AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Mer d'Aral

La mer d'Aral (en russe, ĐŃ€Đ°Đ»ŃŒŃĐșĐŸĐ” ĐŒĐŸŃ€Đ”, en kazakh, Арал Ń‚Đ”ÒŁŃ–Đ·Ń–, en ouzbek, Orol dengizi) est un lac d'eau salĂ©e d'Asie centrale situĂ© entre 43° et 47° de latitude nord et entre 58° et 62° de longitude est, occupant la partie basse de la dĂ©pression touranienne ou aralo-caspienne au milieu d'espaces dĂ©sertiques. Elle est partagĂ©e entre le Kazakhstan au nord et l'OuzbĂ©kistan au sud. Elle tire son nom du mot kazakh Aral qui signifie « Ăźle » en rĂ©fĂ©rence aux milliers d'Ăźles qui la couvraient.

Mer d’Aral
Image illustrative de l’article Mer d'Aral
Images satellites de la mer d'Aral en 1989 (Ă  gauche) et en 2014 (Ă  droite).
Administration
Pays Drapeau du Kazakhstan Kazakhstan
Drapeau de l'Ouzbékistan Ouzbékistan
Fait partie de Aire méditerranéenne (d) (?)
GĂ©ographie
CoordonnĂ©es 45° N, 60° E
Type Endoréique
Origine Naturel
Superficie
· Maximale
· Minimale
8 303 km2[1]
67 500 km2[2]
7 297 km2 (septembre 2014)[3]
Longueur 428 km[4]
Largeur 284 km[5]
Altitude 53,4 m[6]
Profondeur
· Maximale
· Moyenne

68 m
8,7 m
Hydrographie
Bassin versant 690 000 km2
Alimentation Amou-Daria
Syr-Daria
Émissaire(s) Aucun
Géolocalisation sur la carte : Ouzbékistan
(Voir situation sur carte : Ouzbékistan)
Mer d’Aral
GĂ©olocalisation sur la carte : Kazakhstan
(Voir situation sur carte : Kazakhstan)
Mer d’Aral

Dans les annĂ©es 1960, la mer d'Aral, encore alimentĂ©e par les puissants fleuves Amou-Daria et Syr-Daria, formait la quatriĂšme plus vaste Ă©tendue lacustre du monde, avec une superficie de 66 458 km2. En 2000, cette superficie Ă©tait divisĂ©e par deux. Cet assĂšchement, dĂ» au dĂ©tournement des deux fleuves pour produire du coton en masse, est une des plus importantes catastrophes environnementales du XXe siĂšcle. En aoĂ»t 2005 s'est achevĂ©e la construction de la digue de Kokaral qui sĂ©pare la petite partie nord de la mer d'Aral au Kazakhstan, la Petite mer d'Aral, du reste de la dĂ©pression, la prĂ©servant ainsi de l'assĂšchement[7]. Depuis lors, la partie sud initialement appelĂ©e Grande Aral ne reçoit presque plus d'eau de surface ; en grande partie assĂ©chĂ©e, elle est gĂ©nĂ©ralement divisĂ©e en trois lacs principaux : un profond bassin occidental, parfois reliĂ© Ă  un bassin oriental peu profond et souvent Ă  sec, et le petit lac de Barsakelmes.

Six pays se partagent le bassin de la mer d’Aral : Kazakhstan, OuzbĂ©kistan, Tadjikistan, Kirghizistan, TurkmĂ©nistan et Afghanistan. AlimentĂ© par deux affluents principaux, l’Amou-Daria et le Syr-Daria, le bassin versant de ce lac d’eau salĂ©e compte 17 752 glaciers pour une superficie d’environ 1 549 000 km2[8].

Formation

Dans sa forme actuelle, la mer d'Aral est apparue il y a environ 10 000 ans. Auparavant, Ă  l'Ă©poque glaciaire, une pĂ©riode particuliĂšrement sĂšche, il n'y avait dans cette rĂ©gion que quelques marĂ©cages et Ă©tangs hypersalĂ©s[9], mis Ă  part au plus fort des glaciations quaternaires lorsque les glaces de la mer de Kara bloquaient le cours de l'Ob et forçaient les eaux de la SibĂ©rie occidentale Ă  s'Ă©couler vers la mer Caspienne en passant par le bassin de l'Aral[10]. Cela s'est produit pour la derniĂšre fois il y a prĂšs de 90 000 ans et elle atteignait une taille de 100 000 km2[11].

AprĂšs la derniĂšre glaciation, la mer d'Aral s'est formĂ©e lorsque le Syr-Daria a commencĂ© Ă  remplir une dĂ©pression creusĂ©e par l'Ă©rosion Ă©olienne. Ces eaux auxquelles viennent bientĂŽt s'ajouter celles de l'Amou-Daria ne sont donc pas encore salĂ©es et la faune aquatique provient d'abord de ces fleuves. Il y a 5000 ans, la mer d'Aral atteint sa plus grande extension, son niveau atteint l'altitude de 58-60 m et elle s'Ă©tend jusqu'au lac Sary Kamysh. Ses eaux s'Ă©coulent alors dans la mer Caspienne par l'intermĂ©diaire de l'OuzboĂŻ ce qui permet sa colonisation par les poissons venus de la Caspienne[9]. Ce maximum est liĂ© Ă  un climat plus chaud et plus humide ; les fleuves ont alors un dĂ©bit trois fois plus Ă©levĂ© qu'au dĂ©but du XXe siĂšcle et apportent alors 150 km3 d'eau par an[12].

Plus tard, le climat redevient plus sec et le niveau de la mer va varier en fonction des apports de l'Amou-Daria qui pouvait soit alimenter la mer d'Aral, soit s'orienter vers le lac Sary Kamysh et l'Ouzboï. Les reconstitutions paléogéographiques laissent penser que ce deuxiÚme cheminement a été préféré entre -1800 et -1200 puis entre +100 et +500 et de 1200 à 1550 faisant pratiquement disparaßtre la mer d'Aral à ces périodes[12].

GĂ©ographie

L'extrémité méridionale de la Grande mer d'Aral vue des falaises du plateau d'Oust-Ourt en mai 2012.

La mer d'Aral couvrait, au dĂ©but des annĂ©es 1960, une superficie de 66 458 km2 (soit plus de 2 fois la superficie de la Belgique) dont 2 345 km2 occupĂ©s par des Ăźles. Longue de 428 km, large de 284 km, elle se localisait dans une des parties les plus basses de la dĂ©pression touranienne affaissĂ©e depuis la fin de l'Ăšre tertiaire (pliocĂšne supĂ©rieur) par les mouvements alpins qui ont affectĂ© l'Asie moyenne. SituĂ©e Ă  +52 m au-dessus du niveau moyen de la mer, la mer d'Aral est caractĂ©ristique de l'endorĂ©isme de cette rĂ©gion du monde. C'Ă©tait un espace lacustre peu profond (sur plus du tiers de sa superficie, la profondeur ne dĂ©passant pas −10 m). Toutefois, cette profondeur Ă©tait dissymĂ©trique, la partie occidentale de la mer d'Aral (en rebord du plateau d'Oust-Ourt) voyait les fonds descendre jusqu'Ă  −68 m alors que moins de 10 % de ces derniers dĂ©passaient les −10 m dans la partie orientale[13].

Les rives de la mer d'Aral Ă©taient variĂ©es mĂȘme si elles prĂ©sentaient, par leur caractĂšre dĂ©sertique, un point commun. La rive orientale Ă©tait caractĂ©risĂ©e par son relief sablonneux formĂ© de basses crĂȘtes longitudinales indentĂ©es par une sĂ©rie de longues baies Ă©troites parsemĂ©es d'Ăźlots. Elle s'opposait ainsi au littoral occidental, d'un profil rectiligne, dominĂ© par de hautes falaises (hautes de 190 m pour les plus Ă©levĂ©es) battues par les flots. La rive septentrionale correspondait Ă  la limite sud du plateau argilo-sableux de TourgaĂŻ, s'Ă©levant jusqu'Ă  178 m au-dessus du rivage et dĂ©coupĂ© de baies profondes. Entre ses diverses parties, au nord-est et au sud, les vastes deltas du Syr-Daria et de l'Amou-Daria, prenaient l'aspect de vastes espaces plans qui progressaient rapidement grĂące au dĂ©versement abondant des eaux limoneuses[13].

Hydrologie

Carte de la mer d'Aral en 1853.

Les eaux de la mer d'Aral se caractĂ©risaient par une grande limpiditĂ© et un bleu intense, elles Ă©taient peu salĂ©es (10 Ă  11 â€° de taux de salinitĂ© moyen, 14 â€° au sud-est). Leur tempĂ©rature suivaient le rythme des saisons en raison de la faible profondeur ; l'Ă©tĂ©, elles pouvaient atteindre 26 °C Ă  27 °C en surface (mais seulement 1 °C Ă  3 °C dans les fonds de la cĂŽte occidentale). L'hiver, les tempĂ©ratures Ă©tant nĂ©gatives, la mer Ă©tait entiĂšrement prise par les glaces, parfois jusqu'au dĂ©but du mois de mai[13]. Les prĂ©cipitations sont faibles dans cette rĂ©gion au climat aride (entre 130 et 140 mm/an en moyenne), l'Ă©vaporation est trĂšs Ă©levĂ©e (de l'ordre de 1 000 mm/an) mais l'apport des deux grands fleuves tributaires permettait Ă  la mer d'Ă©quilibrer son bilan hydrologique[14].

La surface de la mer d'Aral Ă©tait soumise Ă  des oscillations de plus ou moins grande amplitude. Une variation quotidienne Ă©tait provoquĂ©e par le phĂ©nomĂšne des seiches Ă  longue pĂ©riode et pouvait atteindre des amplitudes de 20 cm Ă  m relevĂ©es Ă  la station « Mer d'Aral » situĂ©e au nord-est de l'Ă©tendue lacustre. Toutefois, de violentes tempĂȘtes pouvaient provoquer des oscillations bien supĂ©rieures, en 1902 fut relevĂ©e une montĂ©e des eaux de 2,1 m. Il faut Ă©galement noter la prĂ©sence Ă©pisodique d'un courant circulaire provoquĂ© par la conjugaison du vent et de l'arrivĂ©e des eaux de l'Amou-Daria et du Syr-Daria[13].

Le niveau des eaux a beaucoup varié au cours de l'histoire. Jusqu'au XVIe siÚcle, la mer d'Aral était reliée à la mer Caspienne par l'intermédiaire de l'Ouzboï et son niveau d'eau baissait car son principal fleuve tributaire, l'Amou-Daria, empruntant le cours de cet ancien cours d'eau, aujourd'hui à sec, allait déverser la majeure partie de ses eaux dans cette grande mer intérieure qu'est la Caspienne.

Le cours de l'Amou-Daria fut détourné voilà 400 ans (par les khans de Khiva car le fleuve charriait des sables aurifÚres) et ses eaux rejoignirent la mer d'Aral dont le niveau s'éleva. Une nouvelle baisse fut enregistrée entre 1850 et 1880, mais les eaux remontÚrent de m entre cette derniÚre date et 1960[13].

Hydrographie

Le bassin hydrographique de la mer d'Aral, correspondant essentiellement aux bassins de ces deux grands fleuves tributaires : l'Amou-Daria et le Syr-Daria, couvre une superficie de 1 549 000 km2 (549 000 km2 de terres cultivables dont 78 956 sont irriguĂ©es). S'Ă©tendant entre les longitudes 56° et 78° est, et les latitudes 33° et 52° nord, ce vaste territoire coĂŻncide gĂ©ographiquement avec presque toute la zone de l'Asie centrale et comprend la totalitĂ© du territoire du Tadjikistan, de l'OuzbĂ©kistan, la majeure partie du TurkmĂ©nistan, trois provinces du Kirghizistan (Och, Djalal-Abad, Naryn), deux rĂ©gions ou oblys mĂ©ridionales du Kazakhstan (Kyzylorda, Kazakhstan-MĂ©ridional), quelques contrĂ©es septentrionales de l'Iran et de l'Afghanistan[15].

AssĂšchement

Navires de la marine impériale russe vers 1850.
un bateau Ă  l’abandon dans la zone assĂ©chĂ©e de la mer d'Aral.
Un bateau à l'abandon dans la zone asséchée de la mer d'Aral.

DĂšs 1918, les autoritĂ©s de la RĂ©publique socialiste fĂ©dĂ©rative soviĂ©tique de Russie procĂ©dĂšrent au dĂ©tournement de ses principaux affluents « afin d’irriguer des zones dĂ©sertiques de l’OuzbĂ©kistan pour y implanter des riziĂšres et des champs de coton[16]. » Au dĂ©but des annĂ©es 1960, les Ă©conomistes soviĂ©tiques dĂ©cidĂšrent d’intensifier la culture du coton en OuzbĂ©kistan et au Kazakhstan. Les fleuves Amou-Daria et Syr-Daria furent privĂ©s d'une partie de leurs eaux pour irriguer les cultures par plusieurs canaux dont celui de Karakoum. Ainsi Ă  partir de 1960, entre 20 et 60 km3 d'eau douce furent dĂ©tournĂ©s chaque annĂ©e. Le manque d'apport en eau assĂ©cha alors peu Ă  peu la mer dont le niveau baissait de 20 Ă  60 cm par an. Depuis 1971, une partie des eaux de l'Amou-Daria est orientĂ©e vers le Darjalyk, un ancien bras du fleuve menant vers le bassin du Sary Kamysh, un lac assĂ©chĂ© qui a Ă©tĂ© ainsi reconstituĂ© et plus rĂ©cemment vers le lac de l'Ăąge d'or.

Évolution de l'assùchement progressif de la mer d'Aral.

Depuis 1960, la mer d'Aral a perdu 75 % de sa surface, 14 mĂštres de profondeur et 90 % de son volume[17], ce qui a augmentĂ© sa salinitĂ© et la plupart des espĂšces endĂ©miques ont disparu[18]. Le nombre d'espĂšces de poissons est passĂ© de 32 Ă  6[19]. On peut retrouver des Ă©paves de bateaux sur l'ancien fond marin.

La sĂ©paration entre la Petite mer au nord et la Grande mer au sud date de 1989. L'Ă©volution a d'abord laissĂ© prĂ©sager la disparition totale de la seconde Ă  l'horizon 2025, avant que des travaux d'amĂ©nagement ne soient opĂ©rĂ©s. En 2007, on constate que le niveau de la Petite mer d'Aral a remontĂ© spectaculairement, plus vite que ne l'espĂ©raient les experts chargĂ©s du dossier[7] et la pĂȘche a repris depuis 2006[8].

Peter Zavialov dĂ©cĂšlerait un lien entre la hausse de la mer Caspienne et l’abaissement de la mer d’Aral[20]. Pour Chilo, acadĂ©micien russe, ce sont les fonds des mers (Caspienne et Aral) qui seraient trĂšs friables... et un historien Bunyatov dĂ©montre que ce lac aurait dĂ©jĂ  agonisĂ© quatre fois au cours des siĂšcles. Allant dans ce sens, des analyses contradictoires sur la mort programmĂ©e pour 2025 de la mer d’Aral ont Ă©tĂ© publiĂ©es rĂ©cemment[21].

Conséquences biologiques et biomédicales

Les 28 espĂšces endĂ©miques de la mer d’Aral ont disparu. Seule subsiste une espĂšce de raie importĂ©e et sĂ©lectionnĂ©e pour survivre Ă  de tels taux de salinitĂ©. Sa survie Ă  long terme n’est pas assurĂ©e, mĂȘme dans la Petite mer. Les quantitĂ©s gigantesques de pesticides qui, jadis, Ă©taient charriĂ©es par les deux fleuves tributaires de la mer et se sont dĂ©posĂ©es au fond du bassin de l’Aral ainsi que le sel laissĂ© par les eaux se retirant, se sont retrouvĂ©es, au fur et Ă  mesure que l’évaporation progressait, Ă  l’air libre en raison des vents violents. Ils ont provoquĂ© une forte hausse du taux de mortalitĂ© infantile (parmi les plus Ă©levĂ©s du monde aujourd'hui), une augmentation du nombre des cancers et des cas d’anĂ©mies, ainsi que le dĂ©veloppement d'autres maladies respiratoires directement reliĂ©s Ă  l’exposition Ă  des produits chimiques, phĂ©nomĂšnes confirmĂ©s par des Ă©tudes de l’Organisation mondiale de la santĂ©.

Tentatives de sauvetage

Pour empĂȘcher cet assĂšchement total, de multiples projets ont Ă©tĂ© Ă©voquĂ©s :

  • dĂ©tournement des fleuves Volga, Ob et Irtych, ce qui redonnerait Ă  la mer sa taille originale en vingt Ă  trente ans pour un coĂ»t de 30 Ă  50 milliards de dollars[22] ; en 2011, des projets en ce sens Ă©taient en cours d'Ă©laboration[23] ;
  • creusement d'un canal depuis la mer Caspienne avec station de pompage ;
  • amĂ©lioration des canaux d'irrigation ;
  • demandes aux fermiers de moins gaspiller l'eau des riviĂšres ;
  • remplacement du coton par des espĂšces moins gourmandes en eau ;
  • utilisation de moins de produits chimiques pour le coton ;
  • changement Ă©conomique en favorisant l'Ă©conomie non basĂ©e sur l'agriculture dans les pays en amont.

Digue en béton de Kokaral

La construction du barrage de Kokaral, au sud de l’embouchure du fleuve Syr-Daria fut un premier succĂšs. En effet ce barrage permit de barrer le dĂ©troit entre la Petite mer, aussi appelĂ©e MaloĂŻĂ©, ancienne mer bordiĂšre au nord de la mer dÂŽAral avant son assĂšchement, et la Grande mer (BolchoĂŻĂ©, ce qui reste du sud de la grande mer).

Avant la construction du barrage de Kokaral, le maire de la ville d'Aralsk, AlachibaĂŻ BaĂŻmirzaev avait dĂ©cidĂ© de faire construire en 1995 une digue de vingt-deux kilomĂštres constituĂ©e de sable et de roseaux. AchevĂ©e en 1996, elle permit immĂ©diatement d'Ă©viter que les eaux du fleuve ne se perdent dans le delta entre la Petite et la Grande mer d'Aral afin de faire remonter le niveau de la Petite mer. La vie renaquit autour de la mer, qui augmenta en volume et avança de plusieurs kilomĂštres; des roseaux, des renards, des rongeurs, des oiseaux ainsi que quelques espĂšces de poisson commencĂšrent Ă  repeupler le bassin de la Petite mer. Malheureusement, une tempĂȘte violente dĂ©truisit cette digue fragile en 1999. Une partie de ce qui avait Ă©tĂ© gagnĂ© en volume et en superficie fut Ă  nouveau perdu.

La Banque mondiale a dĂ©cidĂ© de financer la construction de la digue en bĂ©ton de Kokaral ainsi qu’une sĂ©rie de digues secondaires en vue d’éliminer l’excĂšs de sel par des dĂ©versoirs et de faire remonter le niveau de l’eau. Ce projet controversĂ©, dont les travaux ont dĂ©butĂ© en 2003, a permis Ă  la Petite mer de regagner environ 500 kmÂČ de superficie, mais il risque Ă©galement de condamner la Grande mer par un assĂšchement encore plus rapide, mĂȘme si une vanne situĂ©e au-dessus du barrage prĂ©voit de dĂ©verser le surplus en eau dans la Grande mer dÂŽAral, situĂ©e pour une part importante en OuzbĂ©kistan. Ce barrage permettant Ă  la vie de revenir dans la Petite mer est une pomme de discorde entre le Kazakhstan bĂ©nĂ©ficiaire et l'OuzbĂ©kistan qui pourtant, avec le TurkmĂ©nistan, dĂ©tourne la quasi-totalitĂ© des eaux de l'Amou-Daria en dĂ©truisant ainsi toute vie dans la Grande mer.

Le prĂ©sident Noursoultan NazarbaĂŻev fait apparaĂźtre un semblant dÂŽespoir de renaissance de la mer dÂŽAral au Kazakhstan. Il a en effet pour projet de rehausser le niveau de la petite mer, grĂące Ă  la construction du barrage de Kokaral, permettant ainsi Ă  l'industrie de la pĂȘche de retrouver son ancien niveau et Ă  la ville d'Aralsk de redevenir un port plus ou moins important. Ce projet estimĂ© Ă  120 millions de dollars (98 millions d'euros) serait financĂ© principalement par les revenus du pĂ©trole du Kazakhstan, il prĂ©voit Ă©galement le creusement d’un canal de jonction entre les deux bassins et la construction de nouvelles structures pour exploiter l’énergie hydroĂ©lectrique.

Cette digue en béton construite dans la partie nord de l'ancienne mer d'Aral, à l'est de l'ßle de Kokaral, mesure 13 km de long pour une hauteur de 10 m à une altitude de + 42 m.

Selon le site internet Structurae.info, le barrage digue a Ă©tĂ© construit uniquement avec du bĂ©ton en 2005, depuis le niveau de la Petite Aral a augmentĂ© dÂŽau moins 12 mĂštres passant de moins de 30 mĂštres Ă  42 mĂštres en 2009. Alors que les spĂ©cialistes de la Banque mondiale avaient prĂ©vu que l’eau ne remonterait pas avant trois ans – d’autres hydrologues pensaient mĂȘme que la mer d’Aral serait irrĂ©mĂ©diablement perdue – la petite mer avait dĂ©jĂ  regagnĂ© 30 % de sa superficie, ce qui reprĂ©sentait plus de 10 milliards de mĂštres cubes d’eau. Cependant, dÂŽaprĂšs certains responsables kazakhs, il vaudrait mieux ne pas se rĂ©jouir trop tĂŽt car une solution dĂ©finitive nÂŽa pas encore Ă©tĂ© apportĂ©e.

Plantations de saxaoul

Jeunes plantations de saxaoul (avril 2012) sur l'ancien fond de la mer d'Aral – au sud de la Grande mer d'Aral en OuzbĂ©kistan.

L’OuzbĂ©kistan a plantĂ© 27 000 hectares de saxaoul (arbuste), qui produisent 167 000 tonnes d’oxygĂšne en absorbant 230 000 tonnes de CO2[24], ce qui est Ă©quivalent Ă  4 minutes de la production mondiale de CO2. CommencĂ© dans les annĂ©es 1980, ce programme n’a pu reprendre qu’en 2008, faute de financement. Ces plantes ne sont pas seulement une aide contre l’érosion, elles jouent Ă©galement un autre rĂŽle essentiel : selon le professeur Zinovi Novitsk, elles permettent de rĂ©duire l’effet de serre. Mais parallĂšlement Ă  ce type de projet, l’OuzbĂ©kistan reste le 2e exportateur mondial de coton en 2011 – 2 millions d’hectares de cette plante y sont encore cultivĂ©s – ; or l’irrigation reste incontrĂŽlĂ©e puisque le coton est une culture qui demande beaucoup d’eau, accentuant ainsi les phĂ©nomĂšnes naturels d’assĂšchement[25].

L'Union européenne participe aux plantations d'arbres[26].

Avenir possible

Le Turkménistan préfÚre utiliser les eaux de l'Amou Daria pour l'irrigation, ainsi que le remplissage du lac de l'ùge d'or (ou lac de Karakum) et du lac Sary Kamysh, deux lacs plus petits et en pleine expansion qui d'une certaine maniÚre tendraient à remplacer la Grande Aral, plus difficile à alimenter parce que plus grande et que les eaux s'infiltrent et se perdent dans les sables du désert.

L’OuzbĂ©kistan prĂ©fĂšre toujours utiliser les eaux de l'Amou Daria pour l'irrigation, ainsi son dĂ©bit Ă  l'entrĂ©e de ce qui reste de la mer, est trĂšs faible, voire nul.

La grande mer d'Aral, qui fournissait autrefois des dizaines de milliers de tonnes de poissons par an, a trÚs peu de chances de revoir le jour à cause de questions de salinité et de la pollution aiguë par les pesticides et parce que le détournement de riviÚres sibériennes n'est plus d'actualité. Par contre, la petite mer d'Aral pourrait se renaturer (si les gouvernements du Kazakhstan et de l'Ouzbékistan agissent de concert et durablement). Cette zone a résisté à l'assÚchement et le rehaussement du barrage de Kok-Aral ainsi que la construction de nouvelles digues pourrait porter le niveau de cette petite mer à 50 mÚtres (projet de 86 millions de dollars financé par la Banque mondiale).

En 2018, la navigation et mĂȘme la pĂȘche ont dĂ©jĂ  repris au port d'Aralsk. Les experts prĂ©viennent cependant que la surpĂȘche pourrait dĂ©faire ce dĂ©but de restauration[27]. Un collecteur, pour Ă©viter l'Ă©vaporation et les pertes dans le sable, pourrait amener l'eau provenant du barrage de Kok-Aral vers le bassin ouest de la mer d'Aral, le plus profond et qui pourrait aussi ĂȘtre sauvĂ©.

Fabrication d'armes biologiques

En 1948, un laboratoire d'armes biologiques top-secret est Ă©tabli sur l'Ăźle de VozrojdĂ©nia situĂ©e au centre de la mer d'Aral qui est maintenant disputĂ©e entre le Kazakhstan et l'OuzbĂ©kistan. L'histoire exacte, les fonctions et le statut actuel de ce centre ne sont pas encore divulguĂ©s. La base est abandonnĂ©e Ă  la suite de la dĂ©sintĂ©gration de l'URSS. Des expĂ©ditions scientifiques ont dĂ©montrĂ© que cela a constituĂ© un site de production, d'essai et, plus tard, de fabrication d'armes pathogĂšnes. En 2002, Ă  travers un projet organisĂ© par les États-Unis et avec l'assistance de l'OuzbĂ©kistan, dix sites d'enfouissement d'anthrax sont dĂ©contaminĂ©s. D'aprĂšs le Kazakh Scientific Center for Quarantine and Zoonotic Infections, tous les sites d'enfouissement ont Ă©tĂ© dĂ©contaminĂ©s[28].

Autres cas similaires

Galerie de photos

Notes et références

  1. (août 2015)
  2. (1960)
  3. http://www.ntsomz.ru/projects/eco/econews_271108_beta
  4. (1960)
  5. (1960)
  6. (1960)
    42 m (nord) en 2007
    29 m (sud) en 2007
  7. Jean Étienne, Mer d'Aral : comment inverser une catastrophe Ă©cologique, Futura-sciences.
  8. « 1989, Mer d’Aral : La mer d’Aral renaĂźtra-t-elle un jour ? », Information sur le dĂ©veloppement durable, universitĂ© de GenĂšve.
  9. N. V. Aladin, I. S. Plotnikov, R. Letolle « Hydrobiology of the Aral Sea », dans Dying and Dead Seas Climatic Versus Anthropic Causes, NATO Science Series: IV: Earth and Environmental Sciences Volume 36, 2004, pp 125-157.
  10. Jan Mangerud, Valery Astakhov, Martin Jakobsson, John Inge Svendsen, « Huge Ice-age lakes in Russia », Journal of Quartenary Science, 2001, 16, 773-777.
  11. Avjit Gupta, « Large Rivers: Geomorphology and Management », page 68, John Wiley & Sons, 28 févr. 2008.
  12. Peter O. Zavialov, « Physical Oceanography of the Dying Aral Sea », Springer, 6 mars 2007 - 168 pages.
  13. Dictionnaire illustré des merveilles naturelles du monde, Sélection du Reader Digest, 1977, p. 52.
  14. Simon Gascoin et Philippe Renard, Modélisation du bilan hydrologique de la partie sud de la Mer d'Aral entre 1993 et 2001, Journal des sciences hydrologiques, 50(6), Centre d'hydrogéologie, université de Neuchùtel, décembre 2005. Lire en ligne.
  15. (en) Aral Sea: Location, geomorphology, landscape sur CAWATERinfo.
  16. « La mort de la mer d’Aral », France 24, 27 aoĂ»t 2009.
  17. (en) Caractéristiques bathymétriques de la mer d'Aral de 1950 à 2009 sur CAWATERinfo.
  18. Mer d’Aral sur Dinosoria.com
  19. P.Micklin et N.Aladin, Pour la Science, no 378-DĂ©cembre 2008
  20. (en) P.O. Zavialov, Hydrographic survey in the dying Aral Sea, Geophysical Research Letters, Vol. 30, 1659, 4 pp., 2003.
  21. Charles Levinson, « La mer d’Aral renaĂźtra-t-elle un jour ? », sur courrierinternational.com, .
  22. (en) Ed Ring, « Release the Rivers: Let the Volga & Ob Refill the Aral Sea » [archive du ], Ecoworld, (consulté le ).
  23. Pierre Avril, « Le Kazakhstan veut faire revivre la mer d'Aral », Le Figaro,‎ (lire en ligne AccĂšs libre, consultĂ© le ).
  24. Et tout au fond pousse une forĂȘt, Courrier international, 12 mars 2009. Une coquille s'est glissĂ©e dans l'encadrĂ© au bas de l'article, il faut lire 230 000 tonnes de CO2 car il est bien prĂ©cisĂ© quelques lignes au-dessus du chiffre incomprĂ©hensible de 2,3 tonnes de CO2 pour une superficie de 300 000 hectares qu'« un hectare de saxaoul ĂągĂ© de quatre ans absorbe 1 158 kilos de CO2 et rejette 835 kilos d’oxygĂšne ». Tous les saxaouls n'ayant pas atteint l'Ăąge de quatre ans, on ne peut pas non plus faire une simple multiplication qui donnerait un chiffre plus Ă©levĂ©.
  25. (en) Water management infrastructure sur CAWATER info.
  26. (en) « European Union completed planting of 27 thousand trees in Aral Sea basin », sur eeas.europa.eu, .
  27. Matt Warren (2018), « The North Aral Sea—once near death—is coming back to life », Science Mag, 19 mars 2018.
  28. (en) Vozrozhdeniye Open-Air Test Site, The Nuclear Threat Initiative.

Voir aussi

Bibliographie

  • ÉlisĂ©e Reclus, Note relative Ă  l’histoire de la mer d’Aral, puis RĂ©ponses aux observations prĂ©cĂ©dentes, dans le Bulletin de la SociĂ©tĂ© de GĂ©ographie, , p. 113-118, et , p. 533-536, texte intĂ©gral sur Gallica.
  • RenĂ© Letolle et Monique Mainguet, Aral, Springer-Verlag, Paris, 1993. (ISBN 0-38759-613-5)
  • Philip Micklin et Nikolay Aladin, Le sauvetage de la mer d'Aral, Pour la Science, 374 (), pp. 78–84.
  • RenĂ© Letolle, La mer d'Aral : Entre dĂ©sastre Ă©cologique et renaissance, L'Harmattan, Paris, 2008. (ISBN 2-29607-719-6)
  • Justine Mattioli, Alain Blum et Marie-HĂ©lĂšne Mandrillon, Le Drame de la mer d'Aral Ă  la tĂ©lĂ©vision française (1990-2010), Penser les mĂ©dias, Ă©ditions Le Bord de l'eau, Bordeaux, 2011. (ISBN 2-35687-139-X)
  • RaphaĂ«l Jozan, Les dĂ©bordements de la mer d'Aral - Une sociologie de la guerre de l'eau, Partage du savoir, PUF, Paris, 2012. (ISBN 2-13059-434-4)
  • Igor S. Zonn, M. Glantz, Aleksey N. Kosarev, Andrey G. Kostianoy, The Aral Sea Encyclopedia, Springer, 8 fĂ©vr. 2009 - 298
  • JĂ©rĂŽme Delafosse, Les larmes d'Aral, Robert Lafont.

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.