Ses habitants seraient les survivants d’antiques civilisations telles que celles des Atlantes ou des LĂ©muriens, qui auraient apportĂ© sous terre leurs connaissances et textes sacrĂ©s.

Dans les annĂ©es 1920, le monde infra-himalayen ou infra-mongol d’Agartha est mentionnĂ© par Nicholas et Helena Roerich.

AprĂšs la DeuxiĂšme Guerre mondiale, Agartha revient associĂ© Ă  Shambhala dans des ouvrages exposant de possibles contacts entre le IIIe Reich et les forces occultes d’Himalaya et d’Asie Centrale, comme Le Matin des Magiciens (1962) de Louis Pauwels et Jacques Bergier, Nazisme et SociĂ©tĂ©s SecrĂštes (1974) de Jean-Claude FrĂšre et, plus documentĂ©, Hitler, l'Ă©lu du Dragon de Jean Robin. Agartha, pays fondĂ© par des HyperborĂ©ens dans le dĂ©sert de Gobi, aurait Ă©tĂ© englouti par la terre Ă  la suite d’un cataclysme. Une partie de ses habitants se rĂ©fugia sous l’Himalaya oĂč ils fondĂšrent un centre de savoir nommĂ© aussi Agartha, tandis qu’une autre partie voulut retourner en HyperborĂ©e, mais s’arrĂȘta en chemin et fonda Shambhala, double mauvais d’Agartha. La sociĂ©tĂ© de ThulĂ© aurait recherchĂ© l’aide de Shambhala, mais ce fut Agartha qui se proposa. Selon Spear of Destiny (1973) de Trevor Ravenscroft, Agartha serait vouĂ© au bien et Shambhala au mal.

À la fin des annĂ©es 1950, Henrique Jose de Souza, prĂ©sident de la sociĂ©tĂ© thĂ©osophique brĂ©silienne, proposa que les Ovnis provenaient de l’Agartha, monde intra-terrestre dont la capitale est Shambhala.

ThÚmes associés

Le mythe d’Agartha a absorbĂ© d’autres thĂšmes ou croyances liĂ©s au monde souterrain. Ainsi, le Vril, inventĂ© par Edward Bulwer-Lytton dans son roman The Coming Race (1871), force psychokinĂ©tique possĂ©dĂ©e par la race souterraine des Vril-ya. Le thĂšme fut dĂ©veloppĂ© par Louis Jacolliot, auteur navigant entre la fiction, l’utopie politique et la description fantaisiste de la civilisation indienne, puis pris au sĂ©rieux par de nombreux lecteurs. Helena Blavatsky et les thĂ©osophes acceptĂšrent son existence. Raymond Bernard (pseudonyme) fut le premier Ă  relier le monde du Vril aux thĂ©ories de la Terre creuse dans son livre The Hollow Earth (1969). Agartha est parfois dĂ©crit comme dĂ©positaire du Vril.

Dans les annĂ©es 1970, le mythe du monde souterrain connut une rĂ©surgence, centrĂ© cette fois sur l'AmĂ©rique du Sud ; bien que le nom d'Agartha ne soit pas mentionnĂ©, le lien fut fait par certains et aboutit Ă  l'hypothĂšse d'entrĂ©es amazoniennes (Manaus, Mato Grosso) vers l'Agartha. En 1974, Erich von DĂ€niken publia L’Or des dieux dans lequel il prĂ©tendait avoir dĂ©couvert au Venezuela, avec l’aide d’un dĂ©nommĂ© Juan Moricz, un systĂšme de galeries qui s’étendrait sous toute l’AmĂ©rique du Sud. En 1976 parurent les Chroniques d’Akakor[8] du journaliste allemand Karl Brugger. Il y rĂ©vĂ©lait l’existence d’un lieu souterrain dans lequel vivrait une mystĂ©rieuse tribu amazonienne hĂ©ritiĂšre d’une civilisation extraterrestre ; ils y auraient accueilli en 1942 deux mille soldats allemands arrivĂ©s en sous-marin. Son informateur Tatunca Nara, prĂ©tendu chef de la tribu, s’avĂ©ra plus tard ĂȘtre un aventurier allemand, GĂŒnther Hauck[9].

Description

Agartha serait un royaume souterrain relié à tous les continents de la Terre par l'intermédiaire d'un vaste réseau de galeries et de tunnels.

Le Royaume de l'Agartha est aussi à la base de la théorie des partisans de la Terre creuse, affirmant que l'intérieur de la Terre n'est pas uniquement composé de matiÚre solide, mais aussi d'océans, de masses de terre auxquels on peut accéder par des entrées présentes au pÎle Nord comme au pÎle Sud, ou à travers de profondes failles de la surface de la planÚte.

Entrées

On situe quelques entrées supposées du Royaume d'Agartha dans les endroits suivants :

Évocations artistiques

Littérature

Outre les ouvrages évoqués plus haut, notons :

Films

Bande dessinée

Musique

  • 1975 : Un album live de Miles Davis a pour titre Agharta.
  • 2009 : Un titre de Sunn O))), « Agartha », sur l'album Monoliths & Dimensions (en).
  • Un club de jazz Ă  Prague : L'Agartha Club.
  • 2008 : Les Chants de l'Agartha[10] de Guillaume Connesson pour violoncelle et piano
  • 2012 : Un titre de ZUN, « ă‚ąă‚Źăƒ«ă‚żăźéąš » (Vent d'Agartha), sur l'album äŒŠćŒ‰è«Ÿç‰©èłȘă€€ïœž Neo-traditionalism of Japan - sortie le 11 aoĂ»t.
  • 2017 : Un album de Vald a pour titre Agartha. Gizeh de Vald ou il cite "il n'y a que du royaume d'Agartha que je veux l'adhĂ©sion"
  • 1998 : Un titre du DJ et producteur Afrika Bambaataa.

Jeux de rĂŽle

  • 1992 : Nephilim, de FrĂ©dĂ©ric Weil et Fabrice Lamidey (Multisim, ).
  • 2009 : Aventures dans le Monde IntĂ©rieur, de MikaĂ«l Cheyrias (La BoĂźte Ă  Polpette , 2009).

Jeux vidéo

Références

  1. (L. Jacolliot 1873, p. 310, 327, 352, 325)
  2. Saint Yves d'Alveydre, Mission de l’Inde en Europe, Dorbon-AinĂ©, , 219 p. (LCCN 51017970, lire en ligne), p. 27
  3. Mission de l'Inde en Europe, mission de l'Europe en Asie : la question du Mahatma et sa solution
  4. (L. Jacolliot 1873, p. 263)
  5. Bruno Hapel, René Guénon et le roi du monde, Paris, Guy Trédaniel, , 262 p. (ISBN 2-84445-244-2)
  6. table ronde
  7. René Guénon, Le Roi du Monde, Paris, Gallimard, , 98 p. (ISBN 2-07-023008-2)
  8. Karl Brugger et Tatunca Nara, Die Chronik von Akakor, Econ Publishers: DĂŒsseldorf, , 249 p. (ISBN 9783430115889, lire en ligne)
  9. « LĂ©gende d’Akakor »
  10. Paru aux éditions Gérard Billaudot en 2008 sous la référence G8598B et créé le 12 septembre 2008 au festival Les vacances de Monsieur Haydn par JérÎme Pernoo et JérÎme Ducros
  11. « JeuxVideo.com - Soul Bubbles - Soluces - Agartha ».

Bibliographie


(par ordre chronologique)

  • Louis Jacolliot, Les fils de Dieu, Paris, Albert Lacroix et Ce, Editeurs, (ISBN 1234911760)
  • Alexandre Saint-Yves d'Alveydre, Mission de l'Inde en Europe, mission de l'Europe en Asie : la question du Mahatma et sa solution, Paris, Dorbon,
  • Willis Emerson, The Smoky God (1908) ; Agartha - Secrets of the Subterrean Cities
  • Ferdynand Ossendowski, BĂȘtes, Hommes et Dieux. À travers la Mongolie interdite 1920-1921, traduit de l'anglais par Robert Renard, Librairie Plon, 1924 (rĂ©Ă©ditĂ© par les Éditions PhĂ©bus, Paris, 1995)
  • RenĂ© GuĂ©non – Le Roi du Monde – Éditions Gallimard - 1927 (rĂ©Ă©ditĂ© en 1958).
  • Jean Saunier, Saint-Yves d'Alveydre ou une synarchie sans Ă©nigme, Paris, Dervy-livres, coll. « Histoire et tradition », , 485 p. (ISBN 2-85076-141-9, prĂ©sentation en ligne).
  • Alec MacLellan, Lost World of Agartha: The Mystery of Vril Power (1983), trad. : Le monde perdu de l'Agartha
  • Marco Pallis, Ossendowski's Sources, Studies in Comparative Religion, vol. 15, no 1 et 2, hiver-printemps 1983, p. 30-41.
  • Bruno Hapel, RenĂ© GuĂ©non et le roi du monde, Paris, Editions Guy TrĂ©daniel, 2001
  • C. G., « Le Centre suprĂȘme (I) », Cahiers de l’UnitĂ©, n° 5, janvier-fĂ©vrier-mars, 2017 (en ligne).
    • 2010 : "Dans les coulisses de l'Agartha ;L'extraordinaire mission de Ferdinand Anton Ossendowski en Mongolie", Ă©ditions ArchĂš, 2010. de Louis de Maistre, Arche, Milan (ISBN 978-8872523063).

Voir aussi

Articles connexes

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