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MACSF (IMOCA)

Safran est un voilier monocoque de course au large appartenant Ă  la classe des 60 pieds IMOCA, mis Ă  l'eau en 2007. Premier nĂ© de la collaboration entre le cabinet d'architectes VPLP, spĂ©cialiste du multicoque, et Guillaume Verdier, et bĂ©nĂ©ficiant du soutien technique et financier du groupe Safran, ce 60 pieds marque une Ă©volution importante dans la construction de ce type de voilier, en alliant lĂ©gèretĂ© et puissance, avec une carène aux bouchains très vifs et aux formes pleines Ă  l'avant, ainsi que des dĂ©rives courbes portantes. Il est depuis considĂ©rĂ© comme l'un des voiliers rĂ©fĂ©rences du circuit IMOCA.

MACSF
illustration de MACSF (IMOCA)
Safran sous voile dans la baie de Quiberon en 2007

Autres noms 2015-2017 : Groupe QuĂ©guiner – LeucĂ©mie Espoir
2017 : Generali
2018 : Monin
2019 : MACSF
Type Yacht
Classe 60 pieds IMOCA
Gréement sloop
Histoire
Architecte Van Peteghem-Lauriot Prévost et Guillaume Verdier
Chantier naval Thierry Eluère, chantier naval de Larros Gujan-Mestras
Lancement 6 août 2007
Caractéristiques techniques
Longueur 60 pieds (18,28 m)
MaĂ®tre-bau 5,60 m
Tirant d'eau 4,50 m
DĂ©placement 8,2 t
Voilure 240 m2 au près
570 m2 au portant
Carrière
Armateur 2007-2014 : Groupe Safran
2015-2017 : Quéguiner Voile et Océan
depuis 2017 : Lanic Sport Team
Port d'attache 2007-2014 : La Trinité-sur-Mer
depuis 2017 : Lorient

Ă€ son bord, le skipper Marc Guillemot a notamment remportĂ© la Transat Jacques-Vabre 2009 et le championnat du monde IMOCA la mĂŞme annĂ©e. Dans le VendĂ©e Globe, après une troisième place en 2008-2009, Safran perd sa quille en titane cinq heures après le dĂ©part de l'Ă©dition 2012. Après une dernière troisième place dans la Route du Rhum 2014, le 60 pieds est repris par Yann Eliès, sous les couleurs de Groupe QuĂ©guiner – LeucĂ©mie Espoir. Toujours très performant dix ans après sa conception, il se classe troisième de la Transat Jacques-Vabre 2015.

Le Lanic Sport Team d'Alain Gautier rachète le voilier en 2017. Barré par Isabelle Joschke, il prend les couleurs de Generali. En 2018, le Lanic Sport Team et Joschke changent de sponsor. Le bateau s'appelle Monin. En 2019, un deuxième sponsor devient partenaire principal. Le bateau s'appelle désormais MACSF. Sa structure est renforcée. Il est équipé de foils et d'un mât-aile.

Conception et caractéristiques

un bateau de course dans un port.
Safran à La Trinité-sur-Mer en 2008. Le bouchain très vif et les dérives courbes portantes sont nettement visibles.

Au dĂ©but des annĂ©es 2000, l'architecte Guillaume Verdier, ancien du cabinet Finot-Conq, commence Ă  travailler Ă  un projet de 60 pieds IMOCA avec Vincent Lauriot-PrĂ©vost, du cabinet VPLP, concepteur reconnu de nombreux multicoques[1]. Après des projets pour Jean Maurel et Alex Thomson, Verdier et VPLP sont approchĂ©s par Marc Guillemot en 2005 et le projet est validĂ© par le groupe Safran en dĂ©cembre 2005[2]. La gestion de projet et la conception du grĂ©ement et du plan de pont sont confiĂ©es Ă  VPLP et Safran, tandis que Guillaume Verdier s'attache Ă  concevoir la carène, les appendices (safrans, quille et dĂ©rives) et la structure[2].

La conception du 60 pieds a nĂ©cessitĂ© un total de 4 600 heures de recherches, de dĂ©veloppement et d'Ă©tudes[3]. Elle est axĂ©e sur deux principes forts : lĂ©gèretĂ© et puissance[1]. « Nous avons constatĂ© sur les trimarans ORMA que plus le bateau est lĂ©ger, plus un homme seul peut aller vite tout le temps », confie Vincent Lauriot-PrĂ©vost[2]. Trois carènes ont Ă©tĂ© testĂ©es dans des bassins Ă  Southampton. La carène retenue tranche radicalement avec les plans prĂ©cĂ©demment dessinĂ©s par Finot-Conq, alors considĂ©rĂ© comme la rĂ©fĂ©rence absolue, Marc Lombard, Bruce Farr ou Owen Clarke Design. C'est des planches Ă  dessin de ce dernier cabinet qu'est sorti Ecover 2, le 60 pieds que Verdier et Lauriot-PrĂ©vost considèrent comme le plus performant, performances qui serviront de rĂ©fĂ©rence aux architectes français[4]. Ainsi, pour une puissance thĂ©orique identique, les architectes ont dessinĂ© une coque plus Ă©troite donc moins lourde et, grâce au bouchain très marquĂ©, crĂ©ant moins de surface mouillĂ©e. Cette surface mouillĂ©e, qui rĂ©duit la vitesse du bateau, est minime Ă  un angle de gĂ®te de 25°, bien supĂ©rieur au 15° des autres IMOCA[1]. Avec un tel angle de gĂ®te, le voile de la quille crĂ©e de la portance qui sustente le voilier, rĂ©duisant encore sa surface mouillĂ©e. Verdier augmente cet effet de portance en donnant 5° de « tilt » Ă  la quille, en dĂ©calant de 5° l'axe de rotation de la quille par rapport Ă  l'axe de flottaison du bateau[4] - [5]. Enfin, les dĂ©rives courbes, inspirĂ©es de celles des trimarans ORMA, jouent Ă©galement un rĂ´le de sustentation tout en permettant de gagner de la place Ă  l'intĂ©rieur[4].

Le plan de formes de Safran est considéré très performant et a servi de référence pour les autres unités de la classe IMOCA dessinées par les architectes navals Marc Van Peteghem, Vincent Lauriost-Prévost et Guillaume Verdier[6] - [7] - [8].

le cockpit d'un voilier de course
Toutes les manœuvres traversent le rouf dans un tunnel et reviennent au centre du cockpit, où les cinq winches sont centrés, pour un meilleur équilibre du bateau.

Bien qu'issu de la filière du multicoque, où les mâts-ailes sont généralisés, Marc Guillemot fait le choix d'un mât classique, à trois étages de barres de flèche[2]. Vincent Lauriot-Prévost recule le mât d'environ un mètre, permettant de rapprocher les poids autour du centre de carène[4]. Dans le même esprit, toutes les manœuvres traversent le rouf dans un tunnel et reviennent au centre du cockpit, où les cinq winches sont centrés, pour un meilleur équilibre du bateau[2]. Protégé par la casquette du rouf et le rail d'écoute de grand-voile, le skipper a à portée de main l'ensemble des manœuvres nécessaires à la bonne marche du voilier[9].

La structure interne compte quatorze cloisons, quand les autres 60 pieds n'en ont souvent que cinq ou six, ce qui permet de rĂ©duire l'Ă©chantillonnage, c'est-Ă -dire l'Ă©paisseur des bordĂ©s, donc leur poids[10]. Le fond est constituĂ© de trois ballasts : 2 000 litres Ă  l'avant, 2 000 litres au centre et 1 000 litres Ă  l'arrière[9]. La cabine est très dĂ©pouillĂ©e. Les instruments sont fixĂ©s sur un simple panneau vertical[11].

la plage arrière d'un voilier
La plage arrière de Safran est dessinĂ©e en « dos d'âne » pour abaisser le centre de gravitĂ© et faciliter le matossage des voiles.

D'un coĂ»t de 3 millions d'euros[10] - [12], la construction commence en septembre 2006 au chantier naval de Larros Ă  Gujan-Mestras, en Gironde, dirigĂ© par Thierry Eluère, pour une livraison prĂ©vue fin mars 2007[13]. Le chantier arcachonais est choisi face Ă  CDK Technologies, JMV Industries ou Multiplast car Eluère s'engage Ă  ne construire aucun autre voilier pour se consacrer uniquement Ă  celle de Safran[10]. Le groupe Safran s'implique Ă©galement dans la construction, en fournissant des matĂ©riaux comme le carbone et en concevant et rĂ©alisant le voile de quille en lames de carbone dans les ateliers de Profil Composites puis usinĂ©e par Aircelle. Au bout du voile de quille d'Ă  peine 300 kg se trouve un bulbe de 3,5 t, pour un dĂ©placement total du voilier de 8,2 t. La soliditĂ© de l'ensemble a Ă©tĂ© vĂ©rifiĂ©e par les Ă©quipes de Snecma Propulsion Solide[14]. Le voilier est finalement mis Ă  l'eau le 6 aoĂ»t 2007, après 22 000 heures de construction[10].

En 2011, la quille d'origine est remplacĂ©e par une quille en titane, conçue par Guillaume Verdier[15]. Voyant le 60 pieds comme une vitrine de son savoir-faire, le groupe Safran la rĂ©alise lui-mĂŞme Ă  partir d'un lingot aĂ©ronautique provenant sa filiale Messier-Bugatti-Dowty[16]. Pour Verdier, « le titane associe une grosse densitĂ© et des propriĂ©tĂ©s homogènes sur l’ensemble du matĂ©riau. Il possède une plus grande fiabilitĂ© que le carbone composite, qui prĂ©sente un risque de dĂ©laminage en cas de choc violent, et est plus lĂ©ger que l’acier, ce qui permet d’abaisser le centre de gravitĂ©[16] ». De fait, le voile de quille est Ă©galement plus fin et gĂ©nère donc moins de trainĂ©e, ralentissant la marche du voilier[17]. Cette quille, conçue pour des raisons de fiabilitĂ© et de soliditĂ© et qui fait la fiertĂ© du projet, cède pourtant 55 milles après le dĂ©part du VendĂ©e Globe 2012-2013[18]. Après avoir envisagĂ© un choc avec un OFNI, Guillaume Verdier et GĂ©rard Lepage, prĂ©sident du Safran Sailing Team, annoncent que la rupture est due Ă  la conjonction de plusieurs facteurs, notamment Ă  une fatigue au niveau de la soudure entre la tĂŞte et le voile[17].

Historique

2007-2014 : Safran – Marc Guillemot

un voilier Ă  contre-jour
Safran à l'entraînement en août 2007.

Après sa mise Ă  l'eau le 6 aoĂ»t 2007, Safran est baptisĂ© au Havre le 1er septembre ; dans la foulĂ©e, Marc Guillemot et Charles Caudrelier rallient La TrinitĂ©-sur-Mer, ce qui les qualifie pour la Transat Jacques-Vabre 2007[19]. Il participe alors Ă  plusieurs sessions d'entraĂ®nement Ă  Port-la-ForĂŞt avec Brit Air (Armel Le ClĂ©ac'h), Foncia (Michel Desjoyeaux), Generali (Yann Eliès) et Roxy (Samantha Davies[20]. Pour leur première course, Marc Guillemot et Charles Caudrelier remportent le prologue de la Transat Jacques-Vabre, au cours duquel la puissance de Safran lui permet de revenir de l'avant-dernière Ă  la première place de la flotte de seize monocoques[21]. Safran s'empare de la tĂŞte Ă  Ouessant mais la perd sept jours plus tard au sud des Canaries en raison d'un empannage ratĂ©, avec la chute du spi sous le bateau. FragilisĂ©, celui-ci explose quelques jours plus tard[22]. ArrivĂ© finalement deuxième Ă  Salvador de Bahia, 54 minutes après Michel Desjoyeaux, Guillemot se montre très satisfait de Safran, de sa vitesse et de sa qualitĂ© de construction[23]. Il prend le dĂ©part de la Transat B to B, qui ramène la flotte en France. Au contact avec le leader LoĂŻck Peyron sur Gitana Eighty après le passage du Pot-au-Noir, Guillemot est victime d'une rupture du vĂ©rin de la quille pendulaire et arrive en cinquième position, 23 heures après le Baulois[24].

Ă€ l'issue de la transat, Safran passe les trois premiers mois de l'annĂ©e 2008 en chantier, pour rĂ©parer la quille et son vĂ©rin et fiabiliser le 60 pieds avant la Transat anglaise 2008[25]. Fin avril, Guillemot participe en Ă©quipage au grand prix Petit Navire Ă  Douarnenez, « un bon test avant la Transat que de pouvoir se comparer aux autres sur des runs de vitesse[26] ». Avec un nouveau jeu de voile, Safran termine troisième, derrière Gitana Eighty et Foncia. Avant le dĂ©part de la Transat anglaise, Safran est Ă©quipĂ© d'une camĂ©ra thermique dĂ©veloppĂ©e par Sagem pour dĂ©tecter les objets flottants non identifiĂ©s et notamment les growlers, des morceaux de glace dĂ©tachĂ©s d'un iceberg[27]. Au dĂ©part de Plymouth, Marc Guillemot double le phare d'Eddystone, première marque de parcours, en deuxième position, trois minutes après LoĂŻck Peyron. La nuit suivante, Safran est pris dans un grain et chavire. Marc Guillemot se blesse aux cĂ´tes dans la manĹ“uvre mais, après avoir actionnĂ© la quille pendulaire et pris des calmants[28], il reprend la course après avoir concĂ©dĂ© une vingtaine de milles. Il fait l'essentiel de la traversĂ©e en tĂŞte du peloton, sur une trajectoire très au sud par rapport au groupe des six puis trois leaders, en raison des abandons de Michel Desjoyeaux, SĂ©bastien Josse et Vincent Riou, et arrive en quatrième position Ă  Boston[29].

Portrait de Marc Guillemot
Marc Guillemot, skipper de Safran de 2007 Ă  2014.

Lors du convoyage retour vers la France, Safran casse une dĂ©rive, ce qui l'empĂŞche de participer au Record SNSM[30]. Le 60 pieds entre en chantier d'optimisation pour la navigation en solitaire avant le VendĂ©e Globe 2008-2009. Tous les appendices et le grĂ©ement, Ă  l'exception du mât, sont changĂ©s pour renforcer leur soliditĂ©. L'idĂ©e gĂ©nĂ©rale a Ă©tĂ© de « gagner du poids dans les Ă©lĂ©ments hauts pour le mettre dans les Ă©lĂ©ments bas », selon Thierry Brault, responsable du Safran Sailing Team[31]. Après le parcours de qualification nĂ©cessaire pour valider ces modifications, Marc Guillemot participe au mois de septembre Ă  plusieurs stages de prĂ©parations avec huit autres skippers Ă  Port-la-ForĂŞt[32]. Après un bon dĂ©part dans le golfe de Gascogne, une mauvaise manĹ“uvre lui coĂ»te sept places Ă  l'approche du cap Finisterre puis un mauvais choix tactique – la traversĂ©e des Canaries en leur centre – double la sanction : Safran double le Cap-Vert en quatorzième position, deux cent milles derrière Peyron[33]. Guillemot se maintient en dixième position pendant toute la descente de l'Atlantique sud[34]. Il dĂ©plore alors des problèmes de pilotes automatiques, qui l'empĂŞchent de suivre le rythme des premiers mais surtout du revenant Michel Desjoyeaux[35] qui le passe au niveau de l'Ă®le de Gough[36]. Le 11 dĂ©cembre, Safran heurte violemment un cĂ©tacĂ©, brisant la dĂ©rive tribord, que Marc Guillemot – ayant eu « la peur de [sa] vie[37] » – remplace avec la dĂ©rive de secours[38]. Le 16 dĂ©cembre, une avarie du rail de la grand-voile le contraint Ă  affaler en grand, dans plus de 30 nĹ“uds de vent, pour effectuer une rĂ©paration sommaire : la tĂŞtière de la grand-voile, sortie du rail, ne permettait plus le rĂ©glage correct de la hauteur de la voile qui restait bloquĂ©e au niveau du deuxième ris[39]. Deux jours plus tard, Yann Eliès sur Generali se brise le fĂ©mur et Marc Guillemot se dĂ©route pour lui porter assistance[40] - [41]. Safran reste 48 heures Ă  la cape autour de Generali avant que la frĂ©gate australienne HMAS Arunta rĂ©cupère le marin blessĂ©[42]. Le 27 dĂ©cembre, Marc Guillemot fait escale Ă  Sandy Bay, au nord des Ă®les Auckland, au sud de la Nouvelle-ZĂ©lande, pour rĂ©parer son rail et sa drisse de grand-voile[43]. Ă€ Sandy Bay, Marc Guillemot constate que les dĂ©gâts sont plus importants que prĂ©vu et dĂ©cide d'attendre le lever du jour. Au milieu de la nuit, la ligne de mouillage rompt, contraignant Guillemot Ă  manĹ“uvrer dans une zone inconnue. Le lendemain, il passe deux heures et trente minutes Ă  17 mètres de haut pour rĂ©parer le rail, sous les yeux de deux scientifiques et 150 lions de mer. Sa rĂ©paration effectuĂ©e, Safran repart finalement après douze heures d'escale, en neuvième position[44]. Reparti tambour battant, Marc Guillemot est Ă  nouveau victime de son rail de grand-voile, qui a cĂ©dĂ© Ă  un autre endroit, bloquant la voile au niveau du troisième ris[45]. La première terre oĂą il pourrait rĂ©parer Ă©tant le cap Horn, Marc Guillemot procède Ă  une nouvelle rĂ©paration de fortune, traversant le Pacifique avec deux ris dans la grand-voile[46]. Il franchit le cap Horn le 12 janvier en cinquième position[47] et fait une nouvelle halte de six heures Ă  Port Stanley, dans l'archipel des Malouines pour rĂ©parer, de manière incomplète, son rail de grand voile[48]. Le 20 janvier, Safran dĂ©passe Roxy et Samantha Davies, chassĂ©e depuis le dĂ©part des Ă®les Auckland[49] mais, enferrĂ© dans les calmes de la cĂ´te brĂ©silienne puis victime de la rupture de la bastaque tribord, il laisse la Britannique repasser devant une semaine plus tard[50]. Alors qu'il revenait sur Roxy au large des Açores, Safran perd sa quille, endommagĂ©e depuis le choc au large des Kerguelen. Toutefois, Marc Guillemot dĂ©cide de remplir autant que possible ses ballasts et continuer la course, Ă©tant situĂ© Ă  975 milles des Sables-d'Olonne[51] - [52]. ArrivĂ© en quatrième position aux Sables, Marc Guillemot est finalement classĂ© troisième, après application de la bonification de 82 heures accordĂ©e par le jury de la course en raison de son assistance Ă  Yann Eliès[37]. Cette troisième place permet au skipper trinitain de dĂ©crocher la deuxième place du championnat du monde IMOCA derrière Armel Le ClĂ©ac'h[53].

Le 19 février 2009, quatre jours après l'arrivée de Marc Guillemot aux Sables-d'Olonne, Safran est sorti de l'eau et mis en chantier à Saint-Philibert, près de La Trinité-sur-Mer, pour une profonde refonte à la suite du tour du monde[54]. Mis à part les problèmes de quille et de rail de grand-voile, le bateau est en relativement bon état. Seul le démontage du reste de la quille a posé quelques difficultés à l'équipe technique[55]. Au cours des deux mois de chantier, chaque pièce est démontée, révisée et changée lorsque cela était nécessaire. Remis à l'eau au début de juin 2009, Safran remporte le Record SNSM[56]. Le 9 août, il prend le départ de la Fastnet Race, premier test pour les nouvelles voiles et les nouveaux hydrogénérateurs avant la Transat Jacques-Vabre 2009, et arrive troisième IMOCA à Plymouth[57]. Trois stages de préparation à la transat ont lieu à Port-la-Forêt en septembre et octobre, avant le départ donné le 8 novembre[58]. Safran prend le meilleur sur la ligne de départ[59] avant de laisser la tête à BT (Sébastien Josse et Jean-François Cuzon). En seconde place au passage d'Ouessant, Marc Guillemot et Charles Caudrelier reprennent la première place au quatrième jour de course, privilégiant une option offensive à l'approche d'une grosse dépression[60], qui fait de nombreux dégâts dans la flotte, dont les abandons de BT, DCNS et Hugo Boss. Au passage des Antilles, Safran maintient son avance en tête devant son sister-ship Groupe Bel de Kito de Pavant et François Gabart[61]. Le suspense dure jusqu'à l'arrivée, Safran devançant Groupe Bel de quatre-vingt-dix milles à Puerto Limon[62]. Grâce à cette victoire, Marc Guillemot est sacré champion du monde IMOCA[63].

Devenu la rĂ©fĂ©rence du circuit IMOCA[64], Safran bĂ©nĂ©ficie d'un important chantier d'allègement entre fĂ©vrier et avril 2010 pour faire face aux arrivĂ©es de PRB (Vincent Riou), Virbac Paprec 3 (Jean-Pierre Dick) et Foncia, (Michel Desjoyeaux), trois plans Verdier / VPLP dont la mise Ă  l'eau est annoncĂ©e pour 2010[65]. Le rouf est redessinĂ© et allongĂ© pour mieux protĂ©ger le skipper et le support des winchs est remplacĂ© par un modèle plus lĂ©ger, de mĂŞme que la goulotte, le tunnel par lequel les bouts et les drisses traversent la cabine et le rouf[66]. La structure et les Ă©lĂ©ments mĂ©caniques et Ă©lectriques du voilier sont Ă©galement intĂ©gralement vĂ©rifiĂ©s et changĂ©s en cas de nĂ©cessitĂ©. Arborant une nouvelle peinture grise plus foncĂ©e, Safran est remis Ă  l'eau le 16 avril 2010 Ă  La TrinitĂ©. Lors du grand-prix Guyader de Douarnenez, première confrontation avec le nouveau PRB, construit dans le moule de Safran, Marc Guillemot remporte les runs de vitesse et termine troisième des courses en flotte, qui ont vu la victoire de Vincent Riou[67]. Au mois de juin, Safran remporte « logiquement » le Tour d'Espagne, grâce Ă  la parfaite connaissance du skipper de son bateau et des amĂ©liorations constantes qui y ont Ă©tĂ© apportĂ©es[68]. Après de nouvelles fiabilisations au niveau des pilotes automatiques pendant l'Ă©tĂ©, le 60 pieds participe en septembre Ă  une nouvelle sĂ©rie de stages Ă  Port-la-ForĂŞt avant le dĂ©part de la Route du Rhum 2010[69].

2015 - 2017 : Groupe Quéguiner – Yann Eliès

un voilier vu depuis bâbord.
Quéguiner-Leucémie Espoir au retour de la Fastnet Race 2015 au large de Roscoff.

À l'issue de la troisième place de Marc Guillemot dans la Route du Rhum 2014, Safran est acquis par Yann Eliès, dans le but de participer au Vendée Globe 2016-2017[70].

Après une mise à l'eau le 23 juin 2015 à Lorient, Groupe Quéguiner participe à la Fastnet Race puis à la Transat Jacques-Vabre 2015[71].

2017 : Generali - Isabelle Joschke

À l'issue de la cinquième place de Yann Eliès sur le Vendée Globe 2016, Groupe Quéguiner est racheté par le Lanic Sport Team que dirige Alain Gautier. Confié à Isabelle Joschke, il prend les couleurs et le nom de l'assureur italien Generali[72] - [73]. Joschke s'aligne avec Pierre Brasseur au départ de la Transat Jacques-Vabre 2017. Generali termine 8e de la classe Imoca[74].

2018 : Monin - Isabelle Joschke

En 2018, Isabelle Joschke poursuit sa collaboration avec le Lanic Sport Team et signe un partenariat de quatre ans avec Monin, en vue notamment du Vendée Globe 2020-2021[75]. Le , elle prend le départ de la Route du Rhum. Le 6, une défaillance du pilote automatique provoque un virement de bord. Monin démâte aussitôt[76]. Joschke annonce son abandon quatre jours plus tard.

2019 : MACSF - Isabelle Joschke

En quête d'un co-sponsor, Isabelle Joschke et Alain Gautier trouvent en définitive un sponsor principal. En décembre 2018, MACSF s'engage pour un sponsoring de trois ans auprès d'Isabelle et devient partenaire principal. Après deux années « avec des moyens limités », Alain se félicite de pouvoir « passer à la vitesse supérieure[77] ».

Huit mois de chantier[78] vont permettre à l'Imoca d'être optimisé et fiabilisé. Afin de pouvoir rivaliser dans un Vendée Globe où deux bateaux sur trois seront des foilers, il va être équipé de foils et d'un mât-aile avec outriggers. VPLP se charge de concevoir le renforcement de la structure du bateau. Il dessine également les foils « troisième génération », qui sont fabriqués par Multiplast, à Vannes, et mis en place au chantier Gepeto Composite de Lorient. Le mât-aile est conçu par Lorima[79]. Une casquette plus enveloppante offre un meilleur confort. Le pilote automatique est remplacé[80].

Voilier gris avançant au moteur, vu en entier, de profil.
Le MACSF d'Isabelle Joschke, Ă  Lorient, son port d'attache, en septembre 2022.

Le , MACSF est mis à l'eau à Lorient[78]. Il est maintenant plus lourd, et perd de la capacité au près. « Une polyvalence n'est jamais parfaite[81] », admet Alain Gautier. Mais les ingénieurs tablent sur un gain de performance de l'ordre de 30 % dans les conditions optimales[81]. Le Défi Azimut 2019, à Lorient, permet de valider toutes les nouveautés du bord. Gautier se déclare satisfait : « Durant ses vols, MACSF reste bien dans son assiette longitudinale. C'était très important pour nous[81]. » Les foils sont polyvalents, et non typés exclusivement « portant » comme ceux de Hugo Boss. La hauteur de vol n'est pas non plus une priorité. D'une part, les safrans de MACSF sont un peu courts. D'autre part, aucun bateau ne volera sur tout le parcours du Vendée Globe[81]. « Je ne dis pas que le vol en Imoca, c’est pour amuser la galerie, tempère Alain Gautier, mais les progrès réalisés dans la conception des foils, génération après génération, sont là aussi pour soulager plus encore les bateaux, les sustenter et leur donner de la raideur[81]. »

Palmarès

2007-2014 : Safran – Marc Guillemot

2015-2017 : Groupe Quéguiner – Yann Eliès

2017 : Generali - Isabelle Joschke

2018 : Monin - Isabelle Joschke

Depuis 2019 : MACSF - Isabelle Joschke

  • 2019
    • DĂ©fi Azimut

Notes et références

  1. Dominic Bourgeois, « Vendée Blog : les clés de l’architecture », sur Voiles et Voiliers, (consulté le )
  2. Dominic Bourgeois, « Le pari de la légèreté », Course au large,‎ , p. 46-50 (lire en ligne).
  3. « Dernière ligne droite pour SAFRAN », sur Course au Large, (consulté le )
  4. Dominic Bourgeois, « Guillaume Verdier (2) : La confirmation… », sur Voiles et Voiliers, (consulté le )
  5. Dominic Bourgeois, « Vincent Riou : «Une jauge à restriction pour une flotte homogène» », sur Voiles et Voiliers, (consulté le )
  6. Laurence Schreiner, « Vendée Globe : Vingt ans d'expérimentations technologiques », Le Figaro,‎ (lire en ligne)
  7. « Marc Guillemot, un compétiteur-né », Bretagne Infonautisme, (consulté le )
  8. Frédéric Augendre, « Le match des architectes », Voiles et Voiliers, vol. 477,‎ , p. 72-79.
  9. Dominic Bourgeois, « Safran, l'épice du large », Course au large,‎ , p. 42-43 (lire en ligne).
  10. Pierre-Marie Bourguinat, « De mèche avec Safran », Voiles et Voiliers, no 453,‎ , p. 94-101.
  11. Loïc Le Bras, « Intérieurs spartiates », Voiles et Voiliers, no 441,‎ , p. 106.
  12. Safran Sailing Team, « Diaporama de la construction du 60 pieds », sur Guillaume Verdier (consulté le )
  13. « Thierry Eluère construira le 60´ Safran », sur Course au Large, (consulté le )
  14. Yves Douguin, « Les secrets d'une formule 1 des mers », sur usinenouvelle.com, (consulté le )
  15. « Safran : Quille en titane », sur Eurosport, (consulté le )
  16. Patrice Desmedt, « Transat Jacques Vabre : Safran en course avec sa quille en titane », sur usinenouvelle.com, (consulté le )
  17. Pierre-Marie Bourguinat, « Décryptage : la quille titane de Safran en question ? », Voiles et Voiliers, no 506,‎ , p. 80.
  18. « Vendée Globe : Guillemot abandonne, Gabart décolle », sur Le Monde, (consulté le )
  19. « Qualification de Safran », sur Course au Large, (consulté le )
  20. « Les Imocas se préparent », sur Course au Large, (consulté le )
  21. « Résultats du Prologue des Monocoques de la Transat Jacques Vabre - Course au Large », sur Course au Large, (consulté le )
  22. « Finish au couteau entre Foncia et Safran - Course au Large », sur Course au Large, (consulté le )
  23. « Michel Desjoyeaux revient sur la course », sur Course au Large, (consulté le )
  24. « Transat B to B : avaries en série », sur Course au Large, (consulté le )
  25. « Mise à l'eau du monocoque Safran », sur Course au Large, (consulté le )
  26. « Solitaires.. en équipage en baie de Douarnenez », sur Course au Large, (consulté le )
  27. « Un nouveau point de passage pour éviter les glaces », sur Course au Large, (consulté le )
  28. « Marc Guillemot : "Je pense m’être fêlé ou cassé une côte" », sur seasailsurf.com, (consulté le )
  29. « Marc Guillemot 4e en héros », sur Eurosport, (consulté le )
  30. « Premières arrivées aujourd'hui - Course au Large », sur Course au Large, (consulté le )
  31. « Safran enlève le bas ! », sur Course au Large, (consulté le )
  32. « Neuf pointures en stage solo à Port-la-Forêt - Course au Large », sur Course au Large, (consulté le )
  33. « Et maintenant le pot-au-noir », sur Course au Large, (consulté le )
  34. Manon Borsi, « Mais que fait la police ?! », sur Voiles et Voiliers, (consulté le )
  35. Manon Borsi, « Chasse à l’homme », sur Voiles et Voiliers, (consulté le )
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