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Laure Junot d'Abrantès

Laure Adélaïde Constance Junot, duchesse d’Abrantès[1], née Permon le à Montpellier et morte le à Paris, est une mémorialiste française.

Laure d’Abrantès
Gravure d’après Julien Léopold Boilly (1836).
Titre de noblesse
Duchesse
Biographie
Naissance

Montpellier
Décès
(Ă  53 ans)
Paris
SĂ©pulture
Nom de naissance
Laure Adélaïde Constance Permon
Nationalité
Activités
Mère
Conjoint
Enfants
Joséphine Junot d'Abrantès (d)
Constance Aubert
signature de Laure d’Abrantès
Signature

Biographie

Enfance et vie de famille

Fille de Charles Martin Permon, pourvoyeur de vivres pour l’Armée d’Amérique[2] et administrateur civil en Corse, et de Panoria Comnène, Laure Permon se prétendait issue par sa mère d’une branche déchue des empereurs byzantins[3].

Laure d’Abrantès a rapporté dans ses Mémoires que le jeune Napoléon Bonaparte avait demandé sa mère en mariage après son veuvage. Si l'information semble quelque peu douteuse, il est néanmoins certain qu’il a beaucoup fréquenté sa famille une fois qu’elle s’est, après diverses vicissitudes, installée à Paris après la chute des Jacobins le 9 thermidor an II.

Mariée au général Jean-Andoche Junot, qui deviendra fou et finira par se suicider en 1813, elle commença une carrière littéraire pour pallier ses multiples revers de fortune, et ce grâce à la collaboration d'un jeune écrivain Honoré de Balzac, alors encore méconnu[3].

Vie mondaine Ă  Paris et voyages en Europe

Son mariage se déroule au début du Consulat, période à laquelle elle entre dans l’animation de la vie parisienne où sa beauté, son esprit caustique et son extravagance ne tardent pas à la faire remarquer. Si le premier Consul la surnomme la petite peste, c'est de manière affectueuse car il la traite, ainsi que Junot, avec la plus grande générosité (sa grande sœur qui avait alors douze à treize ans baptisa Napoleon Le Chat botté) un sentiment qui néanmoins ne sera jamais partagé par l'intéressée, la duchesse n'hésitant pas à se répandre en sarcasmes et calomnies à son endroit dans ses Mémoires historiques sur Napoléon Ier. Elle fait montre, durant la mission diplomatique de son mari à Lisbonne, d’une telle prodigalité que celui-ci se retrouve à son retour à Paris, en 1806, surchargé de dettes que ses propres intrigues ne font rien pour arranger. À Paris, elle reçoit les leçons de piano de Daniel Steibelt, qui lui dédie deux œuvres, Le Bouquet, pour sa fête en , et une grande pièce en l'honneur de la paix de Tilsit. Elle rejoint à nouveau son mari à Lisbonne après son entrée victorieuse dans cette ville, fin 1807, mais même les libéralités et le butin acquis à Lisbonne ne satisfont pas ses exigences. Elle accompagne ensuite Junot durant une partie de la guerre d’Espagne.

Opposition à l'empereur Napoléon

De retour en France en , la vivacité de ses remarques et la réception d’invités exécrés de l’Empereur suscitent le mécontentement de Napoléon. Elle devient également la maîtresse du comte de Metternich, ambassadeur d’Autriche en France. L’aggravation des troubles mentaux de Junot la menace ensuite de ruine, ce qui explique peut-être pourquoi elle a trempé dans les intrigues visant à restaurer les Bourbon au trône en 1814. Elle ne se ralliera pas à Napoléon pendant les Cent jours.

Elle possédait au no 34 avenue de Madrid à Neuilly-sur-Seine le château de Saint-James[4].

Liaison sentimentale avec Honoré de Balzac et début du travail d'écrivaine

Après 1815, elle passe la majeure partie de son temps à Rome, dans le monde artistique qu’elle anime par la vivacité de sa conversation. De retour à Paris, sous la Restauration, elle devient monarchiste et traite Napoléon Bonaparte de monstrueux usurpateur, puis tente de combler ses dettes et de retrouver son rang en vendant meubles et bijoux. Mais surtout, elle rêve d’écrire pour ajouter à ses maigres revenus des droits d’auteur[5]. C’est ainsi qu’elle devient la maîtresse du jeune Honoré de Balzac vers 1828, après s’être longtemps refusée à lui. L’auteur de La Comédie humaine lui sert d’abord de conseiller, de correcteur et d’homme à tout faire[6]. C’est lui qui la pousse à rédiger ses Mémoires qu’il corrigera inlassablement et dont, le succès acquis, elle niera impudemment qu’il y eût mis la main[7].

Difficultés financières et littéraires

MĂ©daillon par Pierre-Jean David d'Angers.

La Duchesse connaît cependant une triste fin de vie, jalonnée de difficultés financières et littéraires. La publication de ses Mémoires ne suffit pas à assainir sa situation financière. Elle dut se résigner à vendre l'hôtel d'Abrantès, résidence du couple Junot, ainsi que son mobilier, la cave et une riche bibliothèque[8] - [9]. Après quelques années de succès, les échecs se succèdent : Balzac ne travaille plus pour elle, elle le perd comme amant et elle doit louer un rez-de-chaussée rue de La Rochefoucauld où elle tente de reconstituer un salon avec des amis fidèles aux souvenirs de l’Empire. Juliette Récamier, Théophile Gautier (qui la surnommait « la duchesse d’Abracadabrantès »), des acteurs mondains et des douairières sont de ceux-là. Les journaux parlent de la Société des polichinelles au sujet des acteurs mondains. Mais le pire est à venir : le libraire Ladvocat refusant ses manuscrits, la duchesse tombe dans l’indigence, doit vendre son mobilier[10].

Mort

Elle et finit sa vie dans un hôpital où, faute d’argent, on la place dans une mansarde[10].

Elle est inhumée au cimetière de Montmartre[11], où sa tombe est ornée d'un médaillon de David d'Angers.

Famille et descendance

Marguerite Gérard, La Duchesse d’Abrantès et le général Junot (vers 1800), localisation inconnue.

Laure et Jean-Andoche Junot ont eu deux filles et deux fils :

  • JosĂ©phine Junot d'Abrantès (Paris, -Paris, ), mariĂ©e en Ă  Jacques-Louis Amet (Farnham (Surrey), -)
  • Constance Junot d'Abrantès (Paris, -Paris, ), mariĂ©e en 1829 Ă  Louis Antoine Aubert (1799-1882), d'oĂą descendance.
  • Louis NapolĂ©on Andoche Junot, 2e duc d'Abrantès (Paris, -Neuilly-sur-Seine, ) mourut cĂ©libataire et sans descendance.
  • Andoche Alfred Michel Junot, 3e duc d'Abrantes (Ciudad Rodrigo-Espagne, - Bataille de SolfĂ©rino-Italie, ) 1er mariage le Ă  Marie CĂ©line Elise Lepic (-) d'oĂą descendance :
    • Jeanne JosĂ©phine Marguerite Junot d'Abrantès (Paris, -), mariĂ©e Ă  Paris le Ă  Xavier Eugène Maurice Le Ray (Sèvres, -Paris, ), qui fut titrĂ© 4e duc d'Abrantès en 1869, d'oĂą descendance et extinction de la branche mâle en 1982. 2e mariage le Ă  Marie Louise LĂ©onie Lepic (-) sĹ“ur de sa 1re femme d'oĂą descendance :
      • JĂ©rĂ´me NapolĂ©on Andoche Junot d'Abrantès (Paris, -Paris, )
      • Marguerite Louise Elisabeth Junot d'Abrantès (Paris, -1919), mariĂ©e Ă  Paris, le Ă  CĂ©sar ElzĂ©ar LĂ©on Vicomte Arthaud de La Ferrière (1853-1924).

Durant la guerre d'indépendance espagnole, Jean-Andoche Junot eu une relation avec Juliana de Almeida e Oyenhausen (en), fille de Leonor de Almeida Portugal, 4e marquise de Alorna.

Publications

Notes et références

  1. À la suite de la victorieuse campagne napoléonienne au Portugal, Napoléon 1er décerne au général Junot le titre de duc d'Abrantès en mars 1808.
  2. Samuel S. de Sacy. Notes sur Les Secrets de la princesse de Cadignan. Folio classique. p. 394.
  3. André Maurois, Prométhée ou la vie de Balzac, Paris, Hachette, 1965, p. 116.
  4. Devenu plus tard un lycée de jeunes filles. Voir René Sordes, Histoire de Suresnes. Des origines à 1945, édité avec la Société historique de Suresnes, avec le concours de la ville de Suresnes, 1965, p. 332.
  5. André Maurois, op. cit., p. 116.
  6. André Maurois, op. cit., p. 115-119 et 160.
  7. André Maurois, op. cit., p. 167.
  8. Les Archives de Paris conservent sa déclaration de succession sous la cote DQ7 3407.
  9. Archives de Paris, TĂ©moins de l'histoire aux archives de Paris : portraits et documents, Paris, Archives de Paris, , 113 p. (ISBN 978-2-86075-014-1 et 2860750142, OCLC 869803786, lire en ligne)
  10. André Maurois, op. cit., p. 379.
  11. Division 22.

Annexes

Bibliographie

  • Virginie Ancelot, Les Salons de Paris : Foyers Ă©teints, Paris, Éditions Jules Tardieu, , 245 p. (lire en ligne), « Le Salon de la duchesse d’Abrantès », p. 83-122.
  • Jean Autin, La duchesse d'Abrantès, Paris, Perrin, coll. « PrĂ©sence de l'histoire », , 328 p. (ISBN 978-2-262-00741-6).
  • Juliette Benzoni, La petite peste et le Chat BottĂ©, Paris, Plon, 2014.
  • Robert Chantemesse, Le Roman inconnu de la duchesse d’Abrantès, Paris, Plon, 1927.
  • (es) Francisco Lafarga, « La duquesa de Abrantes, una francesa entre España y Portugal », Cahiers de civilisation espagnole contemporaine, no 10,‎ (lire en ligne)
  • Henri Malo, Les AnnĂ©es de bohĂŞme de la duchesse d’Abrantès, avec six portraits, Paris, Émile-Paul Frères, 1927.
  • Henri Malo, La Duchesse d’Abrantès au temps des amours, Paris, Émile-Paul Frères, 1927.
  • Auguste de Roosmalen, Derniers momens de la duchesse d'Abrantès, prĂ©cĂ©dĂ©s du rĂ©cit de sa naissance Ă©crit par elle-mĂŞme, Paris, chez l'auteur et chez Mme Goullet, , 28 p. (lire en ligne).
  • Sylvie Simon, Mon cĹ“ur a plus d’amour que vous n’avez d’oubli. Laure, duchesse d’Abrantès, ParĂ­s, Mercure de France, coll. « Histoire romanesque », (BNF 34911119).
  • Nicole Toussaint du Wast, Laure Junot, duchesse d’Abrantès, Paris, Fanval, 1985.
  • Joseph Turquan, La GĂ©nĂ©rale Junot, Duchesse d'Abrantès (1784-1838). Tallandier, Paris, 478 p.

Articles connexes

Liens externes

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