James E. Hansen
James Edward Hansen est nĂ© le . Il est professeur associĂ© au DĂ©partement des sciences de la Terre et de lâenvironnement de lâuniversitĂ© Columbia. Hansen est surtout connu pour ses recherches dans le domaine de la climatologie, son audition sur le changement climatique devant le CongrĂšs amĂ©ricain en 1988, qui contribua Ă faire Ă©merger la problĂ©matique du rĂ©chauffement climatique, et son engagement en faveur dâactions visant Ă Ă©viter un changement climatique catastrophique[1] - [2].
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Université Columbia (depuis ) Goddard Institute for Space Studies (- |
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Satoshi Matsushima (d) |
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Distinctions | Liste dĂ©taillĂ©e Heinz Awards () MĂ©daille Roger-Revelle () Prix de conservation du duc d'Ădimbourg () Prix de l'AAAS pour la libertĂ© et la responsabilitĂ© scientifique () Leo Szilard Lectureship Award () Prix Dan-David () Prix Nierenberg () Prix John-Muir du Sierra Club () MĂ©daille Carl-Gustaf-Rossby () Prix Sophie () Prix PlanĂšte bleue () MĂ©daille du service distinguĂ© de la NASA () BBVA Foundation Frontiers of Knowledge Award (en) () |
Ces derniĂšres annĂ©es, Hansen est devenu un militant de la cause climatique appelant Ă mettre en Ćuvre des actions permettant de rĂ©duire les effets du changement climatique, ce qui lui a valu plusieurs arrestations[3].
Hansen a proposĂ© une approche originale du rĂ©chauffement climatique, selon laquelle lâaugmentation de 0,7 °C de la tempĂ©rature moyenne mondiale au cours des 100 derniĂšres annĂ©es sâexplique essentiellement par lâeffet de gaz Ă effet de serre autres que le dioxyde de carbone (comme le mĂ©thane)[4].
Ătudes et premiĂšres annĂ©es
Hansen est nĂ© Ă Denison, dans lâIowa. Ses parents sont James Ivan Hansen et Gladys Ray Hansen[5]. Il a Ă©tudiĂ© la physique et lâastronomie dans le programme de sciences spatiales de James Van Allen Ă lâuniversitĂ© de l'Iowa. Toujours Ă lâuniversitĂ© de l'Iowa, il a obtenu un B.A. en physique et mathĂ©matiques avec mention en 1963, un M.S. en astronomie en 1965, et un PhD en physique en 1967. Il a participĂ© au programme d'Ă©tudes supĂ©rieures de la NASA de 1962 Ă 1966 et, dans le mĂȘme temps, entre 1965 et 1966, il Ă©tait Ă©tudiant invitĂ© Ă l'Institut d'astrophysique de lâuniversitĂ© de Kyoto et au dĂ©partement d'astronomie de l'universitĂ© de Tokyo. Puis Hansen a commencĂ© Ă travailler au Goddard Institute for Space Studies en 1967[6].
CarriĂšre
AprĂšs ses Ă©tudes supĂ©rieures, Hansen a continuĂ© son travail sur les modĂšles de transfert radiatif, pour tenter de comprendre lâatmosphĂšre vĂ©nusienne. Plus tard, il appliquera et affinera ces modĂšles afin de comprendre lâatmosphĂšre terrestre, en particulier les effets des aĂ©rosols et des gaz Ă lâĂ©tat de trace sur le climat de la Terre. Le dĂ©veloppement et l'utilisation des modĂšles climatiques globaux de Hansen ont contribuĂ© Ă la comprĂ©hension du climat de la Terre. En 2009 paraĂźt son premier livre, Storms of My Grandchildren (en)[7] En 2012, il donne une confĂ©rence TED : Why I must speak out about climate change[8] (« Pourquoi je dois parler franchement du changement climatique »).
De 1981 Ă 2013, il a dirigĂ© le Goddard Institute for Space Studies de la NASA Ă New York, qui est rattachĂ© au Goddard Space Flight Center de Greenbelt dans le Maryland. Depuis 2014, Hansen dirige le Programme sur les Sciences du Climat, la Sensibilisation et les Solutions Ă l'Institut de la Terre de l'universitĂ© Columbia[9]. Ce programme Ćuvre à « faire le lien » entre les progrĂšs de la science climatique fondamentale dâune part et la sensibilisation et lâincitation Ă lâaction du grand public et des dĂ©cideurs politiques dâautre part.
Activités de recherche et publications
Lors de ses Ă©tudes Ă l'universitĂ© de l'Iowa, Hansen a Ă©tĂ© attirĂ© par les recherches effectuĂ©es dans le cadre du programme de science spatiale de James Van Allen dans le dĂ©partement de physique et d'astronomie. Une dĂ©cennie plus tard, il sâest tournĂ© vers la recherche sur les planĂštes, notamment pour essayer de comprendre le changement climatique induit sur Terre par les modifications anthropiques de la composition de lâatmosphĂšre.
Hansen a dĂ©clarĂ© que l'un de ses champs de recherche est le phĂ©nomĂšne de transfert radiatif au sein des atmosphĂšres planĂ©taires, en particulier l'interprĂ©tation des tĂ©lĂ©mesures de l'atmosphĂšre et de la surface de la Terre faites par satellite. En raison de la capacitĂ© des satellites Ă surveiller l'ensemble du globe, ils peuvent ĂȘtre l'un des moyens les plus efficaces pour surveiller et Ă©tudier les changements affectant la planĂšte. Ses autres champs de recherche englobent le dĂ©veloppement de modĂšles de circulation gĂ©nĂ©rale pour aider Ă comprendre les Ă©volutions du climat, ainsi que lâimpact des activitĂ©s humaines sur le climat[10].
Ătude de VĂ©nus
Ă la fin des annĂ©es 1960 et au dĂ©but des annĂ©es 1970, Ă lâissue de sa thĂšse, Hansen a publiĂ© plusieurs articles sur la planĂšte VĂ©nus. VĂ©nus possĂšde une tempĂ©rature de brillance Ă©levĂ©e, relativement Ă©loignĂ©e des infra-rouges. Hansen a proposĂ© dâexpliquer cette tempĂ©rature de surface Ă©levĂ©e par le piĂ©geage de l'Ă©nergie interne de la planĂšte par des aĂ©rosols[11]. Des Ă©tudes plus rĂ©centes ont suggĂ©rĂ© quâil y a plusieurs milliards d'annĂ©es, l'atmosphĂšre de VĂ©nus Ă©tait beaucoup plus proche de celle de la Terre qu'elle ne l'est aujourdâhui, et qu'il y avait probablement d'importantes quantitĂ©s d'eau liquide Ă la surface. Mais l'Ă©vaporation de l'eau originelle a gĂ©nĂ©rĂ© un niveau critique de gaz Ă effet de serre dans l'atmosphĂšre, ce qui aboutit Ă un emballement de lâeffet de serre[12].
Hansen a poursuivi son étude de Vénus en observant la composition de ses nuages. Il a analysé la réflectivité dans le proche infrarouge des nuages de glace, les a comparés à des observations de Vénus, et a constaté une similitude[13]. Il a également été en mesure d'utiliser un modÚle de transfert radiatif afin de fixer une limite supérieure à la taille des particules de glace[14]. Ces avancées, publiées dans les années 1980, ont démontré que les nuages se composent principalement de dioxyde de soufre et de gouttelettes d'acide sulfurique[15].
En 1974, la composition des nuages de VĂ©nus nâavait pas encore Ă©tĂ© dĂ©terminĂ©e. De nombreux scientifiques proposaient une grande variĂ©tĂ© de composĂ©s, y compris l'eau liquide et des solutions aqueuses de chlorure ferreux. Hansen et Hovenier se sont servis de la polarisation de la lumiĂšre solaire rĂ©flĂ©chie par la planĂšte pour Ă©tablir que les nuages Ă©taient sphĂ©riques et composĂ©s dâacide sulfurique[16]. Kiyoshi Kawabata et Hansen Ă©largirent ce travail en regardant la variation de la polarisation sur VĂ©nus. Ils ont dĂ©couvert que les nuages visibles forment une brume diffuse plutĂŽt qu'un Ă©pais nuage, confirmant les mĂȘmes rĂ©sultats obtenus Ă partir de transits Ă travers le soleil[17]..
Le projet spatial Pioneer Venus a Ă©tĂ© lancĂ© en et a atteint VĂ©nus Ă fin de cette mĂȘme annĂ©e. Hansen a collaborĂ© avec Larry Travis et d'autres collĂšgues Ă un article paru dans la revue Science en 1979. Ils ont Ă©crit sur le dĂ©veloppement et la variabilitĂ© des nuages dans le spectre ultraviolet. Ils y concluent que les nuages se composent d'au moins trois matĂ©riaux : une mince couche de brume, des nuages d'acide sulfurique, et un absorbeur d'ultraviolet inconnu en dessous de la couche de nuages d'acide sulfurique[18]. Les donnĂ©es de polarisation linĂ©aire obtenues Ă partir de la mĂȘme mission ont confirmĂ© que les couches basses et intermĂ©diaires des nuages Ă©taient composĂ©es d'acide sulfurique dâun rayon d'environ 1 micromĂštre, et quâune couche de brume submicronique Ă©tait prĂ©sente au-dessus de la couche nuageuse[19].
Analyse de température globale
La premiĂšre analyse de tempĂ©rature globale conduite par le GISS (Goddard Institute for Space Studies, de la NASA) a Ă©tĂ© publiĂ©e en 1981. Hansen et ses co-auteurs y analysaient les tempĂ©ratures de lâair en surface, relevĂ©es par des stations mĂ©tĂ©orologiques entre les annĂ©es 1880 et 1985. Ils montraient que les tempĂ©ratures provenant de stations distantes de 1 000 km au plus Ă©taient trĂšs corrĂ©lĂ©es, particuliĂšrement Ă moyenne altitude, et quâainsi les donnĂ©es de ces stations pouvaient ĂȘtre combinĂ©es pour fournir des variations de tempĂ©rature long terme prĂ©cises. Les auteurs concluaient que, par principe, une tempĂ©rature moyenne globale peut ĂȘtre calculĂ©e, mĂȘme si la plupart des stations se trouvent dans lâhĂ©misphĂšre nord, en zone continentale. Le rĂ©chauffement sur le siĂšcle dernier Ă©tait de 0,5â0,7 °C, avec un rĂ©chauffement similaire dans les deux hĂ©misphĂšres[20]. Lorsque cette analyse fut reconduite en 1988, les quatre annĂ©es les plus chaudes de lâhistoire des relevĂ©s Ă©taient toutes dans la dĂ©cennie 1980. Les deux plus chaudes Ă©tant 1981 et 1987[21].
Ă la suite de lâĂ©ruption du Mont Pinatubo en 1991, lâannĂ©e 1992 fut marquĂ©e par un refroidissement de la tempĂ©rature globale. Une corrĂ©lation sĂ©rielle entre les tempĂ©ratures globales suggĂ©rait penser que les annĂ©es suivantes allaient elles aussi ĂȘtre plus froides. Basset et Lin montrĂšrent que les chances dâun nouveau record de tempĂ©rature Ă©taient assez faibles[22] ce Ă quoi Hansen rĂ©pondit que ce genre de raisonnement statistique est biaisĂ© par le fait que leurs auteurs disposent dâinformations a priori et de connaissances sur la physique des systĂšmes climatiques et que lâobservation dâun « record » de tempĂ©rature est grandement influencĂ©e par le jeu de donnĂ©es considĂ©rĂ©[23].
Les donnĂ©es de tempĂ©rature actualisĂ©es en 1999 mirent en Ă©vidence dâune part que 1998 avait Ă©tĂ© lâannĂ©e la plus chaude depuis le dĂ©but des mesures en 1880, et dâautre part que la cadence du rĂ©chauffement de lâĂ©poque Ă©tait la plus forte jamais observĂ©e. Les chercheurs conclurent que l'Ă©pisode rĂ©cent d'El Niño nâĂ©tait pas entiĂšrement responsable de ce phĂ©nomĂšne. MalgrĂ© cela, le rĂ©chauffement avait Ă©tĂ© moindre aux Ătats-Unis et une partie de lâest des USA, et que lâocĂ©an Atlantique Ouest avait mĂȘme connu un lĂ©ger refroidissement[24].
Depuis 2001, le calcul de la température globale a sensiblement changé et inclut plusieurs corrections :
- Correction du biais de temps d'observation,
- Modification de l'historique des stations,
- Différenciation entre les stations urbaines et rurales,
- Ajustement des stations urbaines, d'aprĂšs une observation satellite de l'Ă©clairage urbain nocturne,
- Plus grand poids donné aux stations rurales dans les calculs de température[25].
Un rĂ©chauffement local urbain a Ă©tĂ© mis en Ă©vidence aussi bien dans les zones urbaines que dans les zones pĂ©ri-urbaines et dans les petites villes. AprĂšs les tempĂ©ratures anormalement Ă©levĂ©es de 1998 dues Ă El Niño, une relative baisse des tempĂ©ratures est observĂ©e en 2001. Cependant, dans une publication de 2001 dans la revue Science, Hansen rĂ©affirme lâexistence â et la poursuite â du rĂ©chauffement climatique, et suggĂšre que la hausse des tempĂ©ratures devrait ĂȘtre lâoccasion de discuter de solutions pour attĂ©nuer le rĂ©chauffement climatique[26]. Une mise Ă jour des donnĂ©es en 2006 montre que les tempĂ©ratures sont alors 0,8 °C plus chaudes quâun siĂšcle auparavant et conclut que le rĂ©chauffement climatique rĂ©cent relĂšve bien dâun changement climatique et nâest pas un artefact dĂ» Ă lâeffet dâilot de chaleur urbaine. Par ailleurs, les variations rĂ©gionales de tempĂ©rature (plus chaud aux hautes latitudes) constitueraient une preuve de plus que le rĂ©chauffement est bien dâorigine anthropique[27].
En 2007, Stephen McIntyre signala au GISS que de nombreuses donnĂ©es de tempĂ©rature, tirĂ©es du Historical Climatology Network (USHCN) aux Ătats-Unis, prĂ©sentaient une discontinuitĂ© autour de lâan 2000. La NASA corrigea le dĂ©faut correspondant dans le logiciel chargĂ© de compiler ces donnĂ©es et porta au crĂ©dit de McIntyre la dĂ©tection du problĂšme[28]. Hansen a par la suite indiquĂ© avoir ressenti que certains media avaient sur-rĂ©agi Ă cette nouvelle[29] - [30]. En 2010, Hansen a publiĂ© un article intitulĂ© « LâĂvolution de la TempĂ©rature Globale de Surface », dĂ©crivant les analyses des tempĂ©ratures globales actuelles[31].
Ătudes sur les particules fines
Hansen a aussi contribuĂ© Ă la comprĂ©hension de lâinfluence des particules fines (suies) sur le climat au niveau rĂ©gional. Ces derniĂšres dĂ©cennies, la Chine du Nord a subi plus de sĂ©cheresses que de coutume, tandis que la Chine du Sud a fait face Ă plus de pluie en Ă©tĂ©, provoquant un plus grand nombre dâinondations. La Chine du Sud a vu ses tempĂ©ratures baisser, alors que les tempĂ©ratures globales ont augmentĂ©. Dans un article rĂ©digĂ© avec Menon et al., Hansen dĂ©montre, par le biais dâobservations et de modĂ©lisations climatiques, que les particules fines de carbone rĂ©chauffent lâair, augmentent les phĂ©nomĂšnes de convection et de prĂ©cipitation, et conduisent Ă un refroidissement de surface plus important que si les aĂ©rosols Ă©taient des sulfates[32].
Un an plus tard, Hansen sâassocie Ă Makiko Sato pour publier une Ă©tude sur les particules fines de carbone, en utilisant le rĂ©seau mondial de photomĂštres solaires AERONET. Bien que le positionnement des instruments AERONET ne donne pas accĂšs Ă une estimation globale, il est suffisant pour valider lâimpact des aĂ©rosols sur le climat. Les chercheurs ont montrĂ© que la plupart des Ă©tudes sous-estiment la quantitĂ© de particules fines de carbone, par un facteur au moins Ă©gal Ă 2[33]. Cela correspond Ă une augmentation du phĂ©nomĂšne de forçage climatique dâenviron 1 W/m2, ce qui est partiellement compensĂ© par lâeffet refroidissant des aĂ©rosols non absorbants[34].
Les estimations dâĂ©missions de particules fines de carbone montrent une rapide augmentation en 1880 aprĂšs le dĂ©but de la rĂ©volution industrielle, avant une inflexion entre 1900-1950, Ă la suite du vote des premiĂšres lois environnementales. La Chine et lâInde ont rĂ©cemment vu leurs Ă©missions de particules fines de carbone augmenter du fait de leur rapide dĂ©veloppement[35]. Les Ă©missions du Royaume-Uni ont Ă©tĂ© estimĂ©es Ă lâaide dâun rĂ©seau de stations qui mesurent la prĂ©sence de fumĂ©es noires et de dioxyde de soufre : les conclusions font Ă©tat dâune dĂ©croissance de la concentration de particules fines de carbone dans lâatmosphĂšre depuis le dĂ©but des annĂ©es soixante, date des premiĂšres mesures. De plus, ce dĂ©clin est plus marquĂ© que ne lâest celui de lâutilisation de carburants connus pour ĂȘtre Ă©metteur de particules fines. En 2007, un article a utilisĂ© le modĂšle climatique du GISS afin de dĂ©terminer lâorigine des particules fines de carbone de lâArctique. La plupart des aĂ©rosols en suspension au-dessus du continent Arctique proviennent de lâAsie du Sud. Des pays comme les Ătats-Unis et la Russie contribuent moins Ă ces Ă©missions que ce que lâon pensait auparavant[36].
Influence humaine sur le climat
La Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) est un traitĂ© environnemental international dont lâobjectif est la stabilisation de la concentration des gaz Ă effet de serre dans lâatmosphĂšre terrestre Ă un niveau qui empĂȘcherait toute perturbation anthropique dangereuse pour le systĂšme climatique. En 2003, Hansen publie un article intitulĂ© « Peut-on dĂ©samorcer la bombe Ă retardement du rĂ©chauffement climatique ? », dans lequel il soutient que les forçages climatiques anthropiques sont dĂ©sormais supĂ©rieurs aux forçages naturels et que ceci peut, Ă long terme, entrainer des changements climatiques majeurs[38]. Il considĂšre Ă©galement la stabilitĂ© des calottes polaires du Groenland et de lâAntarctique comme un seuil de dangerositĂ© des perturbations climatiques anthropiques. Selon lui, « si stopper le rĂ©chauffement global requiert une coopĂ©ration internationale inĂ©dite et urgente, les actions Ă mettre en Ćuvre restent Ă notre portĂ©e, et elles auraient par ailleurs des retombĂ©es positives pour la santĂ© humaine, lâagriculture, et lâenvironnement ». Hansen a dĂ©clarĂ©, lors dâune prĂ©sentation Ă lâuniversitĂ© de l'Iowa en 2004, que des hauts fonctionnaires amĂ©ricains lui ont demandĂ© de ne pas expliquer en quoi une perturbation anthropique pouvait sâavĂ©rer dangereuse pour le climat, au motif que le sens du terme « dangereux » pouvait ne pas ĂȘtre compris, ni dâexpliquer que lâhumanitĂ© a dĂ©sormais effectivement un impact sur le climat. Il compara cette injonction Ă un pacte avec la Diable : les aĂ©rosols atmosphĂ©riques prĂ©sentent des risques pour la santĂ© humaine, et nous devrions donc chercher Ă en rĂ©duire les quantitĂ©s. Mais, ces mĂȘmes aĂ©rosols ayant par ailleurs un effet limitatif de lâeffet de serre, nous augmenterions ainsi le rĂ©chauffement climatique engendrĂ© par les Ă©missions de CO2[39].
Hansen et ses coauteurs considĂšrent que la tempĂ©rature moyenne planĂ©taire constitue un indicateur fiable dâĂ©valuation de la perturbation anthropique du systĂšme climatique et de sa dangerositĂ©. Ils indiquent deux autres Ă©lĂ©ments particuliĂšrement importants Ă leurs yeux : lâĂ©lĂ©vation du niveau de la mer dâune part, et lâextinction dâespĂšces dâautre part. Hansen et ses coauteurs prĂ©sentent un premier scĂ©nario « business-as-usual » de prolongation des tendances passĂ©es, dans lequel les Ă©missions de gaz Ă effet de serre augmentent dâenviron 2 % par an, ainsi quâun scĂ©nario alternatif, dans lequel les concentrations atmosphĂ©riques de gaz Ă effet de serre diminuent. Dans ce scĂ©nario alternatif, lâaugmentation du niveau de la mer dâun mĂštre par siĂšcle a de graves consĂ©quences compte tenu de la densitĂ© de population des rĂ©gions cĂŽtiĂšres du globe. Ces consĂ©quences sont cependant dĂ©crites comme mineures en comparaison de ce quâelles seraient dans le cadre du scĂ©nario « business-as-usual », qui induit une augmentation du niveau de la mer de 10 mĂštres par siĂšcle. La situation Ă laquelle aboutit le scĂ©nario alternatif nâest certes pas satisfaisante, mais celle du scĂ©nario « business-as-usual » demeure bien pire[27].
Le concept de « dangereuse perturbation anthropique » a Ă©tĂ© clarifiĂ© par un article paru en 2007 dans la revue Atmospheric Chemistry and Physics, dans lequel il est expliquĂ© quâun rĂ©chauffement global dâun degrĂ© aurait de graves consĂ©quences pour lâhumanitĂ©. ConsidĂ©rant quâun doublement des concentrations de CO2 induirait un rĂ©chauffement de 3 °C, un scĂ©nario alternatif est prĂ©sentĂ©, dans lequel le rĂ©chauffement global serait maintenu sous la limite dâun rĂ©chauffement de 1 °C. Hansen et ses coauteurs en dĂ©duisent quâune concentration atmosphĂ©rique en CO2 supĂ©rieure Ă 450 ppm doit ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme dangereuse, mais quâune rĂ©duction des Ă©missions de gaz Ă effet de serre autres que le CO2 nous autoriserait Ă retarder la mise en Ćuvre des nĂ©cessaires rĂ©ductions drastiques dâĂ©missions de CO2. Lâarticle indique Ă©galement que les forçages climatiques Ă lâĆuvre en Arctique proviennent tout autant du CO2 que dâautres Ă©lĂ©ments. Enfin, lâarticle alerte sur la nĂ©cessitĂ© de rĂ©duire les Ă©missions de CO2 et dâempĂȘcher une dangereuse perturbation anthropique du climat[40].
DĂ©veloppement de modĂšles climatiques et simulations
Wilhelm Bjerknes initia le dĂ©veloppement moderne du modĂšle de circulation gĂ©nĂ©rale au dĂ©but du XXe siĂšcle. La modĂ©lisation numĂ©rique progressa dâabord difficilement, en lâabsence dâordinateurs puis en raison de la lenteur des premiers modĂšles, ainsi quâen raison du manque de donnĂ©es dâobservation. Ce nâest quâĂ partir des annĂ©es 1950 que les modĂšles numĂ©riques purent sâapprocher de la rĂ©alitĂ©[41]. La premiĂšre contribution de Hansen Ă la modĂ©lisation climatique intervint en 1974, avec la publication du modĂšle GISS. Lui et ses collĂšgues revendiquĂšrent que leur modĂšle Ă©tait capable de simuler les principales caractĂ©ristiques de la pression Ă la surface de la mer et des isobares 500 mbar dans lâAtlantique Nord[42].
Dans une publication de 1981 dans la revue Science, Hansen et dâautres scientifiques du Goddard Institute for Space Studies concluent que lâaccumulation de dioxyde de carbone dans lâatmosphĂšre va conduire Ă un rĂ©chauffement plus rapide que prĂ©cĂ©demment annoncĂ©. Ils sâappuient sur un modĂšle radio-convectif Ă une dimension, qui permet de dĂ©terminer la tempĂ©rature en fonction de lâaltitude. Ils notent que ce modĂšle unidimensionnel produit des rĂ©sultats comparables Ă ceux des modĂšles tridimensionnels plus complexes, et quâil permet de simuler les mĂ©canismes et rĂ©troactions climatiques Ă©lĂ©mentaires[43]. Hansen annonce dĂšs cette Ă©poque que lâĂ©lĂ©vation des tempĂ©ratures sera objectivement observable dĂšs les annĂ©es 1990, câest-Ă -dire bien plus tĂŽt quâannoncĂ© par dâautres travaux de recherche. Il prĂ©dit Ă©galement quâil sera difficile de convaincre les dirigeants politiques et le public de la nĂ©cessitĂ© de rĂ©agir[44].
Au dĂ©but des annĂ©es 1980, lâaugmentation de la capacitĂ© de calcul des ordinateurs ainsi que lâamĂ©lioration des modĂšles climatiques permettent dâĂ©tendre les expĂ©riences scientifiques. Les modĂšles prennent dĂ©sormais en compte de nouveaux phĂ©nomĂšnes physiques, comme la convection, lâamplitude quotidienne de tempĂ©rature, ou lâĂ©paisseur du manteau neigeux. Les progrĂšs scientifiques, notamment en informatique et en physique, permettent de faire fonctionner le modĂšle GISS sur une pĂ©riode de cinq ans. La plus petite maille spatiale du modĂšle est de 1 000 km, et aboutissent Ă des simulations considĂ©rĂ©es comme raisonnablement fiables[45].
La premiĂšre simulation obtenue Ă partir dâun modĂšle de circulation globale et publiĂ©e par Hansen intervient en 1988, lâannĂ©e de sa fameuse audition par le CongrĂšs des Ătats-Unis.[[46] La deuxiĂšme gĂ©nĂ©ration du modĂšle GISS est utilisĂ©e pour Ă©valuer lâĂ©volution de la tempĂ©rature moyenne de surface en fonction de diffĂ©rents scĂ©narios dâĂ©missions futures de gaz Ă effet de serre. Hansen conclut que le constat dâun rĂ©chauffement global deviendra Ă©vident au cours des quelques dĂ©cennies suivantes, avec des tempĂ©ratures au moins aussi Ă©levĂ©es que durant la derniĂšre pĂ©riode interglaciaire. Une augmentation durable de la tempĂ©rature 0,4 °C au-dessus de la moyenne des annĂ©es 1950-1980 serait pour lui le signe accablant et dĂ©finitif de la responsabilitĂ© humaine dans le rĂ©chauffement climatique[47]. L'opinion reste sceptique. L'annĂ©e suivante, la revue Science publie un article intitulĂ© : « Effet de serre : Hansen contre le reste du monde ». En , deux organismes de l'ONU chargĂ©s du climat et de l'environnement crĂ©ent un centre d'expertise destinĂ© Ă collecter la littĂ©rature scientifique sur les changements climatiques en vue d'Ă©clairer les responsables politiques; ce Groupe d'experts intergouvernemental sur l'Ă©volution du climat, le GIEC, validera les thĂ©ories avancĂ©es par Hansen[48].
En 2006, Hansen et ses collĂšgues comparent les donnĂ©es dâobservation avec les projections faites par Hansen lui-mĂȘme lors de son audition de 1988 devant le CongrĂšs. Le scĂ©nario intermĂ©diaire Ă©tait considĂ©rĂ© comme Ă©tant le plus probable, et ils notent que câest de ce scĂ©nario que le forçage constatĂ© des gaz Ă effet de serre a jusquâici Ă©tĂ© le plus proche. Ce scĂ©nario tenait compte, dans ses projections, des effets de trois Ă©ruptions volcaniques en 50 ans, dont lâune en 1995 ; lâĂ©ruption du Pinatubo eut en fait lieu en 1991. Hansen et ses collĂšgues constatĂšrent que le rĂ©chauffement observĂ© Ă©tait Ă©quivalent Ă celui de deux des trois scĂ©narios. Les taux dâĂ©lĂ©vation de la tempĂ©rature des deux modĂšles les plus prudents sont sensiblement les mĂȘmes jusquâen 2000, et ils ne furent pas en mesure de fournir une Ă©valuation prĂ©cise du modĂšle. Ils montrĂšrent en revanche que la concordance entre les observations et le scĂ©nario intermĂ©diaire Ă©tait fortuite, la sensibilitĂ© climatique qui avait Ă©tĂ© modĂ©lisĂ©e Ă©tant supĂ©rieure aux derniĂšres estimations disponibles[27].
Un an plus tard, Hansen se joignit Ă Rahmstorf et ses collĂšgues afin de comparer les prĂ©visions climatiques aux observations. Ce travail, menĂ© de 1990 Ă , portent sur des modĂšles physiques construits indĂ©pendamment des observations effectuĂ©es aprĂšs 1990. Il montre que la rĂ©ponse du systĂšme climatique aux perturbations anthropiques pourrait ĂȘtre plus rapide que prĂ©vu par les modĂšles antĂ©rieurs Ă 1990. Rahmstorf et ses coauteurs remarquent notamment que le niveau de la mer sâĂ©lĂšve Ă une vitesse situĂ©e dans la fourchette haute des prĂ©visions du GIEC, principalement en raison de la dilatation thermique des ocĂ©ans, et non pas de la fonte du Groenland ou de la calotte polaire de lâAntarctique[50].
Ă la suite du lancement dâun satellite capable de mesurer les tempĂ©ratures terrestres, Roy Spencer et John Christy publient en 1990 la premiĂšre version de leurs mesures de tempĂ©rature par satellite. Ă lâinverse des modĂšles climatiques et des mesures de surface, leurs rĂ©sultats montrent dans un premier temps un refroidissement de la troposphĂšre[51]. En 1998, Wentz et Schabel concluent cependant que la dĂ©rive orbitale du satellite faussait la tempĂ©rature mesurĂ©e[52]. Hansen compare alors les tempĂ©ratures corrigĂ©es de la troposphĂšre avec les rĂ©sultats du modĂšle publiĂ© par le Goddard Institute for Space Studies (GISS), et arrive Ă la conclusion que le modĂšle est en adĂ©quation avec les observations. Notant que les donnĂ©es de tempĂ©rature issues des estimations du satellite Ă©taient le dernier argument opposĂ© Ă ses travaux par les climatosceptiques, il estime que la correction de ces donnĂ©es doit se traduire, dans le cadre du dĂ©bat scientifique, par le passage dâune discussion sur la rĂ©alitĂ© du rĂ©chauffement climatique Ă une discussion dĂ©sormais axĂ©e sur sa vitesse de progression et sur les mesures Ă prendre Ă son sujet[53].
Hansen a poursuivi le dĂ©veloppement et lâanalyse de modĂšles climatiques. Il a par exemple aidĂ© Ă observer les Ă©volutions dĂ©cennales de la hauteur de la tropopause, qui pourrait ĂȘtre un outil utile pour dĂ©terminer « lâempreinte » humaine sur le climat[54]. Au , la version en cours du modĂšle GISS Ă©tait le modĂšle E. Cette version comporte des amĂ©liorations dans de nombreux domaines, tels que les vents dâaltitude, la hauteur des nuages, et les prĂ©cipitations. Le modĂšle rencontre cependant toujours des difficultĂ©s concernant les rĂ©gions de stratocumulus maritimes[55]. Une publication ultĂ©rieure a montrĂ© que les principaux problĂšmes du modĂšle concernaient une variabilitĂ© de type « ENSO » trop faible, et une modĂ©lisation insuffisante de la banquise, dont rĂ©sulte une quantitĂ© de glace trop faible dans lâHĂ©misphĂšre Sud, et trop importante dans lâHĂ©misphĂšre Nord[56].
Forçages, rétroactions et sensibilité climatiques
En lâan 2000, Hansen a publiĂ© un article intitulĂ© « RĂ©chauffement climatique au vingtiĂšme siĂšcle : un scĂ©nario alternatif » dans lequel il prĂ©sentait une approche plus optimiste du changement climatique, mettant en avant les gaz autres que le CO2 ainsi que les suies Ă court terme, laissant plus de temps pour rĂ©duire les Ă©missions liĂ©es aux combustibles fossiles[57]. Il y pointe le fait que le rĂ©chauffement net observĂ© jusquâici est approximativement le mĂȘme que celui dĂ» aux seuls gaz autres que le CO2. Cela sâexplique par le fait que le rĂ©chauffement dĂ» au CO2 est diminuĂ© par lâeffet refroidissant des aĂ©rosols qui sont Ă©mis lors de la combustion dâĂ©nergies fossiles et par le fait que, au moment de lâĂ©tude, les gaz autres que le CO2, pris tous ensemble, reprĂ©sentaient environ 50 % du rĂ©chauffement dĂ» aux Ă©missions anthropiques de gaz Ă effet de serre.
Dans un article publiĂ© en 2007, Hansen traite du risque dâ« effets rĂ©troactifs rapides » dus Ă la fonte de la calotte glaciaire, par analyse de donnĂ©es palĂ©oclimatiques[58]. George Monbiot en fait le compte-rendu suivant : « le GIEC prĂ©voit une Ă©lĂ©vation du niveau de la mer pouvant aller jusquâĂ 59 centimĂštres au cours du siĂšcle actuel[59]. Dans son article, Hansen rĂ©torque que la fonte lente de la calotte glaciaire prise en compte par le GIEC nâest pas confirmĂ©e par les donnĂ©es expĂ©rimentales. Les relevĂ©s gĂ©ologiques suggĂšrent quâau niveau des pĂŽles, la glace ne fond pas dâune maniĂšre progressive et linĂ©aire, mais passe brutalement dâun Ă©tat physique Ă un autre. Lorsque les tempĂ©ratures sont passĂ©es 2 Ă 3 °C au-dessus de leur niveau actuel il y a 3,5 millions dâannĂ©es, le niveau de la mer ne sâest pas Ă©levĂ© de 59 centimĂštres mais de 25 mĂštres. La rĂ©ponse de la glace aux changements de tempĂ©ratures a Ă©tĂ© immĂ©diate. »[60]
Hansen insiste sur les incertitudes entourant ces prĂ©dictions. « Il est difficile de prĂ©dire lâinstant de basculement dans le cas de problĂšmes non linĂ©aires de cette sorte⊠Un temps de rĂ©ponse de la calotte glaciaire de lâordre de plusieurs siĂšcles semble raisonnable, et on ne peut pas exclure des bouleversements Ă lâhorizon de quelques dĂ©cennies, une fois quâon entre dans une phase de fonte massive de la surface. »[58] Il en conclut que « lâĂ©tat actuel des connaissances ne permet pas dâĂ©valuer de façon satisfaisante le degrĂ© de dangerositĂ© des [Ă©missions de gaz Ă effet de serre] anthropiques. Cependant, il est beaucoup moins Ă©levĂ© que ce qui a Ă©tĂ© communĂ©ment admis jusquâĂ prĂ©sent. Si nous nâavons pas encore franchi la ligne rouge, lâinfrastructure Ă©nergĂ©tique en place nous amĂšnera inĂ©vitablement Ă la franchir dâici quelques dĂ©cennies. »[58]
En 2013 Hansen a publiĂ© un article intitulĂ© « SensibilitĂ© climatique, niveau de la mer et dioxyde de carbone atmosphĂ©rique », dans lequel il estime que la sensibilitĂ© climatique est de lâordre de 3 °C +/- 1 °C sur la base de donnĂ©es palĂ©o-climatiques du PlĂ©istocĂšne. Lâarticle arrive par ailleurs Ă la conclusion que la combustion de toutes les Ă©nergies fossiles « rendrait la plus grande partie de la planĂšte inhabitable pour lâhumanitĂ©. »[61]
Analyse des causes du changement climatique
Hansen fait remarquer que ce qui compte pour Ă©tablir ce qui est responsable du changement climatique, câest lâeffet des Ă©missions cumulĂ©es de gaz Ă effet de serre dans lâatmosphĂšre et non celui des Ă©missions actuelles. Ă cette aune, le Royaume-Uni reste le principal responsable, suivi par les Ătats-Unis et lâAllemagne, en dĂ©pit du fait que leurs Ă©missions actuelles sont plus faibles que celles de la Chine[63].
En ce qui concerne les politiques publiques, la critique de Hansen se concentre sur ce quâil considĂšre comme des tentatives de dĂ©sinformation concernant les problĂ©matiques de changement climatique. Il sâen prend plus particuliĂšrement aux campagnes de communication du Competitive Enterprise Institute et leur slogan « le dioxyde de carbone, pour eux câest une source de pollution, pour nous câest la source de la vie »[64] ainsi quâaux hommes politiques qui acceptent de lâargent des lobbies de lâindustrie des Ă©nergies fossiles et font passer le changement climatique pour un « immense canular »[65]. Il affirme aussi que les changements nĂ©cessaires Ă la limitation du rĂ©chauffement climatique ne demandent pas de si grands sacrifices ou de baisse de qualitĂ© de vie, mais sâaccompagneront en revanche dâeffets bĂ©nĂ©fiques sur la qualitĂ© de lâair et de lâeau, et le dĂ©veloppement dâindustries de haute technologie[66]. Il a critiquĂ© aussi bien les positions de lâadministration Clinton que celles de lâadministration George W. Bush sur le changement climatique[67]. Concernant les effets potentiels du changement climatique, Hansen a dĂ©clarĂ© dans une interview donnĂ©e en : « nous ne pouvons pas nous permettre de repousser plus longtemps le changement. Nous devons trouver une nouvelle façon dâavancer au sein de cette nouvelle administration. Nous nâavons plus que 4 ans pour faire en sorte quâObama se pose en exemple au reste du monde. LâAmĂ©rique doit ouvrir la voie. »[68]
Engagement militant autour du changement climatique
Critique de lâindustrie du charbon
Hansen sâest montrĂ© particuliĂšrement critique envers lâindustrie du charbon, affirmant que le charbon est le principal contributeur aux Ă©missions anthropiques de dioxyde de carbone dans lâatmosphĂšre[69]. Il reconnaĂźt volontiers quâune molĂ©cule de CO2 Ă©mise par la combustion du charbon a le mĂȘme effet quâune molĂ©cule Ă©mise par la combustion de pĂ©trole. La diffĂ©rence rĂ©side dans la provenance du combustible. La plus grande partie du pĂ©trole provient de Russie et dâArabie Saoudite et quelle que soit lâefficacitĂ© Ă©nergĂ©tique des voitures, le pĂ©trole sera en fin de compte brĂ»lĂ© et le CO2 Ă©mis. Lors dâune audition devant lâIowa Utilities Board en 2007, il a dĂ©clarĂ© que les Ătats-Unis possĂšdent dâimportes rĂ©serves de charbon, ce qui en fait une ressource Ă la main de la classe politique amĂ©ricaine, contrairement au pĂ©trole qui est contrĂŽlĂ© par dâautres pays[69]. Il a appelĂ© Ă sortir complĂštement de lâĂ©lectricitĂ© au charbon dâici Ă 2030[70].
Lors de son audition devant lâIowa Utilities Board en 2007, Hansen a comparĂ© les trains de charbon Ă des « trains de la mort [âŠ] Ă©galant dans lâhorreur les wagons de marchandises Ă destination des crĂ©matoriums, rempli dâespĂšces incommensurablement prĂ©cieuses »[71]. La National Mining Association a rĂ©agi en dĂ©nonçant une « banalisation des souffrances subies par des millions de personnes » et « une perte de crĂ©dibilitĂ© »[72] - [73]. PrĂ©tendument en rĂ©ponse Ă la rĂ©action de « plusieurs personnes » et de « trois de ses collĂšgues scientifiques », Hansen dĂ©clara quâil ne voulait certainement pas banaliser les souffrances des familles qui ont perdu des proches lors de la Shoah et il sâexcusa, en regrettant que ses propos aient pu blesser certains de ses lecteurs[74].
Mines de charbon Ă ciel ouvert
Le , James Hansen, ainsi que 30 autres manifestants dont lâactrice Daryl Hannah, ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s pour obstruction aux forces de lâordre et perturbation de la circulation, lors dâune manifestation sur une mine Ă ciel ouvert utilisant la technique de « rasage de montagne » (moutain-top removal) du ComtĂ© de Raleigh, en Virginie Occidentale[75]. Les manifestants ont tentĂ© de pĂ©nĂ©trer sur le site de la Massey Energy Company mais ont Ă©tĂ© bloquĂ©s par une foule de plusieurs centaines de mineurs de charbon et de leurs soutiens[76]. Hansen dĂ©clara que la technique de « rasage de montagne » « nâassurait quâune toute petite partie de notre approvisionnement Ă©nergĂ©tique » et « devrait ĂȘtre abandonnĂ©e »[77]. Hansen exhorta le PrĂ©sident Obama Ă mettre un terme Ă cette technique de « rasage de montagne »[78].
Hansen et une centaine dâautres personnes ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s en devant la Maison-Blanche Ă Washington, alors quâils rĂ©clamaient une interdiction de la technique de « rasage de montagne » ainsi que des mines Ă ciel ouvert[79] - [80].
Marchés de quotas carbone
En 2009 Hansen se positionna contre le systÚme de « cap and trade », proposant à la place une taxe carbone progressive à assiette carbone sur le pétrole, le gaz et le charbon, avec redistribution intégrale des recettes de cette taxe équitablement entre tous les citoyens, ainsi que le propose le Citizens Climate Lobby (CCL). Il a pris position en faveur des travaux du CCL à de nombreuses reprises[81] - [82] - [83] - [84] - [85].
Retraite de la NASA
Hansen a pris sa retraite de la NASA en avril 2013 aprĂšs 46 ans au service de lâĂtat, dĂ©clarant quâil souhaitait jouer un rĂŽle plus actif dâun point de vue politique et juridique pour limiter les Ă©missions de gaz Ă effet de serre[86]. Il a aussi dĂ©clarĂ© que tant quâil Ă©tait son employĂ©, il ne pouvait pas poursuivre lâĂtat devant les tribunaux. Le mĂȘme mois, le National Center for Science Education, une organisation connue pour son engagement en faveur de lâenseignement des thĂ©ories de lâĂ©volution dans les cours de sciences aux Ătats-Unis, a nommĂ© Hansen comme conseiller pour Ă©tendre son domaine dâactivitĂ©s Ă lâenseignement du changement climatique[87].
Oléoduc Keystone
En le ministre canadien des Ressources naturelles Joe Oliver Ă©tait Ă Washington pour promouvoir lâaccord sur lâextension de lâolĂ©oduc Keystone, censĂ© permettre le transport de davantage de pĂ©trole brut de synthĂšse depuis les sables bitumineux de lâAthabasca au Canada jusquâau golfe du Mexique[88]. Dans une interview sur la chaĂźne CBC, Hansen se positionna trĂšs fermement contre lâutilisation de ces combustibles fossiles non conventionnels. DâaprĂšs le GIEC et dâautres organisations de lâĂ©nergie, « il y a plus de deux fois plus de carbone dans le pĂ©trole de sables bitumineux » que dans le pĂ©trole conventionnel. DâaprĂšs Hansen, le charbon, les sables bitumineux et les huiles de schiste ne devraient pas ĂȘtre utilisĂ©s comme source dâĂ©nergie, Ă cause de leurs Ă©missions carbone, et lâachĂšvement de lâolĂ©oduc Keystone aurait pour consĂ©quence dâaugmenter lâextraction de pĂ©trole de sables bitumineux. Il explique quâil est possible que les effets du changement climatique ne se manifestent que dans un futur assez lointain : « Il ne sâagit pas dâun cas oĂč vous Ă©mettez quelque chose et vous voyez immĂ©diatement son effet. Nous commençons Ă voir les premiers effets mais les effets les plus importants interviendront dans les prochaines dĂ©cennies, lĂ -dessus la science ne laisse pas de doute⊠Les effets se manifestent lentement Ă cause de lâinertie du systĂšme climatique. Cela prend des dĂ©cennies voire des siĂšcles avant de voir lâensemble des effets. Mais nous savons que la derniĂšre fois que le monde a Ă©tĂ© plus chaud de 2 °C, la mer Ă©tait 6 mĂštres au-dessus de son niveau actuel »[89]. Hansen exhorta le PrĂ©sident Obama Ă refuser le projet de prolongement de lâolĂ©oduc Keystone[88]. Le Hansen a de nouveau Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© devant la Maison-Blanche, de mĂȘme que Daryl Hannah et Robert F. Kennedy Junior, lors dâune nouvelle manifestation contre le projet de prolongement de lâolĂ©oduc Keystone[90].
Propositions de solutions
RĂ©cemment, Hansen a apportĂ© son soutien au systĂšme de taxe carbone dit « fee and dividend » qui a la particularitĂ© de ne pas avoir dâimpact sur les revenus et de permettre de donner un prix au carbone tout en redistribuant Ă©quitablement lâargent prĂ©levĂ© sur lâindustrie des combustibles fossiles Ă chaque rĂ©sident fiscal du pays. Dans une interview Ă la chaĂźne CBC, le , Hansen affirmait : « La solution [au changement climatique] doit nĂ©cessairement venir dâun prix du carbone plus Ă©levĂ©, ce qui rendrait des combustibles vraiment polluants comme les sables bitumineux trĂšs rapidement inexploitables. Leur exploitation nâa aucun sens, si lâon se place dans une perspective Ă©conomique globale. Si lâon pouvait simplement mettre un prix sur le carbone, on taxerait les entreprises exploitant les combustibles fossiles Ă la source (les mines du pays et les ports de dĂ©chargement) et on redistribuerait cet argent au peuple, Ă©quitablement entre chaque rĂ©sident lĂ©gal, on ferait ainsi la vĂ©ritĂ© sur les prix. Câest ce dont lâĂ©conomie a besoin pour ĂȘtre plus efficace. Actuellement, les coĂ»ts externes dus aux combustibles fossiles sont entiĂšrement supportĂ©s par la collectivitĂ©. Si votre enfant devient asthmatique, vous payez, mais lâentreprise exploitant les combustibles fossiles, elle, ne paye pas un centime. Il faut absolument rendre ce systĂšme plus honnĂȘte. »[91]
Fin 2008, Hansen proposa cinq prioritĂ©s Ă adopter par le PrĂ©sident Obama pour « rĂ©soudre les problĂšmes de lâĂ©nergie et du climat, tout en stimulant lâĂ©conomie » : utilisation efficace de lâĂ©nergie, Ă©nergies renouvelables, smart-grids, rĂ©acteurs nuclĂ©aires de 4e gĂ©nĂ©ration, et capture et stockage du carbone. Vis-Ă -vis du nuclĂ©aire, il exprima son dĂ©saccord avec le projet dâenfouissement des dĂ©chets nuclĂ©aires de Yucca Mountain, affirmant que les 25 milliards de dollars de surplus du Nuclear Waste Fund « devraient plutĂŽt servir Ă dĂ©velopper des rĂ©acteurs rapides qui brĂ»lent les dĂ©chets nuclĂ©aires, et des rĂ©acteurs au thorium, pour Ă©viter la fabrication de nouveaux dĂ©chets Ă trĂšs haute activitĂ© »[84].
En 2009, Hansen Ă©crivit une lettre ouverte au PrĂ©sident Barack Obama, oĂč il dĂ©fendait la mise en place dâun « moratoire et un arrĂȘt des centrales Ă charbon sans capture ni stockage de CO2 »[81]. De mĂȘme, dans son premier livre Storms of My Grandchildren, le premier principe de sa Declaration of Stewardship consiste en la crĂ©ation dâun « moratoire sur les centrales Ă charbon sans capture ni stockage de CO2 »[92].
En , James Hansen co-Ă©crivait dans Environmental Science & Technologie un article intitulĂ© « Le nombre de dĂ©cĂšs et dâĂ©missions de GES que le nuclĂ©aire historique et futur permettent et permettront dâĂ©viter ». Lâarticle examinait les niveaux de mortalitĂ© par unitĂ© dâĂ©nergie Ă©lectrique produite par les combustibles fossiles (charbon et gaz naturel), et par les combustibles nuclĂ©aires. Hansen estimait quâenviron 1,8 million de vies avaient Ă©tĂ© Ă©pargnĂ©es au niveau mondial, entre 1971 et 2009, grĂące Ă lâutilisation de lâĂ©nergie nuclĂ©aire au lieu des combustibles fossiles. Il concluait aussi que lâĂ©mission de quelque 64 milliards de tonnes dâĂ©quivalent dioxyde de carbone a Ă©tĂ© Ă©vitĂ©e par lâutilisation de lâĂ©nergie nuclĂ©aire entre 1971 et 2009. Se projetant cette fois dans le futur, il a enfin estimĂ© quâentre 2010 et 2050, le nuclĂ©aire pourrait permettre dâĂ©conomiser lâĂ©mission dâentre 80 et 240 milliards de tonnes de CO2[93].
Cet article fit lâobjet de plusieurs critiques, de la part notamment de personnalitĂ©s historiquement opposĂ©es Ă lâĂ©nergie nuclĂ©aire, et qui prĂ©fĂ©raient dâautres technologies bas-carbone, notamment Benjamin Sovacool et Mark Z. Jacobson[94]. Hansen et ses co-auteurs initiaux rĂ©pondirent aux critiques notamment en arguant que les donnĂ©es sur lesquelles se basaient leurs dĂ©tracteurs « manquaient de crĂ©dibilitĂ© »[95].
En 2013, Ă©paulĂ© par trois autres experts de premier plan, Hansen co-Ă©crit une lettre ouverte aux dĂ©cideurs politiques, concluant que « le maintien de lâopposition Ă lâĂ©nergie nuclĂ©aire affaiblit les capacitĂ©s de lâhumanitĂ© Ă contrer un changement climatique dangereux »[96].
Distinctions et récompenses
En 1996, Hansen a Ă©tĂ© Ă©lu Ă l'AcadĂ©mie nationale des sciences pour ses travaux sur lâatmosphĂšre, les modĂšles climatiques et lâanalyse des Ă©volutions du climat [97] En 2001, il a reçu le Heinz Award en environnement (dotĂ© de 250 000 dollars) pour ses recherches sur le rĂ©chauffement climatique[98]. En 2006, il a Ă©tĂ© sur la liste des 100 personnes les plus influentes du Time. Toujours en 2006, l'Association amĂ©ricaine pour l'avancement des sciences (AAAS) a nominĂ© James Hansen pour le « prix pour la libertĂ© et la responsabilitĂ© scientifique ». LâAAAS a mis en avant « son combat courageux et dĂ©terminĂ© en faveur de la responsabilitĂ© des scientifiques en termes de communication ouverte et honnĂȘte de leurs opinions et de leurs dĂ©couvertes scientifiques sur des questions d'importance publique »[99].
En 2007, Hansen a partagĂ© le prix Dan-David dâun million de dollars pour « ses rĂ©alisations exceptionnelles ayant un impact scientifique, technologique, culturel ou social sur notre monde ». En 2008, il a reçu le Common Wealth Award of Distinguished Service de la Banque PNC pour ses « rĂ©alisations exceptionnelles » dans le domaine scientifique. Ă la fin de 2008, Hansen a Ă©tĂ© nommĂ© par EarthSky Communications et un panel de 600 scientifiques « meilleur communicant scientifique de l'annĂ©e ». Il a Ă©tĂ© distinguĂ© comme « autoritĂ© capable dâun grand franc-parler sur le changement climatique » qui avait « le mieux communiquĂ© auprĂšs du public sur des problĂšmes scientifiques vitaux au cours de lâannĂ©e 2008 »[100].
En 2009, Hansen a reçu la médaille Carl-Gustaf-Rossby[100], la plus haute distinction décernée par l'American Meteorological Society, pour ses « contributions remarquables à la modélisation du climat, la compréhension des forçages et de la sensibilité climatique, et pour sa communication claire de la science du climat dans la sphÚre publique »[101].
Hansen a remportĂ© en 2010 le Sophie Prize, crĂ©Ă© en 1997 par le NorvĂ©gien Jostein Gaarder, l'auteur du roman best-seller « Le Monde de Sophie »[102], pour son « rĂŽle-clĂ© dans le dĂ©veloppement de notre comprĂ©hension du changement climatique induit par l'homme ». Le magazine Foreign Policy a retenu Hansen dans son Top 100 des intellectuels de lâannĂ©e 2012 pour avoir « sonnĂ© l'alarme sur le changement climatique, depuis trĂšs tĂŽt et Ă de multiples reprises »[103].
En , Hansen a reçu le Stephan H. Schneider Award du Commonwealth Club of California pour son excellente communication scientifique à propos du climat lors d'une cérémonie à San Francisco[104].
Le , Hansen a reçu le Joseph Priestley Award au Dickinson College de Carlisle, en Pennsylvanie « ... pour son travail qui a fait progresser notre comprĂ©hension du changement climatique, [âŠ] et pour son leadership dans la promotion de la comprĂ©hension par le public des questions climatiques et du passage de la connaissance Ă l'action en termes de politique climatique ». Le mĂȘme jour, il a donnĂ© une confĂ©rence intitulĂ©e « Arrestations Ă la Maison Blanche et crise climatique », au Anita Tuvin Schlechter Auditorium sur le campus de l'universitĂ©[105].
Polémiques
Pressions politiques au sein de la NASA
En 2007, Hansen affirme que des administrateurs de la NASA ont cherchĂ©, en 2005, Ă peser sur ses prises de position publiques relatives aux causes du changement climatique[106] - [107]. Hansen indique notamment que lâĂ©quipe chargĂ©e des relations publiques de la NASA reçut pour consigne de surveiller ses dĂ©clarations publiques et interviews, Ă la suite de la confĂ©rence quâil donna en devant lâAmerican Geophysical Union Ă San Francisco. La NASA rĂ©pondit quâen exigeant de ses employĂ©s quâils coordonnent toutes leurs dĂ©clarations, sans exception, par le biais du dĂ©partement des affaires publiques, elle ne faisait quâappliquer des procĂ©dures standards pour une agence fĂ©dĂ©rale[108]. Deux ans aprĂšs que Hansen et dâautres membres de lâagence aient fait Ă©tat de situations dâingĂ©rence politique dans des questions scientifiques, lâinformation est confirmĂ©e par lâinspecteur gĂ©nĂ©ral de la NASA qui dĂ©clare que le dĂ©partement des relations publiques a « limitĂ©, Ă©cartĂ© ou dĂ©naturĂ© des connaissances scientifiques rendues publiques dans le domaine du changement climatique »[109].
En , dans lâĂ©mission dâinvestigation amĂ©ricaine 60 Minutes, Hansen dĂ©clare que durant la prĂ©sidence de George W. Bush, des revues de presse prĂ©sentant une version attĂ©nuĂ©e des risques induits par le changement climatique ont Ă©tĂ© produites et transmises par la Maison Blanche Ă des agences fĂ©dĂ©rales[67]. Il indique Ă©galement quâil ne peut sâexprimer librement sur ces sujets quâau risque de reprĂ©sailles menĂ©es par dâautres membres de lâadministration Bush, et quâil nâavait jamais eu Ă subir, de toute sa carriĂšre, de telles restrictions dans sa communication envers le grand public[67].
Appels Ă poursuivre les patrons de lâindustrie Ă©nergĂ©tique en justice
En 2008, dans une tribune et deux interviews donnĂ©es Ă ABC News et au Guardian, Hansen appelle Ă poursuivre en justice pour « crimes contre lâhumanitĂ© et la nature » les cadres dirigeants dâentreprises dâexploitation dâhydrocarbures fossiles, notamment ceux dâExxonMobil et de Peabody Coal. Il fonde cet appel sur le fait que ces entreprises ont selon lui activement participĂ© Ă une vaste campagne de dĂ©sinformation sur le rĂ©chauffement climatique, Ă lâinstar de lâindustrie du tabac qui a tentĂ© de cacher le lien entre la cigarette et le cancer[110] - [111] - [112].
Arrestations lors de manifestations
Entre aoĂ»t et , Hansen et 1 251 autres militants sont arrĂȘtĂ©s lors de manifestations devant la Maison Blanche. Hansen demandait au prĂ©sident Obama de rejeter le projet dâextension dâolĂ©oduc Keystone XL destinĂ© Ă permettre le transport de sables bitumineux dâAthabasca, au Canada, jusquâau Golfe du Mexique[88]. Le , Hansen est de nouveau arrĂȘtĂ©, avec Daryl Hannah et Robert F. Kennedy, Jr., lors dâun autre rassemblement devant la Maison Blanche contre ce mĂȘme projet dâextension de lâolĂ©oduc Keystone[90].
Critiques
En , Andrew Freedman Ă©crit dans le Washington Post que l'American Meteorological Society a commis une erreur en attribuant sa plus haute distinction, la MĂ©daille Carl-Gustaf-Rossby, Ă James Hansen : « Ses travaux scientifiques ne sont pas en cause⊠Ce qui pose question, câest plutĂŽt la reconnaissance par l'American Meteorological Society de sa campagne de communication autour du changement climatique. »[113] Ancien membre de l'American Meteorological Society, sceptique quant Ă la responsabilitĂ© humaine du changement climatique, Joseph DâAleo critique Ă©galement lâattribution de cette rĂ©compense Ă Hansen[114].
Toujours en 2009, le physicien Freeman Dyson se montre lui aussi critique quant Ă lâactivisme de Hansen autour du changement climatique : « Le vrai responsable de cette surestimation du rĂ©chauffement global, câest Jim Hansen. Il exagĂšre toujours tous les dangers⊠La science de Hansen a virĂ© Ă lâidĂ©ologie»[115]. Hansen rĂ©pond que, si Dyson « veut sâaventurer dans quelque chose aux consĂ©quences importantes pour lâhumanitĂ© et les autres formes de vie sur Terre, il devrait dâabord se mettre au travail »[115] Dans une interview, Dyson explique que son diffĂ©rend avec Hansen a Ă©tĂ© exagĂ©rĂ© par le New York Times, affirmant que Hansen et lui sont « amis, mais quâils ne sont pas dâaccord sur tout »[116].
AprĂšs lâarrestation de Hansen en 2009 dans lâĂ©tat de Virginie Occidentale, le journaliste du New York Times Andrew Revkin Ă©crit : « Dr. Hansen est allĂ© bien au-delĂ de son rĂŽle de scientifique, et notamment de scientifique employĂ© par le gouvernement, dans le dĂ©bat sur la politique environnementale »[77].
En , la journaliste du New Yorker Elizabeth Kolbert Ă©crit que Hansen est « de plus en plus isolĂ© parmi les activistes climatiques »[117] Eileen Claussen, prĂ©sidente du Pew Center on Global Climate Change, dĂ©clare : « je considĂšre que Jim Hansen, en tant que scientifique, est un hĂ©ros⊠Mais jâaimerais quâil sâen tienne Ă ce en quoi il sây connaĂźt. Car je ne pense pas quâil ait une idĂ©e rĂ©aliste de ce qui est politiquement possible, ou de ce que serait la meilleure politique pour traiter ces problĂšmes »[117]
En , la question est de savoir si Hansen joue toujours un rĂŽle dans le dĂ©bat climatique, selon Christa Marshall, journaliste climat du New York Times. Elle relĂšve quâ « en sâen prenant sĂ©vĂšrement au systĂšme de quotas du prĂ©sident Obama, il a irritĂ© beaucoup de ses anciens alliĂ©s »[118]. « La droite adore ce quâil fait », ajoute Joseph Romm, un ancien collĂšgue du think-tank Center for American Progress[118]. Hansen rĂ©pond quâil lui semble nĂ©cessaire quâil sâexprime, dans la mesure oĂč ils sont peu nombreux Ă ĂȘtre en mesure, comme lui, dâexpliquer les liens entre politiques publiques et modĂšles climatiques. Et il ajoute quâ« il faut simplement dire ce qui vous semble juste »[118].
Références
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Voir aussi
Bibliographie
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Articles connexes
Liens externes
- Programme Climate Science, Awareness and Solutions de lâEarth Institute Ă lâuniversitĂ© Columbia
- Page personnelle de James Hansen au Department of Earth and Environmental Sciences de lâUniversitĂ© Columbia
- Page personnelle de James Hansen au Goddard Institute for Space Studies
- Conférence TED de James Hansen