Accueil🇫🇷Chercher

Matra R530

Le missile Matra R530 est un missile air-air français de moyenne-portée. Apparu à la fin des années 1950, il a été par la suite amélioré en Super 530 puis Super 530 D.

Matra Super 530 F
Matra R530
Présentation
Type de missile Missile air-air à moyenne portée
Constructeur Matra
DĂ©ploiement 1980
Caractéristiques
Moteurs moteur fusée à carburant solide
Masse au lancement 250 kg
Longueur 3,5 m
Diamètre 0,263 m
Envergure 0,9 m
Vitesse Mach 4,5
PortĂ©e 25 km
Altitude de croisière 23 000 m
Charge utile 32 kg
Guidage semi-actif
Plateforme de lancement Mirage F1, Mirage 2000,Mirage III

DĂ©veloppement

Un Mirage IIIE de l'Escadron de chasse 1/30 Alsace équipé d'un Matra R530 en 1974.

Le programme de développement du missile 530 débuta au milieu des années 1950 et progressa du R530 d'origine au Super 530 D, en passant par le Super 530 F. Le R530 est basé sur l'expérience acquise par Matra (aujourd'hui MBDA) avec le développement du missile à guidage infrarouge R510 et du missile à guidage radar semi-actif R511 nécessitant l'éclairage de la cible tout le long du vol du missile. Ceux-ci étant utilisés par les Vautour et les Mirage III C (un exemplaire en position ventrale) de l'armée de l'air française, et l'Aquilon de l'aviation navale. Le R530 a été dessiné pour disposer de têtes de recherche interchangeable : une à guidage radar semi-actif pour la moyenne portée et une à guidage infrarouge pour l'utilisation à courte portée. Le R530 entra en service dans l'armée de l'air et l'aéronavale française en 1963 et sa production dura jusqu'à la fin des années 1970. Il est testé en à China Lake en Californie sur un F-8E de l'US Navy. Les tests reprennent le avec le premier avion de série F-8E(FN) destiné à la marine française caractérisé par une perche de nez pour effectuer des mesures. À cause de problèmes de fiabilité (taux d'échec de 65 % en 1980), il est abandonné en 1991[1].

Les Israéliens avaient acheté un nombre très limité de R530 pour armer leurs Mirage III J. Ils les ont tirés à partir de 1965 contre des Mig 17 ou 19, lors de combats aériens fréquents sur leurs frontières. Le résultat a souvent été un échec, car les conditions de tir étaient « hors domaine » : les interceptions étaient réalisées à vue et à distance faible ce qui conduisit à un programme pour l'amélioration du missile[2].

La conception du Super 530 F débuta en 1968, afin de répondre à un appel d'offres concernant un missile air-air pouvant intercepter des bombardiers à grande vitesse et à haute altitude. En 1970, le contrat de développement du Super 530 devant équiper le Mirage F1, était notifié à Matra et le développement à grande échelle débuta en 1971, et fut suivi de tests sur banc d'essai la même année et d'essais en vol de la tête chercheuse semi-active AD26 de Dassault Électronique en 1972. La première mise à feu d'un missile contrôlé s'effectua en 1973 et les deux premières mises à feu entièrement guidées eurent lieu en 1974. Le premier tir à partir d'un Mirage F1 fut réalisé en 1976 et mit fin aux essais. Le contrat de production fut signé à la fin de l'année 1977. Le Super 530 F entra en service au sein de l'armée de l'air française en 1980 et le premier tir à partir d'un Mirage 2000 eut lieu en 1981. Le Super 530 F pouvait être monté sur différentes plates-formes tels que le Mirage F1 C et le Mirage 2000 équipé de radar Doppler multimode.

Le troisième missile de la famille, le Super 530 D (D pour Doppler) a été développé afin de permettre l'interception d'avions volant à basse altitude et était équipé d'une tête chercheuse à guidage radar semi-actif sur impulsion Doppler continue (Continuous Wave (CW) Doppler). Le développement du Super 530 D débuta en 1979 afin de répondre à une demande de l'armée de l'air française pour équiper le Mirage 2000 RDI (radar Doppler à impulsions en bande X), il coûta 1,3 milliard de francs français. Les tirs de Super 530 D guidés par radar RDI eurent lieu en 1984 et le système fut totalement opérationnel en 1987. Environ un millier sont construits dont 590 pour la France[3]. Le , le dernier Super 530D de l'armée de l'air française a été tiré[4].

Description

Un S530D et un Magic 2 sous l'aile d'un Mirage 2000 en 1999.
Un missile R530.
Un missile R530 C exposé au musée du Bourget.

Le R530 possède quatre ailes delta, avec quatre surfaces de contrĂ´le triangulaires Ă  l'arrière. Le R530 mesure 3,28 m de long avec un diamètre de 263 mm, une envergure de 1,1 m et une masse au lancement de 195 kg. Le missile peut recevoir deux types de tĂŞte chercheuse interchangeables, une version Ă  guidage semi-actif et une autre Ă  guidage infrarouge. Les deux versions sont Ă©quipĂ©es d'une charge Ă  fragmentation Ă  haut pouvoir explosif de 27 kg.

Bien que souvent prĂ©sentĂ© comme un dĂ©veloppement du R530, le Super 530F n'a que peu de ressemblance avec son prĂ©dĂ©cesseur. Il possède un radĂ´me ogival en cĂ©ramique abritant l'antenne de la tĂŞte chercheuse AD26 et le système de guidage. Derrière celle-ci se trouve le dĂ©tonateur, la charge militaire, le module de sĂ©curitĂ© et d'armement et le moteur fusĂ©e. GroupĂ©s autour du moteur, on trouve les gyroscopes, la batterie, le gĂ©nĂ©rateur Ă©lectrique et les vĂ©rins des surfaces de contrĂ´le. Le missile est Ă©quipĂ© d'ailes cruciformes en nid d'abeilles en acier, qui lui procurent sa portance et lissent le flux d'air pour les surfaces de contrĂ´le. Le Super 530 F mesure 3,54 m de long pour un diamètre de 263 mm et une envergure de 0,88 m. Sa masse au lancement est de 245 kg. Il est Ă©quipĂ© d'une charge militaire Ă  fragmentation et Ă  haut pouvoir explosif de 30 kg qui lui procure une zone mortelle d'environ 20 m. Il est guidĂ© par une tĂŞte chercheuse semi-active AD26. Le missile se dirige grâce Ă  l'onde radar Ă©mise par l'avion lanceur qui est rĂ©flĂ©chie par sa cible. La propulsion est rĂ©alisĂ©e par un moteur Ă  carburant solide fabriquĂ© par SNPE, qui accĂ©lère le missile jusqu'Ă  une vitesse de l'ordre de Mach 4,5. Le Super 530 F est dĂ©crit comme ayant une portĂ©e maximum de 25 km, une altitude d'interception de 23 000 m et une capacitĂ© ascensionnelle de 9 000 m.

Le Super 530 D rĂ©cupère les mĂŞmes propriĂ©tĂ©s aĂ©rodynamiques gĂ©nĂ©rales et le mĂŞme agencement interne que son prĂ©dĂ©cesseur le Super 530 F, avec son empennage cruciforme Ă  l'arrière. Cependant, son corps en acier inoxydable est plus long afin de loger un nouveau radĂ´me et une nouvelle tĂŞte chercheuse. Il est aussi dotĂ© d'un moteur plus puissant. Le Super 530 D mesure 3,8 m de long pour un diamètre de 263 mm et une envergure de 0,62 m ; sa masse au lancement est de 270 kg et il est dotĂ© de la mĂŞme charge militaire que le Super 530 F. Il est guidĂ© par une tĂŞte chercheuse Ă  guidage radar semi-actif sur impulsion Doppler continue AD26 dotĂ© de capacitĂ©s contre contre-mesures Ă©lectroniques (ECCM) et contre les avions volant Ă  basse altitude amĂ©liorĂ©es. Le potentiel de fonctionnement de l’autodirecteur Ă©tait limitĂ© Ă  25 heures, son utilisation continue lors de patrouille sans tir n'Ă©tait pas prĂ©vue Ă  l'origine, mais il a Ă©tĂ© portĂ© Ă  200 heures après essais[5]. L'unitĂ© guidage du Super 530 D est aussi Ă©quipĂ©e de microprocesseurs numĂ©riques, capables d'ĂŞtre reprogrammĂ©s face Ă  de nouvelles menaces. Le Super 530 D possède une altitude maximum d'interception de 24 400 m. Sa capacitĂ© ascensionnelle est de 12 200 m et il peut intercepter une cible Ă  une altitude minimale de 60 m. La vitesse maximale du missile est proche de Mach 5 et son rayon d'action est de 40 km. CombinĂ© au radar Cyrano IV, il est capable d’aller chercher une cible hostile volant Ă  Mach 3 Ă  18 300 metres avec un dĂ©nivelĂ© de plus 3 050 metres par rapport Ă  l'intercepteur.

Tableau récapitulatif

R530 Super 530 F Super 530 D
Année de mise en service 1963 1980 1987
Longueur 3,28 m 3,54 m 3,80 m
Diamètre du corps 263 mm 263 mm 263 mm
Envergure 1,1 m 0,88 m 0,62 m
Masse au lancement 195 kg 245 kg 270 kg
Charge militaire 27 kg HE fragmentation 30 kg HE fragmentation 30 kg HE fragmentation
DĂ©tonateur Radar frequency Radar frequency Radar actif
Guidage Radar semi-actif ou infrarouge Radar semi-actif Radar semi-actif
Propulsion Carburant solide Carburant solide Carburant solide
Portée 15 km (radar) ou 3 km (IR) 25 km 40 km
Altitude maximale ? 23 000 m 24 400 m

Statut

Mirage IIIC de l'escadron de chasse 2/10 Seine en 1980 armé d'un Matra R530.
Un Mirage F-1 de l'escadron de chasse 2/30 Normandie-Niemen et un de l'escadron de chasse 3/30 Lorraine en 1986 armé de Matra R530.

La famille des missiles R530 peut être montée sur les plates-formes suivantes :

Le missile R530 est entrĂ© en service en 1963 et près de 4 000 unitĂ©s furent produites jusqu'en 1978. La première victime de ce missile fut un MiG-19 Ă©gyptien qui fut descendu par un Mirage III de l'armĂ©e de l'air israĂ©lienne le pendant la guerre des Six Jours. Ce fut aussi le premier avion abattu au missile par un pilote israĂ©lien. Il est surnommĂ© « Yahalom » par les IsraĂ©liens. Depuis, les R530 ont aussi Ă©tĂ© utilisĂ©s avec succès par les Mirage F1 EQ de l'armĂ©e de l'air irakienne (de 1982 Ă  1988, plusieurs victoires ont Ă©tĂ© homologuĂ©es face aux avions de l'armĂ©e de l'air iranienne (IRIAF). En 2012, on annonce qu'un F-100F Super Sabre turc a Ă©tĂ© abattu le Ă  la suite d'une violation de frontière[6]).

Le Super 530 F est entré en service dans l'armée de l'air française en 1980 et sa production dura jusqu'en 1985. Le développement du Super 530 D débuta en 1979 et fut mis en service en 1987. Un total de 2390 Super 530 F et Super 530 D furent commandés.

Les missiles de la famille furent en outre exportés vers de nombreux pays :


En 1994, le Qatar vend quarante missiles à un « nation amie », dont un sera saisi, en 2019, chez des néofascistes italiens[8]. Inerte et sans câblage interne, il a été libéré de sa saisie en octobre 2021[9].

En aout 2020, la société privée Draken International qui exploite des Mirage F1 aux États-Unis en vue d’en faire des plastrons d’entrainement pour l’USAF découvre un missile parmi les matériels qu'elle réceptionne[10].

Notes et références

  1. « Vought (Chance) F-8E/P (FN) » (consulté le ).
  2. « De 1959 à 1979 : La maturité, chapitre 8 », sur Les missiles tactiques de 1945 à 2000 (consulté le ).
  3. René Carpentier, Les missiles tactiques, Eurosae, , 336 p. (lire en ligne), p. 302.
  4. « Dernier tir d’un missile S530D », info-aviation, (consulté le ).
  5. René Carpentier, Les missiles tactiques, Eurosae, , 336 p. (lire en ligne), p. 150.
  6. (en) David Cenciotti, « 30 years later, Ankara admits Turkish Air Force jet was shot down by Iraq », sur https://theaviationist.com/, (consulté le ).
  7. Jean-Marc Nesme, « Rapport fait au nom de la commission des affaires étrangères sur le projet de loi, adopté par le Sénat, autorisant l’approbation de l’accord entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République d’Irak relatif à la coopération dans le domaine de la défense » [PDF], sur Assemblée nationale, (consulté le ).
  8. « Le Qatar dit avoir vendu en 1994 le missile découvert chez des néo-nazis italiens »,
  9. https://theaviationist.com/2021/10/27/matra-r-530f-collectors-item/
  10. Frédéric Lert, « Un missile à très longue portée », sur Aerobuzz, (consulté le )

Bibliographie

  • Air ActualitĂ© no 570
  • Jane's Handbooks

Lien externe

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.