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Lac Mono

Le lac Mono (en anglais : Mono lake) est un lac de soude, hypersalin[1] situĂ© dans le dĂ©sert de la Sierra Nevada en Californie, Ă  environ 13 km Ă  l’est du parc du Yosemite, prĂšs de la ville de Lee Vining. Ce lac au milieu d'une vaste et ancienne caldeira est un Ă©cosystĂšme original et inhabituellement productif.

Lac Mono
Mono Lake (en)
Image illustrative de l’article Lac Mono
Vue satellite du lac Mono
Administration
Pays Drapeau des États-Unis États-Unis
Subdivision Californie
Statut California Point of Historical Interest
GĂ©ographie
CoordonnĂ©es 38° 00â€Č 59″ N, 119° 00â€Č 32″ O
Type Lac salé, lac endoréique
Superficie 180 km2
Longueur 21 km
Largeur 15 km
Altitude 1 945,8 m
Profondeur
· Maximale
17 m
48 m
Volume 2,97 km3
Hydrographie
Bassin versant 2 020 km2
Alimentation Rush Creek (en), Lee Vining Creek (en) et Mill Creek (en)
Îles
Île(s) principale(s) Negit island
GĂ©olocalisation sur la carte : Californie
(Voir situation sur carte : Californie)
Lac MonoMono Lake (en)
GĂ©olocalisation sur la carte : États-Unis
(Voir situation sur carte : États-Unis)
Lac MonoMono Lake (en)

Ses 25 km de berges et 180 km2 d'Ă©tendue d'eau servent d’habitat, de lieu de reproduction et de guĂ© pour beaucoup d’espĂšces d’oiseaux sĂ©dentaires ou migrateurs. Selon les ornithologues du Mono Lake Comitee, plusieurs millions d'oiseaux passent par le lac Mono pendant leur voyage.

Géologie volcanique et colonnes de béton

La contrĂ©e du lac Mono Ă  l'est de la Yosemite Valley est composĂ©e de roches volcaniques. Les Ă©panchements de laves Ă  partir des principaux orifices de coulĂ©es ou d'expulsion par projection ont recouvert 650 km2. La gĂ©omorphologie actuelle serait le rĂ©sultat d'une gigantesque explosion de la chambre magmatique il y a 750 000 ans annihilant les formes bombĂ©es[2].

Mono Lake est célÚbre pour la concrétion atypique d'argiles cimentées à la chaux hydraulique appelée tufa, qui, sous forme de tours, se montre surtout sur les rives méridionales du lac. Ces colonnes dures d'aspect ruiniforme signalent la rencontre des eaux chaudes sous pression riches en ions calcium et des eaux plus froides du lac chargées d'anhydride carbonique. La réaction permet la cimentation des particules argileuses agglutinées dÚs l'embouchure de la source chaude jusqu'à la matérialisation de la limite du flux d'eaux calciques au sein du lac. Avec le temps, la source intermittente se dote de conduits traçants enveloppés par une épaisse carapace de béton, à base d'argiles cimentées par le carbonate de calcium formé in situ. Les sources chaudes disparues, les tufas, résistantes à l'érosion, se dressent, de plus en plus visibles sur les rives avec l'abaissement du niveau du lac.

Cette formation gĂ©othermique dans les profondeurs argileuses du lac n'a donc, malgrĂ© son nom proche, rien Ă  voir avec le tuf volcanique, ni le simple tuf calcaire ou travertin des formations sĂ©dimentaires de sources ou de riviĂšres. Elle s'apparente aux tours minĂ©rales qui permettent une vie originale dans les fonds marins au sein ou Ă  proximitĂ© des principales chaĂźnes des dorsales ocĂ©aniques : ces tours Ă©jectent aussi des sources chaudes et cette activitĂ© est l'origine de leur Ă©rection. Les fonds proches de la dorsale de l'ocĂ©an Atlantique et mĂȘme les fonds entourant le Groenland en rĂ©vĂšlent.

Depuis que quatre des cinq riviÚres qui alimentent le lac Mono ont été dérivées vers l'aqueduc de Los Angeles, en 1941, son niveau est descendu de 15 mÚtres, rendant encore plus visibles les nombreux tufas.

  • Mono Lake et les tufas
    Mono Lake et les tufas
  • Vue gĂ©nĂ©rale
    Vue générale
  • Colonnes de tufas du lac Mono
    Colonnes de tufas du lac Mono
Ligne de tufas sur le lac Mono. Septembre 2016.

Un lac salé

Le lac Mono survolé par des oiseaux

Ce lac possĂšde l'une des plus grosses concentrations en sel, il y aurait environ 280 000 tonnes de sel dissous dans l'eau du lac, soit une concentration de 78 g/l en 2002[3].). Le lac Mono de la Californie est non seulement presque trois fois plus salĂ© que l'ocĂ©an, et en tant que lac de soude, aussi beaucoup plus alcalin.

À cause de la nature alcaline du lac Mono (pH de 9,8[4], peu Ă©loignĂ© de la soude caustique), aucun poisson ne vit dans le lac, mais une espĂšce de crevette, l'artĂ©mie (Artemia monica) y vit (et n'est trouvĂ©e que lĂ ). Une toute petite mouche (Ephydra hians) s'y est Ă©galement adaptĂ©e, trouvĂ©e Ă  la surface de l'eau, mais Ă©galement sous l'eau oĂč elle peut survivre un certain temps en s'entourant d'une bulle d'air[5], qui lui permet de descendre sous l'eau se nourrir de microalgues (cependant la couche cireuse hydrofuge de cette mouche peut ĂȘtre altĂ©rĂ©e par des rĂ©sidus de crĂšme solaire provenant d'humains pĂ©nĂ©trant parfois dans le lac[6].

La présence de ces invertébrés fait du lac une étape essentielle pour la plupart des oiseaux migrateurs de cette région du monde.

Usages et devenir

Le lac Mono

Les sources ou riviĂšres en amont Ă©tant captĂ©es pour l'approvisionnement en eau par la zone urbaine du comtĂ© de Los Angeles comme beaucoup d’autres points d’eau, ce lac salĂ© Ă©tait condamnĂ© Ă  se tarir, mais le comtĂ© de Mono et les habitants de la rĂ©gion se sont mobilisĂ©s pour le sauver de la destruction.

Entre 1979 et 1994, David Gaines et le Comité du Lac ont engagé des litiges avec Los Angeles. Los Angeles a cessé de détourner l'eau de Mono Lake qui a commencé à remonter à un niveau supportable pour son écosystÚme.

DĂ©couvertes scientifiques

En 2008, Thomas Kulp et ses collĂšgues de l’Institut amĂ©ricain de gĂ©ologie nommĂ© U.S. Geological Survey ont annoncĂ© avoir trouvĂ©, dans le lac Mono, une nouvelle et unique forme de photosynthĂšse basĂ©e sur l’arsenic : une « bactĂ©rie pourpre » et une cyanobactĂ©rie capables d'extraire de l'Ă©nergie d'une forme de l'arsenic, pouvant vivre sans consommer d’eau libre en oxydant l'arsĂ©nite (forme dissoute d’arsenic) pour en faire de l'arsĂ©niate, et ensuite fabriquer des molĂ©cules organiques. Une colonie de ces bactĂ©ries a pu ĂȘtre cultivĂ©e uniquement en prĂ©sence d’arsĂ©nite. Des bactĂ©ries de ce type auraient pu faire partie des premiĂšres bactĂ©ries Ă  peupler la Terre primitive[7].
Le , la NASA a annoncé que les bactéries d'une souche d'Halomonas baptisée GFAJ-1 découverte par Felisa Wolfe-Simon avaient une particularité retrouvée nulle part parmi toutes les autres formes de vies terrestres, cette souche serait capable de croßtre en absence de phosphore, et utiliserait l'arsenic pour le remplacer.

Ces annonces ont depuis fait l'objet de réfutations publiées dans la revue Science[8].

Paysage cinématographique

Ce lac a servi de principal décor à L'Homme des Hautes Plaines de Clint Eastwood.

Panorama du lac Mono.

Notes et références

  1. Futura, « Eau hypersaline », sur Futura (consulté le )
  2. La puissance de l'explosion serait comparable Ă  celle impliquĂ©e dans la destruction de l'Ăźle volcanique de Santorin. Le Crater Lake aurait nĂ©cessitĂ© une Ă©nergie de destruction plus faible : ce lac de caldeira californien qui s'est formĂ© sur le mĂȘme point chaud il a 8 000 ans est aussi plus jeune, plus petit et cantonnĂ© Ă  une altitude montagnarde.
  3. Les océans contiennent en moyenne 31 g/l de sel.
  4. (en) Stephen A. Carini et Samantha B. Joye, « Nitrification in Mono Lake, California: Activity and community composition during contrasting hydrological regimes », Limnology and Oceanography, vol. 53, no 6,‎ , p. 2546–2557 (DOI 10.4319/lo.2008.53.6.2546, Bibcode 2008LimOc..53.2546C)
  5. Pennisi E (2016) Fly makes air ‘submarine’ to survive deadly lake Fly makes air ‘submarine’ to survive deadly lake
  6. Pennisi E (2017) This fly survives a deadly lake by encasing itself in a bubble. Here's how it makes it | publié dans Science News / BiologyPlants & Animals | doi:10.1126/science.aar5258
  7. brĂšve scientifique du journal Pour la Science – n° 372 – octobre 2008 (p. 14, citant Kulp, T. R., Hoeft, S. E., Asao, M., Madigan, M T., Hollibaugh, J. T., Fisher, J. C., Stolz, J. F., Culbertson, C. W., Miller, L. G., et Oremland, R. S., 2008, "Arsenic(III) fuels anoxygenic photosynthesis in hot spring biofilms from Mono Lake, California". Science, vol. 321, pp. 967-970, aoĂ»t 2008. )
  8. Blog Science2 du journal Liberation, juillet 2012 : PolĂ©mique: la bactĂ©rie « alien Â» de la Nasa rĂ©futĂ©e

Voir aussi

Liens externes

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