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Jean-Marc Fontaine

Jean-Marc Fontaine (né le à Boulogne-Billancourt et mort le à Paris[1]) est un mathématicien français qui travaille en géométrie algébrique et en théorie des nombres.

Jean-Marc Fontaine
Jean-Marc Fontaine en 2018.
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Jean Marc Dominique Fontaine
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Distinctions

Biographie

Jean-Marc Fontaine est ancien élève de l'École polytechnique. Il est chercheur au CNRS entre 1965 et 1971 et soutient un doctorat d'État en 1972 sous la direction de Jean-Pierre Serre[2]. Il est chargé d'enseignement en 1971-72 à l'université Paris VI, puis enseigne de 1972 à 1988 à l'université de Grenoble, d'abord maître de conférences puis professeur. Depuis 1989 il est professeur à l’université Paris-Sud à Orsay, émérite depuis 2010. Il est le fils du journaliste André Fontaine.

Il meurt d'un cancer de l'estomac le , 6 jours après le décès de Jean-Pierre Wintenberger, celui-ci ayant été un de ses premiers doctorants.

Travaux

Jean-Marc Fontaine est un arithméticien avec des contributions principalement en géométrie arithmétique et, plus spécifiquement, en théorie de Hodge -adique. Il a beaucoup étudié les représentations, sur des corps -adiques, des groupes de Galois des corps locaux (extensions finies de ) et globaux (extensions finies de ). On lui doit un programme (programme de Fontaine ou théorie de Fontaine) de classification des représentations du groupe de Galois d'un corps local et une description des représentations de ces groupes de Galois fournies par la cohomologie des variétés algébriques sur les corps locaux (conjectures , , ) ou globaux (conjecture de Fontaine-Mazur). La théorie de Fontaine est l'outil le plus puissant dont on dispose pour étudier les propriétés fines des représentations des groupes de Galois des corps globaux[3]; elle intervient de manière cruciale dans tous les progrès en direction de la correspondance de Langlands (dans le sens Galois vers automorphe, le plus difficile) depuis les travaux d'Andrew Wiles sur le théorème de Fermat. Plus récemment, en collaboration avec Laurent Fargues, il a donné un point de vue plus géométrique sur son programme, en en décrivant tous les objets en termes de fibrés sur une courbe aux propriétés surprenantes (la courbe de Fargues-Fontaine).

Ses principales contributions Ă  son programme sont les suivantes :

  • une classification[4] des groupes -divisibles sur les corps locaux ;
  • la thĂ©orie du « corps des normes »[5] (en collaboration avec Jean-Pierre Wintenberger) qui fournit un lien entre le groupe de Galois absolu de , corps des nombres -adiques, et celui du corps . Cette thĂ©orie est une prĂ©curseur de la thĂ©orie du basculement (tilting) de Peter Scholze et a donnĂ© naissance, quinze ans plus tard, Ă  la thĂ©orie des -modules ;
  • la construction de l'anneau [6] des « pĂ©riodes -adiques » (contenant, en particulier, un -adique) et de ses sous-anneaux [7], [8] qui jouent le rĂ´le, en thĂ©orie de Hodge -adique (pour la comparaison entre les cohomologie de de Rham et Ă©tale, conjectures , , de Fontaine), du corps des nombres complexes en thĂ©orie de Hodge classique (pour la comparaison entre les cohomologies de de Rham et singulière) ;
  • la hiĂ©rarchie[9] « cristalline, semi-stable, de Rham » pour les reprĂ©sentations des groupes de Galois des corps locaux qui dĂ©coule des propriĂ©tĂ©s des anneaux de pĂ©riodes -adiques, la description des reprĂ©sentations cristallines en « petits poids » (thĂ©orie de Fontaine-Laffaille[10]), et la description conjecturale des reprĂ©sentations de de Rham (conjectures « faiblement admissible admissible » et « de Rham potentiellement semi-stable ») ;
  • la preuve[11] (avec William Messing) de la conjecture dans « le cas Fontaine-Laffaille » (les conjectures , , ont donnĂ© naissance Ă  beaucoup de travaux, notamment de Gerd Faltings[12] - [13], Kazuya Kato[14], Takeshi Tsuji[15], WiesĹ‚awa NizioĹ‚[16] - [17] - [18], Alexander Beilinson[19] - [20] et Peter Scholze[21], et sont maintenant des thĂ©orèmes);
  • la thĂ©orie des -modules[22] qui fournit une description de toutes les reprĂ©sentations du groupe de Galois des corps locaux sur un corps -adique, et son application Ă  la cohomologie galoisienne de ces reprĂ©sentations ;
  • la conjecture de Fontaine-Mazur[23] donnant un critère nĂ©cessaire et suffisant, en termes de la hiĂ©rarchie « cristalline, semi-stable, de Rham » pour qu'une reprĂ©sentation du groupe de Galois d'un corps global provienne de la gĂ©omĂ©trie ;
  • la preuve[24] (avec Pierre Colmez) de la conjecture « faiblement admissible admissible » (la conjecture « de Rham potentiellement semi-stable » a Ă©tĂ© prouvĂ©e par une combinaison de rĂ©sultats de Laurent Berger[25] et de Yves AndrĂ©[26], Zoghman Mebkhout[27] ou Kiran Kedlaya[28]) ;
  • la thĂ©orie[29] des « presque -reprĂ©sentations » (reprĂ©sentations du groupe de Galois absolu d'un corps local sur des -espaces de Banach qui ne diffèrent de que par un -espace de dimension finie -- est le complĂ©tĂ© de la clĂ´ture algĂ©brique de ) ;
  • la construction (avec Laurent Fargues) de la courbe de Fargues-Fontaine[30] et classification de ses fibrĂ©s vectoriels dont on tire des preuves « gĂ©omĂ©triques » des conjectures « faiblement admissible admissible » et « de Rham potentiellement semi-stable ».

Comme applications de son programme, il a aussi :

  • prouvĂ©[31] une conjecture de Shafarevich selon laquelle il n'y a pas de variĂ©tĂ© abĂ©lienne dĂ©finie sur avec bonne rĂ©duction modulo tout nombre premier (i.e., pas de schĂ©ma abĂ©lien sur ) ;
  • reformulĂ© et Ă©tendu[32] (avec Bernadette Perrin-Riou) les conjectures de Beilinson et de Bloch et Kato sur les valeurs des fonctions aux entiers.

Honneurs et distinctions

En 1975, il est chargé d'un cours Peccot au Collège de France[33]. En 1984, Jean-Marc Fontaine reçoit le prix Petit d'Ormoy, Carrière, Thébault de l'Académie des sciences. Depuis 2002, il est membre de l'Académie des sciences. En 2002 aussi, il est lauréat du Prix Gay-Lussac Humboldt. Il était conférencier invité aux Congrès international des mathématiciens à Varsovie en 1983 (Représentations p-adique) et à Pékin en 2002 (Analyse p-adique et représentations galoisiennes).

Parmi ses anciens doctorants, il y a Christophe Breuil (1996), Pierre Colmez (1988), Guy Laffaille (1984) et Jean-Pierre Wintenberger (1984).

Publications

  • Groupes p-divisibles sur les corps locaux. AstĂ©risque, vol. 47/48, SociĂ©tĂ© MathĂ©matique de France, 1977.
  • Éditeur de : PĂ©riodes p-adiques. AstĂ©risque, vol .223, 1994.
  • Éditeur, avec Pierre Berthelot, Luc Illusie, Kazuya Kato, Michael Rapoport, de : Cohomologies -adiques et applications arithmĂ©tiques. AstĂ©risque vol. 278/279, 2002.
  • Courbes et fibrĂ©s vectoriels en thĂ©orie de Hodge p-adique avec Laurent Fargues. AstĂ©risque, vol. 406, SociĂ©tĂ© MathĂ©matique de France, 2018.

Notes et références

  1. « Décès de Jean-Marc Fontaine », sur cnrs.fr, (consulté le )
  2. (en) « Jean-Pierre Serre », sur The Mathematics Genealogy Project (consulté le )
  3. Jean-Pierre Serre, La vie et l’oeuvre de Jean-Marc Fontaine, Comptes Rendus. Mathématique, Tome 358 (2020) no. 9-10, pp. 1045-1046.
  4. Groupes -divisibles sur les corps locaux. Astérisque 47-48 (1977).
  5. Le « corps des normes » de certaines extensions algébriques de corps locaux. C. R. Acad. Sci. Paris Sér. A-B, 288 (1979) A367–A370, (avec Jean-Pierre Wintenberger).
  6. Sur certains types de représentations -adiques du groupe de Galois d’un corps local; construction d’un anneau de Barsotti-Tate. Ann. of Math. 115 (1982) 529–577.
  7. Cohomologie de de Rham, cohomologie cristalline et représentations -adiques. In Algebraic geometry (Tokyo/Kyoto, 1982), Lecture Notes in Math. 1016, 86–108. Springer, 1983.
  8. Le corps des périodes -adiques. Astérisque 223 (1994) 59–111. Périodes -adiques (Bures-sur-Yvette, 1988).
  9. Représentations -adiques semi-stables. Astérisque 223 (1994) 113–184. Périodes -adiques (Bures-sur-Yvette, 1988)
  10. Construction de représentations -adiques. Ann. Sci. École Norm. Sup. 15 (1982) 547–608 (avec Guy Laffaille).
  11. -adic periods and -adic étale cohomology. In Current trends in arithmetical algebraic geometry (Arcata, Calif., 1985), Contemp. Math. 67, 179–207. Amer. Math. Soc., 1987. (avec William Messing)
  12. Crystalline cohomology and -adic Galois representations, in Algebraic Analysis, Geometry and Number Theory, The Johns Hopkins Univ. Press (1989), 25–80.
  13. Almost étale extensions, Astérisque 279 (2002), 185–270.
  14. Semistable reduction and -adic étale cohomology, Astérisque 223 (1994), 269–293.
  15. -adic étale cohomology and crystalline cohomology in the semi-stable reduction case, Invent. math. 137 (1999), 233–411.
  16. Crystalline Conjecture via K-theory, Ann. Sci. École Norm. Sup. 31 (1998), 659–681.
  17. Semistable Conjecture via K-theory, Duke Math. J. 141 (2008), 151–178.
  18. Syntomic complexes and -adic nearby cycles, Invent. math. 208 (2017), 1–108 (avec Pierre Colmez).
  19. -adic periods and derived de Rham cohomology, J. Amer. Math. Soc. 25 (2012), 715–738.
  20. On the crystalline period map, Cambridge J. Math. 1 (2013), 1–51.
  21. -adic Hodge theory for rigid-analytic varieties, Forum of Mathematics, Pi, 1, e1, 2013.
  22. Représentations -adiques des corps locaux. I. In The Grothendieck Festschrift, Vol. II, Progr. Math. 87, 249–309. Birkhäuser, 1990.
  23. Geometric Galois representations. In Elliptic curves, modular forms, & Fermat’s last theorem (Hong Kong, 1993), Ser. Number Theory, I, 41–78. Int. Press, 1995 (avec Barry Mazur).
  24. Construction des représentations -adiques semi-stables. Invent. Math., 140 (2000) 1–43 (avec Pierre Colmez).
  25. Représentations -adiques et équations différentielles, Invent. math. 148 (2002), 219–284.
  26. Filtrations de type Hasse-Arf et monodromie -adique, Invent. math. 148 (2002), 285–317.
  27. Analogue -adique du théorème de Turritin et le théorème de la monodromie -adique, Invent. math. 148 (2002), 319–351.
  28. A -adic monodromy theorem, Ann. of Math. 160 (2004), 93–184.
  29. Presque -représentations. Doc. Math., (Extra Vol. 2003) 285–385. Kazuya Kato’s fiftieth birthday.
  30. Courbe et fibrés vectoriels en théorie de Hodge -adique. Astérisque 406 (2018) 51–382 (avec Laurent Fargues).
  31. Il n’y a pas de variété abélienne sur . Invent. Math. 81 (1985) 515–538.
  32. Autour des conjectures de Bloch et Kato: cohomologie galoisienne et valeurs de fonctions L. In Motives (Seattle, WA, 1991), Proc. Sympos. Pure Math. 55, 599–706. Amer. Math. Soc., 1994 (avec Bernadette Perrin-Riou).
  33. Liste des chargés de cours Peccot, Annuaire du Collège de France.
(de) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en allemand intitulé « Jean-Marc Fontaine » (voir la liste des auteurs).

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