Mutilations d'équidés en France

Les mutilations de bétail et de chevaux ne sont pas un phénomène nouveau, cela survenant de manière récurrente depuis les années 1970 et 1980 dans les pays anglophones et en Allemagne notamment, le plus souvent sans explication claire[2] - [3].

Les premiers signalements en France remontent au début de l'année 2020, mais une accélération du phénomène est constatée durant l'été[4]. Entre le mois de février 2020 et le 1^er juillet 2020, une dizaine de chevaux et d'ânes sont concernés dans toute la France, dont au moins 4 dans la région de Picardie[5]. Le premier signalement concerne en effet un cheval à Quend Plage et deux autres à Berny-en-Santerre (Haute-Somme), tous trois retrouvés morts avec l'oreille droite sectionnée[6]. L'affaire est révélée par l'hebdomadaire Le Nouveau Détective, fin mai, qui incrimine un « gang de tueurs de chevaux »[7].

Fin août, le nombre de chevaux tués puis mutilés dans toute la France se porte à 33 animaux, dont une vingtaine ont eu l'oreille sectionnée[8].

Le 28 août, le ministre français de l'agriculture Julien Denormandie se rend en Saône-et-Loire pour rencontrer et soutenir les propriétaires d'un cheval mutilé[9].

Ces faits provoquent de fortes inquiétudes chez les propriétaires de chevaux, qui tendent à rentrer leurs animaux et à s'organiser pour mettre des surveillances en place[10], ainsi qu'une grande émotion sur les réseaux sociaux, avec des appels à la chasse à l'homme, au lynchage des coupables, et des signalements de plaques d'immatriculations[11]. Durant la nuit du 30 au 31 août 2020, deux automobilistes sont arrêtées par une patrouille d'éleveurs armés, et accusées de faire du repérage pour mutiler des chevaux près de Rosporden. Les deux femmes déposent une plainte[12], qui débouche sur une convocation au tribunal d'une mère et de sa fille, poursuivies pour violences avec armes en réunion et immixtion dans une fonction publique[13].

La gendarmerie du Finistère appelle par la suite les éleveurs à « ne pas se faire justice eux-mêmes »[12]. Le 9 septembre, le ministre de l'agriculture Julien Denormandie annonce la mise en place d'un Numéro Vert destiné aux propriétaires de chevaux victimes, auquel répondront 15 spécialistes de l'Institut français du cheval et de l'équitation[14].

Fin juin 2020, le Service central du renseignement territorial recoupe ces différentes affaires, et privilégie la piste d'une superstition ou d'un rituel satanique[15]. D'après le ministère de l'intérieur, « certains faits rappellent des pratiques liées à des rituels sectaires et notamment dits sataniques »[16]. Tous les types de chevaux sont concernés par ces mises à mort et mutilations, sauf les chevaux de trait[17]. La coupe et la collecte des oreilles laisse penser à du fétichisme ou à une collection de trophées, typique des tueurs en série[18]. Ont aussi été évoqués la psychopathie, ainsi qu'un lien avec la tauromachie, une pratique de coupe de l'oreille du taureau étant connue ainsi que l'acte d'exsanguination [19]. Des recherches se portent entre autres sur le dark web[20].

Le 24 août 2020, la gendarmerie de l'Yonne diffuse le portrait-robot d'un suspect, après que ce dernier a été aperçu tentant de s'attaquer à des poneys sur une propriété privée de la commune de Villefranche Saint Phal, avec un complice[21]. Ce suspect a été mis en fuite par le propriétaire des poneys, qui s'est interposé et a été blessé durant l'altercation[22]. Le propriétaire dira plus tard "je les ai entendus échanger dans une langue étrangère, avec un fort accent des pays de l’est"[23].

Le 28 août, Julien Denormandie fait le point sur l'enquête en cours, qui ne permet pas à ce stade d'incriminer une communauté organisée ou un effet de mimétisme[24].

Début septembre 2020, selon Jacques Diacono, de l’Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique, l'origine humaine des mutilations n'est certifiée que dans 20 à 25 % des cas[25] - [26]. La piste des charognards est évoquée[25]. L'historien des religions et spécialiste des mouvements sectaires Jacky Cordonnier (MIVILUDES) attribue les sévices et mutilations à des rituels de sorcellerie[27], en particulier ceux visant à s'approprier la force de l'animal en récupérant son sang, ses yeux ou ses oreilles[28].

Au 8 septembre, 153 enquêtes sont ouvertes dans toute la France en relation avec cette affaire[29].

Dans la ville d'Arnac-la-Poste, des recherches ont été menées par les services de gendarmerie qui sont en contact avec la gendarmerie nationale, afin de vérifier s'il y a déjà eu des similitudes sur des enquêtes au niveau national. De nombreuses pistes existent dans le but de trouver un auteur ou de possibles imitateurs, mais aucune n'a abouti[30] - [31].

Des propriétaires des chevaux français mutilés s'organisent sur les réseaux sociaux dès juin 2020, notamment pour recenser ces cas[41].

La Fédération française d'équitation s'est portée partie civile le 19 août 2020, en soutien aux propriétaires d'équidés qui ont déposé plainte[6]. La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (MIVILUDES) a également annoncé apporter son aide sur cette affaire[16].

Jean-Luc Poulain, président du Salon du cheval de Paris, dénonce sur RTL « un réseau de malades mentaux » et des actes « inqualifiables »[42]. Julien Denormandie parle d'« actes de cruauté d'une barbarie inimaginable »[24].

La gendarmerie française diffuse des conseils aux propriétaires de chevaux : surveiller les prés quotidiennement, ne pas laisser le licol sur les chevaux, et poser une caméra de surveillance[43].

La découverte de mutilations dans le Jura a suscité des commentaires dans la presse suisse[44] - [45].

Sur différents réseaux sociaux, une « blague absurde » affirme que Nagui serait l'auteur de ces mutilations[46] - [47].

• Mutilation de bétail
• Mutilation sur les animaux
• Éthique du cheval

• Chevaux mutilés : itinéraire d’une psychose collective, Le Monde, 10 septembre 2021.