Mouvement national de libération de l'Azawad MNLA | |
Devise : Unité, Justice, Liberté | |
Idéologie | Nationalisme azawadien, berbérisme, sécularisme[1] |
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Objectifs | Autodétermination de l'Azawad |
Statut | Actif |
Site web | www.mnlamov.net |
Fondation | |
Date de formation | |
Pays d'origine | Mali |
Actions | |
Mode opératoire | Lutte armée, guérilla |
Zone d'opération | Nord du Mali (Azawad) |
Organisation | |
Chefs principaux | Bilal Ag Acherif Mahamadou Djéri Maïga Nina Wallet Intalou Mahmoud Ag Aghaly Moussa Ag Acharatoumane (branche politique) Mohamed Ag Najem Bouna Ag Attiyoub Machkanani Ag Balla Assalat Ag Habi Iba Ag Moussa Mbarek Ag Akly (branche militaire)[2],[3] |
Membres | 1Â 000 Ă 10Â 000[4],[5] |
Fait partie de | CMA |
Sanctuaire | Kidal |
RĂ©pression | |
Considéré comme terroriste par | Mali |
Le Mouvement national de libĂ©ration de l'Azawad (en touareg : â”⎰â”⎟â”⎰ â” â”â”â”⎰â”┠┠⎰â”â”⎰â”┠┠⎰┣⎰â”⎷) ou MNLA est une organisation politique et militaire majoritairement touarĂšgue, active au nord du Mali. Son objectif est l'indĂ©pendance du territoire de l'Azawad[6]. CrĂ©Ă© en 2011, c'est l'un des principaux groupes armĂ©s impliquĂ© dans la guerre du Mali.
Sommaire
Logos et drapeaux
Création
Le Mouvement national de l'Azawad (MNA), crĂ©Ă© en et qui se dĂ©finit comme « une organisation politique de lâAzawad qui dĂ©fend et valorise la politique pacifique pour atteindre les objectifs lĂ©gitimes pour recouvrer tous les droits historiques spoliĂ©s du peuple de lâAzawad »[7], et le Mouvement touareg du Nord-Mali (MTNM), mouvement responsable de rĂ©bellions de 2006 Ă 2009, fusionnent le pour crĂ©er le MNLA. Plusieurs groupes d'ex-rebelles touaregs ayant fui le Mali dans les annĂ©es 1990 pour s'engager dans l'armĂ©e libyenne de Mouammar Kadhafi se sont joints au mouvement Ă la suite de la chute du rĂ©gime libyen en 2011. Ils ont apportĂ© avec eux un grand nombre d'armes, rĂ©activant le conflit pour lâautodĂ©termination de l'Azawad[8].
Malgré sa volonté de rassembler l'ensemble des communautés de l'Azawad, le MNLA ne fédÚre véritablement que quelques tribus touarÚgues, surtout dans l'Est et au nord-est du Mali ; principalement les Idnanes, les Imididaghanes, les Chamanamasses, les Daoussahaks, et une partie des Ifoghas. TrÚs peu d'Arabes, de Peuls et de Songhaï rejoignent le mouvement[9],[10],[11],[12],[13].
Revendications et idéologie
L'objectif du MNLA est l'autodétermination de l'Azawad[14]. Ouvertement indépendantiste en 2012, ses positions évoluent en 2013 vers l'autonomisme à la suite du basculement des rapports de force.
Par ailleurs, le MNLA se revendique comme un « mouvement politico-militaire pour l'ensemble du peuple de l'Azawad »[15], alors que le gouvernement malien, comme celui de la France, considÚre qu'il ne représente qu'une partie de la population du territoire concerné[16].
Idéologiquement, le MNLA affirme rejeter l'islamisme, mais le terme de « laïcité », bien que parfois employé, ne fait pas l'unanimité au sein du mouvement[17],[18]. Cependant le , aprÚs l'échec d'un accord avec Ansar Dine, le bureau politique du MNLA déclare « la République pour laquelle nous nous battons est basée sur les principes de la démocratie et de la laïcité »[1].
Le , dans un communiquĂ©, le MNLA affirme « ne pas remettre en cause les frontiĂšres internationalement reconnues du Mali tout en rappelant clairement lâexistence de lâAzawad en tant quâentité »[19]. Ceci marque un changement de position sur le statut souhaitĂ© de l'Azawad. Auparavant, il ne voulait que l'indĂ©pendance vis-Ă -vis du Mali. Aujourd'hui, le MNLA fait une concession, il laisse sous entendre une simple autonomie, autogestion du Nord-Mali, mais toujours intĂ©grĂ© dans le territoire malien. Par ailleurs, pour permettre le processus de nĂ©gociation, il exige la nomination « d'un nĂ©gociateur neutre, internationalement reconnu » et agrĂ©Ă© par le pouvoir central et lui-mĂȘme. Dans le mĂȘme temps, il appelle lâĂtat malien par le biais de concertations, à « fixer les conditions dâexercice de lâautoritĂ©, de lâadministration et du dĂ©veloppement de lâAzawad ». De plus, apparaissant comme soucieux et prĂ©occupĂ© Ă propos de la situation de la population de l'Azawad, il demande des avancĂ©es rapides, en matiĂšre d'accĂšs Ă la santĂ©, Ă l'eau, Ă l'Ă©lectricitĂ©, Ă l'alimentation et Ă l'Ă©ducation. Enfin, il rĂ©clame aussi « lâouverture dâune enquĂȘte internationale indĂ©pendante pour faire la lumiĂšre sur tous les crimes commis par lâarmĂ©e malienne de 1963 Ă nos jours sur les populations de lâAzawad ». Pour cela, il « appuie la demande de Human Rights Watch de mise en place dâune commission dâenquĂȘte internationale indĂ©pendante »[19].
Organisation
En , le MNLA annonce[20] la formation dâun Conseil exĂ©cutif composĂ© de[21] :
- Bilal Ag Acherif : secrétaire général du MNLA, reçu à Paris par plusieurs diplomates français[22] pour demander un soutien matériel pour lutter contre les islamistes d'AQMI et du MUJAO[23],[24],[25] ;
- Mohamed Ag Tahado : président du conseil consultatif du MNLA ;
- Abdoulkarim Ag matafa : président du conseil révolutionnaire du MNLA ;
- Mahmoud Ag Ghali : président du bureau politique ;
- Hamma Ag SidâAhmed : porte-parole chargĂ© des relations extĂ©rieures ;
- Mohamed Ag Najem : chef dâĂ©tat-major, ancien colonel de lâarmĂ©e libyenne, et qui dispose dâun matĂ©riel de pointe[26] ;
- Moussa Ag Acharatoumane : responsable des droits de lâhomme ;
- Bekay Ag Hamed : chargé de communication ;
- Nina Wallet Intalou : chargĂ©e de lâĂ©ducation et de la formation ;
- L'Ă©crivain et acteur touareg Moussa Ag Assarid adhĂšre au MNLA[27] comme porte-parole[28].
Les principaux officiers du MNLA sont les colonels Bouna Ag Attiyoub, Machkanani Ag Balla, Assalat Ag Habi, Iba Ag Moussa, Mbarek Ag Akly, Al Ghabass Ag HamedâAhmed, Adghaymar Ag Alhousseiny, Intallah Ag Assayid.
Les autres cadres sont de ce mouvement sont Ambéry Ag Rhissa, Hassane Fagaga et Mossa Ag Attaher[29].
Effectifs
Au début de la rébellion, en , le MNLA revendique 1 000 hommes dont 400 anciens soldats de Kadhafi, six mois plus tard, il revendique 10 000 combattants[4],[5].
Ă la mi-, Intallah Ag Assai, colonel du MNLA, affirme que le mouvement dispose de 9 000 hommes dans l'ensemble de l'Azawad[5]. Le mĂȘme mois, Bilal Ag Acherif, secrĂ©taire-gĂ©nĂ©ral du mouvement, revendique 10 000 combattants[30].
Selon le ministÚre malien de la Défense, au moins 500 hommes de la Garde nationale, tous touaregs, désertent en 2012 pour rejoindre les rangs du MNLA[31].
En , Lamine Ag Billal, un capitaine du MNLA, affirme qu'au moins 3 000 combattants touaregs venus de Libye ont rejoint le Nord du Mali aprĂšs la chute du rĂ©gime de Kadhafi. La plupart, selon lui, ont rejoint le MNLA et se sont opposĂ©s Ă ce qu'Iyad Ag Ghali prenne la tĂȘte du mouvement[32].
En dĂ©cembre 2012, alors que le MNLA a Ă©tĂ© chassĂ© des villes du Nord-Mali par les djihadistes, le secrĂ©taire-gĂ©nĂ©ral Bilal Ag Acherif affirme que son mouvement dispose de quatre bases aux alentours de LĂ©rĂ©, Gao, MĂ©naka et TinzawatĂšne oĂč sont cantonnĂ©s plus de 1 000 combattants. Il ajoute : « nombre d'hommes sont rentrĂ©s chez eux aprĂšs les combats du dĂ©but de l'annĂ©e, mais sont toujours prĂȘts Ă repartir, Ă rĂ©pondre aux appels du mouvement »[33].
Selon Jean-Christophe Notin, qui s'appuie sur des sources militaires françaises, le MNLA compte 1 500 hommes début 2013[34].
En juin 2015, Hama Ag Sid'Ahmed, porte-parole du MNLA, affirme que le mouvement compte 3Â 000 combattants[35].
Dans un rapport rédigé en , la MINUSMA estime que le MNLA compte 2 000 hommes[36].
Contexte historique : les « rébellions touarÚgues »
Le conflit mené depuis début 2012 par le MNLA s'inscrit dans une suite d'insurrections généralement baptisées « rébellions touarÚgues », qui ont opposé certains membres du peuple touareg aux gouvernements du Mali et du Niger.
Depuis 1916, on compte plusieurs conflits principaux :
- La rébellion touarÚgue de 1916-1917 au Niger ;
- La rébellion touarÚgue de 1962-1964 au Mali, généralement appelée « premiÚre rébellion touareg », qui fut trÚs durement réprimée par l'armée malienne. Le mouvement fut également trÚs affaibli par les sécheresses des années 1970 ;
- La rébellion touarÚgue de 1990-1996 au Mali et au Niger. Elle débuta en 1990, deux ans aprÚs la création du Mouvement populaire de libération de l'Azawad. Au Mali, une premiÚre période de conflit (octobre-) aboutit à la signature des accords de Tamanrasset en 1991 et du pacte national en 1992[37], mais qui ne marqua pas la fin définitive des hostilités. Des conflits réapparurent en 1994-1995 et la paix fut finalement scellée le à Tombouctou lors de la cérémonie de la Flamme de la Paix, durant laquelle les rebelles touaregs brûlÚrent 3 000 armes utilisées durant la rébellion ;
- La rébellion touarÚgue de 2006 au Mali, aboutissant aux accords d'Alger (signés le ) ;
- La rébellion touarÚgue de 2007-2009, au Niger et au Mali ;
- L'insurrection menée par le MNLA initiée début 2012 au Mali.
Historique
Le , le mouvement prend l'initiative de l'insurrection touarÚgue au Nord-Mali, et contrÎle la région de Kidal trÚs rapidement, dÚs le mois de mars[38]. Les insurgés contrÎlent par la suite, des portions de territoires, des régions de Gao et de Tombouctou situées au nord du fleuve Niger[39].
Un mois plus tard, lâĂtat malien est en perdition, il annonce l'abandon de la ville de Gao aux rebelles le [40]. Tombouctou, la derniĂšre ville sous contrĂŽle malien au nord du fleuve, tombera Ă son tour le [41].
Le , le bureau politique tente de rassurer les pays voisins du Mali en ces termes : « Nous rassurons les Ătats voisins, les populations de la sous-rĂ©gion et la CommunautĂ© internationale que la libĂ©ration de lâAzawad contribuera Ă renforcer la sĂ©curitĂ©, le dĂ©veloppement et la paix pour une meilleure intĂ©gration des peuples, des cultures et une meilleure stabilitĂ© dans la zone saharo-sahĂ©lienne[42] ».
AprĂšs la prise des trois villes principales au Nord, le MNLA dĂ©clare un cessez-le-feu le jeudi [43], soit un jour avant la dĂ©claration d'indĂ©pendance de l'Azawad, le . Cette dĂ©claration d'indĂ©pendance est rejetĂ©e unanimement par la CommunautĂ© Ă©conomique des Ătats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et toute la communautĂ© internationale (y compris la France et les Ătats-Unis) le mĂȘme jour[44].
Le , le MNLA et Ansar Dine annoncent qu'ils ont fusionnĂ© pour former un « Conseil transitoire de lâĂtat islamique ». Cette union laisse perplexe et suppose quelques interrogations, puisque les deux organisations ont des objectifs distincts : l'une est pour un Ă©tat laĂŻc et indĂ©pendant, l'autre est pour l'application de la loi coranique et la domination de la population par l'islam instrumentalisĂ©. Cette association est surement une alliance de circonstance, qui profite au groupe Ansar Dine, car selon Philippe Hugon, directeur de recherche, Ă lâInstitut des relations internationales et stratĂ©giques (IRIS), « Le MNLA est bien plus faible, bien moins riche et organisĂ© quâAnsar Dine ». Par consĂ©quent, la stratĂ©gie d'Ansar Dine consiste Ă gagner du temps et du terrain, pour pouvoir par la suite Ă©vincer le MNLA[45].
Les 28 et , la CEDEAO se rĂ©unit en CĂŽte d'Ivoire, pour prĂ©voir un dĂ©ploiement de force d'intervention militaire de 3 000 hommes, en cas d'Ă©chec des nĂ©gociations avec les groupes armĂ©s. L'objectif Ă©tant l'arrĂȘt des hostilitĂ©s afin de rĂ©tablir l'intĂ©gritĂ© territoriale du Mali et de lui permettre une transition politique[46],[47].
Fin , le MNLA n'est plus en position de force, il perd le contrĂŽle total de ses territoires conquis, au profit de mouvements salafistes tels qu'Ansar Dine, AQMI ou le MUJAO[48],[49].
En , le MNLA évincé par ses anciens alliés, commence des négociations de paix avec Bamako. Il souhaite désormais l'autonomie de l'Azawad et non plus l'indépendance vis-à -vis du Mali[50].
Le , soit 4 jours aprĂšs le dĂ©but de l'opĂ©ration Serval, le MNLA dĂ©clare ĂȘtre prĂȘt Ă apporter son soutien Ă l'armĂ©e française, en accomplissant « le travail au sol ». Il affirme qu'il dispose d'hommes, d'armes, et qu'il a « par-dessus tout, le dĂ©sir de libĂ©rer lâAzawad ». Par ailleurs, cette aide du MNLA apparaĂźt comme utile et non nĂ©gligeable selon Philippe Hugon, car il pense que « leur soutien et leur connaissance du terrain sont indispensables Ă lâarmĂ©e malienne et Ă la force internationale »[50].
Le , le MNLA annonce avoir repris la ville de Kidal ainsi que sa région, qui étaient aux mains des islamistes[51].
Fin , Ă la suite de la crĂ©ation du mouvement islamique de l'Azawad, le MNLA Ă©prouve certaines rĂ©ticences envers ce nouveau mouvement. Il estime que celui-ci regroupe la « plupart des ex-dirigeants d'Ansar Dine, Ă l'exception de son fondateur Iyad Ag Ghali ». Par consĂ©quent, il se demande si cette organisation a rĂ©ellement « bien renoncĂ© Ă la charia » et Ă ses objectifs initiaux. Le MNLA souhaite, dans la guerre du Mali, ĂȘtre le seul rempart contre les « groupes intĂ©gristes », et par consĂ©quent ĂȘtre un interlocuteur fiable et convaincant, pour les futures nĂ©gociations avec le pouvoir central de Bamako[52].
Le , le MNLA arrĂȘte deux personnes influentes Ă proximitĂ© de la frontiĂšre algĂ©rienne, Mohamed Moussa Ag Mouhamed (Ansar Dine) et OumeĂŻni Ould Baba Akhmed (MUJAO), et les remet aux forces françaises[53]. Cette capture souligne l'engagement du MNLA Ă combattre les groupes islamistes ainsi que la coopĂ©ration avec l'armĂ©e française, mais pas uniquement. Dans le mĂȘme temps, il cherche Ă reconstruire sa crĂ©dibilitĂ© et sa fiabilitĂ© au niveau international car personne n'a oubliĂ© son alliance Ă©phĂ©mĂšre avec le groupe Ansar Dine en [54].
Le , le procureur de la rĂ©publique du Mali, Daniel TessoguĂ©, lance des mandats d'arrĂȘt contre les chefs des groupes islamistes (AQMI, MUJAO et Ansar Dine) mais aussi contre des membres du MNLA. Ils sont accusĂ©s de « terrorisme, sĂ©dition, crimes portant atteinte Ă la sĂ©curitĂ© intĂ©rieure de l'Ătat, Ă l'intĂ©gritĂ© du territoire national par la guerre, l'emploi illĂ©gal de la force armĂ©e, la dĂ©vastation et le pillage publics, crimes et dĂ©lits Ă caractĂšre racial, rĂ©gionaliste et religieux, trafic international de drogue ». Ces mandats d'arrĂȘt, plus prĂ©cisĂ©ment envers le MNLA, montrent que Bamako n'exprime plus la volontĂ© de dialoguer avec ce mouvement. Pourtant, le , la position du pouvoir central Ă©tait diffĂ©rente. NĂ©anmoins, depuis que le MNLA a repris des villes du Nord-Mali, comme Kidal ou Tessalit, tout en excluant que l'armĂ©e malienne puisse y stationner, les autoritĂ©s ont subi des pressions non seulement populaires mais Ă©galement politiques et militaires[55],[56].
Les 27 et , la CEDEAO se tient à Yamoussoukro et souhaite le désarmement du MNLA afin qu'il puisse y avoir un « dialogue inter-malien ». Cependant, le MNLA refuse de désarmer immédiatement, mettant comme condition à son désarmement l'instauration d'un dialogue avec Bamako et la signature d'une « feuille de route »[57],[58].
Le , dans un communiquĂ©, le MNLA indique qu'il refuse de dĂ©sarmer car il craint que l'armĂ©e malienne puisse commettre de « multiples exactions » et des « crimes massifs » sur les populations civiles de l'Azawad, et que « ce sont ses seules forces armĂ©es qui protĂšgent et sĂ©curisent les populations de lâAzawad partout oĂč elles sont prĂ©sentes »[59]. Dans cette optique, le MNLA tente d'interpeller la communautĂ© internationale sur le sort des Touaregs au sein du Mali, qui pourraient ĂȘtre assimilĂ©s Ă des islamistes, des terroristes, et qui pourraient dans ces cas, ĂȘtre victimes d'exactions et d'exĂ©cutions sommaires[60]. Par consĂ©quent, dans les villes qu'il contrĂŽle avec les forces françaises et tchadiennes, telle que Kidal ou Tessalit, le MNLA refuse la prĂ©sence de l'armĂ©e malienne car ces villes sont composĂ©es majoritairement de Touaregs et donc pourraient faire l'objet d'exactions. Cependant, en ne permettant pas Ă l'armĂ©e malienne de s'y installer, le MNLA a Ă©rigĂ© un obstacle de taille, qui ne permet pas la rĂ©conciliation entre la communautĂ© touareg et le pouvoir central de Bamako. Ceci constitue alors un problĂšme qui devra ĂȘtre rĂ©solu, pour pouvoir Ă terme, restaurer l'intĂ©gritĂ© territoriale du Mali[60].
Le , le MNLA annonce la nomination d'un gouverneur Ă Kidal afin de « rĂ©organiser cette rĂ©gion sur le plan administratif » et « garantir davantage la continuitĂ© du fonctionnement de lâadministration ». Cette ville qui est sous son contrĂŽle, fait l'objet de tension avec le pouvoir central de Bamako. En outre, le gouvernement malien en place affirme que cette nomination n'a pas de fondement lĂ©gal car selon le porte-parole du gouvernement, Manga DembĂ©lĂ©, « Les gouverneurs au Mali sont nommĂ©s par arrĂȘtĂ©s pris en conseil des ministres » et que « Toute autre nomination [âŠ] qui prĂ©tend nommer un gouverneur [âŠ] est totalement incompĂ©tente pour le faire »[61].
Le , deux Touaregs, supposĂ©s proche du MNLA, ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s par des policiers et gendarmes maliens Ă MĂ©naka. Depuis que les troupes françaises se sont retirĂ©es de cette ville, pour aller plus au nord du Mali, celle-ci est dĂ©sormais sous contrĂŽle de l'armĂ©e malienne et de soldats nigĂ©riens. Cette arrestation n'aurait Ă©tĂ© organisĂ©e que par les troupes maliennes. Cet acte des agents de sĂ©curitĂ© maliens tĂ©moigne du climat de tension qui subsiste entre le gouvernement de Bamako et le MNLA[62].
Le , le MNLA tient une conférence de presse à Paris. Celle-ci témoigne de la persistance du MNLA à rejeter son désarmement, et il récuse la tenue des élections présidentielles, prévues en . Les autorités françaises qui soutiennent le MNLA, dans le but de chasser les islamistes du Nord-Mali et de favoriser son intégration dans le jeu politique, lui ont pourtant demandé de se désarmer et d'accepter les élections, pour permettre un dialogue inter-malien. La France semble alors se trouver dans une impasse car elle paraßt à premiÚre vue, ne pas disposer de réels moyens de pressions sur le MNLA[63].
Quant au MNLA, pour sa défense, il estime qu'il n'y a pas eu de négociations avec les représentants du gouvernement de Bamako et avec la communauté internationale pour lui apporter des garanties suffisantes. Par ailleurs, il met en évidence une autre condition ; il souhaite que les réfugiés reviennent sur le territoire[63].
En , le MNLA contrÎle la ville de Kidal avec les soldats français, tchadiens et des membres du MIA (Mouvement islamique de l'Azawad)[64]. Le MNLA s'estime « en état de belligérance » avec le pouvoir central de Bamako[63].
RĂ©actions Ă l'encontre du MNLA
Le , le président malien par intérim, Dioncounda Traoré, soutient que le MNLA reste le seul interlocuteur, avec lequel le dialogue est possible, dans le but de permettre des négociations politiques, à condition que celui-ci refuse « ses prétentions territoriales ». Cette déclaration du président malien écarte donc toute alliance avec la scission du groupe Ansar Dine, le mouvement islamique de l'Azawad[65].
Le , le prĂ©sident de la RĂ©publique du Niger, Mahamadou Issoufou, dĂ©clare sur Radio France internationale que le « MNLA nâest pas reprĂ©sentatif du peuple touareg » du fait de lâimmensitĂ© de la communautĂ© touareg. Par consĂ©quent, il juge que ce mouvement est minoritaire. De plus, il doit selon lui, abandonner les armes pour permettre « la restauration de l'intĂ©gritĂ© du Mali »[66].
Financement
En 2012, au cours de la guerre du Mali, le Qatar est accusé par Le Canard enchaßné, qui s'appuierait sur une source de la DRM, de financer au Mali le MNLA, ainsi qu'AQMI, le MUJAO et le Ansar Dine, par le biais du Croissant-Rouge du Qatar, seule organisation humanitaire autorisée à opérer dans les territoires contrÎlés par les djihadistes au nord du Mali[67],[68],[69],[70],[71],[72]. En octobre 2012, la DGSE dément cependant la présence de forces spéciales ou d'agents qataris au Mali[73],[74]. L'historien Jean-Christophe Notin doute également qu'un soutien ait été apporté par le Qatar aux groupes armés maliens et indique que selon une source proche de la DGSE : « jamais aucune preuve n'a été apportée d'un transfert de fonds de sa part en direction des djihadistes »[75].
Notes et références
- « Rupture entre le MNLA et Ansar Dine au nord du Mali », RFI, 20 mars 2012.
- « Nord-Mali : qui sont les rebelles du MNLA ? », Jeune Afrique.
- « Rébellion au Nord-Mali : ces « Touaregs de Kadhafi » qui soutiennent Bamako », Jeune Afrique.
- Malika Groga-Bada, avec Baba Ahmed et Christophe Boisbouvier, « Nord-Mali : guerre à huis clos », Jeune Afrique, .
- « Images et témoignage exclusifs du Nord du Mali : un colonel du MNLA dévoile son arsenal militaire », France 24.
- « Dans le Nord du Mali, les Touaregs du MNLA lancent un nouveau dĂ©fi armĂ© Ă lâĂtat », Le Monde.
- « DĂ©claration fondatrice Mouvement national de lâAzawad », tunisie.berbere.com, (consultĂ© le ).
- « « La nouvelle géopolitique post-Kadhafi explique les problÚmes actuels » au Mali », Le Monde.
- Lamine Ould Mohammed Salem, Le Ben Laden du Sahara, sur les traces du jihadiste Mokhtar Belmokhtar, Ăditions de La MartiniĂšre, , p. 141.
- Baba Ahmed, « Nord du Mali : de l'irrédentisme touareg à la guerre tribale ? », Jeune Afrique.
- « Attaques intercommunautaires entre les arabes et les touaregs : RattrapĂ© par ses crimes, le MNLA au bord de lâimplosion », Mali ActualitĂ©s.
- M.-G. Bada et B. Ahmed, « Rébellion touarÚgue : Gao, QG de l'armée et dernier rempart avant les combats au Nord-Mali », Jeune Afrique.
- Yvan Guichaoua,« Mali-Niger : une frontiÚre entre conflits communautaires, rébellion et djihad », Le Monde, 20 juin 2016.
- « Dans le Nord du Mali, les Touaregs du MNLA lancent un nouveau dĂ©fi armĂ© Ă l'Ătat », Le Monde.
- « Une semaine dans l'Azawad », mnlamov.net.
- « Le MNLA ne reprĂ©sente pas loin sâen faut la totalitĂ© de population de la partie nord du Mali, il y a dâautres organisations touaregs, il y a des arabes, encore il y a dâautre ethnies, dâailleurs les gens avec qui nous avons parlĂ© nous disent sâil y a consultation de la population, on sait pertinemment que lâimmense majoritĂ© de population ne sâengagerait pas dans la sĂ©paration », Henri de Raincourt, ministre français de la CoopĂ©ration, sur RFI le .
- http://toumastpress.com/actualites/actualite/273-que-s-est-il-passe-aguelhoc.html.
- « Mali - Bilal Ag Achérif (MNLA) : « Ansar Eddine peut obtenir qu'Aqmi quitte l'Azawad » », Jeune Afrique.
- http://www.mnlamov.net/index.php?start=12.
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- « Bilal Ag Acherif, président du Mouvement national pour la libération de l'Azawad », France 24.
- Entretien avec Bilal Ag Acherif, secrétaire général du MNLA, France 24, novembre 2012.
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- « Lamine AG Billal, capitaine du MNLA : « 3 000 Touareg sont morts en Libye et 3 000 autres sont rentrés au Mali » », Tamoudre.
- « Mali â Bilal Ag AchĂ©rif, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du MNLA : « Nous voulons regrouper tous les fils de lâAzawad » », Le Monde.
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- « Mali - MNLA : « Pas de liens entre les Touaregs et les terroristes » », Le Point.
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- Jean-Christophe Notin, La guerre de la France au Mali, p. 94-96.
Annexes
Articles connexes
- Azawad
- Brigade Maghawir
- Guerre du Mali
- Accords d'Alger
- Alliance démocratique du 23 mai pour le changement
- Ansar Dine
- Mouvement islamique de l'Azawad (MIA)
- Haut Conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA)