Maximin Isnard
Maximin Isnard[1], né à Grasse, le , mort au même lieu le , est un négociant parfumeur à Draguignan avant de créer une manufacture de soie et de savon[2]. Il fut un homme politique français notamment député du Var à l'Assemblée législative, puis à la Convention nationale. En 1793, il vote la mort du Roi.
Président de la Convention nationale | |
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Député du Var | |
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Baron |
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(Ă 67 ans) Grasse |
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Famille
Maximin Isnard est le fils cadet de Maximin Isnard (1731-1799) et de Anne Thérèse Fanton, cousine des Fanton d'Andon, et le petit-fils de Jacques Isnard, marchand curateur, seigneur de Deux-Frères et d'Esclapon et de Claire Courmes, tous deux issus d'anciennes familles de la bourgeoisie grassoise.
Sa sœur Françoise Isnard (1722-1805), épousa Antoine Court, dont Honoré, Michel et Joseph Court d'Esclapon (et de Fontmichel).
Sa nièce Marie Marguerite Justine Isnard épousa en 1801 Claude-Marie Courmes.
Il épousa en 1778 Madeleine Clérion ; leurs fils Jean-Jacques, baron Isnard (1784-1845) est receveur particulier des finances, qui épousa en 1813 Eugénie-Gabrielle Luce, fille du banquier Honoré-François Luce, dont Joseph-Honoré, (1817-1898) confirmé baron Isnard par lettres patentes du 7 septembre 1864[3].
Sous la RĂ©volution
Ă€ la LĂ©gislative
Maximin Isnard embrasse les idées nouvelles au début de la Révolution. Le , ce patriote exalté est élu à l'Assemblée législative, par le département du Var, avec 237 voix sur 478 votants.
Il se lie avec Brissot et siège à gauche de l'Assemblée. Il est l'un des orateurs les plus virulents, requérant sans cesse des mesures répressives contre les émigrés et les Prêtres réfractaires, déclarant que ces derniers sont « des pestiférés qu'il faut envoyer dans les lazarets de Rome et d'Italie »[4]. En décembre 1791, il appuie la mise en accusation des frères du roi. Dans le même temps, il soutient la campagne des brissotins en faveur d'une guerre contre les puissances extérieures.
Après la déclaration de guerre en avril 1792, il attaque violemment le roi, la Cour, les ministres et La Fayette. Il soutient la mise en accusation de Lessart, bête noire de la gauche. Fin juin, il va même jusqu'à proposer l'abolition de la royauté[2].
Le 20 juin 1792, il est envoyé contenir le peuple qui envahit le palais des Tuileries. Il fait ensuite un rapport qui égratigne le pouvoir royal. Le 5 août, il attaque une nouvelle fois Louis XVI, l'accusant de ne pas respecter la Constitution. Le 9 août, à la veille de la chute de la royauté, il déclare : « Vous voulez réprimer le peuple. Ah ! si le Ciel, qui connaît le secret des consciences, se chargeait de punir, les coupables, c'est sur La Fayette, c'est sur le département de Paris, c'est sur la cour que tomberaient les premières vengeances.» Il est ensuite accusé de prêcher l'insurrection par les Feuillants.
L'orateur girondin
Il est réélu à la Convention nationale le . Effrayé par la poussée des sans-culottes parisiens, il s'oriente vers la droite et siège avec les Girondins, défendant le conservatisme social[2].
Il est tout d'abord envoyé à Nice en tant que commissaire de la République. Il annonce la prise de Sospel avant de revenir à Paris à la fin de l'automne.
Il devient membre du Comité de défense générale, ancêtre du Comité de salut public, institué le . Lors du procès de Louis XVI, il vote pour l'appel au peuple, pour la mort et contre le sursis[2]. Devenu porte-parole des éléments les plus conservateurs de la Gironde, il soutient la création du Tribunal révolutionnaire, espérant ainsi prévenir les troubles populaires. Il refuse pourtant de voter la mise en accusation de Marat. Le , il se fait remarquer en qualifiant la Convention de « machine à décret » placée entre les mains de la faction montagnarde.
Lors du débat sur la future constitution, il soutient le projet de Condorcet et se prononce en faveur du fédéralisme. Début avril, il soutient avec Barère la création du Comité de Salut Public, mais n'y est pas élu à son grand dépit.
La présidence de la Convention
Le , Maximin Isnard est élu président de la Convention contre le candidat montagnard Thuriot. Au "perchoir", il se distingue par ses excès de langage.
Le 25 mai, il réplique ainsi à une députation de la Commune, venant dénoncer l'arrestation d'Hébert par la Commission des Douze : « Si jamais la Convention était avilie, si jamais par une de ces insurrections qui depuis le se renouvellent sans cesse, et dont les magistrats n'ont jamais averti la Convention [...] Si par ces insurrections toujours renaissantes il arrivait qu'on portât atteinte à la représentation nationale, je vous le déclare, au nom de la France entière, Paris serait anéanti...», ajoutant que « bientôt, on chercherait sur les rives de la Seine la place où cette ville aurait existé ». Il conclut, menaçant les "anarchistes": " Le glaive de la loi, qui dégoutte encore du sang du tyran, est prêt à frapper la tête de quiconque oserait s'élever au-dessus de la représentation nationale. " Ces propos suscitent de vives protestations sur les bancs Montagnards. Marat et Danton attaquent le président et prennent la défense des pétitionnaires. Violemment injurié par les tribunes, il doit quitter son fauteuil au profit de Hérault de Séchelles.
Le 28, il crée un nouveau tumulte. À un groupe de sectionnaires réclamant la libération de Dobsen il répond sévèrement: "La Convention pardonne à votre jeunesse, mais elle ne se laisse influencer par aucune portion du peuple. Elle dira toujours: guerre aux aristocrates et aux anarchistes !" Cette déclaration suscite une nouvelle protestation de la Montagne et Isnard est personnellement menacé par certains députés. La suite de la séance est si tumultueuse qu'il doit à nouveau quitter le "perchoir" avant la clôture.
Fugitif
Son mandat de président se termine le 30 mai, c'est-à -dire à la veille des Journées du 31 mai et du 2 juin 1793. Le 31 mai, il s'attaque à la Commune et s'élève contre l'action des sections parisiennes. Il résilie aussitôt ses fonctions de lui-même « par amour de la patrie » et se met « sous la sauvegarde du peuple »[5]. Cela lui permet de ne pas être arrêté le 2 juin avec ses amis girondins. Le , le rencontrant dans la rue, le juré Léopold Renaudin du Tribunal révolutionnaire tente, de sa propre autorité, de l'arrêter[5]. Isnard parvient cependant à s'échapper. Il est mis en accusation le 12 vendémiaire an II () et se cache jusqu'au 9 thermidor an II ()[2]. Durant cette période, le bruit de sa mort courut, ce qui lui permit de se soustraire aux recherches de la police.
La réaction thermidorienne
Maximin Isnard est réintégré à la Convention le 14 frimaire an III () ou le 8 ventôse an III ()[2]. Il devient alors un des chefs du mouvement réactionnaire contre les Jacobins et les membres des Comités de l'an II. Le , il réclame la mise en accusation de Lindet qui défend les Journées du et du .
En , il est envoyé en mission dans les Bouches-du-Rhône et les Basses-Alpes et il fait la chasse aux jacobins, laissant massacrer ceux qui étaient détenus au fort Saint-Jean de Marseille[5].
Cette rigueur le fait suspecter de royalisme, mais il parvient à s'en défendre[2].
Sous le Directoire
Le 22 vendémiaire an IV (), Isnard est réélu député au Conseil des Cinq-Cents par le département du Var. Il y siège avec la droite réactionnaire et volontiers royaliste. Peu après cette élection, il est dénoncé comme l'un des responsables de la Terreur blanche et réplique en attaquant les Jacobins.
Il se fait peu remarquer au cours de la législature et quitte son poste en 1797. Maximin Isnard fait ensuite partie de l'administration de son département.
Ă€ la suite d'un long cheminement spirituel (depuis sa chute en 1793), Isnard retrouve la foi catholique qu'il avait perdue depuis l'enfance.
Sous le Consulat et le Premier Empire
Il se rallie à Napoléon Bonaparte qui le fera baron de l'Empire en 1813[2].
En 1802, il publie un petit traité : De l'Immortalité de l'âme. Dans ce livre, il expose avec lucidité les étapes de son retour au catholicisme.
Le comte de Fortia de Piles raconte que, chaque année, le , Maximin Isnard allait prier sur la Place de la Concorde à l'endroit où Louis XVI avait été exécuté[5]. Ce remords ostentatoire évite à ce régicide d'être proscrit à la Restauration.
Lorsque celle-ci intervient en 1814, il se rallie à Louis XVIII. Lors des Cent-Jours, il soutient l'empereur[2]. Une fois la Restauration bien réinstallée, il n'est pas inquiété mais ne joue plus aucun rôle politique.
Il meurt dans l'anonymat Ă Grasse en 1825.
L'historien Marcel Dorigny conclut : « Au sein de la Gironde, Isnard avait incarné la tendance issue de milieux modestes, enrichie par une activité directement liée à la vie économique et désireuse de consacrer la légitimité de cette ascension sociale par une législation libérale et conservatrice de l'ordre social nouveau »[6].
Armes
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Honoré Maximin Isnard
Coupé : au 1, parti de sinople, à la plume, posée en bande, et l'épée la pointe basse posée en barre, mises en sautoir, le tout d'argent et surmonté d'un comble d'azur, à sept étoiles d'argent posées en cercle, et du quartier des Barons Membres de collège électoral ; au 2, d'argent, à la rivière en champagne d'azur, sommée d'un pont de trois arches de granit au naturel. |
Hommages de la ville de Grasse
Sont dédiés à Isnard une avenue Maximin-Isnard et un escalier du même nom.
Il existe Ă Grasse un HĂ´tel particulier construit par Maximin Isnard.
Bibliographie
- Raymond Boyer, Pierre Gayrard, RĂ©gis Fabre, Draguignan, 2000 ans d'histoire, Ă©ditions de l'Aube, 2001 (ISBN 2876786176).
- Pierre-François Tissot, Histoire complète de la Révolution française, Paris, Silvestre, 1835.
- « Maximin Isnard », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition]
- Marcel Dorigny, « Isnard Henri Maximin », dans Albert Soboul, Dictionnaire historique de la Révolution française, Paris, PUF, (ISBN 978-2-13-053605-5).
- Jean Tulard, Jean-François Fayard et Alfred Fierro, Histoire et dictionnaire de la Révolution française : 1789-1799, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1213 p. (ISBN 2-221-04588-2), p. 892-893.
Références
- « Maximin Isnard », sur Sycomore, base de données des députés de l'Assemblée nationale
- Dorigny 1989, p. 583.
- Frédéric d'Agay Grands notables du premier Empire du Var CNRS, 1988. Page 106 et 107
- Tulard 1987, p. 892.
- Tulard 1987, p. 893.
- Dorigny 1989, p. 584.
Articles connexes
Liens externes
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- Ressource relative Ă la vie publique :
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :