Mode au XXe siĂšcle
Cet article présente la mode au XXe siÚcle.
Le costume masculin évolue peu dans la premiÚre moitié du siÚcle. Le costume féminin subit quant à lui plusieurs évolutions majeures qui seront dues à la guerre, au sport et à l'essor de l'automobile.
Années 1900
La pĂ©riode de la Belle Ăpoque est caractĂ©risĂ©e, chez les femmes, par une silhouette en S. Elles portent un corset ou une guĂȘpiĂšre visant Ă faire ressortir la poitrine et d'accentuer la cambrure.
La robe Ă traĂźne remplace la tournure, et les premiers manteaux de fourrure font leur apparition.
Les détails emblématiques de la mode féminine de l'époque sont les immenses chapeaux, les boléros à cascade de dentelle, les jupes en corolle, les corsages ornés de perles ou de franges, et les manches gigot. Les éventails sont en vogue.
Du cĂŽtĂ© des hommes, la Belle Ăpoque marque l'apogĂ©e du haut-de-forme. C'est aussi la mode des moustaches et des barbes, et il est courant de dormir avec un fixe-moustache pour obtenir un pli parfait.
Années 1910
La "Grande guerre" met fin Ă la Belle Ăpoque. Les femmes exercent les travaux qui Ă©taient rĂ©servĂ©es aux hommes. Leur façon de s'habiller s'adapte Ă leurs nouvelles fonctions et se masculinise; les robes raccourcissent.
L'industrie textile Ă©tant mobilisĂ©e par l'effort de guerre, la mode ne rĂ©apparaĂźt que dans les annĂ©es 1920. Cependant, la guerre permet Ă©galement l'invention de sous-vĂȘtements plus confortables.
Femmes
C'est le retour de la jupe-culotte ou jupe-pantalon sous une autre forme que celle lancée par l'essor de la bicyclette, la culotte ressemble plus à un large pantalon de satin et descend désormais en bas des jambes avec une jupe drapée par-dessus.
La mode est à la silhouette allongée et dans cet esprit le sac à main se porte en bandouliÚre sur l'épaule tombant jusqu'aux chevilles.
Le corset dit ligne normale fait son apparition.
En 1914, les perruques de couleurs sont de mise avec une tenue de soirée.
Hommes
L'avÚnement du complet révolutionne la mode masculine.
Années 1920
La mode réapparaßt transformée par les privations : les jupes se portent courtes (en dessous du genou), le tailleur a été adopté : tenue de ville confortable et pratique.
GrĂące aux grands paquebots qui relient l'Europe et les Ătats-Unis, les deux continents s'influencent en termes de mode.
Le sport et l'automobile influencent de plus en plus les vĂȘtements.
Femmes
La silhouette est allongée et droite ; le buste est plat, la poitrine gommée et la taille trÚs basse.
En été, les bras et le cou sont découverts ainsi que les jambes jusqu'au-dessous du genou.
Les costumes de bain prennent l'allure de vĂ©ritable maillots de bain mĂȘme sâils restent encore trĂšs couvrants sur les cuisses ou les Ă©paules.
C'est l'apparition de la coiffure dite garçonne et du chapeau dit cloche.
Le corset est parfois remplacé par le porte-jarretelles et le soutien-gorge, la lingerie disparaissant presque totalement[1].
Avec l'essor de l'automobile, le vĂȘtement fĂ©minin a nettement Ă©voluĂ© pour passer en Ă peine vingt ans du haut corset avec jupe traĂźnante, chignon, ombrelle et chapeau lourdement ornĂ© Ă voilette au chandail Ă©chancrĂ© Ă bras nus avec jupe aux genoux et chapeau-cloche.
Pour les coiffures, c'est l'avÚnement de la mise-en-pli qui restera en vogue aussi dans les années 1930.
Hommes
L'allure sportive est de mise, le complet se porte avec des motifs Ă carreaux, le pantalon de golf est trĂšs tendance.
Peu d'évolution, la veste est devenu veston et le chapeau se porte mou. La tenue de soirée reste le smoking.
L'essor de l'automobile ayant aussi apporté quelques éléments à la tenue : cache-poussiÚre, casquette, lunettes et gants de cuir.
Années 1930
Le sport fait Ă©voluer les vĂȘtements et la mode.
Femmes
La gaine en latex redessine les contours de la femme[1].
La robe longue refait son apparition sous forme de robe de soirée, mais le tailleur reste de mise en tenue de ville.
En été 1933, le short apparaßt massivement sur les plages parfois assorti avec un dos nu.
Le manteau se porte court, bordé de fourrure et porté avec une toque assortie ou en cape.
Le chapeau est un béret ou un feutre.
Le corsage est sanglé dans la ceinture.
La jupe remonte progressivement au-dessus du genou pour ĂȘtre alors qualifiĂ©e de trĂšs courte.
C'est en été 1939 que le pantalon s'impose dans la mode féminine avec une coupe large et des revers.
Le maillot de bain une piĂšce et son bonnet deviennent un vĂ©ritable vĂȘtement Ă nager.
Hommes
Le costume de golf en Prince de Galles (tissu) avec casquette assortie est en vogue dont Tintin immortalisera le pantalon.
Années 1940
La guerre paralyse de nouveau l'industrie du textile, les matiÚres premiÚres sont rares et chÚres. Cette situation impose une mode de circonstance due aux privations : jupe courte (en dessous du genou), épaules carrées, petit chapeau bricolé avec des morceaux de rideau ou turban, chaussures à semelles compensées ou en bois. On peint une fausse couture sur les jambes pour imiter les bas, et puis on s'en passe : à la fin de la guerre, il n'est plus inconvenant de sortir en sandales avec des socquettes[1].
C'est aussi l'apparition des zazous.
C'est en 1947 que Christian Dior relance la mode en instaurant le New Look : ligne ample, taille fine et hanches marquées.
Années 1950
En 1954, Coco Chanel lance le tailleur comme une sorte de réaction au New Look.
Yves Saint Laurent fait ses premiers pas chez Dior.
Le duffle coat et le chignon choucroute deviennent populaires. Les jupes sont parfois gonflées de jupons en tulle.
Les chaussures Ă bride sont en vogue pour les femmes. Certains hommes portent des jeans.
Années 1960
Les annĂ©es 1960 marquent l'essor du prĂȘt-Ă -porter puis de la mini-jupe (minijupemodemini). C'est l'apparition de nouvelles matiĂšres synthĂ©tiques.
Pierre Cardin crée des robes en plastique moulé et des justaucorps en résille de vinyle. CourrÚges révolutionne la mode, Paco Rabanne crée une robe en métal.
Femmes
HĂ©ritage de la dĂ©cennie prĂ©cĂ©dente, pour la soirĂ©e, la silhouette fĂ©minine se dĂ©finit encore au dĂ©but des annĂ©es 1960 par une taille de guĂȘpe et une jupe ou une robe longue (au-dessous du genou).
En tenue de ville, les jupes vont progressivement remonter sur les jambes pour passer de dessous le genou au dĂ©but de la dĂ©cennie Ă la minijupe en fin de dĂ©cennie (Ă partir de 1965), favorisant du mĂȘme coup le port des collants. La premiĂšre minijupe apparait Ă Londres, crĂ©Ă©e par la styliste Mary Quant.
Les vestes ou les cardigans sont simplement fermés bord à bord sans moyen de fixation ou alors par un unique bouton prÚs du col.
Les manches sont longues et collantes. Les motifs notamment Ă pois et rayures sont en vogue.
Les accessoires essentiels sont le chapeau en forme de toque, le bandeau ou le foulard dans les cheveux et les lunettes fantaisies voire futuristes. Les bijoux sont multicolores et en plastique.
Les bottes sont à la mode. Bouleversement durant cette décennie : le talon aiguille galbé cÚde la place au talon droit et carré (haut ou plat). Le bottier Durer innove dans la couleur des cuirs, lance la cuissarde et les sandales tressées main. La silhouette féminine devient géométrique (André CourrÚges, Pierre Cardin), sans taille ni poitrine, et la coiffure courte et casquée (Mireille Mathieu à ses débuts) entre autres sur l'impulsion de Vidal Sassoon.
Années 1970
Les annĂ©es 1970 en mode voient de profonds changements par rapport Ă la dĂ©cennie passĂ©e. Alors que jusque lĂ Londres insufflait les tendances dans les annĂ©es 1960, New York et les Ătats-Unis deviennent le centre de la mode. Globalement, deux courants dominent le monde occidental : les vĂȘtements fantaisie reprĂ©sentant une mode permissive, et les tenues faciles Ă porter, dans la lignĂ©e du prĂȘt-Ă -porter. Les vĂȘtements unisexes se rĂ©pandent avec, en premier lieu, le jeans. Plusieurs styles marquĂ©s et anti-conformistes vont se succĂ©der sur quelques annĂ©es, tels ceux issus du mouvement hippie, du punk, du glam-rock ou du disco. Des crĂ©ateurs de mode sont au premier plan comme le français Yves Saint Laurent ou l'amĂ©ricain Halston.
Années 1980
La mode des annĂ©es 1980 devient matĂ©rialiste et met l'accent sur l'apparence. Logo, marques, couleurs, maquillage, la tenue et les accessoires doivent ĂȘtre ostentatoires. Le corps sportif est moulĂ© dans des vĂȘtements â parfois fluo â Ă©pousant la moindre forme. Le power dressing rempli le vestiaire. Paris redevient le centre de la mode imposant nombre de nouveaux stylistes venus de diffĂ©rents horizons ; la moribonde haute couture, reprĂ©sentĂ©e par les deux monstres sacrĂ©s Saint Laurent et Givenchy, retrouve ses clientes : tous les regards se tournent vers la capitale française oĂč la mode est crĂ©ative et omniprĂ©sente ; Mugler, Montana, Gaultier et AlaĂŻa en sont les vedettes. Mais les Ătats-Unis conservent une influence importante, que ce soit avec le dynamique prĂȘt-Ă -porter amĂ©ricain souvent sportswear, ou les sagas tĂ©lĂ©visĂ©s et la musique de MTV qui inondent les Ă©crans. De la mĂȘme façon , l'Angleterre popularise de nombreux styles par sa musique remplissant (en) les charts de toute la planĂšte. Mais si Paris insuffle au monde une mode dynamique durant ces annĂ©es « fric et frime », il s'y dĂ©veloppe Ă l'opposĂ© une tendance plus sobre, plus sombre, avec les collections de Rei Kawakubo ainsi que les crĂ©ateurs minimalistes. Le noir envahit la garde-robe de chacun. Aux alentours de 1987, la pĂ©riode d'euphorie dĂ©cline, malgrĂ© l'arrivĂ©e tant remarquĂ©e de Lacroix.
Années 1990
Femmes
C'est l'essor du tee-shirt imprimé, logoté, et du pantalon qui se porte désormais en toutes circonstances, notamment le jeans imposé depuis les années 1960.
Les manteaux sont amples, coupé en forme de robes ou de capes.
Les impressions textiles s'inspirent de motifs orientaux ou des fourrures (panthÚre ou ocelot dans des couleurs fantaisistes bleu, rose, etc.). Les couleurs qualifiées de couleur soleil sont mises en avant pour les tenues de ville, mais le noir garde un cÎté sophistiqué et distingué favorisé pour les tenues de soirées.
L'essor des accessoires parfois voyants (bijoux, ceinture, lunettes etc.) accentue cette tendance multicolore. matiĂšre plastique. Le brillant est trĂšs en vogue et s'exprime sur toute la dĂ©cennie via des matiĂšres brillantes (satin, vinyle, etc.) ou par les paillettes prĂ©sentes autant dans le vĂȘtement que le maquillage. Cette tendance au brillant donnera naissance Ă la mode du strass en fin de dĂ©cennie. Le maquillage Ă©volue aussi des paillettes vers la nacre.
La silhouette de femme devient fuselée au milieu de la décennie.
Notes et références
- Catherine Ărmen, Comment regarder la mode : histoire de la silhouette, Ădition Hazan, 2009
Voir aussi
Articles connexes
Spécifiques
Articles abordant spécifiquement l'histoire de la mode au XXe siÚcle sous d'autres approches :
Bibliographie
- Histoire de la mode au XXe siĂšcle, Yvonne Deslandres et Florence MĂŒller
- Art et Mode au XXe siĂšcle, Florence MĂŒller, (Ăditions Assouline)
- Histoire du costume, François Boucher, (Flammarion), Paris, 1965
- La mode contemporaine, Florence MĂŒller, (Ăditions Steidl)
- Encyclopédie du costume, (éditions Albert Morancé)
- La FrivolitĂ© essentielle. Du vĂȘtement et de la mode, FrĂ©dĂ©ric Monneyron (PUF), Paris, 2001
- Yann Kerlau, Les secrets de la mode, Ăditions Perrin, , 438 p. (ISBN 978-2-262-03923-3, BNF 43533091, prĂ©sentation en ligne)