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Robert Lindet

Jean-Baptiste-Robert Lindet dit Robert Lindet, né le à Bernay (Eure)[1], mort à Paris, le [2], est un homme politique français de la Révolution française.

Robert Lindet
Illustration.
Portrait gravé par Jules Porreau, Paris, BnF.
Fonctions
Député français
–
(1 an, 6 mois et 26 jours)
Élection 9-18 avril 1798
Circonscription Eure
LĂ©gislature Conseil des Cinq-Cents
–
(4 ans et 25 jours)
Élection 29 août-5 septembre 1791
RĂ©Ă©lection 2-19 septembre 1792
Circonscription Eure
Législature Assemblée nationale législative
Convention nationale
Groupe politique Montagne
Ministre des Finances
–
(3 mois et 20 jours)
Gouvernement Directoire
Prédécesseur Dominique-Vincent Ramel-Nogaret
Successeur Martin Gaudin
Président de la Convention nationale
–
(15 jours)
Prédécesseur Jean-Pierre-André Amar
Successeur Lazare Carnot
Maire de Bernay
–
Successeur Adrien-Georges Buschey des Noës
Biographie
Nom de naissance Jean-Baptiste Robert Lindet
Date de naissance
Lieu de naissance Bernay, Royaume de France
Date de dĂ©cès (Ă  78 ans)
Lieu de décès Paris, Royaume de France
Nationalité Française
Parti politique Montagne
Fratrie Thomas Lindet
Profession Avocat
Procureur
Religion Catholicisme

Signature de Robert Lindet

Robert Lindet
Maires de Bernay
Membres de la Convention nationale
Membres du Conseil des Cinq-Cents
Ministres de l'Économie et des Finances

Biographie

Origines sociales et familiales

Robert Lindet est issu de la bourgeoisie commerçante. Son père Thomas Lindet, mort en 1790, est marchand de bois et négociant. Il épouse en 1741 Anne-Marie Jouvin, fille d'un marchand bourgeois. De leur union naissent cinq enfants. Robert Lindet est le deuxième enfant du couple.

Son frère aîné est l'homme politique et homme d'église Robert-Thomas Lindet. Sa sœur Marie-Anne-Thérèse Lindet, née en 1751, morte en 1819, épouse en 1772 Charles Depierre de Villeneuve, issu lui aussi de la bourgeoisie marchande. Elle ne quitte pas sa ville natale et correspond avec ses frères durant la Révolution. Son frère François Lindet, né en 1752, mort en 1826, est membre de la Société populaire de Bernay.

Robert Lindet obtient la charge de conseiller au procureur en l'élection de Bernay le 11 septembre 1776[3]. Il est élu maire de la ville durant l'été 1789. Réfugié un temps à Caen, il y épouse le 18 floréal an VI (7 mai 1798) Marie-Agathe Elisabeth Mesnil. De leur union naît une fille, Élisabeth-Arsenne. Elle épouse le 22 août 1829 Alexandre Bodin, né en 1804 et mort en 1893. Il est originaire d'une famille lyonnaise de la bourgeoisie marchande. Il est député de l'Ain à l'Assemblée nationale législative sous la Deuxième République et au Corps Législatif sous le Second Empire.

Assemblée législative et Convention nationale

Il est élu député de l'Eure, premier sur les onze, à l'Assemblée nationale législative. Il fréquente le club des Jacobins et évolue du royalisme constitutionnel au républicanisme prononcé.

Son frère aîné et lui sont réélus, deuxième et troisième sur onze, députés en 1792 à la Convention nationale. Il siège sur les bancs de la Montagne. Au nom de la Commission des Vingt-et-Un formée le 6 décembre 1792[4], il présente son « Rapport sur les crimes imputés à Louis Capet » le 10 du même mois[5]. Il vote la mort du roi sans conditions lors du procès. Le 9 mars 1793, il émet un rapport sur le projet de loi concernant la création du Tribunal criminel extraordinaire[6]. Il vote contre la mise en accusation de Marat[7] et contre le rétablissement de la Commission des Douze[8]. Le 25 mars, Lindet est élu suppléant à la Commission de Salut public[9].Le 7 avril, il est élu suppléant au Comité de Salut public mais, devant le désistement de Jean Debry, est élu titulaire[10]. Sous la présidence de Guyton-Morveau, il assure avec Barère la fonction de secrétaire. Il quitte brièvement le Comité durant sa mission lyonnaise mais le réintègre le 22 juin afin de remplacer Mathieu, lui aussi envoyé en mission[11]. Il est renouvelé au sein du Comité le 11 juillet et il y siège sans discontinuer jusqu'au 15 vendémiaire an III (6 octobre 1794)[12]. Il détient avec Barère le record de longévité au sein du Comité. Il y se charge essentiellement de la correspondance, des questions financières et des subsistances. Lindet préside la Convention nationale entre le 2 et le 17 floréal an II (du 21 avril au 5 mai 1794). Ses secrétaires sont Pocholle, Hausmann et Dornier[13] - [14].

Lindet est envoyé en mission à plusieurs reprises durant son mandat. Le 8 mars 1793, il se rend auprès de la section parisienne du Panthéon[15] en compagnie de Jean-Baptiste Mailhe. Entre le 3[16] et le 17 juin[17], il est envoyé à Lyon auprès de l'armée des Alpes. Le 9 juillet 1793, il est envoyé en mission dans l'Eure avec Jean-Michel Duroy afin d'éteindre les troubles fédéralistes. Le 18 et le 19 juillet, leurs pouvoirs sont étendus au département du Calvados et ils sont attachés à l'armée des côtes de Cherbourg. Il est rappelé par les décrets des 19 et 26 octobre 1793 (5 brumaire an II).

S'il n'est pas particulièrement investi dans les luttes entre les différentes factions de la Convention, et s'il n'a pas joué de rôle décisif durant la crise du 9 thermidor, Lindet ne renie pas la politique de l'an II. Il prononce le quatrième sans-culottide de l'an II (20 septembre 1794) un discours qui prône l'unité et fait adopter des décrets assouplissant les lois de la Terreur. Il se solidarise de ses collègues Barère, Billaud-Varenne et Collot d'Herbois, dénoncés par les thermidoriens et par la Plaine. Affilié aux « derniers Montagnards », il est décrété d'arrestation le 9 prairial an III (27 mai 1795)[18] mais est autorisé à regagner son domicile pour des raisons de santé. Son élection au Conseil des Cinq-Cents en vendémiaire an IV, par les départements du Nord et de la Seine, sont invalidées, car il a été déclaré inéligible. Il bénéficie de l'amnistie du 4 brumaire an IV (26 octobre 1795) mais refuse les postes qu'on lui propose.

Impliqué dans la conjuration des Égaux, il se réfugie à Caen. Il est acquitté par la Haute-Cour de Vendôme. Il est élu député de l'Eure et de la Seine aux élections législatives de l'an VI mais son élection est invalidée par la loi du 22 floréal. Ministre des Finances du 5 thermidor an VII (23 juillet 1799) au coup d'État du 18 brumaire, il quitte la vie politique et reprend son activité d'avocat. Il ne signe pas l'Acte additionnel et, bien que régicide, n'est pas contraint à l'exil. Il meurt à Paris et repose au cimetière du Père-Lachaise.

Postérité

Une rue de Bernay porte son nom (elle est surnommée rue des révolutionnaires) ainsi que deux voies parisiennes situées dans le 15ème arrondissement, la rue Robert-Lindet et la villa Robert-Lindet.

Portrait présumé de Jean-Baptiste Robert Lindet, par Jacques-Louis David, 1795, Musée des beaux-arts du Canada.

Références

  1. Archives départementales de l'Eure, registre paroissial de Sainte-Croix de Bernay, baptêmes mariages et sépultures 1746-1755, 8 MI 412.
  2. Archives de Paris, registre d'état-civil reconstitué, décès, V3E / D954.
  3. Archives nationales, site de Paris, Grande chancellerie, V/1/483 pièce 17.
  4. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 54, séance du 6 décembre 1792, p. 400.
  5. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 54, séance du 10 décembre 1792, p. 740-746.
  6. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 60, séance du 9 mars 1793, p. 60.
  7. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 62, séance du 13 avril 1793, p. 54-55 et p. 71.
  8. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 65, séance du 28 mai 1793, p. 538.
  9. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 60, séances du 26 mars 1793, p. 581.
  10. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 61, séance du 7 avril 1793, p. 396-397.
  11. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 67, séance du 22 juin 1793, p. 69.
  12. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 98, séance du 15 vendémiaire an III (6 octobre 1794), p. 357.
  13. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 89, séance du soir du 1er floréal an II (20 avril 1794), p. 105.
  14. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 90, séance du 16 floréal an II (5 mai 1794), p. 86.
  15. Recueil des Actes du Comité de Salut public tome 2, Représentants en mission, séance du 8 mars 1793, p. 286.
  16. Recueil des Actes du Comité de Salut public, tome 4, Comité de Salut public, séance du 3 juin 1793, p. 430.
  17. Recueil des Actes du Comité de Salut public, tome 4, Comité de Salut public, séance du 17 juin 1793, p. 590.
  18. Françoise Brunel, « Les derniers Montagnards et l'unité révolutionnaire », Annales historiques de la Révolution française n°229, 1977, p. 392.

Écrits

  • Correspondance politique de brumaire an IV Ă  1823, recueillie et annotĂ©e par François Pascal, Paris, Ă©ditions SPM, 2011.

Filmographie

Bibliographie

  • « Robert Lindet », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [dĂ©tail de l’édition]
  • François Pascal, L'Économie dans la Terreur : Robert Lindet, 1746-1825, Paris, Éditions SPM, , 462 p. (ISBN 2-901952-30-5, prĂ©sentation en ligne).
  • « Lindet, Jean Baptiste Robert », Bernard Bodinier et AndrĂ© Goudeau, p. 758-760 in Michel Biard, Philippe Bourdin et HervĂ© Leuwers, Dictionnaire des Conventionnels 1792-1795, Ferney-Voltaire, Centre d'Ă©tude du XVIIIème siècle, 2022, 1307 p.
  • Amand Montier, Robert Lindet, notice biographique, avec une prĂ©face d'Etienne Charavay, Paris, Alcan, 1899, 444 p.

Liens externes

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