Juan Francisco de CĂĄrdenas
Juan Francisco de CĂĄrdenas y RodrĂguez de Rivas (SĂ©ville, 1881 â Madrid, 1966) Ă©tait un diplomate espagnol.
Ambassadeur d'Espagne aux Ătats-Unis (d) | |
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Ambassadeur d'Espagne en France |
Naissance | |
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DĂ©cĂšs | |
SĂ©pulture |
SĂ©ville |
Nom de naissance |
Juan Francisco de CĂĄrdenas y RodrĂguez de Rivas |
Nationalité |
Espagnole |
Domicile |
Madrid |
Activité |
Diplomate, ambassadeur (Paris, Washington) |
Période d'activité |
1932-1947 |
Langue d'Ă©criture |
Espagnol |
Religion |
Catholique |
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Parti politique | |
Idéologie |
Monarchisme |
Distinction |
AprĂšs le coup dâĂtat militaire de juillet 1936, et alors quâil exerçait comme ambassadeur Ă Paris, CĂĄrdenas prit fait et cause pour le camp insurgĂ© et fut nommĂ© la mĂȘme annĂ©e chargĂ© d'affaires pour le compte du gouvernement franquiste Ă New-York, oĂč il eut Ă tĂąche tout au long de la Guerre civile de dĂ©fendre, au moyen de diverses publications sâadressant au public amĂ©ricain et avec le soutien de la puissante presse catholique locale, les points de vue et les intĂ©rĂȘts de lâEspagne nationale (notamment en plaidant pour la neutralitĂ© amĂ©ricaine et en donnant un large Ă©cho aux persĂ©cutions religieuses dans la zone rĂ©publicaine), afin de contrecarrer ainsi le prosĂ©lytisme de lâambassade dâEspagne rĂ©publicaine lĂ©gale (avec Ă sa tĂȘte Fernando de los RĂos), que la presse du pays et lâopinion publique soutenaient majoritairement. Pendant la guerre mondiale, CĂĄrdenas, habile diplomate, dĂ©sormais ambassadeur Ă titre officiel, sâefforça, dans les premiĂšres annĂ©es de la guerre, dâapaiser les relations entre lâEspagne de Franco, alors dans sa phase fasciste, et les Ătats-Unis (afin dâassurer les indispensables exportations amĂ©ricaines vers lâEspagne), puis, Ă la fin du conflit, mit opportunĂ©ment en relief les facilitĂ©s accordĂ©es par lâEspagne aux AlliĂ©s victorieux, et faisait passer lâEspagne pour un hĂ©raut du monde libre dans la guerre froide qui sâamorçait.
Biographie
Seconde RĂ©publique et coup dâĂtat de juillet 1936
Sous la Seconde RĂ©publique, Juan Francisco de CĂĄrdenas officia comme ambassadeur dâEspagne Ă Washington de 1932 Ă 1934[3], puis comme ambassadeur auprĂšs de la RĂ©publique française de 1934 Ă 1936[1]. Aristocrate, dâidĂ©es monarchistes[4], il se rallia aussitĂŽt aux militaires rebelles aprĂšs le coup dâĂtat nationaliste de juillet 1936, amorce de la subsĂ©quente Guerre civile. Tout en prĂ©servant dans un premier une apparence de loyautĂ© envers lâordre rĂ©publicain, il sâappliqua Ă saboter la demande dâarmements adressĂ©e par lâEspagne lĂ©gale au chef du gouvernement français LĂ©on Blum[5], en entravant les procĂ©dures de ladite demande, laquelle finit nĂ©anmoins par ĂȘtre prĂ©sentĂ©e formellement le [6]. Le prĂ©sident du Conseil JosĂ© Giral y dĂ©pĂȘcha ensuite Fernando de los RĂos, qui se trouvait alors Ă GenĂšve, pour soutenir la requĂȘte de fourniture dâarmes et faire face Ă la succession de dĂ©missions survenues dans lâambassade[7]. CĂĄrdenas lui-mĂȘme avait prĂ©sentĂ© sa dĂ©mission le [6].
Pendant la Guerre civile (1936-1939)
CĂĄrdenas fut dĂ©signĂ© pour remplir, au titre de « reprĂ©sentant du gouvernement national », les fonctions de chargĂ© dâaffaires diplomatique officieux du camp nationaliste aux Ătats-Unis[8], avec siĂšge Ă lâhĂŽtel Ritz Carlton de New York, oĂč il arriva fin [3] - [9]. Pour combattre les thĂšses rĂ©publicaines qui sâĂ©taient rĂ©pandues dans ce pays, le nouvel Ătat franquiste allait mettre Ă profit les centrales de propagande que la Phalange avait crĂ©Ă©es dans diffĂ©rents Ătats du continent. Cependant, un autre objectif allait bientĂŽt se faire jour, Ă savoir celui dâengager lâEspagne, tant du point de vue politique que culturel, sur la voie de lâOrdre nouveau hitlĂ©rien. Le principal organe de propagande dont disposait lâEspagne en 1939 Ă lâĂ©tranger Ă©tait le parti unique FET y de las JONS[10] - [11].
Lâun des obstacles Ă lâaction de la diplomatie franquiste sur le continent amĂ©ricain Ă©tait la politique de bon voisinage promue par le prĂ©sident Roosevelt, politique qui tendait Ă approfondir la coopĂ©ration des Ătats-Unis avec ses voisins du sud moyennant la rĂ©ciprocitĂ© commerciale et le libĂ©ralisme Ă©conomique, et dont un des aspects impliquait de contrecarrer les avancĂ©es du fascisme dans les AmĂ©riques par le jugulation de ses activitĂ©s et organisations. Aussi une opĂ©ration de portĂ©e continentale fut-elle lancĂ©e dans le but de faire interdire toute idĂ©ologie suspecte dâattenter aux principes dĂ©mocratiques. FET y de las JONS fit les frais de ces directives, dâautant plus que le dĂ©partement dâĂtat le qualifiait de diffuseur de la propagande subversive de lâAxe dans les AmĂ©riques[12] - [13]. ParallĂšlement prĂ©valait la volontĂ© de la diplomatie amĂ©ricaine de ne pas intervenir dans les affaires europĂ©ennes et donc dans la Guerre civile espagnole (rejoignant en cela la ligne de conduite adoptĂ©e par la Grande-Bretagne et la France), au diapason de lâopinion isolationniste amĂ©ricaine et aussi par suite de la dĂ©pendance de Roosevelt au vote catholique. Cette situation dĂ©terminait une toile de fond gĂ©nĂ©rale peu propice Ă la propagande du camp rebelle[14].
Les artisans de ladite propagande quâĂ©taient Juan Francisco de CĂĄrdenas, la colonie dâĂ©migrĂ©s espagnols (regroupĂ©s dans la Casa de España) et la Phalange (par le biais de son DĂ©partement extĂ©rieur) eurent Ă batailler jour aprĂšs jour avec les puissants groupes rĂ©publicains espagnols Ă©tablis aux Ătats-Unis, dont la figure de proue Ă©tait le professeur socialiste et ambassadeur Fernando de los RĂos, et qui jouissaient de lâappui du Parti communiste amĂ©ricain (le CPUSA), de groupes dâintellectuels libĂ©raux influents, avec leurs respectifs organes de presse, et du Medical Bureau and North American Committee to Aid Spanish Democracy (MB & NACASD), principale organisation de propagande pro-rĂ©publicaine aux Ătats-Unis[15]. La Casa de España, fondĂ©e en Ă lâinitiative de CĂĄrdenas et dâune partie du comitĂ© directeur de la Chambre de commerce espagnole[16], Ă©tait alors la cheville ouvriĂšre des partisans de Franco Ă New York et sâappliquait Ă recueillir des appuis et Ă dĂ©fendre les intĂ©rĂȘts des insurgĂ©s, mais allait aussi devenir le thĂ©Ăątre de frĂ©quentes et vives altercations entre CĂĄrdenas, chef de file des franquistes monarchistes, et les reprĂ©sentants de la communautĂ© phalangiste de la ville[9]. Les membres de Casa de España se targuaient de connaĂźtre les vĂ©ritables obstacles que la propagande franquiste aurait Ă surmonter pour rĂ©ussir et qui Ă©taient, dâaprĂšs eux, au nombre de cinq aux Ătats-Unis, « le pire pays au monde pour la Cause nationale de lâEspagne », Ă savoir : le gouvernement de Roosevelt (« un dĂ©magogue de type Azaña ») ; les juifs (« ils ne laissent passer aucun moment pour mener campagne contre nous ») ; les communistes (« ils font croire Ă ce pays quâil sâagit en rĂ©alitĂ© dâune lutte entre le gouvernement dĂ©fendant la dĂ©mocratie, contre un fascisme tyrannique ») ; lâindĂ©cision des groupes conservateurs ; et la haine des « anti-catholiques » (« en ce compris toutes les nuances de protestants »). La Casa de España produisait des rapports en ce sens, truffĂ©s de clichĂ©s et de prĂ©jugĂ©s[17].
Entre-temps, les diplomates Alexander Weddell et Carlton J. H. Hayes[18] soulignaient la tendance rĂ©solument germanophile des mĂ©dias espagnols et rappelaient la signature dâaccords de propagande entre la Phalange et lâAllemagne nazie, dont notamment le traitĂ© Schmidt-Tovar. Le rĂ©gime franquiste Ă©tant considĂ©rĂ© par dâamples groupes de pouvoir aux Ătats-Unis comme un simple Ătat satellite de lâAllemagne hitlĂ©rienne et de lâItalie fasciste, les activitĂ©s de FET y de las JONS finirent par ĂȘtre proscrites aux Ătats-Unis. Ce nâest que quand apparurent les premiĂšres frictions entre les Ătats-Unis (capitalistes) et lâURSS (communiste) que la propagande franquiste, en prĂ©sentant lâEspagne de Franco comme hĂ©raut de la lutte contre Staline et ses ambitions expansionnistes, put relever la tĂȘte[3].
Le principal instrument sur lequel le camp franquiste allait dĂ©sormais se reposer pour diffuser ses idĂ©es et arguments aux Ătats-Unis Ă©tait la Sous-dĂ©lĂ©gation de presse et de propagande (« SubdelegaciĂłn de Prensa y Propaganda »), qui, pour se doter dâune façade amĂ©ricaine, changea de nom en pour adopter celui de Peninsular News Service. PrĂ©sidĂ© par le journaliste Russell Palmer, encore que dirigĂ©e en rĂ©alitĂ© par CĂĄrdenas et Echegaray, Peninsular News Service se voyait confier pendant la Guerre civile lâĂ©dition de deux importantes publications, dâune part le bimensuel Spain, dont le premier numĂ©ro parut en et parmi les Ă©diteurs et rĂ©dacteurs en chef de laquelle figurait une palette de journalistes amĂ©ricains connus (enrĂŽlĂ©s afin dâĂ©viter des problĂšmes de lĂ©galitĂ©, mais restant sous la tutelle dâEchegaray), et dâautre part Cara al Sol[3], organe du camp rebelle sâadressant Ă la communautĂ© espagnole, qui ne cherchait Ă aucun moment Ă dissimuler dans ses colonnes lâidĂ©ologie qui lâanimait. Il y a lieu de mentionner enfin le rĂŽle jouĂ© par la revue España Nueva, porte-voix Ă©galement des Espagnols partisans de Franco aux Ătats-Unis[17] - [19], dont CĂĄrdenas sâenorgueillissait dâavoir obtenu Ă partir de le changement de ligne Ă©ditoriale pour une ligne plus favorable Ă Franco, en sâen donnant les gants[20].
Ă son arrivĂ©e aux Ătats-Unis, CĂĄrdenas reçut le soutien inconditionnel de la hiĂ©rarchie catholique amĂ©ricaine, au sein de laquelle la National Catholic Welfare Council (NCWC) veillait Ă entretenir dans la population catholique du pays une image idoine de ce qui se passait en Espagne pendant la Guerre civile. On recensait alors aux Ătats-Unis, outre plusieurs stations de radio, prĂšs de 400 titres de presse dâaffinitĂ© catholique, qui entre 1936 et 1939 sâĂ©vertuĂšrent, dans leur quasi-totalitĂ©, Ă exalter les idĂ©aux des « croisĂ©s » espagnols en lutte contre les « antĂ©christs » rĂ©publicains et communistes. Cette importante presse catholique apparaĂźt donc, Ă quelques rares exceptions prĂšs, entiĂšrement favorable Ă Franco[21].
Cette collaboration des plus Ă©troites entre la reprĂ©sentation de lâEspagne franquiste et la hiĂ©rarchie catholique amĂ©ricaine dĂ©termina quâen 1938 celle-ci sâemploya Ă rĂ©futer certains documents Ă©mis par lâambassade rĂ©publicaine Ă Washington dans lesquels il Ă©tait notamment assurĂ© que la libertĂ© religieuse Ă©tait respectĂ©e dans la zone rĂ©publicaine. De mĂȘme, Ă la requĂȘte de CĂĄrdenas, un fort nombre de signatures furent rĂ©unies pour faire piĂšce au message de sympathie que 60 membres du SĂ©nat et de la Chambre des reprĂ©sentants avaient adressĂ©, Ă lâinitiative de Fernando de los RĂos, au gouvernement rĂ©publicain de Valence et par lequel ils acclamaient ses derniĂšres mesures en matiĂšre religieuse. Une autre modalitĂ© dâaction en faveur de la cause franquiste consistait, pour quelques membres Ă©minents du catholicisme amĂ©ricain, Ă se rendre sur place en Espagne et de publier ensuite le compte rendu de leur sĂ©jour dans des mĂ©dias importants, tels que le New York Times ; lâun de ces visiteurs, lâĂ©vĂȘque dâĂriĂ©, John Mark Gannon, se fit un devoir Ă son retour de mettre en Ă©vidence « les cruautĂ©s commises par les rouges qui ont assassinĂ© onze mille religieux » ou de relever que « la cruautĂ© et les carnages communistes ont consignĂ© au tombeau de martyr plus de 11 000 des prĂȘtres et sĂ©minaristes espagnols »[22]. Ce fut une premiĂšre rĂ©ussite de CĂĄrdenas et dâEchegaray que dâavoir su manĆuvrer Ă leur propre bĂ©nĂ©fice la puissante machine dâinformation catholique amĂ©ricaine, ce qui allait jouer un rĂŽle dĂ©terminant dans le maintien de lâembargo moral des Ătats-Unis contre la RĂ©publique[23].
Les plans et programmes de dĂ©ploiement de la propagande franquiste aux Ătats-Unis Ă©manaient directement du plus haut responsable pour ces matiĂšres dans le gouvernement de Salamanque, câest-Ă -dire le dĂ©lĂ©guĂ© de lâĂtat Ă la Presse et Ă la Propagande, Manuel Arias-Paz, qui faisait parvenir Ă CĂĄrdenas et Ă ses collaborateurs (nommĂ©ment Manuel Echegaray et Manuel Alonso, directeur du ComitĂ© de propagande de New York) un ensemble de normes censĂ©es amĂ©liorer le fonctionnement de leurs activitĂ©s. La premiĂšre de ces consignes prescrivait de rĂ©diger quotidiennement, sur la base dâĂ©lĂ©ments envoyĂ©s dâEspagne par voie tĂ©lĂ©graphique ou tĂ©lĂ©phonique, un bulletin dâinformation et Ă le faire parvenir aux agences de presse et journaux de New York. Dâautre part, il fut dĂ©cidĂ© de publier un hebdomadaire, que la DĂ©lĂ©gation de lâĂtat Ă la presse et Ă la propagande serait chargĂ©e de pourvoir en matĂ©riel graphique ainsi quâen donnĂ©es de nature Ă©conomique et sociale ; en outre seraient produits tous types de brochures et affiches[24].
Lâune des questions les plus dĂ©licates quâĂ lâĂ©tĂ© 1937 eut Ă traiter la Sous-dĂ©lĂ©gation Ă la presse et Ă la propagande Ă©tait celle de la « vĂ©ritable » nature du Mouvement national en ce qui touche Ă la question juive, Ă quoi Arias-Paz donna une rĂ©ponse pĂ©remptoire : « Il nâexiste pas en Espagne de problĂšme juif » ; en effet, en Espagne, ce nâest point contre le judaĂŻsme quâon lutterait, mais « contre lâanarchie, contre lâintolĂ©rance religieuse, contre la destruction de la famille et de toutes les institutions qui sont les piliers de base de la civilisation occidentale »[25].
Lâon tenta aussi dâĂ©tablir un diagnostic quant aux raisons qui portaient la presse amĂ©ricaine Ă prendre parti majoritairement pour lâEspagne rĂ©publicaine. La cause premiĂšre en Ă©tait, croyait-on avoir discernĂ©, quâapproximativement 80 % des nouvelles dâEspagne parvenant au lecteur amĂ©ricain provenaient dâagences de presse favorables au camp rĂ©publicain, Ă quoi sâajouterait la pression exercĂ©e conjointement par le gouvernement Roosevelt, les institutions juives, les Ă©glises protestantes et les syndicats ouvriers ; y compris la corporation journalistique du pays sâĂ©tait positionnĂ©e contre lâinsurrection militaire. Un autre facteur dĂ©tectĂ© Ă©tait le degrĂ© dâactualitĂ© : ce nâĂ©tait pas Ă la nouvelle la plus importante que la prioritĂ© Ă©tait habituellement accordĂ©e, mais Ă celle qui arrivait en premier dans les rĂ©dactions[26]. Russell Palmer, le responsable de Peninsular News Services, apporta ses propres recettes pour remĂ©dier aux dĂ©faillances de la propagande franquiste, dĂ©faillances quâil imputait au marxisme et au judaĂŻsme international, accusĂ©s de prĂȘter un soutien financier exorbitant Ă lâambassade rĂ©publicaine Ă Washington ; Ă lâaide de fortes sommes dâargent, une campagne de propagande aurait Ă©tĂ© orchestrĂ©e avec pour effet dâavoir « empoisonnĂ© » lâopinion publique du pays. Il sâagissait Ă prĂ©sent de contrer cette campagne par une propagande ajustĂ©e Ă la mentalitĂ© et au tempĂ©rament des AmĂ©ricains, en identifiant, dans une premiĂšre phase et de façon rigoureuse, les prĂ©jugĂ©s contre le camp franquiste, puis en dĂ©finissant les arguments susceptibles de les battre en brĂšche, et en façonnant une propagande capable dâinterpeller le sentimentalisme de la population amĂ©ricaine, dont la classe moyenne serait, selon Palmer, peu intĂ©ressĂ©e par les questions purement politiques ou Ă©conomiques et peu sensible aux campagnes de dĂ©mentis et dâattaques continues des deux camps en lutte, et dont lâattention tend au contraire Ă se porter sur des informations simples, voire puĂ©riles ; il importait de mener une propagande positive, en mettant en relief « la tĂąche constructive qui sâaccomplit [dans la zone nationale] en dĂ©pit de la guerre »[27].
CĂĄrdenas sâattela donc Ă adapter sa propagande aux dĂ©sirs du lecteur amĂ©ricain, notamment en introduisant dans ses publications plusieurs rubriques nouvelles. Parmi elles, lâune des plus efficaces Ă©tait la section Commentaires de la presse Ă©trangĂšre, qui Ă©tait une « maniĂšre de donner place Ă des articles sur des points importants quâil nous intĂ©resse de recueillir et qui ont Ă©tĂ© dĂ©daignĂ©s ou dĂ©naturĂ©s par la presse quotidienne ». Lâon sâattacha aussi Ă rectifier la prĂ©sentation du gĂ©nĂ©ral Franco et dâhumaniser sa figure aux yeux de la sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine, Ă quelle fin CĂĄrdenas fit appel Ă lâauteure et correspondante de Reuters Dora Lennard, future professeure dâanglais de Franco, qui avait dans un article rĂ©cent paru en Grande-Bretagne dressĂ© un parallĂšle entre la figure du Caudillo et celle du prĂ©sident Abraham Lincoln[28] - [29].
Par ailleurs, CĂĄrdenas proposa encore les amĂ©liorations suivantes : dĂ©pĂȘche quotidienne conçue de façon Ă pĂ©nĂ©trer plus sĂ»rement dans la presse amĂ©ricaine, en vue de quoi des nĂ©gociations furent engagĂ©es avec lâagence Associated Press ; accĂšs facilitĂ© pour les journalistes amĂ©ricains Ă la partie officielle du quartier-gĂ©nĂ©ral de Franco ; pour rĂ©pliquer aux prĂ©jugĂ©s et lieux communs des rĂ©publicains, diffusion dâinformations attestant les succĂšs des troupes franquistes, en particulier par la mention du nombre exact de combattants ennemis faits prisonniers et du matĂ©riel de guerre Ă©tranger capturĂ© ; arrangement dâentretiens de correspondants Ă©trangers (de prĂ©fĂ©rence amĂ©ricains) avec des prisonniers italiens, afin que ceux-ci dĂ©noncent le supposĂ© traitement brutal infligĂ© par leurs cerbĂšres rĂ©publicains ; nĂ©cessitĂ©, Ă propos du bombardement de villes, de devancer la version de lâennemi, en spĂ©cifiant les objectifs militaires et en fournissant des dĂ©tails exacts prouvant que lâon avait eu soin dâĂ©viter des victimes dans la population civile[30].
Lâambassade rĂ©publicaine tĂąchait pour sa part dâobtenir que la propagande catholique cesse de profĂ©rer ses accusations sur la persĂ©cution religieuse qui sĂ©virait dans la zone rĂ©publicaine et qui irait jusquâĂ lâincendie de monastĂšres et lâexĂ©cution de religieux. Fernando de los RĂos sâefforçait de dĂ©monter toutes ces allĂ©gations et dâexpliquer au peuple amĂ©ricain, en particulier Ă sa partie catholique, que la guerre dâEspagne nâĂ©tait pas une guerre religieuse et que la RĂ©publique se proposait de rĂ©tablir dĂšs que possible le culte catholique. NĂ©anmoins, CĂĄrdenas pouvait en 1938 noter avec satisfaction que la presse catholique avait basculĂ© dâune attitude purement dĂ©fensive en faveur des vues nationalistes Ă une attitude offensive, oĂč dĂ©sormais elle dĂ©mentait une Ă une toutes les informations dâorigine rĂ©publicaine publiĂ©es par beaucoup de journaux[31].
Lâorgane de presse amĂ©ricain que CĂĄrdenas voyait avec le plus de complaisance Ă©tait le New York Times, dont il soulignait lâ« Ă©quilibre », ce journal ayant en effet selon lui dans les derniers temps accueilli avec rĂ©serves « les nouvelles des rouges ». Ainsi, William P. Carney, le correspondant en territoire franquiste, publiait rĂ©guliĂšrement dans les colonnes du journal des chroniques encensant lâaction du gouvernement de Burgos, encore que ces articles soient contrebalancĂ©s dans le mĂȘme journal par les reportages dâun second correspondant, Herbert Matthews, affectĂ© pour sa part dans la zone rĂ©publicaine et trĂšs prodigue en informations sur les effets tragiques des bombardements de lâaviation nationaliste sur la population civile. CĂĄrdenas cependant ne cessait dâinsister que, indĂ©pendamment de la ligne Ă©ditoriale de tel journal, ce qui importait vĂ©ritablement Ă©tait lâordre dâarrivĂ©e des nouvelles dâEspagne, et il Ă©tait donc essentiel, peu importe p. ex. que les positions du New York Herald Tribune recoupent celles des rĂ©publicains, dâobtenir par tous les moyens que tel journal new-yorkais reçoive la chronique du quartier-gĂ©nĂ©ral de Franco avant celle du gouvernement rĂ©publicain, ce pourquoi la prioritĂ© de la Sous-dĂ©lĂ©gation Ă la presse et Ă la propagande franquiste pendant la Guerre civile Ă©tait de pouvoir disposer rapidement de communications de premiĂšre main lui permettant de prĂ©senter son point de vue longtemps avant les rivaux rĂ©publicains[32] - [33].
En , une soixantaine de personnalitĂ©s amĂ©ricaines signĂšrent un manifeste par lequel ils affirmaient que lâembargo visant lâEspagne rĂ©publicaine mettait en pĂ©ril les institutions dĂ©mocratiques. Câest dans une large mesure sous la pression des milieux catholiques que Roosevelt, conscient de lâimportance vitale de leur vote pour sa rĂ©Ă©lection, sâabstint dâaccĂ©der Ă cette pĂ©tition. La Sous-dĂ©lĂ©gation Ă la presse et Ă la propagande franquiste put encore, dans cette affaire dĂ©licate, compter sur lâappui de lâĂglise catholique et de lâensemble de ses organes de presse, certaines revues allant mĂȘme jusquâĂ recommander Ă leur lectorat dâĂ©crire aux reprĂ©sentants au CongrĂšs et au SĂ©nat pour les prier de contribuer Ă affermir la position de neutralitĂ© de Roosevelt[34]. Les groupes catholiques entamĂšrent dans la foulĂ©e une intense campagne de propagande dirigĂ©e contre le gouvernement de la RĂ©publique espagnole. Un comitĂ© interreligieux, le Keep the Spanish Embargo Committee, fut constituĂ© qui, en plus de plaider pour le maintien de lâembargo, sâingĂ©niait Ă expliquer, par la voie de rĂ©unions publiques et de publications, que la victoire de Franco Ă©tait la meilleure des Ă©ventualitĂ©s pour la politique amĂ©ricaine, car seule Ă mĂȘme de mettre un frein au communisme[35].
Un sujet Ă©pineux furent pour CĂĄrdenas les bombardements de Barcelone, qui avaient causĂ© de janvier Ă la mort de plus de mille personnes. Notant que « tous ces derniers jours, nous assistons Ă la publication de manifestes signĂ©s par des Ă©crivains, par le clergĂ© protestant et par dâautres personnalitĂ©s qui forment la cohorte qui a coutume de se porter au secours de la cause rouge dans les grandes occasions », CĂĄrdenas rĂ©agit promptement en organisant une confĂ©rence de presse Ă Washington, oĂč il rĂ©pondit aux diffĂ©rents arguments et questions soulevĂ©s dans la brochure Hablemos de los bombardeos (littĂ©r. « Parlons des bombardements »). Dans le mĂȘme temps, il fit parvenir au secrĂ©taire dâĂtat Cordell Hull, qui sâĂ©tait rĂ©cemment signalĂ© par des dĂ©clarations peu amĂšnes pour les autoritĂ©s franquistes, un dossier dĂ©signant de façon dĂ©taillĂ©e les supposĂ©s objectifs militaires situĂ©s dans Barcelone ainsi que les diffĂ©rentes donnĂ©es et les raisons « justifiant amplement » les attaques aĂ©riennes incriminĂ©es[36]. Tandis que la presse new-yorkaise avait faite sienne la quasi-totalitĂ© des thĂšses rĂ©publicaines, CĂĄrdenas ne cessait dâĂȘtre fortement soutenu par les mĂ©dias catholiques, qui tendaient Ă transformer le conflit espagnol en une affaire de politique intĂ©rieure plutĂŽt quâextĂ©rieure[37].
La Guerre civile terminĂ©e, CĂĄrdenas vit son statut dâambassadeur officialisĂ© et occupa ensuite ce poste jusquâen 1947[38].
Pendant la Seconde Guerre mondiale
AprĂšs que CĂĄrdenas eut Ă©tĂ© nommĂ© Ă titre officiel ambassadeur dâEspagne aux Ătats-Unis, il sâen fut sâinstaller Ă Washington, tandis quâĂ New York, son ancien lieu dâaffectation, la Sous-dĂ©lĂ©gation Ă la presse et Ă la propagande franquiste poursuivait ses activitĂ©s sous la direction du phalangiste Javier GaytĂĄn de Ayala, qui se chargea dâĂ©diter la revue mensuelle Spain et lâhebdomadaire Cara al Sol jusquâen 1942 environ, lorsque le ministĂšre des Affaires Ă©trangĂšres estima â Ă la suggestion de CĂĄrdenas â plus adĂ©quat de cesser lesdites publications et de transfĂ©rer vers lâambassade elle-mĂȘme les services de la Sous-dĂ©lĂ©gation. Un autre motif a pu ĂȘtre le dĂ©sir explicite de CĂĄrdenas de contrĂŽler GaytĂĄn de Ayala directement[39].
Dans la dĂ©cennie 1940, en dĂ©pit de la cessation du conflit armĂ© en Espagne, les attaques des mĂ©dias amĂ©ricains contre le gouvernement franquiste ne faiblirent pas ; au contraire, une nouvelle offensive fut dĂ©clenchĂ©e pour dĂ©noncer les liens Ă©troits et obscurs entre lâEspagne et lâAllemagne nazie. Le dĂ©partement dâĂtat lui-mĂȘme se montrait prĂ©occupĂ© par la prĂ©sence croissante de succursales nazies dans nombre de rĂ©publiques du continent amĂ©ricain et par les rapports que celles-ci entretenaient avec des cellules phalangistes[40]. Au printemps et Ă lâĂ©tĂ© 1939, un grand nombre de journaux amĂ©ricains avaient dĂ©peint lâEspagne comme un pays fasciste qui par son engagement aux cĂŽtĂ©s de lâAllemagne et de lâItalie menaçait lâindĂ©pendance de Gibraltar, qui permettait Ă la marine de guerre allemande de relĂącher sur ses cĂŽtes, et qui projetait, de concert avec lâItalie, de sâemparer de la place de Tanger. Franco Ă©tait assimilĂ© à « un instrument des nazis en AmĂ©rique du Sud »[41]. Lâouvrage de lâhistorien amĂ©ricain Allan Chase, Falange: The Axis Secret Army in the Americas[42] (littĂ©r. Falange : lâarmĂ©e secrĂšte de lâAxe dans les AmĂ©riques), peut Ă cet Ă©gard passer pour reprĂ©sentatif du type de contenus produits par les Ă©diteurs et agences de presse amĂ©ricains Ă propos de lâĂtat espagnol durant la Seconde Guerre mondiale. Selon cet auteur, la Phalange et la mission diplomatique espagnole agissaient sous les ordres dâagents nazis, tels que le gĂ©nĂ©ral Faupel, au profit desquels ils remplissaient des missions dâespionnage et de propagande[43]. DĂšs lâannĂ©e 1940, il y eut aux Ătats-Unis une profusion dâarticles dĂ©crivant lâEspagne franquiste comme un immense camp de concentration, oĂč la population manquait de nourriture de base et Ă©tait privĂ©e des libertĂ©s les plus Ă©lĂ©mentaires, et qualifiant la Phalange dâ« Ă©lĂ©ment rĂ©volutionnaire et antitraditionaliste ». Il Ă©tait arguĂ© que si le gouvernement espagnol nâavait pas jusque-lĂ dĂ©clarĂ© la guerre aux AlliĂ©s, câĂ©tait en raison de son extrĂȘme pauvretĂ©, alors que certes « ce nâĂ©tait pas lâenvie qui lui manquait »[41].
CĂĄrdenas et GaytĂĄn de Ayala, nommĂ© attachĂ© de presse Ă lâambassade dâEspagne Ă Washington en (et accusĂ© plus tard de malversation), tentĂšrent plusieurs mesures pour amĂ©liorer la perception de lâEspagne sur le continent amĂ©ricain. Une fois encore, ce sont les mĂ©dias catholiques qui rendirent le meilleur service Ă lâEspagne franquiste. En dĂ©jĂ , une rĂ©solution avait Ă©tĂ© adoptĂ©e par lâAssociation de la presse catholique des Ătats-Unis, par laquelle il fut convenu de fĂ©liciter le « GĂ©nĂ©ralissime Franco et le Cardinal primat dâEspagne pour la victoire sur les forces communistes, socialistes, syndicalistes et anarchistes » ; en outre, la signification religieuse du conflit Ă©tait affirmĂ©e officiellement[44].
En , les relations entre les Ătats-Unis dâune part, et Franco et son ministre des Affaires Ă©trangĂšres Serrano SĂșñer, trĂšs anti-amĂ©ricain et fort peu diplomatique, dâautre part, Ă©taient trĂšs tendues, dans un contexte oĂč les importations amĂ©ricaines Ă©taient indispensables pour lâEspagne. Se trouvant aux abois, Franco et Serrano nâeurent dâautre option que de faire appel Ă CĂĄrdenas, qui intercĂ©da avec succĂšs auprĂšs des autoritĂ©s amĂ©ricaines, grĂące Ă quoi la tension se relĂącha quelque peu et le flux de marchandises sâaccrut[45].
Entre-temps, lâambassade dâEspagne avait pris Ă tĂąche dâaffronter le positionnement de la presse amĂ©ricaine, en postulant notamment que le rĂ©gime franquiste Ă©tait une victime de plus de lâ« ignorance » et de la « malveillance » des journalistes de ce pays, câest-Ă -dire ceux-lĂ mĂȘmes, se plaisait Ă signaler CĂĄrdenas, qui Ă©taient allĂ©s jusquâĂ sâen prendre avec goguenardise Ă la monarchie britannique. En 1943, des journaux tels que le New York Times, The Nation ou The Republic menaient une Ăąpre campagne contre le gouvernement Roosevelt pour lâaide dispensĂ©e Ă lâEspagne[46] - [47]. Lâambassadeur des Ătats-Unis en Espagne Carlton Hayes en fait Ă©cho dans ses mĂ©moires, en faisant observer :
« Ils [les journaux amĂ©ricains] ne faisaient aucune allusion aux grandes facilitĂ©s obtenues en Espagne en faveur de notre effort de guerre contre lâAxe ; ils sâaffairaient seulement Ă publier des histoires, fruits dâune imagination propagandiste, dans lesquelles il Ă©tait question de fournitures dâarmes et de nourriture Ă lâAllemagne et de lâapprovisionnement des sous-marins nazis par des pĂ©troliers espagnols. En mĂȘme temps parut une sĂ©rie de livres et dâarticles de revue, de nature Ă©galement tendancieuse[48] - [49]. »
La Guerre mondiale terminĂ©e, CĂĄrdenas ne se lassa pas de proclamer dans tous les mĂ©dias amĂ©ricains combien « vital » avait Ă©tĂ© le rĂŽle jouĂ© par lâEspagne dans le conflit. En 1945, dans un tĂ©lĂ©gramme Ă lâintention de lâagence de presse EFE et en accord avec les nouvelles directives du ministĂšre des Affaires Ă©trangĂšres, il fit la dĂ©claration suivante :
« LâEspagne aura reçu la bonne nouvelle de la paix avec une joie extraordinaire et avec un sentiment de la plus profonde espĂ©rance. Joie, parce quâaucune autre nation ne devance la nation espagnole au regard de lâhorreur Ă©prouvĂ©e devant la guerre ; espĂ©rance, parce que nous sommes convaincus que, au terme de longues annĂ©es de douleur, est enfin arrivĂ© le moment propice Ă ce que les peuples civilisĂ©s, dans leur ensemble et chacun en particulier, puissent Ă nouveau Ă©panouir les possibilitĂ©s de leur personnalitĂ© historique, la force de leurs singularitĂ©s nationales, en vivant dans une atmosphĂšre de considĂ©ration rĂ©ciproque et de respect mutuel. Pendant la guerre la plus terrible que lâHumanitĂ© ait connue, lâEspagne a tendu la main et apportĂ© son aide dĂ©sintĂ©ressĂ©e Ă des milliers de persĂ©cutĂ©s, les soustrayant ainsi Ă lâaffliction et les prĂ©servant du martyre quâils subissaient. De la sorte, notre peuple et notre gouvernement ont Ă©tĂ© fidĂšles aux traditions espagnoles de libertĂ© et de respect envers la dignitĂ© humaine[50]. »
Distinctions
Vie privée
CĂĄrdenas Ă©tait membre de lâinstitution nobiliaire Real Maestranza de CaballerĂa de Saragosse et portait le titre (largement honorifique) de gentilhomme de la chambre du roi Alphonse XIII[1].
Il avait Ă©pousĂ© une dame roumaine de haut rang, avec qui il nâeut quâun seul enfant, dĂ©cĂ©dĂ© en bas Ăąge[1].
AprĂšs la mort de CĂĄrdenas en janvier 1966, ses restes furent transfĂ©rĂ©s vers sa ville natale de SĂ©ville, pour y ĂȘtre dĂ©posĂ©s dans le caveau de famille[1].
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